🎧 : Shokuzai - SID

🎧 : Enamel - SID

  Gojo se réveilla en sursaut, haletant. Il essuya les perles de sueur formées au creux de son cou, puis se leva avec précaution. Soulagé de constater qu'il pouvait maintenir son équilibre, il descendit les escaliers d'un pas hésitant, encore désorienté.

  Il était chez lui. Mais... Comment...? Ce fléau qu'il avait affronté l'aurait tout de même pas ramené chez lui après le combat, ce serait... Insensé !

  Il soupira et alla prendre une douche rapide. Revigoré, il se sentit renaître après ça. Il but quelques gorgées d'eau avant de quitter précipitamment son domicile et de se diriger à toute allure vers les quartiers de l'école d'exorcisme de Tokyo.

  Au moment exact où il s'apprêtait à entrer, son téléphone se mit à vibrer dans sa poche, le contraignant à décrocher.

— Hum, oui, Yaga ? Oui, comme toujours ! D'accord... J'arrive tout de suite !

  Il raccrocha presque aussitôt et se mit à courir dans les couloirs de l'académie, bousculant quelques exorcistes matinaux au passage. Alors qu'il s'apprêtait à frapper à la porte du bureau du directeur, il perçut des murmures venant de l'autre côté.

  Ne pouvant résister à la tentation, il se pencha légèrement et tendit l'oreille, captivé par les murmures qui se faisaient entendre de l'autre côté de la porte.

— Ils ont tous été tués et vous comptez m'envoyer pour faire ce que mes collègues n'ont pas pu faire ?!

— Je vous fais confiance. Alors, faites-moi confiance à moi aussi, je sais que vous en êtes capable.

— C'est ce que vous leur avez dit aussi, pas vrai, juste avant de les mener droit vers leur mort ?! Mon fiancé était avec votre troupe, on devait se marier dans deux semaines !

  Gojo, tel un enfant curieux, jeta un coup d'œil par la serrure, avide de découvrir ce qui était en train d'arriver derrière les murs.

  Une jeune femme à la silhouette élancée, des mèches mauves cascadant sur ses épaules, ses bras croisés délicatement au-dessus de sa poitrine, lançait des regards colériques au directeur de l'école d'exorcisme.

— J'en ai assez de cette affaire, fichez-moi la paix, j'ai même pas fini de porter le deuil !

— Ne vous en faites pas, Eveena, je comprends votre ressenti. J'enverrai quelqu'un d'autre et...

— Vous n'enverrez personne ! Classez cette affaire Non Résolue, ça vaudra mieux pour tout le monde, car il faut vous rendre à l'évidence : c'est trop compliqué !

  Le jeune exorciste aux cheveux blancs ouvrit soudain la porte, son envie d'exprimer ses pensées l'emportant sur son côté modéré, calme et bien plus... Futé.

  Eveena retira prestement deux dagues de ses poches dès qu'il franchit le seuil, adoptant une posture défensive. Quant au Directeur, il sembla avoir senti sa présence là depuis le début.

— Je suis prêt à mener à bien cette mission. Mais laissez cette exorciste ainsi que tous ceux qui ne souhaitent pas accomplir cette besogne en dehors de cette affaire ! ordonna-t-il en s'asseyant.

  Eveena haussa les épaules avec désinvolture, puis se retourna brusquement, claquant sèchement de la langue.

— Tu es sûr de ton choix ? Merci, dans ce cas, sourit simplement le Directeur, sans ajouter un mot de plus.

  « Vieux schnock, tu avais tout prévu depuis le début », fulmina Gojo intérieurement. Non seulement il se voyait confier une mission qu'il n'avait pas envie d'accomplir, mais en plus, la nouvelle s'était répandue, et tous s'étaient persuadés qu'il ne reviendrait pas vivant !

  Bon, s'il fallait clouer le bec à ces trouducs, autant le faire correctement.

  En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, il avait terminé de préparer son sac. Trois heures à peine s'étaient écoulées, et il était déjà en route pour accomplir sa nouvelle mission ! Il ne voyait pas ce qui pourrait bien mal tourner, ha, ha !

*

  Le jeune exorciste plissa les yeux, aveuglé par le soleil, tapant en cette heure de l'après-midi. Il venait d'arriver dans le lieu en question où se déroulerait sa mission. Étant un petit village au nord-ouest du Japon, ce qui l'y intéressait le plus était le lieu surnommé « le quartier aux jeux » qui s'y trouvait.

  Gojo soupira, perdant à la fois tous ses repères et toute sa classe dans ce lieu qui lui était tout à fait inconnu.

  Il avança à pas lents, les mains dans ses poches, observant attentivement les ruelles qui s'étendaient devant lui. Des marchés mornes, des personnages louches, des mendiants, un ou deux charlatans sans réelle importance... Mais surtout, d'où sortaient tous les Casinos ?

  Il se décida finalement à s'adosser au mur d'un machin de paris - le nom lui ayant malencontreusement échappé - et déplia la carte qu'on lui avait confiée.

— Alors, voyons voir... À droite, puis à gauche, au milieu, entre le mur ? Mais... Comment ça, un plan de Shibuya ?! Il aura des explications à me donner, une fois de retour...

  Attends... Je rêve ou tous les regards sont sur moi, là ?

https://youtu.be/M22jx3PNxr0

  Il laissa ses doigts effilés glisser délicatement sur son visage, effleurant le contour de ses yeux, avant de laisser échapper un soupir résigné. Il se résolut à acheter une paire de lunettes de soleil afin de cacher la couleur de ses iris. Pouah, que c'était dur d'être parfait !

  Tandis qu'il ajustait sa chevelure, caressant chaque mèche avec circonspection, son attention fut captée par des applaudissements provenant du bout de la rue. Intrigué, il se retourna pour voir ce qui attirait tant l'admiration des passants.

  Un homme de son âge, peut-être légèrement plus jeune, une queue de cheval rousse lui retombant gracieusement sur le dos et des yeux écarlates pétillants de malice sous le spot de lumière. Quant à son costume... Euh... Un truc de clown ? De joker ?

— ... Et maintenant, pour le prochain numéro, ce sera l'un des p-r-é-f-é-r-é-s du public ! Je ferai disparaître un objet appartenant à l'un ou l'une d'entre vous !

  Des cris enthousiastes retentirent autour de lui, tandis que Gojo observait la foule, perplexe. Qu'est-ce qui pouvait bien susciter autant de motivation ?

— Afin d'accomplir ce tour, j'aurais besoin de l'aide d'une personne pour me prêter un objet !

  Il balaya rapidement l'assemblée de ses yeux rouges, avant de fixer son regard sur Gojo, qui resta immobile et se retourna afin de voir si l'homme visait quelqu'un derrière lui. 

— Oh, un volontaire ? Oui, vous, le monsieur aux cheveux blancs.

  L'exorciste s'apprêtait à répondre, curieux de savoir de quoi il en retournait, lorsqu'une main robuste agrippa son poignet, le tirant brusquement loin de la petite scène.

  L'exorciste tenta en vain de se dégager de la poigne de fer de son interlocuteur, qui l'entraînait loin de la foule oppressante.

  Une fois dans une ruelle plus calme, presque pittoresque, Gojo fut finalement relâché et put s'adosser contre un pot de fleurs. Relevant les yeux vers l'homme qui l'avait entraîné là, il remarqua ses traits relativement fins, bien que marqués par la fatigue. Ses yeux brillaient d'un éclat indescriptible, tandis que ses cheveux, plutôt sombres, étaient rassemblés en une tresse qui lui retombait jusqu'au dos.

— Ahem...  Et du coup... On se connaît ?

*

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