𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟒
𖤓
ET DANS LES LARMES DE CEUX QUI
VIVENT, JE LAVE LE SANG DES
▬▬ MARTYRS ▬▬
TW : suicide
La peur est la pire des armes.
Cette phrase avait hanté la jeune femme au cours des dernières années. Une seule fois elle l’avait entendu mais bien plus elle se l’était répétée. Car l’explication dissimulée derrière ces sept mots était si frappante qu’elle ne pouvait s’en défaire. Et elle savait que son frère, qui était celui lui ayant expliqué son origine, était dans la même situation.
Si elle n’avait pas connu ses parents, son frère, si. Durant sept ans, il avait grandi dans une famille aimante et complète, évoluant aux côtés de sa mère et son père. Mais, un soir, ce dernier n’était pas rentré à la maison alors que tous ses collègues de la garnison avaient posé pied à terre dans le village de Risa.
Jamais il n’avait oublié ce qu’il s’était passé cette après-midi-là. La façon qu’avait alors le soleil de se décliner en lueurs orangées tirant sur le rougeâtre, imbibant la façade de leur petite maison de campagne d’une jolie teinte et sublimant le lierre la recouvrant l’apaisait. Le salaire du soldat leur étant parvenu, ils avaient eu de quoi acheter assez de légumes pour préparer un repas dont le fumet embaumait les lieux.
Jouant dans le parterre d’herbes se trouvant devant la maison, il avait nettement vu la silhouette arrondie de sa mère lorsque celle-ci l’avait dépassé. Abandonnant rapidement une main sur son crâne afin de le cajoler, elle s’en était ensuite allée rejoindre l’homme arrêté devant sa boite aux lettres de fortune, des tâches verdâtres s’étendant sur son tablier que son ventre bombait.
Malgré son jeune âge, jamais Edward n’avait oublié la façon qu’avait eu le teint du nouveau venu de se faire blême en le remarquant, lui, puis encore plus pâle en s’arrêtant sur sa future sœur. Dans ses mains, la lettre frappée du sceau de la garnison s’était mise à trembler. Aujourd’hui, il n’allait pas seulement faire d’une épouse une veuve mais aussi de deux enfants des orphelins.
Il n’avait rien eu besoin de déclarer. Elle s’était contentée de saisir la lettre d’une main fébrile, de chasser la larme naissant dans son œil afin de ne pas affoler le blond et de demander au facteur s’il avait besoin d’un pourboire, ce à quoi l’homme avait répondu que c’était aimable mais qu’il trouvait plus judicieux qu’elle garde ses économies. Embarrassée, elle avait acquiescé simplement avant de congédier l’inconnu et demander à son fils de rentrer à la maison avec elle.
Il avait bien compris que quelque chose n’allait pas et avait donc fait le choix de ne rien dire et obtempérer. Mais les mois étaient passés, le ventre de la femme avait grossi tandis que leur maison se détériorait et leurs repas se faisaient plus espacés. Le temps filait et une partie d’elle avec.
Souvent, il l’avait surprise, le dos raide et les yeux écarquillés, des larmes imbibant ses joues, debout dans une pièce de la maison, immobile. Et, malgré l’eau couvrant ses pommettes, dans ce genre de moment, elle semblait bien. Du moins, paisible.
Les villageois avaient pris l’habitude de l’éviter lorsqu’elle marchait dans les rues. Souvent, elle le faisait en parlant gaiement avec quelqu’un que nul ne voyait. Les mains posées sur son ventre grossissant, elle passait ses journées à discuter joyeusement en compagnie d’un être invisible, oubliant souvent son fils.
Mais, parfois, des éclairs de lucidité la frappaient. Immobile face au vide, des larmes coulant sur ses joues et un faible sourire habitant ses lèvres, elle murmurait alors à toute vitesse des paroles presque incompréhensibles. Et, lorsqu’Edward interrompait ce genre de moment, il pouvait profiter d’un des rares instants où sa mère avait conscience de son existence.
Et, le jour de sa mort et de la naissance de sa sœur, un de ces épisodes l’avait reprise. Perçant un quotidien de déni, un court moment de répit s’était emparé de la femme qui, abandonnant un sourire qu’elle tournait en direction d’un être invisible, s’était soudainement tournée vers le miroir fixé au-dessus du buffet en posant les mains sur son ventre, constatant qu’elle était seule.
Face à un Edward médusé, elle avait alors répété la même phrase en boucle :
— Ecoute-moi bien, sorcière, ne donnes pas de nom à cet enfant. Ecoute-moi bien, sorcière, ne donnes pas de nom à cet enfant. Ecoute-moi bien, sorcière, ne donnes pas de nom à cet enfant. Ecoute-moi bien, sorcière, ne donnes pas de nom à cet enfant. Ecoute-moi bien, sorcière, ne donnes pas de nom à cet enfant. Ecoute-moi bien, sorcière, ne donnes pas de nom à cet enfant. Ecoute-moi bien, sorcière, ne donnes pas de nom à cet enfant. Ecoute-moi bien, sorcière, ne donnes pas de nom à cet enfant…
Comprenant qu’elle s’engageait dans une spirale sans fin, il avait fait le choix de la couper. Mais, cette fois-ci, il n’avait pas choisi des mots anodins dans le seul but de la ramener à la réalité. Non.
Il avait posé la question qui, pendant des mois, l’avait démangé.
— Pourquoi papa n’est plus là ?
Aussitôt, les lèvres de la femme s’étaient figées, une larme avait redessiné les contours de son visage malade tandis que, frappée d’un mal la déséquilibrant, elle venait de s’agripper au buffet sous plombant le miroir dans lequel elle se regardait et où ne résidait plus qu’un lourd chandelier.
Et Edward ne réalisa que bien plus tard que ce fut à cet instant précis qu’elle avait décidé de ce qu’elle devait faire. Oui. Juste là. Alors que des pleurs imbibaient son visage qu’elle regardait avec intensité.
— Car la peur est la pire des armes…
Mais l’enfant n’avait accordé aucun crédit à ses propos. Non, son attention avait été détournée de ses paroles par quelque chose de bien particulier. Aux pieds de la femme, imbibant ses doigts de pieds nus et sales, une flaque transparente se trouvait.
Son sang s’était glacé. Du temps où sa mère était encore maitre d’elle-même, elle lui avait expliqué ce que signifiait un tel phénomène et ce qu’il faudrait alors faire. Elle perdait les eaux. Il devait s’en aller chercher Louise.
Seulement, au moment où il s’apprêtait à courir, elle avait pris le temps de le retenir, susurrant son nom une toute dernière fois dans cette maison aussi abimée que son âme. Et, le voyant se retourner dans le miroir auquel elle faisait face, sa mère avait fini par lui adresser ses toutes dernières paroles :
— Ne m’en veut pas. Il fallait qu’elle perçoive cet héritage.
Habitué aux élucubrations de sa génitrice, il n’avait pas réellement prêté attention à ses paroles, se contentant de courir jusqu’à la pharmacie du village et supplier Louise de venir les aider. La femme considérant la mère d’Edward comme une aliénée avait refusé durant de longues minutes, assurant qu’elle ne voulait pas pactiser avec le démon en mettant son enfant au monde.
Seulement, ce qu’aucun des deux ne soupçonnaient alors était que pendant qu’ils se disputaient, que l’enfant hurlait afin de faire fuir les clients et convaincre Louise de lui obéir pour qu’il arrête, que celle-ci le menaçait de l’ensorceler s’il n’arrêtait pas, la jeune mère avait commis l’irréparable.
Oui. Empoignant le chandelier trônant fièrement sur le buffet, elle avait frappé le miroir face à elle avant de saisir les plus gros débris de celui-ci et entailler les veines de son poignet.
Durant des années, l’enfant n’avait eu de cesse de se répéter que si cette femme n’avait pas tant rechigné à venir aider sa mère, celle-ci n’aurait jamais eu le temps de se vider de son sang. Puis, atteignant l’adolescence, il s’était plutôt questionné sur les raisons de son acte. Alors, plus tard, lorsque les derniers mots de sa génitrice lui étaient revenus, il avait compris.
Un héritage. Le sixième sens.
De cette histoire, il n’avait révélé que peu de détails à sa sœur, lui affirmant que cette énigmatique phrase avait été la seule réponse de leur mère lorsque leur géniteur était décédé. Car il avait peur de la façon qu’arait de réagir la jeune femme en apprenant l’étendu de la véritable histoire.
Et celle-ci, assise sur un lit de camp, n’avait de cesse de se répéter ces sept mots, tentant de justifier son acte de tantôt de cette façon. Mais quelque chose dans cette phrase lui semblait inadéquat à cette situation.
Autour d’elle, une salle vide et sombre s’étendait. En tout, dix lits de camps se trouvaient, la tête collée contre le mur, cinq faisant face au cinq autres. Ils se résumaient en une toile rêche mais solide tendue sur des bouts de bois et habillés d’un drap bien trop fin pour surmonter la fraicheur de ce lieu situé aux sous-sols.
Les murs semblaient être la paroi d’une caverne, la forme des pierres se devinant encore dans cette pièce sombre que seules quelques torches illuminaient de leurs lueurs orangées, donnant une atmosphère tamisée mais pas reposante au lieu. Sombre et froid, celui-ci lui rappelait les cellules de Sina. Et la jeune femme était d’ailleurs surprise de ne pas y avoir été envoyée.
Lorsqu’elle avait repris ses esprits et constaté qu’elle se trouvait debout sur le corps amputé d’Eren, elle avait eu bien du mal à comprendre ce qui l’y avait mené. Mais elle n’avait eu le temps de se poser beaucoup de question qu’un violent coup au niveau de son abdomen l’avait poussée à lâcher son sabre et chuter de l’autre côté de la carcasse du titan, sur le sol.
Sonnée, elle s’était redressée lascivement après quelques secondes et, regardant l’endroit qu’elle venait de quitter, avait aperçu la silhouette du caporal. Le contre-jour rendant le détail de sa personne invisible, elle n’avait pas pu prendre connaissance de son expression faciale à ce moment-là.
En revanche, elle avait cru défaillir lorsqu’au lieu de l’entendre la menacer verbalement, ses oreilles avait simplement capter le son de sa voix qui, s’adressant à Edward, avait ordonné à celui-ci de l’envoyer à l’infirmerie.
Le son de la porte grinçant l’interrompit dans ses pensées. Elle se tourna vers l’entrée située quelques mètres sur sa gauche pour la regarder mais, avant cela, tomba nez à nez sur de grands yeux marrons rangés derrière d’imposantes lunettes noires.
— La petite sœur d’Edward, pas vrai ? résonna une voix grave et chaleureuse tandis que des lèvres fines se mouvaient sous son nez aquilin.
La jeune femme déglutit péniblement. Elle vient juste d’ouvrir la porte, comment a-t-elle pu atteindre mon lit si vite ? se demanda-t-elle en constatant que la nouvelle venue s’appuyait sur son matelas, un large sourire aux lèvres.
Sous les cercles de verre couverts d’empreintes de doigts se dessinaient deux yeux globuleux et agités d’une lueur excitée. Ils se mouvaient avec vitesse tandis qu’elle parcourait les traits de son vis-à-vis, semblant imprimer leurs moindres détails dans sa rétine.
Et l’intéressée, tentant d’ignorer l’embarras s’emparant d’elle à mesure que la queue de cheval hirsute de la brune s’agitait quand elle mouvait sa tête, réalisa qu’elle avait déjà vu cet étrange personnage quelque part.
— Hanji, du calme, résonna soudain une voix dans l’obscurité.
Le cœur de la jeune femme s’emballa et ses muscles se tendirent. Pas une seule seconde elle ne releva le fait que la mystérieuse inconnue était la collègue de son frère ni même le fait qu’elle entendait parler de cette femme depuis plus d’une dizaine d’années, le nom d’Hanji Zoe ayant déjà commencé à se répandre du temps où Edward était adolescent et vivait avec sa sœur à Risa.
Non. Elle n’y songea pas, la voix venant de résonner dans cet espace tamisé l’ayant saisie.
Elle le reconnaitrait entre mille, ce timbre puissant vrombissant sous lequel roulaient des volutes denses et sombres, cette musique grave et saisissante, cette mélodie inédite et affolante, ce chant à la fois guttural et léger. La voix du caporal-chef Levi Ackerman. Et elle en fut troublée.
Mais elle tenta de le cacher.
— Vous êtes venue me tuer ? demanda-t-elle sans quitter la scientifique encore accroupie à son lit des yeux, apeurée à l’idée de croiser les singulières hématites du noiraud.
Après l’ordre proféré par ce dernier d’emmener la femme à l’infirmerie, le blond avait obtempéré. Groggy, sa sœur n’avait songé à opposer quelconque forme de résistance et, marchant mollement tandis qu’il la trainait par le bras dans les couloirs du château, avait demandé ce qu’il se passait.
Alors, lui coupant le souffle, l’homme avait simplement expliqué en de brefs mots qu’elle avait tenté d’assassiner leur seul espoir de liberté. Le jeune Eren Jäger.
Elle n’avait aucun souvenir de ce qu’il s’était passé. Mais si le caporal venait maintenant personnellement lui rendre visite, elle savait ce que cela signifiait. Elle retournerait en prison aussi vite qu’elle avait quitté celle-ci.
Ou il la tuerait. Au choix.
— Hanji, va chercher de quoi soigner ses plaies, l’ignora-t-il.
Comprenant la demande implicite de son camarade, la brune attarda ses yeux rendus démesurés par ses verres sur les griffures et plus larges blessures de la femme avant de quitter les lieux en toute hâte, l’antiseptique étant rangé parmi ses affaires au rez-de chaussée.
Le bruit de ses bottes émis un doux rythme qui fut clôturé par le grincement de la porte se fermant quand elle quitta les lieux. Et, aussitôt le silence revint-il que la température monta drastiquement, cuisant les joues de la jeune femme.
Il y avait ce phénomène lorsqu’ils se retrouvaient l’un en présence de l’autre, cette tension qui épaississait l’atmosphère, cette chaleur qui embaumait les lieux. Leurs paumes devenaient moites et leurs cœurs se mettaient à battre avec tant de ferveur dans leur poitrine qu’ils voyaient leur souffle en être perturbés.
Leurs corps semblaient réagir naturellement à la présence de l’autre.
Mais une partie d’eux, celle qui avait appris à leurs dépens que les émotions étaient moins nocives lorsqu’elles demeuraient cachées, s’efforçait de dissimuler leurs réactions à l’autre. D’autant plus qu’ils ne se faisaient pas le moins du monde confiance.
— Je suppose que c’est une excellente raison de m’égorger, ça, dit-elle avec un sourire triste.
Il ne servait à rien de tenter d’ignorer cela ou de ne pas l’évoquer en espérant que le caporal l’oubli. Il lui avait fait une promesse et la tiendrait, elle le savait. D’autant plus que, maintenant qu’elle commençait à se souvenir des hurlements déchirants et saisissants qu’Eren avait poussé lorsqu’elle avait tranché ses bras, elle se demandait s’il n’était pas préférable que les choses se terminent ici.
A l’époque où la voix habitant sa tête n’était qu’une gêne qu’elle avait su muer en force, elle pouvait prétendre posséder un pouvoir qui aiderait le monde. Mais aujourd’hui, tout cela ne faisait plus vraiment sens. Non. Pas après avoir mené tant de soldats à la mort le jour de l’invasion de Shiganshina, pas après avoir appris que sa mère s’était suicidée juste avant qu’elle ne vienne au monde, pas après avoir tenté d’assassiner un de ses camarades sans même le réaliser.
Le noiraud n’était pas du genre à se laisser envahir par ses émotions. Alors elle aurait dû se douter, dès lors qu’il avait fait le serment de la tuer, que les motivations derrière de telles paroles étaient la survie du plus grand nombre et non une simple colère passagère. Maintenant qu’elle se trouvait assise, couverte de blessures qu’avaient laissé les débris soufflés par l’explosion, même pas enchainée après son acte odieux, elle le réalisait.
Mais lui préféra éluder la question.
— Pourquoi avoir fait ça ?
Elle se raidit. Ses yeux s’écarquillèrent.
Là était un point intéressant. Mais elle n’en avait pas la réponse. Oui. Pourquoi ? A quoi rimait son acte ? Qu’est-ce qui avait bien pu la pousser à s’acharner de la sorte sur un garçon qui, dans ses jours les plus durs, elle appelait ami ? De quel droit avait-elle pu se permettre de blesser si profondément ce soldat qui l’avait toujours tenue en admiration ?
Ses mains se mirent à trembler. Adossé sur la porte d’entrée, le noiraud le remarqua mais, conservant ses bras croisés et son expression indéchiffrable, il ne fit aucun commentaire dessus.
— Je n’en ai aucune idée, répondit-elle simplement d’une voix fébrile en relevant la tête.
Et, à ce geste précis, il sentit quelque chose survenir au fond de lui.
Cela n’avait rien à voir avec le feu qui l’assaillait lorsqu’il se trouvait ordinairement confronté à elle ni même à la façon qu’avaient alors leurs auras de s’affronter, comme pour prouver à l’autre qui dominait. Non. Là se trouvait un élément différent. De la compassion.
Sans qu’ils ne s’en rendent compte, à l’instant même où elle avait relevé vers lui des yeux brillants sous les larmes de la culpabilité, la température avait repris un niveau supportable et la tension s’était brutalement désépaissie. Elle qui n’aurait jamais cru pouvoir se détendre face à un tel homme se retrouvait, pour la première fois depuis des années, à exprimer clairement ses émotions.
— Je…, commença-t-elle d’une voix tremblante.
Il vit nettement la façon qu’eurent soudain l’intérieur de ses sourcils de se hausser tandis qu’elle déglutissait avec peine. Et, pour l’avoir vu maintes fois sur le champ de bataille, il savait ce que représentait une telle expression faciale.
Elle était terrifiée.
Mais cette forme de peur était différente des autres. Car ce qu’elle craignait n’était pas un mal que l’on fuyait en s’enfermant dans de hauts murs, il n’avait rien à voir avec des bêtes faciles à haïr de par leur laideur, la vision qu’elle portait dessus ne pouvait être manichéenne. Tout simplement parce que cet ennemi la terrorisant était son reflet dans le miroir.
Elle était son propre titan.
— Je crois que je suis en train de devenir folle.
Il vit la larme qui coula sur sa joue et, soutenant son regard brillant, ignora l’embarras qui le prit à cette vision. Il n’avait jamais été bien à l’aise avec les démonstrations d’émotion car il les trouvait surfaites et souvent inutiles. Seulement, pour la première fois depuis qu’il connaissait cette femme, il n’arrivait pas à douter de sa sincérité.
Et quelque chose en lui le poussait à vouloir apaiser sa douleur.
— Nous sommes tous fous, au bataillon, dit-il simplement.
Elle comprit qu’il tentait de l’apaiser et en fut même un peu surprise. Mais elle ne prit pas la peine de se laisser prendre dans son jeu pour qu’il la rassure. Non. Après ses actes, elle méritait d’être punie par la tristesse, elle sentait qu’il fallait qu’elle faiblisse sous les coups de la culpabilité.
Et tenter de lui faire ignorer cela ne la sauverait pas.
— Vous ne comprenez pas, dit-elle tandis que l’eau salé de son visage piquaient la large plaie située sur sa pommette droite, il serait dangereux de me laisser à proximité des autres soldats avec des armes.
L’expression du caporal ne changea pas le moins du monde, l’homme étant habitué à ne rien laisser paraitre de ce qu’il ressentait. Mais il savait que ce que venait de proposer son interlocutrice n’était pas une bonne idée. Il ne pouvait expliquer pourquoi mais, dès lors qu’elle avait avancé cette proposition, une alarme s’était déclenchée dans sa tête.
Il soupira intérieurement. Sans doute les paroles d’Eren et Edward avaient-elles fini par avoir raison de lui.
— Priver l’armée de tes capacités serait une mauvaise idée.
A la lueur des torches, il vit un sourire narquois étiré le visage amoché de son vis-à-vis. La situation était ironique.
— C’est maintenant que je n’ai plus confiance en mon jugement que vous choisissez de me croire ?
Il ne dit d’abord rien. Il comprenait son étonnement. Mais il s’expliqua en de brefs mots au bout de quelques instants.
— Je n’ai aucune raison de croire aux fées, elfes, voyantes et petits lutins.
Elle leva un œil quelque peu ennuyé en sa direction, agacée de le voir qualifier ainsi ce don qu’elle commençait à croire n’être que de la folie.
— Mais j’ai vu assez de douleur pour reconnaitre la sincérité d’une personne me la montrant.
Sa phrase fut suivie d’un long silence. Mais ce dernier n’avait rien d’embarrassant, non. Comme un flottement dans une atmosphère de nouveau paisible, il soutint simplement ces paroles qui surprirent la femme dans la façon qu’elles eurent de la réconforter.
Ce n’était pas le fait qu’elle étaient crues, non. Il y avait quelque chose dans la voix de cet homme en particulier, un élément-clé dans son regard pourtant froid qui lui apportait un sentiment chaleureux et familier. Comme un retour à la maison.
Et, maintenant qu’il abandonnait les hostilités, à l’exact moment où elle se sentait chuter dans son propre corps, l’idée qu’un homme si puissant se décide à lui tendre la main et ranger le sabre était rassurante.
Comme un filet de sécurité.
— Je te propose un marché que tu vas accepter.
Elle releva la tête. A l’ordinaire, elle n’aimait pas les ordres —ce qui était assez ironique puisqu’elle était soldate. Mais, en cet instant précis, il lui sembla qu’elle était si peu maitre d’elle-même que se plier à des injonctions était bien la seule chose qui pourrait l’aider.
Alors elle ne dit rien en entendant cette formulation.
— Tu protègeras le monde du mal que tu pressens. Et je le protègerai de toi.
Les battements de son cœur s’intensifièrent lorsque, couvée par le regard de Levi, elle acquiesça simplement aux termes du marché. Elle le savait assez doué pour la maitriser si elle dérapait. Alors de tels mots étaient pour elle un soulagement. A un point tel qu’un sourire vint étirer ses lèvres, chamboulant son interlocuteur qui fit semblant de ne pas l’avoir vu.
Oui, exactement. Un filet de sécurité.
⏂
du coup ça s'est pas mal passé ~
ah oui et je voulais préciser une chose par rapport aux blagues de Levi sur les "sorcières et petits lutins"
je ne m'y connais pas mais je sais qu'il y a des croyances païennes où les fées et sorcières existent réellement
je voulais préciser que je ne me moque pas de celles-ci, j'ai juste écris un sarcasme car je pense que c'est comme ça que le personnage réagirais face à quelqu'un expliquant avoir des dons de divination étant donné qu'il est assez pragmatique
mais je respecte tout à fait vos croyances
PS parcequej'aibesoindepartagermafrustration :
on vient de me coller deux partiels dimanche.
Aaaaaah les joies de cette si réputée mais en réalité si chiante ✨Sorbonne✨
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