𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟎𝟖
— 𝐁 𝐀 𝐍 𝐀 𝐍 𝐀 𝐁 𝐑 𝐄 𝐀 𝐃 —
𝐑𝐄𝐂𝐄𝐓𝐓𝐄 𝐃𝐔 𝐁𝐀𝐍𝐀𝐍𝐀 𝐁𝐑𝐄𝐀𝐃
𝑰𝒏𝒈𝒓𝒆́𝒅𝒊𝒆𝒏𝒕𝒔 :
𝟔𝟎 𝐺𝑟𝑎𝑚𝑚𝑒𝑠 𝑑𝑒 𝑏𝑒𝑢𝑟𝑟𝑒 / 𝟒 𝐵𝑎𝑛𝑎𝑛𝑒𝑠 / 𝟐 𝑂𝑒𝑢𝑓𝑠 / 𝟖𝟎 𝐺𝑟𝑎𝑚𝑚𝑒𝑠 𝑑𝑒 𝑠𝑢𝑐𝑟𝑒 / 𝟓𝟎 𝐺𝑟𝑎𝑚𝑚𝑒𝑠 𝑑𝑒 𝑝𝑜𝑢𝑑𝑟𝑒 𝑑'𝑎𝑚𝑎𝑛𝑑𝑒𝑠 / 𝟏𝟓𝟎 𝐺𝑟𝑎𝑚𝑚𝑒𝑠 𝑑𝑒 𝑓𝑎𝑟𝑖𝑛𝑒 / 𝟔 𝐺𝑟𝑎𝑚𝑚𝑒𝑠 𝑑𝑒 𝑙𝑒𝑣𝑢𝑟𝑒 𝑐ℎ𝑖𝑚𝑖𝑞𝑢𝑒 / 𝟏𝟎𝟎 𝐺𝑟𝑎𝑚𝑚𝑒𝑠 𝑑𝑒 𝑝é𝑝𝑖𝑡𝑒𝑠 𝑑𝑒 𝑐ℎ𝑜𝑐𝑜𝑙𝑎𝑡
Max n'est pas le genre de personne à se laisser abattre.
À vrai dire, en règle générale, il se considère même comme quelqu'un de plutôt résilient.
C'est juste qu'il y a des jours ou cela ne suffit pas et aujourd'hui est l'un de ces jours où il préférerait ne jamais avoir rencontré Charles ni ressentir la myriade de sentiments douloureux qui le traverse à chaque fois que le Monégasque apparaît dans son champ de vision.
Le Néerlandais a conscience du fait que l'autre garçon n'a rien fait pour le mettre dans cet état, que peut-être il tire lui-même sur la corde, mais il n'y peut rien il est juste humain et tous les humains ont leurs mauvais jours, Max n'y fait pas exception.
Il n'était simplement pas préparé à l'avalanche de sensation, au tsunami de sentiments que cet après-midi passé chez Charles allait déclencher en lui et maintenant il est tout simplement incapable de réfréner son esprit, de stopper sa conscience qui lui pousse à tout remettre en question, à analyser chaque scène à la recherche du plus petit détail qu'il aurait manqué, de la moindre faille qu'il aurait pu laisser apparaître et qui aurait conforté Charles dans l'idée de le torturer.
Pour résumer les choses simplement, Max fait de l'anxiété.
Pas de quoi faire une crise, évidemment, simplement le genre de submersion qui vous oblige à vous asseoir et à attendre que le trop-plein reflux lentement jusqu'à un niveau acceptable.
C'est exactement ce qu'il a fait.
Sortir de l'immeuble de Charles lui a pris beaucoup plus de temps que cela n'aurait dû, agrippé à la rambarde de l'escalier, il lui a fallu attendre que les larmes acceptent de s'arrêter, juste assez pour qu'il puisse voir du moins.
Respirer aussi s'avère difficile lorsque l'on a l'impression que sa cage thoracique est en train de se refermer sur elle-même en écrasant ses organes au passage.
Max est rentré chez lui comme un robot, inconscient du monde autour de lui. Machinalement, il a traversé les quelques centaines de mètres qui séparent son appartement de celui de Charles dans le brouillard total, refermé la porte derrière lui et ranger ses chaussures dans le meuble prévu à cet effet. Il a nourri ses chats, Jimmy et Sassy, pris une douche bouillante, puis il s'est roulé en boule sous les couvertures de son lit et il a attendu.
Le blond ne sait pas vraiment ce qu'il attend, parfaitement incapable de fermer les yeux et de laisser le sommeil l'emporter, il se contente de patienter en fixant les minutes qui défilent lentement sur son réveil électronique.
Durant les longues heures qui séparent le jour de la nuit, il se refait le film de la journée, repassant sur chaque détail, décortiquant la trame de ses souvenirs pour tenter d'y découvrir un sens caché, en vain.
Est-ce qu'il a laissé paraître quoi que ce soit ? Il est évident que oui, Charles ne se serait pas mit à agir aussi étrangement autrement, mais quoi ? Le fait que l'autre homme puisse avoir découvert qu'il est gay ne dérange pas vraiment Max, il sait que Charles n'a aucun problème avec ça.
Mais, si ce qu'il a découvert n'a pas de rapport avec son orientation, mais plutôt avec les sentiments qu'il éprouve pour lui, rien que d'y penser, Max sent le sol se dérober sous ses pieds.
Il n'arrive pas à comprendre le Monégasque, les règles du jeu dangereux dans lequel il semble vouloir l'entraîner, ce qu'il croit savoir, ce qui lui reste encore à découvrir et c'est ça qui bouffe Max.
Le fait de ne pas savoir, l'idée que pour Charles, tout cela n'est qu'un jeu sans enjeux, le fait qu'il n'imagine pas tout ce que Max risque de perdre à chaque fois qu'il le taquine un peu trop et en même temps, l'addiction croissante au temps passer avec lui, la chaleur dans son corps et son cœur à chaque fois qu'ils s'effleurent, à chaque fois que leurs paroles dévient, à chaque fois qu'il le fait rire.
Max sait qu'il pourrait tout perdre et pourtant, il n'arrive pas à se sevrer de cette intimité qu'ils sont en train de créer, consciemment ou non.
Alors il attend, replié sur lui-même dans les draps froids, Max attend qu'une solution tombe du ciel, qu'une échappatoire s'offre à lui et qu'il parvienne à protéger son cœur sans perdre l'amitié de Charles précieusement gagné.
Autant dire que dans son état, cela n'est pas près d'arriver.
Alors il attend, Max attend sans bouger, roulé en boule dans son lit sans savoir quoi faire de lui-même, privé de sommeil, les yeux désespérément fixés sur les chiffres lumineux du réveil que défile si lentement qu'il se demande même si le temps ne s'est pas tout simplement arrêté.
Plusieurs heures passent ainsi, sans qu'il n'esquisse le moindre mouvement attendent patiemment un déclic qui ne vient pas puis, quand le ciel commence à s'éclaircir à l'horizon et que cinq heures du matin s'affiche sur l'écran lumineux du réveil, Max se résout à accepter qu'il ne parvienne pas à se sortir de cet état seul.
Tout aussi machinalement que la veille, il étend le bras et saisit le téléphone portable qui a été abandonné sur la table de chevet et sélectionne le contact tout en haut de sa liste de favoris.
Passivement, il appuie sur le bouton du haut-parleur et laisse retomber l'appareil dans les draps, écoutant distraitement les totalités qui se succèdent, toujours à la même fréquence.
- Maxy ! Content de voir que tu ne m'as pas oublié, comment tu vas ?
Détaché, le Néerlandais regarde la photo ridicule qu'il a associée au contact de Daniel, une réponse laconique prenant lentement forme dans son esprit. Trop lentement cependant, puisque Daniel reprend la parole, légèrement moins enjoué cette fois-ci :
- Maxy ? Est-ce que je suis sans ta poche ? Halo ?
Le blond entrouvre les lèvres, prêt à parler pour rassurer son ami, lui dire qu'il ne s'agit pas d'une erreur, mais aucun son ne dépasse la frontière de ses lèvres, comme si sa voix avant subitement décider de disparaître.
- Si c'est une blague, ce n'est pas drôle, s'agace le plus âgé. Max ? Il est super tôt chez toi en plus, t'es là ?
Max pince les lèvres, il faut juste qu'il arrive à dépasser ce stupide blocage.
- Sérieux mec, dit quelque chose sinon je te jure que j'envoie la police te cher...
- Les camés du Vatican.
Le plus jeune a l'impression de s'être arraché les cordes vocales, ce n'est pas grand-chose pourtant, quatre petits mots qui lui demandent pourtant une énergie énorme, presque plus que ce qu'il n'a à offrir, mais il sait que Daniel comprendra parfaitement leur signal et ça ne manque pas.
Le silence s'éternise de l'autre côté du fil avant que la voix de Daniel ne résonne à nouveau, glacée d'appréhension.
- Tu es sûr de toi ?
Max ne dit rien, se contentant de hocher la tête silencieusement, oubliant que Daniel ne peut pas le voir, mais son silence sonne comme une réponse suffisante aux oreilles de l'Australien qui prend une grande inspiration.
- Dis-moi où tu es, j'arrive.
Le blond esquisse un petit sourire, la voix retrouvée et légèrement plus détendue qu'il y a quelques minutes.
- Tu es de l'autre côté de la planète, idiot.
- Et alors ? En partant maintenant, je peux être là dans vingt-six heures. Dis-moi ce qu'il se passe pendant que je fais ma valise.
La culpabilité de mettre un terme aux vacances de son ami pince le cœur du Max qui tente de rattraper le coup.
- Je vais bien, il souffle. Tu n'as pas besoin de venir jusqu'ici.
- Max, l'agacement et l'inquiétude perce de l'autre côté du combiné. Les camés du Vatican sont réservés aux urgences vitales et je sais parfaitement que tu ne l'utiliserais pas si ce n'était pas le cas.
- Je peux me débrouiller, ce n'est pas si grave.
- Le fait que tu me dises ça me fait penser exactement l'inverse, grince l'autre.
Le blond se replie un peu plus sur lui-même, comme pour se rendre invisible.
- Dany...
- Est-ce qu'il s'est passé quelque chose avec Charles ?
La question le prend de court, il ne s'était pas attendu à ce que Daniel comprenne si vite, mais il a tendance à oublier que Daniel a toujours su lire en lui comme dans un livre ouvert.
- Évidemment qu'il s'est passé un truc avec Charles, se reprend l'Australien. Je ne vois rien d'autre qui puisse te mettre à ce point dans les choux à part lui. Il t'a fait quelque chose ?
Le cœur du plus jeune se réchauffe à l'idée que Daniel prend automatiquement sa défense, comme s'il ne pouvait pas être celui qui est en tort, c'est réconfortant d'avoir toujours quelqu'un de son côté.
- Il n'a rien fait, c'est moi qui ne sais plus où j'en suis.
Le blond peut presque entendre les rouages du cerveau de son ami se mettre en marche de l'autre côté du téléphone.
- D'accord, il souffle finalement. Il faut que tu me racontes tout depuis le départ, mais d'abord, tu es où là ?
- Chez moi.
- Seul ? S'enquiert l'autre.
Max lève les yeux au ciel.
- Avec qui voudrais-tu que je sois ?
Sa remarque sonne beaucoup plus désespérée qu'il ne le souhaite et le silence de Daniel est équivoque.
- Je ne sais pas, soupire l'autre. Quand il est question de Charles, tu as tendance à faire n'importe quoi pour étouffer ta peine.
- Ne rends pas les choses plus dramatiques qu'elles ne le sont.
- Tu veux que l'on reparle de la dernière fois que tu as utilisé les camés du Vatican ?
- Sans-façon, il marmonne.
L'autre n'ajoute rien et Max lui en est silencieusement reconnaissant, il y a des choses dont il n'aime pas se rappeler, des moments de faiblesse qu'il est préférable d'oublier.
Le silence reprend ses droits sur eux quelques instants avant que la voix de Daniel ne résonne de nouveau.
- Quelle heure il est chez toi ?
Le blond tourne la tête vers le réveil.
- Cinq heures du matin.
- Tu te réveilles ?
- Non, il secoue la tête. J'attendais de pouvoir t'appeler.
- Tu n'es pas sérieux Maxy ? S'inquiète l'autre.
- Je n'aurais pas réussi à dormir de toute façon, explique-t-il avec détachement.
- Alors tu aurais dû m'appeler plus tôt.
- Je sais que tu aimes faire la grasse matinée pendant tes vacances.
- Et moi, j'insiste, je veux être là quand tu vas mal, même si c'est au beau milieu de la nuit.
- C'est trop tard maintenant de toute façon, élude le triple champion de monde.
- Maxy...
- Vraiment Dany, ça va mieux, j'avais juste besoin de parler à quelqu'un, c'est passer.
- Et moi, je retourne chez McLaren. Ne me prends pas pour un con Max.
La pique à au moins le mérite de clouer le bec au Néerlandais qui sait que l'ancienne écurie de son ami est encore un sujet glissant et que pour qu'il y fasse référence, c'est qu'il n'a pas envie de rire.
Daniel semble aussi prendre une seconde pour respirer un grand coup et se calmer avant de reprendre.
- Bon, blondie, sors de ton lit et enfile un pantalon, on bouge.
- On ?
- Parce que tu crois que je vais te lâcher ? Tu te fourres le doigt dans l'œil jusqu'au coude si c'est le cas.
Max secoue la tête avec amusement, non, décidément, on ne se débarrasse pas de Daniel aussi facilement.
- Et je peux savoir où est-ce que l'on va ?
- Chez-moi.
Le blond hausse les sourcils.
- Comment est-ce que je suis censé rentrer chez toi au juste ? Il demande.
- La clé est sous le paillasson.
Un blanc s'installe entre les deux hommes de chaque côté de la planète.
- Sérieusement ?
- Ouaip.
Max passe une main désespérée devant ses yeux, sentant la migraine pointer.
- Tu possèdes une maison à plusieurs millions d'euros et tu laisses la clé sous le paillasson ? Vraiment Dany ? Pourquoi ne pas envoyer une invitation à tous les cambrioleurs du coin tant qu'on y est.
- Rooh ne soit pas rabat-joie, s'agace l'autre. J'ai un service de sécurité.
- Est-ce qu'ils savent qu'ils protègent la maison d'un type qui laisse les clés sous le paillasson ?
- Je n'aurais jamais dû te donner cette information.
- Je confirme, il ricane. Qu'est-ce que je suis censé faire chez toi d'ailleurs ?
- Maxy, si l'on doit avoir la conversation que l'on est sur le point d'avoir, il va te falloir mon pack spécial catastrophe.
- Le pack catastrophe ?
- Ne pose pas de question dont tu ne veux pas connaître la réponse.
Pour une fois dans sa vie, Max obéit à la demande de son ami et ne creuse pas, bien que l'envie soit forte, qui a chez lui un pack catastrophe franchement ?
Toujours en pleine conversation avec Daniel, Max quitte son appartement aux petites heures du jour, le soleil pas encore levé à l'horizon pour se rendre en taxi jusqu'au luxueux complexe juché sur les hauteurs de la principauté.
Si le Néerlandais aime le cossu de son appartement du centre-ville, le pilote Australien lui, n'a pas fait dans la demi-mesure. Villa avec piscine, vue mer et héliport, le tout à seulement quelques minutes en hélicoptère du centre historique, Max aime le traiter de pie lorsqu'il est question du nid dans lequel son ami s'est installé il y a de ça plusieurs années.
Jogging, grosses chaussettes, sweat-shirt, bonnet, écharpe et manteau d'hiver, Max est comparable à un millefeuille de couches et sous-couches de vêtements censés le protéger du froid mordant alors qu'il remonte l'allée menant à l'entrée de la villa.
- T'es arrivé ? Questionne la voix de Daniel dans ses écouteurs.
- Deux minutes.
- La clé n'est pas littéralement sous le tapis, elle est sous le pot du bonsaï à côté de la porte.
- Un bonsaï ? Vraiment ? Ricane le blond.
- J'aime bien regarder le jardinier s'en occuper, justifie l'autre.
Max lève les yeux au ciel avant de sortir la clé de l'emplacement indiqué par Daniel et de déverrouiller la porte.
- Le code de l'alarme, c'est 27052018, il partage.
Le Néerlandais réfléchit un instant, cette date lui dit quelque chose.
- C'est la date de ta victoire à Monaco ? Il questionne.
- Yep.
- Dany vraiment, grimace le champion. Tu as à ce point envie de te faire cambrioler ?
- Moque-toi autant que tu veux, mais t'étais qu'un gros jaloux à l'époque. Rappelle-toi comment tu avais boudé toute la soirée parce que Charles n'était pas à la fête et que tu étais fâché d'être arrivé neuvième.
Malgré son envie de riposter, le plus jeune garde la bouche close, Daniel a raison après tout, il avait passé la soirée et une partie de la nuit, assis dans l'un des canapés de la soirée à laquelle on l'avait obligé à aller avant de se mettre une cuite du futur, de vomir dans le port et de rentrer au bras d'un inconnu qui s'était avéré être un terrible coup au lit.
Clairement pas l'un de ses moments les plus glorieux, n'y a pas à dire.
- Qu'est-ce que je fais maintenant ? Il demande à la place.
- Ah oui, se reprend l'autre. Tu vas dans ma chambre et tu regardes dans la table de chevet.
Docile, le blond s'exécute, déambulant dans la maison qu'il connaît par cœur pour aller farfouiller dans la table de chevet.
- Daniel ?
- Oui ?
- Tu m'as fait traverser Monaco pour une boite de capotes et un tube de lubrifiant ? Il s'insurge.
Sous les yeux de Max, rien d'autre dans le tiroir qu'une boîte de préservatifs entamés et un flacon le gel lubrifiant aromatisé à la barbapapa qui tire une grimace d'horreur au pilote.
- Quoi ? Non ! L'autre table de chevet idiot !
Le Néerlandais referme le tiroir avec dégoût.
- Comment j'étais censé savoir que c'était l'autre table de chevet, espèce de crétin.
- Tu aurais dû le savoir, c'est tout, défend l'autre.
- Franchement, Dany, barbapapa ? Mais t'as quel âge ?
- Commence par avoir une relation qui ne soit pas un coup d'un soir et ensuite, on parlera de mes préférences, d'accord minus ?
Aie, c'était méchant.
- Vieillard, il souffle, mauvais.
- Chiard, rétorque l'autre.
Tout en insultant son ancien coéquipier à demi-mot, le triple champion du monde contourne le lit pour se diriger vers la deuxième table de chevet au-dessus de laquelle il se penche.
- Dan, je t'assure que si je trouve un godemichet là-dedans, je fous le feu à ta baraque.
- Arrête de chouiner et ouvre le tiroir au lieu de dire des conneries, rétorque l'autre.
Avec un soupçon d'appréhension mêlé à une pointe de curiosité, Max entrouvre le meuble avant d'ouvrir de grands yeux.
- Mais qu'est-ce que...
- Tu l'as trouvé ?
- C'est vraiment ce que je crois ? Il avale sa salive.
- C'est totalement ce que tu crois, se vante l'Australien. Mieux qu'un godemichet pas vrai ?
Avec mille précautions, Max se saisit du disque vinyle collector de 1978 du film Grease qu'il dépose sur le tourne-disque. Instantanément, les premières notes de « Hopelessly devoted to you » résonnent dans la chambre à coucher et Max s'installe sur le lit, les yeux fermés pour profiter de cet air de légende qui lui tire des frissons à chaque fois qu'il l'écoute.
Daniel le connaît vraiment trop bien, au point que s'en est presque flippant parfois.
- Je t'aime Dan, souffle le plus jeune avec émotion.
- Moi aussi, Maxy.
Le sourire dans la voix du plus âgé est clairement perceptible et il parvient à étirer les coins de la bouche de Max tandis qu'il balance doucement la tête au rythme des paroles de la chanson qui résonne avec familiarité.
- Bon, souffle l'Australien. Maintenant que j'ai déployé les grands moyens pour t'arracher un sourire, est-ce que tu vas enfin te décider à me raconter ?
- Tu vas te moquer de moi, soupire le blond.
- Évidemment, je serai un très mauvais meilleur ami autrement, il ricane. Mais je promets qu'après m'être moqué, je t'aiderais à trouver une solution.
Alors Max lui raconte, dans les moindres détails, la journée de la veille, de la voisine homophobe à la tentative d'auto-strangulation/séduction de Charles et son désormais traumatisme avec les éclairs au chocolat.
Et Daniel rit, il rit comme rarement dans sa vie et Dieu sait qu'il se demande s'il ne va pas se faire pipi dessus à un moment parce que, franchement, imaginer le noble et distingué Charles Leclerc faire une gorge profonde à un innocent éclair au chocolat pour tenter d'impressionner Max, c'est quelque chose qui ne fait clairement pas partie de son bingo.
Le calme revient naturellement au bout d'un moment, lorsque Max aborde les derniers moments passés avec le Monégasque puis sa longue phase de dissociation avant de revenir au présent tandis que le blond retourne le disque sur sa phase B.
- Bon, soupir Daniel. C'est quoi le plan maintenant ?
- Je viens de te le dire, il n'y a pas de plan, il est mort et enterré le plan. Au mieux Charles pense juste que je suis gay sans rapport avec lui et il tolère ma présence jusqu'à sa rémission, au pire, il a compris que je suis amoureux de lui et là, il ne voudra plus jamais me parler ou même se retrouver dans la même pièce que moi.
- Il pourrait aussi te trouver à son goût et t'offrir l'une de ces petites gâteries dont il semble avoir le secret sur l'îlot de la cuisine ?
- Dany, soupire le plus jeune. Tu as promis de m'aider.
- Mais c'est ce que j'essaie de faire ! Comment est-ce que tu peux être aussi sûr que tu n'as aucune chance avec lui déjà ?
- Parce que c'est Charles !
- Han, mauvaise réponse.
Il se pince l'arête du nez, agacé.
- Je ne sais pas pourquoi, il râle. C'est juste comme ça, ce n'est pas possible.
- Tu ne lui as même pas posé la question Maxy, tu n'en sais rien et puis, vu comment tu m'as décrit la scène de l'éclair, permet moi d'émettre des doutes. Aucun hétéro n'apprend à faire des fellations pour le fun et Charles n'est clairement pas assez souple pour que ça ait un intérêt personnel. Crois-en mon expérience, il est à voile et à vapeur le Charlot !
- Je peux savoir de quelle expérience on parle au juste ? Grince le pilote dont les joues rougissent contre sa volonté.
- Moi aussi, j'ai été jeune Maxy ! Dois-je te rappeler que j'ai été pilote en même temps que Jenson Button et Mark Webber ?
- Qu'est-ce que je dois comprendre ?
- Rien de particulier, chantonne l'autre. Je te raconterais, un jour, quand tu seras grand.
- Daniel...
- Non, mais prenons les choses sous un autre angle, OK ? Disons que Charles a une attirance pour les autres, genre, c'est un fait, d'accord ? Tu penses qu'il te drague ?
Le plus jeune se laisse retomber sur les draps, le téléphone posé sur son torse se soulevant au rythme de ses respirations.
- Comment est-ce que tu veux que je sache ça ? Il marmonne.
- Pas à moi Maxy, ricane l'autre. Nous savons tous les deux que tu es parfaitement au courant lorsque tu te fais draguer. Dois-je te rappeler cette fameuse soirée après le Grand Prix d'Espagne en 2016 où tu...
- C'est bon, il coupe. Tu as raison, pas la peine de reparler de cette soirée.
- Alors sois honnête, si ce n'était pas Charles, est-ce que tu prendrais ça pour de la drague ?
Le Néerlandais prend le temps de peser le pour et le contre pendant une longue minute, dressant la liste des moments partagés au cours des derniers jours.
- Peut-être, avoue-t-il finalement.
- Eh bah voilà ! Ce n'était pas si compliqué à admettre !
- Mais c'est Charles, ce n'est pas un inconnu, c'est différent.
- Je peux savoir en quoi ?
- Charles ne me dragerait jamais, il ne me voit pas comme ça.
- Excuse-moi, fait semblant de tousser l'autre. J'avais oublié que tu étais dans sa tête.
- Ce n'est pas ce que j'ai dit, râle le blond. C'est juste que c'est impossible, Charles ne peut pas me draguer, c'est insensé.
- Pourquoi est-ce que ça te paraît aussi improbable d'abord ? T'es un mec sympa, avec la tête sur les épaules, tu prends soin de lui pour aider sa mère, tu le couvres de petites attentions et, objectivement, tu es plutôt canon, je ne vois pas pourquoi il ne s'intéresserait pas à toi. À moins d'être aveugle, évidemment.
Amusé malgré la gêne, Max hausse les sourcils.
- Tu me trouves canon, Dany ? Il se moque.
- C'est tout ce que tu as retenu ?
- Non, il rit. Mais tu devrais faire attention, tu me fais tellement de compliments que je vais finir par croire que tu es amoureux de moi.
- Beurk, ne parle pas de malheur. Je suis encore traumatisé de t'avoir vu tout nu.
- C'était un bain de minuit Dany, il lève les yeux au ciel. Il faisait nuit noire.
- Et alors ? Rien que le fait de savoir que tu étais tout nu à côté de moi suffit à me donner des cauchemars.
- Quelle Drama Queen.
Ils rigolent tous les deux pendant une minute avant que le silence ne revienne progressivement, bercés par une version acoustique de « You're the one that i want ».
- Tu sais, reprend l'Australien en douceur. Je me moque, mais je suis sérieux, s'il y a la moindre chance que Charles puisse être attiré par les hommes, il serait idiot de ne pas s'intéresser à toi.
- Merci, Dan, sourit le plus jeune. Mais il n'y a aucune chance pour qu'il soit gay ou même bi alors il n'y a pas vraiment de monde où cela pourrait arriver.
L'autre pilote ne répond pas et, pendant une seconde, Max pense avoir réussi à clore le sujet. La dernière chose qu'il souhaite, c'est qu'on l'encourage à nourrir un espoir qui ne pourra que le blesser par la suite. Mieux vaut rester dans son coin sans faire de vague et éviter la tempête, c'est ainsi qu'il a toujours fait et il ne compte pas changer de programme aujourd'hui.
Mais c'est mal connaître Daniel.
Le bruit de la porte d'entrée qui claque fait sursauter le Néerlandais qui se redresse sur ses coudes, alarmé. Rapidement, il saisit son téléphone et le rapproche de son visage tout en retirant le haut-parleur.
- Daniel, il chuchote dans le combiné. Je crois qu'il y a quelqu'un chez toi.
- C'est bon, c'est moi qui...
- Je t'avais dit de ne pas laisser ta foutue clé sous ce foutu bonsaï bordel, il panique. C'est sûr que ce sont des cambrioleurs !
- Hein ?! Mais non, Max de quoi est-ce que tu...
- Ils vont me trouver et ils vont me tuer et tout ça, c'est ta faute !
- Max arrête deux secondes de faire l'idiot et écoute...
- Tais-toi ! Je les entends qui approche !
Dans le couloir, le bruit de pas qui se rapproche se fait entendre et Max se fige complètement, arrêtant même de respirer pour se faire discret alors qu'il est parfaitement visible en plein milieu du lit.
Avec une expression d'horreur plaquée sur le visage, il regarde la poignée pivoter et le battant s'ouvrir pour révéler l'identité de l'intrus.
- J'ai apporté le petit-déjeuner !
- Oh mon Dieu ! Hurle le blond.
- Non, moi, c'est Lando, mais tu peux crier mon nom autant que tu veux, il lui fait un clin d'œil.
Une fois la surprise passée, Max parvient à entendre le rire hystérique de Daniel au téléphone. Le sourire suffisant de l'Anglais fait rougir ses joues.
- Qu'est-ce que tu fous là ? Il aboie presque.
- Tout doux super Max, plaisante l'autre garçon. C'est Daniel qui m'a appelé, il a dit que c'était un code rouge.
Surpris, le blond baisse les yeux sur le smartphone avec un air suspicieux.
- Dan ? Il accuse.
- Ne me fais pas cette voix-là Maxy, ce n'est pas parce que je ne suis pas là que je ne peux pas envoyer de renforts sur place.
- C'est moi les renforts, précise Lando.
Max lui lance un regard blasé avant de se mordre la lèvre.
- Ce n'était pas nécessaire, parler avec toi me suffit.
- Arrête de dire n'importe quoi, nous savons tous les deux que tu as besoin d'un gros câlin. Lando, fait un gros câlin à Max.
- Chef oui chef ! S'exécute l'Anglais sans chercher à comprendre.
Sans la moindre once d'hésitation, Lando se propulse sur le lit de Daniel et écrase Max de tout son poids, refermant ses bras autour de lui dans une étreinte violente, mais réconfortante.
- J'ai ramené des pains au chocolat, chuchote le cadet dans l'oreille de sa victime qui tressaille.
- C'est très bien les garçons, résonne la voix de l'Australien. Maintenant Lando, je veux que tu dises à Max qu'il est beau.
- T'es beau Max.
- Dis-lui que c'est un mec bien, il poursuit.
- T'es un mec bien et tes cheveux sentent super bon, il renifle sa tête. C'est quoi ton shampoing ?
- Tu sais que je t'entends Dany ? Râle le blond écrasé.
- Je sais Maxy, mais je n'ai pas encore terminé. Lando, dit à Max que ce n'est qu'une question de temps avant que Charles ne lui tombe dans les bras.
Le pilote McLaren hoche la tête mécaniquement.
- Ce n'est qu'une question de temps avant que... Attends, quoi ? Max veut sortir avec Charles ?
Parvenu au comble de la gêne, Max pousse Lando qui roule de l'autre côté du lit, écrasant le sachet de pains au chocolat au passage avant de se redresser et de cacher son visage dans ses mains.
- Ferme-la Daniel, il siffle.
- Lando ? Le plus âgé ne l'écoute pas. Tu peux me dire quelle tête est-ce que fait Max s'il te plaît ?
- Eh bien, il hésite une seconde. Je dirais qu'il est au croisement de la tomate et de la fraise.
- Aww, ricane l'Australien. Tu es tout gêné Maxy.
- Attendez, répète Lando, visiblement perdu. Tu veux vraiment sortir avec Charles ?
- Non, cingle Max. De toute façon, il n'est pas gay et je ne vois pas pourquoi est-ce que lui voudrais sortir avec moi.
- Je te l'ai déjà dit, tu ne peux pas être sûr qu'il n'est pas intéressé par les hommes tant que tu n'as pas enfoncé ta langue dans sa bouche.
- Daniel ! S'offusque le blond. C'est une agression que tu es en train de décrire.
- Pas s'il aime ça !
- Charles comme dans Charles Leclerc ? Demande Lando.
- Non, Charles comme le prince Charles, idiot, ricane la voix au téléphone.
- Hé !
- Est-ce que l'on peut arrêter de parler de Charles ? Chouine Max en plongeant la tête dans ses mains avec désespoir.
- Certainement pas, ricane Daniel. Tu es coincé avec nous Maxy.
Le blond lance un regard mauvais au téléphone, il peut presque deviner la frimousse de comploteur de Daniel, assis dans sa chaise longue de l'autre côté de la planète.
Agacé, il relève les yeux vers Lando, prêt à lui sortir une excuse toute préparée, mais c'est sans compter sur l'expression de joie mêlée de fierté qui se lit sur le visage du jeune Anglais qui se penche pour lui donner un autre câlin.
- Merci de m'en parler, Max, il souffle. Je suis 100% avec toi mon pote.
- Merci à toi d'être venue, il répond en lui rendant son étreinte.
- Daniel peut se montrer très persuasif.
Ils ricanent tous les deux avant de se servir dans le sachet de viennoiseries apportées par Lando.
- Ne mettez pas des miettes partout dans mon lit, râle Daniel.
- Trop tard, Max répond, la bouche pleine.
- Alors ? Demande celui-ci. C'est quoi le plan ? On va chez Charles, je bloque les sorties pendant que tu le coinces dans un coin ?
- Il n'y a pas de plan, parce que je ne vais rien faire du tout, rétorque le blond.
- Bien sûr que si tu vas faire quelque chose, contredit Daniel avec détermination.
- Plutôt crever.
- Ça ne devrait pas être un problème.
- OK, OK, doucement les gars, désamorce le plus jeune. Commencez par me raconter l'histoire si vous voulez que je vous donne mon avis.
Et, au grand déplaisir de Max, c'est exactement ce que Daniel fait, racontant tout ce que je Néerlandais lui a confié, en long, en large et en travers de la gorge de Charles.
- Donc, si je comprends bien, réfléchi Lando au bout d'un moment. La question principale qui te bloque, c'est de savoir si Charles est attiré par les hommes ?
- Tu as tout compris, ricane Daniel.
- Mais je ne ferai rien pour le savoir, précise le triple champion du monde. Pas question que je ruine ma relation avec Charles à cause de ça.
- Eh bah, s'il n'y a que ça, sourit Lando. Je pense avoir la solution à ton problème !
Puis, sans attendre l'avis des deux autres hommes, le plus jeune des trois dégaine son téléphone, compose un numéro à toute vitesse et moins de deux tonalités plus tard, une voix que Max et Daniel connaissent bien résonne de l'autre côté du combiné.
- Muppet ? Tu viens de partir, je te manque déjà ?
Malgré la rougeur manifeste de ses joues, Lando se force à lever les yeux au ciel et à s'éclaircir la voix.
- Carlos, j'ai une question à te poser, c'est au sujet de Charles.
- Oh, je t'écoute.
- Est-ce que tu sais s'il est intéressé ou s'il est déjà sorti avec un homme ?
Seul le silence répond au jeune Anglais qui a visiblement découvert la notion de subtilité dans une pochette-surprise.
- Pourquoi ? Ricane Carlos. Tu es intéressé ?
- Bien sûr que non, râle le bouclé. Je pose la question pour un ami.
Nouveau silence de l'autre côté du fil, Max pourrait disparaître dans un mur s'il en avait le pouvoir.
- Eh bien, dans ce cas, réfléchi Carlos. Je ne l'ai jamais vu avec un autre homme personnellement, toujours avec des femmes, mais je sais qu'avant que je n'arrive, Ferrari a dû étouffer une histoire qui incluait un autre homme donc peut-être qu'il s'intéresse au deux ?
Les deux pilotes, ainsi que la présence spirituelle de Daniel échangent un regard équivoque avant que Lando ne reprenne la parle, beaucoup trop excité pour son propre bien.
- Merci Carlos ! Je te revaudrais ça ! Je t'envoie un message tout à l'heure.
- J'espère bien, ricane l'homme à l'accent chantant. Eh, Lando ?
- Oui ?
- Tu passeras le bonjour à Max pour moi.
Puis, sans rien j'ajouter d'autre qu'un ricanement machiavélique, l'Espagnol raccroche, laissant derrière lui un Max transporté d'effroi et deux idiots un peu trop excités pour le bien de leur ami.
- Eh bah voilà ! Se vante Daniel. Qui est-ce qui avait raison encore une fois ? C'est moi, le seul vrai voyant parmi nous Ki-Ki-Ki !
- Ki-Ki-Ra ! Répond Lando, tout aussi extatique.
- Ce n'est pas vrai, marmonne blond en passant une main sur son visage.
- Tu vois, Max, ricane la voix de Daniel au téléphone. Maintenant, on va pouvoir te créer un plan d'attaque, pas vrai Lando ?
- Tu peux compter sur moi ! En voiture Simone !
- La mission « pécho Charles Leclerc » est lancée et je ne m'arrêterais pas avant qu'elle ne soit un succès complet !
🍌🍌🍌🍌🍌
Les Totally Spies partent en guerre et Monaco va trembler !
Un court message parce que je suis appelée ailleurs, mais j'espère que ce chapitre vous plaît malgré l'absence de Charles qui reviendra plus malade et ambiguë que jamais dans le prochain chapitre.
Daniel prend les choses en main et tout le monde met sa petite pierre à l'édifice pour parvenir à réunir nos deux héros, mais cela sera-t-il suffisant ? Je vous laisse faire vos pronostics !
Passage éclair de Lando et Carlos, supporter de qualité du Lestappen, je ne sais pas encore si on les verra de nouveau avant la fin de l'histoire, mais ça m'a fait plaisir d'écrire ce petit clin d'œil au Carlando hihi
Dans le prochain chapitre, Courage le chien froussard (Max) doit décider s'il retourne affronter Charles ou s'il préfère prendre la fuite et Charles, de son côté, ne lui laisse pas vraiment le choix !
Bye les copains ♡
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