7-
Chapitre 7
Les jours se succédaient dans une grisaille monotone, chaque instant semblant se fondre dans le suivant. Mikie observait, impuissante, alors que Kenji continuait de sombrer dans une spirale descendante. La lueur d’espoir qu’elle avait entretenue vacillait, éteinte peu à peu par ses comportements de plus en plus autodestructeurs.
Un soir, alors qu’elle rentrait du travail, elle découvrit Kenji assis sur le canapé, une cigarette à la main, la fumée s’élevant lentement vers le plafond. Elle avait déjà remarqué son odeur de tabac, mais c’était la première fois qu’elle le voyait fumer. La vue de cette cigarette entre ses doigts, cet objet autrefois étranger à leur vie, lui provoqua un frisson.
« Kenji, tu sais que ce n’est pas bon pour la santé, n’est-ce pas ? » dit-elle d’un ton à la fois inquiet et désapprobateur.
Il tourna la tête vers elle, ses yeux troubles se posant sur son visage. « Et alors ? » Sa voix était rauque, pleine de mépris. « Qu’est-ce que ça peut bien faire ? »
Elle s’approcha, espérant faire appel à l’homme qu’il avait été. « Ça ne fait que te détruire encore plus. S’il te plaît, arrête. Nous avons déjà assez de problèmes. »
« Des problèmes ? » Il éclata de rire, un son amer et désespéré. « Regarde où nous en sommes ! Les problèmes, c’est tout ce qui reste. »
Mikie sentit la colère monter en elle, mais elle tenta de rester calme. « Je sais que c’est difficile, mais ce n’est pas la solution. Tu es en train de te blesser, Kenji. »
Il se leva brusquement, renversant sa cigarette. Les cendres se répandirent sur le tapis, mais il ne sembla pas le remarquer. « Je suis fatigué de ta compassion ! Tu crois que je ne sais pas que je me détruis ? Je suis déjà mort à l’intérieur ! »
Elle fit un pas en arrière, le regard choqué. « Tu ne peux pas parler comme ça ! Je suis là pour t’aider, mais tu dois aussi vouloir t’en sortir. »
« Aide-moi ? » Il se mit à rire de nouveau, mais cette fois-ci, c’était un rire fou, presque hystérique. « Qu’est-ce que tu sais de moi, Mikie ? Tu ne sais rien de ce que je ressens, de ce que j’ai perdu. »
Mikie se sentit trahie par ses mots. « Je sais que tu souffres, Kenji. Je souffre aussi ! Mais s’il te plaît, ne te tourne pas vers l’alcool et la cigarette. Ça ne fera qu’empirer les choses. »
Il se détourna d’elle, s’asseyant de nouveau sur le canapé. Elle pouvait voir ses épaules trembler, et cela la rendait malade d’inquiétude. « Je vais faire ce que je veux, » murmura-t-il, comme un enfant en colère.
Les jours suivants, la situation ne fit qu’empirer. Kenji commença à boire de plus en plus, la bouteille de whisky se trouvant régulièrement à portée de main. Mikie tentait de lui parler, de lui faire comprendre qu’il était en train de perdre le contrôle, mais ses tentatives étaient accueillies par des cris, des répliques venimeuses, ou des silences pesants.
Elle se remémorait les moments où ils avaient ri ensemble, planifiant leur avenir, mais maintenant, le rire avait laissé place à la colère et à la désolation. Un soir, alors qu’elle rentrait chez eux après une longue journée de travail, elle trouva Kenji dans un état lamentable, sa tête reposant sur la table, des bouteilles vides éparpillées autour de lui.
« Kenji, » murmura-t-elle, la peur au ventre. Elle s’approcha de lui, mais il leva les yeux, la haine brûlant dans son regard.
« Tu vois ce que tu as fait de moi ? » cracha-t-il. « C’est de ta faute si je suis ici ! »
« Non, Kenji, ce n’est pas vrai, » tenta-t-elle de répondre, la voix tremblante. « Je suis là pour t’aider, mais tu dois aussi faire des efforts. »
Il se leva d’un coup, ses mouvements brusques révélant sa colère. « Tu es toujours là, à me rabaisser, à me faire sentir comme un moins que rien ! »
Avant qu’elle ne puisse réagir, il balança un bras, renversant la table dans un fracas assourdissant. Mikie sursauta, prise de panique. La peur s’immisça en elle, mais elle refusa de reculer.
« Tu dois te calmer, Kenji ! Ça ne résout rien ! » cria-t-elle, tentant de garder sa voix forte.
« Tu ne comprends pas, Mikie ! Je suis un raté ! Un homme qui a tout perdu ! » Il s’approcha d’elle, son souffle chargé d’alcool et de fumée. « Et tu es là, avec ta compassion, ta pitié ! Je n’ai besoin de rien de tout ça ! »
Elle sentit les larmes couler sur ses joues. « Je ne te méprise pas, je veux juste t’aider ! »
Kenji s’arrêta un instant, son visage se déformant par la rage. « Peut-être que tu devrais partir alors, » murmura-t-il d’un ton plus calme, mais chargé de menace. « Tu ne ferais que mieux sans moi. »
Mikie avait du mal à respirer, le cœur battant à tout rompre. Elle avait l’impression de se noyer dans un océan de douleur et de désespoir. « Kenji, ne dis pas ça. Je t’aime trop pour te laisser partir. »
Il la fixa, son regard semblant se perdre dans les ténèbres. « Je ne sais pas qui je suis, Mikie. Je ne sais même plus si je t’aime encore. »
Ses mots lui crevèrent le cœur. Elle se recula, se sentant blessée et abandonnée. Les larmes coulaient maintenant librement, mais elle essaya de garder une lueur d’espoir. Peut-être que, quelque part, l’homme qu’elle avait épousé était encore là, caché sous cette façade désespérée.
« Je vais me battre pour nous, » murmura-t-elle, la voix tremblante. « Je ne te laisserai pas tomber, même si cela devient difficile. »
Mais Kenji ne répondit pas, se détournant d’elle, perdue dans son propre monde de douleur et de désespoir. Mikie savait qu’elle devait agir. Elle ne pouvait pas le laisser sombrer davantage. La peur de le perdre pour toujours la motivait à chercher des solutions, à le sauver de ce gouffre dans lequel il se jetait sans relâche.
Les jours suivants, elle chercha de l’aide. Elle trouva des groupes de soutien pour les personnes touchées par l’addiction. Elle parla à des amis, à des professionnels, cherchant des moyens de l’aider sans être accusée de vouloir le contrôler. Chaque soir, elle revenait à la maison, espérant qu’il serait dans un meilleur état d’esprit, mais chaque fois, elle était accueillie par des reproches, des pleurs et des cris.
Elle savait que la bataille ne faisait que commencer. La route serait longue et semée d’embûches, mais elle était déterminée à sauver Kenji, même si cela signifiait se battre seule au début. Les souvenirs de leur amour, les rêves d’un avenir ensemble, étaient des phares dans l’obscurité.
Mikie se leva chaque matin avec la détermination de ne pas abandonner, pour elle et pour Kenji. Elle lui rappela encore et encore qu’ils avaient autrefois une vie pleine de promesses. Elle refusait de laisser la colère et le désespoir triompher. Mais elle savait qu’elle avait besoin de renforts. Elle commença à planifier sa prochaine étape, cherchant les ressources qui pourraient l’aider à l’aider à faire face à la tempête qui s’annonçait.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top