Chapitre 8: Inconfort

Odessa

Après être sortis de chez Via on finit dans une allée puis un tunnel me faisant flipper et me donnant des flashs de Mars qui m'abat ici. Au milieu de nulle part. Personne ne le saurait, tout le monde s'en foutrait. On s'arrête devant un autre bloc. En face d'une autre entrée cachée dans le mur, je suppose. Mars tape assez fort et recule un peu. Au bout d'un moment, la porte s'ouvre normalement vers l'intérieur cette fois.
Je suis Mars qui salue le grand type barbu qui nous a ouvert et me sourit intéressé, tandis que je baisse la tête. Le bar dans lequel on est maintenant est décoré de noir et de marbre blanc. Les lumières emplissant la pièce contribuent à lui donner un air frais, comme la fraicheur d'un chewing-gum. Pourtant je sens surtout l'éthanol sous des fragrances différentes. Il y a aussi des odeurs de parfums d'homme.

Des hommes il y en a plein et ils se sont tournés vers nous, ou plutôt vers Mars devant moi avec sa grande taille. Il s'arrête de parler au barbu et avance. Je le suis à contrecœur, m'attirant de nouveaux regards. J'ai envie de ramper hors de mon corps et j'ai des sueurs froides. Un des types s'exclame joyeusement:
-Putain Mars t'es là! Ça fait une éternité.

Mars répond:
-Je me suis dit que j'allais passer.

Le barman lance:
-C'est une très bonne idée!

Comme Mars, je m'assieds au bar en transpirant presque. Le barman aux yeux noirs rieurs dit à Mars:
-C'est ta copine? Je croyais qu...

Mars réplique:
-Ouais non, après ce qu'il s'est passé avec l'autre pétasse je vais m'abstenir. Merci pour le rappel.

Oh, on a brisé son petit cœur? Je me retiens de ricaner. L'homme montre à nouveau ses rides allant avec son sourire, en disant:
-Il faut pas perdre espoir Mars, une de perdue c'est rien.

Mars gronde:
-Je te prends ton truc le plus cher à boire et tu la fermes là-dessus ok?

Mars avait l'air tellement à cran, que j'ai eu peur qu'il se jette subitement sur lui. L'homme impassible répond:
-On a un deal.

Il me demande:
-Et toi ma jolie? Tu prendras une margarita?

J'ai à peine le temps de refuser que Mars répond:
-Non, donne-lui un Coca. Je veux pas l'avoir sur le dos si elle tient pas l'alcool.

Je réplique:
-Je tiens très bien, mais de toute façon j'aime pas ça.

Le barman rit et Mars ricane. Pendant qu'ils discutent, je risque un regard vers l'homme à côté de moi. Il fixe le comptoir en tenant sa tête. Soudain, il tourne la tête vers moi, avec des yeux couleur ciel brillants sûrement à cause de larmes. Il me dit:
-C'est dur tu sais, quand j'ai fini ma journée je pleure jusqu'à m'endormir. Chaque soir.

Il ajoute plus bas:
-Ils ne veulent pas me laisser partir.

Mal à l'aise, je dis longuement:
-Ok?

Il poursuit doucement:
-Si j'étais toi, je m'enfuirais tant que je le peux. Même si tu aimes ce type. Il ne peut pas être si bien que ça au point que tu foutes tout en l'air.

Il a du bon sens, mais je réponds:
-Lui et moi on n'est pas...

Il demande concerné:
-Il te garde?

Je hoche la tête avec un espoir naissant et stupide que ce petit homme me sauve de Mars. Malheureusement, il se remet à pleurer en disant:
-On est tous perdus.

Je cherche quoi lui dire quand soudain un homme crie à un autre:
-Toi! Tu m'as vendu de la merde!

L'autre gars se lève et fait face au brun venant de crier. Ce dernier porte une paire de baskets en édition limitée que je reconnais, elle coute super cher. Une table sépare les deux hommes. Le "vendeur" réplique:
-Qu'est-ce que tu veux petit prince? T'es vraiment descendu de ton château pour me les briser?!

Le barman s'écrie en colère:
-Tu lui as donné l'adresse du bar?!

Comment ce gars a pu se repérer jusqu'ici? Eux tous d'ailleurs.
Le "vendeur" portant un jean délavé répond:
-D'habitude, il vient ici et casse les couilles à personne. Je sais pas ce qui lui arrive là. C'est tes hormones d'ado petit prince?

Le brun réplique:
-Va te faire foutre!

L'homme au jean délavé se met à bouger en même temps que le brun, mais ce dernier recule en voyant Mars approcher. Mars arrive près du brun qui crie:
-Lâche-moi! C'est entre nous!

Mars réplique:
-Non, ça l'est plus. Tu t'es pointé à un endroit dans lequel t'as rien à foutre et tu crois que tu vas y faire ta loi? Ton argent vaut que dalle quand t'énerves un tas de mauvaises personnes. Rappelle-toi de ça.

Le brun a le cran de chialer:
-Il m'a arnaqué!

Mars répond:
-C'est les risques du jeu gamin.

Le "gamin" dit à Mars:
-T'es sûrement à peine plus vieux que moi.

Mars rétorque:
-Peut-être, mais je suis assez vieux pour savoir que je devrais avoir pitié de ta mère en voyant la pute qu'elle a élevée et pas te buter Adrian.

Oh putain. Il y a des rires et un sifflement. Je savais que son visage était familier, même de loin. Le Adrian en question se contente de fixer Mars en silence, sûrement effrayé par ce tas de muscles effronté. Pourtant, Adrian n'est pas frêle non plus. Mars continue:
-Oui, t'as une tête ennuyante et reconnaissable, vu qu'on la voit à la télé depuis des années génie. Et avec ce culot, ça ne pouvait être que toi Adrian Vasquez. Tout ce que tu fais c'est te droguer, te taper des meufs et casser les couilles aux gens. Le tout en majorité devant la caméra.

Adrian ne se démonte pas et réplique:
-Et toi tu vends sûrement de la drogue, en quoi t'es meilleur que moi?

Il marque un point. Mars répond:
-Moi, je suis pas un avaleur. Toi c'est tout ce que tu fais. Tu prends, tu prends, tu prends, mais qu'est-ce que tu fous? C'est quoi le but de ta vie? Je vais te l'accorder, le mien est sombre, mais au moins il existe.

Adrian ne trouve rien à dire et Mars continue:
-Te fous pas une balle dans la tête après ça.

Il revient s'asseoir à côté de moi et Adrian s'en va lentement tandis que son dealer rit avec un autre homme. Mars se tourne et crie:
-Martell!

Le dealer répond comme sur ses gardes:
-Ouais?

Mars répond:
-Arrête de vendre de la merde. Si les gosses de riches continuent de s'énerver et vont pleurer chez leurs darons ça va être casse couille à régler. Et leur donne plus l'adresse du bar, on va devoir changer les accès à cause de toi.

Certains des hommes se mettent à râler et insulter Martell qui dit:
-C'est bon! C'est bon!

Il continue pour Mars:
-T'as raison Mars, désolé.

Mars se tourne et se remet à discuter avec un homme aux cheveux grisonnant l'ayant rejoint. Cet homme a l'air beaucoup trop sympathique pour ce lieu. Il cherche à connaitre d'où viennent leurs "superbes armes" afin de s'en procurer "des plus variées". Via se cache bien. Pourquoi cet homme en aurait besoin? De "variées" en plus. Mars ne lâche pas le morceau et est même amusé par ça. Je me tourne et l'homme triste fixe le vide. Un autre type assez grand se penche, il me fixe de ses beaux yeux marron aux longs cils.

Il a l'air d'avoir mon âge. Je tourne la tête intimidée par son sourire. Malgré tout, il se lève et se glisse entre moi et l'homme qui a le cafard. Mars ne semble pas s'en soucier, il parle toujours avec l'homme qui a l'air de détonner avec l'endroit avec son regard franc. Beau-regard me fixe toujours et j'ai envie de courir. Il sourit en me disant pas trop fort:
-Bonjour beauté, je suis Elio. Tu vois le gars qui pleure à côté de toi? Il ne va pas tenir longtemps. Il n'est pas fait pour ça et ne peut pas s'échapper. Mais toi...toi, tu pourrais, t'as juste besoin d'un nouveau nom. Tu penses à partir quelque part? N'importe où?

Je réponds perdue par la question:
-Euh, quitter Elys...j'y ai pensé, mais c'était jamais sérieux. Si je le fais un jour, est-ce que je devrais complètement changer de nom? Oui?

-Pas toujours, si tu as un nom commun. C'est quoi le tien?

-Je devrais p...

La voix de Mars masquant la mienne fait tressaillir Elio, quand il dit:
-Oui, tu ferais mieux de la fermer.

Il n'a même pas crié. Je réponds:
-J'allais pas lui dire.

Elio ne se laisse pas intimider et commente:
-T'es maligne, un nom est précieux.

Mars me regarde et esquisse un sourire démoniaque qui ne devrait pas me faire autant d'effet. Son sourire est de mauvais augure. Il dit:
-T'as raison Elio, un nom c'est précieux et il lui en manque un...j'aime bien Chouquette.

Je m'exclame:
-Quoi?!

Mars réplique en levant la voix:
-J'ai dit maintenant tu t'appelles Chouquette!

Je me crispe en écarquillant les yeux tandis que les rires s'élèvent puis le mot se propage donnant naissance à de nouveaux rires. Comment ces gens peuvent-ils être aussi immatures? Mars finit son verre brun et ajoute:
-Ou Chou, tu choisis la version longue ou courte.

Je réplique:
-Non.

Il me nargue en disant souriant:
-C'est trop tard Chouquette. Peut-être que si tu faisais des bougies j'aurais dit Flamme, mais tu fais pas de bougies.

Ils rient et Elio ajoute:
-Hey au moins c'est pas un nom de strip-teaseuse.

Mars répond:
-Ouais, mais de toute façon elle n'a pas ce qu'il faut pour être strip-teaseuse.

Je fronce les sourcils sous les rires et il me nargue de son regard plein de paillettes brunes. Il continue:
-T'aurais pu contre-attaquer avec Sucre, ça t'aurait fait un nom plus potable et de quoi au moins tenter de te lancer dans le monde de la nuit. Mais penser c'est pas ton truc hein?

Je lui lance un regard scandalisé le faisant sourire puis me tourne pour enfin boire mon Coca.

Plus tard, à nouveau dans les rues, Mars me dit amusé:
-Tu sais combien de gens capables de tuer se trouvent dans ce bar? Adrian a eu de la chance que je veuille éviter d'attirer l'attention de ces connards pleins de fric avec un meurtre. Pour même pas cent dollars, beaucoup d'entre eux t'auraient sauté dessus et finie avec leurs dents.

Je frissonne et demande doucement:
-Pourquoi tu me dis ça? Tu veux te venger pour...ta blessure.

-Non, je m'ennuie. Si je dois me venger, je te tuerais de mes propres mains.

Je repense à elles autour de mon cou et inspire doucement. Mars ajoute:
-L'homme avec qui je parlais m'a dit que t'avais l'air d'être une bonne personne. J'ai eu envie de rigoler et de lui montrer mon bandage. T'as de la chance qu'il t'ait à la bonne.

-Pourquoi?

-Parce que c'est un des pires d'entre eux.

Je fais remarquer:
-Mais il avait l'air...normal.

-C'est le but, si t'as pas l'air dangereux tu l'es plus. C'est ce que j'ai fait l'erreur d'oublier avec toi. Lui, il tue. Et je te le dis parce que tu ne pourras jamais rien contre lui. Tu seras jamais comme lui, mais tu dois apprendre à te défendre parce que je vais pas traîner un boulet. Ouais, tu vas apprendre.

-Comment ça?

Il marche plus vite en disant:
-Accélère.

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