Chapitre 2
Apprendre à ne pas me faire remarquer est la chose la plus difficile que j'ai eue à faire.
Se fondre dans la masse est plus pénible que je ne le pensais. Il faut savoir se taire, sourire pour faire bonne figure.
Cette personnalité que je me suis inventée aujourd'hui ne me ressemble absolument pas.
Mon sac sur l'épaule, je passe les rues, longe les trottoirs. J'ai hâte d'enfin arriver chez moi.
Je tire mes clés d'une pochette en arrivant à destination.
J'ouvre la porte, pressée à l'idée d'annoncer ma rentrée sans encombre à ma mère. Je balance mon sac dans la pièce, ouvre ma bouche pour annoncer mon arrivée mais m'arrête net.
La maison est sans-dessus, sans-dessous. La table est renversée, les lampes sont fracassées montrant un passage de lutte. Je reste interdite, les yeux écarquillés, la bouche ouverte.
Je me précipite dans la chambre de ma mère. Vide.
Je cherche des indices, un mot de sa part. Je suis de plus en plus fébrile.
Ma mère a disparu.
Je m'abandonne contre un mur pour me laisse glisser jusqu'au sol.
C'est impossible. Mon cauchemar ne peut pas être devenu réalité. C'est impossible.
Je hurle.
Je hurle contre le monde, contre ce pouvoir qui m'a volé ma mère, contre ma négligence, ma naïveté, mon ignorance.
Je ne contrôle plus rien. Tristesse et colère sont de pairs. Une chaleur se fait autour de moi. J'ouvre les yeux et découvre des tourbillons de braises s'enrouler autour de moi. Les couleurs orangées, rougeoyantes m'encerclent. Les flammes s'élèvent, toujours plus hautes, elles lèchent le plafond, rongent les chaises et dévorent le tapis.
Mais désormais, plus rien ne m'importe. Je me contrefiche de mettre en cendre cette maison. Je pourrais incendier la ville entière, ma colère ne serais pas rassérénée.
Le feu s'attaque aux murs, aux portes, à la cuisine.
Je suis peut-être immunisée contre les flammes mais la fumée me consume les poumons et des débris de plafonds commencent à chuter. Je suis au milieu du chaos, tout n'est plus que chaleur, cendre et brouillard noirâtre.
Je tousse, je m'étouffe, je rampe pour sortir de cet enfer mais je n'ai déjà plus beaucoup de souffle. La tête me tourne, je vois danser des points lumineux devant mes yeux, je sombre.
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