16 - Les monstres rêvent d'amour [ FIN ]

JE M'EXCUSE D'AVANCE POUR LA LONGUEUR DE CE CHAPITRE FINAL !
Bonne lecture

« À quoi servirait ton bien, si le mal n'existait pas, et à quoi ressemblerait la terre, si on en effaçait les ombres ? »

~~

Les deux jeunes gens se tenaient face à face, se défiant réciproquement du regard. Uraraka et Bakugou avaient été laissés à leur compte, et l'évidence du combat qui les attendait succombait à la fatalité de leur destinées opposées.

Katsuki arqua ses bras, armés de ses habituelles grenades qui avaient l'air davantage sophistiquées qu'auparavant, en direction de la jeune fille. Ses doigts se démêlèrent pour s'écarter dans un geste qu'il connaissait par cœur, alors que le visage de son ancienne bien-aimée était la visée de son champ d'attaque.

Celle-ci replia légèrement ses genoux, une mine on ne peut plus sérieuse sur ses traits. Elle éleva ses bras, en parfaite position de défense. Ses doigts étaient parés à fabriquer ses armes de terrain que l'explosif lui avait servit sur un plateau d'argent, comme autrefois. Une partie de sa tête la brûlait, suite aux flammes de l'embrasement de la première attaque du garçon. Ochako comprit que son il gauche, endommagé, ne lui serait pas d'une grande utilité.

- Finalement hein, souffla le jeune blond de sa voix rauque. Il avait l'impression d'avoir traversé ces dernières années uniquement pour se retrouver en face d'elle, dans ces circonstances précises. Comme si le temps avait été stoppé, comme si son corps n'avait pas fonctionné de manière usuelle avant qu'il ne se retrouve dans ce cas de situation exact.

Avant même que son adversaire ne puisse répondre, il enclencha l'explosion qui débuta leur duel.

Un flambeau frénétique acheva sa trajectoire jusqu'à l'endroit où se situait la vilaine. En bas du pallier de l'escalier, il constata que la jeune femme avait échappé aux dégradations des flammes, ainsi que le souffle violent qu'elles avaient provoqués. Ochako, qui venait de s'éclipser à une vitesse fulgurante au dessus de sa charge, se jeta par dessus la rambarde des escaliers où le jeune héros prenait place.

Ce dernier, les sens parfaitement en alerte malgré ses nombreux semaines d'arrêts, eut l'impression de voir débarquer son corps menu au ralenti. Il put constater que la jeune femme se jetait sur lui avec l'intention de l'immobiliser, de par les gestes qu'elle exécutait.

Il provoqua un nouveau déchaînement de ses pouvoirs en sa direction, plus court et moins dense cette fois-ci, en direction de son visage. La petite brune n'eut pas de mal à prévoir sa réaction, et se pencha à sa droite pour la dévier agilement.

Elle parvenait à se servir de son Alter aux secondes même où il était nécessaire. Ainsi, elle ne gaspillait guère d'énergie inutilement, et gagnait en agilité avec démesure. Un point qui surprit le jeune homme qui serra les dents avec rage devant cette nouvelle force.

Néanmoins, et Ochako en était parfaitement consciente, lui non plus n'était pas resté endormi ces deux dernières années. Instinctivement, il se pencha lui aussi vers la droite dans sa direction. Avant même que l'information ne parcourt le cerveau de la jeune fille, ils se retrouvaient tous les deux face à face durant une fraction de seconde, avant que Katsuki n'immobilise sa gorge pour lui asséner un virulent coup de pied au ventre.

La jeune fille se retrouva projetée contre le mur du bâtiment, une douleur saisissante s'installant au sein de ses tripes. Le goût du sang se répandit dans sa gorge, tandis que le grand blond se redressait face à elle.

Mais malgré les dégâts conséquents du coup qu'il venait de lui infliger, elle ne mit qu'un moment de plus à se redresser.

Un sentiment de déjà-vu traversa le futur héros professionnel.

Sa bouche ne put réprimer un mince sourire d'excitation, qui fut accueillit par celui qui se dessina sur les lèvres d'Ochako, une fois debout. Cette fois non plus, elle ne faiblirai pas.

Et cette fois, je gagnerai !

La jeune femme enchaîna en prenant cette fois l'initiative de l'attaque : plus vivement que ce que les yeux de Katsuki auraient pu être capables de suivre, elle activa son Alter, prit appui sur le mur et se jeta, avec l'intention d'attraper ses chevilles, sur le grand blond.

Celui-ci eut beau comprendre dans l'instant ce qu'elle avait l'intention de faire, la rapidité avec laquelle elle se déplaça et exécuta son geste le prit de court. La vilaine harponna sa prise avec facilité. Le garçon sentit son poids lui être complètement retiré, et il enregistra qu'il n'aurait point le temps de lui lancer un autre coup en retour. La petite brune souleva de tout son poids le jeune homme pour le faire basculer en arrière, par dessus la rambarde de l'escalier, dans une position précise, de sorte à ce qu'il ne puisse guère répliquer avec une quelconque explosion. Ayant perdu le contrôle de son corps, il put néanmoins le retrouver lorsqu'elle désactiva son pouvoir pour le faire chuter à l'étage du dessous.

Son poignet en direction du sol, il s'empressa de déclencher un nouveau torrent d'embrasement pour se réceptionner et ainsi ne pas recevoir de dégâts. Malheureusement, c'était sans compter le but initial de l'ancienne élève de Yuei, qui se rua à son tour sur le pallier suivant quand le jeune homme arqua ses pieds sur celui-ci. Il n'eut pas le temps de se retourner pour la contrer : elle se jeta à son dos, lui retira à nouveau sa gravité, et le plaqua contre le sol sans crier gare.

- Cette fois, il n'y a pas de ring, lui lança-t-elle entre deux profondes inspirations. Leur souffle était tous les deux mouvementés par l'action. Ce terrain est le mien !

- Ferme-là ! lui hurla-t-il alors qu'il sentait toujours le poids du corps de la jeune fille complètement amassé sur son dos.

Elle lui avait retiré sa gravité, et tenait ses deux bras en position contre le carrelage gelé, de manière à ce qu'aucune de ses futures explosions ne puissent la toucher. Il savait que ce n'était qu'une question de seconde avant qu'elle ne lui bloque la circulation du sang dans le cou et ne lui fasse ainsi perdre conscience. Mais pour cela, elle devait dégager l'une de ses mains.

- Tu ne peux rien faire de plus, affirma-t-il hargneusement, et tu le sais.

Ochako serra la mâchoire. Plusieurs options s'offraient à elle pour immobiliser une bonne fois pour toutes le garçon, mais pour cela, elle devait bel et bien retirer une de ses mains. Même le temps qu'elle mettrait à placer son pieds à la place de l'un de ses bras pouvait facilement lui être fatal. Le grand blond n'était pas aussi rapide qu'elle, mais il n'en conservait pas moins une attention et une réactivité qui surpassait le commun des héros.

- C'est justement parce qu'il n'y a pas de ring, ni d'arbitre, que tu vas perdre, pauvre conne ! il rageait en tentant toujours de se mouvoir sous le poids de son corps. C'est cool, hein, quand y'a des règles ? jasa-t-il cyniquement.

- Tais-toi, ça n'a rien à voir, rétorqua la petite vilaine, agacée.

L'esprit de Bakugo fusionnait de solutions s'entremêlant les unes avec les autres. Tandis que chacun cherchait à trouver le meilleur moyen de prendre l'avantage dans cette bataille mentale qu'ils devaient gagner à tout prix, un hurlement strident parvint aux oreilles des jeunes gens.

~~

Une douzaine.. comme ils l'avaient prévu.

Les sens du jeune Kaminari étaient en ébullition. Pourtant, malgré la tension qui se propageait de la situation, il se sentait étrangement calme. La sérénité qui le parcourait lui donnait l'impression de posséder un contrôle total sur l'intégralité de ses membres.

Accoudé contre le mur de l'escalier du hall de cet immeuble, il avait veillé à ne pas se faire repérer. Fort heureusement, les vilains de la Ligue semblaient si perturbés par le bruit qu'avaient provoqué les explosions de Bakugou, qu'ils en perdaient leur moyens. A de nombreuses reprises, le garçon en avait croisé dans sa descente, mais ceux-là n'avaient pas été le moins du monde attentifs à une quelconque présence étrangère.

Désormais, il se situait près de l'entrée, où Hitoshi Shinsou ne saurait tarder pour le rejoindre. Le signal avait été lancé, et le violacé devait seulement accomplir quelques tâches en extérieur avant de le retrouver ici. Evidemment, plus les secondes avançaient, plus le désordre s'installait.

Denki jeta un œil discret à la salle qui servait de hall pour les vilains de cet étage. Il vérifia une fois de plus leur nombre, et observa leur comportement : malgré leur sang bouillant qu'ils exprimaient à travers leurs cris d'animaux et leurs armes en main, ils témoignaient tous d'un certain agacement.

C'était compréhensible, selon les préventions que lui avaient assigné Mount Lady et le Dieu Sylvestre. Les deux héros professionnels lui avaient fait part de ce qui se préparait depuis des mois déjà, et avec cela la raison qui expliquait l'absence inquiétante de son camarade impulsif.

L'adolescent s'en était retrouvé comme submergé. Inondé de peine, de rancœur et de honte. Lui qui s'attelait à reconstruire son sourire depuis tout ce temps, et qui s'était promis de ne plus jamais laisser une autre personne chère à ses yeux être blessée, il s'était senti misérable. Une fois de plus.

Son cœur attarda un léger poids sur sa poitrine durant un instant, qu'il tâcha de chasser ensuite par une profonde inspiration.

Il était déjà surprenant qu'on fasse appel à lui pour cette mission, et il le savait. Si Yaoyorozu et Hitoshi avaient tenu à s'assurer de son état mental quant à cette idée, l'électrique avait eu vite fait de chasser leurs inquiétudes.

Denki Kaminari devait être ici.

Ses poings se serrèrent en repensant au visage terrorisé de Ochako, jusqu'à ce que les appareils qu'il ornait sur ses doigts lui abîment avec fugacité la peau.

Après tout, c'était en affrontant ses démons qu'on pouvait leur faire face. Le garçon n'était que trop apte à comprendre qu'il devait lui-même régler une part de cette sombre histoire, s'il souhaitait tourner la page. Mais ce n'était pas en effectuant un autre acte horrible, motivé par l'unique sentiment qu'était la vengeance, que ceux-ci s'effaceraient. C'est pourquoi il avait laissé toute idée de régler les choses par ses propres moyens.

Même si j'aurai aimé savoir pourquoi..

Evidemment que la douleur s'était atténuée. Evidemment que penser à son ancienne camarade n'était plus aussi déchirant que cela avait pu l'être, dans le passé. Evidemment, qu'il n'avait jamais cessé de se relever.

Kyouka Jirou n'aurait jamais toléré qu'il s'effondre dans l'abandon. La fille qu'il aimait n'aurait jamais accepté qu'il perde son sourire à cause d'elle. La petite violette avait beau avoir involontairement creusé le plus étroit des trous dans ses entrailles, elle n'aurait jamais accepté qu'il laisse celui-ci s'agrandir et le dévorer. Il le savait.

Et c'était pour cela qu'il devait être ici. Pour cela que le grand blond n'avait pas tenté de tuer Uraraka. Jamais l'ancienne détentrice de son amour ne l'aurait pardonné, quand bien même la vilaine aurait pu commettre mille fois le crime qu'elle avait exécuté.

Sans jamais avoir pu jamais échanger quoi que ce soit avec elle à ce sujet, Denki en était certain. Et ce dernier avait décidé de respecter à jamais la volonté de son ancienne bien-aimée.

Alors qu'il laissait légèrement aller sa vision s'égarer dans le vide pour que ses pensées se noient dans ses souvenirs, le héros se reprit. Il se redressa soudainement, en posture droite. Il avait besoin de toute la détermination nécessaire pour être en pleine possession de ses capacités lorsque Shinsou débarquerait.

J'espère que tout se passe bien pour lui..

Car, en effet, sauf si son esprit peu futé lui jouait un tour, l'adolescent avait le sentiment que l'horaire où celui-ci devait arriver au sein de l'entrée était dépassée. Ce ne serait pas hors du commun que de petits imprévus se produisent, évidemment, surtout avec le risque que prenait cette opération. Mais le jeune homme ne pouvait s'empêcher d'angoisser pour son ami. Néanmoins, il se devait de préserver sa position. C'était pour le bien de tous, et surtout pour enfin mettre un terme à tout ce que cette organisation malfaisante accomplissait, dans une démarche contraire à la morale.

Je vais attendre que ces gros balourds se dis-

Alors que rien autour de lui ne prévoyait l'arrivée de qui que ce soit, une main aux abords crochus se déposa avec précision sur son épaule. Cela fit frémir le garçon d'une malencontreuse terreur.

Derrière lui, une présence s'était invitée sans crier gare, sans qu'aucun son ou même geste ne s'immisce au sein de son ouïe. Les doigts qui reposaient sur lui étaient harponnés à leur prise, leurs ongles déchirant presque le tissus de son costume.

Heureusement, les années étaient passées pour la partie craintive que possédait le grand blond. Bien que prit aux griffes de cette poigne et de l'émotion soudaine qui venait de l'envahir, cela ne l'empêcha guère de réagir. De la plus vive des manières, surpassant les frissons désagréables qui parcouraient sa nuque, il fit volte face et plaqua sa main sur celle qui recouvrait son muscle.

Une décharge se propagea alors dans le bras de sa propriétaire. Celle-ci poussa un hurlement strident avant de se dégager vivement du contact du jeune homme.

- C'est pas très gentil ça, se plaignit une fois mièvre, agacée à cause de la douleur qu'il venait de lui affliger.

Denki ne mit pas plus d'une fraction de seconde à ériger un nom sur le visage de son attaquante : Toga Himiko se tenait là, devant lui, une lame dangereusement aiguisée dans la poigne qui ne l'avait pas enlacé.

La révélation de sa découverte asséna un sentiment grandissant de panique auprès du futur héros. Il était naturel de tomber sur des membres importants de la Ligue, mais celui-ci n'avait pas été requit pour affronter l'un d'eux. C'était un rôle normalement réservé aux héros professionnels, qui attendaient patiemment le bon moment pour faire leur apparition.

Je suis vraiment débile !

Il avait juste pour ordre de ne pas se faire repérer, et voilà ce devant quoi il se retrouvait : l'un des leaders du groupe de vilains le plus dangereux du pays. Cette fille, en uniforme d'écolière, était d'autant plus connue pour les gouttes de sang qu'elle se plaisait à faire couler. Un nouveau frisson d'horreur parcouru l'échine de Kaminari, aux prises d'une situation dont il ignorait les bonnes réactions.

- Qu'est-ce que vous pouvez être méchants, à Yuei, marmonna-t-elle en secouant son bras pour lui redonner toute sa réactivité.

La vilaine redressa son visage une fois que son muscle eut retrouvé sa souplesse habituelle. Un inquiétant sourire se profanait sur ses lèvres.

- Izuku.. Izuku va venir, n'est-ce pas ? sa question lui colora les joues d'un rouge heureux.

Ses mains s'élevèrent jusqu'à sa tête, où elle serra ses poings comme une enfant qui réclamait une friandise. Denki recula d'un pas, ce qui le fit se retrouver contre le mur qui les séparait encore de la vision du groupe un peu plus loin. Bizarrement, ces membres n'avaient pas rappliqué au son du cri qu'avait émit la petite blonde. C'était peut-être dû à leurs propres hurlements de bourrins, qu'ils ne pesaient pas dans leur tonalité. Mais cela semblait étrange au jeune garçon.

Au moins, il n'aurait pas à se retrouver dans un combat inégal, à presque une quinzaine contre un.

Alors qu'il tentait de se rassurer avec quelques pensées positives, une fulgurante lame se planta devant son nez dans une vitesse qui lui sembla supérieure à l'électricité.

- Dis moi s'il vient, et je te laisse partir, le menaça-t-elle, toujours le sourire aux lèvres. Oh, et donne moi un peu de ton sang, aussi.

L'esprit occupé par le couteau qui n'était qu'à quelques centimètres de sa peau, Kaminari se tordit de douleur lorsqu'un appareil vint s'implanter sans aucune délicatesse dans son avant-bras. Il se retint de pousser une plainte orale, craignant encore une possible intervention des camarades de l'écolière.

Elle est en train de me prendre mon sang !

Le vol de son liquide pourpre ne devait pas devenir suffisant pour être utilisé. En guise de réaction, il lui asséna un virulent coup de pied dans le ventre, avant de saisir son épaule pour lui infliger une décharge bien plus importante que celle un peu plus tôt.

Deux lames chutèrent involontairement, la jeune fille n'étant plus capable de les maintenir sous l'emprise de son pouvoir.

Les muscles du grand blond tremblaient. La désintégration totale du sourire de cette Himiko ne lui apparaissait nullement comme agréable, quand bien même il savait cette adolescente redoutable. Celle-ci ne pu se retenir, elle, de lâcher à nouveau un autre gémissement affolant. Denki n'était guère habitué à l'utilisation de son pouvoir contre une fille qui avait, manifestement, son âge. Ses dents grincèrent.

Il savait qu'il était forcé d'utiliser sa charge maximale si le garçon souhaitait la réduire à néant.  Cependant, l'idée qu'une personne ne puisse jamais ouvrir les yeux par sa faute le paralysait. Toga gigotait encore dans tous les sens, et une brèche de compassion se glissa avec furtivité dans sa poitrine.

L'électrique savait le montant de la charge nécessaire pour mettre fin à ses jours, mais il décida finalement de stopper son acte au stade de l'évanouissement.

Dès qu'il constata que la vilaine venait de perdre conscience, il relâcha son corps de son emprise. Les étincelles stoppèrent leur déchaînement, et ses muscles cessèrent leur gigotement. Elle tomba à terre dans un bruit sourd, sous ses yeux peinés.

Pourquoi est-ce que des filles comme elle et Uraraka se retrouvent ici ?

Des gouttes de sang glissait sur son avant-bras. L'appareil avec lequel elle avait voulu lui soutirer quelques gouttes de son liquide vital lui avait infligé une blessure, dû à la réaction de Toga lorsque celle-ci avait reçu son coup. Mais ce n'était pas bien grave.

Denki observa ses mains, entourées de gants noirs et de ses outils pour contrôler son Alter. Il prit une grande inspiration, soudainement envahi d'un certain trouble. Etre en ces lieux le dérangeait probablement plus qu'il n'aurait jamais pu se l'avouer, et ce semblant de combat n'avait fait que renforcer ce sentiment désagréable.

L'adolescent n'était pas capable de renvoyer une part du mal que la Ligue infligeait au quotidien à seulement l'un de ses membres.

Comment est-ce que le cœur de Ochako avait pu se transformer au point de se mêler aux horreurs de ce lieu?

- Kaminari ! une voix emplie de considération lui parût brusquement.

Le nommé orienta son corps jusqu'à celle-ci, et découvrit avec stupeur ce qui se passait dans le hall.

Shinsou Hitoshi et Izuku Midoriya venait de réduire à néant l'intégralité des adversaires qui résidaient au rez-de-chaussée, encore peu de temps auparavant.

- Woow, les gars, clama de stupeur le grand blond devant le travail de ses deux amis, et devant la masse des corps probablement évanouis des vilains.

- Tu ne nous as pas entendu ? tu étais censé nous aider, lui fit remarquer le violacé, qui démêlait ses bandes blanches qui lui servaient d'armes.

Le futur héros, dérouté, se gratta la nuque avec un air d'incompréhension.

- Non, avoua-t-il alors que ses camarades le toisaient avec perplexité. Euh, tenta-t-il de reprendre, mais euh..

- Tu es sûr que ça va, Kaminari ? Izuku s'approcha de lui, les prunelles toujours plus soucieuses devant son comportement étrange.

- Oui, il hésita un instant avant de répondre, mais cette réponse dépassa finalement ses lèvres.

Shinsou remarqua que l'électrique n'était pas dans son état normal. Sa bonne humeur et son entrain habituels n'étaient certes pas de sortie quant aux circonstances, mais cela demeurait tout de même inquiétant. Le violacé secoua la tête, constatant l'effet de cet endroit sur Denki, probablement prit aux ébats de souvenirs accablants. Il s'approcha de son meilleur ami doucement, et lui asséna finalement une tape solidaire sur son épaule.

- Aïe !

- Tu vas te réveiller et nous dire si tout va bien, maintenant, lui ordonna-t-il avec fermeté, sur un fond d'empathie.  Il ancra ses yeux dans les siens pour le ramener sur terre de la plus rapide des manières.

Denki comprit l'intention d'Hitoshi dans sa démarche, et se traita intérieurement d'imbécile.

Il se laissait envahir beaucoup trop facilement par ses émotions.

Celui-ci soupira, et adressa sa réponse au manipulateur mental.

- Je crois que mon bras ne va pas bien, conclût-il dans un sourire idiot, tandis que ses deux collègues le fixaient sans comprendre. J'ai affronté Toga Himiko, et j'ai cru qu'elle me prenait du sang, expliqua-t-il pendant que sa vue perdait de son efficacité. Mais ça avait plus l'air d'un deuxième couteau que son attirail habituel, les gars..

Sans réfléchir une seconde de plus, Shinsou se précipita sur la blessure du jeune homme. Il la découvrit par l'ouverture que celle-ci avait laissé sur son costume : son avant bras était dans un piteux état. Il s'empressa de se munir de ses bandes pour stopper l'hémorragie.

- Où est Himiko ? questionna Izuku avec vivacité.

- Vers l'escalier. En tout cas j'espère qu'elle y est toujours..

Le détenteur du One for All ne mit pas plus de temps à réagir : en quelques gestes, il s'était précipité auprès du corps où gisait l'un des membres principaux de la ligue. Deku vérifia si c'était bel et bien son véritable corps, et surtout qu'il s'agissait de sa véritable apparence. Il ne semblait y avoir aucune marque de transformation qu'il avait su observer lors de ses précédents combats contre elle. C'était bien l'authentique vilaine.

- Ah, et j'ai vu Uraraka, aussi.. les informa Denki sans émotion particulière, pendant qu'Hitoshi appliquait les soins qu'il lui était possible d'exécuter sur le moment présent.

Les deux adolescents sentirent leurs muscles se tendre à l'évocation de ce nom.

- Oh, mais les héros sont dehors ! il constata, en observant à travers l'entrée le héros flamboyant qu'était Endeavor, suivit de plusieurs noms reconnus du métier.

La blessure est profonde, constata Shinsou avec un léger goût de panique dans la gorge. Il hocha la tête pour offrir une réponse à son ami. La douleur devait lui faire perdre une partie de ses moyens.

- Où est Ochako, Kaminari ?

La voix d'Izuku, claire et distincte, était pourtant pleine de fébrilité. Son buste lui hurlait un chant qu'il ne voulait pas entendre, mais dont il ne pouvait malheureusement pas résister à l'appel.

- Hmm, commença le jeune blond.

- Kaminari ! Ne- le contrôleur mental pensait la réponse possiblement néfaste pour quiconque.

- En train de se battre contre Katsuki, aux dernières nouvelles.. acheva-t-il en coupant son ami. Toujours envahi de cet étrange brouillard mental, il ne se doutait pas de l'impact que pouvait avoir le moindre de ses mots.

Les pupilles du détenteur du One For All s'écarquillèrent dans une émotion assourdissante, avec pour seule détermination soudaine celle à laquelle il ne fallait pas qu'il cède.

~~

Un hurlement féminin, que l'un et l'autre n'eurent de mal à reconnaître. Leur tête se mouvèrent dans un même geste vers l'étage inférieur, d'où il provenait.

Toga ?

Les festivités sanguines furent annoncées lorsque plusieurs prirent la suite de celui-ci : des cris de rages, de douleur, et de combat. Il était aisé de les reconnaître et d'en deviner leur voie. Les héros venaient d'entrer explicitement en scène, probablement grâce à l'arrivée de Kaminari à leur étage.

Katsuki fut rassuré qu'aucune once du grain de voix de l'électrique ne soit mélangé à la masse de ceux qui lui apparaissaient. De toute évidence, celui-là n'était pas prêt de se faire éliminer de la partie.

- Vous.. reprit la petite brune, qui resserra sa poigne contre les membres de son partenaire de combat. Vous aviez prévu tout ça ?

Son ton était empli de frustration, ce qui ne fit que réjouir davantage l'explosif, qui lâcha un mince rire cynique.

- À ton avis, tête ronde ?

Cette réponse seule propagea une montée de sentiments négatifs au sein de la poitrine d'Ochako.

Colère. Consternation. Effarement.

Elle se revit, il y avait quelques mois de cela, du haut de sa fenêtre, moqueuse. Lors de ce premier affrontement où le grand blond avait été séquestré par la suite, et où les héros s'étaient sauvagement fait réduire à l'état de poussière. La vilaine était persuadée que le clan adverse n'aurait pas de sitôt l'envie et l'intention de reprendre l'initiative d'une attaque de ce genre. Et le reste de la Ligue avait partagé son avis.

Ils s'étaient bien tous fourvoyés.

Revoir Momo et Denki avait provoqué ce torrent d'émotions contradictoires, qui lui avait insufflé l'envie de vomir ses regrets. Mais sa décision fatidique était bien trop ancrée dans ce combat. C'était bien le premier où elle réalisait pleinement les conséquences de ses choix.

Depuis son arrivée dans la Ligue, elle avait tant changé.

Ochako avait apprit, grâce aux autres membres, ce qu'était que la misère. Ce qu'était que se battre lorsqu'on était dénué de tout droit et de toute considération. Elle avait observé des gens se faire rejeter à cause de leur apparence, à cause de leur pouvoir dont ils n'étaient pas responsables.

La jeune femme avait assisté à ce flot d'incompréhension, de haine, d'hypocrisie déguisée en bienséance, sans qu'on ne dépose aucun filtre devant ses pupilles écœurées. Elle avait été complice d'atrocité, elle avait vu l'innocence se transformer en soif de meurtre et de vengeance, et elle avait finit par participer aux mécanismes de ce monde de l'ombre.

Ochako avait changé. Ochako avait apprit. Ochako avait pleuré. Ochako avait hurlé. Dabi l'avait serré dans ses bras pour la consoler, quand son décor s'était entaché d'une vision ensanglantée. Ochako avait voulu en finir. Ochako avait désiré ne jamais avoir existé.

Ochako regrettait tant celui qu'elle avait aimé.

Mais Ochako avait finit par accepter.

La jeune adulte avait finit par participer. Elle avait finit par venger. Elle avait finit, au milieu des autres, par se mêler aux sang qui coulait.

La vilaine avait tué. Et elle s'était révélée.

Qui, au juste, dans ce monde, pouvait vraiment décider ? Du bien, du mal, quand on a toujours vécu du bon côté?

Katsuki Bakugou réfléchissait toujours en silence, alors qu'une idée germait plus intensément dans ses pensées. Une idée dangereuse qui lui coûterait probablement plus qu'il ne pouvait en concevoir les conséquences pour le moment. Mais elle était sa seule échappatoire. S'il provoquait deux explosions suffisamment intense, la jeune femme serait forcée de se retirer, si elle ne voulait pas terminer brûlée.

En revanche, il n'était pas certain du propre état dans lequel lui-même allait demeurer ensuite. L'explosif ignorait si ses muscles suivraient assez rapidement sa volonté pour lui aussi se dégager en temps voulu. Il risquait, dans le cas contraire, bien pire qu'une grave blessure.

Ses dents grincèrent sous cette option. Cependant, il n'en possédait pas d'autres.

Les muscles du garçon se tendirent soudainement, prêts à déverser la totalité de ses capacités dans cette attaque qu'il désirait radicale. Qu'importait si son ancienne amante s'en rendre compte ou non : elle ne pouvait, de toute évidence, rien exécuter de plus sur le moment présent, sinon se décaler de son dos plus rapidement.

Mais une légère humidité bascula sur sa joue, ce qui en retarda l'exécution.

Qu'est-ce que.. ?

Une minuscule, à peine perceptible, perle, venait de s'affaler sur sa peau.

Celle-ci venait d'en haut. Dérobée des pupilles d'Ochako.

Le jeune homme ne pouvait pas distinctement vérifier, étant donné la position dans laquelle il se trouvait, mais le bruit d'une gorge brisée acheva de confirmer sa pensée.

Une autre larme vint se joindre au même endroit, sur son visage. Plus imposante, plus lourde. La prise que la petite brune maintenait sur ses poignets se relâchait peu à peu.

Il prit conscience de ce qui était en train de se dérouler au dessus de lui.

Ochako abandonnait.

Le buste de Katsuki se compressa dans une divergence déchirante.

Ces pleurs n'étaient pas les bienvenus. Ils étaient même dégoûtants, et beaucoup trop osés dans une situation comme celle-ci.

Cette criminelle avait fait du mal à tous ses proches, elle avait délaissé ses parents sans que ceux-ci n'aient jamais rien comprit aux actes de la prunelle de leurs yeux. Cette fille avait assassiné l'une de leur camarade. Elle avait continué à commettre des atrocités partout dans le pays, et avait accompagné la plus dangereuse et meurtrière bande de vilains que le Japon eut jamais affronté.

Si cette personne était envahie par la culpabilité, grand bien lui était fait. Mais ça ne changeait pas ses actes. Ça ne changeait pas les faits. Ceux qui ne pouvaient être rattrapés, ni rembobinés par des excuses. Ochako avait laissé une marque, une marque indélébile, souillée par le sang et des idéaux contraires à la loi.

Elle n'avait pas le droit de se lamenter. Elle devait assumer. Jouer son rôle. Etre une méchante. Jusqu'au bout. Pour que tout deux puissent enfin tirer un trait sur ce qui leur accrochait le cœur et le corps.

Lorsque la jeune femme le lâcha complètement dans un faible mouvement, Katsuki ne patienta pas une seconde de plus. Il fit volte-face instinctivement, et même une fois en face du visage dépité et mortifiée de celle qui avait été sa bien-aimée, il n'eut aucune pitié.

L'explosif lui adressa un violent et effroyable coup de poing qu'il ne pesa pas le moins du monde, et espéra lui transmettre l'entièreté de la haine qui le parcourait dans celui-ci. Ochako le reçu de pleine figure, et ne se défendit guère. Elle fut projetée contre le mur avec virulence, tandis que ce coup propageait déjà ses effets irascibles sur sa joue.

Toujours au sol tous les deux, le grand blond se jeta une fois de plus sur elle pour lui asséner un autre coup, dans le ventre cette fois-ci.

- Tu crois vraiment que je vais te laisser assumer tout ça tranquillement ?! beugla-t-il avec frénésie, alors que le sang coulait à nouveau de la bouche déchirée de la vilaine. Tu penses que tout ce que tu as à faire, c'est rester là comme une épave, et te laisser te faire tuer sans que tu n'affrontes tout ce bordel directement ?! il approchait son visage du sien pour que ces mots lui parviennent dans toute leur intensité.

Les oreilles de la petite brune sifflaient. Lorsqu'elle croisa le regard impétueux de son adversaire, et que ses termes traversèrent les parcelles de sa tête, sa mâchoire se contracta sous l'effet que ceux-ci lui insufflaient. Avant qu'elle ne puisse encore avoir la volonté de réagir, Bakugou poursuivit l'enchaînement de ses attaques.

Un autre coup sur son visage rond provoqua un saignement par ses narines désormais endommagées. Le hurlement de douleur que poussa Uraraka résonna aux oreilles de l'initiateur comme une justice enfin instaurée.

- Je ne te laisserai pas partir ou te laisser enfermer sans que tu n'ai totalement payé tes actes, tu m'entends ?! il rugit de tous ses poumons, crachant presque. Tu comprends?! Il se jeta sur elle avec l'intention de la plaquer au sol pour intensifier les chocs qu'il lui soumettait.

Alors que la jeune fille se retrouvait à terre, quelque chose en elle se révolta contre la faiblesse qu'elle était en train d'afficher. Qu'il s'agisse des mots que le garçon lui clamait, ou bien de sa propre fierté qui n'était point capable de se laisser endormir au creux d'elle-même, elle tira de l'un ou de l'autre une force qui lui permit de reprendre le contrôle.

Elle infligea un vif coup de pieds à Katsuki pour qu'il cesses ses attaques, et se redressa au dessus de ce dernier, pour poursuivre ce combat sans pouvoir qu'ils s'attardaient à continuer.

Ochako saisit la chevelure blonde du héros pour la tirer de toutes ses forces, et le frappa elle aussi au visage avec toute la rage et la défense qu'elle pouvait y insérer.

- J'assumes ce que j'ai fais ! cria-t-elle à son tour, la voix cassée et son propre sang dégoulinant sur ses lèvres. Je crois en mes actes, je crois que ce monde n'est qu'une vaste connerie qui mérite de disparaître ! le ton de sa voix était si élevé qu'elle crû se déchirer les cordes vocales, mais elle s'en moquait éperdument.

Les pupilles de Bakugou, brillantes, la fusillèrent avec toute leur férocité habituelle.

- Ce serait simple, hein, si tout venait à s'arrêter?! aboya-t-il sauvagement.

- Ce serait plus simple si vous pouviez tous crever ! affirma-t-elle alors que la rage dévorait ses paroles.

- Tu crois en quoi, en fait ?! les coups étaient toujours acharnés l'un contre l'autre, la jeune fille maîtrisait le corps de l'explosif par la position de ses jambes. Tout ça, ça s'arrêtera pas, ça ne s'arrêtera jamais !

- Ferme-là ! elle asséna deux violents coups de poings, cette fois sur chaque côté du sol, aux extrémités de la tête de Bakugou. Cela ne fit qu'intensifier ses saignements sur une autre partie de son corps.

- Tu auras beau te plaindre, tu auras beau essayer de tout changer, tu auras beau aller de l'autre côté, les choses resteront toujours comme elles sont ! sa voix commençait à s'érafler, mais elle ne perdait pas en puissance.

- Et alors ? Je suis censée accepter tout ça ?! répliqua-t-elle avec fugueur. Tout ce que je peux faire, c'est aller là où ce que je fais ne m'apparaît pas comme complètement insensé, c'est tout !

Tout ce qu'on peut faire, c'est vivre ! C'est vivre de la putain de meilleure manière, c'est vivre en profitant de ce qu'on peut faire comme bien aux gens! lui lança-t-il. Ses coups avaient cessés, et leurs hurlements réciproques résonnaient dans l'entièreté de l'étage. Et ça, je suis sûr que tu l'as toujours su, mais que tu t'es laissé convaincre comme une débile du contraire !

Les attaques d'Ochako diminuèrent leur charge et leur vitesse, alors que le jeune homme ne lâchait absolument pas le ton déterminé de ses paroles.

- Oui bordel, y'a des connards ! Tu veux savoir un truc? J'en ai été un aussi ! assuma-t-il avec cacophonie en ancrant ses iris plus profondément dans les siens. J'ai été un putain de monstre, j'ai fais du mal à plein de gens.

Le thorax d'Ochako s'arracha d'affliction en écoutant les aveux du garçon. Son corps entier avait beau être salement abîmé par le combat qu'ils menaient, seule la douleur qui pesait sur sa poitrine semblait lui parvenir.

- Et tu sais ce qui m'a fait prendre conscience de mes erreurs ? C'est votre classe de merde, d'utopistes à la con. C'est toi, putain! lâcha-t-il enfin dans un souffle désespéré, la peine insérée dans ses mots.

La vilaine cessa totalement ses coups. Sa poitrine venait de vriller dans des éclats lancinants. Elle toisa la figure endommagée de celui qu'elle combattait depuis une durée indéterminée.

L'ancienne héroïne baissa ses bras, dépitée. Toujours sur le garçon, elle n'émit plus un son. Plus une parole ne traversa sa bouche.

Lorsque celui-ci, conscient de ce qu'elle faisait, redressa son torse pour lui faire face, Katsuki approcha encore son visage du sien.

Cette fois, il avait cessé ses hurlements. Cette fois, la colère qui bouleversait ses journées depuis deux ans ne guidait plus ses actions. Cette fois, il amena ses deux mains au visage totalement défiguré de la fille qu'il aimait, mais qui s'était tant trompée.

- C'est grâce à toi que j'ai pu devenir ce que je suis, lui murmura-t-il avec accablement, ses doigts sur ses joues rondes. Il réhaussa, par ces dernières, sa tête, de sorte à ce qu'elle confronte encore pleinement ses verbes. Mais je suis toujours bloqué, ragea-t-il doucement, attrapé par ce que t'as fait, et par ce que tu m'as toujours fait ressentir.

- Katsuki, éc.. commença à répondre l'ancienne élève de Yuei avec peine, qui recevait tout ce que le garçon lui disait en plein cœur .

- Je sais que j'ai pas été là, cracha-t-il avec miséricorde. Je sais que je suis un putain d'abruti de ne pas avoir remarqué que t'étais en train de changer.

- Tu sais que ce n'est pas ta faute, nia-t-elle instinctivement.

- Tu pourras jamais m'en convaincre, ricana-t-il dans un sarcasme débordante d'amertume.

- Je n'ai jamais voulu que tu souffres, tu le sais, elle lui promit avec une sincérité qui remplissait ses yeux noisettes.

Il ancra ses iris de feu dans les siens, et y constata sa vérité. Même entachée par les blessures qu'il venait de lui infliger, le grand bond ne pouvait s'empêcher de la voir comme elle était. Il ne pouvait stopper son cœur de se rappeler la manière dont il avait commencé à l'aimer. Et le pire, c'est que ces raisons étaient toujours là, présentes et dominantes. Il la haïssait pour ce qu'elle avait commit, mais son propre amour le dévorait imparablement, avec violence et véhémence.

Ce sentiment destructeur, source de ses maux, source d'une bataille qui venait enfin d'arriver à son terme, avait ravagé tout ce qui le constituait.

L'amoureux démuni ôta légèrement le sang qui s'étalait sur le haut de la bouche de son ancienne camarade. Celle-ci tremblait. L'intégralité de son corps frissonnait encore sous la douleur, mais surtout à son contact.

- Katsuki, elle chuchota, la voix chevrotante, je-

Pour l'empêcher de terminer sa phrase, il déposa ses lèvres sur les siennes avec animosité.

Ochako fut surprise une fraction de seconde, avant de s'abandonner au tempétueux contact de sa peau. Une chagrin nostalgique s'empara alors des deux adolescents.

Ils retrouvèrent le goût de leur 15 ans respectifs, alors que les larmes tombaient des iris de la jeune femme, et que leurs corps se rapprochaient avec impétuosité. Cette eau salée parvint à la langue du garçon, qui ressentit toute la tristesse qu'elle sous-entendait, et que tout deux éprouvaient.

Le décor semblait se transformer autour d'eux. Le soleil se levait sur le terrain de sport de l'établissement de Yuei, leur corps se frôlaient pour la première fois, leur baiser répondait à l'ardente envie charnelle qui les traversait. Leur langue dansaient l'une avec l'autre. Katsuki parcourait la nuque de sa bien-aimée de ses mains imposantes, tandis qu'Ochako caressait sa chevelure dans de doux gestes. Ils se rapprochaient davantage. Ils ne faisaient que s'aimer, à proprement parler.

Ils se faisaient que se saccager, se repousser, se retrouver, se compléter.

Je n'ai jamais arrêté de t'aimer.

L'explosif savait pertinemment qu'elle allait prononcer ces mots.

Mais il ne pouvait point les entendre.

Ils étaient trop durs. Trop poignants. Trop importants, et trop partagés.

Pourquoi fallait-il qu'aimer soit si noir? Pourquoi ne pouvaient-ils pas quitter tout, aller dans un endroit, rien qu'eux deux, pour se débarrasser de ce qui les empêchait d'être ensemble?

Lorsque leurs bouches se décollèrent enfin l'une de l'autre, les larmes de l'un et de l'autre n'avaient pas cessé. Les deux jeunes gens savaient très bien l'issue qui allait s'avérer être la leur. Ils étaient envahis par l'évidence de la fin qui les attendait. Ils savaient, et comprenaient. Mais c'était bien trop dur à accepter.

Ils demeurèrent en silence, dans les bras l'un de l'autre, pour faire passer leur chagrin sur l'épaule de chacun. Accrochés ensemble, se lâcher leur paraissait irrémédiable, et cette chute n'était pour le moment, guère envisageable.

- On ne pourra plus être ensemble, ces mots, après un temps, sortirent péniblement de la gorge consumée de la jeune fille. Je serai enfermée.

Katsuki, sans ôter ses bras de cette dernière, confronta sa vision effondrée, qu'il devait sans aucun doute partager. Il se moquait complètement de sa propre faiblesse, dans l'instant présent. Les termes de la vilaine résonnèrent dans son esprit comme une fatalité qui ne pouvait que se révéler vraie. N'importe quel jugement qu'elle pourrait subir à l'avenir succomberait à un enfermement et isolement définitif. Et cela le déprimait de la plus accablante des façon.

- Mais je serai forte, annonça-t-elle en saisissant délicatement le visage de l'explosif, une perle brillante au coin de chaque œil. Un faible sourire se dessina sur ses lèvres, comme pour l'encourager à croire cette déclaration. Je te le promet.

Tristement, il déposa un nouveau baiser sur les lèvres sanglantes, doucement, cette fois-ci.

Et Katsuki prit Ochako dans ses bras, délicatement, dans un geste qui débordait d'une tendresse dont il ne pouvait envisager de limites.

Alors que des ordres parvinrent à leurs oreilles, et que l'explosif reconnu la voix de Mirio Togata et de Shota Aizawa, qui dirigeaient les opérations avec les héros professionnels les plus préparés possibles pour cette mission, le garçon ne se décida pas à la lâcher. Il savait que ceux-ci étaient en train de monter, et qu'ils ne tarderaient ainsi guère à débarquer. Tous deux attendaient. Ils savouraient ces derniers instants, ces dernières secondes, ces derniers contacts. Ces derniers moments à eux.

Izuku Midoriya se trouvait derrière le mur de l'escalier où les adolescents se disaient au revoir.

Il avait assisté à presque la totalité de la scène. À leur discussion. À leur baiser. À leurs pleurs. Il n'avait pas pu empêcher son désir de revoir celle dont il avait été amoureux toutes ces années de faire surface. Mais ce qu'il avait découvert, à la place, avait empêché toute possibilité pour lui de s'immiscer dans ce spectacle.

Une scène qu'il n'aurait jamais pu imaginer voir. Une scène qui lui avait fait comprendre, par de simples regards, que jamais quelque chose d'aussi fort ne s'était inséré en sa personne. Des gestes qui lui avait donné envie de pleurer, mais également de pardonner.

Les poings serrés, et la gorge brûlée, Deku avait comprit que rien ne servirait pour ces prisonniers. Enfermés dans leur passion, enfermés dans une relation où tout deux savaient les parois irréversibles. Ces dernières se refermaient sur eux, et les sépareraient pour ce qui risquait d'être l'avenir.

Malgré tout, ils restaient forts.

Et cela valait pour tout ceux présents ici.

Ceux qui croyaient en leurs idéaux. Ceux qui se battaient pour ce en quoi ils pensaient être le plus juste. Ceux qui tuaient. Ceux qui réfléchissaient. Ceux qui pleuraient. Ceux qui se voilaient la face. Ceux qui soignaient leurs amis. Ceux qui donnaient des directives. Ceux qui protégeaient leurs camarades. Ceux qui fabriquaient les armes pour gagner. Ceux qui montaient jusqu'ici, meneurs d'une victoire. Ceux qui observaient.

Et ceux qui s'aimaient.

Ils seraient forts.

Et ils vivraient.

Douloureusement. Efficacement. En traversant des épreuves. En surpassant les pleurs.

Avec, pour seul remède, le temps, les rires, et les souvenirs.


~~

Bonsoir.

C'est fini.

Arf. J'espère que vous êtes pas déçus.

J'aimerai vraiment avoir votre avis sur cette histoire, et sur son final.

Je ne sais pas vraiment pas où commencer, je me demande déjà si des gens auront lu la totalité de ce chapitre, tellement il est long.. ( et encore, on va peut être sortir un épilogue, n'est-ce pas ? )

Je pouvais pas le couper en deux, c'était trop important pour moi de finir ici.

Voilà, c'est la fin de cette histoire. Ça veut peut être rien dire pour beaucoup d'entre vous, mais pour moi, ça signe la fin d'un parcours incroyable que j'ai fais en un an.

Ouais, j'ai mis un an et demi à écrire cette fiction. Et elle n'a que 16 chapitres. Certains font ça en un mois.
Je suis passée par tous les états d'esprits pendant son écriture. Je me suis dis que cette histoire était nulle, que je n'arriverai jamais à la finir, et que je n'aurais jamais le niveau pour arriver à ce que le voulais faire.

Je ne sais pas ce que ça a donné, mais en tout cas, c'est grâce à cette histoire que j'ai réussis à améliorer ma manière d'écrire. J'ai énormément passé de temps à réfléchir sur son déroulement, sur les pensées des personnages, et sur un dénouement correct. Contrairement à Unpredictable, elle était noire et dénouée de facilités. Mais c'est mon petit bébé, et malgré tout, je suis finalement fière de ce que j'en ai fais.

UN GRAND MERCI À VOUS. C'est vous qui me donnez envie de continuer au quotidien, et à me motiver malgré mes questionnements permanents. ❤️

On se voit très prochainement sur une nouvelle histoire.

Je vous embrasse !

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