𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟐














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C  H  A  P  I  T  R  E    2 2

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tw — détails dérangeants
armés

赤い糸赤い糸













































赤い糸


             ASSISE AU COMPTOIR de la cuisine, la criminologue savourait un capuccino fraichement préparé par Livai. Ce dernier, Eren, la femme de celui-ci, Porco et Edward l'observaient depuis plusieurs minutes maintenant, chacun disséminé dans divers coins du lieu.

             Tout d'abord, le brun et le noiraud étaient assis ensemble face à l'invitée tandis que, à la droite de celle-ci, occupant le dernier des quatre sièges, Edward patientait. Derrière les deux hommes enchainés, la seule autre femme de la pièce avait croisé les bras sur sa poitrine et Porco, en retrait échangeait visiblement des messages avec les médecins s'occupant de son frère.

             Il n'avait pas lâché son téléphone depuis qu'il avait appris que celui-ci avait été placé dans un coma artificiel.

             Et, même si une simple journée s'était déroulée, il désespérait de le voir se réveiller.

             Ainsi, il ne prêtait pas grandement attention à l'agitation — ou plutôt le manque d'agitation — autour de lui, contrairement à la femme qui, bras croisés, observait son invité dans un silence retentissant.

             Elle peinait à le croire.

             L'homme avec qui elle avait parlé au téléphone, qui l'avait guidée jusqu'à Eren et le corps de la troisième victime, la personne qui lui envoyait parfois des messages, devinant exactement où elle était et ce qu'elle faisait...

             ...C'était cette nana ?

             Sous deux sourcils bruns étaient plantés des yeux ronds et gris soulignés d'un trait d'eyeliner lui donnant un regard félin, une pointe habillant le coin interne de son œil droit et gauche. Ceux-là étaient séparés par un nez légèrement cabossé et réhaussé d'un trait de lumière surplombant une bouche habillée d'un gloss irisée. Ses cheveux, violets et châtains — la partie inférieure de son crâne et sa frange étaient teints — avaient été taillés en une coupe qu'elle connaissait bien, la wolf-cut.

             Si elle détailla si longuement la nouvelle venue, ce fut pour une raison précise : cette femme ne correspondait absolument pas à l'image qu'elle s'était faite de l'Omniscient.

             Tout d'abord, après l'appel téléphonique qu'elle avait eu dans le sous-sol du Palace, elle s'était attendue à ce que cette personne soit un homme. Puis, quand bien même celui-ci travaillerait pour une femme, jamais elle n'aurait cru voir une femme d'une vingtaine d'années vêtu d'un pantalon cargo militaire, un débardeur et un corset noir franchir le seuil de sa maison.

             Elle s'était attendue à légèrement plus de panache. A la manière d'une Jamie Moriarty dans Elementary, par exemple.

             Une femme élégante, discrète, tout en finesse et inspirant le pouvoir dans le moindre de ses gestes. Pas une adulte aux allures d'adolescente buvant un capuccino vanille et fixant la table de bois entre eux.

             Elle devait avouer qu'elle était légèrement déçue et...

— Vous devriez faire un plan à trois.

             Tous se redressèrent, même Porco qui était resté jusque-là si concentré sur son téléphone. Les yeux s'écarquillèrent, les nuques se tendirent et un seul d'entre eux, Edward, laissa voir un sourire réjoui.

             Que Livai entreprit relativement rapidement d'effacer.

— Edward, remballe ton sourire et l'ado matrixée, boucle-la.

             Pour toute réponse, cette dernière posa ses iris grises sur l'homme, le détaillant quelques instants, comme pour mieux le jauger.

— Oui, toi définitivement plus que les autres, t'as besoin de t'envoyer en l'air.

             A ces mots, elle vit nettement la mâchoire du noiraud se contracter et ses pupilles se dilater. Il pouvait tolérer bien des choses, mais qu'on lui manque de respecte devant un autre chef de clan, un subalterne ainsi que deux membres de la Rose Noire n'en faisait pas parti.

             Son poing se serrant, il ouvrit la bouche pour répliquer.

— Pourquoi souhaitais-tu nous rencontrer ? demanda Eren, comprenant bien que les allusions sexuelles n'étaient que provocations et ne voulant s'embarrasser avec cela.

— Je souhaite autant que vous arrêter l'assassin de la Rose Noire mais, pour cela, il faut éclaircir le mystère qui plane autour du Serpent car vous n'avez visiblement aucune idée de ce que c'est.

— C'est le nom de code donné à l'opération visant à supprimer les anciens membres de la Rose Noire.

— Voilà, vous n'avez aucune idée de quoi vous parlez, conclut la femme en entendant le commentaire de Livai.

             A côté d'elle, Edward se raidit d'une façon presque imperceptible que Porco remarqua tout de même. Le châtain fronça les sourcils. Son intuition ne lui faisait jamais défaut et, il ne saurait pas l'expliquer, mais il était convaincu que leur invitée et le faux-blond se connaissaient.

             Il ne fit aucune remarque dessus.

— Eren et (T/P) sont liés depuis bien plus longtemps que ce que vous imaginez, commença la femme.

             Les intéressés se redressèrent, elle avait su éveiller leur intérêt en une simple phrase.

— Comme vous le savez, l'actuelle Rose Noire a été entrainée par deux anciens membres, le Cerveau et l'Omniscient. Une vidéo a été trouvée où (T/P), alors en Afghanistan, donne l'ordre d'abattre tous les anciens membres de la Rose Noire, lançant l'opération Serpent, reprit la femme. Vous l'avez vue quand Kenny vous a convoqués. Par ailleurs, vous n'êtes pas sans savoir que Porco est allé chercher (T/P) en Afghanistan où elle avait été laissée pour morte.

             Tous acquiescèrent.

— L'homme qui a tenté d'assassiner (T/P) ce jour-là se nomme Grisha Jäger, une vieille connaissance pour ma part et quelqu'un de plus récent en ce qui vous concerne.

             Distinctement, Eren et sa femme se raidirent. Le premier ne risqua aucun regard en direction de la deuxième, visiblement trop embarrassé pour donner suite à ce qu'il venait d'entendre et préférant que leur invité poursuive ses explications.

— Il l'a fait pour riposter après que (T/P) ait abattu son meilleur ami en exécutant le tir le plus long du monde... Enfin, « meilleur ami » comme dans les livres d'histoire si vous voulez mon avis quoi que je n'ai jamais pu le prouver et je m'en tamponne.

             Aussitôt, Eren se redressa. Son intérêt venait d'être piqué au vif. Il se souvenait bien que son père avait menti à ce propos pour dresser Sieg contre sa femme, assurant au blond que sa mère avait été tuée par elle ce jour-là.

             Mais jamais Carla n'y avait cru et son fils non plus.

— Le nom de celui qui a été assassiné, s'il-te-plait ! la pressa le brun sous le regard curieux de Livai.

— Eren Krüger. Le cerveau, rétorqua la femme. Celui a qui tu dois ton prénom.

             Aussitôt, les épaules du brun s'affaissèrent, comme si la nouvelle était tombée telle une masse sur lui. Ses yeux s'écarquillèrent légèrement, sa mâchoire se décrocha. Il planta ses iris au loin, comme pour réfléchir.

             Son épouse, peinée par cette vision, posa une main se voulant rassurante sur les omoplates de son mari.

             Livai observa silencieusement la scène.

— Il y a eu traitrise au sein de la Rose Noire, reprit la dénommée Olympe. Eren Krüger a vendu les noms de ses membres sur le marché noir en omettant celui de (T/P) pour que tous pensent qu'elle était celle les ayant vendus. Par vengeance, elle l'a tué. Grisha a tenté de faire de même pour se venger mais Porco l'a sauvée in extremis.

— Si j'ai trouvé le coupable et l'ai tué, pourquoi ai-je lancé l'opération Serpent ? demanda l'intéressée, trouvant du réconfort dans la certitude qu'elle n'avait pas vendu ses proches.

             Son invitée croisa les bras sur sa poitrine.

— J'ai pris le nom de l'Omniscient pour mieux le traquer, expliqua-t-elle. Mais, à l'origine, c'est un homme. Celui qui t'a contactée par téléphone pour te mener jusqu'à Eren quand il a lui-même trouvé la troisième victime afin de vous dresser l'un contre l'autre est le même que l'homme qui entrainait la Rose Noire, à l'époque, avec le Cerveau. C'est lui, l'Omniscient. Lui et Kruger ayant vendu ensemble ces noms, je suppose que tu as cru qu'ils étaient tous mouillés.

             La concernée acquiesça lentement. Oui. Cela se tenait. En apprenant que deux anciens membres de la Rose Noire avaient livré ses collègues, peut-être qu'une méprise l'avait poussée à croire qu'ils l'avaient tous fait — Kuchel, Kenny, Carla, Grisha car eux aussi étaient visiblement membres de l'ancienne organisation.

             Lorsqu'elle avait rencontré la mère de Livai, celle-ci avait laissé entendre qu'elle avait tenté de la tuer mais s'était ravisée. Alors, de toute évidence, elle avait mené une enquête sur eux et en avait innocenté certain comme Kuchel.

— Celle qui t'a envoyé des messages après, en revanche, c'était moi, ajouta Olympe après un bref silence.

— Pourquoi tous ces manèges ?

             Un soupir fila entre les lèvres de l'invitée. Elle s'apprêtait à attaquer un morceau conséquent des révélations. Il n'y avait plus qu'à espérer qu'ils aient tous l'estomac accroché.

— L'homme qui se faisait appeler l'Omniscient ici a pour vrai nom Han Halmes et, de là où je viens, il se fait appeler le Serpent, déclara-t-elle. C'est lui qui a placé le serpent qui t'a attaquée dans une cage d'ascenseur et c'est encore lui qui a volé les épingles à cheveux pour te faire incriminer des meurtres du tueur à gages tout comme c'est lui qui s'en prend aux cadavres et les mutile avec des crocs de serpent.

             Les sourcils de la jeune femme se froncèrent, elle n'y comprenait rien. L'homme qui lui tendait des pièges depuis le début était un ancien membre de la Rose Noire, l'Omniscient, qui avait pour autre surnom le Serpent. Il n'était pas le tueur des membres de la Rose Noire mais l'homme qui s'en prenait à leurs cadavres.

             Tout cela n'avait aucun sens. Et pourquoi diable cette Olympe sortie de nulle part s'était-elle fait passer pour l'Omniscient ?

— L'opération Serpent est un clin d'œil. Sur cette vidéo, tu as donné l'ordre de tuer les anciens membres de la Rose Noire car, à l'époque, tu étais convaincue que le Cerveau n'avait pas agis seul, que tous avaient décidé de publier ces informations.

             De son doigt, elle vint gratter l'arête de son nez.

— Le nom de l'opération, lui, était un clin d'œil sur ce que tu avais appris à propos du Serpent. A savoir son autre surnom, celui derrière lequel il se cachait pour supprimer des victimes qui n'avaient rien à voir avec les contrats de la Rose Noire. Car, en dehors de son activité de mercenaire au sein de la Rose Noire, il se faisait surtout remarquer en tant que tueur en série. Alors, en donnant ce nom à l'opération, tu lui faisais savoir que tu étais au courant de ses activités.

— Donc pour résumé, deux de Q.I. ici présente a donné pour ordre d'assassiner ma mère et mon oncle ainsi que, visiblement, les parents d'Eren parce qu'elle croyait et n'était d'ailleurs pas sûre qu'ils avaient vendu le nom de ses collègues sur le marché noir ? retentit la voix de Livai.

             L'intéressée ne releva pas le surnom injurieux, elle aussi préoccupée par les révélations qu'on venait de lui faire. Comment avait-elle pu ordonner l'assassinat de tant de personnes sans aucune preuve de ce dont elle les accusait ?

— A sa décharge, le Serpent est celui qui lui a mis dans la tête qu'ils étaient tous coupables et il sait se montrer très...convaincant, expliqua l'invitée en échangeant un regard soutenu avec Edward que tous remarquèrent mais nul ne commenta.

             Ces deux-là se connaissaient et, assurément, ne disaient pas tout de ce qu'ils savaient.

             Qu'importe, tout ce qu'ils avaient besoin de savoir était qui ils devaient tuer pour endiguer les meurtres des membres de la Rose Noire. Visiblement, le Serpent ou l'Omniscient ou Han Halmes, qu'importe son nom, était un bon point de départ.

             Quoi que, selon Olympe, il ne tuait pas les membres de la Rose Noire mais se contentait de mutiler leur cadavre.

— Pourquoi s'en prendre à leurs corps ? demanda d'ailleurs l'épouse d'Eren, encore très intriguée par cette partie de l'histoire.

             Olympe poussa un soupir, son regard s'assombrissant. Visiblement, elle s'apprêtait à évoquer une partie de l'histoire qu'elle n'appréciait pas le moins du monde.

— Comme je l'ai dit, Han prenait le nom de l'Omniscient quand il agissait avec la Rose Noire mais, quand il se faisait appeler le Serpent, c'était pour commettre un tas d'autres crimes pour lesquels il est activement recherché, expliqua-t-elle. Par le passé, une femme se faisant appeler la Louve l'a traqué durant des années et a obtenu un maximum d'informations sur lui. Informations qu'elle a réuni dans une clé USB.

— Les rumeurs disent que la Louve, avant de disparaitre dans la nature, a confié cette clé a un membre de la Rose Noire qui l'a rangé dans sa cuisse en effectuant une opération, déclara Edward, à la surprise de tous. Je suppose que le Serpent déchiquète la cuisse de chacune pour la trouver avant de commettre des dégâts plus grands pour cacher ce qu'il était venu chercher, brouiller les pistes en faisant croire qu'un détraqué sexuel s'en prenait à elles ou un animal.

— Et comment tu sais ça, toi ? demanda Livai, les sourcils froncés et les bras croisés à hauteur de sa poitrine.

             Le regard du faux-blond s'embua soudain de larmes qu'il retint, n'osant regarder qui que ce soit dans les yeux.

— Disons que la Louve était une bonne amie et que cela fait des années qu'Olympe et moi espérons trouver le Serpent.

— Tu as intégré le clan Ackerman à cause des liens entre ma mère et la Rose Noire ? interrogea l'homme, visiblement très peu réjoui par les présentes révélations. Tu nous as manipulés pour avoir accès à ces informations ?

             Mais, à son grand soulagement, le faux-blond nia d'un signe de tête.

— Non, quand j'ai découvert le lien de Kuchel à la Rose Noire et le lien de la Rose Noire au Serpent, j'étais déjà dans la Rose Noire depuis longtemps. J'ai fait appel à Olympe qui s'est lancée sur ses traces. Afin d'attirer le Serpent jusqu'à elle, Olympe s'est faite passer pour l'Omniscient, pensant que ça l'énerverait et qu'il lui tomberait dessus, expliqua-t-il. Mais ça n'a pas marché.

             La mâchoire de Livai se contracta tandis que son regard froid se posa sur Edward. De toute évidence, il n'appréciait pas le moins du monde de s'être fait mener de la sorte par le bout du nez durant tant de temps.

             Le blondinet, que tous croyaient n'être qu'un pitre agréable à garder à ses côtés s'avérait finalement avoir eu des intentions cacher depuis un moment.

             Et avaient-ils tout découvert ? Ou cachait-il d'autres secrets ?

             Eren, sentant l'atmosphère s'épaissir, posa ses doigts sur ses tempes avant de les masser durant quelques instants, tentant de rassembler les diverses informations qu'on venait de lui exposer.

— Un tueur à gages a été engagé pour tuer les membres de la Rose Noire, commença-t-il. Après les avoir abattus, un autre homme a déshabillé et mutilé ces trois femmes. Cet homme est un ancien membre de la Rose Noire, l'Omniscient, aussi appelé le Serpent. Il est traqué par diverses personnes dont Olympe ici présente pour ses crimes et, parmi les personnes qui l'ont recherché, une femme se faisant appeler la Louve a énormément progressé sur l'enquête le concernant et a même découvert son véritable nom, Han Halmes.

             Il prit une profonde inspiration, marquant un temps d'arrêt dans son discours.

— Les rumeurs disent que la Louve, avant de disparaitre, a confié ses recherches à un membre de la Rose Noire qui les a implantées dans sa cuisse. Le Serpent ou l'Omniscient mutile donc les cadavres en espérant trouver cette clé et, s'il s'acharne autant, c'est pour brouiller les pistes, faire croire à un crime bestial et sauvage et non à des criminels distincts.

— Nous allons nous occuper, moi et mes collègues, d'arrêter le Serpent, reprit Olympe. Je vous laisse le soin de neutraliser celui qui tue les membres de la Rose Noire. Mais il n'a rien à voir avec le Serpent.

— Vous pensez qu'il a été engagé par mon père ? demanda Eren, ses bras toujours croisés sur sa poitrine.

             La femme pencha la tête sur le côté en guise de réponse, dubitative.

— Je n'en sais rien. Grisha était furieux que (T/P) est abattu Eren Krüger mais je ne vois pas pourquoi il s'en serait pris aux membres de la Rose Noire et non à elle. Je doute que ce soit lui, honnêtement.

             Le brun laissa filer un soupir de soulagement.

             Même s'il n'était pas à blâmer, l'idée que son propre père puisse être lié à une affaire qui avait fait tant de mal à sa femme lui déplaisait. Quand bien même il n'oublierait pas qu'il avait atteint à ses jours, en Afghanistan, et qu'elle serait sans doute morte sans l'intervention de Porco Galliard, il trouvait réconfort dans l'idée qu'il n'ait réellement tué personne, en fin de compte.

             Du moins, personne lié à la Rose Noire.

— Pour l'heure, reprit Livai après un silence, on va trouver ce tueur à gages ainsi que Pieck. On va devoir faire un petit déplacement parce qu'elle est à Washington D. C. et c'est pas la porte à côté.

— Ça nous prendrait deux jours en voiture, commenta Porco depuis le fond de la pièce, s'arrachant à son téléphone. Je suis peut-être doué en tant que chauffeur mais il va me falloir une relève.

— Pas besoin, rétorqua le noiraud en se levant précautionneusement afin de ne pas tirer sur les menottes le liant à Eren. On y va en avion. Quatre heures et on y sera. On dormira sur place. De toute façon j'ai des choses à régler là-bas.

             Eren acquiesça tandis que, dans leur dos, son épouse fronçait les sourcils. Pendant qu'il sauvait Pieck, le tueur avait le champ libre d'abattre Annie, Berthlot et Reiner. Il eut été plus judicieux de traquer le tueur d'abord.

             Livai sembla deviner ses pensées.

— Pendant qu'on volera, reprit-il, je chargerai Isabel et Farlan de trouver dans les dossiers de FBI les traces d'un tueur assassinant ses victimes d'un coup de lame comme on l'a vu. Si jamais ils le débusquent, j'enverrais Ymir et Mikasa le traquer.

             Là, son amante acquiesça simplement, sa main toujours posée sur l'omoplate d'Eren. Elle avait hâte que cette sordide affaire soit terminée, que tout revienne à la norme, qu'elle s'enterre dans sa maison aux côtés de son époux et reprenne une vie aussi calme que banale.

             Quant à Livai... Elle n'était pas sûre de ce qu'elle voudrait faire de lui quand tout cela serait révolu. Mais l'idée de l'écarter de sa vie la gênait. Non qu'il soit homme à la détendre — elle souhaitait même ardemment l'étriper.

             Mais il y avait quelque chose, quand lui ou Eren n'était pas là, qui l'embarrassait, la tourmentait.

             Alors maintenant, même si elle sentait que l'atmosphère était tendue, que le fait qu'Edward se soit amusé à lier leurs jambes était loin de leur plaire, elle ne pouvait s'empêcher d'apprécier l'idée qu'ils soient réunis dans la même pièce. Elle ne saurait le décrire avec exactitude mais elle se sentait étrangement complète.

             Sereine.

— Je vais voir Marcel, lança soudain Porco.

— Il y a du changement ? demanda-t-elle, sautant sur l'occasion.

             Enfilant sa veste, il s'arrêta sur le seuil de la cuisine et, levant un sourire triste en sa direction, secoua mollement la tête de gauche à droite. Et, avec un pincement au cœur, elle devina qu'il n'avait pas la force de dire haut et fort que, non, l'état de son frère ne s'était pas amélioré.

             Alors, acquiesçant simplement, elle le laissa filer, la poitrine lourde.

— Edward, raccompagne-moi, lança soudain Olympe, se relevant.

— Mais...

— Tout de suite, gronda-t-elle, ses yeux appuyant exagérément sur le trio composé de Livai, Eren et sa femme avant de se reconcentrer sur Edward.

             Le blond regarda aussi les deux hommes et celle située dans leur dos avant d'acquiescer, comprenant visiblement qu'il fallait les laisser seule.

             Et, honnêtement, l'épouse d'Eren ne s'en sentit que soulagée lorsqu'ils quittèrent la cuisine.

             Car, même si le silence venait de revenir, étouffant, et que l'atmosphère avait trouvé le moyen de se tendre et s'épaissir davantage, ses récentes pensées sur les deux hommes lui avaient rappelé un certain problème qui lui fallait éclaircir. Celui-là même qui se présentait sous forme de suçons, partout sur son buste.

             Alors, devinant qu'il ne servirait à rien d'y aller de main morte, elle fit le choix de se montrer brutale :

— On a couché ensemble, tous les trois, oui ou non ?

             Aussitôt, les deux têtes se tournèrent vers elle.  Et, à en juger par leurs yeux écarquillés, ils s'attendaient à bien des choses, mais sûrement pas à se voir poser une telle question.

             Elle ne faiblit pourtant pas, les jaugeant de son regard sévère.

— Pourquoi tu demandes ça ? demanda Eren, les sourcils froncés, posant une main sur la hanche de sa femme.

             Celle-ci frissonna à ce contact.

— Il se trouve que ce matin, je me suis réveillée avant vous deux, expliqua-t-elle après s'être éclaircie la gorge, embarrassée. Quoi qu'il en soit, vous n'étiez pas seuls, dans ce lit.

             Si Eren haussa les sourcils, Livai ne sembla pas bien surpris par cette nouvelle information.

— Effectivement, déclara-t-il simplement. Mais il n'y a rien eu.

             Se tournant vers le noiraud, les sourcils froncés, les deux autres lui signifièrent silencieusement qu'ils attendaient bien plus d'informations.

— Vous étiez complètement bourrés et m'avez suivi dans l'appartement environ une demi-heure en me demandant si oui ou non, en tant que Grincheux, j'avais eu une aventure avec Blanche-Neige. Puis quand je suis allé dormir, vous m'avez suivi, expliqua-t-il. On s'est endormi.

             Eren sembla soulagé. Mais sa femme, elle, demeura suspicieuse. Et, les bras croisés, haussant un sourcil dubitatif, elle demanda :

— Rien d'autre ?

— Rien d'autre.

             Mordant sa joue, elle fit de son mieux pour ne pas laisser son impatience l'emporter. De toute évidence, le noiraud ne disait pas tout.

             Alors, sous le regard médusé des deux hommes, elle défit le haut de sa combinaison sans plus de cérémonie. Tous deux l'avaient déjà vue nue, elle ne comptait pas les choquer de la sorte.

             Seulement signifier qu'elle en avait marre des cachoteries.

             Alors, maintenant en soutien-gorge devant eux, elle laissa voir les vingtaines d'hématomes couvrant sa gorge, la naissance de ses seins, son ventre et même son épaule. Tournant sur elle-même, elle entreprit de leur donner une vue complète des ravages causés par la nuit précédente.

             Et, Eren, qui ne se souvenait pas non plus de grand-chose, écarquilla les yeux.

— Et ça, c'est quoi ? demanda-t-elle d'un ton provocateur en fusillant Livai du regard.

— Une magnifique paire de seins mais je ne vois pas où tu veux en venir, rétorqua-t-il, impassible.

             Levant les yeux au ciel, elle fit de son mieux pour réprimer sa furieuse envie d'écraser son poing dans le visage de l'homme.

— Espèce d'abruti ! Je te parle des suçons ! gronda-t-elle.

             Haussant un sourcil, il observa d'un œil assez condescendant les hématomes couvrant son corps. Et, menant Eren à contracter violemment la mâchoire, en profita pour reluquer sérieusement son épouse.

             Après plusieurs secondes, il mit enfin terme au silence — ponctuer de regards insistants — ayant pris place.

— C'est pas un humain qui a fait ça, souligna-t-il.

— Quoi ? réagit aussitôt Eren, ne sachant réellement ce que le poussait à imaginer la phrase de Livai mais étant parfaitement conscient qu'il n'appréciait pas l'idée.

             Le noir aud soupira.

— J'ai allumé l'aspirateur pour couvrir le bruit de vos voix...

— Charmant, le coupa la jeune femme.

— A ma décharge vous êtes particulièrement chiants. Et encore plus sous alcool.

             Pour toutes réponses, elle leva les yeux au ciel tout en remettant le haut de sa combinaison. Il ne put s'empêcher de la regarder faire, observant les reflets de la lumière sur sa peau et songeant à la fois où, dans cette salle de bain, il l'avait caressée.

             Brutalement, Eren claqua des doigts devant ses yeux, le ramenant à la réalité.

             Lorsque Livai se tourna vers le brun, il tomba nez à nez avec des yeux émeraudes visiblement furieux.

— Arrêtes de mater ma femme.

— Je vais faire plus que la mater, si tu continues à me donner de...

— Vos gueules, trancha-t-elle d'une voix ferme. Finis ce que tu disais.

             Un rictus mauvais étira les lèvres de Livai quand il se tourna vers elle.

— Mais tes désirs sont des ordres, poupées, susurra-t-il.

             Quand elle leva les yeux au ciel à sa phrase, il ne pur s'empêcher de s'en sentir amuser.

— T'as trouvé le concept de l'aspirateur super drôle et t'as commencé à aspirer ta peau. Eren était mort de rire et moi j'étais tellement dépitée d'avoir pu m'adonner à des galipettes avec une femme présentant le même quotient intellectuel qu'Homer Simpson que j'ai... Disons que je suis resté sans voix.

             Du mieux qu'elle put, elle feint de n'avoir rien entendu de la pique du noiraud sur son intelligence. Elle était plutôt rassurée de ne pas avoir succombé à quelques désirs enfouis sous l'effet de l'alcool.

             Quoi que la remarque stupide d'Olympe risquerait de la hanter un petit moment.

« Vous devriez faire un plan à trois. »

             Quelle idée stupide.

             Eren et Livai se haïssaient, n'étaient pas attirés l'un par l'autre. Néanmoins, elle savait qu'il pouvait davantage s'agir d'une expérience où tous deux s'occuperaient d'elle, comme pour l'honorer. Un ébat où ils n'y auraient rien entre les deux hommes car ils seraient trop occupés à le faire jouir. Mais elle ne souhaitait pas aborder le sujet.

             Est-ce que l'idée se retrouver nue entre eux et recevoir de multiples orgasmes la gênait ? Pas le moins du monde. Est-ce qu'ils avaient mieux à faire et qu'elle ne souhaitait pas vivre le moment embarrassant où elle leur demanderait si une partie à plusieurs les tentait ?

             Tout à fait.

             Alors, acquiesçant simplement à la remarque de Livai elle s'apprêta à s'en aller, préférant prendre congé.

             Mais, celui-ci, attrapant fermement son poignet, la retint au moment où elle s'apprêtait à s'éloigner. Puis, tirant sur son bras, la força à se pencher en sa direction.

             Eren eut un mouvement en leur direction, prêt à défendre sa femme. Mais il se raidit quand, glissant son menton dans le creux de la nuque de son épouse, le noiraud déclara quelque chose que tous trois entendirent nettement dans ce silence pesant :

— Tu sais, poupée, si tu veux qu'on s'occupe de toi ensemble, je suis loin d'être contre...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

...Après tout si c'est ta seule condition pour revoir ton corps traversé d'un orgasme, c'est loin d'être un grand sacrifice.

赤い糸










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on poursuit sur
notre lancée

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