𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟎𝟔
— 𝐁 𝐀 𝐍 𝐀 𝐍 𝐀 𝐁 𝐑 𝐄 𝐀 𝐃 —
𝐑𝐄𝐂𝐄𝐓𝐓𝐄 𝐃𝐔 𝐁𝐀𝐍𝐀𝐍𝐀 𝐁𝐑𝐄𝐀𝐃
𝑰𝒏𝒈𝒓𝒆́𝒅𝒊𝒆𝒏𝒕𝒔 :
𝟔𝟎 𝐺𝑟𝑎𝑚𝑚𝑒𝑠 𝑑𝑒 𝑏𝑒𝑢𝑟𝑟𝑒 / 𝟒 𝐵𝑎𝑛𝑎𝑛𝑒𝑠 / 𝟐 𝑂𝑒𝑢𝑓𝑠 / 𝟖𝟎 𝐺𝑟𝑎𝑚𝑚𝑒𝑠 𝑑𝑒 𝑠𝑢𝑐𝑟𝑒 / 𝟓𝟎 𝐺𝑟𝑎𝑚𝑚𝑒𝑠 𝑑𝑒 𝑝𝑜𝑢𝑑𝑟𝑒 𝑑'𝑎𝑚𝑎𝑛𝑑𝑒𝑠 / 𝟏𝟓𝟎 𝐺𝑟𝑎𝑚𝑚𝑒𝑠 𝑑𝑒 𝑓𝑎𝑟𝑖𝑛𝑒
Après l'étrange petit-déjeuner et la tentative de suicide par immolation avorté de Charles, Max a eu besoin d'un peu de repos.
À la fin d'une longue journée de sociabilisation, les introvertis rentrent dans leur grotte et se roulent en boule dans leur lit, Max ne déroge pas à la règle.
Il a donc passé le reste de la journée sous un plaid dans son canapé à manger des céréales avec du lait en regardant la Reine Charlotte et en pleurant toutes les larmes de son corps pendant la danse de Brimsley et Reynolds.
Le cœur brisé par un amour impossible autre que le sien, reposé, anesthésié par une hibernation courte mais nécessaire, Max est fin prêt à replonger dans l'antre du loup.
Bien sûr, il a conscience d'être un tantinet trop dramatique, il ne déteste pas vraiment les moments passés avec son ancien rival, s'il doit être tout à fait honnête, c'est même plutôt l'inverse. Oui, mais voilà, Max fait partie de ces personnes qui ne savent que se contenter de ce qu'elles ont et le fait de savoir que l'intimité qu'il partage actuellement avec le Monégasque est destiné à prendre fin, tôt ou tard, l'agace prodigieusement.
Toujours est-il que pour le moment, il a une mission à accomplir et que c'est, aussi préparé que possible, qu'il traverse le quartier de Monte-Carlo, un sac avec les vêtements qu'il a emprunté à Charles, lavés, repassés et pliés dans une main, un sac de course censé compenser les pertes subies lors du précédent petit-déjeuner et de quelques ustensiles de cuisine censés lui permettre de cuisiner des plats un peu plus élaborés que du bouillon et des pancakes.
Malgré le soleil qui brille sur la principauté, un vent glacial souffle dans les rues désertes et Max enfonce son nez gelé dans son écharpe en laine pour combattre le froid mordant, regrettant de ne pas avoir pensé à prendre des gants.
Le trajet jusqu'à l'appartement de Charles se déroule tranquillement, après tout, ils ne vivent qu'à quelques centaines de mètres l'un de l'autre, comme la plupart des pilotes de la grille actuelle.
Un nuage de buée s'éparpille autour de lui alors que le Néerlandais s'engage dans la rue de Charles. Pensivement, il passe devant une boulangerie à la vitrine chargée de condensation d'où s'échappe une délicieuse odeur de pain chaud.
Après une brève hésitation, il revient sur ses pas, entrant dans la petite boutique d'où il ressort quelques instants plus tard, une baguette tradition tout juste sortie du four coincée sous le bras et deux éclairs au chocolat précieusement emballés dans une petite boîte qu'il tient difficilement, chargé comme une mule.
Le reste du parcours jusqu'à la porte de l'immeuble de Charles est d'autant plus laborieux que la baguette manque de tomber au sol à chaque fois qu'il bouge pour ajuster sa prise sur le sac de courses. En désespoir de cause, il coince le sachet contenant les éclairs entre ses dents et pose le cabas pour fouiller dans ses poches à la recherche du badge d'accès tout en croisant les doigts pour qu'aucun fan ne se décide à venir lui demander un autographe maintenant.
Cependant, la chance semble lui sourire lorsqu'après plusieurs secondes de fouilles infructueuses, la porte de l'immeuble s'ouvre devant lui pour laisser passer l'un des habitants.
Un sourire soulagé fleurit sur ses lèvres alors qu'il s'apprête à remercier celui ou celle qui de lui éviter plusieurs longues minutes de galère. Le sourire disparaît bien vite cependant lorsqu'il baisse les yeux et découvre l'horrible voisine de Charles et mon monstrueux sac à puces enroulé dans un atroce petit manteau pour chien de la marque Burberry.
S'il perd ses moyens devant cette vision d'horreur, la vieille dame, elle, ne se laisse pas démonter et lui jette un regard mauvais avant d'intentionnellement refermer la porte de l'immeuble derrière elle, empêchant Max de rentrer.
Trop choqué pour être vraiment outré, Max ne se décale pas, forçant la petite bonne femme à le contourner et le Néerlandais ne doit qu'à ses réflexes de pilotes de faire un pas sur le côté précipitamment pour éviter que Pupuce ne fasse pipi sur son pied.
Le blond se retient tant bien que mal de shooter dans la créature du diable pendant que sa propriétaire le dévisage du haut en bas, une moue franchement écœurée plaquée sur son visage ridé.
- Les gens comme vous n'ont vraiment aucune honte, elle lui crache à la figure. Allez, viens ma pupuce, avant d'être nous aussi contaminés.
Décontenancé et légèrement offusqué par le ton de la vieille femme qui vient très clairement de l'insulter bien qu'il n'est pas compris le sens de sa phrase, Max fronce les sourcils et se mord très fort la lèvre pour se retenir de dire quelque chose qu'il pourrait regretter par la suite.
Celui qu'il était il y a encore quelques années aurait sans aucun doute riposté de manière virulente, mais il n'est plus ce gars-là et Max préfère passer ses nerfs sur la pauvre porte qui finit par s'ouvrir après plusieurs minutes, tout en marmonnant dans sa barbe à propos d'euthanasie et de départ sans souffrance.
Devant la porte de l'appartement de Charles, il pousse un long soupir pour essayer de se recomposer un masque de calme et de sérénité, mais ça ne doit visiblement pas très bien fonctionner puisqu'il claque accidentellement la porte derrière lui avec un chouia trop de force, faisant trembler les murs de l'appartement.
- Max ?
La voix de Charles résonne depuis une partie de l'appartement que Max ne peut pas voir et il pince encore plus les lèvres.
- Désolé ! Il grimace. Il y a eu un courant d'air.
L'excuse est miteuse, mais Charles n'est, habituellement, pas vraiment difficile à convaincre.
Après avoir retiré ses chaussures et enfiler ses chaussons qu'il a laissés là la veille, le triple champion du monde file jusqu'à la cuisine, vidant son sac de course avec un peu trop d'entrain.
À vrai dire, il est tellement concentré sur sa tâche qu'il ne prête pas du tout attention au Monégasque qui entre dans son champ de vision, capuche sur la tête et grosses chaussettes, enroulé dans un énorme plaid pelucheux.
- Tout va bien ? S'inquiète le malade.
- Oui, pourquoi ?
Max ne le regarde toujours pas et Charles hausse les sourcils, intrigué.
- Eh bien, il commence. Tu viens de ranger les céréales dans le frigo donc je dirais que quelque chose te tracasse.
Interdit, le Néerlandais cesse tout mouvement et lève les yeux vers la boîte de Chocapic qui vient de le trahir. Lentement, il lève le bras et sort l'objet incriminé du frigo pour le poser sur le comptoir sans le quitter des yeux.
- Max, soupire Charles avec amusement. Arrête de regarder cette boîte de céréales comme si elle s'était mise toute seule dans le réfrigérateur et dis-moi ce qu'il se passe.
Presque gêné, le blond relève ses iris bleutées vers le garçon qui le regarde avec curiosité, sa tête légèrement penchée sur le côté et le regard pétillant.
Max avale sa salive avec difficulté.
- Trois fois rien, il souffle lentement. J'ai croisé ta voisine.
- Madame Schneider ?
- Je ne connais pas son nom, Max secoue la tête. Celle qui habite en face de chez toi avec son chien.
Charles hoche la tête avec une grimace.
- C'est elle, il confirme. Qu'est-ce qu'elle t'a dit ?
- Quelque chose à propos de la contaminer ou je ne sais quoi, je n'ai pas vraiment compris ce qu'elle a dit, mais c'était méchant.
Face à lui, les yeux de Charles s'écarquillent légèrement sous le coup de la surprise alors que, contrairement à Max, semble très bien comprendre l'allusion de la vieille femme.
- C'est la seule chose qu'elle a dit ? Il s'intéresse.
Le blond fronce les sourcils, l'impression de manquer un détail important ce faisant de plus en plus fort en lui.
- Elle a dit que je devrais avoir honte, il réfléchit. Enfin, je crois que c'était plutôt les gens comme moi, tu penses qu'elle parlait des étrangers ? C'est une raciste ?
Une grimace de pur dégoût prend place sur le visage du Néerlandais à l'idée qui puisse avoir été victime d'une discrimination raciale sans le savoir. Il ne comprend pas ce courant de pensée, lui qui a toujours vécu autour de monde. Qui plus est, être raciste à Monaco est un concept qui lui semble particulièrement culotté, c'est comme être fan de Red Bull à Maranello, plus de la moitié des habitants est d'origine étrangère.
Cependant, il semble qu'il fasse erreur, puisque le regard de Charles s'élargit encore avant qu'il n'éclate d'un rire sonore, rapidement rattrapé par une toux qui le force à se plier en deux sur son tabouret.
Soucieux, le blond contourne l'îlot pour venir frotter doucement le dos de Charles toujours à deux doigts de s'étouffer entre rire et toussotement. Il lui faut une longue minute pour parvenir à reprendre contenance avant de lever des yeux brillants de larmes de rire sur le pauvre Max totalement largué.
- Oh, elle est très certainement raciste aussi, il ricane malicieusement. Mais elle est surtout notablement connue dans le quartier pour être une véritable homophobe !
Il faut bien une minute à Max pour percuter ce que Charles et par extension, sa voisine, sont en train de sous-entendre.
À vrai dire, il ne sait pas ce qui le choc le plus, le fait que la vieille Schneider ait clairement sous-entendue qu'il est gay (même si c'est vrai), que c'est une maladie contagieuse, ou que lui et Charles sont en couple.
Son visage s'empourpre violemment alors qu'il fait un pas en arrière, s'éloignant du Monégasque dont le sourire narquois ne fait que s'accentuer à la manière d'un chat ayant acculé sa proie.
- Je...Je n'ai pas...Enfin je veux dire...Je ne suis pas...Ce n'est pas du tout...
Tout en bégayant, rouge comme une tomate trop mûre, Max s'enfonce accidentellement l'angle du plan de travail dans les côtes, l'obligeant à baisser les yeux pour se repérer et laisser échapper une plainte de douleur. Il ne remarque pas Charles qui quitte son siège, un sourire narquois et vaguement intéressé se plaque sur les lèvres.
- Bah alors Maxy, il susurre, moqueur. Il ne faut pas te mettre dans tous tes états.
Scotché par le culot de l'autre homme, le blond relève les yeux, son souffle se bloquant dans ses poumons lorsqu'il découvre Charles, bien plus proche de lui que ce qu'il imaginait.
À court de mots, totalement déstabilisé et toujours diablement rouge, il ne trouve rien à riposter pour le plus grand plaisir du Monégasque, qui se trouve en position de force pour la première fois depuis plusieurs jours.
- Regarde-toi, il fait la moue. Le grand champion du monde, tout gêné par les insinuations d'une vieille folle.
- Je pense que c'était plutôt une insulte, il exhale difficilement.
- Bien sûr, Charles lève les yeux au ciel. Mais honnêtement, est-ce qu'être en couple avec moi est vraiment considéré comme une insulte ?
Tout en parlant, il réduit encore la distance qui les sépare, profitant du désarroi visible de son vis-à-vis pour poursuivre le jeu encore un peu.
Taquin, il pose un doigt sur le sternum du blond, appuyant juste assez pour le faire reculer jusqu'au plan de travail contre lequel il bute avec une expression de pure panique plaquée sur le visage.
Charles s'amuse comme un petit fou.
- Alors Maxy ? Il fait tourner son doigt contre le tissu et baisse la tête juste assez pour mettre en avant la longueur affolante de ses cils. Qu'est-ce que tu en penses ? Insulte ou pas ? Moi, je crois qu'un paquet de gens, hommes et femmes, prendraient ça pour un compliment, au contraire.
Espiègle, il patiente quelques secondes, s'attendant à ce que l'autre finisse par entrer dans son jeu et ne l'envoie bouler comme ils ont l'habitude de le faire. Charles sait que Max ne résiste pas à une bonne provocation, c'est comme un déclencheur inconscient avec lequel il aime beaucoup jouer.
Mais aucune réponse ne lui parvient et curieux, il relève la tête au bout d'un moment pour pouvoir vraiment le dévisager, soucieux d'avoir involontairement franchi une limite.
Charles a été élevé dans un environnement où la sexualité n'est pas taboue, au contraire, ses parents l'ont toujours encouragé à faire ses propres expériences, il a parfois tendance à oublier que ce n'est pas le cas pour tout le monde. Maintenant qu'il y pense, il est vrai qu'il a du mal à imaginer un Max adolescent parler d'orientation sexuelle avec le terrifiant Jos Verstappen.
Rien que d'y penser, un frisson d'horreur lui parcourt l'échine.
Prêt à s'excuser d'avoir dépassé les bornes, Charles cherche le regard de Max avec douceur, pour ne pas le brusquer.
Mais ce qu'il trouve en croisant ses prunelles d'un bleu hypnotique, ce n'est pas de la peur, ni du dégoût.
À vrai dire, il ne sait pas vraiment ce qu'il découvre, pour la simple et bonne raison que Charles n'a jamais vue cette expression sur le visage de Max, pas une seule fois en presque quinze années de rivalité.
Ce qu'il voit le laisse sans voix.
Il y a évidemment une bonne dose de gêne dans l'expression du Néerlandais, il aurait été surprenant qu'il en soit autrement, mais il y a aussi quelque chose de plus profond, de plus chaud, de vibrant qui assèche la bouche de Charles.
Derrière la crispation de ses lèvres, le rouge flamboyant de ses pommettes, le céruléen de ses yeux fuyants, une sorte de fière acceptation, une douce résiliation, quelque chose qui saisit Charles aux tripes et lui donne l'impression de fondre de l'intérieur.
Max détourne les yeux, fuyant son regard et Charles en profite pour se racler la gorge. Déstabilisé, il pose la main sur le torse du garçon face à lui pour garder l'équilibre et se mord la lèvre, conscient qu'il a mis le doigt sur quelque chose qu'il n'aurait pas dû voir.
La main posée bien à plat entre les pectoraux de Max, il force un petit sourire railleur sur ses lèvres, préférant faire comme si de rien n'était, pour l'instant.
- Ce que je veux dire, il s'éclaircit la voix. C'est qu'il ne faut pas écouter cette vieille peau. La moitié de l'immeuble attend le jour où elle passera l'arme à gauche pour organiser une fête.
Il tente une petite touche d'humour qui semble porter ses fruits, puisqu'il peut littéralement sentir les muscles de l'autre homme se détendre sous ses doigts.
Il ne retire pas sa main pour autant.
- Et l'autre moitié de l'immeuble ? Sourit timidement Max.
Le brun hausse un sourcil, surpris qu'il réponde à sa blague aussi facilement, le Max coincé semble avoir mis les voiles.
- L'autre moitié essaiera de la pousser dans les escaliers pour accélérer le processus.
- Pauvre vieille, fait semblant de compatir le blond. Et toi ? Tu es dans quel camp ?
- Ça dépend des jours, il hausse les épaules. Mais il n'est pas exclu que je perde le contrôle de ma Ferrari un jour, ce sont des engins sensibles et une erreur est si vite arrivée.
Il ponctue sa réplique d'un clin d'œil dont il a le secret, s'amusant de voir le rouge se propager aux oreilles de son vis-à-vis.
- Toi ? Perdre le contrôle de ta Ferrari dans les rues de Monaco ? S'étonne Max. C'est du jamais-vu.
Connard.
Le sourire moqueur de Charles se transforme en rictus carnassier alors qu'il enfonce un peu plus profondément sa main dans le torse de Max, le maintenant contre le plan de travail.
Il y a définitivement quelque chose de changé chez Max, quelque chose que Charles découvre depuis quelques jours et, aussi improbable que cela puisse paraître, il doit se rendre à l'évidence :
Il aime beaucoup ce nouveau Max.
Max lui, est à deux doigts de faire une crise cardiaque, littéralement, il est très probable que si Charles ne retire pas sa main dans les prochaines secondes, son cœur décide de lui-même d'aller voir si l'herbe est plus verte ailleurs.
Dans la liste des pires moments de sa vie, nous sommes probablement dans le top trois, quelque part entre « être abandonné sur une aire d'autoroute par son père » et « bouffer un mur à 51G ».
Pas qu'il déteste particulièrement le moment qu'ils sont en train de partager, juste, il a tellement de sang dans le visage que ses yeux lui font voir des étoiles, le plan de qui travail lui rentre douloureusement dans le dos est très probablement en train de devenir son fantasme ultime, Charles qui sous-entend plus ou moins clairement sa possible bisexualité et tout ça en devant garder une poker face parfaite pour ne pas se cramer par l'objet de toutes ses pensées.
Si le contrôle de soi était une discipline olympique, Max envisagerait une reconversion sportive.
En attendant, il faut absolument qu'il trouve un moyen de changer de sujet, déjà qu'il ne comprend pas comment Charles peut ne pas ressentir les battements erratiques de son cœur sous sa main.
La main de Charles, sur son torse.
Le sien de torse.
Rien que ça suffit à lui faire tourner la tête alors il ose à peine imaginer si jamais...
Horrifié, il secoue la tête sous le regard interrogatif de l'autre garçon qui n'a toujours pas l'air décidé de bouger.
- Comment tu te sens ? Il demande à la place.
En face de lui, c'est à Charles d'être pris de court.
- Quoi ? Il bégaie.
- Ta grippe ? Il sourit doucement. Tu avais encore de la fièvre hier, comment est-ce que ça va aujourd'hui ?
- Oh, comprends l'autre. Mieux, j'imagine.
Sujet piquant habilement remplacé par un autre, puisqu'après un dernier regard appuyé, Charles se détourne de lui, sa main, quittant le corps tendu du Néerlandais pour venir resserrer le plaid autour de lui, déclenchant automatiquement l'activation du monde « surprotection » de Max.
Mode surprotection doublé d'un détecteur de mensonge particulièrement efficace lorsqu'il s'agit du pilote Ferrari.
- Charles...
Le Néerlandais fronce les sourcils pour montrer qu'il n'est pas dupe et l'autre détourne encore plus le regard, lui tournant carrément le dos dans une tentative de fuite désespérée.
- Charles, dis-moi ce que tu as fait, insiste Max.
Préférant l'ignorer, le Monégasque entrouvre la boîte contenant les pâtisseries avec curiosité, agaçant d'autant plus son vis-à-vis qui décide de recourir à la force.
Sans lui laisser le temps de comprendre ce qui lui arrive, Max saisit le plaid dans lequel Charles s'est enroulé et tire dessus d'un coup sec, manquant d'envoyer le brun au tapis par la même occasion.
Séparé de son unique source de chaleur, le pilote Ferrari pousse une plainte aiguë avant de le fusiller du regard et de montrer les dents dans une tentative d'intimidation.
- Max ! Rends-moi ma couverture ! Il peste.
- Quand tu m'auras dit ce que tu as fait.
- Puisque je te dis qu'il n'y a rien !
Charles tente de saisir la couette avec un air mauvais, battant des bras en l'air comme un enfant capricieux, ce qui ne fait qu'accentuer le rictus moqueur de Max.
Épatant de voir à quelle vitesse les rôles peuvent s'inverser.
Personnifiant un toréador, Max agite le couvre-lit comme une cape de matadors sous les yeux de Charles qui voit rouge.
- Allez Charlie, titille le blond. Ça ne peut pas être pire que ce que tu as déjà fait, crache le morceau et je te rends ton doudou.
Le plus jeune lève les yeux au ciel et baisse les bras, mauvais.
- Très bien ! Il souffle. Je me suis senti mieux donc j'ai voulu faire un peu d'exercice, pour garder la forme.
À mesure qu'il parle, le sourire victorieux de Max réduit de plus en plus jusqu'à totalement disparaître, remplacé par une moue pincée légèrement désabusée.
Comment est-il seulement possible d'être aussi idiot et autodestructeur ?
- Et ? Il demande sans être certain de vouloir connaître la réponse.
- Je ne me suis pas senti bien et je suis tombé, voilà, content ?
La question est loin d'en être une et Max fronce les sourcils avec consternation et réduit l'écart entre lui et Charles, déposant le plaid sur ses épaules avant de l'ajuster doucement, cherchant par la même occasion une quelconque blessure sur son visage, seule partie de lui qu'il peut voir.
- OK, il soupire pour ne pas s'emporter. Tu es tombé de haut ?
- Du vélo d'appartement, marmonne Charles, visiblement vexé.
- Tu t'es cogné ?
- Juste le menton, rien de grave.
Sans tenir compte de ses paroles, le Néerlandais saisit le menton du brun et l'incline vers le haut, cherchant une trace de coup sans remarquer les joues de Charles qui s'empourpre violemment alors qu'il ne se dégage un peu brusquement.
- C'est bon, il grogne. Je t'ai déjà dit que ce n'était rien.
- Mais tu aurais pu te blesser sérieusement, c'était dangereux, note le champion, concerné.
- Je te dis que ça va, arrête de me traiter comme un gosse.
- Alors arrête de te comporter comme l'un d'entre eux.
Charles expire violemment par le nez et Max comprend rapidement que s'il ne calme pas très vite le jeu, ils sont repartis pour une engueulade, chose dont il n'a pas très envie.
Refoulant tant bien que mal son envie dévorante d'enrouler Charles dans du papier bulle pour lui éviter d'être blessé, il prend une grande inspiration et ferme les yeux une seconde.
- Pourquoi est-ce que tu ne m'as pas appelé ? Il demande à la place d'une voix posée.
- Ça n'a duré qu'une seconde et j'ai passé le reste de la journée à dormir, je n'allais pas t'appeler pour une chose aussi stupide.
- Ce n'est pas stupide pour moi, Max insiste doucement.
Si Charles semble décontenancé un bref instant par sa réponse, il détourne bien vite le regard et souffle comme un sale gosse.
- Je suis un adulte, je peux me débrouiller.
Pour avoir suffisamment pratiqué l'animal durant les derniers jours, Max sait pertinemment que s'engager à nouveau dans un duel basé sur le fameux « je peux le faire moi-même/Non tu ne peux pas » ne donnera rien de constructif.
À la place, il décide d'utiliser un nouvel angle d'attaque, une solution de dernier recours comme se plaît à l'appeler Daniel.
- Est-ce que c'est si horrible de recevoir mon aide ? Il demande doucement.
Surpris, Charles plante de nouveau son regard dans le sien, cherchant à mesurer le sérieux de ses propos, mais Max n'est pas un acteur oscarisé pour rien, il n'a pas dit son dernier mot.
- Quoi ? La voix du Monégasque est hésitante.
- Tu sais, je comprends, il prend un air faible et blessé. Je ne suis jamais celui que les gens appellent quand ils ont besoin d'aide.
- Hein ? Mais de quoi est-ce que tu...
- Je sais que tu fais ça pour ne pas être un poids pour ta mère, mais je crois que j'ai le droit à un peu de sincérité de ta part.
Charles à l'air complètement catastrophé et quelque part tout au fond de lui, le démon sur l'épaule de Max ricane furieusement.
- Max, ce n'est pas du tout...
- Même si tu ne m'apprécies pas, j'ai fourni des efforts pour prendre soin de toi et te rendre service, mais si ma présence t'est si insupportable, je préfère encore...
- Max !
Hohoho, il ira en enfer pour ça.
Mais quelque part, il est rassuré de savoir que Charles apprécie au moins un petit peu, sa présence à ses côtés.
En parlant de Charles, le Monégasque, visiblement embêté, tend une main vers lui avant de se rétracter et de la ramener sous le plaid. Il cherche ses mots pendant une bonne minute, une expression de culpabilité dans le regard et Max se sent presque coupable de jouer ainsi avec ses faiblesses.
Le mot-clé étant « presque ».
Les sourcils haussés d'intérêt, il ne manque pas une miette du spectacle qui se déroule sous ses yeux.
- Je ne veux pas, Charles fronce les sourcils avant de reprendre. Je ne suis pas en train de dire que je n'apprécie pas ce que tu fais pour moi.
- Pourtant, tu passes ton temps à dire que tu n'as pas besoin de moi.
Charles pince les lèvres de contrariété et Max s'intéresse d'autant plus à ce qu'il va dire.
- Parce que l'on s'occupe tout le temps de moi, il soupire. Ce que je mange, ce que je porte, ou je vais, avec qui je sors et, vraiment, ça me va, c'est la vie que j'ai choisie, mais je pensais que ça au moins, je pourrais le faire tout seul.
Il baisse les yeux en terminant sa phrase, fixant son attention sur ses doigts qui tripotent le plaid nerveusement. Charles transpire le malaise et Max n'a soudainement plus tellement envie de rire, le petit sourire sur ses lèvres fane lentement et il se pince l'arrêt du nez.
Oh, il sent qu'il va regretter ce qu'il s'apprête à dire.
- Très bien, il souffle. Si c'est ce que tu veux, faisons comme ça.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
La curiosité a remplacé la honte dans les prunelles de Charles et Max peut de nouveau respirer.
- Si tu veux t'occuper de toi tout seul, c'est ton droit. Après tout, tu l'as dit toi-même, tu es adulte, pas vrai ?
Le brun hoche vigoureusement la tête un sourire enthousiaste sur les lèvres et blond à l'impression qu'il vient de lui annoncer qu'ils vont à Disney Land.
- OK alors, je ne te dirais plus rien, poursuit Max. Tu t'occupes de tout comme un grand, sauf la bouffe, pas question de te laisser t'occuper de la nourriture.
Avant même qu'il ait pu finir sa phrase, le plus jeune lui coupe la parole.
- C'est d'accord, tu peux garder les repas ! J'aime bien ta cuisine, il complimente.
Les joues de Max rosissent furieusement, mais il n'a pas terminé.
- À une condition, il lève un doigt en l'air.
Malgré son excitation, Charles fait de son mieux pour prendre une mine sérieuse et acquiesce vigoureusement.
- Je t'écoute.
- S'il y a le moindre problème, que tu ne te sens pas bien ou n'importe quelle raison, je veux que tu m'appelles tout de suite, c'est non négociable.
Max fait de son mieux pour être le plus sérieux et intimidant possible, mais cela ne semble avoir aucun effet sur le Monégasque qui trépigne littéralement devant lui.
- C'est promis, il approuve.
Même s'il n'est pas convaincu par ses paroles, l'idée de faire plaisir à Charles l'emporte sur son inquiétude et Max finit par laisser tomber s'attirant un grand sourire victorieux de la part de son cadet.
- Merci Max ! Je savais qu'on allait pouvoir s'entendre, il sourit de toutes ses dents.
Malgré l'impression tenace d'avoir été manipulé par le pilote Ferrari, Max ne retient pas un soupir amusé. Il peut bien lui accorder ça.
- Très bien, il esquisse un petit sourire. Je range les courses et j'y vais alors.
Surpris, le Monégasque acquiesce lentement, lui jette un long regard appuyé que Max évite sereinement avant de se détourner, marchant lentement jusqu'au grand canapé dans lequel il se laisse tomber comme une masse.
Amusé, Max se détourne et reprend son rangement là où il l'a laissé, veillant à bien mettre les aliments à leur place, écoutant d'une oreille distraite les bruits de la télévision en arrière-plan.
Une fois fait, il vérifie l'heure sur l'horloge de la cuisine, onze heures passées, il pousse sa chance encore un peu et sort de quoi préparer le repas du midi.
Charles ne dit rien lorsque les premières odeurs de nourriture se répandent dans la pièce, ce que Max interprète comme un accord tacite pour continuer. Pensivement, il le regarde zapper sur les chaînes sans jamais s'arrêter plus de quelques minutes avant de visiblement abandonner, choisissant un programme au hasard en soupirant lourdement d'ennui.
Le blond hausse les sourcils, amusé par son petit manège, dire qu'il était si fier de son indépendance retrouvée.
Pas étonnant qu'il fasse des bêtises s'il n'est pas capable de s'occuper tout seul pendant plus de cinq minutes.
- Tu regardes le foot toi maintenant ? Il demande innocemment en jetant un œil à la télévision.
- Oui.
La mauvaise foi apparente qui transpire dans la voix de Charles fait doucement ricaner le Néerlandais.
Quel gamin.
- Han, intéressant, il esquisse un rictus. Et alors ? Quel est le score ?
- Un but partout.
Max croise les bras sur sa poitrine et s'adosse au comptoir, observe le match une seconde avant de fixer son attention sur la tête de Charles qu'il voit dépasser derrière l'accoudoir.
- C'est en direct ? Il demande.
- Bah oui, je sais encore ce que je regarde.
Le Néerlandais hausse très haut les sourcils avant de laisser échapper un petit ricanement qui attire l'attention de Charles sur lui.
- Vraiment ? Un rictus étire ses lèvres. Pourtant, il me semble que de second poteau de Benjamin Pavard, c'était en 2018.
À l'instant où il prononce ces paroles, la voix du commentateur s'emporte à la télé, récitant la désormais mythique phrase associée au défenseur de l'équipe de France.
Dans la seconde qui suit, les joues de Charles deviennent rouge vif et éteint la télévision dans un même mouvement, évitant stratégiquement de croiser le regard de Max, hilare en face de lui.
- Ferme-la, il marmonne dans sa barbe.
- Mais je n'ai rien dit, s'amuse l'autre.
Comme un enfant boudeur, le Monégasque préfère se rouler en boule dans le canapé et lui tourner le dos alors que Max lève les yeux au ciel.
Franchement, si ses fans le voyaient comme ça, la légende d'il predestinato en prendrait un méchant coup.
- Allez frimousse, il appelle. Viens par-là si tu n'as rien à faire, j'ai besoin que tu me dises ce que tu veux manger demain avant d'y aller.
Il n'obtient pas tout de suite de réponses de la part du propriétaire des lieux et commence à baisser les bras lorsqu'une toute petite voix lui parvient depuis le plaid.
- Tu n'es pas obligé de partir tout de suite...
Surpris, Max ouvre de grands yeux, pas certain d'avoir correctement entendu.
- Qu'est-ce que tu as dit ? Il le fait répéter.
Curieusement, il observe la forme du corps de Charles se trémousser, mal à l'aise.
- On pourrait jouer à un jeu ou regarder un film, enfin si tu veux hein, t'es pas obligé, il baragouine précipitamment.
Oh.
Alors comme ça, malgré les grands discours sur l'indépendance, quelqu'un n'a pas envie de se retrouver tout seul ?
Franchement, qui est Max pour refuser une si gentille proposition ?
- Ouais, il sourit de toutes ses dents en sachant que l'autre ne peut pas le voir. Je crois que ça me plairait bien.
🍌🍌🍌🍌🍌
Qui de Charles ou de Max gagnera la palme du meilleur manipulateur ? :')
Petite incursion dans les pensées de Charles (j'avoue que ce n'était pas du tout prévu, mais comme tout le monde fait ce qu'il veut dans cette histoire, c'est la fête du slip à chaque chapitre) qui découvre de nouvelles et palpitantes facettes de son rival de toujours.
De son côté, Max cède un peu de terrain pour essayer de comprendre le ressenti de Charles et finalement, il y gagne plus qu'il ne le croyait.
Big up à madame Schneider et à Pupuce qui, en tant que grandes méchantes de cette histoire, ont mené leur mission à bien. Y aura-t-il une chute dans les escaliers avant la fin de l'histoire ? Seul le destin (et l'auteur) le sait hihi ;)
Petit coucou à RedBoulette' dont c'est l'anniversaire aujourd'hui et qui s'amuse beaucoup à me donner des défis tous plus irréalisables les uns que les autres, j'ai écrit ce chapitre en te maudissant, mais c'est quand même pour toi au final.
Dans le prochain chapitre de la semaine prochaine : Netflix and Chill, concours de gobage d'éclairs au chocolat et Charles joue (encore) avec sa vie !
Bye les copains ♡
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