𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟒𝟏
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𝐂 𝐇 𝐀 𝐏 𝐈 𝐓 𝐑 𝐄 𝟒 𝟏
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LE SOLEIL EST froid, ce matin. Comme si Hélios, dans son infinie bonté, m'avait accordé quelques éclats de compassion. Assise dans leur lueur, j'observe le jardin impérial s'étendant devant moi.
— Étrange journée, n'est-ce pas ?
Mes yeux se posent sur Hector qui, habillé d'un kimono de cérémonie citrine, se pose à côté de moi. Le Prêtre Poisson m'observe entre ses cils peints de nuances dorées.
Je ne réponds pas. Cette question n'appelle rien, en réalité. Il entend la vérité émanant de moi.
Ma gorge, serrée, se contracte un peu plus quand j'observe l'eau s'écoulant d'une fontaine, au loin. Près de celle-ci, il y a quelques jours seulement, l'Ange de la Mort m'a déposée après m'avoir sauvée des griffes de Lycus.
Puis, à demi-mot, elle a déclaré les paroles les plus douces qu'il m'ait été donnée d'entendre. Ma peau s'est réchauffée et mon cœur, apaisé.
Aujourd'hui, je sais qui il était, finalement.
— Les soldats de l'impératrice n'ont trouvé aucune trace du duc Fushiguro ni de Sullyvan. La cérémonie le nommant prêtre devait se tenir aujourd'hui mais il ne s'y est pas présenté. Comme s'il n'était jamais venu au palais...
Ma mâchoire se contracte.
— Il était pourtant là, hier. Je ne l'ai pas vue... Mais je l'ai senti. Je l'ai entendu.
Hector acquiesce. Il peut entendre que je ne mens pas.
Il l'a même vu.
Après les révélations de Sullyvan, hier, l'obscurité s'est faite. Totale. Profonde. Mes yeux se sont fermés avant de s'ouvrir.
Le couloir était vide quand mes paupières se sont écartées. Vierge de la présence du duc ainsi que du prêtre. J'étais allongée sur le sol, inerte. L'un d'entre eux a dû projeter un sort pour me faire perdre conscience.
Je ne sais pas exactement combien de temps j'ai dormi, sur ce sol. Mais ils ont eu le temps de filer.
Me traînant jusqu'à la porte d'Hector, ne sachant où aller, je lui ai demandé de l'aide. Trop paniquée pour parler, je suffoquais. Cependant, il lui a suffi d'écouter son pouvoir pour comprendre ma vérité.
Ses yeux se sont écarquillés. Il s'est empressé de prévenir l'impératrice.
— Sullyvan..., commence Hector. Il a toujours été un drôle d'oiseau. Il a très bien pu mentir sur les intentions du du...
— L'Ange de la Mort, je le corrige.
Mes yeux se plantent dans ceux d'Hector. Vacillant, ils tentent de s'ancrer dans le regard du prêtre sans trop montrer de l'océan les bouleversant.
— Il est l'Ange de la Mort. Il est le... Il a fait ça. Il voulait faire ça. Je l'ai vu sur son visage.
Mes lèvres se pincent.
— Et le fait qu'il ait fui si lâchement sans aucune forme d'explication... Cela ne fait que confirmer les dires de Sullyvan.
Mes poings se serrent. Violemment, ils laissent la frustration contracter leurs phalanges.
— Et je ne sais pas ce que Sullyvan cherchait à faire en venant ici et révélant cela avant de repartir, mais..., je ne termine pas ma phrase, la gorge serrée.
— Sullyvan est un bien étrange homme... Lorsque Lycus l'a introduit comme l'héritier qu'elle choisirait à sa mort, tout le monde s'imaginait qu'il lui était dévoué...
— Mais ? je demande, devinant qu'il y en a un.
— Il n'est dévoué qu'à sa personne. Et quoi qu'il ait tenté de faire en venant ici pour révéler la vérité sur Toji, cela n'augure rien de bon.
Je frissonne.
Mes yeux, détaillant les allées et fleurs, parcourant la tenue des passants, tentent d'empêcher quelques larmes de couler.
— Je ne vais pas rester au palais. Cela serait inutile. Je ne sais pas pourquoi Toji a tenu à me faire voir Elio Evilans mais cela ne m'intéresse plus...
Ma gorge se serre. Il m'a trahie.
Je pourrais m'étendre sur la façon qu'a mon cœur de se serrer dans ma poitrine. Je pourrais évoquer les spasmes de mes doigts et le poids sur mes épaules. Mais cela ne sert à rien.
Car un seul mot suffit.
Trahison.
— Écoute..., me lance Hector. Il y a quelque chose que tu dois savoir sur Elio.
— Quelque chose qui expliquerait pourquoi le du... l'Ange souhaitait que je le vois ?
— En effet.
Hector se tait un bref instant, songeant sans doute à la meilleure manière de formuler ses pensées. Il finit par prendre la parole :
— Elio Evilans... Lui et Toji se sont affrontés pendant des années. L'empereur voulait maintenir la cérémonie de l'Ash, là où le duc souhaitait l'abolir.
— La maintenir ? Enfin... Pourquoi la maintenir ? Que suis-bête... Ces mois aux côtés du duc m'ont fait oublier que la majorité des nobles exècrent les sephtis.
Je suis simplement surprise que l'époux de celle ayant autorisé certains d'entre nous à mener une nouvelle vie, loin de Pagsy, nous haïsse.
Egarca est connue pour sa bienveillance à l'égard de notre communauté.
— Je sais que tu as du mal à le croire. Mais je t'assure de Toji était sincère lorsqu'il disait vouloir le bien des sephtis. Je pense qu'en te montrant Elio, il voulait te le prouver.
— Tu as raison, j'ai du mal à le croire.
Je n'oublie pas la façon qu'il a eu de les insulter, le jour de notre rencontre. Plus tard, il a affirmé vouloir simplement bien se faire voir auprès de moi et non de mon peuple.
— Je te prom...
— Le sujet est clos. Je n'ai aucune envie de parler de cela plus longtemps.
Hector comprend que ma peine est trop grande. Il ne débat pas davantage, se contentant d'acquiescer dans un mouvement lent. Je l'en remercie intérieurement, trop mal en point pour prononcer à haute voix ma gratitude.
Mes mains tremblent. Je crois que je lui faisais énormément confiance. Plus que je ne le croyais. Plus que je n'aurais dû.
Mais le sujet est clos.
— Je vais faire mes bagages. Au revoir, mon cher. Ce fut un plaisir de te rencontrer.
Je me retourne sans attendre sa réaction, m'apprêtant à marcher en direction du palais. Cependant le prêtre m'arrête, faisant résonner sa voix dans mon dos :
— Attends.
Mes pas se figent. Je ne me retourne pas.
— Ecoute..., reprend-t-il en pinçant les mots d'une façon qui me laisse comprendre qu'il est embêté.
Mes yeux roulent dans leurs orbites et je me retiens de lâcher un juron. Privilégiant un simple soupir exaspéré, je laisse mes épaules retomber.
J'aurais dû m'en douter...
— De quoi étais-tu venu me parler, à l'origine ? Pas de cette étrange journée, n'est-ce pas ? je demande en me retournant.
Hector pince les lèvres, évitant mon regard.
— Parles. Je sens ma patience fondre.
Gonflant les joues, il arbore une expression me rappelant combien il est jeune. Il ne donne plus la sensation d'être un prêtre, là.
Simplement un gamin se faisant taper sur les doigts.
— Hector, j'insiste.
— Bon, d'accord. Mais ne tues pas le messager !
La façon qu'il a d'agir comme si je pouvais faire quoi que ce soit contre sa puissance est assez mignonne. Mais je n'ai plus le temps pour la candeur et les enfantillages.
Réalisant qu'il ne parviendra pas à m'arracher un sourire, il soupire, se résignant.
— Bon. Les prêtres et prêtresses ont un devoir envers les Dieux mais aussi l'Impératrice. Ils ne peuvent pas se volatiliser comme Sullyvan dans la nature. Ils ont des devoirs.
— Alors allez le chercher et fichez-moi la p...
— Et bien, voilà le problème... Ce n'est pas à nous d'aller le chercher.
Mes sourcils se froncent. J'espère mal comprendre. Mais la moue embarrassée d'Hector me convainc du contraire.
— C'est une blague, j'espère ? Il est hors de question que j'aille quérir cet empoté !
— C'est un ordre impérial.
— Mais pourquoi ce serait à moi de le faire !? je crache.
Hector hausse les épaules.
— Comme je te l'ai dit, on ne peut pas s'évanouir dans la nature. Si on le fait, une personne que nous avons désignée doit aller nous chercher. Si elle nous trouve, on peut s'en tirer, si elle n'y arrive pas, on est rendu coupable de désertion.
— Quel est le rapport avec moi ?
— Et bien Sullyvan t'a désignée.
Ce fumier commence sérieusement à me les briser.
— Je te demande pardon ? Alors après m'avoir foutu dans le coma, sans même connaitre mon prénom, il est passé par l'administration du royaume pour me désigner ? Et les papiers sont prêts au petit matin ? Depuis quand l'administration fait les choses en une nuit !
Hector fronce les sourcils, visiblement surpris.
— Ah non... Il t'a désignée comme son garant il y a cinq ans. Enfin, il a écrit « la sephtis accompagnant le duc Fushiguro ».
Silence. Je ne réponds pas.
Hébétée, je me contente de fixer Hector.
Quoi ?
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voici le début de la seconde
partie de cette fanfiction !
je sais qu'il ne se passe pas
grand chose mais
j'espère que ça vous aura
plu !
je me rends compte que
publier le weekend est
trop éreintant pour moi
alors, à partir de maintenant
cela se fera de lundi à
vendredi !
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