𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟗


𖤓

ET DANS LES LARMES DE CEUX QUI
VIVENT, JE LAVE LE SANG DES
MARTYRS






— Je suis le caporal Dan Eisenstein.

             Les sourcils d’Emeraude se froncèrent immédiatement. Plus que la sensation de connaitre le nom qui venait de résonner dans ses oreilles, l’effrayante lueur qui avait, à l’instant, traversé les iris ambrées de l’homme la saisit.

             Il y avait quelque chose dans la façon qu’il avait eu de susurrer son nom telle une menace qui la désarçonnait.

             Là, debout et tremblotante sur le toit d’une bâtisse de plus de trente mètres de hauteur, elle savait qu’elle ne faisait pas le poids. Il était armé, équipé d’un appareil tridimensionnel qui lui permettrait de s’échapper à tout moment. Elle, elle ne portait qu’une chemise de lin encrassée et tâchée d’une large trace rougeâtre qui ne cessait de s’élargir à mesure que son sang coulait de sa blessure.

             Un frisson la prit. Au-dessus de leur tête, le ciel semblait s’être assombri. Stohess ne baignait plus dans les vastes éclats du soleil, seulement dans la panique assourdissante soulevée par les rudes combats qui faisaient rage.

             Les soldats encadraient une scène des plus spectaculaires : deux titans se battant dans des hurlements féroces. Alors, bien évidemment, aucun parmi eux ne songeaient à regarder en direction d’Emeraude.

             Celle-ci frissonna. Les lèvres de Dan venait de s’étirer davantage, lui offrant un sourire carnassier.

— Je suis ravie de te rencontrer, déclara-t-il. Quoi qu’un peu déçu…

             Le regard d’Emeraude se durcit et, s’efforçant de garder le dos droit malgré sa blessure déchirante au ventre, elle déglutit péniblement. Ses poings se serrèrent.

— Ta mère avait annoncé que, lorsque tu serais dans l’armée, ton frère aurait péri depuis longtemps. Et je comptais un peu là-dessus pour gagner ta confiance…

             La jeune femme fronça les sourcils tandis que son vis-à-vis, rangeant d’un geste las ses mains dans les poches de son bas, promenait un regard exaspéré autour de lui. Il donnait l’impression de n’être qu’un joueur se rendant compte de l’inexactitude de ses pronostics. Un parieur qui n’avait pas misé gros. Un peu soucieux mais pas affolé.

             Et Emeraude, de son côté, ne comprenait pas.

— J’ai demandé un poison à ton frère, le poison le plus douloureux de tous. Aussi vicieux qu’un serpent. Une sorte de venin qui s’immisce en toi sans que tu le saches et te détruis peu à peu.

             Elle sentit une dense chaleur l’envahir. Voilà où elle avait entendu le nom du caporal Dan Eisenstein pour la première fois. Il était le commanditaire du poison qu’Edward avait confectionné. Et il était en train de lui expliquer que sa cible n’était autre qu’elle.

             Elle frissonna.

— T’assassiner avec une arme confectionnée par ton frère, rit-t-il doucement. Tu dois admettre qu’il y a là-dedans un certain panache.

             Emeraude déglutit péniblement.

— Et tu n’étais censée ne rien en savoir. Parce que cet abruti aurait dû mourir il y a cinq ans sans te laisser l’opportunité d’en apprendre plus sur moi, ajouta-t-il.

             Les poings déjà serrés de la jeune femme se contractèrent davantage. Edward ? Mourir il y a cinq ans ? Non. C’était impossible. Et oser dire une telle chose revenait à menacer son frère.

             Ce caporal paierait pour un tel affront.

             L’intéressé sembla soudain perdre tout son sang-froid. Son sourire laissa brutalement place à des traits tirés en une moue enragée et ses yeux ambrés vinrent s’assombrir.

— Il disait que ta salope de mère ne se trompait jamais, que chacune de ses prophéties se réalisaient, cracha-t-il en amorçant un pas en direction d’Emeraude qui recula. Il nous disait à tous qu’elle avait annoncé une terrible catastrophe dans laquelle ton frère périrait en 845.

             Les muscles de la soldate se raidirent brutalement. Sa mère ? Des prophéties ? Son frère ? Mourir en 845 ? Mais rien ne s’était produit en 845 ! Aujourd’hui, alors que l’année 850 débutait à peine, elle était sûre de pouvoir affirmer qu’aucune catastrophe n’avait eu lieu en 845.

             Le seul évènement paralysant de ces dernières années avait été la perte de secteur Maria. Mais cela s’était produit en 850, pas en 845. L’homme qui lui faisait face semblait nager dans la folie.

— J’ai fait confiance à ta mère, j’ai noué de forts liens avec ton frère en attendant qu’il crève, ajouta-t-il sèchement. Et aujourd’hui, le grand caporal Levi Ackerman lance une enquête sur moi parce qu’un certain Edward aurait affirmé devant lui m’avoir vendu des poisons ! Et son rapport stipule que ma cible, dont je voulais me rapprocher, chez qui je voulais faire émerger une profonde confiance en moi pour mieux la détruire, oui, cette même cible était alors présente. TOI !

             Emeraude ne comprenait rien. Les paroles de Dan n’avaient aucun sens. Son chignon se défaisait à mesure qu’il avançait, ses pupilles n’avaient de cesse de se dilater et il parlait toujours plus fort. Il semblait en proie à un délire psychotique. Sa mère ? Prédire la mort d’Edward ? Une catastrophe datant de l’an 845 ? Tout cela n’avait aucun sens.

             Soudain, l’homme se raidit. Cessant d’avancer, arrêtant de tenir des propos décousus, il s’interrompit brutalement dans ses moindres faits et gestes. Le dos droit, les yeux fixés sur le ciel au-dessus de lui, il prit plusieurs profondes inspirations.

             Puis, dans un geste aussi lent que terrifiant, avec un mouvement saccadé qui lui donna l’air d’un robot mal huilé, il tourna la tête en sa direction.

             Ses cheveux noir corbeau tombèrent sur son front couvert de sueur, s’y emmêlant. Ses yeux jaunes, eux, vinrent se poser sur elle avec hargne. Et, dès lors qu’elle vit quelle lueur frétillante animait son regard, elle comprit.

             Depuis tout à l’heure, il lui expliquait qu’il avait échafaudé un plan pour la tuer depuis de nombreuses années et que celui-ci était tombé à l’eau.

             Mais, aujourd’hui, il comptait finir le travail.

— Que tu crèves en consommant le poison d’Edward ou que tu pousses ton dernier soupir ici, peu importe. Je ne repartirais pas tant que tu ne seras pas six pieds sous terre.

             Les yeux d’Emeraude s’écarquillèrent en le voyant sortir ses mains de ses poches. Car l’une d’entre elle tenait à présent entre ses cinq doigts un canif qu’il déplia aisément d’un coup sec, faisant briller la lame sous le soleil timide.

             Le cœur de la jeune femme battait à toute vitesse dans sa poitrine. Blessée, désarmée et malade, elle ne faisait pas le poids. Malgré ses années d’entrainement, en dépit des nombreuses situations auxquelles elle avait eu à faire, jamais elle ne s’était retrouvée dans une telle position.

             Une simple proie devant un chasseur.

             Et le pire dans tout cela était qu’elle ne pouvait même pas espérer fuir. Debout sur un toit élevé à quarante mètres de hauteur, sans système tridimensionnel, il ne semblait plus y avoir aucune issue.

             Je le ferais, souffla soudain une voix dans sa tête.

             Dan s’était mis à marcher en sa direction. La tête haute et le dos droit, il esquissait un faible sourire à mesure que sa lame s’approchait de la jeune femme. Et elle, tremblante, ne trouva réconfort que dans cette voix qu’elle venait d’entendre, ces trois faibles mots soufflés dans son crâne.

             Ils étaient le soleil sous ce ciel gris.

             Si tu sautes d’un toit sans équipement, résonna de nouveau cette voix chaude et grave en elle, je te rattraperais.

             Les pupilles d’Emeraude se dilatèrent tandis que son cœur se mettait à tambouriner dans sa poitrine. Dan approchait et, face à son imposante silhouette, une porte venait de se dessiner. Aussi irréaliste qu’instable, elle lui semblait pourtant être, en cet instant précis, la plus belle des issues qu’elle pouvait espérer.

             Et, portée par une confiance en l’inconnu qu’elle ne comprenait pas elle-même, elle recula soudainement d’un pas. Le sourire de Dan se fana. Il commençait à comprendre.

             Soudain, sous le regard ambré de son assaillant, alors que l’univers semblait le désigner comme vainqueur de ce duel, la soldate lui tourna le dos, déterminée. Et, se mettant à courir en direction du bord, laissa le souffle d’une autre vie gonfler sa poitrine.

             Lorsque le brun la vit soudain s’arrêter dans sa course et lever les bras autour de son corps, il ne songea même pas à hurler. Ses doigts s’écartèrent, lâchant le canif qu’il tenait et qui vint cogner le sol dans un tintement sonore. Il tâcha de comprendre ce qu’il venait de voir.

             Les deux prunelles de la jeune femme s’allumant d’une intense lueur rouge, une unique larme coulant soudain sur sa joue griffée, ses jambes se mettant à marteler le sol jusqu’à atteindre le bord du toit, elle se retournant vers lui et ses bras se soulevant en croix autour d’elle. Tout était allé très vite.

             Mais elle se tenait maintenant là, à deux pas de la mort, ses membres supérieures étendus autour d’elle comme pour mieux l’accueillir.

— NON ! hurla-t-il, comprenant ce qu’elle comptait faire.

             Seulement il était trop tard. Les yeux rouges de la jeune femme vinrent croiser les siens une dernière fois tandis que sa tunique blanche s’élevait autour d’elle, suivant le mouvement de son corps basculant dans le vide. Un clignement de paupières, elle n’était plus là.

             Elle venait de sauter du toit. Sans équipement.

 

navrée pour mon inactivité

pour tout vous dire, je suis en train d'écrire un autre livre que je compte faire publier

si vous aimez bien les enemies (mais vraiment enemies, pas ce que j'ai fait dans la voix des martyrs) to lovers, les mondes fantastiques avec des royaumes, l'astrologie, les bruns ténébreux en mode darkling ou cardan, les héroïnes qui se laissent pas faire, les plot twist

ça pourrait vous plaire

avant de le proposer à une maison d'édition, je le publierai sur Wattpad pour avoir des avis et soigner le plus mon écriture avec vos conseils.

mais rassurez-vous, aucun chapitre ne sortira tant que la voix des martyrs ne sera pas fini. cette fanfiction ne sera pas laissée à l'abandon, je sais exactement ce qu'il va se passer et comment ça va se finir donc il est hors de question que je la laisse tomber.

et je me suis aussi remise à la lecture, ce qui me donne envie d'ouvrir un livre de critiques sur ce que je lis, juste histoire de me défouler

voili voilou

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