12 - Mathias ✓
L'ombre derrière la porte n'était définitivement pas celle de ma sœur. Un homme dénommé Xander était venu nous prendre en charge et nous avait fait monté à bord du vaisseau, mais je n'avais aucune nouvelle de Ryme.
- Quelqu'un sait où est la gamine ? hurla Xander.
- Vous parlez de Ryme ? soufflais-je inquiet.
- Oui la petite qui venait chercher sa famille.
Il regarda par la porte du SAS mais personne ne venait et des tirs commencèrent à fuser dans notre direction. Xander ferma d'urgence la porte et demanda le décollage immédiat.
- Non !
Je venais de me détacher et courrais vers le SAS qui n'était pas encore fermé, mais Xander m'attrapa fermement le bras.
- Ta soeur est forte, elle s'en sortira on reviendra la chercher. Mais pour l'instant c'est trop dangereux, ils ont des armes à feu.
- Vous aussi ! m'indignais-je.
- Non, nous n'avons plus de balle depuis longtemps, nous les gardons pour essayer d'être dissuasif.
- Et les bombes... vous avez bien des bombes ?!
- C'était les dernières, nous n'avons plus de balle et plus de quoi en faire... La seule chose que nous avons, c'est ça.
Il me tendit un arc et un carquois contenant des flèches, cela faisait bien longtemps que je n'avais pas utilisé cette arme.
- Nous avons perdu petit.
- Alors comment comptez-vous sauver ma sœur ?
Il me regarda perplexe et je profitais de cet instant d'inattention pour m'échapper de son étreinte et courir vers le bouton ouvrant le SAS. Je jetais un dernier regard derrière moi, Alex me fit signe qu'il restait avec nos parents. Je lui souris et sautais dans le vide quelques secondes avant que la porte ne se referme.
J'atterris brutalement dans l'un des buissons du petit parc et contemplait l'arc le temps de me remettre de mes émotions. Il me rappelait mes entraînements illégaux, la seule chose qui me faisait oublier Angélique.
*
Lorsque nous habitions encore dans le petit mobile-home perdu en plein milieu du désert, j'y allais tous les jours. Je faisais croire à ma famille que j'allais chercher de l'eau potable et de la nourriture. Etant le seul à m'aventurer aussi loin dans ces contrées arides, ils me laissaient faire à condition que je ne revienne pas blessé. J'avais découvert le camp des révolutionnaires à 16 ans et je l'avais raconté à mes parents, leurs expliquant ce que les rebelles avaient découvert sur l'El Dorado. Mais mon père n'arrêtait pas de me répéter que soit j'étais parano, soit c'était des histoires que je m'inventais pour combattre l'ennuie. Ma mère ne m'avait jamais fait de telles réflexions, car elle savait la vérité, tout comme moi aujourd'hui.
Le camp était situé dans le désert et était constitué uniquement de personnes immunisées. Un garçon de mon âge, Sterling, avait tenu à m'apprendre à me servir d'un arc, me disant qu'un jour j'en aurais besoin. Je l'avais donc rejoins, tous les jours, au même endroit, à la même heure.
A mes débuts j'étais vraiment ridicule, je tirais plusieurs mètres à côté de la cible et Sterling avait des crampes au ventre tellement il en rigolait. Mais un jour, Sterling a été muté vers une autre base et je ne l'ai plus jamais revu. Il est certainement mort aujourd'hui. Suite à sa disparition, j'avais arrêté d'aller au camp et me contentait de ramener de l'eau potable à ma famille.
*
Je regardais l'engin quitter la capitale du coin de l'œil, maintenant il fallait que je trouve ma sœur. Je mis le carquois sur mon épaule et serrais fermement l'arc dans ma main. Je regardais furtivement dans mon dos, j'avais quatre flèches.
J'aperçu du mouvement au loin, c'était Ryme. Elle quittait le parc et se dirigeait vers l'extérieur de la ville. Je m'apprêtais à la suivre lorsque quelqu'un m'attrapa par les épaules. Mon sang ne fit qu'un tour, j'attrapais une flèche, tendis mon arc et fis face à l'ennemi.
- Alicia ? Que fais-tu là ? J'aurais pu te tuer ! Dis-je en un souffle.
- Je suis venue t'aider, dit-elle tout sourire. Je t'ai vu sauter par la porte du SAS alors je t'ai suivit pour pas que tu meurs.
- Je sais me débrouiller tout seul merci...
- Si j'avais été quelqu'un d'autre tu serais mort. Tu ne faisais pas attention à tes arrières.
Je la regardais sans baisser mon arme, elle avait raison. La pointe de ma flèche n'était qu'à quelques centimètres de son visage.
- C'est toi qui serais morte, dis-je d'un air arrogant.
Elle souleva ses sourcils étonnée, puis attrapa ma flèche qu'elle envoya au sol, avant d'attraper mes épaules, me retourner et me plaquer au sol, m'empêchant d'avoir le moindre mouvement.
- TU serais mort, répéta-t-elle sur le même ton que moi.
Je laissais échapper un rire lorsqu'elle me lacha. Je ramassais ma flèche et m'assis sur le sol, sans quitter ma soeur des yeux. Elle allait bientôt être en danger si on ne bougeait pas rapidement.
- Alors la rouquine c'est quoi ton plan ?
Elle me sourit et me sortit littéralement un plan de la capitale.
- Ce n'est pas ce que je sous-entendais
- On est là, elle va aller là. Elle s'est trompée de bâtiment en atterrissant trop loin, elle cherche donc le chemin de la mairie mais ne le connais pas ce qui provoque son détour.
- Et le plan c'est quoi ? demandais-je à nouveau.
- La trouver avant qu'il ne la tue !
Je regardais la rouquine perplexe. Au moins elle était du genre directe comme fille. Elle avait tressé sa tignasse rousse ce qui lui donnais un air sage, mais je savais bien qu'elle était tout sauf ça.
- Baisse-toi ! chuchotta Alicia en plaquant ma tête contre le sol.
J'allais lui répondre énervé lorsque j'aperçus mon soit disant grand père passer devant le buisson dans lequel nous étions caché. Il était accompagné de soldats qui tenaient dans leur main un taser, je m'efforçais alors de ne pas bouger tandis qu'Alicia continuait d'écraser ma tête.
Lorsqu'ils furent dans l'enceinte du bâtiment l'intelligence artificielle retira sa main et m'aida à me relever. Elle retira la terre qui recouvrait mon visage du revers de la main, me sourit et sortit du buisson. Je l'observais alors plus attentivement, elle portait un débardeur et un short, sur lequel étaient accrochés des bretelles qui pendaient derrière elle, et deux revolvers attachés de chaque côté de son short. Elle en saisit un et me fit signe de la suivre.
Elle s'aventura en dehors du parc qui surplombait la mairie, à l'extérieur de celui-ci on arrivait directement sur le grand boulevard où les voitures avaient été récupérés par leurs propriétaires après le départ de la résistance. Autour de nous tout le monde agissait comme si il ne s'était rien passé. Je regardais une dernière fois le parc qui était plus beau que tout ce que j'avais pu imaginer, on aurait dit les photos du jardin de Versailles que ma mère me montrait lorsque j'étais plus jeune.
Le dôme s'arrêtait au bout de celui-ci et je pouvais apercevoir le sable qui s'échouait sur cette carapace de verre. Contrairement à l'El Dorado, que j'avais quitté la veille, le dôme comportait une porte gardé par une dizaine de soldats armés jusqu'aux dents, qui avaient rapidement remplacé ceux qui avaient été abattu par la résistance.
Alicia ne m'avait pas attendu et avait déjà rejoins la route qu'elle longeait de très près. Je la rejoins en quelques foulées et me plaçait à côté d'elle. Elle était sur ses gardes mais avait ranger son arme pour ne pas se faire remarquer, ce qui n'était pas mon cas. Les habitants de la capitale se retournaient derrière moi à la vue de mon carquois.
Je pouvais voir Ryme de la où je me situais, mais Alicia m'avait bien fait comprendre de ne pas me faire repérer, peut être qu'elle était déjà sous surveillance.
Ma sœur rasait les murs, une petite arme à la main, surement un fumigène que lui avait donné la résistance. Elle n'allait pas aller loin avec cet objet pour seule défense.
Un vrombissement attira mon attention, un petit drone suivait Ryme quelques mètres au dessus d'elle et elle ne l'avait pas encore remarquer. Alicia me poussa dans un magasin lorsque l'engin tourna dans notre direction. Prit de déséquilibre, ma tête frappa un meuble de plein fouet. Ce robot n'avait définitivement aucune empathie.
La rouquine pénétra dans le magasin qui semblait être une papeterie et esseya de voir Ryme par la fenêtre :
- On l'a perdue, chuchota-t-elle.
- La faute à qui ? Grognais-je en touchant la plaie sur mon front
- Pourquoi ce drone la suit ?
- Le drone ne suit que les intelligences artificielles, répondit une voix derrière moi.
Mon sang ne fit qu'un tour, je tirais une flèche du carquois et tendais mon arc dans la direction de l'inconnu prêt à tiré. Notre voix mystérieuse était celle d'un homme d'une vingtaine d'années avachit sur le comptoir du magasin. Ses cheveux blonds était retenu en arrière par un bandana coloré, mais quelques mèches tombaient tout de même sur son front.
- Ça fait longtemps Mathias.
- Qui es-tu ? Dis-je entre mes dents en tendant encore plus la corde de mon arc.
- Tu ne me reconnais pas ? Je suis déçu c'est pourtant moi qui t'ais appris à utiliser cette arme.
Je relâchais légèrement la pression que j'exerçais sur l'arc et observais plus attentivement l'homme en face de moi. Son air nonchalant de ressemblait en rien à l'allure qu'il arborait quelques années plus tôt :
- Sterling ? Soufflais-je.
- Séquence émotion, dit-il en riant. Oui c'est moi, je t'ai manqué ?
- Que fais-tu ici ? Demandais-je méfiant en tendant à nouveau mon arme.
- Calme toi je ne te veux aucun mal.
Sterling descendit du comptoir et se rapprocha lentement de moi, un sourire en coin.
- J'ai été envoyé ici par la résistance, mais tu as du le deviner tout seul.
- Ça ne m'explique pas ce que tu fais ici...
- Je devais comprendre la puissance de leurs créations : les intelligences artificielles.
- On parle de moi ! Réagit Alicia dont j'avais oublié la présence.
- J'ai découvert que leur création était telle qu'on ne pouvait pas les différencier des humains desquels ils sont inspirés. La preuve tu n'as pas su reconnaître ta sœur, tu allais droit dans leur piège.
- Non Ryme était celle que je connais, j'ai su la différencier dès le premier jour, répondis-je.
- Tu ne comprends donc pas ? Les enfants immunisés sont le secret de notre survie, si tu l'as reconnu c'est qu'ils le voulaient.
- Sterling, explique toi, demanda Alicia.
- Les enfants immunisés ont un ADN mutés, et cette spécificité est directement prélevée dans leur sang, mais ça tu le sais. Or une fois qu'elle est prélevée, ils ne peuvent pas la récupérer et ils meurent dans d'atroces souffrances pour que des privilégiés puissent vivre. Mais cela est caché grâce aux intelligences artificielles copiés d'eux comme Alicia, et les habitants n'y voit que du feux.
- Pourquoi voudraient-ils le cacher aux privilégiés ?
- Ils sont riches mais pas sans cœur, penses tu que les scientifiques auraient toujours le pouvoir si le monde connaissait les horreurs qu'ils ont commis ?
- Mais Ryme ?
- Je ne sais pas où elle est, mais tu es l'un des derniers immunisés encore en ville et tu allais droit dans leur piège.
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