VII


— Tu m'accompagne Jimin ?

Affalé sur le canapé marron, dont une main pendait dans le vide, et l'autre sous sa joue lui faisant plier un œil, il soupira sans décrocher ses yeux de son film. Le plus grand voulait vraiment qu'il vienne avec lui, car les sorties ensemble, ce n'était plus d'actualité. On voyait plus de Père-Noël que Park Jimin et Jeon Jungkook dehors, tous les deux comme un vrai couple. Il se tenait droit sur ses hanches à l'entrée du salon, fixant son petit-ami sans un mot. Ses habits étaient assez sales, il avait passé deux bonnes heures à préparer la taverne. Et celle-ci ouvrira dans moins d'une heure, comme prévu.

— T'es grand. Tu peux y aller tout seul.

Se retenant de ne pas lui sauter au cou, il lâcha un râlement puis alla enfiler ses chaussures dans le petit hall, devant la porte d'entrée. Il se défit de ses chaussons en se tenant d'une main sur le mur, puis ouvrit le placard à chaussures. Alors que ses mains se dirigeaient vers la place pour ses pantoufles, il en vit une autre. Une autre paire.

Elle n'était pas là ce matin.

Vraiment énervé, il les jeta en vrac dont une qui disparut à travers des baskets. Il prit une paire de Nike Air blanche et l'enfila en manquant de tomber. Fermant le placard puis arrangeant ses cheveux ébène qui commençaient à être un peu trop long, il prévint:

— M'attends pas avant cinq heures. Nam-

— Mh mh. Coupa-t-il d'un son
à peine audible.

Si le temps n'était pas compté, Jimin serait déjà pendu à la fenêtre. Le voir supplier d'arrêter, de le remonter. Puis après de le voir to-. Il se claqua mentalement à cette idée. Qu'est-ce qu'il me prend à imaginer ça, moi ? Pensa-t-il en se maudissant. Aucun mot de plus et il partit, vexé et maintenant de mauvaise humeur. L'orage s'était arrêté et la pluie transformée en brume. Le ciel était blanc crémeux, et un silence de plomb l'accompagnait.

Encore une fois, il sortait seul.

D'autant plus qu'il n'y avait personne. Même pas un chat. Ah si, deux petits oiseaux sous un préau devant lui en train de se tenir chaud dans leur nid. Le parterre était jonché de trous, petits comme grands, remplis d'eau. La pluie avait été vraiment violente.

Il remua ses épaules avec une grimace avant de s'élancer dans les rues humides jusqu'à la moelle. Aucune vie, aucun son. Sauf celui de ses pas. Il tourna dans une autre et là il y avait de la musique naturelle. Les gouttes d'eau des toits, des stores s'éclataient contre la ferraille des poubelles. Quelques volets se fermaient à son passage, des lumières intérieures s'allumaient ou s'éteignaient. Son regard au sol, il observait son image défilée et reflétée par les flaques, ainsi que les poteaux électriques, les bâtiments. On aurait pu croire à un monde parallèle.

Quelques minutes à se balader tranquillement en direction du cabinet de Juges, trois passants décidèrent à sortir de leur cachette. Devant lui à quelques mètres, ils riaient à plein poumon. À en entendre les rires, c'était trois hommes d'environ son âge. Alors Jungkook changea de suite son cap. Aussi car il le fallait, mais surtout parce que les voir s'amuser, le rendait malade de nostalgie. Le ramenant à l'époque où il était pareil avec Jimin. Mais tout ça est fini maintenant. De son point de vue, le brun s'ennuyait avec lui, à présent. Tout s'était écroulé dès le premier pas mit au tribunal. Non, à la police même, il y a quatre ans. S'il n'avait pas été là-bas pour la récupérée, tout ça ne se serait jamais passé. Ayant pénétré dans une nouvelle rue, il donna un coup de pied, les mains dans les poches, dans un caillou qui roula sur cinq mètres. La petite pierre tapa dans des sacs poubelles bleus et tête baissée, il se gratta la nuque, visage froncé. Lorsqu'il rouvrit ses yeux, ils furent attirés par un point scintillant à ses pieds. Il marqua une pause dans sa marche et s'assit sur ses pieds.

Un collier.

À moitié recouvert par de la boue, il sortit un mouchoir de sa poche et prit le bijou pour le nettoyer. Ceci fait, il ouvrit ses doigts vêtu du tissu blanc et remarqua que c'était précisément une pierre de Lune. Un croissant de Lune argenté suspendu par une pierre ronde blanche. Il semblait dater, la chaîne était rouillée. Et pour une raison inconnue, il avait l'air d'être quelque chose à qui son propriétaire donnait une importance particulière. Il retourna le pendentif entre sa paume et vit un nom gravé d'une belle écriture, à son arrière.



« Kim Taehyung »

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