LXII


Pardon ! Désolé ! Merde excusez moi ! étaient les seuls mots qui peinaient à sortir de sa bouche par sa respiration saccadée. Ses pas faisaient de si grande enjambées qu'il avait souvent du mal à éviter les citoyens. Les marchands criant venez voir mon beau poisson ! Les bébés pleurant par la faim, les couples se tenant par la main en cette belle journée et lui, courant comme un fou parmi eux tel une ombre. Certains le dévisageaient, de pitié ou souvent d'inquiétude à croire qu'il risquait de perdre quelqu'un s'il ne se grouillait pas. Ce n'était pas perdre cette fois, c'était récupérer ce petit être qui lui avait horriblement manqué. Le chien d'or le suivait à la trace, pendant que Haytham avait pris un autre chemin pour se rendre à l'hôpital. Son cœur allait lâcher, courir aussi vite n'a jamais été son habitude. Le sang lui montait à la tête, lui provoquant une légère migraine, son muscle cardiaque lui faisait atrocement mal, comme s'il était sec, dépourvu d'eau. Ses yeux lui piquaient horriblement à cause du vent qui les séchait, lui faisant lâcher quelques larmes. Ou peut-être était-ce des larmes de joie ? De soulagement ? Lui-même ne savait pas. Toutes ses douleurs n'étaient rien, il s'en fichait, car à partir de cet instant, c'était sa douleur mentale qui disparaissait. La pire de toutes.

Il s'arrêta à un passage piéton, le feu étant rouge et le trafic dense. Ses cheveux collaient à son front remplit de sueur, et il tapota sur son cœur pour tenter de calmer son rythme cardiaque, en vain. Sa respiration sifflait, il n'en pouvait plus. Il sentit quelque chose se frotter à sa jambe, lui faisant baisser les yeux vers Khundas à la langue pendante. Sa main vint caresser sa tête avec un large sourire.

— Il est réveillé ! T'y crois toi ?! Le chien aboya joyeusement comme s'il comprenait ce qu'il se passait. ...Je pense pas pouvoir lui avouer qu-

Les passants présents autour de lui avancèrent, lui coupant la parole; le feu piéton venait de passer au vert. Ils ne perdirent pas une minute et se remirent à courir de plus belle. Les panneaux commençaient à indiquer la direction de l'hôpital, signe qu'ils se rapprochaient de Taehyung. La distance les séparant diminuait de plus en plus, il ne savait pas si Haytham l'avait devancé et était arrivé avant lui, et il espérait que ce ne soit pas le cas. Pendant sa course sur un trottoir plutôt désert, il sortit son téléphone de sa poche de veste et y jeta un œil. Une notification de SMS venant de son ami, il l'ouvrit et fronça les sourcils. Ses pas ralentirent pour s'arrêter afin de bien relire le message.

Haytham:
Je suis à l'hôpital et
impossible de le voir !

Jungkook:
Quoi ?! Pourquoi !?

Haytham:
Déjà y'a les flics qui gênent
et les médecins qui font que
d'aller et venir ! Quand ils
ouvrent la porte j'entends
des cris, je crois qu'il fait une
crise de panique donc grouille
ton cul et vient le calmer ! T'es
où là ?

Jungkook:
Pas loin, j'arrive.

Haytham:
Il t'appelle, bouge toi vite.

Ce dernier message le fit sourire à pleine dent et il se dépêcha de ranger son cellulaire pour se remettre à courir jusqu'à sa destination, toujours suivit du chien. Il traversa le parking du bâtiment et y entra – enfin – sans faire attention à l'animal qui n'avait aucun droit d'être ici. Mais celui-ci restait près de son maître. Ascenseur, cinquième étage, chambre au bout du couloir. Arrivé, il vit l'américain assit sur l'un des sièges collés aux murs et en effet, des médecins faisaient des allés et venus dans la pièce. Sa tête se secoua pour qu'il retrouve ses esprits et toussa un coup pour avertir Haytham de sa présence. Celui-ci tourna le visage vers lui et sauta sur ses pieds.

— Putain Jungkook enfin !

— Comment il va ?

— J'ai pas eu de nouvelle mais ça a l'air de se calmer, on m'a demandé si je te connaissais comme Tae t'appelait et je leur ai dit que t'allais arriver. Tu devrais y aller les flics te laisseront passer.

— Occupe-toi de Khundas, ok ? Elle a pas le droit d'être là !

— Oui, oui. Vas y !

Un sourire et l'adulte contourna son acolyte pour aller faire face aux forces de l'ordre postés devant la porte et déclina son identité. L'un d'eux lui paraissait connu, sûrement dû à son séjour en prison où quelque chose du genre mais n'y prêta pas attention. Les deux se décalèrent légèrement et il put enfin entrer. Mais à peine avait-il mis un pied à l'intérieur que des cris et des pleurs agressèrent ses tympans. Deux trois pas et il écarquilla les yeux face à la scène qui se jouait devant lui. Taehyung, complètement en larmes en train d'hurler Jungkook, se débattant comme il pouvait malgré ses muscles engourdis, et son poignet qui était attaché par des menottes aux barreaux de lit, ensanglanté. Le voir dans cet état là lui fit encore plus mal au cœur de qu'il n'était, et pour la première fois il avait vraiment une preuve comme quoi quelqu'un tenait réellement à lui. Alors il s'avança, décala des docteurs d'un coup de main à l'épaule et se jeta sur le lit. L'adulte s'assit sur le bassin de l'adolescent et le serra fort dans ses bras, nichant son visage dans son cou. Tout mouvement se stoppèrent, hormis sa respiration irrégulière.

— Calme toi, c'est moi, c'est Jungkook...

— J...Jun...

— Chhhhht... Il fit des cercles lents dans sa chevelure grise d'une main. C'est fini...

Tout autour d'eux, les médecins lui obligeant de descendre, les machines à biper dans tous les sens venaient de disparaître comme s'ils étaient partit dans une autre dimension. L'étreinte douce et chaude qui enveloppait Taehyung, les paroles réconfortantes et les papouilles de Jungkook lui faisait se sentir mieux. Son coeur continuait à battre le tocsin, sa respiration toujours aussi irrégulière faisant soulever et baisser sa pauvre poitrine tremblante. Son muscle cardiaque battait fort, mais d'un battement maintenant amoureux et de moins en moins d'angoisse.

— Cale ta respiration sur la mienne, y'a de l'oxygène là, t'en fais pas... Aller, inspire doucement pour pas faire mal à tes poumons, et expire...

Le jeune peinait à le suivre, il lui fallut quelques minutes pour y arriver. Inspire, expire, inspire, expire... D'une lenteur impériale, il entrouvrit les yeux et vit deux médecins qui les observaient calmement. Les autres étaient partit à son plus grand soulagement, tout ce monde avait empiré sa crise. Un haut de cœur le ramena à la réalité, puis un autre, puis encore un et les deux hommes froncèrent leurs sourcils. Avant qu'ils puissent dirent quelque chose, Taehyung se vit partir sur le côté, à l'extérieur du lit par une main lui appuyant sur la nuque. Ses yeux se plissèrent dû à la sensation désagréable d'avoir la tête dans le vide. Un autre haut de cœur et un liquide jaunâtre sortit de sa bouche pour s'éclater sur le sol blanc. Sans contrôle, il se remit à pleurer à chaudes larmes. Il entendait la voix de Jungkook, elle avait l'air... cassée... Les docteurs lui répondaient mais il lui était impossible de savoir de quoi ils parlaient, surtout quand il vomit une nouvelle fois. Quelle horreur... Il sentit le sang lui monter à la tête et couina, priant pour qu'on le remonte, ce qu'il se passa rapidement. Son ventre lui gargouillait, sa gorge lui procurait un goût amer horrible. Ses yeux fatigués se rouvrirent, renifla un petit coup et rougit lorsque qu'il rencontra le regard tendre de l'adulte qui lui sécha ses larmes doucement. Ils étaient si proches, ce qui le fit baisser la tête pour cacher ses rougeurs mais le fait que leurs bassins soient collés n'arrangeaient rien. Son regard se baissa aussi, et à l'instant où il se posa sur sa main menottée et ensanglantée, son souffle redevint rude et se remit à trembler violemment. Des petits cris passèrent la barrière de ses lèvres et ses pleurs revinrent. Jungkook lui fit face avec inquiétude et suivit son regard effrayé pour qu'il se pose à son tour sur les menottes. Il comprit de suite, c'est ça qui lui avait déclenché sa crise d'angoisse ! Pourquoi ? Simplement par traumatisme, sans doute son oncle s'était servit de cet objet pour ses amusements envers son neveu. Et le sang devait le plonger dans des illusions qu'il ne pouvait même pas imaginer. Mais l'adulte fut plus rapide et avant qu'il ne crie, il lui saisit les joues faisant une bouche de poisson et orienta sa tête de sorte à ce qu'il ne voit plus cette boucherie. De son autre main, il observa de plus prêt la blessure et remarqua que la ferraille s'incrustait pratiquement dans sa peau. Putain mais ils ont serrés durant sa longue absence ou quoi ?!

— Allez chercher les flics et dites lui qu'ils lui retirent cette merde ! Ordonna-t-il toujours en tenant le visage de Taehyung à l'écart, le faisant couiner désagréablement.

Pas possible ils n'ont pas le droit. C'est un meur-

— Merci comme si je le savais pas et employez pas ce mot où ce sera vous à sa place !! Bordel mais vous avez pas encore compris ?! Vous êtes médecin ou touriste ?! Il a eu une crise à cause des menottes donc si vous voulez que votre patient aille mieux et gagnez votre putain de thune de merde ALLEZ CHERCHER LES POULETS !

— Les ordres sont les-

— RAAH MAIS LA FERME VOUS SAVEZ RIEN DE VOTRE PATIENT OU QUOI ?! Un des policiers entra dû au vacarme qu'il créait, et Jungkook enfouie le visage du petit dans son cou pour que ce soit plus agréable.

— Qu'est-ce qu'il se passe ici ?

— Ah tu tombes bien toi ! Viens le détacher.

— Impossible.

— Oh j'y crois pas il va pas s'y mettre lui aussi... Il soupira, maintenant sa colère. Taehyung est traumatisé par les menottes que vous lui avez mis, d'où sa crise alors si vous êtes aimable, gentil, bienveillant et tout le tralala, veuillez les retirer. L'homme s'avança et regarda l'adolescent tremblant comme une feuille prise dans une tempête.

Ça ne lui a pas dérangé pendant les dix premières minutes après s'être réveillé.

— Parce que tu crois que t'as le temps de prendre conscience de ce qui t'entoure en seulement dix minutes alors que tu sors d'un coma de quatre mois ? Le policier soupira.

— La sécurité sera triplée dans ce cas là.

— Tu crois aussi qu'un gamin comme lui va tenter de s'enfuir ? Il est pas con, tout ce qu'il fait n'est que légitime défense alors si vous le faites pas chier, il bougera pas d'ici. De toute façon il peut même pas marcher là.

L'homme regarda sérieusement le fumeur aux sourcils froncés, puis soupira une nouvelle fois avant de sortir un trousseau de clé d'une pochette à la ceinture près d'une arme. Jungkook le stoppa alors qu'il allait le libérer.

— Je vais le faire. Les yeux au ciel, les clés dans sa main, un sourire forcé mais remerciant. Ça risque de faire mal, ne regarde surtout pas.

— H-Hm...

Doucement, il enfonça la serrure et tourna le morceau de fer à l'intérieur. Il ne voulait vraiment pas lui faire mal, alors autant qu'il soit vigilant. Le trousseau repartit dans les mains du propriétaire et de ses deux mains, il essaya d'écarter les deux bouts joins. Taehyung se tendit et gémit de douleur. Je fais ce que je peux, je fais ce que je peux murmura l'adulte en continuant de le retirer, grimaçant par le sang qui coulait lentement. Les draps étaient tachés, ses manches d'hôpital aussi et son poignet dans sa sale état. Cette blessure allait risquer de faire une cicatrice. Il réussit tout de même à l'enlever sans trop le faire souffrir, serra assez fort son poignet pour éviter le sang de couler et jeta les menottes sur le policier qui les rattrapa de justesse avant de partir en lâchant des jurons. Sa main libre, légèrement tachée, vint involontairement se poser à la nuque de l'enfant, qui soufflait dans son cou pour oublier la douleur. Les médecins s'avancèrent.

— On va s'occuper de soigner ça.

— Non je vais le faire s'il vous me le permettez.

— Hm... C'est notre travail de s'occuper de nos patients.

— Parce que vous l'avez fait pour les menottes peut-être ? Ils se regardèrent, un point pour lui. Non, donc ce sera moi qui m'occupera de lui jusqu'à ce qu'il sorte. Bien sûr pas avec vos poches d'eaux je sais pas quoi ou les examens mais juste le soigner psychologiquement, il a réellement besoin de moi et je crois que vous l'avez vu et compris. Donc s'il vous plaît, apportez moi de quoi le soigner.

L'un d'eux ne broncha pas puis sortit, suivit de l'autre peu après disant qu'il allait aller chercher de quoi nettoyer le vomis. Le plus vieux lâcha un soupire de soulagement et regarda Taehyung, qui fixait leur bassin toujours collé avec les joues rouges. Il lâcha un rire en retirant sa main de sa nuque, il le trouvait vraiment mignon et attirant. Trop attirant. Ses iris sombres se portèrent à ses lèvres tremblantes, l'impression qu'elles l'appelaient.

— Tu préférais que ce soit moi ou eux qui te soigne ? Demanda-t-il pour se sortir lui-même de sa rêverie.

— Toi... J... J'aime pas... les hôpitaux...

— Je pense que personne n'aime vraiment ça tu sais, donc il faut que tu te rétablisses rapidement. Taehyung le regarda avec espoir.

— Et... Et on rentrera à la maison ?

— Ça... Peut-être pas tout de suite... Les choses vont redevenir difficile... Mais un jour oui, je te promets qu'on rentrera à la maison.

— Tout les deux ? Fit-il d'une voix cassée par ses yeux larmoyants.

— Tout les deux...

Jungkook, l'une de ses mains toujours autour du petit poignet blessé, rapporta l'autre à la nuque de l'adolescent pour légèrement appuyer dessus. Celui-ci se laissa faire, observant la distance entre leurs deux lèvres diminuer progressivement. Leurs souffles chauds se mélangeaient, procurant une multitude d'émotions au fond d'eux. Cœur battant, joie, soulagement, impatience et surtout, amour. Taehyung avait déjà fermé les yeux lorsque leurs deux bouches se rencontrèrent enfin, leurs lèvres leur picotaient, leurs muscles cardiaques battaient à la chamade ensemble sur le même rythme et personne ne bougeait afin de profiter de cet éclat de passion. Le jeune soupira par le nez tellement ce geste le rassurait, lui prouvait que quelqu'un tenait à lui, lui faisait un bien inimaginable. L'adulte fut le premier à mouver lentement leur baiser, et le jeune amena très timidement ses petites mains sur les hanches de l'autre encore assit sur son bassin. Cela leur faisait tout drôle à cet endroit, mais ils n'y prêtaient pas attention et se concentraient sur les lèvres en mouvements amoureux. Les deux s'assemblaient comme si elles avaient été créées rien que pour ça, pour se retrouver, retranscrire des mots, s'aimer. C'était comme un jeu d'enfant, Jungkook était le trou rond, Jimin la pièce triangle qui n'a jamais marché avec lui, et Taehyung la pièce ronde, qui s'emboîtait parfaitement avec le trou. Oui, ils étaient fait l'un pour l'autre, la vie avait tout prévu. Ils auraient pu se connaître bien avant grâce à Hoseok, mais vivre n'est pas toujours facile. Jimin a été un obstacle, Yoongi lui avait gentiment retiré, lui permettant de trouver pour le restant de ses jours son âme-soeur. Les doux bruits que leur baiser émettaient remplissait la pièce jusqu'à ce qu'ils se séparent à bout de souffle et à contrecœur. Mais avant que Taehyung n'ait le temps de le regarder, Jungkook le serra contre lui et nicha son visage dans sa nuque, y déposant un tout petit baiser. Le jeune aurait jurer sentir son col s'humidifier juste avant que celui qu'il aimait ne murmure contre sa peau:

— ... et plus jamais je te laisserais seul... Je suis désolé.

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