11.
— Tu es toujours là ?
— Oui. Je suis là.
— C'est quoi ton nom, déjà ?
— Moi, c'est Mikaïl.
— Mika... hm... ?
— Mikaïl.
— Mika... île ?
— Oui.
— C'est drôle comme nom !
— Tu trouves ? Tu arriveras à le retenir ?
— Hm.
— Si tu veux, on peut faire une abréviation.
— C'est quoi une abré... viation ?
— Euh... C'est comme... des noms d'agents secrets. Que toi et moi on sera les seuls à connaître. D'accord ?
— D'accord !
— Alors moi ça sera Mika et toi... Ray.
— Je peux m'appeler une belle princesse avec des ailes de fée ?
— Euh... C'est un peu long, tu ne trouves pas ?
— Hm... Si un peu. J'aime bien l'autre.
— Ray ?
— Oui, j'aime bien m'appeler Ray.
— D'accord, Ray.
〤
— J'ai froid.
— Tu as froid ?
— Oui.
— C'est parce que tu as froid que tu ne peux pas dormir ?
— Hm.
— Bon, alors on va faire un jeu. D'accord ?
— C'est quoi le jeu ?
— Ça s'appelle imagine raconte.
— C'est quoi ?
— Tu dois imaginer l'histoire que je vais te raconter.
— Ah ! Mika ?
— Oui.
— Comment on fait pour imaginer ?
— Ferme très fort les yeux et... fais comme si tu regardais une télé dans ta tête.
— Une télévision dans ma tête ? C'est drôle !
— Tu y arriveras ?
— Hm.
— D'accord, je commence. Tu es dans un beau château...
— Rose !
— Euh... d'accord, il est rose.
— Et violet, et bleu !
— Ray, tu dois imaginer l'histoire. Et c'est moi qui la raconte. Ou peut-être que tu veux que ce soit toi qui racontes une histoire ?
— Non ! C'est toi qui racontes. Et moi, j'imagine.
— D'accord. Il y a un grand feu dans la cheminée. Tu le vois ?
— Hm... non.
— Rappelle-toi que le jeu s'appelle imagine raconte.
— Mais il y a pas... ah si, j'imagine.
— Alors maintenant, tu vois les flammes ?
— Oui. C'est chaud.
— Oui, c'est chaud.
— Ça brûle le feu.
— Oui. Surtout ne t'en approche pas trop.
— D'accord.
— Il y a un beau lit. Il est grand. Tu le vois ?
— Hm.
— Tu peux te coucher dedans.
— Hm.
— Garde bien les yeux fermés.
— Hm.
— Il n'y a pas de bruit. C'est calme. Il fait chaud. Tu es fatiguée. Tu t'allonges dans le lit. Et maintenant, tu peux dormir.
〤
— Ray, pourquoi tu pleures ?
— Parce que je veux être avec Maman.
— Tu veux dire qu'elle te manque ?
— Oui, je veux Maman...
— Ne pleure pas. Ça va aller. Ta maman t'attend.
— C'est vrai ? Tu es sûr ?
— Mais oui. J'en suis sûr.
— Pourquoi elle vient pas ?
— Elle te cherche et ça prend du temps.
— Elle sait pas où je suis ?
— Non mais... Elle va bientôt te trouver. Tu sais, comme quand on joue à cache-cache.
— Hm... Alors, elle va bientôt me trouver ?
— Oui. Elle arrive. Ne t'en fais pas, tu vas bientôt la retrouver.
— C'est vrai ?
— Oui.
— Mika ?
— Oui.
— Si c'était pas vrai, tu me le dirais ?
— Tu veux dire si je te mentais ?
— Tu mens ?
— Non. Je ne mens pas.
— Tu es sûr ?
— Oui, je suis sûr.
— C'est pas beau de mentir.
— Oui, c'est vrai.
— Mika, tu ne me mentiras jamais ? Hein ?
— ... Non. Jamais.
— Parce qu'il faut se faire confiance ?
— Oui. Il faut se faire confiance.
— D'accord.
— Tu me fais confiance quand je te dis que je ne te mens pas ?
— Oui.
〤
— Je peux te poser une question ?
— Oui. Bien sûr.
— Est-ce qu'on va mourir ?
— Non. On ne va pas mourir.
— Tu es sûr ?
— Oui.
— Comment tu sais ?
— Eh bien... parce qu'on est gentils.
— On est gentils ?
— Oui.
— Et les gentils, ils meurent pas ?
— ...
— Mika ? Les gentils, ils meurent pas ?
— ... Non.
— Tu es sûr ?
— Oui.
— Mika ?
— Oui.
— Les monsieurs méchants, ils vont revenir ?
— Malheureusement, oui je crois.
— Ils vont nous faire du mal ?
— Non, ne t'inquiète pas.
— J'ai peur.
— Mais non, n'aie pas peur. Je suis là. Ils ne vont rien te faire. Je te protégerai.
— Tu vas me protéger ?
— Oui.
— D'accord.
— Tu as encore peur ?
— Hm... Mika, est-ce que les gentils peuvent avoir mal ?
— Je suis là. Ils ne pourront pas te faire de mal.
— Parce que tu es là ?
— Oui. Je suis là.
— Et tu vas me protéger ?
— Oui. Je te protégerai.
— C'est vrai ?
— Oui, c'est vrai.
— Il faut se faire confiance.
— Oui, il faut se faire confiance.
— D'accord.
— ... On va sortir d'ici.
— C'est vrai ?
— Oui.
— Promis ?
— ... Promis.
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