𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝐎

















𔘓

C  H  A  P  I  T  R  E    2 O

𔘓


















































































           Secouant la tête, James lève les yeux au ciel en enfournant un morceau de porc au caramel dans sa bouche. Mes yeux louchent d’ailleurs sur le bol placé dans le creux de son crochet et qu’il tient avec grande adresse.

           Je ne peux m’empêcher de pouffer bruyamment en voyant son air décontenancé.

— Cela doit vous prendre un temps fou…

— Avec la bonne motivation, on peut être capable de tout.

— Allez… Combien de temps pour chaque étape ? demande-t-il en piochant cette fois-ci quelques nouilles sautées qu’il tire de leurs nœuds, les secouant légèrement pour faire tomber les légumes en trop.

           Je l’observe faire, presque fascinée.

           Je n’avais jamais remarqué combien chaque mouvement de James était doté d’un magnétisme déconcertant. Mes yeux sont comme aimantés, suivant chaque geste, même le plus infime.

           Soit, j’ai toujours eu conscience qu’il était de nature charismatique. Cependant, maintenant, je dois m’avouer prise au dépourvu.

           Tout à l’heure, après avoir réchauffé un plat, il ne s’est pas rassis à côté de moi mais devant moi, m’expliquant que ce serait plus pratique pour discuter.

           Maintenant, je peux voir tous ses faits et gestes.

— Bien…

           Secouant la tête, je réalise que je le fixais un peu trop intensément au moment où, surpris de mon silence, il me regarde.

— Voyons-voir, les recherches prennent… au bas mot, une soirée. Quelques heures, voire la matinée d’après.

— Tout ça pour dégoter un milliardaire ? s’exclame James, atterré. Donnez-moi cinq minutes, je vous en trouve dix.

— Non ! Il faut trouver un milliardaire ainsi que son passé et son emploi du temps ! Parce que là réside la réussite du plan !

           Intrigué, il croise les bras. Ses sourcils se froncent et, mangeant une bouchée, je me réinstalle mieux sur le canapé. Hermès, allongé à côté de moi, proteste contre mon mouvement.

           Je lui tire la langue et chasse l’un des rats qui tente de s’emparer des légumes chop suey.

           Tournant la tête, je croise le sourire de James.

— Me dites pas que ce qui vous fait rire est le fait que j’interagisse avec des animaux ?

           Il secoue la tête de droite à gauche.

— J’ai du mal à prendre au sérieux votre plan machiavélique… Je vous signale que vous êtes toujours déguisée en carotte.

— Je rentabilise ! je m’exclame en ouvrant les bras. D’ailleurs, pour la prochaine interview…

— Même pas en rêve.

           Faisant la moue, je croise les bras :

— Vous devriez en bouffer, des carottes, ça vous rendrait aimable, je grogne en me renfrognant.

— Ne me tentez pas.

           Brutalement, je hausse les sourcils. Ma réaction semble le surprendre et, quelques instants, il m’observe simplement.

           Puis, brutalement, ses joues rougissent.

— J’insiste sur le fait que je ne sous-entendais rien du tout au travers de cette phrase.

           M’allongeant sur le flanc, j’attire une énième protestation d’Hermès qui descend du canapé. Là, m’étendant à la manière d’une gravure de mode, je plante mon coude dans le canapé et calle ma tête sur ma main.

           Puis, je lui lance mon plus beau regarde de braise.

— Alors… Une petite tranche de carotte, Jamesounet ?

           Il détourne brutalement le regard en soupirant, ses joues rougissant violemment.

— Vous êtes tout à fait ridicule.

— Vous rougissez comme un adolescent immature.

— Vous êtes l’adolescente immature en question ! gronde-t-il en montrant mon déguisement.

           Mes épaules se haussent et je reprends place correctement sur le canapé. En tailleur, je tapote la place à côté de moi pour qu’Hermès me rejoigne. L’animal me lance un regard dédaigneux avant de grimper sur les genoux de James qui se laisse faire.

— Bon… Reprenons.

           J’acquiesce.

— Alors, une soirée pour trouver une personne milliardaire, son passé et son emploi du temps. Là, je regarde quand la personne aura un voyage d’affaires et je lui envoie une invitation à mon mariage qui se passe à l’autre bout du globe, en sachant très bien qu’il ne pourra pas venir.

           Saisissant un classeur violet posé devant moi, je l’ouvre à une page au hasard, présentant le curriculum vitae d’une de ces personnes.

           J’arrive à avoir la plupart de ces informations grâce à mon activité parallèle sous le nom de S. Ralyk.

— Regardez, Mathis Granger, qui devait donner une conférence à Singapour le 3 mai… Et bien, je l’ai invité à New-York le même jour pour mon mariage en disant qu’on s’était connu à Harvard, je déclare en pointant sur son CV la fameuse ligne correspondant à ses études, et que cela me ferait plaisir de le revoir.

— Et comme ce ne sont pas les milliardaires qui gèrent leur courrier mais leurs assistants…

— Ils ne connaissent pas tout de leur vie ! Alors, ils n’ont aucune raison de douter que nous sommes bien allés à l’université ensemble. En revanche, ils savent que leur patron n’annulera pas une conférence ou même une signature pour le mariage d’une connaissance pas vue depuis des lustres.

— Alors, par réflexe et pour économiser du temps à leur patron, ils refusent et vous envoient un cadeau pour se faire pardonner.

           Je montre mon appartement dans un sourire satisfait.

— Ainsi, nous refaisons la décoration de mon appartement.

           Il suit mon regard et s’apprête à parler lorsque je lâche :

— D’ailleurs, vous remercierez votre assistante pour les canapés. Je savais que je faisais bien de laisser une adresse ainsi qu’une liste de ce qui nous manque…

— VOUS AVEZ FAIT QUOI ? s’exclame-t-il en se redressant brutalement.

           Aussitôt, je bondis derrière le canapé, faisant barrage entre James et moi. Puis, saisissant un cintre abandonné-là, je le dirige en direction de l’homme à la manière d’une épée.

— Arrière, vile chenapan !

           La main gauche levée, l’autre bras tendue devant moi, je fais quelques moulinets en poussant des cris. La colère de James fond peu à peu tandis qu’il me regarde faire, déconfit.

           Je finis par baisser mon arme improvisée, levant le menton fièrement.

— Je viens de me faire agresser par une carotte avec un cintre, soupire-t-il. Ma vie ressemble à une parodie… Putain, c’en est même pas une !

           Mes épaules se haussent tandis que je pique un morceau de son plat. Il ne relève même plus, soupirant. Je m’installe sur le canapé.

— Donc… Trouver le milliardaire prend une soirée, le montage des faire parts et souvent déjà prêts alors j’écris juste une lettre personnalisée en dix minutes puis j’envoie le tout… Simple comme bonjour.

— Profondément malhonnête.

           Mes épaules se haussent. Les assistants ne craignent rien, de toute façon. Il m’est arrivé que l’une d’entre eux m’appelle d’une petite voix, me disant que son patron voulait me parler.

           Il m’a hurlé dessus que ma combine était déplacée. J’ai pleuré à chaude larmes en lui disant que j’étais amoureuse de lui à la fac et blessée qu’il ne se souvienne pas de moi…

           …Il m’a envoyé un autre cadeau pour se faire pardonner.

— Vous savez, parfois, ça ne fonctionne pas. Ils demandent confirmation à leur patron qui disent qu’ils ne me connaissent pas. Mais souvent, ils sont tellement occupés qu’ils se débarrassent vite fait de cela.

           Il acquiesce, le regard dans le vide.

— Vous vous demandez combien de personnes vous ont fait ça ? je demande dans un sourire.

— Ah, parce que vous n’êtes pas la seule !?

           Je préfère ne pas répondre.

           Face à mon mutisme, il dégaine son téléphone portable et pianote dessus d’un air furieux. Je m’empêche de rire, sachant pertinemment que ce n’est pas le fait qu’il ait fait des cadeaux qui le gêne mais que j’ai pu le piéger.

— Qu’est-ce que vous faites ?

— Je préviens mon assistante qu’à l’avenir, je m’occuperais des invitations de mar…

           Son téléphone l’interrompt, sonnant dans ses mains. Ses sourcils se froncent quand il dévisage le contact s’affichant et il finit par décrocher, me faisant signe de l’excuser.

           Je hausse les épaules, le regardant s’éloigner :

— Oui, Candice ? …Ecoute, je suis occupé, là… Je peux te rappeler ?

           Il se tourne vers moi, me jaugeant soudainement de bas en haut.

— Oui, c’est ça… Je suis en rendez-vous d’affaire.

           J’éclate de rire et il se jette sur moi. Mes yeux s’écarquillent en sentant le métal froid de son crochet contre mes lèvres, scellant celles-ci.

           Mon cœur bat à tout rompre tandis que je l’observe, penché au-dessus de moi. Ses yeux ambrés sont plantés dans les miens et il ne semble prêter nullement attention à la façon qu’a son crochet de figer ma bouche.

— Non, personne n’a ri… mais oui, je suis avec un investisseur ! Je ne mens pas… Oui… Je sais… Ecoute, je viendrais le plus vite possible demain… Oui, demain… Je te l’ai dit, je suis occupé… Non…

           Quelques bribes de paroles sont murmurées et il finit par murmurer :

— A demain… Encore toutes mes condoléances.

           Je n’ai pas le temps de me redresser, lui demandant s’il s’agit de son ex-femme, la sœur d’Antoine, qu’un hurlement franchit mes lèvres.

           Jetant son téléphone, il m’a soulevée du sol et je me retrouve, balancée en travers de son épaule.

— AAARRRGH ! KIDNAPPING EN COURS ! A L’AIDE !

— TA GUEULE, JE REGARDE LE MATCH ! parvient la voix, étouffée derrière le mur, de ma voisine.

— ESPECE DE VIEILLE PEAU !

— SALE PLOUC GIVREE !

— CONNASSE !

— MORUE !

— PERIPAPETICI…

— Bon, d’accord, d’accord, je vous pose, soupire James Harold en me remettant sur le sol.

           Les mains sur les hanches, je l’observe, les yeux écarquillés. Il me regarde en retour, nullement impressionné.

— GROGNASSE.

           Il hausse un sourcil dans ma direction, éberlué.

— J’aime avoir le dernier mot.

           Il soupire.

— Hormis cela, vous êtes vraiment la dernière des enflures.

— Vous me direz tous ces mots doux dans la voiture, lâche-t-il en commençant à ranger les plats chinois. Mais d’abord, changez-vous.

           Mes sourcils se froncent.

— On va où ? Je croyais que vous comptiez rester avec moi.

— Oui, mais je pense que cela vaut le détour.

           Il s’arrête et, me lançant un regard par-dessus son épaule, me lance :

— Les policiers en ont appris davantage sur la mort de Dumas. Ils ont déjà un suspect qu’ils cherchent activement.

— Qui ça ?

           Il sourit énigmatiquement.

— Le journaliste S. Ralyk.
















































𔘓

t/p toujours aussi
sérieuse, ça bouge pas

j'espère que ce
chapitre vous aura
plu !!

𔘓














































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