𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟖
— A M E A S S E R V I E —
武士は食わねど高楊枝
• S 0 3 E 0 2 •
LE SOLEIL COMMENCE à se coucher sur le domaine, projetant une lueur orangée sur la forêt ainsi que le bâtiment s’élevant dans mon dos.
Celui-ci, fait de marbre blanc, appartient à un groupe d’héros baptisé les Wild Wild Pussy Cats et dont l’emblème, une patte de chat, est imprimée sur une partie triangulaire de la surface, surplombant l’entrée ; l’architecture des lieux me rappelle la Rome Antique, peut-être l’une des quatre personnes composant l’alliance Pussy Cats est-elle éprise de cette époque.
Quoi qu’il en soit, debout sur les graviers entourant le terrain et menant à la forêt, je patiente de pied ferme aux côtés d’Aizawa et une femme qui ne m’a pas encore été présentée. A quelques mètres de nous, devant, une blonde habillée d’une jupe gonflée bleu, un haut rayé et une clochette à la manière d’un chat pose les mains sur ses hanches fixant les bois.
Les élèves ne devraient pas tarder à en jaillir. La limite de temps fixée par Aizawa touche bientôt à sa fin.
Alors la blonde, l’une des Pussy Cats, sa collègue habillée pareillement — à l’exception que les teintes de son costume ne sont pas bleues mais rouges et que ses cheveux auburn sont coupés courts —, le professeur Aizawa et moi-même patientons devant le bâtiment qui nous accueillera.
Large, s’étendant sur plusieurs longs mètres, il ressemble davantage à un hôtel qu’une auberge. Autant dire que lorsque je suis sortie du car, tout à l’heure, et ai fait face aux colonnes bordant un portail de verre et étant surplombé par un triangle gravé de l’emblème des Pussy Cats, j’ai été assez impressionnée.
Je ne m’attendais pas à être hébergée dans un lieu luxueux.
— Ça y est ! Ils arrivent ! s’écrie la blonde devant nous, qui s’est présentée comme étant Pixie-Bob, tout à l’heure.
— Ce n’est pas trop tôt, retentit la voix de l’autre femme posée à gauche d’Aizawa.
Ce dernier se situe entre moi et elle. Nous fixons ensemble la forêt ainsi que les silhouettes qui en jaillissent.
D’abord similaire à des ombres, ils avancent péniblement, tous se ressemblant. Puis, bientôt, quelques détails significatifs m’apparaissent. Une chevelure bicolore. Shoto Todoroki. Des cheveux blonds en pique. Katsuki Bakugo. Des lunettes rectangulaires. Tenya Ida. Une touffe aux reflets émeraudes. Izuku Midoriya.
Les silhouettes se multiplient sous mon regard. Tous ont l’air profondément épuisés. Leur dos sont courbés vers l’avant, des traces de salissure sont visibles sur leurs peaux, leurs vêtements sont déchirés. Rares sont ceux qui lèvent la tête vers nous, trop épuisés.
Certains s’écroulent même devant nous, là où ils finissent par se rassembler pour attendre nos ordres. Je ne bouge pas à cette vision bien que l’envie de les aider me prenne. Aizawa a été clair : j’attends les ordres des femmes avec nous en silence et ne fais rien.
Bien que l’injonction m’exaspère, je sais qu’il me faut la suivre.
— Ça ne devait pas prendre moins de trois heures ? s’écrit une voix parmi eux d’un ton éreinté.
— Désolée ! répond la blonde. Je parlais pour nous mais bravo !
Le professeur Aizawa m’a effectivement affirmé que, pendant que nous prenions un détour avec le car — qui a bel et bien duré trois heures — les élèves avaient reçu l’ordre de franchir la forêt pour rejoindre ce domaine reculé.
Et les voici, maintenant.
— C’est juste pour vous vanter ? retentit la voix d’une armoire à glace aux lèvres pulpeuses dont je n’ai pas retenu le nom. C’est petit !
— Je vais mourir de faim ! s’écrit Kirishima, étalé à côté de lui et ses cheveux rouges brillant sous le soleil couchant.
Mais la voix de la blonde, Pixie-Bob, se fait bien plus joviale :
— Je pensais que vous seriez bien plus longs ! Vous avez vite compris comment vaincre mes golems ! Vous me plaisez ! Surtout…
Tendant sa main qui s’avère être une patte, elle pointe une griffe en direction de quatre têtes que je reconnais bien — Tenya, Midoriya, Todoroki et Bakugo. Les plus impulsifs de la classe.
Pas les meilleurs, à mon avis, mais ce n’est qu’une question de point de vue.
— …vous quatre-là !
Si je devais réellement désigner quatre personnes qui m’ont scotchée au cours des derniers mois et qui, en tant qu’ancienne criminelle, me laisse légèrement craindre, alors je pencherai sur Momo, Ochaco, Fumikage et Mina. Ils se font moins remarquer mais sont réellement talentueux.
— Est-ce l’expérience qui vous ôte toute hésitation ?
— Non, la stupidité, je murmure d’une voix à peine audible sans prêter davantage attention aux élucubrations de la blonde.
Les minutes qui vont suivre ne vont servir qu’à poser les bases de l’entrainement qu’ils subiront dans les jours à venir. Cela ne me concerne pas et je suis épuisée. Qui-plus-est, j’ai réellement envie de prendre une douche.
Alors, me tournant vers Aizawa, j’ignore les cris de la blonde qui semble décidément ravie de sa rencontre avec les quatre garçons.
— Je vais me doucher, je lance à l’intention de l’homme. Je peux avoir la clé de ma chambre ?
Seulement le noiraud n’a pas le temps de me répondre que la jeune femme à sa gauche, se penchant pour me regarder et faisant teinter la clochette accrochée à son cou, me lance dans un sourire profondément gentil :
— On a des salles de bains qui vous plairont, j’en suis sûre ! En attendant, vous pourrez vous détendre tous les deux dans votre chambre !
— Comment ça, dans notre chambre ? La même ? On dormira dans la même pièce ? je tonne aussitôt, tiltant sur ses termes.
Aizawa, lui, n’a pas l’air bien surpris. A vrai dire, son regard toujours fixé sur les élèves, je ne suis même pas sûre qu’il nous écoute, présentement. Il doit sans doute attendre le moment propice pour intervenir.
Alors, dans un geste sec, je lui tapote l’épaule. Il ne se tourne même pas vers moi quand, suite à mon geste, il prend la parole :
— Ce seront des lits séparés. Je n’ai pas le choix, tu es sous probation, je ne peux pas te lâcher d’une semelle.
— Et donc je vais devoir dormir avec toi !? je m’exclame. Et pourquoi pas prendre mon bain dans la même salle que toi !?
Seulement, en voyant les yeux de la femme auburn s’écarquiller et le visage d’Aizawa demeurer stoïque, ma gorge se fait brutalement sèche. Je n’ai dit cela que pour lui démontrer que son idée était entièrement stupide.
Mais il semble que même pour mes moments intimes, je vais devoir me le farcir !
— Non mais c’est une blague !? j’implose face à son mutisme.
— Les bains sont plutôt semblables à des piscines. Nous serons seuls, tu pourras te mettre d’un côté du bassin et moi de l’autre. Je dois juste veiller à ce que…
Mais je ne le laisse pas finir, me tourne précipitamment vers les portes de verre et fendant la pavillon brun menant à l’entrée du bâtiment. Je ne veux plus le voir, lui et son stoïcisme, lui qui me parle de moments si intimes en fixant ses élèves, sans m’accorder un seul regard. J’en ai assez.
Seulement, en réalité, ce n’est pas cela qui m’agace le plus.
Ce qui m’agace le plus est mon cœur qui bat avec ardeur face à l’image de nous deux, enlacés dans ce bain public, seuls et blottis l’un contre l’autre.
ꕥ
L’heure du bain public a sonné.
Sur le seuil de la vaste salle, j’observe celle-ci, subjuguée. Mon regard ne cesse de balayer les moindres recoins de ce lieu désert.
Au-dessus de ma tête, le ciel étoilé s’étend, tel un drap bleu parsemé de mille et une paillettes. Pourtant, aucun vent frais ne vient perturber l’endroit dont les murs sont constitués de cloisons de bois. Une dense vapeur s’élève depuis les larges bassins circulaires s’emboitant les uns dans les autres et, au cœur de ceux-là, des rochers et arbres jaillissent, décorant les lieux.
Projetant une lueur douce et tamisée sur les lieux, quelques lanternes sont accrochées çà et là. Et, mes pieds se succédant sur le sol de pierres lisses, j’observe l’eau difficilement discernable sous les vapeurs. Même habillée d’un simple peignoir de soie, j’étouffe sous la chaleur.
— Tu n’es toujours pas entrée ? résonne une voix grave, dans mon dos.
Je me raidis. Aizawa.
Bien que tous les élèves soient actuellement partis se coucher, nous laissant le rayon libre pour occuper les bains, je ne perds pas de vue que le noiraud, lui, ne va pas partir tant que je n’aurais pas fait de même.
Il doit me surveiller.
— Euh…, j’hésite en me tournant vers lui.
Lui aussi à enfiler un peignoir de soie argenté faisant ressortir la noirceur de ses cheveux noirs attachés en un chignon d’où s’échappent quelques mèches.
Un soupir me prend tandis que mes joues me cuisent. J’oublie parfois combien il est attrayant.
— Tu peux entrer tout en gardant ton peignoir, si tu es gênée, lâche-t-il en empoignant la ceinture du sien.
Je n’ai pas le temps de me retourner, il défait l’attache et laisse le vêtement glisser le long de son corps. Sans crier gare, il se retrouve complètement nu devant moi et visiblement très peu intéressé par le fait que je puisse le voir.
Un cri manque de franchir ma gorge quand, mes yeux apercevant son dos musclé et travaillé par l’entrainement, ses omoplates roulant sur sa peau, j’arrête sans faire exprès mon regard sur son postérieur situé juste en-dessous.
Aussitôt, je me retourne entièrement, tentant d’oublier la vision de sa silhouette nue et ignorant la culpabilité m’assiégeant.
Ce n’est pas de ma faute, c’est lui ne pas m’a pas prévenue qu’il allait se présenter ainsi.
— Qu’est-ce qu’il t’arrive ? résonne soudain sa voix, derrière moi.
Comment ose-t-il me poser la question ?
— Tu le sais très bien !
— Non, j’en sais rien.
— Tu es… Tu es… Enfin, tu vois, tu as pas de vêtement ! je fulmine, cuisante de honte.
— Oui, je suis nu. Et alors ? répond-t-il d’un air tout à fait désintéressé. C’est quand même bien pratique pour prendre un bain.
Mes poings de serrent. Il ose se montrer sarcastique, en plus. L’envie de coller ma paume en travers de sa joue me démange.
— Bon, tu peux venir dedans avec ton peignoir si tu es gênée ou même ne pas venir du tout. Si tu veux je peux aussi me retourner le temps que tu rentres.
Je ne réponds pas, bien trop embarrassée. Cependant, la prévenance d’Aizawa me touche. Il sait que je ne suis pas bien à l’aise avec la gent masculine et, même s’il ne déroge pas à la règle stipulant qu’il doit toujours être avec moi, je suis bien heureuse de remarquer qu’il reste assez en retrait pour ne pas me mettre mal à l’aise.
Tournant enfin la tête vers lui, je le vois à nouveau.
Il est là, son torse dépassant de l’eau et me montrant le dos. Ses omoplates jaillissent sous sa peau parsemée de cicatrice tandis que, les bras refermés autour d’un rocher, il se détend dans l’eau.
Il ne regarde pas en ma direction. Sans doute pour me montrer que je ne crains rien à l’idée de me déshabiller.
— Je vais compter jusqu’à dix, le temps que tu te mettes dans l’eau, d’accord ? lance-t-il.
Je mets quelques secondes à répondre, mal à l’aise.
— D’accord.
Il acquiesce.
— Un.
Je le fixe, hésitante. Mon cœur bat avec force dans ma poitrine. Vais-je vraiment me mettre nue, dans la même pièce que lui et seule ?
— Deux.
Tremblante, je pose mes mains sur la ceinture, jouant avec le lien. La chaleur m’étouffe.
— Trois.
Mes cuisses, malgré moi, se serrent quand j’observe mieux son dos musclé et prend encore plus conscience qu’il ne porte rien, sous l’eau.
— Quatre.
Je me demande quelle serait la sensation et ses mains attrapant mes hanches pour me plaquer à lui, dans le bain.
— Cinq.
L’envie de me gifler me prend tout comme une douleur au cœur. Comment puis-je décemment avoir de telles pensées ?
— Six.
Je saisis la ceinture avant de tirer dessus. Aussitôt, le tissu glisse le long de mon corps. L’air ambiant se presse à celui-ci, me faisant frissonner.
— Sept.
Debout, nue, devant ce bassin, je n’ose pas bouger. Que dirais Aizawa, s’il me voyait ainsi ? Que penserait-il ? Me trouverait-il à son goût ?
— Huit.
Han n’appréciait pas mon physique. Le décompte est bientôt terminé mais je n’arrive pas à bouger. Je ne sais trop pourquoi l’opinion de cet homme sur mon allure compte. Mais elle le fait.
— Neuf.
Je dois aller dans le bain, me glisser dans l’eau chaude et me cacher à ses yeux. Oui. Je dois le faire.
— Dix.
Mais je n’en ai pas envie.
Aizawa se retourne, lentement, comme pour me laisser le temps de reconsidérer mon choix. Mais je demeure, debout devant lui, nue dans ce corps que Han m’a faite détester. Comme exposée à son regard.
Bientôt, celui-ci se pose d’ailleurs sur moi. Et, aussitôt, ses yeux s’écarquillent.
Là, dans la chaleur du bain, étourdi par ses vapeurs, il me fixe depuis sa position. Il sait que je l’ai fait exprès. Je ne tente pas de me réfugier dans l’eau ni même de cacher des parties de moi. Je m’expose à son regard.
Mais celui-ci reste pourtant figé sur mon visage, comme s’il se refusait à regarder plus loin. Avec une grande concentration, il plonge ses yeux dans les miens, infaillible, sans un intérêt pour mon physique.
Et, aussitôt, le ridicule de mon geste me frappe.
Han n’a eu de cesse de me le répéter, je ne suis pas attrayante. Pas désirable. Alors me dévoiler, nue, sous ses yeux n’est que le mettre dans une position inconfortable. Et puis même si j’étais belle, mon geste est profondément irrespectueux.
— Je suis désolée ! je m’exclame soudain en m’accroupissant, cachant mon corps.
Il détourne enfin les yeux, me laissant me glisser dans le bain. Je ne fais même pas de grimace quand l’eau me brûle la peau, trop embarrassée pour me permettre la moindre remarque.
Qu’est-ce qui m’a pris ?
— Je… Je suis vraiment désolée, je ne vous ai pas entendu compter et…, je tente de mentir en m’enfonçant dans le bassin de sorte à en être recouverte jusqu’au cou. Je croyais que j’avais encore du temps et…
Mes omoplates sont plaquées au bord raiche du bassin. Je n’ose pas le regarder, fermant les yeux et fixant la surface.
— Vraiment, désolée ! Je suis tellement désolée ! Je ne voulais pas… Enfin, j’aurais pas dû et…
Mais ma voix meurt soudain dans ma gorge quand la sensation d’une chaude main large se posant sur ma joue me tire de mon monologue. Je me raidis, remarquant qu’une silhouette se trouve debout, devant moi.
Aizawa. Il s’est déplacé jusqu’à moi.
Saisie, je déglutie péniblement, peinant à comprendre son approche. Puis, levant les yeux vers lui, mon corps bat avec entrain lorsque je remarque la douceur des yeux sombres qu’il pose sur moi.
Il n’est pas fermé, incapable de laisser filer une seule émotion. Non. Il me dévisage avec calme, empathie. Sa paume est chaude sur ma joue et sa présence est apaisante.
Puis, sans un mot, il se penche en ma direction dans un mouvement lent, comme pour me laisser le temps de m’y opposer si le cœur m’en dit. Mais, je ne sais trop pour quelle raison, en cet instant précis, je me laisse faire.
Et je ressens même une forme de délivrance quand ses lèvres se posent sur les miennes.
武士は食わねど高楊枝
2597 mots
enfin la scène du
baiser hehe
j'espère que ça vous
aura plu
hehe
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top