𝐂𝐇𝐀𝐏𝐓𝐄𝐑 𝟏𝟎
— 𝐄 𝐋 𝐃 𝐎 𝐑 𝐀 𝐃 𝐎 —
𝐒𝐩𝐚𝐢𝐧 - 𝐏𝐚𝐫𝐭 𝐕
𝐅𝐀𝐂𝐓
𝟑𝟓% 𝐝𝐞𝐬 𝐠𝐞𝐧𝐬 𝐪𝐮𝐢 𝐮𝐭𝐢𝐥𝐢𝐬𝐞𝐧𝐭 𝐥𝐞𝐬 𝐚𝐠𝐞𝐧𝐜𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐫𝐞𝐧𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐬𝐨𝐧𝐭 𝐝𝐞́𝐣𝐚̀ 𝐦𝐚𝐫𝐢𝐞́𝐬.
𝟒 𝐉𝐮𝐢𝐧 𝟐𝟎𝟐𝟑
𝐂𝐢𝐫𝐜𝐮𝐢𝐭 𝐝𝐞 𝐁𝐚𝐫𝐜𝐞𝐥𝐨𝐧𝐚-𝐂𝐚𝐭𝐚𝐥𝐮𝐧𝐲𝐚
𝐂𝐚𝐭𝐚𝐥𝐨𝐠𝐧𝐞 – 𝐄𝐬𝐩𝐚𝐠𝐧𝐞
Assommée de sommeil, Charlie relève la tête en sursaut et se cogne la tête contre le plafond alors que de violents coups sont donnés à la porte son van.
Une plainte rageuse lui échappe et elle laisse retomber son visage dans l'oreiller, une main plaquée à l'arrière du crâne pour tenter de calmer la douleur qui irradie dans sa boîte crânienne.
Les yeux brûlants de fatigue, elle tend l'autre main vers son téléphone abandonné dans les draps et fronce les sourcils, aveuglée par la luminosité de l'écran.
8h30.
Elle va tuer celui ou celle qui a eu le malheur de la réveiller.
C'est même plus que ça, elle va le détruire.
Mais les coups contre sa porte ne s'arrêtent toujours pas et Charlie ne peut pas les ignorer indéfiniment. Avec un grognement rageur, elle se laisse glisser le long de l'échelle qui permet d'accéder au lit en hauteur.
Attachant rapidement ses cheveux en un chignon brouillon, elle n'oublie pas de tirer sur le bas du t-shirt qui lui sert de pyjama et fusille la porte du regard, prête à expliquer sa façon de penser au crétin qui a eu la brillante idée de la priver de sa grâce matinée.
La main sur la poignée, elle n'a même pas besoin de se forcer pour prendre son air le plus revêche et pousse le battant.
- J'espère que tu n'as pas peur de mourir parce que je vais te...
- Bonjour à toi aussi rayon de soleil !
...
Votre cerveau a rencontré un problème et doit redémarrer.
Redémarrage...
Installation des mises à jour 18% effectués, n'éteignez pas votre cerveau.
33%
46%
- Oula ! T'es pas du matin toi !
59%
75%
98%
- La terre appelle Charlie ? Oh eh ? Il y a quelqu'un ?
100%
Restauration des fichiers et paramètres Windows en cours.
Merci d'avoir patienté.
...
- Lando, elle souffle, surprise.
- Eh bah ! Je commençais à m'inquiéter. Tu es sûre que ça va ?
Les informations affluent dans l'esprit de la jeune fille : il fait jour, Lando est là, juste en face d'elle, elle est en pyjama et elle ne porte pas de short sous son tee-shirt, merde.
- Ça va, elle grimace. Juste un peu fatigué.
Le Britannique esquisse un bref sourire compréhensif et Charlie fait de son mieux pour ne pas prêter attention au regard qu'il porte sur ses jambes dénudées.
Surtout, ne pas lever les bras, elle pense. Ne pas lever les bras.
- Désolé de te réveiller, il s'excuse. J'ai oublié de te donner quelque chose hier soir et je risque de ne pas être très disponible aujourd'hui, tu sais, tourner en rond avec ma voiture, gagner des courses, le blabla habituel, il plaisante.
La blonde sourit et s'adosse au montant de la porte avant d'entrer dans son jeu.
- Il me semble avoir entendu parler de quelque chose dans ce genre-là, elle sourit. Des mecs qui tournent en rond pendant une heure et demie, il paraît que c'est un sport. Je regarderai peut-être si je n'ai rien d'autre à faire.
Il hausse un sourcil, amusé et elle lui sourit en retour avant de croiser les bras sur sa poitrine, l'air faussement ennuyée. Visiblement décidé à ne pas la laisser gagner cette fois, il ne se démonte pas et commence à chercher quelque chose dans sa poche.
- Tu as raison, il ricane. Il y a sûrement beaucoup de choses plus intéressantes à faire aujourd'hui comme par exemple regarder la course depuis l'intérieur du garage McLaren.
L'incompréhension passe dans les yeux de la jeune fille qui écarquille les yeux alors que le pilote Anglais semble s'amuser comme un fou, évitant volontairement de croiser son regard.
- Quoi ? Elle demande.
- Enfin, je dis ça, mais moi, je n'y suis pas alors je ne peux pas vraiment te dire, mais je connais quelques personnes qui l'ont déjà fait et il paraît que c'est plutôt sympa, un truc à faire quoi...
- Attends, attends, quoi ?!
- Après, je peux comprendre que tu as des choses plus importantes à faire, sourit-il, narquois. Après tout, qui est fan de Formule 1 de nos jours ? Trois pauvres péquenauds perdus dans leur campagne qui regardent encore la télé en noir et blanc. Vraiment, je te jure, je comprendrais tout à fait que tu ne veuilles pas venir...
- Lando ! Elle explose.
N'y tenant plus, Charlie décroise les bras et descend les quelques marches qui la séparent du pilote qui irradie de fierté mal placée.
Sans trop oser y croire, elle avale la distance entre eux deux, ne prêtant pas attention au sol goudronné qui érafle ses pieds nus et enfonce la pointe de son index, incrédule, dans le torse du pilote qui n'en finit plus de sourire.
- Qu'est-ce que tu as dit ? Elle répète.
Plus qu'amusé, Lando se penche en avant jusqu'à ce que la seule chose sur laquelle Charlie puisse se concentrer soit les lèvres du pilote.
- J'ai dit, il sourit de toutes ses dents. Viens voir la course depuis le garage McLaren.
Bouleversée, la blonde relève les yeux jusqu'à rencontrer ceux, incroyablement bleu, du pilote à la recherche de la moindre trace de moquerie, du moindre indice qu'il pourrait être en train de se payer sa tête, mais elle ne trouve rien et l'idée même que cela puisse être vrai lui fait monter les larmes aux yeux.
- Mais pourquoi ? Elle demande d'une voix tremblante.
Fier de lui et amusé, Lando s'écarte, faisant un pas en arrière avant de lui répondre.
- Parce que j'en ai envie ? Est-ce que j'ai besoin d'une raison particulière pour inviter mon amie ?
Son amie.
Lando a dit qu'elle était son amie.
Quelque part, tout en fond d'elle-même, la petite Charlie Rousseau de 12 ans laisse échapper un hurlement de pur bonheur, celle de 23 ans aussi d'ailleurs.
Ils ne se sont vus que trois fois, c'est improbable. Est-ce que l'on peut même devenir ami en si peu de temps ? Et pourtant, il est là, face à elle, agitant sous ses yeux à la manière d'un pendule d'hypnotiseur, une carte magnétique frappée d'un grand VIP vert fluorescent souligné par les rayons du soleil levant.
Et Charlie a-t-elle besoin de préciser à quel point Lando est beau ainsi éclairé par les premières lueurs du jour ?
Oui. Définitivement.
Elle préférerait mourir que de l'admettre à voix haute, mais il est tout simplement magnifique, comme à chaque fois qu'elle pose le regard sur lui. Rayonnant de confiance dans son sweat-shirt orange flashy, sa casquette blanche enfoncée sur le crâne dissimulant ses boucles indisciplinées et son éternel sourire éclatant qu'elle ose à peine regarder sous peine de ne plus pouvoir s'en détourner.
À cet instant précis, il a l'air si sûr de lui, confiant, amusé, lumineux, il est tout simplement radieux, si loin du doute et des incertitudes qu'elle lui a découvert à Monaco quelques semaines plus tôt.
Dans sa poitrine, le cœur de Charlie tressaute rapidement sans qu'elle ne puisse l'en empêcher.
Ouais, il va falloir qu'elle se calme.
Perdue et reconnaissante, elle cherche ses mots quelques secondes.
- Mais...Je n'ai rien fait qui...
Il lève les yeux au ciel avec amusement et elle s'interrompt, les joues rougissantes.
- Si tu tiens tant à te rendre utile, tu n'auras qu'à me porter chance, il suggère.
Charlie bloque un instant sur ses mots avant de secouer la tête, un petit sourire amusé étirant ses lèvres.
- Je ne sais pas vraiment comment faire ça, fait-elle remarquer.
Il hausse les épaules pour seule réponse avant de lui accorder un clin d'œil amusé.
- Sois juste là, il souffle.
La jolie blonde sent son visage s'empourprer violemment et croise les doigts de toutes ses forces pour que le soleil qui se reflète dans les prunelles iridescentes du pilote l'empêche de le voir.
Doucement, il fait miroiter le pass devant son visage jusqu'à ce qu'elle se décide à l'attraper. Charlie n'ose pas trop y croire, c'est tellement improbable, impossible. Assister à la course depuis le garage, c'est quelque chose qui est habituellement réservé aux sponsors, à la famille, aux amis proches, aux petites amies...
Elle regarde avec admiration la carte entre ses mains, en effleurant avec dévotion les contours brillants, accrochant la pulpe de ses doigts sur les bords arrondis. Elle a déjà tenu le pass de Lando et le sien à Bahreïn, mais celui-ci est différent, précieux, c'est le sien.
- Je suis content de voir qu'il te plaît, se félicite Lando.
Touchée, la blonde relève ses yeux brillants vers le pilote qui la dévisage toujours.
- C'est le plus beau cadeau qu'on ne m'ait jamais fait.
Le Britannique à soudain l'air gêné, presque timide, alors qu'il baise les yeux, un petit sourire embarrassé sur les lèvres.
- Je suis sûr que non, il contredit.
Il se balance délicatement sur ses pieds pendant une seconde et la jeune fille n'a pas le courage d'insister. Le pilote relève la tête après un petit moment de silence et Charlie se rend compte d'à quel point ils sont proches l'un de l'autre. Il n'en faut pas plus pour que son visage s'échauffe et que son cœur s'affole.
- Il va falloir que j'y aille, il souffle. Tu sais, j'ai tous ces trucs de planning et de course à gagner.
Elle acquiesce doucement et prise d'une fulgurance qu'elle regrettera sans aucun doute ensuite, blottie sous les couvertures pour essayer de se convaincre que cela n'est pas arrivé, se penche en avant et enroule ses bras autour de la nuque du pilote avant le nicher son nez dans le col de son sweat.
À peu près au même moment, son cerveau courcircuite pour la deuxième fois en moins d'une heure et elle n'arrive pas à paniquer lorsqu'elle se rend compte qu'il ne lui rend pas son étreinte.
Elle est là, pieds nus sur le goudron humide, avec son pyjama trop court maintenant qu'elle a levé les bras et ses cheveux formant une crinière infâme autour de son visage, la poitrine collée contre le torse du pilote de Formule 1 qui lui a offert le Saint Graal sous la forme d'une carte magnétique.
OK, peut-être qu'elle ira se cacher dans une grotte après ça.
Mais, à l'instant même où les choses commencent à devenir gênantes pour Charlie qui desserre son étreinte autour de la nuque de Lando pour se reculer, il arrive quelque chose de tout à fait incroyable.
Le genre de moment à graver d'une pierre blanche.
Délicatement, presque avec hésitation, les mains de Lando glissent le long de sa taille en une lente caresse aérienne avant de trouver leur place dans le bas de son dos, la pressant un peu plus fort contre lui alors qu'il plonge son visage dans son cou, profitant de son tee-shirt large qui tombe sur son épaule pour glisser son nez contre sa nuque, à la jonction de son cou et de son épaule, arrachant un frisson à la jeune fille.
- Merci Lando, elle chuchote.
Et si sa conscience lui hurle qu'il ne s'agit que d'un câlin sans importance, une étreinte sans conséquence, Charlie sait parfaitement que cela n'a rien à voir avec celui qu'ils ont échangé à Bahreïn.
Là-bas, sous le soleil brûlant, noyé dans cette marée humaine, il était le pilote et elle était son admiratrice, ici, dans la fraîcheur des premiers rayons du jour Espagnol, plongés dans un silence complice, ils sont des amis.
Charlie est la première à reculer, laissant aux mains de Lando le temps d'imprimer leur souvenir sur la peau de ses hanches avant qu'il ne fasse un pas en arrière, ne laissant derrière lui qu'une caresse fantôme.
- Il faut que j'y aille, sourit-il.
La Normande hoche vigoureusement la tête, elle sait qu'elle ne peut pas le retenir, elle n'en a pas envie non plus, il faut qu'il parte.
- Files ! On se voit tout à l'heure, elle sourit en retour.
Il la regarde encore un instant avant de hocher la tête, de faire demi-tour et disparaître derrière une rangée de vans garés plus loin.
À l'instant même où la silhouette du pilote s'évanouit dans la brume matinale, Charlie tourne les talons et file jusqu'au van, claquante la porte derrière elle pour s'y adosser, les deux mains plaquées contre son visage écrasant le pass paddock contre sa joue dans l'opération.
Écarlate, elle prend le temps de se repasser le film des dernières minutes, chacune de ses paroles, de ses gestes et de ceux de Lando.
Son regard fait plusieurs fois le voyage jusqu'au pass Paddock et, durant quelques secondes, elle est littéralement à deux doigts de mordre dedans pour s'assurer qu'il s'agit bien d'un vrai.
Il faut qu'elle appelle sa mère.
Quelques heures plus tard, debout, devant le miroir installé contre la porte de son van, habillée, coiffée, maquillée, Charlie jette un dernier regard à sa tenue. Elle vient de passer la matinée complète à tourner en rond cherchant comment avoir l'air parfaite, assise sur sa chaise au fond du garage McLaren et il s'est avéré que la mission est bien plus difficile qu'elle ne l'avait imaginé.
Et non, chercher des inspirations sur les réseaux sociaux n'est absolument pas une bonne idée. Son feed Instagram est à présent uniquement composé de POV en tout genre sur la F1 qui n'aide pas du tout et d'inspirations de tenues de copines de pilotes.
Game over pour Charlie qui décide de tenter le tout pour le tout et d'opter pour quelque chose de simple et de discret qui lui permettra de passer un minimum inaperçu tout en restant jolie. Quelque chose qui dit qu'elle n'est pas là pour parader, mais pour profiter et regarder la course.
Plus facile à dire qu'à faire.
En désespoir de cause, elle opte pour une combinaison en jean longue ceinturée à la taille dont elle retrousse les manches pour les raccourcir et ouvre quelques boutons pour dévoiler un léger décolleté très sage. Charlie à un peu peur d'avoir trop chaud, mais la météo n'indique pas plus de 22° aujourd'hui avec de possibles averses et elle n'a pas envie d'avoir froid pendant qu'elle attend la fin de la course.
Elle accessoirise le tout de sa paire de sneakers beiges, d'une pochette en cuir brun juste assez grande pour accueillir le pass, son téléphone et les clés du van ainsi qu'une paire de lunettes de soleil à monture dorée, on ne sait jamais.
Elle applique un maquillage discret pour rafraîchir son teint fatigué et laisse ses cheveux retomber librement dans son dos après les avoir légèrement ondulées en de longues boucles très naturelles.
Fin prête, elle se regarde encore une fois dans le miroir avant d'envoyer une photo à sa maman pour avoir son avis. Rassurée, elle prend la direction du paddock et passe les portiques sans difficulté. La course ne commence que dans une heure, mais l'endroit est plein à craquer de journalistes et de spectateurs qui tentent d'approcher au plus près des pilotes et des voitures.
En arrivant devant la zone réservée des garages, la blonde commence à stresser. Elle sait qu'on va la laisser passer, mais qu'est-elle censée faire après ? Arriver devant le garage McLaren avec un retentissant « Coucou, c'est moi ! » ?!
Après avoir présenté son pass et ses papiers d'identité à un homme muni d'une grande liste, on lui donne enfin accès à la zone des garages. Elle profite de l'occasion pour prendre un selfie avec Margot Laffite en pleine préparation du tournage de « La Grille ».
La Normande en profite également pour jeter de petits coups d'œil dans les garages devant lesquels elle passe sans trop oser insister, de peur d'être réprimandée par les ingénieurs et mécaniciens qui s'activent autour des voitures toujours présentes.
Arrivée devant le garage McLaren, Charlie pince les lèvres en ne reconnaissant personne susceptible de lui indiquer la marche à suivre. Elle attend quelques minutes, se balançant d'un pied sur l'autre à l'affût d'un visage connu. Évidemment, elle n'ose pas envoyer de message à Lando, à l'heure qu'il est, il doit être en pleine préparation et il est absolument hors de question qu'elle le dérange pendant cette phase si importante.
Après un moment, Charlie se sent prête à baisser les bras quand, apparut de nulle part à la manière d'un miracle, Poppy pointe le bout de son nez à l'arrière du garage. Perdant toute notion de discrétion, la blonde effectue de grands signes en direction de l'Anglaise qui fronce les sourcils en la reconnaissant. Après quelques secondes, elle finit par lever les yeux au ciel et la rejoindre devant les barrières.
- Pourquoi est-ce que je ne suis pas surprise, elle râle.
- Bonjour à toi aussi Poppy ! Tu n'imagines pas à quel point je suis heureuse de te voir !
- Et lui, il ne sait pas à quel point je vais le massacrer.
Charlie fronce les sourcils, elle a mal entendu à cause du bruit d'un extracteur d'écrou derrière elle.
- Quoi ?
- Laisse tomber, elle balaie. J'imagine que tu as un pass ?
Charlie acquiesce en sortant le badge de sa poche pour le montrer à la chargée de communication qui se pince l'arrêt du nez d'un air fatigué.
- Lando est passé me le donner ce matin.
Nouveau soupir de Poppy.
- Je jure que je vais lui mettre une laisse, elle marmonne.
Légèrement mal à l'aise, la Normande comprend que le pilote n'a pas exactement pensé à prévenir son équipe avant de l'inviter. Gênant.
- Hm...S'il y a un problème, je peux m'en aller et...
- Non, c'est bon, tu as le droit d'être là, Charlie. C'est juste ce crétin de pilote qui n'en fait qu'à sa tête.
Tout en parlant, elle lève le cordon qui les sépare et invite la jeune fille à entrer dans le garage.
- Ne sois pas trop méchante avec lui, dit Charlie en passant.
Poppy se contente de lui adresser un clin d'œil qui ne rassure pas vraiment la Française avant de tourner les talons et de l'inviter à la suivre.
- Je vais te montrer l'espace réservé aux VIP dans le fond du garage, tu devras rester là-bas jusqu'à la fin du Grand Prix, quelqu'un va passer vous distribuer des casques à toi et aux autres invités, OK ?
- OK, elle approuve. Il y a beaucoup de VIP ?
- Quelques-uns, surtout des sponsors maintenant que Lando a une chance de faire un podium. Des proches aussi, je crois qu'il n'y a que Max ce week-end.
Charlie hoche la tête et grince légèrement des dents, elle a déjà rencontré Max et on ne peut pas franchement dire qu'elle lui ait fait bonne impression, alors passer toute la course assise à côté de lui, elle n'arrive pas vraiment à se réjouir. Dire qu'elle adorait regarder ses live, quelle galère.
Suivant docilement les informations que lui donne Poppy, elle écoute attentivement tout ce que l'Anglaise a à lui dire, buvant ses paroles, les yeux pleins d'admiration fixés sur les deux monoplaces qui ne tarde pas à quitter le garage pour rejoindre leurs positions sur la grille de départ.
P3 et P10, de loin le meilleur départ de McLaren depuis le début de la saison. Charlie ne peut qu'espérer que la course se déroule sans accros.
Lunette de soleil sur le nez, casque sur les oreilles, elle a vaguement l'impression de ressembler à une grosse mouche et à en juger par les regards amusés des mécaniciens qui passent à côté d'elle, elle ne doit pas être très éloignée de la réalité. Surtout quand Shakira apparaît sur tous les écrans attirant l'attention de toutes les personnes présentes.
Décidément, nous ne sommes pas égaux face à la beauté.
Concentrée sur les télévisions accrochées un peu partout et les informations qui commencent à résonner dans ses oreilles, Charlie ne remarque pas les différentes personnes qui prennent place autour d'elle jusqu'à ce qu'en tournant la tête, elle découvre Max Fewtrell en personne, assis à sa droite qui la dévisage étrangement.
Merde.
Malgré la surprise, elle tente de lui faire un petit sourire alors qu'il pointe du doigt son casque. La blonde comprend qu'il veut lui parler.
Charlie déglutit lentement en s'exécutant.
- Bonjour, elle sourit.
- Qu'est-ce que tu fais là ?
Oh. D'accord. On repassera pour la politesse. Zen Charlie, sois gentille.
- Écoute, je pense que l'on est parti du mauvais pied hier et j'aimerais vraiment que l'on prenne le temps de...
- C'est Lando qui t'a invité ?
On respire et on garde son calme.
- Oui, répond-elle. Il est venu me voir ce matin.
Max fronce les sourcils et Charlie hausse les siens, attendant la suite de l'interrogatoire.
Mais ils sont interrompus par la main gantée de Lando qui vient s'enfoncer sur le crâne de Charlie alors qu'ils passent devant eux pour sortir du garage et se rendre jusque sur la grille de départ.
- À tout à l'heure, il souffle rapidement.
Charlie se contente d'un grand sourire encourageant et lève les pouces en l'air pour lui montrer son soutien.
Une fois le pilote disparu, elle redonne son attention au deuxième Britannique dont le regard fait des allers-retours entre elle et son ami, l'air suspicieux.
Voilà qu'il commence à lui taper sur le système.
- Qu'est-ce que tu veux ? Il demande.
Charlie lève les yeux au ciel avant de répondre.
- Ce que je veux ? C'est vaste comme question ! La paix dans le monde ? Sortir avec Harry Styles ? Être heureuse ? Je voudrais pouvoir voler aussi !
Max lui lance un regard noir en comprenant qu'elle se paie sa tête avant de reformuler sa question.
- Qu'est-ce que tu essaies de faire avec Lando, il crache.
Ah, voilà. On y est.
- Oh, eh bien, je dirais que je veux profiter de sa notoriété, détruire sa réputation, briser son cœur et vider son compte en banque. Satisfait ?
Il la regarde, parfaitement outré et elle ne retient pas un éclat de rire, attirant sur eux les regards de quelques mécaniciens.
- Je n'essaie rien du tout avec Lando, elle reprend. Ça nous est tombé dessus et je n'y peux rien. Pour l'instant, j'essaie juste de profiter de chaque chance qu'il m'offre, mais tu peux être rassuré, le jour où il ne voudra plus entendre parler de moi, je te promets de disparaître.
Charlie essaie d'ignorer le pincement de cœur qu'elle ressent à l'idée que Lando puisse ne plus avoir envie de la voir, mais elle est lucide, il ne s'agit certainement que d'une passade pour le pilote qui aura sûrement tôt fait de se trouver une autre lubie amusante.
C'est comme ça, il faut s'y faire, ils ne sont pas du même monde.
Max la dévisage encore quelques secondes avant de se tourner vers les écrans lorsqu'une voix annonce dans leurs casques le départ imminent du tour de formation. Ils reportent tous les deux leur attention sur la monoplace de Lando maintenant positionnée en troisième position même si Max ne semble pas décidé à lui lâcher la grappe.
- Je ne t'aime pas, il lance.
Charlie ne le regarde même pas, les yeux fixés sur les écrans, elle esquisse à peine un sourire narquois en répondant :
- Et moi, j'ai été élevée avec trois grands frères. Si tu veux m'intimider, il va falloir faire mieux que ça.
Il ne répond pas, se contentant d'un grognement que la blonde associe à la défaite et qui lui arrache un petit sourire victorieux.
Tout autour d'eux, une partie du staff est assise sur ses chaises pliantes, les yeux fixés sur les écrans qui transmettent en simultané les images du circuit et les caméras embarquées de Lando et Oscar. À quelques mètres d'eux, appuyé contre un meuble avant de rejoindre le muret des stands se tient Zak Brown. Il a l'air tendu.
Elle retient sa respiration lorsque le premier des cinq feux s'allume, frappée par le silence dans le garage et sur tout le circuit. Après ce qui lui semble avoir duré des heures, les feux s'éteignent, les moteurs rugissent et le cœur de Charlie manque un battement alors que toutes les monoplaces s'élancent vers le premier virage.
Elle s'autorise une courte inspiration en voyant Lando passer le premier virage sans encombre, perdant un peu de terrain sur Lewis Hamilton qui en profite pour se glisser à l'intérieur et prendre la troisième position.
Elle écarquille les yeux lorsque quelques mètres plus loin à peine, à l'entrée du deuxième virage, Lando essaie de se glisser dans le giron plus que resserré du septuple champion du monde.
Autour d'elle, plusieurs mécaniciens laissent exploser des cris de frustration lorsque la manœuvre se révèle trop risquée. La tentative de passage en force du numéro 4 déséquilibre l'arrière de la monoplace d'Hamilton qui percute l'aileron avant de la McLaren par la droite, répandant des débris sur la piste.
Sans qu'elle ne s'en rende compte, Charlie attrape la main de Max toujours à côté d'elle et la serre de toutes ses forces sous le coup de l'inquiétude, les yeux fixés sur la caméra embarquée du Britannique, se fichant totalement du regard surpris que le meilleur ami de celui-ci lui lance.
L'effet est immédiat pour la McLaren qui, un morceau de son propre aileron coincé dans l'avant de la monoplace, perd deux places supplémentaires avant la fin du sixième virage.
Catastrophe.
La voix douloureuse de Lando résonne dans les oreilles de tout le staff : « I've got damage »
Sixième à la fin du premier tour, Charlie regarde, impuissante, la voiture rentrer au stand pour changer l'aileron endommagé, tenter de poursuivre la course et de refaire son retard après un arrêt de plus de dix-sept secondes.
Ressorti vingtième avec plus de 40 secondes de retard sur le dix-neuvième après seulement deux tours de piste, c'est un véritable cauchemar.
Charlie a beau entendre partout autour d'elle que la course continue, il faut de longues minutes avant que la moindre voiture apparaisse devant Lando, donnant l'impression qu'il est le seul en piste. Elle écoute les consignes, plan C, un peu plus de puissance, la distance avec le premier adversaire, alors que pilote Britannique reste désespérément silencieux et la Normande ne peut s'empêcher de se demander à quoi il pense.
Que peut-il se passer dans l'esprit d'un pilote alors qu'il est seul, si loin de la place où il aurait dû se trouver ?
Il faut attendre le dix-huitième tour et le passage au stand des Williams pour reprendre deux places malgré une mauvaise dégradation de ses pneus soft qui l'obligent à retourner au stand plus tôt que tous les autres.
- Tu peux me lâcher la main maintenant ?
Surprise, elle tourne la tête vers Max qui lève le bras en réponse, agitant leurs deux mains enlacées sous ses yeux. Gênée, elle se dépêche de le relâcher avant de détourner le regard.
- Désolé, elle marmonne.
Faisons comme si de rien n'était.
Puis, jusqu'à ce que Max Verstappen traverse la ligne d'arrivée du Grand Prix, suivit par Hamilton et Russell, Charlie s'abîme le cœur à regarder Lando batailler sans jamais remonter plus haut que la quinzième place sous les yeux impuissants et déçu de son équipe qui avait espéré mieux pour lui comme pour Oscar.
P13 et P17, bien loin de l'apothéose de la veille.
Charlie, reste assise sur sa chaise longtemps après le retour des monoplaces dans le parc fermé. À sa droite, Max lui lance un regard curieux avant de partir, sans doute pour aller rejoindre Lando avant qu'il ne parte pour la zone média.
La Normande se sent déçue et triste. Triste que son tout premier Grand Prix depuis les garages se solde par un douloureux échec de son pilote. Elle a un goût amer de déception dans la bouche.
Aurait-elle été moins triste assise dans les gradins ? Peut-être. Aurait-elle été moins investie ? Sans doute, oui.
Elle se sent triste pour Lando et son regard malheureux affiché sur grand écran. Le défaitisme qui brille dans ses yeux fatigués, ses paroles critiques envers lui-même, l'abandon dans ses épaules voûtées lorsqu'il avoue avoir trop espéré compte tenu de leurs capacités réelles.
C'est révoltant, l'homme qui se livre aux caméras est si loin du garçon qui sautait aux quatre coins du parking hier soir. Le voir baisser les bras ainsi, Charlie déteste ça, elle hait ça. Ce mélange de sentiments négatifs lui fait monter la moutarde au nez et remplit ses yeux de larmes de colère.
Rageusement, elle rassemble ses affaires, prête à mettre les voiles. La Formule 1 lui a toujours fait ressentir des sentiments forts, mais c'est la première fois qu'un Grand Prix lui laisse un tel sentiment d'injustice, une telle colère qui la perturbe et lui fait peur.
Son sac à main sur l'épaule, Charlie se glisse discrètement en dehors de la zone VIP, veillant à ne toucher à rien et à ne pas déranger les mécaniciens occupés à tout remballer en prévision de leur départ pour le Canada dans les prochains jours.
- Je peux savoir où tu vas comme ça, Stephen King ? Interpelle une voix.
Sans même avoir à se retourner, Charlie sait qu'il s'agit de son bourreau Anglais préféré et un léger sourire s'arrache à son visage bougon alors qu'elle lui fait face.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que Poppy à l'air fatiguée, épuisée même. La Britannique à le teint blanchâtre et la mine défaite.
- J'ai déjà vu des zombies en meilleure forme que toi, tente de plaisanter Charlie.
- En même temps, il faut dire que ton humour m'a, littéralement, tué de rire.
Les deux femmes se regardent un instant avant d'éclater de rire devant la stupidité de leur échange.
- Journée difficile ? Commente la Normande.
- Ouais, on espérait mieux. Désolé pour le spectacle, digne de Ferrari.
Charlie ne relève pas la balle perdue pour l'écurie Italienne et préfère poser la question qui la démange depuis le début de la conversation.
- Comment est-ce qu'il va ? Elle demande. Pendant les interviews, ils avaient l'air tellement...Tellement...
Elle a beau chercher ses mots, rien d'assez fort ne lui vient pour décrire la brûlure qui a dévasté son cœur à l'instant où elle l'a vue apparaître à l'écran.
Poppy esquisse un petit sourire amusé.
- Tu vas pouvoir lui demander toi-même, il veut te voir.
Charlie mentirait si elle disait que son cœur ne s'emballe pas à l'idée qu'il veuille la voir, elle, Charlie, dans un moment où il est véritablement au plus bas, mais elle ne peut pas ignorer la petite voix dans sa tête qui lui dit que tout cela va trop vite, qu'elle n'a aucune maîtrise sur les évènements et qu'elle est peut-être la seule à s'emballer dans cette histoire.
D'abord le pass VIP et maintenant ça, c'est beaucoup, même pour elle.
Poppy semble comprendre son dilemme puisqu'elle esquisse un sourire encourageant avant d'ajouter :
- Tu n'es pas obligé de dire oui, je suis sûre qu'il comprendra. Il faut que tu en aies envie.
Et il n'en faut pas plus à Charlie pour être rassurée.
- Emmène-moi, elle sourit.
Quelques instants plus tard, elle entre dans la Driver Room du pilote numéro 4, veillant à soigneusement refermer la porte derrière elle. Elle n'a pas envie que l'on vienne les déranger.
Presque aussitôt, Lando sort la tête de ses mains pour lui dévoiler une mine déconfite qui arrache un pauvre sourire à la jeune fille.
- Hey, elle souffle.
- Hey, il répond.
Et, sans qu'elle ne puisse le maîtriser, un sanglot échappe à Charlie qui se couvre la bouche pour le faire taire. Lando, l'air catastrophé se précipite vers elle, attrapant délicatement son visage mouillé de larmes entre ses doigts tremblants.
- Hé, princesse, pourquoi est-ce que tu pleures ? Il panique doucement.
Charlie le regarde à travers ses larmes, affreusement gêné de pleurer pour une chose aussi puérile, mais il insiste et elle ne peut tout simplement pas le garder pour elle.
- Je suis vraiment le pire porte-bonheur du monde, elle gémit.
Il la regarde un instant, incrédule, avant de laisser échapper un petit rire rassuré et d'enrouler ses bras autour d'elle pour lui offrir un câlin de réconfort.
- S'il te plaît, arrête de pleurer Charlie, tu n'y es pour rien. Même avec toute la chance du monde, je n'aurais pas pu gagner, il ajoute.
Elle enfonce son nez dans le col de son sweat-shirt pour seule réponse, partagé entre la honte de sa situation et la joie de le voir de nouveau sourire.
- J'aurais dû me jeter sous la monoplace de Verstappen, elle marmonne tout bas.
- Même comme ça, je pense qu'il aurait quand même gagné, plaisante Lando.
Ils restent silencieux de longues minutes, profitant des bras l'un de l'autre en silence.
- Je suis triste pour toi, elle murmure finalement.
- Il ne faut pas, ce n'est qu'une course et on n'a pas été bon. Tu te rends compte, même Ferrari a fait mieux que nous, il plaisante.
Elle le pince en représailles et il la repousse rapidement.
- T'es nul, elle râle.
- Je te jure Charlie, arrête de pleurer sinon je vais pleurer aussi.
- Tu es juste en train de te moquer de moi.
- Peut-être, il avoue. Mais ça te fait sourire.
La blonde ne peut pas nier, il n'y a plus aucune trace de larmes dans ses yeux à présent et elle se sent stupide d'avoir pleuré.
- Je suis une personne empathique, elle justifie.
- Je vois ça, mais il ne faut pas te mettre autant la pression à cause d'une bêtise que j'ai pu dire. Je suis sérieux Charlie, cette histoire de porte-bonheur, c'était une connerie, il réaffirme.
- D'accord, elle capitule. De toute façon, je ne serai pas là pour te porter la poisse au prochain Grand Prix. Le Canada, c'est un peu trop loin pour mon petit van et moi.
- Je t'enverrai des photos alors, il promet.
- J'espère bien ! Je préparerai une liste de questions pour la prochaine fois que l'on se verra.
Il la regarde et Charlie a, durant une brève seconde, l'impression qu'il s'apprête à dire quelque chose, mais deux coups secs sont portés contre la porte de la Driver Room, les faisant sursauter tous les deux. La voix de Max résonne depuis l'extérieur.
- Il faut y aller mec, l'avion ne va pas nous attendre.
Lando plante ses yeux bleus dans les siens.
- Je rentre à Monaco ce soir, il chuchote. Il faut que j'y aille.
La Normande acquiesce silencieusement.
- Fonce, elle ordonne. Ne loupe pas ton vol. On se voit dans un mois.
Il la regarde encore plusieurs secondes, presque comme s'il cherchait à graver le souvenir de son visage dans sa mémoire avant d'acquiescer et de récupérer son sac à dos.
Au moment de passer à côté d'elle, il s'arrête, hésite une seconde avant de planter un baiser appuyé sur la joue de la jeune fille qui fait de son mieux pour ne pas devenir aussi rouge qu'une tomate.
- Merci de m'avoir remonté le moral Charlie. Je suis content que tu sois là.
Elle a juste le temps de presser doucement la main du pilote dans la sienne avant qu'il ne décampe aussi rapide que l'éclair, la laissant seule dans sa Driver Room.
Et peut-être qu'elle devrait lui en vouloir de l'abandonner ainsi, mais Charlie ne parvient à penser qu'à la sensation fantôme des lèvres de Lando contre sa joue.
Un mois, ça risque d'être long, vraiment très long.
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J'ADORE CE CHAPITRE !
Beaucoup de moments de rapprochement et de complicité pour nos deux loustics qui, malgré les résultats de Lando, ont trouvé le moyen de se réconforter l'un l'autre.
Charlie assiste à sa première course depuis le garage McLaren et, vous vous en doutez, ce ne sera pas la dernière ! Pas la dernière fois non plus qu'elle gagne une joute verbale avec Max, ces deux-là sont clairement dans une bataille pour le cœur de Lando !
Passage éclair de Poppy qui nous fait bien comprendre que son pilote n'en fait qu'à sa tête, mais bon, c'est pour Charlie alors on lui pardonne.
Fin du suspense, Charlie n'ira pas au Canada ! Mais comme je suis une auteur géniale, ce n'est pas parce qu'elle n'y va pas que nous, nous n'irons pas hihihi
Vendredi prochain pour un chapitre un peu spécial ! (Comprenez par là que je ne suis absolument pas sûr de ce que ça va donner)
Bye les copains ♡
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