Chapitre 33

— Donc si je comprends bien, Sebastien t'a embrassée, Ander est devenu furieux et ils se sont battus ? Nom de Dieu, on se croirait dana un film tant c'est romantique !

— C'est loin d'être romantique, affirmé-je.

Je tripote ma broche entre mes doigts, assise en tailleur. Elle appartenait à ma grand-mère et bien que ce soit une femme que j'ai peu connue, on m'a toujours dit du bien d'elle. C'était une femme très charismatique et assez têtue qui a plusieurs fois brillamment œuvré pour le pays. Et elle, a eu le choix de se marier avec qui elle voulait, contrairement à moi.

— Mais si, c'est romantique. Tu préfères Sebastien ou Ander ?

— Bianca, je ne peux pas me permettre de choisir, je suis fiancée à Ander !

Je n'imagine pas ce que cela aurait été si j'étais promise à Sebastien. Le cauchemar. Déjà que maintenant je suis perdue niveau sentiments avec Ander mais avec son frère... Je ne préfère même pas y penser.

— Oui mais dans l'idée, qui préfères-tu ?

— Je ne sais pas...

Si, je sais. Mais j'ai peur d'avouer clairement ce que je pense, que les mots sortent de ma bouche. Les entendre être prononcés me sortiraient de mon déni. Et je n'ai pas envie.

— Enfin, tu dois bien avoir une petite idée !

Je hausse les épaules.

— Sebastien s'est vraiment montré très gentil et bienveillant avec moi depuis le début et... je ne sais pas.

— Alors si tu l'aimes, fonce !

— Non, mais... Je l'aime bien mais simplement comme un ami, rien de plus. Et Ander... Nous avons eu quelques différends au début mais je l'apprécie vraiment beaucoup finalement.

— Alors mets les choses au clair avec Sebastien et va embrasser Ander, qu'est-ce que tu attends !

Je ris. Bianca tape dans ses mains, excitée et j'hésite. Ce n'est pas possible de toute manière.

— Je ne peux pas, Bianca. Il m'a dit qu'il annulerait le mariage et je n'ai pas répondu, il croit que je ne l'aime pas et...

— Il n'est jamais trop tard ! Fonce, Eileen.

— Je ne suis pas sûre que cela soit une bonne idée...

— Arrête d'être aussi réservée, il est temps d'avouer tes sentiments au reste du monde !

Elle se lève, me tire par le bras pour me sortir du lit et sautille sur place. Alors qu'elle me pousse vers la porte, elle s'arrête en pleine action.

— Attends, il te manque quelque chose !

Elle saisit quelque chose sur ma coiffeuse et s'approche de moi. Un mascara à la main, elle me fait signe d'approcher et je me laisse faire. Bianca est une maquilleuse hors pair. Finissant d'appliquer le mascara, elle recule, prend un flacon et m'asperge de parfum.

— Tu sais, Eileen, si tu aimes vraiment Ander, tu dois lui dire. J'ai vu beaucoup trop de gens rater des belles histoires d'amour juste par peur.

— Beaucoup de gens ? Comme qui ? Tu n'as pas énormément d'amis, Bianca, dis-je d'un ton sarcastique.

— Dans les films en tout cas, cela finit toujours mal quant on refoule ses sentiments. Tu sais, les émotions sont faites pour être dites la plupart du temps, si tu gardes tout en toi, cela finira par exploser un jour et pas forcément de la bonne manière. Ander est peut-être l'amour de ta vie que tu risques de rater si tu ne vas pas maintenant tout lui avouer. Si tu manques ta chance avec lui, tu devras attendre la prochaine et pas sûre qu'il y en une, surtout avec un homme dans son genre ! Je suis même persuadée que si tu le laisses filer entre tes doigts, tu n'auras plus jamais l'occasion de l'avoir. Allez, file !

Elle lisse une dernière fois les pans de ma robe sous mon regard horrifié et me pousse en-dehors de la chambre. Un froid glacial se fait ressentir dans le couloir et je n'arrive pas à croire qu'elle m'ait rejetée comme ça. Et le pire dans toute cette histoire, c'est qu'elle m'a convaincue.

Elle a raison. Je vais prendre mon courage à deux mains et aller... Aller dire quelque chose à Ander. J'ignore quoi, j'ignore comment. Je ne sais même pas ce que je dois dire.

Que tu l'aimes !

C'est plus simple à dire qu'à faire. Je ne sais même pas si je l'aime. Peut-être que dans le fond il ne me laisse pas indifférente mais et si Ander n'était pas fait pour moi ? Après réflexion, je peux très bien lui dire que pour l'instant l'idée d'interrompre ce mariage ne me convient plus et que j'aimerais apprendre à le connaître. Alors, j'aviserai. Au final, cela a beau être un mariage arrangé, Ander m'a bien dit que nous pourrions l'annuler.

C'est ça ! Je vais nous laisser du temps, c'est la meilleure chose à faire. Soulagée d'avoir enfin trouvé quoi dire, j'avance dans les couloirs. À la vue de la première domestique que je croise, je m'enquiers :

— Excusez-moi, savez-vous où se trouve le prince Ander ?

La domestique se baisse maladroitement dans une révérence et me fixe, effarée. Peut-être qu'elle n'a pas l'habitude que l'on soit aussi poli avec elle, je l'ignore.

— Euh, oui, il est... Il est en bas, dans le hall il me semble. Il attend quelqu'un, Votre Altesse Royale.

Je la remercie puis me dirige directement vers les escaliers. La main agrippée à la rampe, je suis terriblement nerveuse. Et je le deviens encore plus quand je l'aperçois en bas, faisant les cent pas dans le hall.

Je déglutis et remets mes cheveux en place. Tout va bien se passer. Il faut juste que je respire et que je me calme. J'hésite à avancer. Il est encore temps de changer d'avis mais je sais au fond de moi que je n'ai pas envie. Que je préfère nous donner du temps plutôt que de tirer de stupides conclusions hâtives.

Alors quand je fais le premier pas, je sais que je suis lancée. J'ignore mon cœur qui bat à mille à l'heure et mes mains moites. J'ai le ventre noué et je ne sais même pas pourquoi. Ce n'est pas comme si je le demandais en mariage, enfin !

À l'entente de mes talons claquant au sol, Ander se retourne et ses yeux croisent les miens un court instant. Il finit par me détailler de là où il se tient, à quelques mètres de moi et je comble la distance le plus vite que me permettent ces maudites chaussures.

— Ander, je dois te parler.

— Cela tombe bien, moi aussi ! Est-ce important ?

Ses yeux varient entre les miens et mes lèvres et je déclare d'une voix qui se veut forte et distincte :

— Oui, plutôt.

Il fait un pas vers moi, l'air inquiet. Il est magnifique, splendide. J'ai envie de me perdre dans l'océan de ses yeux pour le restant de mes journées et de le serrer dans mes bras chaque matin alors que le soleil matinal vient illuminer son visage. J'ai envie de lui planter un baiser chaque soir en lui souhaitant une agréable nuit, souhaitant secrètement qu'il rêve de moi. J'ai envie qu'il me murmure des mots doux et j'ai envie de lui en murmurer moi aussi, j'ai envie de tellement de choses avec lui que cela en devient douloureux.

Je triture mes doigts, anxieuse et réponds :

— J'ai bien réfléchi, et je pense que je ne...

— Eileen !

Pitié, dites-moi que je rêve. Je me retourne et tombe nez à nez avec Sebastien. Il me fixe, l'air grave et je hausse les sourcils.

— Oui ?

— Je dois vous parler, c'est urgent.

— Je suis désolée, Sebastien, mais je dois absolument m'entrenir avec Ander.

Dans mes rêves les plus profonds, je m'imagine repousser de toutes mes forces Sebastien et lui crier que je ne veux pas de lui. Je m'imagine lui dire que je ne voudrai jamais de lui et que c'est Ander que je chéris.

Hors, cela ne se déroule pas ainsi. Il me prend en pitié avec son regard de chiot abattu alors je me retourne vers Ander, saisis ses mains et lui intime avec un sourire :

— Cela ne sera pas long, promis.

Je lui offre un sourire confiant et il semble quelque peu rassuré même si son regard continue de fusiller Sebastien quand je m'éloigne avec lui. Quelques mètres plus loin, je lève la tête vers son demi-frère et souffle :

— Que voulez-vous, Sebastien ?

Et c'est là que tout bascule. Que tout part en vrilles. Sebastien m'attire à lui de force et plaque ses lèvres contre les miennes. Je reste pétrifiée sur le moment mais je me réveille rapidement. Je repousse de toutes mes forces Sebastien mais c'est peine perdu, il est beaucoup trop fort. Alors je pousse une plainte mais toujours pas. Lui frappant le torse de mes mains, il saisit mes poignets pour m'immobiliser et ses lèvres continuent leur assaut.

J'ai envie de pleurer. Ce n'est que lorsque un bruit sourd retentit dans le hall qu'il s'écarte et je ne le reconnais plus. Son regard est noir et vide d'émotions. Un sourire s'étire sur sa bouche et je manque de vomir.

Il tourne la tête et mon cœur se brise quand je me rappelle qu'Ander est là. Et qu'il a tout vu. Debout à quelques mètres de nous, son regard est braqué sur moi. Je baisse les yeux jusqu'à découvrir la cause du bruit fracassant : une petite boîte en velour rouge décore le sol. Bien trop bousculée par ce qu'il vient de se passer, je ne comprends pas de quoi il s'agit.

Et ce n'est que lorsque je découvre une petite bague scintillante jonchant le sol que je réalise ce que j'ai perdu.






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Hey!

J'espère que ce chapitre vous a plu 🥺
La suite sera postée demain, demain soir au plus tard :)

(eh oui je vous laisse sur du suspens mwahaha)

En attendant, n'hésitez pas à voter et à commenter ^^

On se retrouve bientôt !

Bizz bizz

💓

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