Chapitre 34
Je lève les yeux vers l'homme.
La pluie ne cesse de tomber sur mon visage, accentuant le côté dramatique de la scène.
J'aurais presque envie de rire si je n'étais pas aussi contrariée.
Parce qu'en face de moi, se trouve Jimin.
Et quel est le pourcentage de chances qu'il est assisté à la scène et qu'il fasse ça ? Je n'en sais rien. Mais ça se passe bien, là, sous mes yeux.
Je cligne des yeux quand les gouttes viennent dans ces derniers et j'ouvre la bouche.
Mais je ne sais pas quoi dire.
Je reste juste là, bouche bée.
- Rentre, sinon tu vas attraper froid, et pour un début d'année, c'est pas l'idéal.
Je lève tristement les épaules, celles-ci recouvertes par ce qu'il me semble être un plaid.
Il m'attrape le poignet et s'avance vers ma porte, toujours ouverte.
Je n'insiste pas et me laisse traîner à l'intérieur de mon propre habitat.
Il me pose sur le canapé et part ensuite en cuisine.
Je le regarde dubitative.
Il revient quelques minutes après avec deux tasses. Et en vue de l'odeur, j'en suppose que c'est du chocolat chaud. Il me la tend et je l'attrape un peu anxieuse.
Puis j'articule la question que je me pose depuis qu'il est ici.
- Qu'est-ce que tu fais là ?
Il s'assoit à côté de moi, abaissant au passage le coussin du canapé.
- Je t'ai vu par la fenêtre. Et comme ça n'avait pas l'air de bien se passer et que t'étais seule sous la pluie, et bien, je suis venu.
- T'as eu pitié en quelque sorte.
- C'est ça.
Je lui frappe l'épaule.
- Super merci !
- Ça va, je n'avais pas envie que tu passes un nouvel an pourri non plus.
Je baisse la tête et regarde le liquide marron.
- Ça, c'est déjà trop tard.
Soudain, il me fait une pichenette sur le front.
- Bien sûr que non, on va passer une bonne soirée.
Je le regarde.
- Tu sais, si c'est pour faire ce qu'on a l'habitude de faire, je ne suis pas forcement d'humeur.
- Parce que tu crois que je suis ici juste pour coucher avec toi ?
Il me coupe, le regard un peu plus dur. Je me crispe.
- Et bah, c'est ce qu'on fait normalement, alors oui.
- Et bien non, je ne fête pas le nouvel an, alors autant le fêter ensemble simplement. Comme tout le monde.
Je penche ma tête sur le côté et demande.
- D'ailleurs, pourquoi tu ne le fête pas avec tes parents ?
- Parce que.
- Oh, tu pourrais faire un effort, c'est le nouvel an quand même.
Il mime de réfléchir et regarde devant lui.
- Mon père est du genre, occupé. Et je n'ai pas l'habitude de voir ma mère.
- Et pourquoi ça ?
Il lève les yeux au ciel, sachant déjà que je vais lui poser beaucoup trop de questions.
- Mon père est occupé à sa manière et tu n'as pas besoin d'en savoir plus. Et pour ma mère, quand mes parents se sont séparés, ma garde a été attribué à mon père. Donc je n'ai jamais beaucoup vu ma mère.
- Et pourquoi ça ? Tu n'aimais pas ta mère ?
- Oh si, beaucoup. Mais disons que mon père m'a tout de suite ouvert les yeux sur certaines choses.
- Certaines choses ?
- L'amour.
Je plisse les yeux.
- L'amour ?
Il attrape la télécommande et ignore ma question. J'en conclu que les questions se finissent maintenant. Et qu'il en a marre.
Alors je bois une gorgée de mon liquide chaud et regarde l'écran qui s'allume.
- Ça te va un film ?
Je hoche la tête de haut en bas, de toute manière, qu'est-ce qu'on pourrait faire ?
Et puis, je ne vais pas nier que l'idée de regarder un film avec Jimin ne me déplaît point.
Je pose ma tasse sur la table et m'enfonce encore plus dans le canapé, me recouvrant au maximum de ce plaid qui est encore imprégner de son odeur.
Je ferme les yeux.
Cette odeur qui réveille tous mes sens.
Je secoue la tête. Évitons de s'imaginer encore des choses. Ce soir, c'est juste une soirée normale. Rien de plus. Et puis j'ai clairement dit que je n'étais pas d'humeur.
Pourtant, c'est ça qui me perturbe le plus, de base, c'est le contraire, nos soirées normales, ce sont celles ou on couche ensemble. Pas l'inverse.
Je le regarde du coin de l'œil.
Il a les yeux fixé sur l'écran et est étrangement concentré.
C'est après quelques minutes que la soirée devient un peu plus joyeuse.
N'ayant pas de films un soir de nouvel an, nous nous retrouvons à regarder le bêtisier et rire devant des chats qui se cassent la figure.
On parle et s'amuse, et franchement, ça me fait un bien fou.
- D'ailleurs, bonne année Jimin !
Je souris à pleines dents.
Il me fixe quelques secondes et souris à son tour.
- Merci.
Nos regard s'encrent ensemble, liant étrangement une certaine chose entre nous.
Comme toujours.
Puis son sourire s'efface.
Il fixe mes lèvres, il semble complètement différent d'un seul coup, comme animé par une sorte de désir qu'il essaye de combattre visiblement, car il se ravise et regarde ailleurs.
- Pourquoi tu restes ? Me demande-t-il.
Je plisse les sourcils. Surprise de sa question soudaine.
- Rester ? Comment ça ?
- Pourquoi tu continues à avoir une relation comme ça avec moi, tandis que tu pourrais avoir beaucoup mieux.
Je me remets droite sur le canapé et murmure.
- Oh ça... Je ne sais pas.
- Tu devrais savoir pourtant. Pourquoi tu te prends autant la tête avec moi ?
- Je te dis que je ne sais pas. Disons que c'est comme ça, je profite, et puis j'évite de m'attacher.
- Le temps peut dire le contraire, tu sais.
Je hoche la tête.
- Surement. Mais pour le moment ça me va, je suppose.
Je hausse des épaules et souris d'un sourire sincère. Parce que je lui dis la vérité.
- Arrête de faire ça.
Je tourne la tête et m'étonne.
- Comment ça ? Faire quoi ?
- Sourire comme ça, sincèrement alors que ça ne colle absolument pas avec le contexte.
- T'es entrain de dire que tu n'aimes pas quand je souris ? Sérieusement.
- Ce n'est pas que je n'aime pas.
- Alors c'est quoi ? Tu as peur ? Je le coupe en me tournant vraiment vers lui.
- Peur de quoi ?
Il fronce les sourcils, perplexe.
- Peur que ça te fasse quelques choses.
J'ose prononcer cette phrase, parce qu'a chaque fois qu'il y a un contact comme ça. Il se ravise. Et ça, j'aimerais comprendre pourquoi, parce que je ne suis pas dupe.
Mais il se tait, pour reprendre quelques minutes de silence plus tard.
- Tu sais, je suis un "mauvais garçon", je préfère donc les mauvaises filles. Alors non, ça ne me fait rien.
Cette phrase a pour effet de me pincer le cœur. Pourtant, au fond, je suis persuadée qu'il y a quelque chose qui se trame derrière.
Alors je souris, sincèrement.
Encore.
- D'accord Jimin.
Il me fixe intensément, et nos visages se rapprochent.
- Je ne suis sûrement pas la "mauvaise fille".
On se rapproche encore.
- Donc, ça, ça ne te fera rien.
Et je l'embrasse.
Il me répond en posant ses mains sur mes hanches.
J'imagine qu'il y a quelques choses qui se passe entre nous.
Du moins, ce soir, c'est sûr.
Mais qu'est ce qu'il me fait ?
3 jours plus tard.
Je me lève d'un bond quand j'entends l'alarme de mon portable sonner.
Aujourd'hui est un grand jour, nous sommes le 3 janvier et c'est mon anniversaire.
Alors c'est d'une humeur joyeuse que je me dirige vers la maison de mes voisins après ma toilette matinale.
Je suis encore plus heureuse en repensant à mon soir de nouvel an, en passant outre mes parents, j'ai vraiment passé une bonne soirée, et si je ne suis pas folle. Il y a bien eut un énorme rapprochement avec Jimin.
Il s'est un peu confié pour la première fois, et j'ai vraiment senti qu'il se passait quelque chose.
Et au fond, je l'espère.
Et ça me tracasse depuis ce soir là.
Je dis bonjour à tout le monde et ils me souhaitent un à un ma fête de naissance.
Je m'assois sur le plan de travail et écoute d'une oreille les gars, tandis que mon esprit est divagué vers d'autres pensées positives. C'est à dire Jimin.
- Je crois qu'elle est de retour les gars, je l'ai vu entrer dans la maison hier soir. Prononça Jin.
Je tourne le regard et vois Suga arriver avec une tête de meurtrier.
- Vous avez raison les gars, elle est bien de retour, je n'ai pas dormi de la nuit à cause d'eux.
Eux ?
Je fronce les sourcils sceptique et coupe ma respiration quand je vois une femme arriver en petite tenue.
Suivie de Jimin torse nu.
Mes yeux passent de l'un à l'autre. Et la femme me scrute.
- Hé, mais je te connais toi !
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