𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟎𝟓
— 𝐁 𝐀 𝐍 𝐀 𝐍 𝐀 𝐁 𝐑 𝐄 𝐀 𝐃 —
𝐑𝐄𝐂𝐄𝐓𝐓𝐄 𝐃𝐔 𝐁𝐀𝐍𝐀𝐍𝐀 𝐁𝐑𝐄𝐀𝐃
𝑰𝒏𝒈𝒓𝒆́𝒅𝒊𝒆𝒏𝒕𝒔 :
𝟔𝟎 𝐺𝑟𝑎𝑚𝑚𝑒𝑠 𝑑𝑒 𝑏𝑒𝑢𝑟𝑟𝑒 / 𝟒 𝐵𝑎𝑛𝑎𝑛𝑒𝑠 / 𝟐 𝑂𝑒𝑢𝑓𝑠 / 𝟖𝟎 𝐺𝑟𝑎𝑚𝑚𝑒𝑠 𝑑𝑒 𝑠𝑢𝑐𝑟𝑒 / 𝟓𝟎 𝐺𝑟𝑎𝑚𝑚𝑒𝑠 𝑑𝑒 𝑝𝑜𝑢𝑑𝑟𝑒 𝑑'𝑎𝑚𝑎𝑛𝑑𝑒𝑠
D'aussi loin qu'il se souvienne, eh bien, Max ne se rappelle pas d'avoir passé une nuit plus merdique que celle-ci.
Oh, bien sûr, il avait l'espoir que cela se déroule comme dans les contes de fées, des membres qui se frôlent dans la douceur de la nuit, une étreinte timide puis plus franche et enfin un réveil, la tête reposant sur le torse de l'homme de ses rêves.
Mais ça, c'est oublier que le Néerlandais s'est endormi avec une vue imprenable sur les pieds de Charles qui, loin de la pose alanguie des dormeurs dans les films à l'eau de rose, donne visiblement une importance capitale au fait de courir un semi-marathon toutes les nuits.
Ronflant comme un bien heureux après seulement quelques minutes, il s'en est donc donné à cœur joie pour filer des grands coups de lattes à son pauvre vis-à-vis qui, après un dernier coup de pompe dans le nez, s'est résolu à ramper le plus loin possible de son assaillant, perdant au passage quelques précieux centimètres de la couverture que Charles s'est fait un plaisir de monopoliser.
C'est un cauchemar de dormir avec Charles ? OK, pas de soucis, Max peut vivre avec le poids de la déception. Après tout, il a beaucoup d'autres qualités ?
S'il pouvait juste arrêter de ronfler.
Autre détail significatif, dormir avec la tête du mauvais côté du lit est en réalité une vraie plaie. L'oreiller tombe tout le temps, l'usure du matelas crée des bosses et des creux inconfortables et la couverture devient vite trop petite pour deux personnes qui dorment à l'opposé l'une de l'autre.
Tout ça pour dire, après avoir tourné et retourné sur lui-même, pesé le pour et le contre du fait de prendre la fuite de nouveau, avoir été retenu par la menace de Charles et admiré le visage paisible et détendu du malade pendant une bonne partie de la nuit, Max a enfin trouvé le sommeil aux petites heures du jour, fatigué et le dos douloureusement courbaturé.
Il émerge en douceur quelque temps plus tard sans parvenir à mettre le doigt sur ce qui le réveille. Encore groggy et s'étire de tout son long dans les draps, remarquant à peine la couverture qui le borde étroitement. La bouche pâteuse, il se frotte distraitement les yeux, cherchant à tâtons la table de chevet sur laquelle il laisse toujours son téléphone en allant se coucher le soir.
Sa main ne rencontrant que du vide, il fronce légèrement les sourcils et cligne des yeux un peu plus fort pour adapter sa vision à la pénombre de sa chambre.
Un peu perdu, il explore l'endroit du regard sans parvenir à reconnaître son appartement Monégasque.
Il n'a pas non plus souvenir d'avoir passé la nuit avec un bel inconnu qui l'aurait ramené chez lui et puis de toute façon, il est toujours habillé, à vrai dire, avant de s'endormir, il était en train de s'occuper de...
- Charles ! Il s'exclame.
Paniqué, les souvenirs de ces deux derniers jours lui revenant en pleine face avec la force d'une semi-remorque, il tâtonne dans les draps autour de lui à la recherche du corps de son rival qu'il ne trouve nulle part.
Le blond prend le temps de souffler une seconde avant de vraiment commencer à paniquer, Charles n'est pas dans la chambre, mais ça ne veut pas dire qu'il lui est arrivé quelque chose pour autant.
Il est peut-être juste parti aux toilettes ou en train de faire un malaise quelque part, seul, en train de se noyer dans son vomi.
Max se pince l'arrêt du nez et pousse un soupir, agacé, avant de plonger le visage dans l'oreiller pour y respirer l'odeur du Monégasque. Il faut qu'il se calme et qu'il prenne une grande inspiration, il réagit beaucoup plus que nécessaire, il n'est ni le copain, ni la mère de Charles, il n'a aucune raison de se montrer aussi impliqué, au contraire, il risque de lui faire peur à force.
Prenant le temps de détendre ses épaules crispées, le Néerlandais prend plusieurs grandes inspirations, allongé sur le ventre, la face comprimée contre le coussin, prenant de longues secondes pour répéter les règles qu'il s'est imposé.
Enfin calmé, il finit par se redresser sur ses coudes, cambrant les reins pour étirer le bas de son dos. Les yeux fermés, il inspire par le nez et expire par la bouche avant de reproduire l'opération plusieurs fois.
Cependant, ses sourcils se froncent presque immédiatement, quelque chose le gêne.
Une odeur âcre qui lui pique le nez.
Une odeur de brûlé.
La seconde suivante, le corps du triple champion du monde s'écrase contre la porte de la chambre qu'il ouvre à la volée avec de se projeter dans le couloir qu'il traverse à toutes jambes et déboule dans la cuisine comme un boulet de canon, le tout, exécuté avec la rapidité d'un départ de Grand Prix.
Hors d'haleine, il surgit dans la cuisine pour découvrir une scène proche de sa conception de l'apocalypse.
Charles, torse-nu et tout sourire devant une poêle duquel s'échappe des flammes sans que cela n'ait l'air de perturber le Monégasque.
- Bonjour ! Le blond lui fait un petit signe de la main.
Il ne garde pas le sourire longtemps et pousse même une plainte de douleur lorsqu'une gerbe d'huile bouillante lui éclabousse l'avant-bras.
Blanc comme un linge, Max contourne le plan de travail à grandes enjambées, saisit Charles par la taille et l'éloigne du feu autant que possible avant d'allumer le robinet de l'évier et de positionner son avant-bras sous l'eau.
Une fois fait, il revient devant la source des flammes et dépose un couvercle sur la poêle sans se brûler au passage avant de couper les plaques de cuisson.
La logique aurait voulu qu'il fasse l'inverse, mais dans l'esprit de Max, la liste des priorités est très claire : Charles d'abord, le reste du monde après.
Inconsciemment, ses mains attrapent le bord de l'îlot dans une vaine tentative de garder son calme.
Chose qu'il parvient à faire durant presque une minute.
- Eh bah ! Charles rit. On peut dire que c'est moins une...
- Je peux savoir ce que tu fous ? Il lui hurle presque dessus.
Le Néerlandais se retourne juste à temps pour voir le sourire naïf quitter les lèvres de Charles, remplacé par un froncement de sourcils d'incompréhension.
- Des œufs au plat ? Il tente d'une petite voix. Mais je peux faire autre chose si t'aime pas.
Excédé, l'adrénaline et la peur courant encore abondamment dans ses veines, Max passe une main sur son visage.
- Putain Charles ! Est-ce que tu te rends compte de ce qui aurait pu arriver ? Sa voix monte dans les aiguës. Tu ne peux pas juste foutre le feu et faire comme si de rien n'était !
Agacé, le brun retire son avant-bras de l'eau et coupe le robinet avant de les courser sur sa poitrine dans une posture défensive.
- Pas la peine de t'énerver, il s'agace. J'avais la situation sous contrôle.
Acerbe, le champion lève les yeux au ciel.
- C'est ça que tu appelles sous contrôle ? Il cingle en pointant du bras les taches rouges sur son bras.
Vexé, le Monégasque croise un peu plus les bras, cachant sa blessure aux yeux de l'autre homme, les joues rouges de contrariété.
- J'ai été déconcentré, il marmonne dans sa barbe.
Max laisse échapper un soupir froissé, incapable de maîtrise ses paroles.
- Tu ne te rends pas compte de ce qui aurait pu arriver si je n'avais pas...si je n'étais pas, il cherche ses mots. Et pourquoi est-ce que les détecteurs de fumée de ne sont pas déclenchés d'abord ?
Cherchant un autre élément sur lequel reporter sa colère, le Néerlandais lève les yeux au plafond, cherchant du regard les fameux petits boîtiers sans prévenir ce genre d'accident.
Lorsqu'après une minute, il ne parvient pas à les trouver, il baisse les yeux sur le propriétaire des lieux qui a étonnamment baissé les yeux sur ses pieds, agitant ses oreilles sur le pavé froid.
Max voit rouge.
- Charles ? Sa voix sonne presque comme une menace. Dis-moi que tu as des détecteurs de fumée.
Le plus jeune marmonne vaguement quelque chose qu'il ne parvient pas à comprendre, venant s'ajouter à la liste des griefs que Max a contre lui.
- Je suis sérieux, il insiste, les sourcils froncés.
- Parce que tu crois que moi, je me marre ? Explose l'autre.
Les deux hommes se fusillent du regard, s'engageant dans un puéril duel d'ego à celui qui baissera les yeux le premier.
- Je vais appeler quelqu'un pour les faire installer, content ? Crache le brun.
- Il n'y a pas de quoi se réjouir, fustige Max. Tu n'es pas foutu de respecter les bases de la sécurité, c'est quoi la prochaine étape ? On se fait un shooter de produit ménager.
Charles détourne le regard, grimaçant à la pique violente de son rival.
- Ferme-la Max, t'es pas ma mère, il grogne.
À cet instant précis, en ouvrant la bouche, le blond franchit une limite invisible.
- Ouais, bah, peut-être qu'elle devrait se poser des questions si son fils n'est même pas foutu de s'occuper de lui tout seul.
À la seconde où les mots franchissent la barrière de ses lèvres, Max les regrette, mais il est déjà trop tard. Une expression de colère froide prend possession des traits du Monégasque et pendant un moment, Max pense qu'il pourrait le frapper.
À la place, il sursaute en entendant le bruit que fait la main de Charles en claquant l'îlot contre lequel s'est appuyé Max.
- Je t'interdis de parler de ma mère, enrage-t-il.
Le Néerlandais retient son souffle, ils sont terriblement proches l'un de l'autre, mais tout ce qu'il voit dans les yeux de Charles, c'est de la colère et de la déception qui ne lui donne qu'une envie, fuir le plus loin possible.
- Je suis désolé, il chuchote à la place, certain que Charles peut l'entendre. Je ne le pensais pas. J'ai hm...j'ai eu peur.
Toute trace de colère a déserté sa voix, remplacée par un profond regret et une cuisante culpabilité. Le Monégasque semble tester son honnêteté durant une seconde avant de baisser la tête et de pousser un profond soupir, ses épaules se détendent lentement sous les yeux de Max.
Finalement, ses doigts viennent saisir l'arrêt de son nez alors qu'il s'écarte, remettant un peu d'espace entre eux et permettant indirectement à Max de respirer plus librement.
- Je n'aurais rien laissé t'arriver, il souffle finalement.
Le Néerlandais hoche lentement la tête même si l'autre ne peut pas le voir.
- Je sais, il esquisse un pauvre sourire. Mais je n'ai pas eu peur pour moi, je ne voulais pas que tu te blesses.
Surpris, Charles relève la tête dans sa direction, les yeux légèrement écarquillés.
- Je vais bien, il rassure doucement.
La tension redescendue, le triple champion du monde se sent toujours aussi mal à l'aise, il brise la connexion de leurs prunelles et baisse les yeux sur ses mains sur lesquelles figurent encore de petites taches de sang, souvenir de la veille.
Désireux de se faire le plus minuscule possible, il enroule les épaules vers l'avant et prie silencieusement pour que ses cheveux aient suffisamment poussé pour dissimuler ses yeux au regard inquisiteur de son vis-à-vis.
Il faudra qu'il aille s'excuser auprès de Pascale Leclerc, mais il ne peut pas continuer à foirer tout ce qu'il fait avec Charles.
- Encore désolé, il marmonne. Si tu te sens mieux, je vais rentrer chez moi, excuse-moi pour le dérangement.
Souplement, il se décolle du plan de travail et entreprend de contourner Charles pour fuir en direction de l'entrée, laissant toutes ses affaires derrière lui.
Pour l'instant, il n'en a strictement rien à foutre, tout ce qu'il veut, c'est aller se cacher dans un coin sombre, probablement son lit, pour pleurer toutes les larmes de son corps.
C'est sans compter sur le corps toujours à moitié dénudé du Monégasque qui lui barre le passage presque immédiatement.
Face à lui, les pommettes rosies, une main perdue dans ses cheveux ébouriffés et l'autre poser sur le plan de travail pour l'empêcher de mettre les voiles, Charles semble chercher ses mots.
- Tu n'es pas obligé d'y aller, propose-t-il finalement. Dans le fond, c'est toi qui as raison et disons que j'ai peut-être un peu paniqué, il sourit piteusement. Mais j'étais en train de préparer un petit-déjeuner pour toi.
Max n'en croit pas ses oreilles.
Le rougissement immédiat de ses joues et tressautement compulsif de sa pomme d'Adam ne passe pas inaperçu pour Charles qui écarquille les yeux de surprise et balbutie rapidement pour se rattraper :
- Pas grand-chose hein, il rit maladroitement. Juste pour te remercier de ton aide.
Curieux et toujours aussi rouge, Max détaille le plan de travail encombré d'aliments en tout genre, plus ou moins en lien avec la conception qu'il se fait d'un petit-déjeuner. Dans le chaos qui compose l'amas de nourriture, il lui semble reconnaître les oranges à jus qu'il a acheté la veille, de la pâte à pancake et des mélanges de yaourt et de fruits secs quelque peu étranges.
Touché par l'idée que Charles, LE Charles Leclerc, notablement connu pour son incapacité chronique à cuisiner un seul plat mangeable, se soit donné du mal pour lui préparer un repas avant son réveil.
Suivant son regard, le brun esquisse une grimace gênée et passe une main dans ses cheveux en reculant légèrement, s'éloignant de la scène de crime.
- Je me suis peut-être un peu laissé emporter.
- Je vois ça, glousse Max.
- C'est ta faute aussi, tente-t-il de se justifier.
Le blond croise les bras et hausse les sourcils, amusé.
- Je serai curieux de savoir en quoi ?
- Quand je me suis levé, il y avait plein de choses dans mon frigo, il explique. J'ai eu envie de tout essayer.
Cette fois-ci, c'est un rire franc qui quitte les lèvres du champion alors qu'il penche la tête en arrière, ratant ainsi le regard soulagé que lui lance le Monégasque.
- OK Top Chef, il expire au bout d'un moment. Qu'est-ce que tu dis de ça, je termine de nous préparer à manger et toi, tu vas enfiler quelque chose d'un peu plus chaud ?
Charles lève les yeux au ciel, un rictus amusé sur les lèvres.
- Tu ne lâches rien, pas vrai ?
- Jamais, Max lui avec arrogance. C'est pour ça que c'est moi qui gagne.
- Tout de suite les grands mots.
Le pilote Ferrari râle, mais ne riposte pas, s'éloignant lentement du plan de travail pour s'engager dans le couloir et Max en profite pour jeter un rapide, mais appuyé, coup d'œil au dos musclé de l'autre homme.
- Eh, Charles ! Il l'interpelle.
- Quoi ?
- Mets des chaussons aussi.
L'autre lève les yeux au ciel.
- Oui maman.
Une fois le Monégasque hors de portée, Max s'autorise à relâcher la tension et à laisser échapper un lourd soupir de soulagement.
Quel con, mais quel con bordel.
Il est censé se servir de ces quelques jours pour se rapprocher de Charles, pas pour envoyer chier à la première occasion l'amitié fragile qu'il a mise des années avec lui.
Maladroitement, ses mains attrapent le rebord de l'îlot contre lequel il s'accroupit, venant appuyer son front brûlant contre la surface froide de la pierre, presque comme s'il voulait se cacher.
Un souffle tremblant lui échappe alors qu'il ferme les yeux, il y a longtemps qu'il ne s'était pas énervé ainsi.
Max est familier des accès de rage, c'est un gène très ancré dans la famille après tout, mais il est plus coutumier de la furie de la défaite, de l'impuissance, de l'injustice.
C'est la première fois pour lui que la colère découle de la peur, la peur pour autrui qui plus est. Max a eu sincèrement peur en voyant Charles à proximité des flammes, peur au point de s'interposer entre les deux sans la moindre hésitation.
Après avoir respiré un grand coup et retrouvé un minimum de contenance, il se redresse et lance une playlist sur l'enceinte du salon à laquelle il a appairé son téléphone. Plongé dans ses pensées, il vérifie la pâte à pancake et les mélanges de yaourt, essayant d'en sauver un maximum.
Sans regret, il jette le restant d'œufs carbonisés à la poubelle et met la poêle à tremper avant d'en sortir une nouvelle qu'il met lentement à réchauffer.
Perdu dans son petit monde entre musique et pâtisserie, il commence à lentement former des animaux dans la poêle, enchaînant chien, cochon, ourson et lapin sans réfléchir au fait qu'il est en train de cuisiner pour un homme adulte et non pour un enfant.
Quoi que, à y réfléchir, Charles est un peu les deux parfois.
- Qu'est-ce que tu fais ?
Surpris par la voix qui résonne dans son dos, juste contre son oreille, Max sursaute et rate totalement la réalisation de son pancake en forme de girafe. Déçu, il fait la moue en regardant son chef-d'œuvre devenir un bloc informe.
- J'essayais de faire une girafe, il râle pour la forme.
- Oups, désolé, s'excuse l'autre.
Mais à la voix, le blond devine qu'il n'est pas désolé du tout, au contraire, il semblerait que Charles profite de l'occasion pour le tourmenter encore plus.
Debout dans le dos de son ancien rival, le pilote Ferrari se penche un peu plus en avant, appuyant le haut de son torse contre les épaules du Néerlandais, l'écrasant entre lui et le plan de travail. Malicieux, il saisit la main de Max, celle qui tient toujours la louche et en renverse une belle quantité dans la poêle avant d'attraper une cuillère et de commencer à tracer des formes dans la préparation.
Le blond n'ose plus bouger, plus respirer, même plus penser, de peur que Charles, beaucoup trop proche de lui ne capte pas ses pensées intrusives. À bout de souffle, il se mord les lèvres, un peu trop conscient du corps de l'autre homme pressé contre lui.
Charles aura sa mort, tôt ou tard.
Plutôt tôt que tard d'ailleurs, s'il continue sur cette lancée.
- Tu t'amuses ? Il grince entre ses dents.
- Très, ricane l'autre. Ce n'est pas de la cuisine, c'est du dessin, aucune chance que je me loupe, regarde.
Le pilote Red Bull baisse les yeux vers le travail de Charles découvrant un drôle de gribouillage sur l'énorme pancake ressemblant vaguement à une monoplace de F1.
- Félicitations Picasso, il se moque. Mes neuves dessinent de plus jolies voitures.
Le brun esquisse une grimace, pas vexé pour deux sous.
- Tu recommences, il râle pour la forme.
- Je ne sais pas de quoi tu parles.
Sans se départir de sa frimousse de comploteur, Charles s'écarte finalement du corps hypertendu de Max, contournant l'îlot pour aller s'asseoir sur l'un des tabourets face à la zone de préparation, s'amusant du visage rouge vif de son aîné.
Oui, il a définitivement mis le doigt sur quelque chose.
Reste à savoir ce qu'il va en faire.
Max, de son côté, donne le meilleur de lui-même pour garder un visage neutre qui ne le trahit pas, quitte à oublier au passage un pancake ou deux sur le feu dans l'opération.
Que la force de Pupuce soit avec lui.
- Les taquineries, précise Charles. Je ne savais pas que l'homme qui terrorise ses rivaux à chaque Grand Prix pouvait être si facétieux.
La pointe des oreilles du plus grand des deux rougit d'une manière adorable, n'échappe pas au regard du second dont le rictus s'agrandit encore.
- On ne me demande pas vraiment de faire des blagues, marmonne l'autre.
- Tu devrais pourtant. C'est déjà mieux depuis quelques années, mais tu gagnerais à ce que les gens connaissent un peu plus cette partie de toi, elle te rend plus humain.
Max hausse les épaules, il n'est pas certain de vouloir que les gens voient cette partie de lui. Le fait de rester privé lui convient parfaitement, il n'a pas besoin que les autres l'aiment, il n'a même pas besoin qu'ils l'apprécient.
Avec Charles, c'est différent. Charles est différent.
Il y a des choses que Max laisse transparaître, des choses qu'il a le droit de voir, que le monde ne verra jamais. C'est comme ça.
- Je ne sais pas ? Il hausse les épaules. Ça ne m'importe pas vraiment.
Amusé, le Monégasque pose ses coudes sur le comptoir, remerciant silencieusement lorsque Max dépose une assiette pleine devant lui, un pancake animal, du yaourt et des fruits formant un tout appétissant et étonnamment adorable.
- Ça n'aurait sans doute pas eu la même tête si c'est moi qui l'avais fait, il grimace.
- Tu aurais trouvé le moyen de rendre ça immangeable.
- Hé ! Tu abuses, j'étais bien parti avant que tu n'arrives.
- Oh ? Parce que maintenant, c'est ma faute si tu tentes une reconversion dans la pyromanie ?
Saisissant sa propre assiette, le Néerlandais contourne le plan de travail et rejoint Charles du côté bar, s'asseyant à une distance raisonnable.
- Je te l'ai dit, souffle le brun. Je me suis déconcentré en t'entendant courir dans le couloir.
- Je courrai parce que tout l'appartement sentait le brûlé, fait remarquer le blond.
Vexé par les critiques de Max sur ses talents de cuisinier plus que limités, Charles gonfle les joues et se détourne, enfournant une grande bouchée de son cochon pancake au passage.
Conscient que la cuisine est un sujet un tantinet sensible pour le Monégasque, Max esquisse un petit sourire amusé avant de changer de sujet, ne souhaitant pas rajouter de l'huile sur le feu qu'il vient à peine d'éteindre.
- Tu as l'air d'aller mieux, il penche la tête pour capter le regard de son cadet. Tellement bien que tu te balades à moitié nu, j'imagine que c'est une bonne nouvelle ?
Même de là où il est, il parvient à voir les pommettes du brun qui rougissent alors qu'il évite son regard et tire sur les manches de son sweat-shirt.
- J'ai eu un coup de chaud, élude Charles.
Suspicieux, Max se laisse glisser hors de son tabouret et traverse la courte distance qui le sépare de Charles, s'arrêtant uniquement lorsque ses cuisses rencontrent les genoux de l'autre garçon qui le regarde approcher avec curiosité.
- Je peux ? Il demande la permission.
D'un mouvement de tête, Charles lui donne son assentiment et Max frotte distraitement sa main sur son jogging pour en chasser des miettes imaginaires avant de lever les bras et de repousser du bout des doigts les mèches brunes et bouclées qui recouvrent le front du garçon, posant sa main à plat contre sa peau traversée de frisson.
- C'est bien ce que je pensais, il soupire finalement. Idiot, tu as encore de la fièvre et tu t'amuses à retirer tes fringues.
- Non, mais je t'assure que je me sentais vraiment mieux ce matin ! Tente de se justifier Charles.
- Évidemment, après avoir dormi pendant 24 heures, mais tu n'es pas guéri pour autant. Tu as pris tes médicaments au moins ?
Max s'aperçoit un peu tard que sa main repose toujours sur le visage de Charles. Il la retire un peu précipitamment, s'attirant un regard suspicieux du pilote Ferrari qui bougonne lorsqu'il s'éloigne.
- J'allais le faire.
- Ce n'est pas vrai, s'exaspère le plus âgé. Mais qu'est-ce que je vais faire de toi.
Tout en parlant, Max s'adosse au bar et se pince l'arrêt du nez, profondément désespéré par l'idiot récalcitrant rouge de honte juste à côté de lui.
- Non, mais je vais les prendre, pas la peine d'être aussi dramatique.
- Tu sais Charlie, il reprend avec amusement. Je vais finir par croire que tu fais exprès de ne pas te soigner pour me garder chez toi.
Max sait parfaitement qu'il s'agit du genre de piège dans lequel Charles tombe à chaque fois, une simple pique dans son ego de mâle, cela ne manque pas cette fois encore.
Le Monégasque lui lance un regard incrédule, cherchant à savoir à quel point il est sérieux avant de sauter à pieds joints dans l'ouverture que le Néerlandais lui à ouverte.
- Tu prends tes rêves pour la réalité Maxy, il ricane avec mauvaise foi.
- Prouve-moi le contraire alors, sinon je m'accroche à cet appart jusqu'à figurer sur le bail.
- Dis plutôt que tu t'accroches à moi, pique naïvement Charles.
S'il savait.
Max laisse échapper un petit rire amusé qui pique la curiosité de l'autre avant de secouer la tête.
- Charles, prends ces médicaments avant que je ne sois obligé de te les enfoncer moi-même dans la gorge.
Joueur, le malade se laisse glisser hors de son tabouret, passant très proche du Néerlandais.
Trop proche pour son propre bien.
- J'aimerais bien voir ça, il ricane.
Choqué par le sous-entendu, Max reste bouche bée, agrandissant indirectement le sourire victorieux de Charles à chaque seconde passée sans rien dire.
Il finit par se reprendre lorsque le brun s'écarte, reculant lentement en direction du couloir qui mène à la chambre à coucher.
- Tu es vraiment le pire malade que je n'ai jamais vu, tu le sais ? Grimace Max.
À quelques mètres de là, Charles éclate de rire, rapidement rattrapé cependant, par une toux difficile qui en dit long sur son véritable état.
Malgré tout, le Monégasque se fend de l'un de ses célèbres clins d'œil accentué par un petit sourire narquois particulièrement malicieux.
- Roh, enfin, Maxy, il ricane doucement. Si tu n'as plus aucun défi sur les circuits, laisse-moi au moins t'en donner un peu dans la vie.
Puis, sans demander son reste, il disparaît dans le couloir, laissant derrière lui un Max incrédule dont le visage ne tarde pas à se parer d'un immense sourire alors qu'il prend lui aussi le chemin de la chambre.
Ô Charles, si tu savais, tu ne peux pas être plus proche de la vérité.
🍌🍌🍌🍌🍌
Alors, la température monte dans tous les sens du terme, pas vrai ? :')
Petit accrochage entre nos deux grands handicapés des sentiments même si le malentendu se dissipe bien vite, Max comprend qu'il est peut-être un petit peu trop à cran et surtout beaucoup trop protecteur pour un type qui est censé être juste là pour donner un coup de main à Pascale.
Charles de son côté, commence à sentir qu'il y a quelque chose de caché derrière l'apparente neutralité de Max et vous le connaissez aussi bien que moi, mère commère ne peut pas s'empêcher d'aller fouiner là où il y a du croustillant à dénicher.
Nous entrons donc dans une phase de l'histoire que j'ai nommée : « Charles mène l'enquête », préparez-vous donc à voir beaucoup de petites piques, de sous-entendus et de moments très gênants pour Max jusqu'à ce que Charles comprenne que le secret, c'est lui.
Je vous le dis, ça promet du beau spectacle ! ;)
Dans le prochain chapitre, Max tente de prendre un peu de distance pour préserver ses sentiments et Charles, à défaut d'enflammer la situation, enfonce des portes ouvertes !
Bye les copains ♡
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