Chapitre 12

Un an s'était écoulé depuis les derniers événements tragiques, et dans ce laps de temps, la vie avait pris un tournant inattendu. Kenji avait enfin réussi à échapper à son tourment, à mettre fin à ses souffrances dans un acte désespéré qui, pour lui, avait semblé être une délivrance. Mais pour Mikie, ce geste tragique marquait le début d'un nouvel enfer, un endroit sombre où la culpabilité et la douleur l'avaient piégée.

Elle se tenait là, seule dans leur appartement désormais silencieux, les murs résonnant d'un écho de souvenirs, de rires, de rêves et d’espoirs envolés. L’odeur de l'absence de Kenji planait dans l’air, oppressante et suffocante. Chaque pièce, chaque objet semblait lui rappeler ce qu'elle avait perdu, ce qu'elle avait tenté de sauver, mais qu'elle n'avait pas pu préserver.

Mikie se sentait emprisonnée dans une cage de regrets. Les images de Kenji, avec son sourire chaleureux et ses yeux pétillants, lui revenaient en mémoire. Celles de leurs moments heureux se mêlaient à celles de sa lente décomposition. Elle se demandait sans cesse si elle aurait pu faire quelque chose de plus, si elle aurait pu l’empêcher de faire ce choix ultime. La pensée la rongeait. Chaque question sans réponse était un coup de poignard dans son cœur, chaque souvenir une nouvelle torture.

Elle avait tenté de rester forte, d’avancer, mais la douleur d'être veuve à si jeune âge était écrasante. Elle se remémorait les jours où elle avait cru que Kenji pourrait se rétablir, qu'il retrouverait son sourire et sa joie de vivre. Elle se souvenait des promesses qu’ils s’étaient faites, des rêves d’avenir qu’ils avaient partagés. Tout cela avait été balayé d’un coup.

Les jours se succédaient dans une monotonie accablante. Mikie errait dans la maison, s’accrochant à ses souvenirs tout en se débattant avec sa solitude. Elle n’avait plus de nouvelles d’Erica, sa meilleure amie qui, dans un acte de désespoir, avait quitté le pays. Les gens dans son entourage évitaient souvent de lui parler, comme si la douleur de sa perte était contagieuse. Elle avait perdu son mari, son ami, et sa famille, et cette perte laissait un vide immense, un trou noir dans son cœur.

Dans ces moments de silence, Mikie se surpris à revoir les derniers jours de Kenji. La souffrance qu'il avait endurée, son regard perdu, sa lutte contre les démons intérieurs. Elle se rappelait sa dernière conversation, lorsque les mots avaient été échangés avec une distance désolante. Elle se demandait si Kenji savait à quel point elle l'aimait encore, malgré tout ce qu'il était devenu. Si seulement elle avait pu le convaincre que la vie valait la peine d'être vécue, que même dans l'obscurité, il y avait de l'espoir.

Le jour de son enterrement, Mikie avait ressenti une douleur aiguë dans sa poitrine, comme si elle était à la fois vivante et morte. Elle avait pleuré, crié, mais les larmes ne suffisaient pas à apaiser la douleur sourde qui l’envahissait. Chaque visage présent était un rappel de ce qu'elle avait perdu, de ce qui ne reviendrait jamais. Elle avait tenté de se rappeler les bons moments, mais la tristesse semblait étouffer chaque sourire.

Alors qu'elle regardait la terre recouvrir le cercueil de Kenji, elle avait ressenti une vague de désespoir l'envahir. Mikie savait qu'elle devrait continuer à vivre, qu'elle avait encore des responsabilités, des choix à faire, mais elle se sentait piégée dans une tempête d'émotions. L'idée que Kenji avait trouvé le repos qu'il cherchait depuis si longtemps l'angoissait. Pour lui, c'était la paix, mais pour elle, c'était le début d'un long voyage à travers la culpabilité et la solitude.

Elle savait qu'elle devait affronter la réalité, mais le poids de son chagrin était si lourd qu'elle doutait de sa capacité à avancer. Mikie se demandait si un jour, elle trouverait un moyen de sortir de cette prison qu'elle s'était bâtie, si elle parviendrait à réapprendre à vivre sans Kenji à ses côtés. En attendant, elle était condamnée à errer dans les souvenirs, en proie à une culpabilité écrasante qui l’empêchait de trouver la paix.