→˚₊· ܴೈ 𝓙𝐨𝐮𝐫 𝟏𝟖 : 𝒈𝒐𝒋𝒐 𝒙 𝒓𝒆𝒂𝒅𝒆𝒓
ÉPISODE 18
— gojo x reader —
GOJO EST L’ARCHETYPE du connard imbu de sa personne. Alors je dois avouer que je n’ai jamais spécialement compris pourquoi mon cœur battait plus vite quand je le voyais.
La première fois que j’ai croisé la route du triton, je marchais le long du lac bordant l’université d’Halloween High. Tentant d’apaiser mes nerfs après avoir fait la connaissance de la vraie personnalité de mes colocataires, je marchais dans l’herbe, furieuse. La nuit commençait à tomber alors le fleuve phosphorescent brillait légèrement.
Les démons de feu sont du genre sulfureux et ceux de sang… Sanguin. Moi qui suis un croisement entre les deux, je rencontre bien des problèmes de gestion de la colère.
Lorsque l’université m’a placée dans une chambre avec trois autres filles — deux gargouilles et une nymphe — je n’avais aucun à priori. Mais le premier soir où je me suis apprêtée, après avoir peiné à créer deux traits d’eyeliner symétriques, n’avoir cessé d’effacer puis retracer par-dessus, avoir tenté de maitriser mes tremblements, je suis finalement parvenue à un résultat dont je pouvais être fière.
Quand j’ai mis le pied dehors, j’étais ravie de découvrir le visage souriant de mes colocataires. Marcia, la gargouille ainée et sa sœur Emma se sont approchées en complimentant mes traits puis, une fois assez proches, la première a effacé le maquillage d’un coup de doigt, faisant baver mon œuvre. Elles ont ensuite éclaté de rire, prétextant que c’était drôle.
Lorsque je me suis mise en colère, Eve les a rejoints dans leur hilarité en disant que j’étais « trop mignonne quand je me mettais en colère ». Ignorant ma fureur, elles se sont moquées de moi et je n’ai eu d’autres choix que de sortir.
Une fois hors de leur champ de vision, ma bouche s’est ouverte pour laisser filer un gezer de flammes qui a fait partir en fumer un morceau du parquet du couloir. Puis, je suis allée marcher au bord du lac. Gojo m’a interpellée. Je lui ai répondu.
Seulement quelques minutes a duré notre conversation mais je l’ai rapidement trouvé arrogant. Cependant il m’a plu. Je l’ai su quand je suis revenue marcher machinalement chaque soir en espérant le voir et qu’il s’y trouvait. Depuis, c’est devenu un rituel entre nous. Je viens prendre place sur un rocher bordant la falaise et, mangeant quelques fruits, je l’attends.
— En train de rêver du prince charmant ? résonne une voix, à ma gauche.
Je me tourne vers le nouveau venu. Ses yeux bleus comme l’azur et entouré de cils semblables à du givre m’observent. Ses longs cheveux de la même couleur sont plaqués en arrière par l’eau et ses biceps développés jaillissent de la surface quand ses bras se croisent sur la pierre que j’occupe.
Il se trouve juste à côté de moi, un sourire rosé étirant ses lèvres.
— Alors ? La vie de triton ? je lance en regardant sa queue de poisson noir et irisé d’or à quelques endroits qui flotte derrière lui.
— Toujours pas envie de sortir sur la terre ferme, si c’est ça, ta question, lance-t-il.
Je secoue la tête. J’aimerai lui dire que je n’ai plus envie de venir jusqu’à ce bassin chaque soir et que j’estime qu’il pourrait aussi se déplacer mais il me répondrait alors que nos tête-à-tête ne sont pas si importants et que nous pouvons tout simplement arrêter de nous voir.
Satoru n’est pas du genre à n’aimer qu’une fois. Chaque soir, il me raconte une nouvelle aventure s’étant déroulée au fond du lac. Et chaque matin, je remarque la silhouette de la femme qu’il a séduite, dans les couloirs, et une pointe de jalousie s’empare de moi.
— Qui est la copine du jour ? je lance dans un rire avant de mordre mon pain tartiné de larmes d’aestra, une plante venimeuse pour quiconque sauf les démons.
— La copine du jour ? demande-t-il.
— T’en changes comme de chemise.
— Je porte jamais de chemise.
Mes yeux glissent sur son torse finement travaillé par les heures de nage dans l’océan. Sa musculature imposante est gravée de quelques tatouages blancs à peine perceptibles mais qui forme des mosaïques sur son torse. Il s’agit de symboles marquant sa place de chef.
Ma gorge s’assèche face à cette vision et je relève les yeux, déglutissant péniblement. Là, je réalise qu’il me fixait déjà. Ses lèvres s’arquent en un sourire en coin et je tourne aussitôt la tête.
— Elle s’appelait Petra. Plutôt gentille.
Je soupire de soulagement. Il ne m’a fait aucune remarque sur mon flagrant délit de « reluquage » et je l’en remercie silencieusement.
— La mage ? je demande. Je me demande comment tu fais pour coucher avec les êtres terrestres si tu refuses de sortir du lac… Vous le faites à la vue de tout le monde, à la surface, histoire qu’elle ait la tête hors de l’eau ? Ou tu lui donnes une potion pour respirer sous l’eau le temps de faire ton affaire ?
— Je n’ai pas couché avec elle.
Mes sourcils haussent. C’est bien la première fois que je l’entends dire qu’il a fréquenté une femme sans avoir de rapports avec elle. Enfin, mise à part moi… Mais il ne me considère pas comme une option, de toute façon.
— Et vous avez fait quoi ? je demande en fronçant les sourcils.
— Parler.
— Parler ? je répète, une pointe de jalousie dans la voix. Mais je croyais que c’était avec moi que tu te contentais de « parler » !
Mes lèvres se pincent et j’écarquille les yeux, interdite. Une vapeur se dégage de mon corps, trahissant ma colère et je respire difficilement. Quelle sale petite sotte ! Ma peur constante d’être délaissée par Satoru me pousse à ne pas réfléchir avant d’ouvrir la bouche.
Il est hors de question que cet enfoiré de triton sache ce que je ressens pour lui. Cela lui confèrerait un trop grand pouvoir sur ma personne, sinon.
Mes yeux se posent sur lui et je remarque son léger sourire. Mais celui-ci est abstrait, presque fantomatique. Il ne me regarde pas. A présent adossé à mon rocher, le visage tourné dans la même direction que moi, il fixe un point, au loin. Il semble perdu dans mes pensées.
— C’est vrai que Bakugo et toi avez eu un rendez-vous, hier ? demande-t-il.
— Pardon ?
Mes sourcils se froncent.
— Petra m’a dit que vous vous étiez vu. Je lui ai demandé de venir au bord du lac pour mieux en parler et elle m’a dit qu’elle vous avait vu devant la bibliothèque et dans une salle de classe…
— Mais de quoi elle se mêle, la morue ? je crache. Je lui en pose des questions, moi !?
Il rit doucement sans lever les yeux sur moi.
— Même si j’adore te voir en colère, ne t’en prends pas à cette pauvre gosse. C’est une première année qui pensait bien faire. Après tout, le superviseur des êtres marins lui a demandé où tu étais alors elle lui a expliqué où elle t’avait vue…
J’acquiesce. Il n’a pas tort.
Si la plupart des élèves dorment dans l’enceinte du château, ce n’est pas le cas de tous. Et ceux qui dorment dans le lac à côté du château sont surveillés et encadrés par Satoru Gojo. Bien qu’il n’enseigne aucune matière, il est techniquement plus proche du statut de l’enseignant que d’élève. Alors cela ne m’étonne pas grandement d’apprendre qu’il n’a pas contacté la mage pour avoir des rapports avec elle — après tout, ce sont plutôt les vampires âgés et professeurs qui défilent dans son lit.
— Eh bien… Et alors ? je lance en haussant les épaules.
— Pourquoi tu serais avec Bakugo ? Cet enfoiré de loup-garou qui est tellement stupide qu’il trouverait même pas sa bite pour pisser.
Mes sourcils se haussent. Je ne l’ai jamais entendu avoir un vocabulaire aussi fleuri auparavant. Je ne sais pas ce qu’a bien pu lui faire le blond mais ça a dû le marquer.
— Du calme. Qu’est-ce qu’il a bien pu te faire ?
— Moi ? Je ne l’ai jamais vu de ma vie.
— Tu te fous de moi ? je rétorque aussitôt. Alors pourquoi t’es aussi agressif ?
Là enfin, les yeux de Satoru se posent sur moi. Ils me sondent quelques instants et je peux voir une certaine colère dans ses pupilles.
— Pourquoi tu réponds à ma question par une autre question ? grogne-t-il.
— J’ai un devoir à faire avec lui ! T’es content ?
Il rit amèrement.
— Je vais te croire, oui. T’es en dernière année mais vous allez vous coltiner un seul et même travail ! C’est bien connu, les profs aiment mêler leurs classes !
— Mais oui ! Justement ! C’est même quelque chose qui arrive très souvent ici mais… Même, qu’est-ce que ça peut te foutre !?
Poussant sa joue de sa langue, il fixe un point au loin en prenant plusieurs profondes respirations, tentant sûrement de se contrôler. Quant à moi, je n’y comprends plus rien. Bien qu’il sache que je n’ai pas d’amis, je ne l’aurais jamais cru assez odieux pour s’offusquer du fait que je fasse de nouvelles rencontres.
— T’es vraiment un porc, je lâche.
Surprise, il se tourne vers moi.
— Tu sais que j’arrive pas à me faire de potes, que tout le monde a des à priori sous prétexte que je suis une démone et que c’est compliqué pour moi. Et ton premier réflexe quand t’apprends que j’ai fais une nouvelle rencontre c’est de t’énerver ? Tu peux pas juste être content pour moi !
— C’est pas juste une rencontre, c’est un mec !
— Et alors ?
— Les mecs ont toujours des idées derrière la tête !
Ma mâchoire se contracte violemment et je le foudroie du regard. Je n’arrive pas à croire ce que je viens d’entendre.
— Tu es un mec, je te signale.
Il ne répond pas, fixant la pierre durement. Il ne veut pas me regarder. C’est un aveu.
— J’arrive pas à y croire, je lance dans un rire amère.
Il ne dit toujours rien, fuyant mon regard. Je commence à regrouper mes affaires, prête à m’en aller.
— Un mois. Un putain de mois que je viens te parler tous les jours, que tu m’expliques que tu dragues les femmes que pour coucher avec elles. Je pensais que t’étais mon ami, bordel ! Et tu me dis que tu continues à me parler simplement pour pouvoir tirer ton coup !?
Il ne me regarde pas. Il ne pipe mot. Muet comme une tombe. J’ai la sensation de m’adresser à un mur.
La nuit est noire au-dessus de nos têtes et le lac phosphorescent projette une lumière qui l’éblouit par en-dessous, se reflétant sur sa peau lisse et légèrement matte. J’ai envie de me gifler en songeant qu’il est particulièrement beau, comme cela.
— Je suppose que si j’avais cédé le premier jour, t’aurais même pas daigné me saluer le lendemain… Sale porc.
Me retournant, furieuse, je le laisse planter là et m’en vais.
ꕥ
Une semaine s’est écoulée depuis ma dispute avec Satoru. Je n’ai pas cherché à reprendre contact avec cet enfoiré. Chaque soir pourtant, mon cœur s’est fait lourd à l’idée que mon rituel me manquait. Mais je ne décolère pas. Il peut coucher avec qui il veut. Bien sûr, cela me fait mal. Mais l’idée qu’il puisse me voir comme un coup d’un soir, qu’il n’ait aucune estime pour celle que je suis me répugne.
Plusieurs fois, le soir, je me suis accoudée au balcon de la chambre. A chaque fois, il se trouvait près de notre rocher, comme s’il attendait que je vienne. Mon cœur se faisait lourd en voyant cela et je me sentais cruellement coupable. Alors j’ai arrêté de le regarder et tente juste de l’ignorer.
Je n’ai qu’à rester loin du lac. Après tout, Gojo refuse de se rendre sur la terre-ferme et tous mes cours se déroulent dessus. Je ne le croiserais donc pas de sitôt.
Sortant d’un cours de communication dispensé par le démon du sommeil Shota Aizawa, je m’empresse de marcher jusqu’à une salle d’étude vide que j’ai repérée. Si j’y arrive avant tout le monde, je pourrais la refermer derrière moi et faire fondre la serrure pour condamner la porte et que personne ne puisse me suivre.
Joignant la fameuse porte après avoir dépassé quelques tableaux et gargouilles, je m’empresse de réaliser mon plan. Ma paume brûlante se pose sur le verrou tandis que le métal se ramollie jusqu’à ce que les deux parties du verrou n’en forme plus qu’un seul.
— Super, maintenant je suis sûr que tu ne vas pas fuir la conversation comme tu le fais depuis une semaine.
Je me fige. Satoru. Sa voix.
Me tournant, je le découvre, habillé d’un kimono argenté, étendu sur les pupitres, la lumière du soleil se reflétant sur son corps anormalement bipède. Ses longues jambes s’étendent ainsi que son fort torse. Il a glissé un bras sous sa tête et fixe le plafond.
— Qu’est-ce que tu fais là ?
— Je suis venu te parler et tu le sais, répond-t-il. Je t’ai laissé une semaine pour venir me voir mais il me semble que je suis maintenant libre de prendre les choses en main moi-même.
— Prendre les choses en main ?
Il se relève. Sa haute silhouette se dresse dans la salle, intimidante et il marche jusqu’à moi. Je m’efforce de ne pas reculer, ne voulant lui faire le plaisir de courber l’échine devant lui.
— J’aimerai savoir ce qu’il se passe dans ta tête, lâche-t-il en se plantant devant moi. Je te mets en garde contre un garçon et sous prétexte que tu l’aimes bien tu décides de couper les ponts avec moi ?
— Bordel mais j’en ai rien à foutre de Bakugo ! Le problème c’est que tu as dit que tous les mecs avaient une idée derrière la tête ! Tu es un mec, je te signale ! Qu’est-ce que je suis censée comprendre !?
Il ne répond pas. Ses yeux bleus glissent jusqu’à mes lèvres et remontent à mes pupilles.
— Satoru ? Qu’est-ce que je dois comprendre ?
— Tu sais très bien ce que tu dois comprendre.
Mes yeux s’écarquillent. Il n’a même pas la décence de nier ?
— Ah bah bravo ! je lance en applaudissant. Bravo à la sale conne que je suis d’avoir cru pouvoir se lier à un homme sans qu’il n’ait d’idées salaces derrière la tête ! Bravo d’avoir pu croire qu’un con…
Ma voix meurt brutalement dans ma poitrine. Ses mains viennent de se refermer sur mes joues, me ramenant près de lui. Nos fronts se touchent. Ses yeux fixent mes lèvres. Je peux distinguer chaque détail de son visage.
Mon cœur bat à toute vitesse. J’ai horriblement chaud.
— Je m’en fous que tu veuilles pas coucher avec moi. Je ne veux juste pas que tu me fuis à nouveau.
Mes yeux s’écarquillent.
— Une semaine, c’est… Long. Très long.
— Est-ce que t’essaye de me faire croire que tu tiens à moi ? je chuchote. Alors que je te vois chaque jour avec une nouvelle femme ?
— J’ai pris cette habitude quand tu es entrée dans ma vie. J’espérais pouvoir effacer avec elles le souvenir de toi. Mais je n’ai même pas réussi à arrêter de venir te voir.
Ses pouces caressent mes pommettes. Il ferme les yeux et sa voix me semble étrangement brisée lorsqu’il susurre :
— Ne me laisse pas. S’il-te-plait.
Jamais mon cœur n’a pulsé si fort et rapidement. Je n’y tiens plus et pose mes lèvres sur les siennes, enroulant mes bras autour de son cou.
Ses mains sur mes joues se font plus fermes quand nos bouches remuent l’une contre l’autre. Sa langue s’enroule autour de la mienne et ses bras glissent sur mon dos. Je soupire d’aise, enivrée par ce baiser et nous nous séparons au bout de quelques instants.
— Je ne te laisserai pas, je murmure. Je serais là pour toujours.
Là, il enfouit son visage dans le creux de mon épaule et, entourant mon corps de ses bras forts, me presse contre lui.
— Je t’aimerai aussi longtemps.
...
Merci d'avoir lu ce Gojo x reader, à demain avec Nanami :)
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