༄ Chapitre 34
Assise derrière le volant de la voiture, je roulai plus lentement que ce que j'aurais dû. Mais je n'avais pas hâte de rentrer à la maison. Parce que, comme je l'avais si bien deviné, Kori ne m'avait pas laissé d'autre choix que de l'emmener avec moi. Je n'avais aucune idée de comment elle nous avait trouvé, je n'osais pas lui poser la question. En fait, j'étais incapable de lui parler normalement. Cette femme dégageait quelque chose d'encore plus effrayant que sa mère et son frère. Si elle avait déjà cette aura en étant dans un état que calme comme celui-ci, je ne voulais même pas imaginer ce qu'elle pourrait en était hors d'elle.
— Pas besoin d'être intimidée, lâcha-t-elle soudainement, je n'ai pas l'intention de m'en prendre à toi.
J'eus un blanc soudai et le sentiment d'avoir déjà vécu cette scène. Oui, je l'avais déjà vécue, mais ce n'était pas avec la même personne. Un sourire nostalgique prit place sur mes lèvres alors que je repensai à Emäris. J'appréciais la mère de Dagon et Kori, je devais même admettre que, parfois, elle me manquait. J'avais beau ne pas l'avoir fréquentée pendant longtemps, en fait, cela avait même été très court, le courant était tout de suite bien passé entre nous, malgré qu'elle m'ait particulièrement effrayée au début.
— Je sais, me contentai-je de répondre. Ta mère m'a dit la même chose lors de notre première rencontre.
— Tu connais notre mère ? Donc c'est du sérieux entre Dagon et toi.
— Oh, en fait, ce n'est pas lui qui nous a présentées, c'est arrivé un peu par hasard. Mais je l'apprécie beaucoup, c'est une femme bien.
Une des rares personnes bien que j'avais rencontrée dans cet enfer sous-marin.
— Au fait, comment tu nous as trouvés ? Je veux dire, ça fait très longtemps que tu n'as pas vu ton frère alors...
— Je ne sais pas qui est responsable, mais disons qu'une tornade d'eau sans avis de tempête, ce n'est pas très naturel. J'en ai donc déduit qu'il y avait des Atlantes qui faisaient du grabuge. J'ai donc décidé de venir remettre un peu d'ordre. Autant dire que je ne m'attendais pas à savoir que mon petit frère était ici.
— Qui te l'a dit ?
La nervosité s'était de nouveau emparée de moi. Surtout que j'étais la responsable de ce phénomène surnaturel qui l'avait conduite jusqu'ici.
— Un demi-atlante du nom de Kanoa que j'ai croisé sur la plage, je connais sa mère.
D'accord, donc c'était Kanoa qui avait craché le morceau. Je l'aimais beaucoup, mais pour une fois, j'aurais réellement apprécié qu'il s'abstienne de parler. Enfin, le connaissant, il avait certainement jugé que c'était la meilleure chose à faire. Mais était-ce réellement le cas ? Confronter Dagon à sa sœur aînée, qu'il considérait comme une traitresse, me paraissait particulièrement dangereux. Quelque chose me revint à l'esprit et mes mains se resserrèrent un peu plus au tour du volant.
— Dis-moi, commençai-je, on nous a dit que votre père était décédé. Est-ce que c'est vrai ?
— Ça l'est. Pourquoi ?
— Parce que Dagon n'y croit pas du tout et il a dit que tant qu'il ne l'entendrait pas de ta bouche, il refuserait d'y croire.
Je sentis son regard sur ma personne alors que je me contentai de fixer la route. Cette histoire ne me concernait pas, je ne faisais pas partie de leur famille. Et cela même si le prince me désignait comme sa femme et que nous avions des enfants ensemble. Il n'y avait rien eu d'officiel, il avait seulement pris cette décision. Je ne la contestais plus vraiment, même si j'avais encore des choses à lui reprocher. Je m'attendais à ce que Kori dise quelque chose, mais elle n'en fit rien. Elle garda le silence tout le reste du trajet, ne faisant qu'amplifier l'énorme pression que j'avais déjà sur les épaules. J'avais réellement peur de ce qui allait se dérouler ensuite.
Quand nous arrivâmes à destination, je garai la voiture avant de couper le moteur et descendre. La princesse m'imita et se dirigea vers la porte d'entrée le plus naturellement du monde, je ne m'étais jamais sentie aussi stressée de toute ma vie. Même l'arrivée de Leïn et Dagon ne m'avait pas autant stressée. Ce fut avec une lenteur presque insupportable que je vins la rejoindre et que j'abaissai la poignée de la porte d'entrée avant de me glisser à l'intérieur de la villa. Kori entra à son tour et examina les lieux avec beaucoup de calme, les bras croisés sous sa poitrine, elle ne paraissait pas inquiète le moins du monde. Comme si cette situation était parfaitement normale, alors que non, ça n'avait absolument rien de normal !
— Jolie maison, commenta-t-elle en faisant un tour sur elle-même.
— Aesma, raisonna la voix de Leïn avant qu'il ne fasse son apparition, tu...
Il s'était instantanément figé en voyant la sœur aînée du prince. Enfin, il devait aussi la connaître, donc cette réaction n'avait rien d'étrange. Mes yeux passèrent à plusieurs reprises du triton à la princesse, attendant la réaction de l'un d'eux. Une nouvelle fois, ce fut Kori qui brisa le silence embarrassant qui avait pris place.
— Bonsoir, Leïn, ça fait longtemps.
Le concerné ouvrit la bouche et la referma, plusieurs fois, totalement incapable de prononcer le moindre mot. C'était bien la première fois que je le voyais aussi pâle. Tout le sang présent dans son visage semblait l'avoir déserté. Il se serait évanoui que cela ne m'aurait nullement surprise.
— O... on devrait passer au salon, suggérai-je la voix mal assurée. Ce serait mieux...
— Oui, tu as raison.
Kori s'avança jusqu'à dépasser Leïn pour rejoindre le salon. Le triton me jeta un regard paniqué que je lui retournai. Mais c'était trop tard pour essayer de faire quoi que ce soit et même si j'avais volontairement évité la sœur aînée de Dagon, elle aurait fini par nous trouver, à un moment ou à un autre. Anxieuse, je rejoignis le salon où Azura dévisageait Kori de manière curieuse, tout comme Cadence, bien que cette dernière soit plus discrète que l'aînée des filles du prince. Me repérant du coin de l'œil, Azura détourna le regard dans ma direction alors qu'elle se mit à pointer du doigt sa tante.
— C'est qui ? m'interrogea-t-elle. Je croyais qu'on devait ramener personne qu'on connaissait pas à la villa.
— On ne t'a jamais dit que c'était malpoli de pointer les gens du doigt, jeune fille ?
L'attention de ladite jeune fille fut de nouveau accaparée par Kori, mais alors qu'elle allait répondre de manière impolie – comme elle le faisait si souvent –, Azura s'interrompit et se garda bien de prononcer les paroles impertinentes qu'elle avait en tête. L'autorité naturelle de la sœur de Dagon marchait même sur cette rebelle, je devais admettre que c'était impressionnant. Elle était réellement effrayante. Je me mis discrètement à chercher Dagon du regard, il n'était visiblement pas au rez-de-chaussée, il devait donc, soit, être à la douche ou avec les jumeaux. Mais il n'allait pas rester là-haut éternellement. J'hésitai à montrer pour le prévenir, mais je n'étais pas sûre que ça le rendrait plus calme pour autant. Connaissant l'animal, il serait même capable de porter la main sur moi juste pour passer ses nerfs. Et je me connaissais assez pour savoir que ça ne ferait que provoquer un autre conflit, or nous n'avions pas du tout besoin de quelque chose comme ça en plus. Un souffle près de mon oreille me fit légèrement tressaillir.
— J'espère que tu as une idée de génie, murmura Leïn le plus discrètement possible, parce que c'est une tempête, non, un ouragan qui va se déchaîner dans cette maison.
Pas besoin de me préciser quelque chose que je sais déjà !
Pensait-il que je sois stupide pour me glisser quelque chose de si évidant à l'oreille ?! Mais que voulait-il que je fasse ? Kori n'était même pas au courant de ce que Dagon avait fait au sujet des artificielles, donc autant dire que ça risquait fortement d'être un véritable carnage. Cette femme n'allait certainement pas accepter que son petit frère ait fait quelque chose d'aussi horrible que de kidnapper, transformer et violenter un nombre incalculable de femmes uniquement par vengeance et pour assurer la survie du peuple des abysses. Elle semblait bien trop fière de son statut de femme pour même espérer qu'elle puisse avoir une réaction modérée.
— Bon, fit Azura agacée, on peut nous expliquer la situation où est-ce que c'est trop demandé ? Qui est cette femme ?
— Je m'appelle Kori, se présenta la concernée en souriant à l'impatiente adolescente, je suis la fille aînée du roi Verkos et de la reine Emäris. Et...
— Vous êtes ma tante... ?
Je vis les yeux de Kori s'écarquiller avant qu'un sourire radieux ne prenne place sur son beau visage. Elle vint prendre place dans le canapé, croisant les jambes avec élégance, pour faire face à sa nièce plus confortablement.
— Alors tu es la fille de mon petit frère ! s'enthousiasma la brune. Je suis vraiment heureuse de te rencontrer ! Mais Aesma, c'est étrange, vous ne vous ressemblez pas du tout.
Elle avait tourné la tête dans ma direction sans perdre son beau sourire. Mais en voyant cela, je sentis mon estomac se contracter violemment et une profonde tristesse m'accabla. Elle allait tomber de si haut en apprenant la vérité, elle qui semblait si heureuse de savoir que son cadet avait fondé une famille. L'expression d'Azura était devenue renfrognée alors que son regard vert jaune trahissait sa colère et sa tristesse. Du coin de l'œil, je vis Cadence venir se dissimuler derrière Leïn qui fuyait du regard Kori. Le sourire de cette dernière s'effaça progressivement face à notre réaction et l'incompréhension se peignit sur son beau faciès. En même temps, c'était à n'y rien comprendre, je savais qu'il fallait lui dire la vérité, mais les mots restaient coincés dans ma gorge, refusant de dévoiler la terrible vérité.
— Kori ? fit soudainement une voix grave et masculine.
Comme un seul homme, nous tournâmes tous la tête en direction du prince qui venait de faire son apparition. Il se tenait près de l'escalier, les yeux écarquillés et une expression indescriptible sur le visage.
— Dagon, lâcha l'aînée de la fratrie en scrutant son cadet.
Mon sang battit à mes tempes alors que des sueurs froides glissèrent le long de mon dos. Ça allait dégénérer, c'était inévitable. Je ne connaissais pas énormément de choses de Dagon, mais son impulsivité et sa colère, je les connaissais très bien. Et en le voyant serrer les poings, je sus que la corde avait rompu. Avant que qui que ce soit dans la pièce n'ait pu amorcer le moindre mouvement, le prince s'était jeté sur sa sœur. Un bruit sourd me fit écarquiller les yeux et la seconde suivante, Dagon était à terre. Kori avait à peine bougé alors qu'elle observait son frère. Il ne lui fallut que quelques secondes pour se remettre debout et tenter de s'en prendre à elle une nouvelle fois. Ce fut une nouvelle tentative ratée, tout comme lui suivantes. Je fus estomaquée de la facilité avec laquelle cette femme maîtrisa le prince. Elle était bien plus forte que lui, il y avait un fossé entre eux que je n'aurais jamais cru cela possible.
Je tressaillis quand elle le frappa à la poitrine, il dut mettre un genou à terre alors qu'il sembla chercher de l'air. Les traits de son aînée étaient totalement neutres, mais son regard était dur. Elle n'avait même pas sourcillé, comme si ce colosse ne représentait pas une menace. Je me sentis presque mal pour Dagon, parce que je savais ce que ça faisait de lutter contre un adversaire qu'on ne pouvait pas surpasser.
— Drôle de manière de saluer ta sœur, lui balança-t-elle d'un ton agacé.
— Je n'ai... aucune... raison de... te... saluer...
L'air peinait toujours à pénétrer dans ses poumons, mais son regard transpirait la haine. Un éclat de rire satisfait raisonna soudainement dans le salon et tous les regards se braquèrent en direction d'Azura. Elle affichait un sourire comblé au possible en observant son père. J'aurais dû m'y attendre à ça aussi, elle ne lui souhaitait que du mal, alors voir quelqu'un le mettre à mal de cette manière devait réjouir son cœur.
— Et bien, minauda la jeune princesse en se levant du canapé, t'as trouvé ton maître visiblement.
— Azura ! grognai-je, irritée par son comportement.
— Quoi ? Ose me dire qu'il ne le mérite pas, ce n'est même pas assez selon moi. Pas pour tout ce qu'il a fait.
Elle avait raison, je pensais comme elle quelque temps auparavant, mais maintenant, je voyais ça de manière différente. Oui, Dagon méritait qu'on lui remette les idées en place, mais en rire n'était absolument pas une nécessité.
— Ce qu'il a fait ? répéta Kori en glissant un regard curieux vers Azura.
— Oh ! Je suis sûre que tu vas adorer entendre ça, ma tante.
Je crus soudainement m'étouffer, la voix d'Azura devint un bourdonnement incompréhensible. Je n'avais rien oublié de mon séjour en enfer, pourtant, je ne voulais plus en entendre parler. Je ne voulais plus penser au fait qu'il y avait encore des femmes prisonnières là-dessous qui subissaient moult maltraitances dans l'unique optique d'empêcher une extinction de masse. J'avais plus au moins réussi à surmonter tout ça, ce n'était pas pour replonger tête la première dedans. Quoi qu'on en dise, même si on marchait la tête haute, qu'on savait qu'on n'était pas coupable, les blessures étaient toujours ouvertes et il s'en écoulait une certaine honte. La honte d'avoir été faible à ce moment-là et ce n'était pas une simple année d'écoulée qui allait changer cela.
— Aesma ? m'interpela la voix de Kori.
Je sursautai alors que je revins soudainement sur terre quand la main de Leïn se posa sur mon épaule. Je relevai les yeux en direction de la princesse et son expression sombre me fit frémir de terreur. J'avais rarement vu autant de colère dans les yeux de quelqu'un et ce regard se posa sur moi, me faisant me tendre alors que des sueurs froides glissèrent le long de mon dos et de mes tempes.
— Est-ce que c'est vrai ? Tout ce qu'elle vient de dire ?
Je ne pus m'empêcher de glisser un regard en direction de Dagon avant de revenir à Kori.
— Je...
— Ne me mens pas, ordonna-t-elle d'un ton menaçant qui ne me donna nullement l'envie de m'y risquer.
— Oui, tout est vrai...
J'observai la brune fermer les yeux et prendre une grande inspiration. Probablement dans le but de garder son calme. Mais pouvait-elle réellement le garder après avoir entendu tout cela ? La réponse vint rapidement quand son poing s'écrasa lourdement sur le visage de son petit frère, le couchant cette fois. Le grondement qui vibra dans la large poitrine du prince témoigna de la violence avec laquelle elle l'avait frappé, sans parler du sang qu'il recracha sur le sol.
— Tu es une honte, cracha Kori en dévisageant le barbu.
— Je t'emmerde ! rétorqua-t-il. J'ai fait ce qu'il fallait pour préserver notre peuple ! Toi, tu as juste préféré nous tourner le dos, traitresse !
Un nouveau coup de poing lui arriva en plein visage alors qu'il se remettrait lentement sur ses jambes. Il vacilla, mais se retint à l'îlot de la cuisine pour ne pas se retrouver une nouvelle fois sur le sol. Il parvenait de nouveau à souffler, mais sa respiration était bruyante, comme s'il avait fait un effort maximum. Je n'osais pas intervenir, je craignais d'envenimer les choses, tout comme Leïn et Cadence. La seule qui se délectait de la scène, c'était Azura. Elle tenait de son père pour ça aussi, à la différence que seule la souffrance de ce dernier la faisait jubiler.
— Tu m'as tourné le dos, précisa Dagon d'une voit glacial, tu m'as abandonné. Pas que toi, papa aussi, vous vous fichiez bien de moi...
— Pardon ? Est-ce que tu te moques de moi, mon frère ?
Elle ne put s'empêcher de rire, même si ce n'était pas un rire rempli d'amusement, c'était beaucoup plus froid. Je plissai légèrement les yeux, avec la désagréable impression qu'on allait encore découvrir des choses déplaisantes.
— Nous t'avons abandonné ? Dagon, combien de fois t'ai-je dit de venir avec nous ? Pour que nous puissions rester ensemble. Tu n'as jamais donné de réponse claire, un jour c'était oui, l'autre c'était non. Tu n'as pas su faire un choix !
— Vous n'aviez pas à partir ! Surtout pour rejoindre ce monde qui est en train de détruire le nôtre ! Ces créatures sont perfides et égoïstes, ils se fichent bien des autres formes de vies !
— Tu n'es personne pour décider de ce que les gens doivent faire de leur vie !
Cette phrase avait claqué comme un coup de fouet dans l'air.
— Et ils sont perfides et égoïstes ? Vraiment ? questionna-t-elle sans pour autant attendre une réponse. Qu'est-ce que tu es toi alors ? Tu ne te fiches pas de leur existence peut-être ?! Ce que tu as mis en place est une preuve même que tu es perfide et égoïste tout autant que le sont ces humains ! Je te l'accorde, le vice coule dans leurs veines, mais il y en a des bons aussi, le monde n'est pas uniquement teinté de noir, il y a aussi du blanc et ensemble ils forment du gris. Rien n'est ni totalement bon ou mauvais. Mais toi...
Elle s'interrompit un instant pour souffler alors que ses yeux brillaient, prêts à laisser déborder des larmes.
— Je ne sais pas s'il y a encore de la nuance en toi, est-ce que tu as seulement conscience du nombre de vies que tu as brisées ? De familles que tu as détruites ? Il y a une phrase qui dit : ne pas faire à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse. Alors pourquoi ? Si tu es à ce point convaincu qu'on t'a abandonné... combien de pères, de mères, frères, sœurs et enfants ont dû se sentir aussi abandonnés à cause de toi ?
Le souvenir de cet appel passé sur un coup de tête à mes parents me revint soudainement en tête alors que les larmes me montaient aussi aux yeux. Je pensais à mon père et ma mère qui avaient certainement vu leur monde s'écrouler quand j'avais disparu. Je jetai un coup d'œil en direction de Dagon, il avait la mâchoire serrée et ses doigts étaient crispés sur l'îlot. Je lui avais souvent dit des choses similaires, mais il semblait que Kori avait une emprise bien plus grande sur ses émotions que n'importe qui d'autre.
— Tu me déçois tellement, lâcha-t-elle la gorge nouée, j'ai tellement honte de toi, de ce que tu es devenu. Je peux comprendre que tu aies souffert de notre absence, mais pas au point de devenir une ordure de ce niveau. Ne nous tiens pas pas responsables de cela. Si tu dois blâmer quelqu'un, ce n'est ni les humains, ni nous, mais bel et bien toi, mon frère. Tu es l'unique responsable.
Une larme roula sur sa joue et elle l'essuya du revers de la main avant de contourner Dagon et rejoindre la baie vitrée dans le but de prendre l'air. Pourtant, le prince ne fut pas de cet avis et l'empoigna par le bras, la coupant net dans son mouvement. Kori lui adressa un regard en coin.
— Lâche-moi.
— Même après tout ce temps, tu n'es pas de mon côté. Tu penses réellement que c'est moi l'ordure ? Qu'est-ce que tu aurais fait toi ?
— N'importe quoi, mais pas ça. J'ai un minimum de respect pour l'existence des êtres vivants, peu importe leur espèce. Crois-tu que l'être humain puisse éternellement nous mettre à mal ? Dois-je te rappeler que notre vie est bien plus longue que la leur et notre corps bien plus fort, même ceux de sirènes ? Ces effets ne seront pas éternels, ils s'estomperont avec le temps, mais tu n'y as pas songé une seule seconde. Ce n'est pas une question de permettre à ton peuple de survivre, ce n'est qu'une question de vengeance. Tant et si bien que cela se répercute sur notre mère et tes propres filles que tu caches comme des hontes, c'est pitoyable.
Elle s'arracha à sa prise pour lui faire face une nouvelle fois.
— Tu ne détestes pas les humains uniquement parce qu'ils polluent les océans, tu les détestes aussi parce qu'on a choisi leur monde. Tu parlais d'égoïsme de leur part, mais comme je l'ai dit, tu es aussi égoïste qu'eux. Tu ne penses à rien d'autre que tes propres émotions, tes propres souffrances. Tu es un insatisfait égocentrique, Dagon. Et notre père, lui aussi, doit avoir honte de toi, là où il est.
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