[49]
Jamila.
Hôpital...
20h17...
Mon premier réflexe après avoir ouvert les yeux c'est de regarder autour de moi pour m'informer un peu de l'endroit où je peux me trouver en ce moment. La pièce est plongée dans l'obscurité et est faiblement éclairée par la clarté de la lune pénétrant par le rideau.
J'essaie de lever la tête afin de mieux observer la pièce sauf qu'une douleur au niveau du cou me fait reposer la tête sur mon oreiller. Je vais me contenter d'observer le plafond, c'est mieux. Tout ce que je sais pour le moment c'est que je suis dans une chambre d'hôpital.
Pourquoi?
J'essaie de passer en revue les derniers évènements auxquels j'ai dû prendre part et quelques flashs me reviennent. Les paroles échangées avec Evrad, les coups de feu, la rage dans laquelle je me trouvais lorsque je me suis rendue compte...
Que les autres m'ont abandonné à moi-même chez les Yankins. Je ferme les yeux en soupirant de colère, je vais me venger ça c'est sûr.
J'ai à peine le temps d'élaborer un plan dans ma tête que la porte de la chambre s'ouvre, laissant pénétrer à l'intérieur un peu de lumière provenant du couloir. Les lumières de la chambre ne tardent pas à s'allumer à leur tour. Je plisse les yeux dû au fait que je ne m'y attendais pas.
Et j'ai dû papillonner des cils pendant de brèves secondes avant de m'adapter à la lumière. Une silhouette se dresse au dessus de moi et je peux juger de part sa tenue qu'il s'agit d'une infirmière.
Lorsqu'elle s'aperçoit que mes yeux sont ouverts, elle me sourit.
Elle: mademoiselle Cares, enfin vous êtes réveillée. Dîtes-moi comment est-ce que vous vous sentez?
- Dîtes-moi plutôt comment j'ai fait pour me retrouver ici.
Elle: vous avez été victime d'un accident, votre voiture a faillie rentrer en collision avec une autre mais vous avez évité la catastrophe de justesse mais votre voiture a fait un tonneau et vous avez perdue connaissance. Vous vous en sortez avec quelques égratignures, c'est tout.
Et tout ça à cause de ces imbéciles qui ont osé m'oublier.
- Vous pouvez m'aider à me redresser?
Elle: bien-sûr!
Elle m'aide à me mettre en position assise en installant des oreillers dans mon dos, et contrairement à ce que j'imaginais mon corps ne me fait pas très mal.
- Et j'ai été inconsciente pendant combien de temps?
Elle: juste toute cette journée.
- Et j'ai eu beaucoup de visites aujourd'hui?
Elle: principalement les membres de votre famille.
Mes pensées se sont directement dirigées vers ma mère, je l'imagine assise en face de la chambre en train de verser ses plus belles larmes de crocodile en se lamentant « je ne veux pas que ma fille chérie meure » tout le cinéma qu'elle passe son temps à faire en gros.
- Et là je présume que les heures de visite sont terminées, n'est-ce pas?
Elle: oui...vous désirez autre chose?
- Non, c'est bon vous pouvez partir.
Avant de s'en aller, elle inscrit je-ne-sais-quoi dans son calepin puis elle disparaît en refermant la porte derrière elle. La pièce est à peine plongée dans le silence que la porte s'ouvre de nouveau.
Je pensais qu'il s'agissait encore de l'infirmière, alors que non. La silhouette de mon frère se faufile à l'intérieur suivi d'une autre, qui semblait être celle d'une femme. Il referme la porte derrière eux et ils se dirigent vers mon lit.
J'ai eu le temps de détailler la jeune femme qui l'accompagnait du regard, teint pâle, de grands yeux noirs qui scintillaient anormalement, un petit nez bien dressé au milieu de son visage, de mini cheveux très noirs bouclés formant une sorte de halo autour de son visage fin. Elle est fine et assez grande de taille. Elle était habillée de manière plutôt chic.
- Les heures de visite sont terminées qu'est-ce que tu fais là?
Tiago: à la télévision, les soeurs sont souvent très heureuses de voir leurs frères après avoir passé un long moment inconscientes.
- Comme tu peux le constater nous ne sommes pas dans un film, ¿Quién es? (Qui est-ce?)
Dis-je en montrant de la tête la femme qui l'accompagnait.
Tiago: elle? C'est celle dont je t'avais parlé, mi mujer (ma femme) Franka je te présente Jamila ma soeur et Jamila je te présente Franka.
Si avant j'avais des doutes, maintenant j'en suis plus que sûre, Tiago a de très mauvais goûts en matière de femme. Elle n'est pas laide, mais la façon dont elle me sourit me donne envie de lui coller une balle en plein front.
Elle est beaucoup trop « gentille » à mon goût, j'aurais préféré qu'elle me traite comme Miranda l'avait fait le premier jour de notre rencontre.
Elle me tend sa main, toujours aussi souriante et en me fixant droit dans les yeux. Elle est en train de me regarder de haut et je n'aime pas ça.
Franka: ravie de faire ta connaissance Jamila, ton frère m'a tellement parlé de toi, tu es encore plus belle que ce qu'il m'avait décrit.
D'accord. J'en suis sûre maintenant : elle joue la comédie. Je ne daigne pas serrer sa main et détourne mon regard d'elle.
- Bref Tiago ça tombe bien que tu sois là, je voulais te parler.
Tiago: après avoir serré la main de Franka ne sois pas impolie.
- J'allais serrer sa main si j'étais tout aussi « ravie » qu'elle au sujet de cette rencontre, malheureusement, ce n'est pas le cas alors je ne le fais pas.
Tiago: baisse ta main Franka, elle est plus têtue qu'une mauvaise herbe. De quoi est-ce que tu voulais me parler?
- J'ai besoin d'un appartement, là maintenant.
Tiago: tout de suite?
- Tu es sourd? Je t'ai dit que j'en ai besoin maintenant.
Tiago: pourquoi? T'as eu des soucis avec ton petit chéri Evrad et tu as décidé de ne plus vivre avec lui?
A ce que je vois, mon père n'a pas pu s'empêcher de jouer à la colère au point de parler de Evrad à Tiago.
Tiago: non papa ne m'a rien dit, il était ici tout à l'heure et il a passé toute la journée à ton chevet d'ailleurs. Il t'apprécie bien à ce que je vois.
Je soupire d'agacement et par le pur fruit du hasard mon regard se pose sur le visage de Franka et je constate directement que son expression est très différente de tout à l'heure. Son sourire est crispé, et dans son regard on y voit que de la haine.
Elle est normale?
Je ne m'attarde pas plus sur elle et je repose mon regard sur Tiago.
- Si tu n'es pas capable de me donner ce que je te demande je me débrouillerai toute seule.
Tiago: je suis nouveau dans cette ville Jamila, où est-ce que tu veux que je trouve un appartement à cette heure de la nuit? Demande à Youssef! Lui, même si tu lui demandes l'eau de l'océan il va te la rapporter en moins d'une heure.
- Je déduis donc que tu es incapable de m'aider, c'est bon. Après je me demande à quoi tu me sers. Si ce n'est qu'à me rapporter des problèmes.
Je veux vraiment qu'il me trouve un appartement, et pour obtenir ce que je veux je n'ai pas d'autres choix que de le prendre par les sentiments. Je sais qu'en lui rappelant à chaque fois ses erreurs du passé, il ne peut rien me refuser.
Je sais que si l'occasion se présente il n'hésitera pas à faire de même avec moi, alors j'en profite.
Tiago: Jamila tu essaies vraiment de me faire du chantage émotionnel?
- Prends le comme tu veux.
Tiago: ¡Incréible! (Incroyable!)
Il sort de la chambre après ça en sortant son téléphone de sa poche. Quand il veut, il peut. Il voulait juste un peu se faire désirer.
Il me laisse dans cette chambre avec sa copine aux humeurs changeantes, je pose mon regard sur elle, qui me fixait toujours.
- Tu peux sortir s'il-te-plaît? Avec ta présence ici j'ai l'impression que les murs se referment sur moi, en gros, tu bouffes mon espace vital.
Elle ne répond rien et sort de la chambre à son tour en fermant doucement la porte derrière elle. Je crois que c'est officiel, je ne l'aime pas.
[•••]
Appartement de Jamila...
08h37...
J'observe l'appartement dans son ensemble et je soupire d'aise. Tiago a réussi à me trouver un appartement assez facilement, je savais très bien qu'il en était capable. L'immeuble dans lequel il se trouve est peu luxueux, mais tant que j'ai ce que je voulais, ça me va.
L'appartement est plutôt grand et était déjà emménagé. Grâce à lui, j'ai aussi pu sortir de l'hôpital. Il a réussi à remplir toutes les formalités afin qu'on puisse me laisser partir malgré le fait que les infirmières n'étaient pas du même avis.
Grâce à lui aussi, j'ai pu monter mes affaires —que l'on est allé récupérer chez mes parents, puisque j'avais laissé beaucoup de mes affaires là-bas— jusqu'à mon appartement qui se trouve au dernier étage.
Le plus intéressant dans tout ça, c'est que j'ai pu lui faire du chantage et en plus toutes les dépenses qui ont été faites, étaient à ses frais. Donc j'en ressors seule et unique gagnante.
Je m'affale dans le sofa en sortant mon téléphone de la poche de mon pull. Mon cou ne me fait plus aussi mal qu'hier, et je peux me déplacer normalement. Mais je crains que je ne puisse pas encore courir. Je n'ai qu'une entaille un peu visible au niveau de la tempe, qui est un peu cachée par le bandage.
L'écran de mon téléphone est légèrement fissuré, sûrement dû à l'impact. Mon premier réflexe est de parcourir mes appels manqués, et j'en ai reçu pas mal. Je savais que ma disparition de l'hôpital allait en alerter plus d'un.
Mon père.
Ma mère.
Youssef.
Evrad et compagnie.
Il est hors de question que je me mêle à eux encore une fois après le coup chez les Yankins. J'ai failli perdre la vie inutilement à cause d'eux, je préfère donc m'en éloigner pour mieux réfléchir à un moyen pour qu'ils paient pour les dommages causés.
J'éteins mon téléphone afin de ne plus avoir à subir tout cet harcèlement et aussi parce que je sais très bien qu'ils feront en sorte que Alessio me localise. J'ai fait promettre à Tiago qu'il n'allait rien dire au sujet de mon emplacement et au moindre faux pas de sa part, je le renvoie au Mexique à coups de pied.
J'étais sur le point d'allumer la télévision sauf que quelqu'un sonne à ma porte. Super! Premier jour ici et je réussis déjà à attirer des gens sur moi.
Je me lève avec un peu de difficulté, et je me dirige vers la porte. Elle n'a pas de juda et à défaut de demander de qui il s'agit, je préfère ouvrir la porte d'un coup. Si c'est quelqu'un qui est venu là pour me tuer, il parviendra à ses fins assez aisément puisque je n'ai pris aucune mesure de précaution.
Je tombe nez à nez avec un homme de la vingtaine à peu près. Je fronce les sourcils en scrutant son visage, je ne le connais pas du tout.
- Qu'est-ce que tu veux?
...: Euh...bonjour, je suis désolé de vous déranger aussi tôt mais, je voulais prendre mon petit déjeuner et je me suis rendu compte que je n'avais plus de lait entier. Je voulais savoir si vous pouviez en avoir chez vous.
- Je ressemble à une vendeuse?
...: Non mais...
- Tu vois? Tu viens de répondre à ta préoccupation, va voir ailleurs si j'y suis.
Dis-je en poussant la porte afin de la refermer, sauf qu'il n'est pas du même avis et bloque à l'aide de son pied. S'il n'avait pas ouvert la porte de nouveau, il y a longtemps que je lui aurais broyé le pied.
...: Je vous ai entendu emménager pendant la nuit. Je suis votre voisin d'en face, je m'appelle Tyler et vous?
- Jamila, maintenant dégage.
Je referme la porte et il ne s'interpose pas cette fois. Je ferme la porte à clés et je vais m'installer de nouveau dans le sofa. Pourquoi est-ce que chez Evrad j'avais rarement affaire à ce genre de choses?
Un voisin qui manque de lait, et puis quoi encore? S'il n'a pas de lait, il va dans un supermarché comme une personne normale. Au lieu de toquer chez les gens et de forcer le contact comme il le fait.
Je suis persuadée que mon petit séjour dans cet immeuble ne se terminera pas sans une petite touche de sang. Si jamais l'un de mes voisins dégringole de sa fenêtre et se fracasse le crâne en se heurtant au sol, personne ne me soupçonnera...et même si, il faut tout de même que je laisse un peu de moi partout où je passe.
A suivre...
Cartel.
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