𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟕

𖤓

ET DANS LES LARMES DE CEUX QUI
VIVENT, JE LAVE LE SANG DES
MARTYRS





             Le soleil était assez haut dans le ciel lorsque la jeune femme put de nouveau voir son éclatante puissance. Poussant un soupir soulagé, elle prit le temps de lever quelques instants le visage vers le ciel bleu illuminé par l’astre et se réchauffer sous les caresses de ses réconfortants rayons. Il lui semblait que des années s’étaient passées depuis qu’elle n’avait plus vu sa lumière.

             Suite à l’invasion de Shiganshina par ceux que les soldats avaient vite eu fait de rebaptiser les titans cuirassé et mâchoire, elle était tombée dans un coma pour le moins profond qui l’avait conduite à hiberner durant une semaine. Et, à l’issue de celle-ci, son insolence envers Levi lors du procès d’Eren lui avait coûtée deux journées de plus dans le noir.

             Mais, à présent, elle était de nouveau libre.

             Enfin, tout était relatif. Accrochées à ses mollets dénudés surplombant des pieds dépourvus de chaussures, de lourdes chaines la forçaient à n’exécuter que de très petits pas pour avancer. Celles-ci étaient reliés à ses poignets, eux-aussi solidement accrochés entre eux. Et le tout émettait un bruit cacophonique particulièrement crispant au moindre pas qu’elle exécutait.

             Groggy, elle peinait se déplacer sur le bitume sale lui éraflant quelque peu les orteils et la plante des pieds mais ne disait le moindre mot à propos de cela. A vrai dire, toute sa concentration était fixée sur l’idée de ne pas tomber malgré cet attirail pour le moins impressionnant.

             Levi ne semblait pas le moins du monde avoir apprécié leur dernière entrevue. Non seulement il s’était assuré qu’elle soit enchainée d’une façon aussi lourde que désagréable, mais il ne lui était en plus pas d’une grande aide en l’instant précis.

             Maladroitement, elle tentait de descendre les marches menant à la cour du tribunal militaire de Sina. Ses jambes parcourues de fourmillements à cause du contact du carrelage froid sur sa chair, elle faisait de son mieux pour ne pas chuter tandis que, sans un regard pour elle, il avançait jusqu’au grillage doré composant l’entrée des lieux.

             Ce fut donc avec un soupir soulagé qu’elle atteignit la terre ferme et se remit en marche, n’exécutant que de faibles pas assez ridicules sous sa chemise en lin profondément encrassée dont elle ne supportait plus l’odeur. Malgré ses années passées sans la moindre douche dans la rue, elle haïssait aujourd’hui la crasse.

             Sans doute un vestige de cette longue période.

             Quoi qu’il en soit, en cette fraîche matinée pourtant ensoleillée, tandis que l’escouade tactique les attendait derrière les grillages dorés et richement détaillés menant à l’extérieur des lieux, elle désespérait de prendre un bon bain. Seulement elle savait pertinemment que le caporal ne comptait pas lui accorder de privilèges. Qu’importe son lien avec Edward. Car le noiraud était bien le seul à ne pas croire un mot de son don divin et ne voir en elle qu’une traitresse.

             La seule raison qui le poussait d’ailleurs à ne pas lui trancher d’ores et déjà la gorge était qu’elle était ce qui comptait le plus aux yeux du blond. Sans cela, elle aurait déjà poussé son dernier souffle depuis longtemps.

— Magne-toi, j’ai pas que ça à faire, gronda sa voix grave quelques mètres devant elle.

             Elle leva les yeux vers l’homme. Il avançait en lui montrant le dos et faisant face aux cinq personnes et six chevaux arrêtés devant le portail ouvragé. Elle ne s’attarda pas sur les détails des visages des soldats, ceux-là étant masqués ou partiellement dissimulés derrière les barreaux dorés.

             Elle préféra reporter son attention sur le caporal, détaillant la façon qu’avaient ses longues mèches ébènes de retomber sur la partie inférieure de son crâne où seules ses racines apparaissaient en un champ lisse et sombre. Arrêtant son regard sur celui-ci, la jeune femme se surprit à se demander quelle sensation lui procurait le simple fait de passer la main dessus, si cela ressemblerait à une douce caresse ou mille et une pointes d’épées.

             Puis, descendant ses yeux sur sa nuque basanée et lisse qu’il maintenait redressée, elle répondit simplement, d’humeur taquine :

— Vous savez très bien que je ne peux pas beaucoup avancer… c’est assez petit de votre part.

             Il ne restait plus que quelques mètres avant le grillage mais elle savait que ceux-là lui prendraient un certain temps. Et, même si Levi avait ralenti le pas pour essayer de se caler sur la cadence des siens, il avait conservé une certaine longueur d’avance.

             Et celle-ci lui permit de le voir nettement se raidir à ses propos. Mais elle ne s’arrêta pas là. Elle ne pouvait expliquer pourquoi voir cet homme s’agacer d’elle la grisait. Leurs rencontres n’avaient pas été nombreuses mais toujours exaltantes. Et elle appréciait la façon qu’avait son cœur de s’emballer en la présence de ses hématites foudroyantes.

— Vous pourriez agir de sorte à égaler la hauteur de votre grade…

             Suffisamment rapprochée, elle put maintenant distinguer les visages se situant derrière les barreaux. Deux mètres la séparaient de ceux-ci et l’escouade elle-même se trouvait à une dizaine de pas du portail, les fixant tous deux.

             Elle ne sut réellement pour quelle raison mais, dès lors qu’elle vit leurs traits pourtant fermés, ses muscles se détendirent un à un. Les chaines à ses membres lui semblèrent soudain moins lourdes et elle sentit chaque tension dans son visage s’envoler. Ils dégageaient quelque chose qui la mettait dans une prédisposition à leur faire confiance.

             Sans doute l’uniforme, leur relation avec Edward et le fait qu’ils aient été choisi par Rumplestitskin en personne, songea-t-elle.

— Une telle pression n’est pas digne de votre grandeur, insista-t-elle tandis qu’il faisait mine de ne pas entendre ses insinuations.

             Lorsque le caporal franchit le portail sans un regard pour la jeune femme ni une expression de tension face à ses remarques, elle comprit qu’il ne comptait pas lui accorder la moindre attention. Mais elle ne s’en formalisa pas et, continuant de se rapprocher à petit pas de l’ouverture, jeta un coup d’œil appuyé en direction des membres de son escouade qu’elle entreprit de détailler plus largement.

             Debout, arrivant en-dessous de l’épaule d’Edward, une jeune femme rousse fixait ses grands yeux marrons et doux en sa direction, une pointe de curiosité les allumant. Derrière cette dernière, les bras croisés sur son torse, un homme dont les expressions faciales et la mâchoire carrée rappelait fortement le frère de la prisonnière dardait sur celle-ci des mirettes bien plus fermes tandis qu’un blond cendré aux traits particulièrement distendus, comme prématurément vieillis, haussait un sourcil en sa direction. Lui se trouvait assis sur un cheval brun, exactement comme le dernier soldat de l’escouade situé derrière lui.

             Lorsqu’ils les virent arriver à leur hauteur, tous se redressèrent brusquement, prêts à saluer leur supérieur. La jeune femme détourna le regard de leur personne en franchissant finalement le portail avec une grimace de dégoût, sentant un mégot de cigarette adhérer à la plante de ses pieds. Mais elle ne dit rien.

             Ses yeux s’attardèrent quelques instants sur les échoppes et bâtisses d’architecture romaine de l’autre côté de la rue avant qu’elle ne détourne le regard rapidement, un brouhaha fort assourdissant ayant attiré son attention de l’autre côté de la rue.

             Et elle crut bien défaillir lorsqu’elle se rendit compte de quoi il s’agissait.

             Là-bas, à l’endroit exact où naissait le grillage doré, une quelque vingtaine de personnes étaient assemblées maladroitement sur le trottoir. Et, même si elle ne pouvait pas voir les détails de leurs traits depuis sa position trop reculée, elle eut un frisson en reconnaissant certains comportements et bruits.

             Des spasmes, des pleurs, des tremblements. Autour d’eux, tentant de les contenir, des soldats des brigades spéciales qu’elle reconnut à leur uniforme semblait peiner à retenir l’attention de cette foule. Et elle savait exactement pour quelles raisons.

             Elle reconnaissait l’effroi déformant les traits de certains.

— Alors les rumeurs étaient vraies, retentit une voix derrière elle, des titans ont bel et bien pénétré une ville du mur Rose.

             La prisonnière se raidit à ses mots tandis que ses pupilles fixés sur les rescapés se dilataient brusquement. Une ville ? Les personnes qu’elle avait sous les yeux étaient bien trop peu pour constituer l’intégralité d’une ville. Et, même si elle avait pertinemment conscience que le protocole après ce genre d’attaque stipulait que seuls les non-blessés pouvaient se déplacer jusqu’à Sina afin d’y faire leur déposition, elle peinait à penser que tous les autres habitants soient simplement amochés.

             Péniblement, elle déglutit. Combien y étaient restés ? Et comment se faisaient-ils que les créatures aient pu pénétrer un lieu situé dans le mur Rose lorsqu’ils avaient réussi à protéger la deuxième porte et que seul Shiganshina était aujourd’hui perdue ?

             Un frisson la parcouru. Trop vite. Tout s’enchainait trop vite. Une partie d’elle n’avait toujours pas conscience de ce qu’il s’était passé, une semaine plus tôt et elle peinait encore à comprendre comment elle avait bien pu finir comme une soldate officieusement suspectée de trahison —car nul ne savait, sous décision d’Erwin, quelle était la nature des soupçons que lui et Levi nourrissaient à son égard, ils ne pouvaient se permettre de l’annoncer aux hautes instances et devoir se lancer dans un procès comme celui d’Eren qu’ils risqueraient de perdre.

             Soudain, la coupant dans ses pensées tandis qu’elle continuait de fixer la masse de ses yeux écarquillés, un mouvement attira son attention. Là, au milieu de la foule, semblant recourbée par l’effort, le visage quelque peu ridé d’une femme d’une cinquantaine d’années s’était vivement tourné en sa direction.

             Elle déglutit péniblement. Elle venait tout juste de comprendre que la ville attaquée n’était pas une ville mais un village et, étant donné que ces deux yeux verts ne lui étaient malheureusement pas inconnus, elle n’eut aucun mal à réaliser que le lieu attaqué était celui où elle avait grandi. Risa.

— TOI ! hurla la femme en levant un doigt accusateur en sa direction.

             Soudain, ses muscles se raidirent et l’apaisement qui l’avait pris tantôt en rencontrant l’escouade s’évanouit aussitôt face à cet index rageur qu’elle rivait vers elle. Une dizaine de mètres les séparait mais son cri sonore avait su attirer l’attention de tout le monde.

             Un silence de plomb s’abattit bientôt sur l’assemblée auparavant bruyante. Sourd. Violent. Comme une masse. Ils l’avaient tous reconnue.

             Derrière elle, la jeune femme sentit les brûlures des regards de l’escouade tactique sur elle. La femme avait hurlé si fort qu’ils n’avaient eu d’autres choix que de se tourner vers elle et suivre ce qu’elle pointait, tombant sur la silhouette lourdement enchainée et crasseuse de la prisonnière.

             Même Levi, qui ne prêtait ordinairement pas attention à ce genre d’évènements, venait tout juste de se tourner. Et, lorsque ses yeux tombèrent sur le visage tendu et les yeux écarquillés de la jeune femme, quelques mètres plus loin, il ne sut pour quelle raison exacte un certain malaise l’empêcha de se détourner de la scène.

— INFÂME CRÉATURE MAUDITE ! ENFANT DU MALIN ! TU AS JETÉ LA PESTE ET LA MALHEUR SUR NOS VIES ! se mit soudain à hurler la femme tandis que de grandes traces de sang salissaient son visage pâlichon sous ses cheveux blonds.

             Une boule naquit dans la gorge de la concernée et elle ne parvint à réagir, tétanisée. Tous dans la rue la fixaient. Qu’il s’agisse des rescapés de son village, des soldats des brigades spéciales saisis par les cris, des membres de l’escouade ou même des commerçants situés sur la rue d’en face, plus personne ne semblait prêter attention à autre chose qu’à cette scène particulièrement bruyante.

             La jeune femme eut envie de disparaitre sous terre tant ces mille et une paires de yeux l’oppressaient. Mais elle était en même temps bien trop stupéfaite pour songer à fuir. Alors elle se contentait de regarder Louise, la sagefemme de son village issue d’une longue lignée de chamanes qui était d’ailleurs la première personne à l’avoir vue.

             Mais, même ce jour-là, la femme portait un regard déjà désapprobateur sur son existence. A vrai dire, elle avait toujours considéré sa venue comme une tragédie. Et les villageois, habitués à ses conseils avisés, s’étaient tous mis en tête de fuir l’enfant comme la peste.

             Alors maintenant qu’elle se tenait là, devant eux, apparaissant comme par enchantement après des années d’absence le jour d’une grande tragédie, ils ne pouvaient s’empêcher de se dire que tout était lié et que Louise avait eu raison depuis le début. Elle était responsable de ces méfaits. Sa simple naissance était la marque du malin sur leurs vies.

             Elle sentit une dense chaleur lui piquer les yeux. Malgré les années, ces regards dégoutés et animales sur sa personne ne cessaient de l’amocher. A jamais devant leurs yeux elle demeurerait cette enfant qui ne comprenait pas pourquoi personne ne l’aimait.

             Une fillette tremblante et rejetée de tous.

— TU ES UNE NÉE DANS LA MORT ! LE FRUIT DU DÉMON ! hurla la femme tandis que des larmes imbibaient ses joues maculées de sang et que le doigt pointé en sa direction se faisait tremblant. NOUS AURIONS DÛ TE BRÛLER LORSQUE…

— Ça suffit.

             Calme mais pourtant autoritaire, une voix douce et familière qu’elle ne connaissait que trop bien retentit soudain à côté de Louise. Et, même si l’homme n’avait pas haussé le ton, tous le respectaient tant que le simple fait qu’il prenne la parole avait suffi à amener le silence dans cette rue devenue animale le temps de quelques phrases.

             La prisonnière baissa ses yeux mouillés en direction du vétéran assis sur un fauteuil roulant situé maintenant à gauche de la sagefemme. Silencieusement, Carlos Juan s’était avancé jusqu’à la grande blonde qu’il fixait maintenant d’un regard aussi ferme que doux, lui faisant comprendre avec toute la retenue qu’il pouvait qu’il ne te tolèrerait pas un mot de plus.

             Cette vision apaisa quelque peu le cœur meurtri de la prisonnière qui eut tout de même du mal à ne pas flancher après telle agression verbale. Mais elle garda ses yeux ancrés sur cette personne qui avait tant fait pour elle au cours des dernières années. Cet ancien soldat lui ayant appris la maitrise des techniques tridimensionnels, ce haut-placé respecté qui l’avait toujours tenue au courant des potins dans l’armée, ce lettré si cultivé qui lui avait lu chacune des missives d’Edward durant leurs années loin de l’autre.

             Il avait bien été la seule personne qui ne l’avait jamais jugée.

             Alors, lorsqu’elle vit de nouveau ce visage basané et ridé, ces joues flasques se rejoignant en un menton parsemé d’un bouc noir, ce front agrandi par une calvitie qu’il n’avait toujours pas acceptée et le poussait à nouer ses cheveux bruns reculés en une courte queue de cheval et ces doux yeux en amandes marrons, elle ne put retenir un soupir de soulagement. Cela avait quelque chose de réconfortant d’avoir un tel allié à ces côtés.

             Suite à l’intervention de Carlos qui, occupé à contenir Louise de son simple regard, ne lui en accorda aucun, un certain silence prit place dans la rue durant de longs instants. Mais un bruit derrière la prisonnière encore statique se manifesta quand Levi attela son destrier et prit la parole :

— Tu montes avec ton frère. On y va.

             Seulement, si elle acquiesça, elle ne bougea pas tout de suite.

             Ses yeux encore rivés sur le groupe dense situé à une dizaine de mètre d’elle, la peau de son visage chauffant ardemment sous leurs regards accusateurs, ses doigts tremblants au bout de ses chaines tant l’animosité agitant leur pupille se faisait vive, elle sentit soudain naitre en elle un courage tel qu’elle n’en avait jamais ressenti.

             Depuis toujours, elle avait appris à s’écraser face aux habitants de son village. Ils étaient les adultes et avaient donc un certain ascendant psychologique sur elle. Souvent, elle s’était même dit qu’ils avaient raison de la traiter en paria, qu’ils en savaient plus qu’elle sur la vie et qu’un mobile logique devait les motiver.

             Mais, face à leur haine, une dense chaleur naquit bientôt dans sa poitrine. S’en était trop. Comment pouvaient-ils, eux, misérables lâches qui avaient sans doute refuser d’aider leurs pairs pour s’en sortir, la juger elle qui s’en était allée défendre la porte Maria seule ? De quel droit se permettaient-ils de la décrire en malheur lorsqu’elle avait été prête à sacrifier sa vie pour les siens ?

             Cette population n’est décidément faite que d’infâmes ingrats, songea-t-elle en sentant ses pulsations cardiaques s’affoler.

— N’avez-vous pas honte ? gronda soudain sa voix dans le silence de la rue.

             Derrière elle, elle sentit les soldats qui s’apprêtaient à rejoindre la base se figer pour la regarder. Et, face à ses yeux à présent furieux, tous les villageois s’étaient tendus en une position terrifiée.

             Souvent ils l’avaient malmenée mais jamais elle n’avait riposté. Et, compte-tenu des mauvais présages décris par Louise à son sujet, ils ne se sentaient pas forcément à l’aise à l’idée de la voir rendre les coups.

— Blâmer une enfant parce que sa mère est morte en couche ? fulmina-t-elle sans ne rien changer de sa position. Avez-vous seulement une idée du nombre de femmes décédées de la sorte à cause de la famine ?

             Seulement, à la grande surprise de la prisonnière, ses interlocuteurs n’eurent pas la réaction escomptée. Point de grimace de fureur ou même de peur. Non. Seulement un sincère étonnement.

             Et son souffle se coupa lorsqu’elle remarqua que, alors que Louise avait haussé les sourcils de stupeur, Carlos, lui, avait écarquillé les yeux. Comme s’il était terrifié. Car ce qu’il avait toujours craint venait de se produire.

             La jeune femme le regarda avec incompréhension durant quelques instants, sidérée par ces différentes réactions. Mais en voyant avec quelle rigueur il gardait sa nuque tournée vers Louise, elle réalisa qu’il fuyait son regard.

             Et, lorsque la sagefemme reprit la parole, elle réalisa pour quelle exacte raison le vétéran semblait soudain bien pâle.

— Morte en couche ? répéta la villageoise d’une voix incertaine.

             Lorsque la prisonnière reporta son attention sur son interlocutrice, ce fut avec une certaine stupeur qu’elle croisa un regard étonné. Depuis les nombreuses années qu’elle la connaissait, pas une seule fois Louise n’avait daigné lui accorder autre chose que de la haine au travers de ses iris chocolat.

             Oui. Il s’agissait bien de la première fois que cette femme qui avait pourtant été la première à établir un contact physique et visuel avec elle ne semblait pas hautement dégoutée face à son visage. Mais cela ne dura pas bien longtemps.

             Ses prunelles se durcir et son visage s’assombrit. Lorsqu’elle reprit la parole, il n’y eut point de cris. Mais ses mots l’assourdirent encore plus.

— Non… Un bébé né d’une mère morte en couche est un miraculé, un être que les dieux ont tenu à sauver…, déclara-t-elle comme une évidence. Toi, tu es née dans la mort…

             Les muscles de la jeune femme se raidir et elle sentit une larme perler sur sa joue tandis qu’une expression profondément désolée venait de prendre place sur le visage de l’infirme.

— Je t’ai retirée de son cadavre encore chaud, termina Louise entre ses dents serrées, une pointe de dégoût traversant ses prunelles.

             Cette phrase s’abattit sur la prisonnière comme une claque. Forte. Assourdissante. Violente. Ebranlante. Tant et si bien qu’un dense frisson froid la parcouru entièrement à l’instant-même où elle réalisa les mots de la sagefemme.

             La Née dans la Mort…, songea-t-elle tandis que ses yeux écarquillés de stupeur laissaient filer une larme de désarrois. Avait-elle bien compris ? Avant même qu’elle ne vienne au monde, sa génitrice avait déjà quitté celui-ci ?

             Un spasme la prit. Les chaines sur ses membres se firent soudain lourdes. Elle ne pouvait croire ce qu’elle venait d’entendre. Ce n’était pas possible. Louise devait lui mentir pour la torturer. Elle avait toujours apprécié la malmener.

             Oui. Elle mentait sans doute.

             Seulement, à l’instant-même où la jeune femme alla quérir un certain réconfort dans les prunelles de son frère, qu’elle se tourna vivement vers lui et tomba alors sur sa silhouette, tous ses espoirs fondirent comme neige au soleil.

             Là, à deux mètres d’elle, face au flanc de son cheval et les moindres muscles figés, ses yeux écarquillés fuyant le regard de sa sœur, Edward ne bougeait point. Au milieu de ses collègues désarçonnés par les évènements, les mains figées sur l’animal, ses iris semblaient irrémédiablement attirées par le sol tandis que son chignon pointait le ciel puisqu’il avait baissé la tête.

             La jeune femme déglutit péniblement face à ce spectacle.

— Tu savais…, comprit-elle alors tandis qu’une larme roulait sur sa joue.

             Mais il ne répondit pas.

             Les muscles de son visage aussi figés que ceux de son corps, il ne semblait pas savoir comment réagir. Ses yeux écarquillés ancrés dans le sol, la honte couvrant ses traits. Ce qu’il avait redouté depuis tant d’années venait de se produire.

             Et, lorsque la voix de Louise s’éleva de nouveau derrière sa sœur, il réalisa que jamais elle ne pourrait lui pardonner de lui avoir cacher une telle chose.

— Ta mère s’est suicidée en ne laissant comme dernière volonté qu’une seule chose : que tu n’aies jamais de nom.

             La prisonnière se raidit davantage à cette révélation et l’étau de sa peine se referma davantage sur sa gorge. Lorsque la sagefemme termina ses propos une bonne fois pour toute, la phrase qu’elle déclara alors faillit bien avoir raison d’elle.




— Même elle avait deviné que tu n’étais qu’une créature du mal.

 











je suis désolée car je déteste les coups de gueule mais je voulais m'attarder sur quelque chose qui m'est arrivé sur TOUTES les histoires que j'ai pu publier

je voulais donc revenir sur quelque chose qui arrive de temps à autre et qui m'attriste un peu pour être honnête

les lecteurs fantômes, à savoir les personnes qui ne commentent ni ne votent pas me frustrent un peu mais ça ne me gène pas, vos préférences en matière de lecture vous regardent

en revanche, lorsque vous n'avez pas ajouté l'histoire à votre liste de lecture, que vous n'avez rien voté ni n'avez laissé de commentaire durant pas mal de chapitres et que votre première et seule intervention est un reproche, j'avoue que ça ne me plaît pas

bien sûr, si jamais vous avez des préférences, je vous invite à les signaler !

je sais qu'une des lectrices du Souffle des Combattants me disait régulièrement quand elle préférait voir une description des lieux ou qu'il y avait une incohérence

mais elle n'était pas froide et, surtout, ce n'était pas le premier et seul contact qu'elle établissait avec moi

que vous soyez des lecteurs actifs ou fantômes, je suis ravie de savoir que mon histoire plaît. mais lorsque vous ne vous manifestez qu'une seule fois au cours de 86 chapitres pour me dire de façon très peu chaleureuse qu'une scène ne s'est pas déroulée comme vous le voulez, ce n'est vraiment pas encourageant

je tenais à préciser aux personnes ayant l'habitude de ne se manifester que pour souligner ce qui leur déplaît que ce n'est pas forcément plaisant pour l'auteur qui essaie de faire au mieux

surtout qu'en ce qui concerne La Voix des Martyrs, je fais vraiment de mon possible pour respecter les personnages et l'histoire tout en intégrant celle d'Emeraude sans ne rien altérer à l'œuvre originale

il peut y avoir des oublis, c'est humain.
mais la condescendance, honnêtement, gardez la.

voilà, ça ne me plaît vraiment pas de pousser une petite gueulante car la majeure partie des personnes ne sont pas concernées mais je voulais revenir sur ça

je vous jure que 99,99999% des commentaires sont bienveillants et j'adore les lire

cependant ça reste peu plaisant

♥️










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