𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟎𝟕











— 𝐁 𝐀 𝐍 𝐀 𝐍 𝐀   𝐁 𝐑 𝐄 𝐀 𝐃 —











𝐑𝐄𝐂𝐄𝐓𝐓𝐄 𝐃𝐔 𝐁𝐀𝐍𝐀𝐍𝐀 𝐁𝐑𝐄𝐀𝐃

𝑰𝒏𝒈𝒓𝒆́𝒅𝒊𝒆𝒏𝒕𝒔 :

𝟔𝟎 𝐺𝑟𝑎𝑚𝑚𝑒𝑠 𝑑𝑒 𝑏𝑒𝑢𝑟𝑟𝑒 / 𝟒 𝐵𝑎𝑛𝑎𝑛𝑒𝑠 / 𝟐 𝑂𝑒𝑢𝑓𝑠 / 𝟖𝟎 𝐺𝑟𝑎𝑚𝑚𝑒𝑠 𝑑𝑒 𝑠𝑢𝑐𝑟𝑒 / 𝟓𝟎 𝐺𝑟𝑎𝑚𝑚𝑒𝑠 𝑑𝑒 𝑝𝑜𝑢𝑑𝑟𝑒 𝑑'𝑎𝑚𝑎𝑛𝑑𝑒𝑠 / 𝟏𝟓𝟎 𝐺𝑟𝑎𝑚𝑚𝑒𝑠 𝑑𝑒 𝑓𝑎𝑟𝑖𝑛𝑒 / 𝟔 𝐺𝑟𝑎𝑚𝑚𝑒𝑠 𝑑𝑒 𝑙𝑒𝑣𝑢𝑟𝑒 𝑐ℎ𝑖𝑚𝑖𝑞𝑢𝑒











Charles ne se qualifierait pas lui-même d'hyperactif.

Cependant, aucun humain normalement équilibré n'irait s'asseoir dans une voiture roulant à plus de 300km heure en risquant de se prendre un mur à la première inattention simplement par plaisir.

Disons plutôt que, comme la plupart de ses pères, Charles a besoin d'une certaine quantité d'adrénaline pour se sentir vivant, en pleine possession de ses moyens et que rester assis dans un canapé pendant plusieurs heures, enfermé entre quatre murs depuis plusieurs jours ne fait pas réellement partie de son vocabulaire du bien-être.

Quand Max a proposé de regarder un film, il a sauté sur l'occasion simplement pour ne pas se retrouver de nouveau seul dans le silence de son appartement Monégasque.

Il lui a laissé carte blanche sur le choix du programme, trop heureux d'avoir une présence à ses côtés pendant encore quelques heures et bien décidé à ne pas laisser la fatigue le rattraper pour pouvoir en profiter un maximum. Il n'aura qu'à dormir le reste de la journée, tant qu'il est conscient lorsque Max est présent, c'est le principal.

Charles a donc à peine sourcillé lorsque le Néerlandais a arrêté son choix sur Forrest Gump, un film qu'il a déjà vu au moins deux fois, mais qui semble particulièrement plaire à son rival, à en juger par sa concentration et son regard fixé sur l'écran depuis bientôt une heure et demie.

Le Monégasque aime plutôt bien ce film, une jolie histoire, un jeu d'acteur parfait et des tonnes de références et de détails plus ou moins cachées qu'il aurait pris plaisir à retrouver s'il n'était pas comme un lion en cage dans son propre appartement depuis des jours.

Une heure et demie, c'est le temps qu'il faut à Charles pour s'ennuyer ferme et se désintéresser totalement de la projection sous ses yeux.

C'est donc naturellement qu'il reporte toute son attention vers le seul autre être vivant de la pièce : Max.

Max dont le comportement a le don d'intriguer Charles au plus haut point depuis le début de leur étrange cohabitation.

Il faut dire qu'en l'espace de quelques jours à peine, le Néerlandais lui a révélé plus de facettes de sa personnalité que depuis leur première rencontre en karting. Bien sûr, il aurait été surprenant que Max se montre aussi prévoyant et attentif dans un autre cadre, mais cette nouveauté à le don d'intriguer Charles surtout que cette soudaine délicatesse à son égard semble cacher un secret encore plus important.

Et personne n'ignore à quel point Charles Leclerc adore les potins.

Pensivement, il détaille le profil du blond dont toute l'attention est accaparée par la télévision.

Ils sont tous les deux assis dans le même canapé, chacun appuyé contre un accoudoir à chaque bout, Max assis bien droit et Charles replié sur lui-même sous les couvertures.

Ce détournant totalement de l'écran, le malade en profite pour se livrer à un examen approfondi de son vis-à-vis. À vrai dire, il sait assez peu de choses sur Max, presque rien qui ne concerne pas la Formule 1 en tout cas.

Évidemment, il a quelques informations de base, surtout apprises durant leur enfance ou au travers des réseaux sociaux. Charles sait par exemple que Max est quelqu'un d'assez réservé, préférant largement le calme de son appartement à des voyages aux quatre coins du monde durant leur temps libre, en faisant l'un des pilotes de la grille les plus présent à Monaco.

Il sait qu'il aime particulièrement les jeux vidéo, qu'il fait peu la fête, mais qu'il ne l'évite pas pour autant, offrant même parfois aux paparazzis quelques clichés particulièrement croustillants de ses soirées. Il l'a vu s'adoucir avec le temps, mûrir et gagner l'affection du public.

Il sait qu'il est célibataire depuis longtemps, mais il ne sait pas pourquoi et Charles ne saurait pas donner le nom d'une seule relation sérieuse qu'aurait pu avoir Max depuis qu'ils se connaissent, encore moins depuis qu'ils sont tous les deux en F1.

Charles n'a rien contre ça, chaque pilote aborde différemment les relations amoureuses à l'image de Fernando et Lewis qui ont préféré faire passer leur carrière en priorité, de Lando qui multiplie les relations sans attaches ou de Kevin et Nico qui sont heureux en mariage.

La seule chose différente avec Max, eh bien, c'est que l'on ne sait pas où il se place sur cette échelle.

Encore une fois, plusieurs photos ont déjà fuité rapidement étouffées par la puissance de frappe Red Bull, mais Charles se souvient parfaitement du matin qui avait succédé au premier titre du Néerlandais et des images qui avaient fuités sur les réseaux sociaux, prétendant immortaliser Max rentrant à l'hôtel avec un autre homme. Le Monégasque a vu ces photos et rien ne permet d'identifier formellement l'un ou l'autre des deux hommes et il ne s'était pas particulièrement attardé sur la question à l'époque.

Mais, à la lumière des derniers jours, Charles est parvenu à la conclusion d'un doute raisonnable.

Il y a, selon lui, une possibilité que le triple champion du monde ne soit pas entièrement hétérosexuel.

Pas que ça le dérange particulièrement, après tout lui-même ne l'est pas, mais disons que maintenant que l'idée s'est fait une place dans le cerveau de commère de Charles, il doit, pour son propre bien, avoir la réponse à cette question.

Et aussi parce qu'il trépigne d'impatience à l'idée de voir la mâchoire de Pierre se débouter lorsqu'il lui racontera.

Il lui reste maintenant à prouver que sa petite théorie est avérée et rien de mieux pour ça que de tâter lui-même le terrain. Charles a bien remarqué l'embarras de Max à plusieurs reprises ces derniers jours, toujours quand ils sont proches l'un de l'autre et si Charles lui est reconnaissant de ne jamais avoir profité de son état pas toujours très glorieux, il ne va pas se gêner et tout mettre en œuvre pour parvenir à ses fins.

Max ne lui fera jamais de mal de toute façon alors autant le taquiner un petit peu.

Un petit rictus machiavélique fleurit sur ses lèvres tandis que Max, inconscient du piège qui est en train de se tendre, dévore toujours des yeux l'incroyable histoire de Forrest Gump.

Le plus innocemment du monde, Charles déplace silencieusement son bassin pour le rapprocher de Max et s'allonge lentement sur le canapé, déposant par la même occasion ses jambes en travers de celles du Néerlandais qui sursaute, mais ne se soustrait pas pour autant, et tourne la tête dans sa direction.

- Tout va bien ? Il demande avec un froncement de sourcils soucieux.

- Oui, Charles hoche la tête doucement. J'ai juste des crampes à cause de la fièvre.

- Oh, la bouche de Max se tord avec inquiétude. Tu veux que je te masse ?

C'est au tour de Charles d'être pris de court, surpris par la proposition parfaitement innocente de Max.

- Tu ferais ça ?

- Bien sûr, il hoche la tête. Installe-toi.

Surpris, le brun donne son accord silencieux, s'allongeant lentement sur le canapé, la tête sur l'accoudoir alors que Max redonne toute son attention à la télévision, entreprenant de masser dans le même temps les jambes engourdies du Monégasque avec délicatesse.

Charles attend quelques minutes, profitant des bons traitements de Max et observant l'étape numéro 1 de son plan pour déstabiliser son rival, échouer lamentablement.

Un soupir d'agacement lui échappe tandis qu'il croise les bras sur sa poitrine sans quitter le blond des yeux, même si celui-ci semble avoir totalement oublié sa présence.

Après plusieurs autres minutes de réflexion/massage, une nouvelle idée germe dans l'esprit de Charles qui se redresse subitement, s'attirant un regard surpris de la part de Max qui à tout juste le temps de lever les mains avant que Charles ne remplace ses jambes par sa tête, appuyant sa joue gauche contre la cuisse du Néerlandais qui le regarde faire sans dire un mot.

- Charles ?

- J'ai mal à la tête aussi.

Le brun a parfaitement conscience que son excuse ne tient même pas un tout petit peu la route, mais il n'en a pas grand-chose à faire et le ton qu'il utilise ne prête clairement pas à discussion.

De là où il est, il ne tourne le dos à Max que pour donner l'impression qu'il est, lui aussi, intéressé par le film et il ne peut donc pas voir l'expression attendrie et le petit sourire timide qui fleurit sur les lèvres de son rival.

- Je peux ? Il demande doucement.

Le Monégasque hoche silencieusement la tête et frissonne lorsque les doigts de Max s'enfoncent dans ses cheveux, venant masser son crâne avec tendresse et application.

D'abord hésitant, le blond gagne petit à petit en assurance, tirant doucement sur certaines mèches, appuyant un peu plus fort à certains endroits sensibles et Charles ne peut que fermer les yeux pour profiter pleinement du plaisir que les doigts de Max lui procurent.

Il se sent partir doucement, bercé par les bruits lointains de la télévision, la chaleur des jambes de Max sous sa joue, la sensation divine de ses doigts sur son crâne, s'il était un chat il y a fort à parier qu'il serait en train de ronronner à l'heure actuelle.

Inconsciemment, l'une des mains du plus jeune remonte jusqu'à attraper le genou de Max qui bronche à peine, accaparé par une scène particulièrement poignante entre Forrest et Jenny, tandis que Charles sombre, lentement, concrétisant l'échec cuisant de l'étape numéro 2 de son plan.

Un sursaut de conscience, cependant, le ramène juste assez longtemps pour capter qu'il est en train de tomber dans son propre piège et se redresser dans un sursaut vif qui les surprend tous les deux.

- Tout va bien ? Demande Max.

- Oui ! J'ai...Je...J'avais un petit creux ! C'est ça, j'ai faim.

Les joues de Charles sont rouges autant de honte que de gêne, mais il ne se démonte pas pour autant, affrontant du regard un Max en pleine incompréhension.

- Heu..., hésite de Néerlandais. J'ai acheté des éclairs au chocolat, tu en veux un ?

Oh.

Une idée abominable germe dans l'esprit du pilote Ferrari.

Le petit sourire machiavélique sur ses lèvres en dit long.

- Oui, il se racle la gorge pour tenter de cacher son rictus. Oui, c'est parfait.

L'étape numéro 3 de son plan de subversion du triple champion du monde est en marche.

Silencieusement, Charles regarde Max mettre le film en pause et se lève pour aller chercher la petite boîte posée sur le comptoir. À vrai dire, il ne le lâche pas du regard un seul instant, s'attirant un regard surpris et vaguement gêné de son vis-à-vis.

- Tu aurais dû me dire que tu avais faim, grimace le blond. Je t'aurais cuisiné quelque chose.

- C'est bon, il sourit doucement. Je suis sûr que je peux compter sur cet éclair pour me remplir...l'estomac.

Heure de décès de la subtilité : 15h54

Mais tout ce qu'obtient Charles, c'est un regard étrange de la part de Max qui se rassoit à ses côtés et lui tend la pâtisserie sans rien dire.

OK, essayons une autre approche dans ce cas.

- Où est-ce que tu es allé les acheter ? Demande le brun.

Max réfléchit une seconde, laissant le temps au Monégasque de faire tourner le tube entre ses doigts.

- La boulangerie en haut de ta rue avec une devanture bleu ciel, tu connais ?

- Ah oui, la Quéquetterie ? Ils sont nouveaux dans le quartier, ils font aussi des pancakes en forme de sexe, c'est leur spécialité.

Charles n'a, en réalité, pas la moindre idée du nom de cette boulangerie, il n'y a pas de Quéquetterie à Monaco, mais il mise sur le fait que Max n'est pas fait attention pour entraîner les choses dans la direction qu'il souhaite.

- Ah bon ? Hésite le blond. Je n'ai pas vraiment fait attention, mais je ne crois pas avoir rien vu qui ressemble à ce que tu me décris.

- Je me trompe peut-être, il hausse les épaules. Mais si c'est bien celle-là, il faudra que tu nous en ramènes la prochaine fois, on rigolera bien.

Les joues de Max rosissent discrètement, mais pas suffisamment pour échapper au regard acéré du pilote de la Scuderia.

- Heu...Si tu veux, il bégaie.

- À moins que tu préfères prendre une foufoune évidemment, ils en ont également au menu.

Tout en parlant, il observe avec délectation les yeux du blond s'écarquiller jusqu'à former deux soucoupes autour de ses captivantes prunelles bleu cobalt.

- Non, merci, il se racle la gorge. Ça devrait aller.

Le sourire mutin de Charles ne quitte plus ses lèvres.

- C'est comme tu préfères Maxy.

L'autre garçon finit par détourner le regard, cherchant visiblement une porte de sortie.

- On relance le film ? Il demande innocemment.

Le brun hausse les épaules pour donner son accord, ce n'est pas comme s'il prévoyait de regarder de toute façon.

Patientant comme un prédateur attendant de pouvoir fondre sur sa proie, Charles laisse à Max cinq minutes, le temps qu'il se replonge dans les images qui défilent devant eux.

Lorsqu'il estime que Max est à point, Charles se redresse dans le canapé et se décale stratégiquement, pas assez pour alerter le blond, juste de quoi lui assurer la meilleure place pour la performance qu'il s'apprête à donner.

Une fois positionné sur sa scène imaginaire, le brun se penche en avant, plié en deux sur le divan le torse appuyé sur ses genoux. Avec un mouvement gracieux, il saisit la pâtisserie dans sa main droite, donnant pleine vue à Max sur sa main et l'intérieur de son poignet.

Fin prêt, le Monégasque jette un rapide regard en biais à l'autre homme pour s'assurer d'avoir capté son attention avant de se lancer.

Avant lenteur extrême et calculée, il passe la langue sur ses lèvres pour les humidifier, toute son attention concentrée sur l'éclair avant d'incliner le poignet et de lécher le glaçage sur toute sa longueur.

À côté de lui, Max émet un drôle de bruit et Charles peut dire qu'il n'est plus du tout concentré sur le film.

Feignant l'innocence, il ne le regarde toujours pas et reproduit l'opération plusieurs fois, jusqu'à ce que le glaçage soit aussi humide et brillant que ses lèvres.

Une fois satisfait de sa mise en bouche, Charles éloigne la pâtisserie pour pouvoir l'observer avec jubilation tout en simulant toujours un désintérêt total.

- J'aime les éclairs, il souffle doucement, comme s'il se parlait à lui-même. C'est vraiment l'une de mes pâtisseries préférées.

Max ne dit toujours rien, désespérément muet même si le brun sait qu'il ne manque pas une miette du spectacle qu'il lui offre.

C'est le moment de sortir le grand jeu.

- J'adore le glaçage, il poursuit avec lenteur. Mais ma partie préférée, c'est la crème.

Tout en terminant sa phrase, il vient appuyer légèrement sur la base du gâteau, faisant jaillir une noisette de crème pâtissière sur le bout de l'éclair qu'il s'empresse de faire disparaître d'un coup de langue suggestif.

S'il n'était pas aussi occupé à démontrer sa théorie sur l'orientation sexuelle de l'autre pilote, Charles serait, sans aucun doute, mort de honte à cet instant.

Mais il ne l'est pas et il a encore une carte à jouer.

- Hm, il gémit de plaisir. On sent qu'elle est faite maison.

À côté de lui, Max est toujours mortellement silencieux et seule la voix de Forrest Gump lui répond à sa grande satisfaction.

L'idée de se tourner pour découvrir l'expression du blond le démange, mais il doit tenir encore un peu.

Ce n'est pas encore l'heure de récolter les lauriers, d'abord, le grand final.

Avec l'expérience d'une vie passée devant les caméras, Charles dégaine l'un de ses fameux sourires, l'un de ceux dont il sait parfaitement qu'ils mettent en avant ses fossettes. Il offre son meilleur profil, s'arrange pour mettre en avant sa nuque musclée et sa mâchoire taillée à la serpe avant d'entrouvrir doucement les lèvres et d'en approcher la pâtisserie avec une lenteur exagérée.

La dernière chose qu'il entend avant que l'éclair n'effleure le contour de ses lèvres, gonflées et rouges d'avoir été stratégiquement mordillées, c'est le bruit caractéristique d'une respiration qui se coupe violemment.

Le tour est joué.

En ouvrant les yeux, Charles sait qu'il tombera sur un Max aux yeux brillants, bouleversé et prêt à tomber à genoux devant lui, il réfléchira plus tard à la drôle de sensation de chaleur que cette idée fait naître en lui.

Ou alors, peut-être que l'autre homme aura l'air tout simplement choqué, peut-être même catastrophé et dans ce cas-là, Charles aura au moins réussi l'exploit de faire paniquer le grand Max Verstappen.

Dans les deux cas, il est gagnant.

Alors pourquoi ne pas pousser le jeu un peu plus loin ?

Là où il avait initialement prévu de mordre dans l'éclair pour mettre fin au jeu, Charles prend une grande inspiration et détend au maximum les muscles de sa mâchoire et de sa gorge.

Il est temps de montrer qu'il est un bon élève.

Totalement concentré sur son objectif, Charles enfonce millimètre après millimètre la pâtisserie dans sa gorge pour éviter le réflexe vomitif, il va le faire, il sait qu'il en est capable.

Ce qu'il ne prévoit pas, en revanche, c'est la main de Max qui s'abat soudainement sur sa cuisse, le faisant sursauter et enfoncer, cette fois-ci accidentellement, la totalité du gâteau dans le fond de sa gorge.

Et là, c'est le chaos.

Max a arrêté de respirer il y a beaucoup trop longtemps déjà.

Mais pourquoi est-ce que ce taré essaie de faire une gorge profonde à un éclair au chocolat ?!

Voilà, en gros, ce qui lui traverse l'esprit à cet instant en plus de tout un tas d'autres questions moins urgentes comme : Comment je m'appelle déjà ? Comment est-ce que l'on fait pour respirer ? Qui êtes-vous et qu'avez-vous fait du Charles Leclerc que je connais ? Depuis quand est-ce que Charles hétéro Leclerc sait faire des gorges profondes ?!

À vrai dire, quinze minutes plus tôt, si on lui avait dit qu'il se retrouverait à regarder Charles sucer le bout d'un éclair au chocolat, sans doute qu'il aurait lui-même demandé à ce faire interner.

Cependant, il semblerait qu'il évolue dans la réalité et que ce qui se déroule sous ses yeux soit bien en train d'arriver et Dieu sait que Forrest Gump est son film préféré, mais la liste de ses priorités a été clairement redéfinie.

Au début, il n'a pas immédiatement remarqué le petit jeu de Charles, il ne lui a vraiment accordé son attention que lorsque celui-ci a commencé à parler et depuis, il n'arrive plus à voir quoi que ce soit d'autre.

Bye bye Forrest Gump, merci pour tes services.

Malgré tout, ce qu'il prenait au départ pour une innocente taquinerie, l'idée même que Charles puisse chercher à le mettre mal à l'aise l'amuse à vrai dire, surtout quand on sait que celui des deux qui est gay, c'est lui, a fini par l'inquiéter.

Max ne comprend pas vraiment ce que Charles cherche à démontrer, s'il essaie de l'allumer, c'est clairement réussi, mais il n'a vraiment rien à y gagner et le blond souhaiterait éviter qu'il se blesse en poussant le bouchon (ou l'éclair) un peu trop loin.

C'est pour ça qu'il essaie, le plus délicatement possible d'attirer l'attention de Charles, tentative qui échoue lamentablement.

Sous ses yeux écarquillés, Charles sursaute, avale le tout avant de commencer à tousser violemment, les larmes débordant de ses yeux et tout ce que Max peut faire, c'est de lui tapoter doucement entre les omoplates pour aider à faire descendre.

- Est-ce que ça va ? Il demande doucement après un moment.

- Tu m'as fait peur !

Max hausse les sourcils.

- Ce n'est pas moi qui jouais à l'avaleur de sabre, il note.

- J'avais les choses en main.

- Je vois ça.

Dans sa voix, perce le sarcasme, maintenant que tout le désir qu'il pouvait ressentir quelques minutes auparavant a quitté son corps.

À côté de lui, Charles soupire et avale une gorgée du verre d'eau que le blond lui tend.

- Tu sais, sourit Max avec amusement. Si tu aimes les éclairs à ce point, je peux te donner le mien, il suffit de demander.

Les joues du plus jeune rougissent violemment et Max hausse les sourcils, intrigué, tandis que sa main continue de frotter doucement entre les omoplates du Monégasque.

- C'est bon, il souffle. Je n'ai plus faim.

- Tant mieux, se réjouit l'autre en attrapant sa pâtisserie sous le regard surpris du brun. Parce qu'il se trouve que moi aussi, j'adore les éclairs.

Sous les yeux écarquillés de Charles, Max saisit la deuxième pâtisserie et, sans le quitter des yeux une seconde la dévore de deux coups de dents sans se départir de son sourire amusé.

Le Néerlandais ne sait pas trop ce que l'autre homme essaie de démontrer, mais il n'est pas vraiment le genre à se laisser faire, on ne devient pas champion du monde en laissant les autres gagner.

Face à lui, Charles gigote sur le canapé, visiblement mal à l'aise et Max décide de ne pas pousser le bouchon. Visiblement, le Monégasque s'est pris à son propre piège et le blond doute de le revoir pratiquer une fellation à un éclair au chocolat de sitôt, tout bénef pour lui.

- On continue le film ? Il propose gentiment.

- OK.

Il peut presque entendre Charles grincer des dents, mais il décide de passer au-dessus de ce détail, il n'avait qu'à le dire plus tôt s'il voulait regarder autre chose.

Lentement, le pilote Red Bull se laisse absorber par les images qui défilent sous ses yeux, plongeant dans l'histoire qu'il aime redécouvrir pour la centième fois, s'imprégnant de la vie du héros jusqu'à la scène dans laquelle Forrest découvre l'existence de son fils, le petit Forrest.

- Max, tu pleures ?

Surpris, il sursaute et tourne la tête en direction du brun qui le dévisage, presque inquiet.

- Ah ? Il passe une main sur sa joue, écrasant une larme. Oui, toujours à ce moment-là.

Charles ne dit rien, mais il se rapproche doucement sur le canapé, jusqu'à ce que leurs épaules se frôlent sans vraiment se toucher, juste une présence réconfortante et silencieuse.

- C'est l'une des plus belles scènes du film à mes yeux, se confie le blond, toujours plus de larmes dans le regard. Il la retrouve après des années et pourtant, il a une confiance absolue en elle, il ne pense même pas à remettre en cause sa parole, parce qu'il l'a toujours aimé, ça a toujours été elle, tu comprends ?

Charles hoche doucement la tête, même si ce n'est pas la télévision qu'il regarde, c'est Max.

- Et son fils, il poursuit avec émotion. La seule chose qui lui importe, c'est de savoir s'il est intelligent comme les autres enfants pour ne pas avoir à vivre une enfance comme celle que lui a vécue. Il le rencontre pour la toute première fois et pourtant, la seule chose qui lui importe, c'est son bonheur.

Max n'ajoute rien, malgré l'opposition évidente entre sa propre histoire et celle du petit Forrest qu'il aurait aimé avoir. Charles ne répond pas non plus, il se contente d'appuyer un peu plus son épaule contre celle de son rival, lui apportant tout le réconfort possible à travers un simple contact.

Silencieusement, ils regardent le film tous les deux, serrés l'un contre l'autre dans le canapé. Au bout d'un moment, Charles étend le plaid de manière qu'il couvre Max aussi, créant un cocon protecteur autour d'eux et le blond lui adresse un petit sourire fébrile en remerciement.

Lorsqu'un peu plus tard, arrive le moment fatidique où Jenny, atteinte du SIDA, s'éteint un samedi matin dans leur maison de Greenbow, en Alabama, les larmes débordes de nouveau dans les yeux de Max, qui malgré des dizaines de visionnage, en dépit du fait qu'il connaisse chaque réplique par cœur, s'émerveille toujours de la beauté, de la force de l'amour de Forrest pour qui il n'y a jamais eu que sa Jenny.

Peut-être que c'est un peu puéril, de pleurer devant un film, mais s'il y en a bien un qui mérite ses larmes, c'est Forrest Gump.

Et sûrement que Charles doit penser la même chose, parce que, pas instant, il ne se moque pas des sentiments de Max, allant même jusqu'à saisir sa main sous le plaid, nouant doucement leurs doigts en guise de consolation.

Il ne dit rien du tout quand le blond renifle un peu fort et pose sa tête sur son épaule en attendant que les larmes refluent lentement, toujours dans un silence religieux, mais pas pesant.

Ils restent comme ça un long moment après la fin du film, sans bouger, profitant simplement de l'instant présent et de la présence réconfortante de l'autre, pressés sous le plaid qu'ils partagent comme une petite bulle de chaleur.

Charles est si silencieux que Max pense pendant un instant qu'il s'est endormi, sa respiration est lente et profonde et les mèches brunes du garçon effleurent sa mâchoire avec la délicatesse d'une plume.

Remis de ses émotions, le Néerlandais est un peu gêné d'avoir montré cet aspect de sa personnalité à l'autre pilote. Pas qu'il ait honte de pleurer, seulement, la plupart du temps, il préfère le faire seul, dans un endroit où personne ne peut le voir et se moquer de lui. Mais avec Charles, c'était si doux, si naturel, il n'y a même pas pensé.

Max à la sensation de vivre de véritables montagnes russes à chaque fois qu'il met les pieds chez le pilote Ferrari, ça a quelque chose de grisant et en même temps, il a toujours la sensation de ne jamais savoir sur quel pied danser avec lui.

Bon sang, quand il y pense, Charles était occupé à lui offrir le spectacle le plus chaud qu'il ait jamais vu, il y a moins d'une heure et maintenant, Max a les yeux rouges d'avoir trop pleuré et Charles lui caresse la main comme s'il était une petite chose fragile à protéger.

Ce tourbillon d'énergie, de forces contraires qui l'enflamment et le calme en même temps, c'est tellement grisant, il ne sait pas comment il ferra pour vivre sans.

Parce que toutes les bonnes choses ont une fin, Max est le mieux placé pour le savoir.

Délicatement, il se redresse, brisant l'instant et la bulle qu'ils ont créée, laissant entrer l'air froid de janvier.

- Je vais rentrer, il souffle doucement, pas certain que l'autre dort vraiment.

Charles, groggy, lève de petits yeux vers lui, tirant à Max un sourire attendrit.

- Tu t'en vas ? Il demande.

- Je respecte notre arrangement, le blond contredit. Tu voulais un peu de temps pour toi, le repas de ce soir est dans le frigo, tu n'as plus besoin de moi.

Le brun fronce les sourcils un bref instant avant de hocher la tête lentement et le sourire le Max se crispe un peu.

Il aurait aimé rester, évidemment, mais ce n'est pas sa place.

Lui, il n'est que le type qui s'occupe du Charles malade pour rendre service à Pascale.

Et Charles ne sera bientôt plus malade.

Malgré tout, il prend le temps de se pencher au-dessus du corps de l'autre homme et de le border avec application, veillant à recréer un cocon protecteur même s'il n'en fait plus partie.

- Rappelle-toi, il parle sans relever les yeux. S'il y a quoi que ce soit...

- Je t'appelle.

Surpris, il lève la tête et leurs regards se croisent, proches, trop proches peut-être tandis que Charles répète les termes de leur arrangement.

- S'il y a quoi que ce soit, il chuchote presque. Je t'appelle, c'est promis.

- OK, il sourit.

Charles ne bouge pas quand Max ajuste la couverture autour de son cou, frôlant accidentellement sa mâchoire dans l'opération.

Une fois satisfait, le triple champion du monde recule lentement, les mains sur ses hanches pour admirer son chef-d'œuvre.

- Une grosse chenille dans son cocon, il ricane.

- Moque-toi, soupire l'autre.

- Dès que j'en ai l'occasion.

Il ponctue sa phrase d'un clin d'œil moqueur qui fait se hausser les sourcils de Charles d'amusement.

Max qui fait un clin d'œil, c'est nouveau ça.

- Je repasse demain matin pour venir cuisiner ?

- OK, je ferais en sorte d'être réveillé alors.

- Tu n'es pas obligé, tu es malade, je te rappelle.

Le regard que le Monégasque lui lance envoie balader cet argument.

- C'est le moins que je peux faire, il râle.

Max laisse échapper un soupir résigné, celui qui parviendra à faire changer d'avis cette tête de mule n'est pas encore né et il ne va clairement pas se lancer dans une nouvelle joute verbale maintenant.

- D'accord, il capitule. On dit onze heures ?

- Onze heures, approuve l'autre.

Max contourne le canapé et récupère son sac sur le plan de travail avant de lancer un dernier regard au brun toujours emmailloté dans le canapé.

- Passe une bonne journée Charlie, prends soin de toi.

- Toi aussi Maxy.

Sans se presser, il remet ses chaussures, enfile son manteau et son échappe, laissant inconsciemment le temps à Charles de le rattraper.

Comme s'il y avait la moindre chance qu'il le fasse.

Seulement, après cette journée qui lui a parue terriblement longue et étrangement courte à la fois, il ne peut s'empêcher d'espérer que peut-être... Que ce qu'il a cru interpréter dans les paroles, dans les gestes tendres ou affreusement aguicheurs de Charles à son égard, puisse exister, même partiellement.

Max n'a pas besoin que Charles soit amoureux de lui, il aimerait juste croire qu'ils se sont rapprochés, ne serait-ce qu'un tout petit peu.

Agacé par sa propre naïveté, il secoue la tête, ignore le pincement douloureux de son cœur et s'assure de claquer la porte derrière lui.

Pauvre idiot, il se morigène, comme s'il y avait la moindre chance que cela puisse un jour être ne serait-ce que le reflet de la réalité ? Aucune, évidemment, il est temps d'arrêter de rêver.

À la seconde où Charles sera guéri, rien de tout cela ne sera arrivé. Autant qu'il commence à se protéger dès maintenant.

Les lèvres pincées et les sourcils froncés, Max descend les escaliers la tête basse. Il ne faudrait pas que la vieille Schneider pointe le bout de son nez maintenant, parce qu'il ne sait pas de quoi il est capable.

- Max !

Surpris, le Néerlandais lève les yeux vers le haut, découvrant Charles, encore emmitouflé dans son plaid, penché au-dessus du garde-corps pour attirer son attention.

- Max, attends !

Une fois qu'il a capté son attention, le Monégasque dévale les escaliers dans sa direction, Max faisant de même en sens inverse pour le rejoindre au milieu, le cœur palpitant d'un sentiment très dangereux : l'espoir.

Ils se retrouvent sur un palier au beau milieu de la cage d'escalier et Max ouvre la bouche, sans savoir exactement ce qu'il s'apprête à dire, tellement de choses lui passent par l'esprit à cet instant, mais Charles ne lui en laisse pas le temps, un sourire aux lèvres, il lève le bras dans sa direction et prend la parole sans le quitter des yeux.

- Tu as oublié tes clés.

Ah.

Ou devrais-je plutôt dire : aie.

Tout en parlant, il a tourné la paume de sa main vers le ciel, dévoilant le petit trousseau que Pascale lui a confiée quelques jours plus tôt.

Max, lui, peut presque entendre le bruit de son cœur qui s'écrase trois étages plus bas.

Même s'il fait de son mieux pour dissimuler la grimace douloureuse qui ne demande qu'à s'exprimer sur ses traits, Charles ne manque pas certains détails et hausse les sourcils, à mi-chemin entre la surprise et l'inquiétude.

- Tout va bien ? Il demande doucement.

- Oui, il se reprend. Merci pour les clés, j'aurais été emmerdé sans.

Le brun hausse les épaules avec amusement.

- Tu n'aurais pas été le premier à te retrouver coincé dehors, je suis sûr que tu aurais trouvé une solution.

Comprenant la référence, Max trouve la force de se recomposer un masque narquois avant de répondre.

- Tu sais Charlie, si tu tiens tant que ça à ce que je m'abonne à ta chaîne Twitch, il te suffit de demander.

Piqué, Charles lève les yeux au ciel et pose le pied sur la première marche pour remonter jusqu'à son appartement.

- Si ça avait été le cas, je ne t'aurais pas ramené la clé, il se défend. Je voulais plutôt éviter que tu ne te retrouves à devoir défoncer la porte, il parait que tu es doué pour ça.

Il ajoute un clin d'œil à sa réplique avant de lui tourner le dos et de remonter sans jamais se retourner, parfaitement conscient que le pilote Red Bull ne le quitte pas des yeux.

Une fois le brun disparu hors de portée, le sourire sur les lèvres de Max retombe, laissant place à un visage vide d'expression.

Lentement, il reprend sa descente, les mains dans les poches de son grand manteau, le nez plongé dans son écharpe en laine et pourtant, il se sent glacé, frigorifié par le froid de l'hiver, transit de l'intérieur par le poids gelé d'un cœur figé et d'un espoir qui se meurt, épuisé.

Si la vie est vraiment comme une boite de chocolat, Max doit se faire à l'idée que Charles n'aime peut-être tout simplement pas ça.



🍌🍌🍌🍌🍌



Pour commencer, je présente mes excuses à toutes les personnes qui ne pourront plus jamais manger un éclair au chocolat normalement après la scène que j'ai affectueusement nommé « Charles L'éclair Show », sachez que l'écrire était absolument gênant et l'imaginer encore plus. :')

Ensuite, que dire de ce chapitre ? Les montagnes russes, comme d'habitude haha

Charles qui vient foutre le bordel en pensant mener son enquête discrètement, Max qui (pour une fois) parvient à peu près à garder son calme, en façade seulement, un petit moment mignon devant Forrest Gump et rebelote Charles qui est largué et Max qui se fait des films à l'opposé de la réalité...Un chapitre normal dans Banana Bread :')

Les choses avancent doucement, mais sûrement, Charles est maintenant au-delà du doute, même s'il n'a pas encore capté pourquoi il a tellement envie de lever ce doute et Max, lui, a le cul entre deux chaises avec d'un côté l'espoir créé par cette proximité forcée et de l'autre son cerveau et des années d'amour secret réfréné qui lui soufflent qu'il n'a aucune chance ! Une fine équipe de bras cassés, mais ne vous inquiétez pas, j'ai les choses en main !

C'est pour ça que dans le prochain chapitre Max prend la fuite, nous utilisons les jokers « Appel à un ami » et « Avis du public » et Charles appel à l'aide !

Bye les copains ♡

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top