𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟓
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C H A P I T R E 5
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— NOTRE VICTIME EST CAUCASIENNE, de sexe féminin et âgée d'une trentaine d'années. Le relevé dentaire indique qu'il s'agit d'une certaine Lara Smith.
Les bras croisés sur sa poitrine, Erwin Smith gardait le silence. Hanji, le médecin légiste de la police de Los Angeles, débitait à présent l'introduction de son rapport, enregistré par l'appareil noir qu'iel tenait à hauteur de son visage.
Il était aux alentours de trois heures du matin et, la salle d'autopsie ne comportant aucune fenêtre, simplement des néons blancs accrochés au plafond, il commençait sérieusement à faiblir. La lumière du soleil lui manquait. Car, depuis qu'il avait été appelé sur la scène de crime, la nuit dernière, il n'était pas rentré à la maison se reposer.
Mais les ordres étaient clairs, il devait attendre l'arrivée des agents du FBI dans cette pièce avant de rentrer chez lui. Ils s'occuperaient conjointement de cette enquête avec lui donc, afin d'assurer une bonne entente entre leurs services, il ne pouvait se permettre d'avancer sans eux.
— La cause de la mort est une incision nette et franche au niveau de la carotide. Les autres blessures, elles, ont été faites post-mortem. Nous en saurons davantage après l'autopsie.
Erwin haussa l'un de ses épais sourcils blonds, se penchant sur le cadavre qu'il n'avait pas osé regarder jusque-là. Une femme frêle aux cheveux coupés à ras et au corps couvert de tatouages se tenait sur ce lit de métal, ses moindres imperfections ressortant sous les LED blanches. Et, au niveau de ses cuisses et de son entre-jambes, d'innombrables marques se faisaient voir.
Post mortem ? songea-t-il. Le tueur s'était acharné de cette façon sur le cadavre de la jeune femme ?
— Il semblait réellement lui en vouloir, souligna le blond en remarquant des lambeaux de chair se détachant presque de sa jambe. Il la connaissait. Avec quelle arme a-t-il fait ça ? C'est une véritable boucherie.
Là, il vit nettement son vis-à-vis déglutir péniblement. Curieux, il redressa la tête en sa direction.
— Et bien... Cela ressemble à...
Iel hésitait. Cela se voyait. Comme si, pour la première fois depuis qu'il avait rencontré cet étrange personnage qu'était Hanji Zoe, celui-ci peinait à aboutir son rapport.
— A des ? insista-t-il.
— Crocs de serpent, répondit une voix dans son dos.
Intrigué, il se retourna en même temps que la tête brune vers l'entrée de la salle où se tenaient, dans l'encadrement de la porte, un jeune homme châtain aux yeux océans et une autre dont les deux couettes rousses adoucissaient son visage tendre. Sur leurs corps, des vêtements semblables les paraient : pantalon noir à la coupe droite, chemise blanche, veste sombre et, surtout, à hauteur de leur ceinture, des insignes.
Sur ces dernières se trouvaient trois lettres. FBI.
— Agent spécial Magnolia, agent spécial Church, salua poliment le policier d'un signe de tête.
Le jeune homme, slalomant entre les tables et défunts, un dossier craft au bout de sa main levée fièrement en l'air, les rejoignit. Isabel Magnolia, sur ses talons, prit grand soin de ne pas regarder les corps autour d'elle, assez mal à l'aise d'être dans cet endroit.
Lorsqu'ils arrivèrent à leur hauteur, se postant au-dessus de la jeune femme décédée qu'Hanji couvrit de nouveau, souhaitant lui conférer un peu d'intimité, le blond tourna la tête vers eux, intrigué. Ils n'accordèrent qu'un bref regard à la défunte avant de se reconcentrer sur le policier qui demanda :
— Des crocs de serpent ?
Le châtain acquiesça avant d'ouvrir le dossier craft qu'il avait dans les mains, un tampon rouge marqué « confidentiel » couvrant celui-ci.
— Il y a une semaine à Las Vegas, une femme du nom d'Elisa Manhard a aussi été retrouvée dans le même état. Du point de vue professionnel mais aussi physique, rien ne relie ces deux femmes. Mais elle présentait les mêmes blessures que mademoiselle Smith.
Intrigué, le blond saisit le dossier que tenait Farlan et y promena ses yeux bleus, parcourant les lignes d'écriture entre quelques photos morbides d'une jeune femme typée asiatique aux longs cheveux noirs.
— La mort a été provoquée par une incision nette, chirurgicale, au niveau de la carotide, lu-t-il avec attention. Les vêtements de la victime ont été découverts, imbibés de sang, ce qui laisse penser qu'elle a été déshabillée post-mortem et l'aspect des blessures au niveau de l'entrejambe et des cuisses montre qu'elles ont aussi été effectué, à l'aide de crocs de serpent, après le décès. Aucune trace de viol.
Il leva les yeux vers la défunte, hésitant.
— Le mode opératoire est le même, conclut-il.
— Tu as oublié un détail important, commenta Isabel et levant le nez en direction du visage de la victime.
Sa tête était légèrement penchée en arrière et sa bouche était encore ouverte, comme lorsqu'ils l'avaient trouvée. Sauf que l'objet alors figé dans sa gorge était maintenant aux mains de la police scientifique.
La rousse poursuivit, laissant Erwin refermer le dossier en la regardant, attentif :
— Lara Smith et Elisa Manhard avaient toutes les deux une rose noire enfoncée dans la trachée.
Le policier se raidit en entendant ces deux mots placés côte à côte.
— Une rose noire ? répéta-t-il, mal à l'aise. Comme la Rose Noire ? Le groupe terroriste français? Il y aurait un lien selon vous ?
Farlan esquissa un sourire amusé :
— Même si nous parlons du même groupe je vous conseille d'éviter de le qualifier de la sorte devant le patron.
— La Rose Noire est responsable du meurtre d'énormément d'hommes politiques influents et j'aimerai vous rappeler que la CIA soupçonne l'un de ses membres d'être derrière l'explosion de l'usine désaffectée qui a coûté la vie à vingt-trois personnes, il y a deux ans, répondit Erwin sèchement, n'appréciant pas qu'on lui rappelle qu'il obéissait au clan Ackerman. Ceci m'a tout l'air d'être un groupe terroriste. Qu'importe ce que dit notre patron.
Hanji se raidit, mal à l'aise. Eux tous dans cette pièce œuvraient en réalité pour Livai, le nouveau chef du clan Ackerman à Los Angeles — Dan ayant rejoint Hawaii. Mais, contrairement aux trois autres qui s'étaient réellement pris d'affection pour le noiraud, le blond n'appréciait pas du tout son alliance illicite et immorale qu'il n'avait formé que pour obtenir des réponses sur le décès de son père.
Alors il ajouta, ignorant délibérément la tension s'étant épaissie dans l'air :
— Sans compter le fait qu'ils viennent manifestement de se lancer dans le meurtre en série sur de pauvres femmes innocentes, ajouta-t-il, acerbe.
Farlan secoua légèrement la tête, ses pensées ne pouvant s'empêcher de glisser sur Galatée Jäger et, accessoirement, la femme qu'il avait découvert derrière son véritable nom au cours de ses recherches.
— Inutile de débattre sur les actions de ce groupe mais, étant donné que la plupart de ses membres ont été porté disparu il y a deux ans..., commença-t-il.
— Ses membres ? le coupa Erwin, ses sourcils froncés. On n'a jamais pu identifier qui que ce soit dans leurs rangs.
Le châtain laissa sa langue claquer contre son palais, visiblement agacé d'être interrompu. A ses côtés, Hanji saisit à son tour le dossier concernant la première victime pour le comparer à ses notes tandis qu'Isabel dardait son regard doux et presque triste sur la figure de la défunte.
— Le FBI, la CIA et même l'ATF n'ont pas les mêmes renseignements que les clans. Les têtes des clans Jäger et Ackerman savent exactement quels sont les membres de la Rose Noire, expliqua le châtain. Ainsi que leurs activités. Et ils ne sont plus actifs depuis leur dernier acte, il y a deux ans.
— L'explosion de l'usine ?
— Oui.
Erwin acquiesça faiblement, son regard se posant sur le drap blanc couvrant la jeune femme et sous lequel il ne pouvait que deviner ses blessures. La Rose Noire, songea-t-il. Il en avait passé, des soirées a essayé de comprendre le mystère derrière cette organisation, leur but et le sens de leurs actes.
Mais jamais il n'avait trouvé de réponses à ses questions.
— Alors pourquoi, après un silence de deux ans, ils reprennent leurs actions ? Qui plus est pour des meurtres en série ? s'étonna le blond. Ils ont commis beaucoup d'atrocités mais je ne les avais encore jamais vu faire ce genre de choses.
— Parce que ce n'est pas eux, répondit simplement Isabel, attirant un regard surpris du capitaine Smith.
Hanji leva la tête, connaissant la vérité mais appréciant tout de même l'effet dramatique de l'annonce qu'elle s'apprêtait à formuler.
— La Rose Noire était répartie en dix lieutenants, commença-t-elle. Enfin, douze mais leurs deux chefs n'agissaient jamais, seulement eux.
— Dix ? répéta le blond, incrédule.
La force et l'organisation de leurs actions, toujours larges et brutales, avaient amené la plupart des agences gouvernementales à croire que ce groupe était constitué d'une centaine de personnes. Alors entendre qu'ils n'étaient que dix était désarçonnant.
Car cela signifiait qu'ils étaient bien plus doués que ce qu'ils croyaient, ces dix inconnus ayant des capacités assez développées pour passer pour cent mercenaires.
— Elisa Manhard était la neuvième lieutenant et Lara Smith, la dixième. Elles n'ont pas été tuées par la Rose Noire, elles en étaient membre.
Erwin se raidit brutalement et ses yeux allèrent se poser de nouveau sur le corps habillé d'un drap blanc. Sous ses yeux, l'une des femmes les plus recherchée au monde gisait. Et, même s'il aurait dû se sentir grisé d'être mis dans la confidence en ce qui concernait sans nul doute l'une des plus grandes missions d'Interpol et de la CIA, un goût amer se répandait dans sa bouche.
Debout devant le corps d'une des rares pétales de la rose aux épines empoisonnées, il venait de réaliser ce qu'il se passait. La situation était encore pire que l'hypothèse qu'il avait formulée. Déglutissant péniblement, il se dit d'ailleurs qu'il aurait préféré apprendre que la Rose Noire reprenait du service.
— Vous êtes en train de me dire que, là dehors, un taré s'est mis en tête de traquer et de tuer les membres de la Rose Noire ? demanda-t-il, ses poings se serrant sur la table de fer pour l'aider à encaisser le choc d'une telle nouvelle. Et qu'il a réussi, surtout ?
Attaquer une telle organisation revenait à les pousser à sortir de l'ombre. Et, si l'idée qu'ils prennent les armes était déjà effrayante, celle qu'ils le fassent contre quelqu'un d'aussi dangereux qu'eux, assez doué pour avoir déjà tuer deux de leurs membres, signifiait qu'une confrontation particulièrement sanglante se préparait.
Farlan acquiesça faiblement, imitant l'air navré d'Isabel tandis qu'Hanji ôtait ses lunettes, réalisant les conséquences d'une telle nouvelle. Et Erwin formula ce qu'ils pensaient tous.
— Un tueur en série va réveiller les dix mercenaires les plus doués que le monde ait connu...
Ils échangèrent un regard appuyé, songeant aux multiples affaires dans lesquelles était apparu ce groupe de criminels. Ils étaient doués. Très doués. A un point tel qu'il valait mieux éviter à tout prix de les provoquer.
Farlan ferma les yeux, prenant une profonde inspiration tandis qu'il se remémorait les rares informations qu'il était parvenu à obtenir sur cette organisation avant que Livai ne lui ordonne d'arrêter ses recherches.
Quatre ans auparavant. Le premier lieutenant. Expert en explosif. La voiture de l'épouse du président français avait sauté, tuant sa femme et ses trois enfants sur le coup.
Cinq ans auparavant. Deuxième lieutenant. Expert en piratage. Les pares-feux du Pentagon avaient été forcés. La Rose Noire était entrée en possession de l'identité de centaine d'agents américains sous couverture sur des terres ennemies.
Deux ans auparavant. Troisième lieutenant. Expert en incendie. Un bâtiment enfermant les archives des dernières missions menées par l'armée anglaise avait brûlé. Aucun mort mais des caisses entières d'informations précieuses subtilisées.
Trois ans auparavant. Quatrième lieutenant. Expert au combat au corps à corps. Les gardes du corps de la première dame brésilienne avaient été maitrisés et celle-ci, enlevée. Le tout en moins de deux minutes. Jamais son cadavre n'avait été retrouvé.
Six ans auparavant. Cinquième lieutenant. Expert en arme à feu. Afghanistan. Un tir de 2 916 mètres. Le record du monde. Un soldat américain tué.
Ces personnes étaient douées mais leurs motivations, introuvées. Cela ne les rendait que plus mystérieuses et terrifiantes.
Un frisson les prit en reportant leur attention sur cette femme assassinée si sauvagement.
— A quel point serons-nous impuissants quand ils vont riposter ? laissa filer Erwin entre ses lèvres.
Ils ne surent quoi répondre. Des fusillades, des braquages, des piratages, des explosions... La Rose Noire savait se faire remarquer et inspirer la crainte. Là était d'ailleurs la raison pour laquelle, même si personne ne comprenait leurs motivations, ils étaient considérés comme terroristes et avaient donc à leur trousse des effectifs conséquents.
Mais une voix les interrompit soudain. Grondante, puissante, elle les poussa à se retourner tous d'un même geste vers le fond de la salle, à hauteur des portes d'entrée :
— Ils ne vont pas riposter.
Dans l'encadrement du portique de métal, un homme se tenait. Ses yeux gris-bleus ardents semblaient transpercer chaque âme dont il croisait le regard, sa force d'esprit n'étant que renforcée par la précision avec laquelle avait été dessinés ses traits. Sa mâchoire, semblant avoir été sculptée dans le marbre, sous-plombait deux lèvres fines teintées d'un rosé éclatant. Et les mèches noir corbeau retombant sur son front lisse ne faisaient que rappeler la longueur de ses cils.
Livai Ackerman.
Envahissant la pièce de sa simple aura percutante, il n'eut qu'à hausser légèrement le menton lorsque, debout dans son costume noire onéreux, il termina son propos :
— Parce que nous allons le faire à leur place.
ꕥ
— J... Je... EREN !
Le dos plaqué aux meubles blancs de leur cuisine, assise sur le plan de travail de marbre noir, la jeune femme respirait difficilement, sa tête basculée en arrière tandis que l'une de ses mains avait empoigné les longs cheveux de son mari et l'autre agrippait avec force son sein gauche au travers du tissu de sa robe émeraude.
En ce jour si festif qu'était leur anniversaire de mariage, elle avait enfilé ce vêtement en l'honneur de la couleur profonde des yeux de son époux. Et ceux-là la fixaient maintenant, une lueur érotique les allumant, se délectant du visage de sa femme se tordant car elle perdait pied.
A genoux sur le sol, ses épaules passées en-dessous de ses cuisses, il maintenait ses jambes ouvertes, luttant contre l'instinct naturel de la femme qui essayait de les refermer quand elle jouissait, la langue du brun ne cessant de malmener son clitoris.
Elle haletait avec force, des tâches noires commençant à brouiller sa vision tant les sensations l'emportant étaient intenses. La prise des mains d'Eren sur ses jambes, ses lèvres posées sur son vagin, sa langue stimulant son clitoris, tout la saisissait.
Baissant les yeux, elle ne pouvait voir que l'intense regard émeraude de l'homme qui, comme affamé, ne parvenait à se défaire de la vision de sa femme jouissant. Il la trouvait magnifique, là, la tête renversée en arrière, sa bouche se tordant à mesure qu'elle hurlait.
— E... Eren...
Il le sentait dans le son de sa voix qui échauffait d'ailleurs son propre entre-jambe, elle s'apprêtait à venir. Alors, caressant ses lèvres d'en bas de l'index et du majeure, il la laissa se tordre sous sa langue quand il enfonça ses doigts dans son entrée, stimulant davantage son clitoris.
Les denses vapeurs de l'orgasme s'amassèrent bientôt dans son estomac, se joignant à une vitesse fulgurante, éveillant puissamment sa poitrine qui se gonfla tandis qu'elle basculait la tête en arrière. Puis, le plaisir étant trop intense, il explosa soudain en un orgasme violent, lui arrachant un hurlement long et aigüe, ses jambes, orteils et bras se tendant brutalement.
A genoux devant elle, Eren continua de masser son clitoris de sa langue encore quelques instants, l'accompagnant dans ses gémissements jusqu'au bout, de même avec ses doigts qui ralentirent peu à peu.
Lorsqu'il s'écarta finalement d'elle, se retirant tandis que ses yeux émeraudes s'abandonnaient sur la vision de son entrejambe encore mouillé d'un mélange de cyprine et de salive, il se redressa avant de se remettre sur ses deux pieds. Puis, face à elle, il émit un léger rictus en la voyant peiner à reprendre sa respiration, son maquillage coulant sur son visage tandis qu'elle s'accrochait du mieux qu'elle pouvait au plan de travail.
— Tout va bien ? demanda-t-il en posant ses mains sur ses cuisses, se plaçant entre elles pour s'approcher des lèvres de la jeune femme.
Encore avachie sur les meubles, elle eut du mal à reprendre une respiration convenable et se contenta de l'observer durant quelques instants, encore secouée par la vivacité de son orgasme.
Finalement, un léger sourire vint étirer ses lèvres.
— Trois cunnilingus dans la même journée ? C'est censé être notre fête à tous les deux, pourquoi je suis la seule à en profiter ? sourit-elle, semblant gênée.
A vrai dire, elle était même profondément embarrassée.
Suite à la découverte de la veille sur son implication dans l'explosion, elle avait réalisé qu'elle allait devoir discuter avec son époux, lui expliquer ce qu'elle savait. Mais, regardant le sourire qu'il posait sur elle, l'amour baignant dans ses yeux à chaque fois qu'il la fixait et les moindres attentions dont il faisait preuve, effrayé à l'idée qu'elle tombe malade, elle n'en avait tout simplement pas eu le courage.
Alors, au terme de la journée si rude de la veille où son seul rayon de soleil avait été la gentillesse de son mari, la façon dont il avait accouru à leur chambre en rentrant du travail pour s'assurer qu'elle se portait bien, elle avait réalisé qu'elle allait devoir choisir un autre jour pour le confronter. Car, même s'il avait commis des erreurs et qu'il lui arrivait de mal se comporter, il était encore la personne qui la traitait le mieux sur cette terre.
Aujourd'hui, elle s'était donc décidée à oublier ses bonnes intentions de la veille et discuter avec lui de sa découverte. Mais, là encore, il n'avait pas raté une occasion de bien la traiter. Et, à vrai dire, elle n'était pas vraiment surprise. Car, quotidiennement, il avait l'habitude de faire d'elle sa reine et être aux petits soins pour elle.
Il l'avait doucement réveillée avec un plateau splendide et garni puis, après une douche où sa langue s'était perdue sur son entrejambe sans qu'il ne lui demande de s'occuper de lui en retour, l'avait laissée s'habiller en paix. Au moment où elle avait traité sa peau et maquiller son visage, il s'était assis à quelques mètres d'elle, l'aidant à choisir les meilleures teintes pour aller avec ses vêtements. Puis, leur déjeuner onéreux avait été livré à domicile et ils l'avaient consommé devant une série qu'elle appréciait particulièrement, malgré le fait qu'Eren, lui, avait toujours eu du mal à la regarder. Il n'avait même pas hésité une seule seconde avant de la mettre — sachant qu'elle lui plairait — et, encore une fois, s'était penché sur l'entrejambe de sa compagne pour la gâter de ses lèvres. Finalement, après une après-midi passée à rire ensemble entre des bains moussants, des discussions, des éclats de rire et même une brève sieste, enlacés l'un à l'autre, il avait souhaité lui faire honneur une nouvelle fois avant le diner.
Face à tant de précautions et de gentillesse, elle ne se sentait pas l'âme de ruiner un tel moment. Surtout qu'elle ne pouvait s'empêcher de se dire qu'elle n'y mettait pas du sien.
Malgré ce qu'elle prétendait devant ses amis, elle avait parfaitement conscience du fait que son mari avait mal agit envers elle à diverses reprises. Seulement elle n'était pas non plus exsangue de défauts et les trouvait rudes de se concentrer sur les torts d'Eren seulement et non les siens aussi.
Elle n'était pas une épouse exemplaire, loin de là. Alors elle ne se souciait pas qu'il ne le soit pas non plus en retour.
Il avait tendance à la surprotéger de son passé et elle savait maintenant exactement pour quelle raison. Elle, de son côté, avait ses propres accès de vacheries qui, s'ils apparaissaient au grand jour, pousseraient sûrement les mêmes personnes critiquant Eren aujourd'hui à lui demander de la quitter, elle.
Elle savait que quelque chose n'allait pas entre eux et que cela méritait une discussion, voir un travail plus profond. Pourtant, elle n'était pas vraiment sûre que leur mariage se doive de mourir sous prétexte de leurs défauts respectifs.
Et c'était surtout pour cette raison qu'elle ne supportait plus les remarques de ses proches. Oui, leur relation était imparfaite. Mais elle aimait réellement Eren et il l'aimait en retour.
Alors, maintenant qu'elle connaissait une partie de la vérité, peut-être pourraient-ils surmonter cela ensemble ? Les mensonges d'Eren, leurs disputes à propos de l'explosion... Tout s'effacerait.
— Je voulais que tu te sentes comme la reine que tu es, déclara-t-il d'une voix douce en penchant la tête sur le côté.
— Mais tu es mon roi et je n'ai pas fait la moitié des choses que tu as fait pour moi aujourd'hui...
Là, elle vit nettement ses yeux émeraudes se baisser sur le sol tandis qu'un éclair d'embarras les traversait. Il mit quelques instants avant de répondre, prenant d'abord une profonde inspiration.
— Je me sens juste comme une merde pour ce que je t'ai dit avant-hier.
La voyant froncer les sourcils, il poursuivit, non sans des rougeurs sur les joues trahissant son intense culpabilité :
— Pour ce que je t'ai dit sur le portefeuille et le fait d'avoir qualifié tes problèmes de « petits ».
Elle écarquilla les yeux, surprise. A vrai dire, si sa phrase l'avait blessée sur le moment, elle l'avait très vite oubliée par la suite. La venue du serpent et son très bref séjour à l'hôpital l'ayant poussée à s'écarter de cette dispute.
Mais, visiblement, elle avait sérieusement travaillé Eren.
— J'avais besoin de terminer cette conversation au plus vite, j'ai paniqué et ai sorti le premier truc fort qui me passait à l'esprit. Quelque chose qui aurait le pouvoir de nous faire changer de sujet rapidement, se justifia-t-il en la regardant droit dans les yeux, la surprenant par sa sincérité. C'est pas une excuse, je le sais. Je veux juste dire que je sais pertinemment que tes problèmes sont très loin d'être « petits » et le simple fait d'avoir dit une horreur pareille m'a poussé à réfléchir aux paroles d'Armin, Jean, Sieg et même Ymir.
Elle se redressa sur le plan de travail tandis que, saisissant le tissu mouillé et chaud qu'il avait préparé tantôt, il essuya son entrejambe dans un geste infiniment doux avant d'abaisser de nouveau sa robe. Il voulait qu'elle soit dans les meilleurs conditions pour l'écouter.
Se laissant faire, elle se retrouva bientôt assise sur le meuble, habillée et propre, ses yeux posés sur le visage de son mari qui poursuivit son mea culpa, la mine sérieuse :
— Ils ont raison.
Elle écarquilla les yeux, légèrement surprise. Et son cœur se serra lorsqu'elle vit la douleur traversant le regard du brun. Elle le voyait dans la façon qu'il avait de se forcer à la regarder, il avait réfléchi sur lui-même au cours des dernières vingt-quatre heures et ses conclusions lui avaient fortement déplu.
Il s'était rendu compte de la toxicité de son comportement envers sa femme.
— J'ai voulu à tout prix te protéger de ton passé par crainte, non seulement que tu ne te supporte plus si tu le découvrais mais, surtout, que la splendide femme dont j'étais tombé amoureux laisse place à quelqu'un d'autre. Celle que tu aurais pu être avant cette explosion. Que tu redeviennes une personne qui est loin de celle que tu es aujourd'hui.
Elle se raidit. Il venait presque de lui avouer qu'il connaissait davantage de choses sur son passé que ce qu'elle croyait. Sans même être sous la contrainte, il semblait sincèrement prêt à faire évoluer les choses et progresser sur ses torts. En commençant par admettre ses mensonges.
Même si, et elle le savait pour s'être vue révéler la vérité, le sujet vers lequel ils s'aventuraient — à savoir son implication dans un attentat à la bombe — était particulièrement épineux. Il voulait bien revenir là-dessus si cela pouvait apaiser son épouse.
— Mais je n'ai pas le droit de t'empêcher de te retrouver, céda-t-il enfin. Alors mon cadeau de mariage n'en est pas réellement un puisqu'il s'agit simplement de quelque chose que j'aurais dû faire depuis deux ans, à savoir t'offrir des séances régulières chez un thérapeute pour traiter ton amnésie.
Il marqua une brève pause. Des larmes brillaient dans ses yeux. Et elle sentit son cœur se serrer car elle savait à quoi il pensait, où son esprit était. Il songeait simplement au fait qu'il s'était épris d'une femme qui avait assassiné vingt-trois personnes. Avec un spasme, elle réalisa qu'il se demandait même sans doute si il regretterait ce qu'il s'apprêtait à faire.
Et si, en recouvrant la mémoire, elle redevenait la criminelle d'avant ?
— Et, lorsque tu découvriras la vérité sur celle que tu étais, je veux que tu saches que je serais là, affirma-t-il. Car, comme je te l'ai dit, je viendrais toujours te chercher.
Elle se sentit défaillir. Une larme venait de couler sur la joue du brun. Il savait que l'avenir allait être rude pour leur couple.
— Mais je veux que tu me promettes que toi aussi, tu resteras.
Emue, elle ne sut quoi répondre, la gorge serrée.
— Je me fiche que tu ne veuilles pas que je t'appelle Galatée. S'il le faut je mènerais une enquête profonde sur ta vie et nous nous remarierons sous ton vrai nom. Ce n'est pas ça qui me gêne. Tout ce que je veux, c'est que celle que moi j'appelais Galatée — et qu'on appellera autrement si c'est ton souhait —, à savoir la femme que j'aime depuis deux ans, ne parte pas pour laisser place à quelqu'un d'autre que je ne suis pas sûr de vouloir connaitre. Quelqu'un qui a mal agit.
Elle se mit à trembler violemment, sachant pertinemment de quoi il parlait. Ymir s'était fourvoyée sur un point. Il ne l'avait pas appelée Galatée en songeant qu'il l'avait construite mais bien en imaginant qu'il l'avait aidée à se reconstruire elle-même, à devenir quelqu'un d'autre. Il ne se considérait pas comme un Pygmalion. Il la considérait, elle, comme tel. Il avait besoin qu'elle soit sa propre créatrice, son propre Pygmalion, que la personne qu'elle avait été soit réellement morte dans les décombres et soit née à nouveau.
Et, s'il n'avait jamais daigné enquêter réellement sur son passé, c'était qu'il ne voulait pas reconnaitre l'existence de la personne infâme qu'elle avait visiblement été. Il ne souhaitait pas la contrôler en se servant de son amnésie comme le pensait Armin. Au contraire. Il souhaitait l'émanciper de ses anciennes aspirations et idées.
Celles qui l'avaient menée à faire exploser une bombe dans une usine.
Il la peignait dans un carnet comme pour consolider l'existence de celle qu'elle était devenue, essayant d'effacer, de ses coups de crayons, celle qu'elle avait été. Et, s'il cachait ce carnet au nom bien sombre, c'était parce qu'il ne voyait pas en ces portraits un hommage à la beauté de son épouse. Mais plutôt un coup de hache au passé de cette dernière.
Il dessinait sans relâche pour essayer d'oublier l'acte qu'elle avait commis et qu'il n'osait pas lui avouer pour la protéger d'elle-même.
Il avait appelé ce cahier Vent Divin, kamikaze, afin de montrer d'où elle venait derrière un nom poétique et énigmatique qui ne le forcerait pas à se rappeler cet attentat à chaque fois qu'il prendrait le carnet. Et, chaque dessin d'elle entre ses bras, dans son moment le plus intime, les lèvres entrouvertes, étaient des portraits de sa femme et non de la criminelle du passé. Le Vent Divin. Il ne s'agissait pas d'un surnom mais d'un commencement. La première page comportait deux mots marquant un début et les croquis se succédant n'étaient qu'une évolution.
Une preuve qu'elle se reconstruisait. Qu'elle n'était plus le Vent Divin.
Et, comme revigorée par le regard intense qu'il posait sur elle, apaisée par ses mots qui lui promettaient de rester à jamais à ses côtés, elle osa soudain lui admettre d'une voix étranglée :
— Je sais ce que j'ai fait, ce soir-là.
赤い糸
𓉣
pfiooooou
je suis vraiment pas sérieuse,
je vous ai dit que vous auriez un chapitre
par jour et me voilà, à publier
de façon random
je vous promets de tenter de
m'améliorer là-dessus
𓉣
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