Chapitre 37

Je me recroquevillai contre la voiture. J'entendais les râles plaintifs de mes deux protecteurs. Je me retournai plusieurs fois pour trouver une solution. Je voulu me taper le crâne pour qu'une idée germe plus vite dans mon cerveau. Rien à faire, je n'avais aucune idée. Je regardai mes mains en espérant que ce geste ait un impact sur la situation.

Un détail m'interpella. Je n'avais pas les mains sales alors que je me frottai à une voiture depuis que je m'étais cachée. En la regardant furtivement, je constatai que son séjour dans la casse automobile avait été court. Elle était grise... comme la voiture de Matthieu !

Je m'avançai rapidement pour voir l'arrière du véhicule. La plaque d'immatriculation correspondait ! Rétroviseur droit cassé, feu avant du même côté, démolit. En retournant vers la portière passager, je constatai une marque de peinture rougeâtre. Même si la nuit tombait, j'arrivais à percevoir les couleurs. Désormais j'en étais certaine : la voiture de Matthieu avait percuté la nôtre !

Je fis un gros effort pour passer cette information en secondaire. Pour le moment, j'avais un autre problème beaucoup plus important à régler. Je réfléchissais à toute vitesse. Comment faire pour les aider sans que le Killer ne me tue d'un coup trop facile ? Si je m'interpose, les frères pourront-ils le neutraliser ? Je ne voyais qu'une seule manière de le savoir mais c'était complètement dingue.

Je regardai au-dessus du capot de la voiture. D'un furtif regard, je compris que Luke avait repris ses esprits et il savait que je me trouvais dans les parages. Lorsque que je jetais un deuxième coup d'œil, nos regards se croisèrent, le sien voulant tout dire. Il souhaitait que je prenne la poudre d'escampette et que déguerpisse loin d'ici en attendant leur retour. Mais pour moi, il était hors de question que je les laisse seuls face à un tueur en série.

Je pris le temps d'observer Luke de tout son long pour constater qu'il était salement amoché. Ses yeux verts ressortaient alors que la luminosité déclinait. Tout comme son frère, il avait des yeux d'une couleur à couper le souffle. J'avais l'impression qu'il aurait pu nous éclairer avec ses iris.

- Jemma ! Où que tu sois, part d'ici tout de sui...

Tyler avait crié de toutes ses forces mais le Killer lui avait envoyé son poing dans les côtes. De l'endroit où je me trouvais, je crus entendre le craquement de ses os. Le corps de Tyler vola pour finir sa course sur une voiture. Suite à cette action, mon sang ne fit qu'un tour et je me levai d'un bond.

- C'est moi que tu cherches ? criai-je dans sa direction.

Luke leva une main vers moi comme pour me dire d'arrêter et de partir tout de suite mais je savais qu'il était trop tard. Le Killer était beaucoup plus rapide à la course et je ne m'étais pas transformée en vampire. L'homme que j'avais devant moi tourna la tête et je pus constater qu'il avait vraiment un visage de criminel dans les films d'horreur.

La réalité me rattrapa. Je tentais quelque chose sans conviction :

- Tu ne voudrais pas qu'on cesse de s'acharner et qu'on discute de la situation ?

Il tapa sur le sol d'un grand coup de pied. Je sentis le goudron sous moi trembler et se fissurer. La médiation ne semblait pas être sa tasse de thé.

- Même pas quelques minutes ? essayai-je.

Au lieu de le calmer, je venais de faire tout le contraire. Il lâcha un grand grognement juste avant de s'élancer vers moi. Je vis sa main s'approcher de mon visage sans jamais l'atteindre : Luke le contrera et tous deux s'écrasèrent sur le sol. J'eus mal pour Luke dont les vêtements se déchirèrent au frottement contre les cailloux.

Je fis enfin ce qu'ils m'avaient demandé. Je courus aussi vite que je pu pour m'éloigner d'eux. Je n'avais encore aucune idée de comment j'allais passer de l'autre côté de la grille. Les cheveux pris dans un torrent de vent et mes jambes refusant d'accélérer la cadence, je pensais aussi vite que je me déplaçais. Je m'arrêtai juste devant les barreaux cherchant au plus profond de ma tête une solution.

- C'est toi qui m'as donné cette malédiction d'être vampire un jour et humaine l'autre jour, m'entendis-je dire en levant la tête vers le ciel, fixant cette immensité bleue.

La rage au cœur, je serrai le barreau rouillé de ma main, m'enfonçant peu à peu le métal dans ma paume.

- Pourquoi ne me laisses-tu pas vivre une vie normale ? Pourquoi ce destin si tragique ? Pourquoi maman ? Pourquoi moi ? Mourir à dix-huit ans, c'est jeune ! J'ai à peine commencé ma vie ! Depuis que je suis vampire, tout va mal ! Tu m'as pris ma mère et mon meilleur ami est introuvable ! Je suis à bout de force ! Faut-il se battre autant pour vivre ? Pour quoi faut-il que je me batte ?

Je donnai un grand coup de poing dans les barreaux. La douleur ne pouvait pas apaiser celle de mon cœur. Je me retournai d'un coup. Le visage terrifiant du Killer se trouvait juste devant le mien. Là, j'avais terriblement peur. Il me regardait avec ses yeux perçants qui ne montraient aucun sentiment. Je savais à quel point il avait été facile de suivre ma trace avec l'odeur d'humaine que je dégageai et, de ce fait, me rejoindre en si peu de temps.

Le Killer me prit à la gorge aussi vivement que je n'avais pas pu anticiper son geste. J'étais en totale panique. Je bougeai des pieds en cherchant le sol ou quelque chose sur quoi me reposer. Je me cognai plusieurs fois dans la grille ce qui me donna d'insupportables douleurs. Je le griffai avec mes ongles mais rien n'y faisait, il ne lâchait pas. L'air venait à me manquer. Ma gorge se resserrait de plus en plus donnant un sifflement à la place d'une respiration normale. L'oxygène qui arrivait dans mes poumons se faisait rare. J'avais la tête qui allait exploser.

L'affreux visage du Killer se brouilla devant moi. Je ne distinguai plus ses cicatrices et les différentes bosses faisant de son visage une construction hideuse. La pression de ses doigts se fit plus forte. J'étais à bout de force. Un voile noir recouvrait ma vue. Il avait le champ libre pour me tuer. J'essayais de le regarder mais en vain. Je me sentais partir. J'avais mal mais la douleur n'était que la deuxième sensation. Ne plus pouvoir respirer me donnait une sorte de légèreté.

Dans les secondes qui merestaient à vivre, je m'imaginai être un ange et m'envoler loin, très loin demon meurtrier. Puis une question me vint en tête juste avant de« partir ». Une question que je m'étais posée des centaines de fois :qu'il y a-t-il après la mort ?

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