𝐂𝐇𝐀𝐏𝐓𝐄𝐑 𝟏𝟖











— 𝐄 𝐋 𝐃 𝐎 𝐑 𝐀 𝐃 𝐎 —

𝑹𝒐𝒂𝒅 𝑻𝒓𝒊𝒑 - 𝑷𝒂𝒓𝒕 𝑰𝑰𝑰











𝐅𝐀𝐂𝐓

𝐃'𝐚𝐩𝐫𝐞̀𝐬 𝐮𝐧𝐞 𝐥𝐨𝐢 𝐞𝐧 𝐅𝐥𝐨𝐫𝐢𝐝𝐞, 𝐨𝐧 𝐧𝐞 𝐩𝐞𝐮𝐭 𝐩𝐚𝐬 𝐟𝐚𝐢𝐫𝐞 𝐥'𝐚𝐦𝐨𝐮𝐫 𝐚̀ 𝐮𝐧 𝐩𝐨𝐫𝐜-𝐞́𝐩𝐢𝐜.











𝟓 𝐉𝐮𝐢𝐥𝐥𝐞𝐭 𝟐𝟎𝟐𝟑

𝐌𝐚𝐫𝐢𝐧𝐚

𝐃𝐨𝐮𝐯𝐫𝐞𝐬 – 𝐀𝐧𝐠𝐥𝐞𝐭𝐞𝐫𝐫𝐞



La traversée dure à peine plus de deux heures et c'est une main dans ses cheveux qui tire Charlie du sommeil.

Toujours allongé derrière elle, une main passée sous son corps reposant bien à plat contre son ventre, Lando glisse le bout de ses doigts dans la longue chevelure blonde, écartant une à une chacune des mèches pour dégager un accès à la gorge de la jeune fille qu'il s'empresse d'embrasser, déposant ses lèvres avides tout contre la peau sensible de Charlie qui ne peut s'empêcher de frissonner de plaisir.

Au chaud dans l'emprise de chaleur qu'il maintient sur elle, la Normande garde les yeux fermés, soupirant de plaisir lorsque les lèvres brûlantes remontent le long de sa carotide et qu'il brosse la pointe de son nez dans le petit espace situé juste à la jonction de son oreille et de sa mâchoire.

Le pied absolu.

Totalement abandonnée aux bons soins du pilote, Charlie se laisse couler, imbriquant parfaitement son corps contre celui de Lando, ses doigts venant recouvrir la main qui repose toujours sur son ventre, nouant leurs mains ensemble.

- Il faut se réveiller, princesse, il chuchote doucement. On est arrivés en Angleterre.

La Normande laisse à peine échapper une plainte, ne voulant quitter son cocon de chaleur pour rien au monde.

- Quelle heure il est ? Elle ronchonne.

Elle plisse les yeux lorsque la lumière d'un écran de téléphone que l'on allume l'aveugle soudainement et grogne une plainte contre Lando qui rit doucement.

- Trois heures moins le quart, un membre de l'équipage est déjà passé pour nous dire que le débarquement allait commencer, il faut que l'on y aille.

- Pas envie, elle soupire.

Malgré l'obscurité et ses yeux encore fermés, Charlie peut parfaitement sentir le sourire de Lando contre sa peau lorsqu'il lui répond :

- Je te promets qu'à la seconde où on descend de ce bateau, je nous trouve un parking où garer le van et on termine notre nuit tranquillement, OK ?

La main qui caressait toujours ses cheveux s'éloigne progressivement et Charlie laisse échapper un nouveau soupir à fendre l'âme, fermement accroché à la main du pilote toujours posée à plat sur son ventre.

- Encore cinq minutes ? Elle tente de négocier.

Elle le sent secouer la tête avec amusement, son nez éraflant doucement son épaule alors qu'il prend une inspiration.

- Je te les aurais bien accordés, il rit. Mais ça fait deux heures que tu dors sur mon bras et je t'avoue que je ne sens plus grand-chose.

Surprise, elle se redresse immédiatement et s'écarte pour lui permettre de récupérer son membre endolori, regrettant immédiatement la chaleur qu'il lui apportait.

- Désolé, elle s'excuse. Tu aurais dû me réveiller.

- C'est bon, il sourit. Ça ne me dérange pas.

Charlie ne répond pas, rattrapée par la fatigue de devoir se réveiller au milieu de la nuit. Lando, bien plus alerte qu'elle, remarque immédiatement ses paupières lourdes et ses épaules tombantes. Il esquisse un sourire attendri avant de l'inviter à s'asseoir.

- Viens par-là, il souffle doucement.

Silencieusement, Charlie glisse jusqu'au bord du lit, frissonnant lorsque ses pieds nus touchent le sol froid de la cabine. De son côté, Lando se redresse et quitte les draps avant d'aller fouiller dans son sac à dos et d'en sortir un sweat-shirt.

- Lève les bras, il demande.

Toujours silencieuse, Charlie obéit et lève les deux bras pour permettre à Lando de lui enfiler le vêtement comme à une enfant.

Le sourire ne quitte pas les lèvres du jeune homme alors il saisit les mèches blondes et les regroupe pour éviter qu'elles ne se retrouvent coincées dans le col du vêtement et rabat délicatement la capuche sur son visage pour la protéger de la fraîcheur de la nuit.

Puis avant qu'elle ait le temps d'ouvrir la bouche, il s'abaisse encore, tombant sur les genoux devant elle, toujours assise sur le lit.

Lando Norris à genoux devant elle.

Charlie cligne des yeux.

Deux fois.

Juste histoire d'être sûr.

Eh.

Comment on est censé se remettre d'un truc pareil ?

- Qu'est-ce que fait ? Elle demande, les joues rouges alors qu'il saisit délicatement sa cheville, lui arrachant un frisson.

- Le sol est froid, il souffle. Tu n'as pas de chaussures.

La blonde réfléchit un instant, il a raison, elle a quitté le van en chaussettes, mais ça ne répond pas à la question principale : Qu'est-ce que Lando fait à genoux devant elle, sa cheville dans la main comme s'il s'agissait d'une œuvre d'art.

Charlie pince les lèvres fort.

Vraiment très fort.

Ce n'est pas le moment de faire une référence à 50 nuances de Grey, un peu de sérieux.

Avant qu'elle ait le temps de dire une connerie plus grosse qu'elle, Lando lui a déjà passé une grosse paire de chaussettes de sport qui remontent jusqu'au milieu de ses mollets dénudés et s'est redressé, la surplombant à présent de toute sa hauteur.

Particulièrement fier de lui, il lui tend une main qu'elle saisit avant de l'aider à se lever.

- On y va ?

Avant qu'elle n'ait le temps de comprendre ce qui lui arrive, Charlie se retrouve balader dans les couloirs du bateau, vêtu d'un sweat-shirt beaucoup trop grand, d'un short et en chaussettes, tirée par le pilote qui n'a pas lâché sa main une seule fois. Un petit sourire lui échappe en voyant la manière dont il a emmêlé leurs doigts, glissant régulièrement son pouce en de petites caresses sur le dessus à sa main.

Rapidement, ils se retrouvent entraînés dans la foule de passagers qui, comme eux, cherchent à rejoindre leurs véhicules. Une fois dans la file d'attente, Lando ajuste la casquette qui dissimule son visage et rapproche Charlie de lui, lâchant sa main pour passer un bras autour de ses épaules et la plaquer contre lui, le visage de la jeune fille tombant parfaitement dans le creux de son cou.

Lorsqu'elle lève les yeux pour le questionner sur cette soudaine étreinte, leurs regards se croisent et il semble lire en elle.

Abaissant légèrement son visage, il chuchote juste au creux de son oreille, obligeant Charlie à fermer les yeux pour ne pas juste pleurer de bonheur.

- Il y a un type avec un t-shirt McLaren à vingt mètres de nous, il explique. Il ne nous a pas vus et je n'ai pas vraiment envie de créer un mouvement de foule alors que tu es là.

Compréhensive, elle hoche la tête et glisse de nouveau son nez dans le cou du pilote qui resserre son emprise autour de ses épaules et Charlie enroule ses bras, recouverts par les manches trop longues de son pull, autour de la taille de Lando, s'appuyant un peu plus sur lui.

Le temps semble long à la jeune fille alors qu'ils avancent à peine dans la queue, petits pas par petit pas et elle se sent bientôt piquer du nez contre le torse du pilote sur lequel elle s'appuie un peu plus à chaque minute.

- Charlie, tu t'endors.

- Non, elle souffle. Je repose juste mes yeux.

- Bien sûr, il lève les yeux au ciel. Et moi, je suis champion du monde.

- Pour ça, il faudrait que Max soit mort, elle rit doucement.

Une plainte étouffée lui échappe lorsqu'il enfonce ses doigts dans sa taille et elle s'agrippe un peu plus au brun.

- On t'a déjà dit que tu étais une vilaine peste ? Il grimace.

- La peste va te laisser en plan à la prochaine aire d'autoroute.

Lando ne répond pas, mais tout dans le sourire resplendissant qu'il lui adresse hurle qu'il n'en croit pas un mot. Il a bien raison, Charlie ne pourrait jamais l'abandonner.

Elle ne saurait même pas comment faire pour arrêter de le regarder.

La file d'attente avance légèrement et ils font un petit pas sur le côté pour suivre la progression, Charlie complètement avachie sur Lando qui s'appuie contre le mur du couloir pour ne pas perdre l'équilibre. Vu de l'extérieur, il est parfaitement impossible de reconnaître la Française dont le visage, enfoncé dans le t-shirt du garçon, n'apparaît que lorsqu'il saisit son menton d'une main pour l'obliger à le regarder droit dans les yeux.

- Mes grands-parents seront à Silverstone, il souffle. Est-ce que tu veux les rencontrer ?

Charlie fronce les sourcils un instant, elle n'est pas vraiment en état d'avoir une conversation aussi sérieuse.

- Ils seront là tout le week-end ?

- Non, seulement dimanche, mais si ça te gêne, je peux demander à Max de te garder une place chez Red Bull pour la course.

Hm.

Ça mérite réflexion.

Pas que Charlie n'ait pas envie de rencontrer les grands-parents de Lando, ils sont sans doute tout aussi incroyables que lui, mais ça a un côté officiel, un peu comme un examen à passer ou une approbation à recevoir.

Ça donnera à leur relation une tournure officielle qu'elle n'est pas certaine de vouloir affronter maintenant.

« Papi, mamie, voici Charlie, mon amie. »

C'est la porte ouverte à la friendzone, comment est-ce que l'on sort de la grands-parents zone ?

Ou alors, il ne dit pas qu'elle est son amie et là, c'est encore plus terrible parce qu'il faudra réfléchir, agir vite et tout le monde sait que Charlie ne sait pas agir sous la panique. Elle dira forcément une connerie qui la fera passer pour la pire des idiotes ou la plus grande des dégénérées devant les grands-parents de l'homme qu'elle essaye d'impressionner.

Et s'ils ne l'apprécient pas ?

Pire, qu'est-ce qu'elle fera s'ils lui demandent de ne plus s'approcher de Lando.

Charlie à une très grande estime pour la famille, la sienne passe avant tout autre chose et elle se voit mal aller contre l'avis des grands-parents de Lando. Non pas qu'elle pourrait réellement envisager d'arrêter de le voir, mais il faudrait qu'ils soient plus discrets, il ne pourrait plus venir à son van et elle devra dire adieu aux pass paddock...

Mais, si Lando écoute ses grands-parents et décide d'arrêter de lui parler parce qu'elle n'est pas une bonne fréquentation et qu'elle a écrit une fanfiction sur Sebastian Vettel ?

- Hé, Charlie ? Il s'inquiète. Je pense que tu réfléchis trop, ils seront très heureux de te rencontrer si tu en as envie, mais tu as le droit de me dire non. Je ne veux pas que tu te sentes obligée de quoi que ce soit.

Délicatement, il prend ses deux joues en coupe, brossant ses pouces juste sous ses yeux pour attirer son attention et plonger son regard dans le sien.

- Je ne veux pas te mettre la pression, d'accord ? Je ne serai pas triste si tu dis non et on se verra quand même ce week-end. Je suis désolé de t'avoir proposé ça comme ça, c'était maladroit.

Lando pince les lèvres, l'air réellement préoccupé et Charlie n'a pas envie qu'il s'en veuille pour quelque chose d'aussi adorable que de vouloir lui présenter ses proches. Touchée, elle esquisse un petit sourire et lève les mains pour pouvoir, à son tour, attraper les deux joues du pilote, l'attirant vers elle jusqu'à coller leurs fronts l'un contre l'autre.

- Hey, c'est bon, elle souffle. Je serais très heureuse de les rencontrer si tu en as envie.

Elle ponctue ses paroles de son sourire le plus sincère, terminant de convaincre le pilote qui laisse échapper un petit soupir de soulagement.

- D'accord, il sourit. Je suis sûr que tu vas les adorer.

- S'ils sont comme toi, ça ne fait aucun doute.

Oh wouah.

Cette disquette.

Parfois, Charlie se surprend elle-même.

Au-dessus d'elle, Lando laisse échapper un rire surpris et amusé avant de relâcher ses joues.

- Dors Casanova, il rit.

Délicatement, il appuie la tête de la Normande contre son torse pour l'inciter à se laisser aller, posant son menton contre son crâne.

- Mais tu as dit que...

- C'est bon, tu as besoin de te reposer. Je te réveillerais quand ça sera notre tour d'y aller.

Les paupières lourdes, il n'en faut pas plus à Charlie pour s'abandonner à l'étreinte brûlante qu'il lui offre, intimement convaincue qu'il ne la laissera pas tomber si elle s'endort.

Charlie sait parfaitement que Lando prendra soin d'elle.

Elle a tellement confiance en lui qu'elle ne se réveille même pas lorsqu'il attrape ses cuisses et la soulève comme on porterait un enfant, marchant jusqu'au van en s'attirant des regards curieux et amusés de toutes les personnes qu'ils croisent sur leur route.

Astucieusement, il déverrouille la porte du van dont il a récupéré les clés et se glisse à l'intérieur, laissant tomber au sol le sac de vêtements qu'il tenait à bout de bras.

- Charlie ? Il appelle doucement. Il faut que tu te réveilles, on est arrivés.

Il faut une longue minute et plusieurs autres appels pour que la Normande trouve la force de répondre :

- Non, elle grogne.

- Comment ça, non ? Il rigole. Ce n'était pas vraiment une question.

- Je suis bien là, elle râle.

- Je me doute, il se vante. Mais je ne peux pas te porter et sortir le van du bateau en même temps alors il va falloir faire un choix.

Intriguée, la blonde mobilise quelques neurones supplémentaires pour relever la tête et tenter de comprendre la situation.

Attention, ça va aller très vite.

Les mains de Charlie autour des épaules de Lando, les mains de Lando sous les cuisses de Charlie, juste sous ses fesses, Charlie qui surplombe Lando, Lando qui appuie de dos de Charlie contre la porte pour ne pas la faire tomber, les cuisses de Charles enroulées autour des hanches Lando, leurs poitrines plaquées l'une contre l'autre, les yeux de Lando braqués sur elle, leurs lèvres si proches que leurs souffles se mêlent à chaque expiration...

Charlie ferme les yeux et bascule la tête en arrière jusqu'à ce qu'elle cogne contre le battant en métal.

Elle n'est clairement pas assez réveillée pour ce genre de connerie.

S'il vous plaît, partez devant, continuez l'histoire, Charlie vous rejoindra plus tard.

- Charlie ? Il l'appelle.

- Je suis là, elle souffle. Juste... Donne-moi juste une seconde, s'il te plaît.

Est-il utile de préciser qu'elle peut sentir chacun des doigts du pilote enfoncés dans la chair tendre de ses cuisses, juste à la limite de son short, la façon dont il la maintient plaquée contre la porte tout en lui laissant juste assez d'espace pour réfléchir mais pas assez pour aligner deux pensées qui ne soient pas directement en rapport avec le fait d'enfoncer ses doigts dans les mèches brunes de l'Anglais et plaquer leurs lèvres ensembles pour un baiser endiablé.

Comme pour s'assurer que tout cela est bien réel, la Française ouvre un œil, tombe immédiatement sur les prunelles bleu céruléen du pilote qui la dévisage toujours et referme les yeux.

OK Charlie, on inspire et on expire.

Doucement, elle rouvre les yeux et tombe immédiatement pour le doux sourire fiché sur les lèvres de Lando qui la regarde attentivement, presque comme s'il cherchait à graver chaque détail de son visage dans sa mémoire.

- De retour parmi nous ? Il sourit.

Silencieuse, elle hoche la tête et se laisse glisser contre le mur lorsqu'il la repose au sol, ne perdant pas une miette de la contraction de ses épaules lorsqu'il se redresse et passe une main dans ses cheveux.

Dieu, merci pour Lando Norris.

- Tu montes te coucher ? Il suggère. Je te rejoins dès que j'ai trouvé un parking où passer le reste de la nuit.

Nouveau hochement de tête silencieux pour Charlie qui a atteint les limites de ses capacités cérébrales.

Mieux vaut garder le silence et éviter de dire une connerie maintenant.

Toujours souriant, Lando se penche vers elle, passe une main sur ses cheveux, saisissant une mèche blonde qu'il détaille un instant avant d'embrasser le haut de son front.

- Bonne nuit princesse.

Avant qu'elle n'ait le temps de dire quoi que ce soit, il a déjà filé en direction du siège conducteur.

Cette nuit ressemble un peu trop à des montagnes russes pour Charlie qui patiente une seconde, un peu perdue, avant de finalement grimper les premières marches de l'échelle qui la mène jusqu'au lit dans lequel elle s'étend, dans l'expectative.

Depuis le début de cette aventure avec Lando entre Spielberg et Silverstone, à chaque fois qu'elle a fermé les yeux, une chose encore plus improbable et impossible que les précédentes est arrivée à son réveil.

N'allez pas croire qu'elle n'aime pas les surprises, la vie de Charlie est faite d'imprévus, de surprises et d'une bonne dose de chance, mais parfois, même pour elle, c'est un peu trop.

Voyager ainsi avec Lando, cette chorégraphie étrange de flirt, de tendresse et de tension qu'ils ont mis en place sans jamais en fixer les limites, sans en parler du tout d'ailleurs, ça a quelque chose de grisant et d'effrayant en même temps.

Une porte ouverte sur un monde de possibilité toutes plus folles les unes que les autres et pourtant aucun des deux n'ose en franchir le seuil, comme s'il y avait une possibilité que tout cela n'ait été qu'un mirage.

Charlie n'ose pas dire à Lando ce qu'elle ressent, parce qu'elle craint de franchir une ligne, une limite invisible et pourtant bien réelle. Et s'il ne l'aime pas en retour ? Et si la alchimie entre eux deux n'est que le résultat d'un flirt et pas de sentiments plus profonds ? Et si elle n'est qu'une passade à ses yeux, juste assez intéressante pour le divertir le temps d'une saison avant de se tourner vers l'avenir ?

Charlie redoute toutes ces possibilités qu'elle ne maîtrise pas, elle ne connaît finalement pas ce monde dont elle a été passionnée toute sa vie, elle peine à se trouver une place, fan, connaissance, amie, plus ?

Elle est terrifiée à l'idée de perdre tout ce qu'elle a obtenu sur un incroyable coup de chance, une opportunité qui pourrait bien disparaître à la première erreur en la laissant revenir à un quotidien fait de normalité.

Trois jours et trois nuits, c'est le temps qu'il lui aura fallu pour se rendre compte qu'elle ne pourra jamais être amie avec Lando.

Pas quand elle est amoureuse à ce point.

C'est aussi le temps qu'il lui aura fallu pour comprendre que parfois, il faut se satisfaire de ce que l'on a et ne pas chercher à obtenir plus au risque de tout perdre. Charlie prendra tout ce que Lando pourra lui donner, mais elle ne demandera rien, n'attendra rien et surtout, lorsque l'heure de la fin du rêve aura sonné, elle s'est jurée de ne rien regretter.

Si tout cela ne doit durer que le temps d'un été, elle gravera chaque seconde, chaque instant dans sa mémoire avant de reprendre le cours de sa vie.

C'est sur cette promesse douce-amère que Charlie ferme une nouvelle fois les yeux, s'abandonnant au sommeil, seule dans les draps, inconsciente du fait que le pilote McLaren vient la rejoindre quelques minutes plus tard, impatient de pouvoir la tenir à nouveau dans ses bras.

Elle ne reprend conscience que plus tard ce matin-là, bien au chaud dans les bras du pilote presque enroulé autour d'elle comme si elle était une peluche, la tête enfoncée dans son cou brûlant, respirant son odeur envoûtante.

Comment fera-t-elle pour réapprendre à dormir seule après avoir dormi dans les bras de Lando ?

En volant plus de pulls et peut-être en achetant une réplique grandeur nature du pilote en coussin.

Ça existe forcément.

Même si c'est hyper glauque.

La blonde remue discrètement pour essayer de se dégager de l'étreinte qu'il maintient autour d'elle et le brun gémit dans son sommeil avant d'ouvrir un œil encore endormi.

- Charlie ? Il appelle.

Doucement, elle se penche pour déposer un baiser sur sa joue.

- Dors, elle chuchote. Je vais conduire un peu.

- Je peux le faire, il soupire de sommeil.

- Non, elle contredit. Il faut que tu te reposes si tu veux être en forme pour battre Max.

Il la regarde un instant, confus, le regard brillant de sommeil, avant d'esquisser un petit sourire et de fermer les yeux doucement.

Satisfaite, Charlie glisse hors du lit le plus silencieusement possible, elle en profite pour chiper le sweat-shirt que Lando lui a prêté cette nuit, beaucoup trop grand pour elle, mais terriblement confortable avant de prendre une pomme et de s'asseoir derrière le volant.

Il leur reste un peu moins de trois heures avant d'arriver à Silverstone en contournant Londres et les bouchons du centre-ville, si tout se passe bien, ils y seront juste avant midi et Lando pourra participer aux événements et aux réunions prévues cette après-midi.

Profitant de l'heure encore avancée, Charlie à le temps de conduire deux heures avant d'entendre du bruit derrière elle. La Normande ne se retourne pas, devinant au son qu'il produit que le pilote est en train de s'habiller.

Et si son œil glisse par inadvertance vers le rétroviseur, c'est une pure coïncidence.

Car Charlie ne matte pas.

Elle profite du spectacle.

Rapidement, elle se reconcentre sur la route en entendant les bruits de pas s'approcher et replace dans l'axe le véhicule légèrement dévié de sa trajectoire avant de souffler dans un sourire :

- Bonjour rayon de soleil !

Lando, sweat-shirt jaune fluo LN4, jean noir près du corps, sneakers blanche et lunettes de soleil noires coincées dans ses boucles brunes s'abaisse pour déposer un baiser sur le haut de son crâne avant de s'asseoir sur le siège passager.

La blonde plisse les yeux en le détaillant.

Arf, il n'y a vraiment qu'à lui que cette couleur va.

- C'est mon surnom que tu utilises, rayon de soleil, il fait remarquer.

- Et alors ? Il te va bien, elle hausse les épaules.

- Tu pourrais trouver quelque chose d'un peu plus charismatique, il se plaint.

- Comme quoi ?

Lando fait semblant de réfléchir une seconde avant d'esquisser un petit sourire fier.

- Champion ?

La Normande lève les yeux au ciel.

- Pour que je t'appelle champion, il faudrait déjà que tu gagnes une course, elle ricane. Mais j'y penserai la prochaine fois que j'aurais besoin d'appeler Max ou peut-être que ça ira mieux à Charles ? Elle hésite.

Outré, l'Anglais porte une main à son cœur, une expression de douleur intense plaquée sur le visage. 

Drama queen.

- Outch, tu me brises le cœur, il pleurniche. Et puis j'ai déjà gagné des courses, beaucoup même !

- Je sais, Lando, mais champion ? Vraiment ? Tu n'as rien de plus narcissique à proposer ?

- Mais j'aime bien champion...

Elle esquisse un sourire amusé devant sa mine enfantine. Lando Norris qui fait un caprice ? L'être humain n'est pas conçu pour résister à ce genre de choses.

- OK champion, elle capitule. Tu veux que l'on s'arrête pour petit-déjeuner ?

- Tu n'as pas encore mangé ?

- Si, une pomme quand je me suis levé, mais j'ai très envie d'un chocolat chaud, elle rêve.

- D'accord, sourit-il. Trouve-nous une aire d'autoroute, je m'occupe du reste !

Le brun se propulse hors du siège et disparaît alors qu'elle esquisse un sourire amusé. Au cours des trois derniers jours, Lando ne s'est pas vraiment illustré en cuisine et si elle n'avait pas une confiance aveugle en lui, Charlie aurait peur qu'il s'électrocute avec le grille-pain.

Mais à part une légère odeur de brûlé, aucun cri ne résonne dans le van et elle se gare sur le premier parking sur leur trajet avant de le rejoindre à l'arrière.

- J'espère que tu aimes tes toasts bien cuits, il sourit, un peu gêné.

- C'est parfait, j'aime quand ça croustille.

Patiemment, sans qu'elle n'ait besoin de dire quoi que ce soit, il tartine deux toasts de beurre avant de les déposer devant elle et d'entreprendre de découper une pomme et de lui tendre les morceaux au fur et à mesure.

Charlie le regarde faire, un petit sourire aux lèvres, le cœur palpitant doucement dans sa poitrine en constatant qu'il prend aussi naturellement soin d'elle.

Lando relève les yeux vers elle, intrigué par son silence et la dévisage une seconde.

S'il était un peu moins aveugle, il verrait sans doute qu'elle le regarde avec les yeux de l'amour, il se lèverait pour l'embrasser et, trop occupés à rattraper le temps perdu, ils n'arriveraient jamais à l'heure pour les réunions de Lando...

Mais ceci est un slow burn donc on en reparle dans vingt chapitres, d'accord ?

- Qu'est-ce qu'il y a ? Il demande à la place.

Le sourire de Charlie ne quitte pas ses lèvres tandis qu'elle secoue la tête pour montrer que tout va bien.

- Rien, j'ai seulement du mal à me dire que c'est déjà terminé.

Le Britannique acquiesce lentement.

- Tu sais, la saison est loin d'être terminée, il reste encore beaucoup de Grand Prix, on pourra refaire ça si tu veux ?

- J'aimerais beaucoup, mais tu sais, je suis déjà à la moitié de ma saison, elle grimace. Après Silverstone, il ne restera plus que quatre Grand Prix en Europe.

Les sourcils du pilote se froncent.

- Je n'y avais pas pensé comme ça.

- Eh oui, elle hausse les épaules. Je ne me plains pas, neuf Grand Prix dans la même saison, c'est déjà quelque chose d'extraordinaire et puis j'espère bien garder les amitiés que j'ai créées donc ce n'est pas vraiment comme si tout allait s'arrêter du jour au lendemain, elle relativise.

Elle lui sourit, mais il ne répond pas, visiblement en pleine réflexion et Charlie choisit de changer de sujet.

Quatre Grand Prix, c'est encore long, pas la peine de se prendre la tête maintenant, elle y pensera plus tard.

La discussion se poursuit sur un ton un peu moins joyeux et Charlie s'en veut d'avoir amené le sujet sur la table alors elle fait son maximum pour sortir le pilote de ses pensées en assurant une animation de qualité.

Au moment de repartir, Lando insiste pour conduire jusqu'au circuit et comme Charlie ne peut rien lui refuser, elle accepte facilement.

La blonde profite du fait que l'attention du pilote est concentrée sur la route pour se changer et se préparer pour la journée chargée qui les attend. Avant de retirer ses vêtements, elle jette un œil au rétroviseur et se positionne de manière qu'il ne puisse rien voir de réellement intime.

Pensive, elle opte pour une longue jupe en jean noire fendue sur le devant, un t-shirt jaune fluo de la dernière collection LN4 qui la fait grimacer en l'enfilant et noue juste au-dessus de la jupe avec un nœud. Une paire de baskets noires, quelques barrettes dans les cheveux et un maquillage discret plus tard, elle est satisfaite de sa tenue et reprend sa place aux côtés du pilote qui l'admire un instant.

- Tu as fait matcher nos tenues, il sourit.

- Il est normal que je soutienne un minimum mon fournisseur de pass paddock, elle hausse les épaules sans le regarder.

- C'est tout ce que je suis pour toi ? Il s'offusque. Un Sugar Daddy version F1 ?

Elle lui adresse un sourire plein de dents et ne répond pas alors qu'il lève les yeux au ciel, amusé.

La petite heure qui suit se déroule dans un calme relatif, évidemment Charlie ne lui dit pas qu'ils sont en train d'écouter la playlist « Lando Norris Taylor's version » et il ne pose pas de question non plus. Arrivée à un quart d'heure du circuit, elle effectue une recherche sur le GPS et modifie légèrement leur destination sous le regard curieux du pilote qui suit les nouvelles indications.

- On s'arrête ici, elle souffle doucement.

- Devant une église ? Il questionne. Si tu veux m'épouser, il s'agit de commencer par me demander en mariage Charlie.

Amusée, elle secoue la tête avant de reprendre une mine sérieuse.

- Tu n'es pas obligé de m'accompagner si tu ne veux pas, j'en ai pour cinq minutes.

Puis, sans ajouter plus de détail, elle détache sa ceinture et quitte le van.

La fraîcheur du bâtiment la fait frissonner lorsqu'elle y entre et, tout en effectuant un rapide signe de croix, elle entreprend de repérer les lieux. Une fois familiarisée, elle adresse un petit sourire aux paroissiens présents dans l'édifice et qui la dévisage curieusement avant de glisser une pièce dans le présentoir et de saisir une bougie qu'elle allume avec beaucoup d'attention.

Debout, devant le brûloir, les yeux fermés, elle esquisse un petit sourire en devinant la présence de Lando à ses côtés.

- Alors, il chuchote. Explique-moi ce que l'on fait dans une église.

Sans ouvrir les yeux, sa petite bougie allumée toujours entre les doigts, la blonde s'appuie contre l'épaule du pilote qui la soutient sans difficulté.

- C'est un truc que l'on faisait, mon père et moi, elle explique. J'ai grandi dans une famille catholique pratiquante, on allait à la messe chaque dimanche et à la fin des célébrations, les week-ends de Grand Prix, on restait toujours un peu plus longtemps pour allumer une bougie et prier pour la sécurité des pilotes, c'est quelque chose que je fais toujours.

Doucement, elle ouvre les yeux pour tomber dans ceux bleus et admiratif du pilote qui ne se détache pas d'elle lorsqu'elle se penche pour déposer la bougie au milieu des autres.

Et peut-être que si Charlie était un peu moins aveugle, elle verrait l'adoration sans borne la fierté dans les yeux de Lando alors qu'elle est éblouissante dans la lumière tamisée des flammes.

Mais vous connaissez la chanson, pas vrai ?

- Je sais bien que c'est un peu idiot, elle sourit. Et que ça n'a aucun impact sur ce qu'il se passe sur le circuit, mais je veux y croire alors je continue.

Elle hausse les sourcils lorsque la main froide de l'Anglais glisse le long de son bras et s'enroule autour de ses doigts alors qu'il cherche ses mots.

- Non, ce n'est pas... Ce n'est pas du tout...il bégaie. Merci. Je ne sais pas pour les autres, mais je ne crois pas en Dieu alors je suis content que quelqu'un y croie pour moi.

- De rien, elle lui sourit. On y va ?

Encore chamboulé, il hoche doucement la tête et ils quittent silencieusement la bâtisse.

Lando regarde Charlie sur le chemin qui mène au circuit, à vrai dire, il ne la quitte pas des yeux ce qui a le don de faire rougir la jeune fille qui fait de son mieux pour rester concentré sur la route.

Le reste du trajet se fait en silence sans que cela ne soit dérangeant et ils profitent simplement de la présence de l'autre avant de devoir replonger dans le monde à grande vitesse de la Formule 1.

Lorsqu'ils arrivent en vue du circuit, Lando donne son badge d'accès au parking VIP à Charlie avant d'aller chercher ses affaires dans le fond du van, évitant ainsi d'être repéré par les nombreux fans qui patientent devant les barrières.

Chose vaine puisque leur petit voyage à travers l'Europe ne semble pas être passé inaperçu et la plupart des fans s'empressent d'entourer le van pour tenter d'apercevoir le pilote bien caché à l'arrière.

Charlie serre les dents et fait de son mieux pour n'écraser personne, on n'imagine pas le nombre d'angles morts que peut avoir un véhicule comme celui-ci et il leur faut de longues minutes et l'aide du service de sécurité du circuit par parvenir à s'extirper de la foule agglutinée autour d'eux.

Une fois garée sur la place indiquée, la Normande laisse échapper un soupir de soulagement qu'elle ravale presque immédiatement, manquant de s'étouffer au passage.

- Charlie ? S'inquiète Lando. Est-ce que ça va ?

Incapable de parler à cause de sa toux, elle se contente de pointer du doigt la source de son épouvante, une peur primaire au fond du regard.

Suivant son doigt, le pilote McLaren relève les yeux et laisse échapper une exclamation.

- Oh bordel.

À vingt mètres d'eux, les bras croisés sur sa poitrine et l'air sur le point d'exploser, Poppy Williams en personne.

- On est morts, gémit Lando.

Charlie ne peut s'empêcher d'acquiescer silencieusement et lorsque la chargée de communication leur fait signe de rappliquer sèchement, ils se jettent sur la porte, à deux doigts de se battre pour être le premier devant elle.

L'amour n'existe plus quand il s'agit de survivre à Poppy.

Poppy qui a d'ailleurs réellement l'air de fulminer, Charlie remet en question tous ses choix, à deux doigts de tomber à genoux pour implorer son pardon.

- Toi ! Elle pointe Lando du doigt et il sursaute. Je te jure que si tu n'étais pas le chouchou de Zak, je t'aurais déjà trouvé un remplaçant ! La prochaine fois que tu me fais un truc comme ça, je te jure que je te brise les jambes pour m'assurer que tu ne puisses plus aller nulle part !

Le visage du pilote se décompose à mesure que sa chargée de communication parle, mais Charlie n'a pas vraiment le temps de le réconforter puisque le regard haineux de l'Anglaise se porte sur elle.

- Et toi ! Espèce de psychopathe ! Kidnapper un pilote de Formule 1 ?!

- Popp's...tente Lando.

- Chut ! Tais-toi ! Je ne veux pas vous entendre, ni l'un, ni l'autre. Vous êtes punis !

Charlie hausse les sourcils.

Hein ?

- Quoi ? Mais de quoi est-ce que tu parles ?

- Cette course est très importante pour nous et puisque visiblement, vous ne savez pas vous tenir tranquille lorsque vous êtes ensemble, nous avons été obligés de trouver une punition à la hauteur de votre bêtise, elle ricane machiavéliquement.

- Mais enfin, Poppy, s'exclame Lando. On est des adultes, tu ne peux pas nous...

- Lando, elle l'interrompt. Jusqu'à la fin du Grand Prix, tu es privé de Charlie et pareil pour toi Charlie, tu es privée de Lando !

Il y a un blanc pendant lequel Charlie et Lando tentent de comprendre ce qu'elle vient de dire.

- Quoi ?!

Le sourire mauvais de Poppy s'agrandit de manière démoniaque alors qu'elle a l'air de s'amuser comme une folle.

- J'espère que vous avez bien profité l'un de l'autre pendant trois jours parce que vous ne vous reverrez pas avant dimanche !

Mais quoi ?!



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Hihihi, je sais, vous m'adorez

Qui aurait pu prédire un tel retournement de situation ! Certainement pas moi parce que ce n'était pas du tout au programme de l'histoire, mais que voulez-vous, je me suis dit que ça allait être drôle. Alors pensez-vous que Charlie et Lando vont réussir à tenir jusqu'à la fin du Grand Prix sans se voir ?

Pour revenir sur le petit passage de réflexion sur la relation de Charlie et Lando, j'espère que vous aurez pu vous mettre à sa place et comprendre son dilemme. Si Charlie tente quelque chose et que ça ne marche pas, elle perdra Lando et tout ce qu'il lui a apporté. Ça peut paraître un peu égoïste de notre point de vue parce que nous savons que les choses vont évoluer positivement, mais Charlie ne le sait pas et on ne peut pas lui reprocher de ne pas vouloir prendre le risque.

La galère d'être amoureuse d'un ami, soit ça fonctionne, soit on perd un ami :')

Le petit road trip en (presque) amoureux est maintenant terminé, on revient au schéma des Grand Prix et le prochain n'est pas des moindre puisque l'on met les pieds à Silverstone !

La semaine prochaine, pas de paddock pour Charlie, les pilotes se la jouent pigeons voyageurs et on retrouve des connaissances de Bahreïn !

Bye les copains ♡

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