𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟎𝟗
— 𝐀 𝐅 𝐓 𝐄 𝐑 𝐋 𝐈 𝐅 𝐄 —
« 𝐒𝐢 𝐭𝐮 𝐬𝐚𝐯𝐚𝐢𝐬 𝐜𝐨𝐦𝐛𝐢𝐞𝐧 𝐣𝐞 𝐭'𝐚𝐢𝐦𝐞, 𝐜𝐨𝐦𝐛𝐢𝐞𝐧 𝐭𝐮 𝐞𝐬 𝐧𝐞́𝐜𝐞𝐬𝐬𝐚𝐢𝐫𝐞 𝐚̀ 𝐦𝐚 𝐯𝐢𝐞, 𝐭𝐮 𝐧'𝐨𝐬𝐞𝐫𝐚𝐢𝐬 𝐩𝐚𝐬 𝐭'𝐚𝐛𝐬𝐞𝐧𝐭𝐞𝐫 𝐮𝐧 𝐬𝐞𝐮𝐥 𝐦𝐨𝐦𝐞𝐧𝐭, 𝐭𝐮 𝐫𝐞𝐬𝐭𝐞𝐫𝐚𝐢𝐬 𝐭𝐨𝐮𝐣𝐨𝐮𝐫𝐬 𝐚𝐮𝐩𝐫𝐞̀𝐬 𝐝𝐞 𝐦𝐨𝐢, 𝐭𝐨𝐧 𝐜𝐨𝐞𝐮𝐫 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐦𝐨𝐧 𝐜𝐨𝐞𝐮𝐫, 𝐭𝐨𝐧 𝐚̂𝐦𝐞 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐦𝐨𝐧 𝐚̂𝐦𝐞. »
- 𝐕𝐢𝐜𝐭𝐨𝐫 𝐇𝐮𝐠𝐨
𝟐𝟒 𝐉𝐮𝐢𝐥𝐥𝐞𝐭 𝟐𝟎𝟐𝟐
𝐂𝐢𝐫𝐜𝐮𝐢𝐭 𝐏𝐚𝐮𝐥 𝐑𝐢𝐜𝐚𝐫𝐝
𝐋𝐞 𝐂𝐚𝐬𝐭𝐞𝐥𝐥𝐞𝐭 – 𝐅𝐫𝐚𝐧𝐜𝐞
Comment décrire le Grand Prix de France ? Comment décrire l'instant précis où Charles sent le championnat du monde lui échapper ? La cuisante vision de Verstappen s'envolant dans les points bien trop loin pour qu'il ne puisse le rattraper ?
Et tout ça par sa faute. Uniquement par sa faute.
Sortir de sa voiture irrémédiablement endommagée, affronter le regard de la foule, leurs espérances brisés avec presque autant de violence que les siennes, débriefer cette énième erreur avec l'équipe dont il peut à peine soutenir le regard, sauver la face devant les journalistes qui l'assaillent de questions et étalent sous ses yeux l'amère vérité.
Il a échoué, encore.
Une fois de plus, une fois de trop pour le pilote Monégasque qui ne ressent que trop bien le goût de la défaite sur sa langue, pareil à celui du sang. L'humiliation est immense pour celui dont les espoirs étaient si grands.
Après la course, l'équipe à au moins la délicatesse de le laisser s'isoler, il sait qu'il devra affronter les réunions plus tard, soutenir le regard de ceux qui, comme lui, ont merdé sans savoir comment réparer.
Charles n'assiste pas au podium, il ne félicite pas Max pour sa première place comme ils ont coutume de le faire. Cette première place, c'était la sienne, celle qu'il aurait dû avoir, celle qui croyait dur comme fer avoir mérité.
Mais il faut croire qu'il s'est trompé, qu'il s'est conforté dans l'idée qu'il pouvait gagner alors qu'il n'est bon qu'à échouer. Destiné à contempler la gloire des autres depuis la carcasse fumante de sa monoplace inconsistante.
Peut-être qu'il n'est bon qu'à ça, finalement ? Éternel second, premier des perdants, condamné à regarder son rêve de toujours lui échapper.
Assis à même le sol de sa Driver Room, roulé en boule dans un coin pour échapper aux regards emplis de déception qu'il sait braqués sur lui, Charles peine à contenir ses larmes. Le front appuyé contre ses genoux, les yeux fixés dans le vide pour ne pas laisser s'échapper les pleurs de honte, de tristesse, de désespoir, le pilote refuse de se laisser quiconque l'approcher.
Lentement, il tente de construire des murs autour de son cœur. Des murs dont les fondations seraient si épaisses et les remparts si hauts que plus aucune souffrance ne pourrait l'atteindre, que plus aucune défaite ne pourrait le submerger comme celle d'aujourd'hui, que plus aucune stratégie hasardeuse ne pourrait l'ébranler.
Charles est organisé, méticuleux et résilient, jamais la rage et le désespoir ne l'avait atteint comme elles l'ont fait aujourd'hui. Encastré, dans ce mur au fond duquel il est allé se planter, Charles s'est fait peur. L'ampleur de la détresse qui s'est emparée de lui l'a terrorisé, l'a dégoûté, comme si quelque chose s'était brisé au fond de lui, quelque chose de précieux, d'irremplaçable.
Il y avait un monde avant le Castellet, il y aura un après, mais Charles n'est pas certain d'aimer l'homme et le pilote qu'il sera dans ce futur-là. Un perdant, un moins que rien.
Des coups portés contre la porte le font sursauter, mais il n'a pas à cœur de maintenir les apparences.
- Andrea, il marmonne. J'ai dit que je ne voulais voir personne.
Les lèvres pincées pour retenir ses larmes, Charles enfonce de nouveau son visage dans ses genoux. Le bruit de la porte qui s'ouvre malgré sa demande lui fait relever la tête. Le Monégasque n'est absolument pas en état, il ne veut pas discuter, il ne veut pas être réconforté, il veut qu'on le laisse seul.
Il lève les yeux, rouges et douloureux, vers celui qu'il devine être son préparateur et qui est le seul à avoir le droit de rentrer dans sa Driver Room.
- Andrea, j'ai dit que je ne voulais voir...
Mais devant lui, il n'y a pas d'Andrea, il y a Casilia, transpirante dans sa tenue de pilote, échevelée par sa cagoule précipitamment arrachée, sa gourde à la main et la respiration sifflante, magnifique.
- Qu'est-ce que tu fais là ? Il souffle.
Elle ne répond pas tout de suite et referme la porte doucement avant de venir s'asseoir à côté de lui, à même le sol. La tête de la jeune femme cogne doucement contre le mur et elle pousse un profond soupir avant de glisser un regard dans sa direction.
- Comment tu te sens ? Elle demande.
Charles baisse les yeux et détourne le regard avant d'esquisser un pauvre sourire.
- Ça va.
Il n'a même pas besoin de la voir pour deviner que Casilia lève les yeux au ciel.
- Et la vérité ? Elle insiste.
- C'est la vérité, il soupire. Qu'est-ce que tu fais là Casilia ? Tu devrais être en train de fêter ta quatrième place et la victoire de Max.
Délicatement, elle se rapproche jusqu'à ce que leurs épaules se touchent.
- Peut-être, elle commence. J'imagine que je pourrais être en train de boire du champagne hors de prix, de me préparer à faire la fête jusqu'au bout de la nuit et d'aider Daniel à faire boire Max jusqu'à ce qu'il danse sur le bar, elle énumère.
Charles baisse les yeux, évidemment qu'elle a mieux à faire que d'être ici avec lui, Casilia est une gagnante, ce n'est qu'une question de temps avant qu'elle prenne la deuxième place du championnat, devant lui.
- C'est vrai que j'ai beaucoup de raisons d'être ailleurs, elle continue. Mais j'ai envie d'être ici.
Un ricanement désabusé échappe au Monégasque.
- Et pourquoi tu voudrais être ici ? Je te fais de la peine ?
- Oui, elle approuve. Tu me fais de la peine Charles. C'est pour ça que j'ai envie d'être ici et pas ailleurs parce que tu vas mal et que ça me rend malade.
Surpris, il tourne la tête dans sa direction et Casilia appuie sa déclaration par un petit sourire avant de s'appuyer un peu plus contre son épaule dans un geste encourageant.
- Tu es un saint, Charles. Le sourire d'un ange tombé du ciel, jamais un mot au-dessus de l'autre, toujours positif et encourageant. Tu es littéralement un modèle d'intégrité et, sérieusement, tous les pilotes de la grille son jaloux de ta capacité à garder ton calme ainsi que de la perfection que tu affiches en public, elle déclare.
Le Monégasque esquisse un rictus contrarié.
- Regarde où ça m'a mené, il marmonne.
- Justement, elle appuie. Tu n'as pas besoin d'être parfait en toute circonstance. Tu as le droit d'être dégoûté, en colère, déçu, c'est ce qui te rend humain.
Tout en parlant, elle glisse une main dans le cou du jeune homme, ses doigts s'enfonçant dans son cuir chevelu, griffant délicieusement son crâne. Avec son autre main, elle attrape le visage du pilote et force la rencontre de leurs regards.
- C'était une journée horrible pour toi, Charles, vraiment, elle affirme. À ta place, j'aurai détruit ma voiture moi-même, mais toi, toi tu es sortie de ta voiture, tu as parlé à ton équipe, tu as parlé à la presse, tu as été parfait et rien que pour ça, je t'admire plus que si tu avais gagné la course en conduisant sans les mains.
Malgré toute sa bonne volonté, Charles ne parvient pas à retenir le petit rire qui lui échappe tout comme les larmes qui commencent à couler abondamment sur ses joues sans qu'il ne puisse les retenir. La peine flash dans les yeux de la pilote Allemande tandis qu'elle l'entoure de ses bras, pressant son visage dans le cou du Monégasque.
- Tu as le droit d'être triste, Charles, elle chuchote tendrement. Personne ne peut te voir ici, tu peux lâcher prise.
Un premier sanglot secoue les épaules du pilote Ferrari alors qu'il enroule lentement ses bras autour de la taille de la jeune femme qui se laisse entraîner contre lui sans rechigner. Au contraire, elle le serre un peu plus fort contre elle, embrassant délicatement son cou, tout en fredonnant doucement des paroles réconfortantes.
- J'ai tout gâché, il pleure.
Casilia ne répond pas, préférant le serrer un peu plus fort dans son étreinte et Charles est presque reconnaissant qu'elle n'essaie pas de le réconforter.
Aucun mensonge ne pourrait le faire se sentir mieux.
À la place, elle le laisse tremper sa combinaison de larmes sans jamais l'interrompre, frottant délicatement sa main dans ses cheveux et sur son dos. Elle se contente de le serrer fort contre elle et Charles sait parfaitement qu'elle devrait être ailleurs à fêter ses bons résultats et ceux de son écurie, mais non, elle est là, assise à même le sol de sa Driver Room, dans une écurie où elle pourrait avoir des problèmes si on la trouvait, simplement parce qu'elle a envie d'être avec lui.
Et malgré les larmes qui refusent de s'arrêter, Charles ne peut rien faire contre son cœur qui se réchauffe doucement, ni contre le parfum entêtant de Casilia qui se fraye un chemin jusqu'au plus profond de son âme tandis qu'il l'enlace un peu plus fort.
Il la laisse faire lorsqu'elle le repousse légèrement, attrapant son visage à deux mains avant de coller leurs fronts ensembles avec toute la douceur dont elle est capable. Il expire un souffle tremblant, incapable de ne pas admirer son visage magnifique alors qu'elle papillonne délicatement des yeux et qu'il a tellement, tellement, envie de l'embrasser.
- S'il y a bien quelque chose que je sais Charles, quelque chose que j'ai toujours su, elle murmure. C'est qu'un jour, tu seras champion du monde. J'ai la conviction que tu écraseras Max, que tu écraseras Lewis, que tu m'écraseras moi et que tu seras un grand champion parce que la seule chose que je vois quand je te regarde, c'est le talent à l'état pur.
- Tu ne devrais pas dire ça, sa voix tremble.
- Pourquoi ? C'est ce que je crois et ça ne me fait pas peur. Je suis fière de rouler contre toi Charles, c'est un honneur.
Il esquisse un bref sourire touché avant de secouer la tête, frottant accidentellement leur nez l'un contre l'autre.
- Ils ne doivent pas être beaucoup à penser comme toi en ce moment.
- Tu te trompes, elle contredit. Les gens t'aiment Charles, ils t'aiment pour ce que tu es et pas pour la valeur des titres que tu gagnes.
Touché, Charles prend le temps de regarder la femme qui lui fait face. Il prend le temps de détailler son regard déterminé, la façon dont ses sourcils et son nez se froncent de concentration, la manière toute particulière dont ses yeux brillent lorsqu'elle le regarde.
Comment est-il seulement possible qu'elle soit aussi belle ?
Casilia rayonne, souriante et fière alors qu'elle dépose un léger baiser sur ses lèvres, salées par les larmes. Elle brille comme le soleil alors qu'elle se relève et lui tend la main. Elle rayonne comme aucun être humain n'a jamais rayonné alors qu'elle le regarde se relever, venir jusqu'à elle et accepter à son tour d'entrer dans la lumière.
- Tu viens ? Elle invite. Je ne sais pas vraiment ce qu'il lui a pris, mais Christian a fait des crêpes et il essaie d'en faire manger à tout le monde, elle rigole.
- Est-ce qu'on parle bien du même Christian ? Il demande, incrédule.
Elle acquiesce tout en le rejoignant dans son rire.
- Je crois que Daniel en voulait et qu'il a convaincu Max de demander à Christian parce qu'il sait que Christian ne peut rien lui refuser, elle explique.
Charles hoche la tête et n'ajoute rien, se contentant de serrer doucement les doigts de la jeune fille dans les siens tendrement.
- Merci, il souffle. D'être venue.
Et Casilia se contente de lui sourire, l'un des sourires dont elle a le secret et qui font toujours s'emballer le cœur de Charles, l'un des sourires qu'il sait n'être destiné qu'à lui seul.
Casilia souris à Charles comme il aimerait la voir lui sourire jusqu'à la fin des temps, comme il aimerait la voir lui sourire par-delà le temps.
Et lorsqu'elle grimpe sur la pointe de ses pieds pour pouvoir l'embrasser, Charles comprend enfin, après toutes ces semaines passées à chérir secrètement chaque seconde auprès d'elle, que s'il ne peut pas retenir le temps, pour l'amour, il s'arrête parfois.
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𝟏𝟎 𝐅𝐞𝐯𝐫𝐢𝐞𝐫 𝟐𝟎𝟐𝟑
𝐔𝐬𝐢𝐧𝐞 𝐅𝐞𝐫𝐫𝐚𝐫𝐢 𝐝𝐞 𝐌𝐚𝐫𝐚𝐧𝐞𝐥𝐥𝐨
𝐄𝐦𝐢𝐥𝐢𝐞-𝐑𝐨𝐦𝐚𝐠𝐧𝐞 – 𝐈𝐭𝐚𝐥𝐢𝐞
Retourner à Maranello, c'est comme mettre les pieds dans un univers parallèle. Un monde qui ne s'est pas arrêté avec la disparition de Casilia. Pire, un monde où certains se sont réjouis de la disparition de Casilia.
C'est vrai, après tout, un concurrent de moins, c'est toujours une place de gagnée au championnat.
Oui, mais voilà, Charles ne vit pas dans ce monde-là. À ses yeux, la valeur d'une vie n'est en rien comparable avec la première place d'un championnat. Tout comme Casilia ne se résumait pas à son baquet chez Red Bull ni à ses chances de victoire.
Le Monégasque a beaucoup de mal avec cette mentalité, la fausse compassion de ceux qui, sous prétexte qu'ils ne la connaissaient pas, se permettent d'entrevoir une chance de victoire pour Ferrari dans la disparition d'une jeune fille d'à peine 22 ans.
Durant les premiers jours après son retour en Italie, Charles est déchiré entre deux émotions. D'un côté, la joie de retrouver son écurie, travailler à nouveau, se vider l'esprit, réaliser qu'en effet, le monde ne s'est pas arrêté de tourner, qu'il a continué à avancer et se sentir obligé d'avancer à nouveau, de détourner son regard du passé pour le fixer sur l'avenir.
Charles est avalé dans un tourbillon d'événements, de dîners mondains, de réunions qui ne lui laissent pas une seconde pour s'apitoyer, qui le sortent, presque contre sa volonté, du deuil solitaire dans lequel il s'était embourbé.
Le pilote à l'impression de revivre, sollicité de toute part, l'absence de Casilia se fait un peu moins lourde à supporter, il n'a plus vraiment le temps d'y penser.
Charles à l'impression de redevenir l'homme qu'il était avant, confiant, assuré. Les chiffres qu'on lui donne sont bons, encourageant quant aux capacités de la voiture et jusqu'à ce que le soleil se couche, il a l'impression d'avoir repris sa vie là où il l'avait laissée en décembre dernier.
Puis quand vient le soir, seul dans le silence de son appartement Italien, le souvenir de la jolie jeune fille se rappelle à lui. Et même ça, c'est moins douloureux qu'avant.
Évidemment, son cœur lui fait toujours mal, peut-être qu'il n'arrêtera jamais de lui faire mal d'ailleurs, mais plus les jours passent et plus Charles à la sensation qu'il pourra vivre avec, qu'un jour, qu'il l'acceptera complètement.
Il se surprend même à sourire parfois, lorsqu'il compose par inadvertance le numéro de la Casilia. Comme il a envie de lui parler de sa voiture, de lui dire que cette année enfin, il l'écrasera et qu'elle sera bien obligée de le regarder soulever le trophée.
Il écoute encore sa voix chantante enregistrée sur le répondeur de sa boîte vocale depuis longtemps saturée. Il aime entendre la voix de Casilia, presque comme une drogue, un baume qui vient adoucir sa peine et petit à petit referme la blessure qui déchire son cœur.
Charles a eu du mal, au départ, avec l'idée de guérir. Après tout, est-ce qu'arrêter de souffrir, ce n'est pas perdre une autre partie de Casilia ?
Parfois, c'est plus facile de continuer à souffrir que d'accepter de guérir. Parce que la souffrance, c'est vivace, tangible, ça ne s'oublie pas, ça s'agrippe à la chair, ça s'accroche à l'âme et ça comble le vide laissé par l'absence.
Avoir mal, c'est être vivant.
Passer à autre chose, c'est effrayant.
Alors Charles se raccroche aux petites choses pour trouver le courage de continuer à avancer, le son de sa voix sur le répondeur, son odeur, le parfum qu'elle mettait toujours et qu'il vaporise avec précaution dans sa chambre chaque soir, la télé qu'il regarde toujours en Allemand peu importe l'endroit où il se trouve dans le monde.
Il écrit aussi, pour ne pas oublier, pour pouvoir se rappeler de toutes ses petites manies, des petits moments insignifiants qui lui semblent si importants à présent. Lentement, à coup de détails et d'anecdotes, Charles retrace le fil de leur histoire depuis le premier « bonjour » au dernier « au revoir » en passant par tous les « Je t'aime » qu'ils n'ont pas osé prononcer.
Charles veut tout immortaliser pour que dans mille ans, il puisse toujours se rappeler l'instant précis où il est tombé pour elle, la saveur de leur tout premier baiser, la nuance chatoyante de ses yeux, la couleur exacte de ses cheveux.
À défaut de pouvoir l'y accompagner, Charles voulait graver Casilia dans l'éternité.
Et puis d'un autre côté, tout à l'opposé de sa psyché, remuant chez lui une part d'obscurité, Charles n'en peut plus de tous ces idiots qui lui tapent gaiement dans le dos à chaque fois qu'il a le malheur de pointer le bout de son nez dans les bureaux de Maranello.
Ceux qui lui soufflent que cette année est la sienne, que Red Bull et Verstappen sont déstabilisés, qu'ils ne pourront pas se relever, qu'une opportunité est enfin à sa portée.
À chaque fois qu'un nouvel ingénieur, qu'un mécanicien, qu'un communicant se félicite de la mort du seul amour de sa vie, son poing le démange, sa mâchoire et contracte et il se retient de hurler.
Quelqu'un est mort, une vie s'est arrêtée, comment est-il seulement envisageable d'espérer en profiter ? Casilia est morte et certains voudraient qu'il y voie un signe, une chance qu'il puisse remporter le championnat cette année.
C'est écœurant et pourtant, Charles retient sa rage, il plante ses ongles dans la paume de ses mains et se fend d'un sourire poli qui n'atteint jamais ses yeux bleus obscurcis.
Parce que ces gens ne peuvent pas comprendre. Pour eux, Casilia Lorenz n'est qu'une pilote comme les autres, une pilote prometteuse, la première femme de sa discipline à réussir l'exploit d'arracher la deuxième place du championnat dès sa première saison, mais une pilote tout de même.
Red Bull lui a déjà trouvé un remplaçant en la personne de Sergio Perez, d'ici quelques mois, l'intérêt des médias sera retombé pour cette pilote à la carrière éphémère qu'on aura tôt fait d'oublier et dont le nom ressortira une fois par an à l'occasion d'un énième documentaire sur les fins tragiques des pilotes de Formule 1.
Et Charles lui, il ne veut pas voir cela arriver, mais quel droit a-t-il de s'interposer ? Quel est le rôle qu'il doit jouer ?
Les quelques jours qui précèdent le dévoilement de la nouvelle monoplace lui laissent largement le temps de cogiter sur la question. Il passe beaucoup de temps au téléphone avec sa mère, discute avec Carlos, avec ceux qui savaient et qui, comme lui, doivent maintenant comprendre ce que cela signifie d'aller de l'avant. De se réveiller chaque jour dans un monde où le soleil aurait oublié comment briller.
Charles ne ressent plus le besoin de se confier, à force de lettres et de souvenirs partagés, il croit avoir compris ce que Casilia cherchait à lui dire, ce qu'elle voulait lui montrer.
Maintenant, il comprend enfin ce que cela veut dire d'avancer, et même s'il est terrifié, il sait que c'est le chemin qu'elle a tracé, celui sur lequel elle continuera d'avancer à ses côtés malgré l'obscurité.
Tout ce qu'il veut à présent, ce qui l'anime à chaque fois qu'il pose un pied dans l'enceinte de son écurie, à chaque fois qu'il a le malheur de croiser la route d'un journaliste, de surprendre un paparazzi, à chaque fois qu'il regarde dans les yeux curieux des fans qui se pressent autour de lui, c'est que les rumeurs cessent.
Faire taire les racontars, ceux qui croient tout savoir, ceux qui se plaignent de ne pas savoir, ceux qui prêchent le faux et déforme la vérité pour la faire coller à leurs fantasmes.
Pendant longtemps, trop longtemps peut-être, Charles s'est tenu loin des médias, absent des réseaux, refusant net toute proposition d'interview depuis l'annonce de la disparition du vol 8501 d'Indonesia AirAsia.
Il sait parfaitement que les spéculations à son sujet n'ont fait que croître, toujours plus folles et que son mutisme délibéré n'y a rien arrangé. Sans le vouloir, Charles est devenu une bombe médiatique ambulante, les journaux du monde entier rivalisent de propositions toujours plus indécentes pour être le premier à recueillir le ressenti du pilote Monégasque.
Toute cette escalade d'indécence lui fait peur autant qu'elle le rebute et Charles doit bien reconnaître qu'il se retrouve dos au mur lorsque son équipe de communication le convoque à un entretien cinq jours avant le dévoilement de la monoplace 2023 pour lui faire comprendre que son silence risque de faire de l'ombre aux événements à venir.
En résumé, Charles doit parler, mais à qui ? Qui saura l'écouter ? Qui saura transmettre sa pensée fidèlement sans verser dans le sensationnel, sans détourner ses propos, sans grossir le trait ?
C'est cette indécision qui le mène devant la porte du grand bureau que Ferrari a mis au service d'une équipe de tournage Netflix en ce début d'après-midi nuageux.
Netflix, l'origine du mal, la genèse de toute cette médiatisation autour des pilotes et de la Formule 1.
Quitte à s'abandonner aux abysses, se dit-il en frappant. Autant y plonger à corps perdu.
Mais Charles n'y va pas sans préparation, il a imposé ses conditions, il dicte ses règles, impose sa loi, s'assure que seule sa vérité ressortira.
La journaliste qu'on lui présente est jeune et jolie, Charles la trouve fade, banale, toute en finesse perchée sur ses talons, elle ne lui inspire aucune émotion. Pourtant, le sourire de la jeune femme ne faiblit pas, même lorsqu'elle s'aperçoit que son petit numéro de charme ne fonctionne pas, au contraire, il ne fait que s'agrandir, la faisant ressembler à un chat.
Le Monégasque aurait dû se douter que Netflix veuille dédier un épisode de Drive to Survive à Casilia, il est surpris en revanche, lorsqu'on lui explique qu'il s'agira d'un épisode spécial, un hors-série qui n'attendra pas la publication de la prochaine saison.
Charles connaît Netflix, il n'hésite pas à répéter ses exigences à tous ceux qu'il croise, pour s'assurer que le message est bien passé.
Il ne veut pas être coupé, tout ce qu'il dira doit être intégré au rendu fini, il ne répondra qu'aux questions qu'il a choisi et le pilote aura un droit de regard sur le montage final. Malgré tout ça, il n'est pas vraiment surpris lorsque Netflix signe sans négocier, après tout, cet épisode va leur rapporter tellement d'argent...
C'est cette pensée qui l'anime alors que le voyant de la caméra s'allume, petite diode rouge qui représente tellement. Jusqu'où pourra-t-il se confier, quelle place ce monde est-il prêt à donner à cette vérité ? Qu'est-ce que Casilia aurait pensé de tout cela ?
- Bonjour Charles, je me présente, je suis Lola. Nous allons commencer, comment-est ce que ça va ?
Charles cherche ses mots, la question est simple et en même temps tellement difficile.
- Ça va, souffle-t-il simplement.
Un éclair de déception passe dans les yeux de la jeune femme, mais elle se reprend bien vite, elle aura d'autres occasions.
- Les préparatifs de la saison se passent bien ?
Il sourit doucement.
- Je ne peux rien dire pour l'instant, mais les résultats sont bons et nous sommes confiants quant à nos chances de victoire.
- C'est une bonne nouvelle, elle applaudit. Ferrari sera donc un concurrent de choix dans la bataille pour le titre cette saison.
- C'est tout ce que je souhaite, il approuve.
Immédiatement après la fin de sa réponse, Charles sent que l'atmosphère change légèrement, que le comportement de la journaliste évolue, elle s'apprête à entrer dans le vif sur sujet, après tout, ils ne sont pas là pour parler de ses performances à venir.
Presque nerveusement, le regard du pilote glisse vers les caméras pointées dans sa direction, il a l'impression d'être revenu à ses débuts, lorsque la moindre question d'un journaliste suffisait à faire trembler ses genoux pendant des heures.
- Charles, la voix de la journaliste coule comme de la soie. J'aimerais que vous nous parliez de Casilia Lorenz, de ce qu'elle représentait pour vous.
Presque intimidé, le Monégasque baisse les yeux sur ses mains, étroitement entrelacées, sur ses doigts qu'il tord compulsivement.
- Qui était Casilia pour moi ? Il sourit doucement. C'était rien...et tout à la fois.
- Comment ça ?
Il sent bien que la journaliste tente de le pousser à se confier, mais il n'a pas besoin d'aide. Charles n'a jamais eu besoin d'aide lorsqu'il s'agissait de Casilia.
- Je crois que pour parler de Casilia, il est important de parler de la situation dans laquelle elle se trouvait, de la pression sur ses épaules et de toutes les choses qui faisaient qu'elle devait se battre cent fois plus fort que chacun d'entre nous pour avoir exactement la même chose.
La journaliste acquiesce, un sourire poli niché sur les lèvres.
- Oui, nous en parlons dans le film.
- Et je me doute que vous le faites très bien, il valide. Mais si vous voulez savoir comment ça s'est passé entre elle et moi, vous devez me laisser vous expliquer comme j'ai appris à la respecter et à l'admirer avant de l'aimer.
Il regarde la journaliste ravaler précipitamment ses objections. Il sait parfaitement qu'elle aimerait qu'il aille droit au but, mais Charles n'est pas là pour faire du sensationnel, il est simplement venu raconter la vérité et toute sa tendre simplicité.
- Je suis tombé amoureux d'elle la première fois que je l'ai vue, il sourit doucement. Ce n'était pas quelque chose de fort, plutôt comme un coup de cœur en même temps, si vous l'aviez vu, tout le paddock a eu un coup de cœur pour cette fille.
- Elle était très belle, approuve la journaliste.
- Elle était magnifique, brillante et plus que tout, elle était acharnée. D'un coup de cœur, je suis devenu admiratif de ses talents de pilote, une rookie qui décroche la deuxième place du championnat pendant sa première année, c'est du jamais-vu ! Je crois que, sans m'en rendre compte, je suis devenu fan, il plaisante. J'étais aussi impressionné par sa capacité à garder son calme, à toujours trouver la bonne réponse et à sourire à tout le monde, même lorsqu'on lui faisait des remarques désagréables.
- C'est vrai que ça n'a pas toujours été facile pour elle.
- Tout ce que nous avions, Casilia devait se battre pour l'avoir. Si elle avait été un homme, on lui aurait déroulé le tapis rouge, mais chaque jour depuis Bahreïn jusqu'à Abu-Dhabi elle a dû prouver sa valeur. Casilia a passé un an à devoir lutter pour être acceptée, auprès du public, auprès de sa propre équipe, auprès de nous. Ce qu'elle l'a fait, aucun de nous ne l'avait jamais fait.
- Et c'est comme ça que c'est arrivé ? C'est comme ça que vous êtes tombé amoureux d'elle ?
Tous les gens présents dans la pièce sont suspendus à ses lèvres, Charles le sait et il se sent soudainement intimidé.
Le doute s'immisce en lui, il pourrait en profiter pour enjoliver la réalité pour faire de leur histoire une grande histoire, un véritable conte de fées, le genre qui donne foi en l'amour.
Doucement, il esquisse un sourire amusé.
- Elle et moi, on était deux idiots, il commence. Le début de notre histoire n'a rien de très romantique, c'était fougueux, précipité, sans complication. L'idée de mettre des mots sur les sentiments que je refusais d'admettre me terrifiait et pendant plusieurs mois, j'ai cru que je pouvais les contrôler, m'empêcher de ressentir quoi que ce soit.
Il esquisse un pauvre sourire en direction de la journaliste, comme pour s'excuser de sa propre naïveté.
- Casilia avait tout compris avant moi, comme toujours. Mais elle ne m'a jamais poussée, elle s'est contentée du peu que j'avais à lui donner pendant que j'essayais bêtement de me convaincre que ce n'était qu'une passade.
- Vous avez eu peur de vos sentiments, analyse Lola. C'est humain, vous n'avez pas à vous en vouloir pour ça.
Charles hausse les épaules.
- À chaque fois qu'elle entrait dans une pièce, c'est comme si le monde s'arrêtait de tourner et que tous les autres humains disparaissaient pour ne laisser qu'elle. Je ne pouvais plus me concentrer sur autre chose que le parfum enivrant de ses cheveux, que sur ses lèvres brillantes de baume et sur ses petites mains si talentueuses. J'étais entièrement et irrémédiablement attiré par elle et pourtant, j'avais la trouille.
Le regard de Charles se fixe dans le vide alors que les souvenirs remontent à la surface, doux-amers.
- Lorsque j'ai compris qu'elle était intéressée par moi, c'était comme gagner un Grand Prix non, c'était comme gagner Monaco avec deux tours d'avance sur le reste de la grille, il ricane. Improbable, impossible, irréelle et pourtant, elle a fait le premier pas et j'ai su que j'étais perdu. Après ce jour, je n'ai plus appartenu qu'à Casilia.
- C'est elle qui a fait le premier pas ? Demande la journaliste, curieuse.
- Évidemment qu'elle a fait le premier pas, il rigole.
Ils échangent tous les deux un petit rire complice avant que le silence ne retombe, tranquillement.
- Je crois que les gens ne se rendent pas compte à quel point elle était extraordinaire, il soupire.
- Je peux vous assurer qu'après la publication de notre film, personne ne pourra plus l'ignorer, assure la journaliste. Toutes les personnes que nous avons interviewées sont unanimes pour dire qu'ils admiraient mademoiselle Lorenz.
- Ah bon ? Il sourit. Je ne suis pas vraiment surpris, Casi avait le talent de se faire apprécier par toutes les personnes avec qui elle passait plus de cinq minutes. C'était quelqu'un de lumineux et de profondément bon. La meilleure d'entre nous.
La journaliste hoche vigoureusement la tête, comme si, elle aussi pouvait attester de la bonté de Casilia. Charles ne peut s'empêcher de trouver cela drôle.
- Pardonnez ma curiosité, elle questionne. Mais, comment c'était de sortir avec un autre pilote, d'une écurie concurrente qui plus est ?
Le Monégasque se creuse la tête un instant.
- Au début, c'était existant et passionné, l'obligation de garder de secret sur notre relation venait ajouter une touche de piquant à notre quotidien. On ne pouvait pas se voir quand on le désirait et cela donnait à nos moments ensembles une saveur merveilleuse. Le goût du risque, de l'aventure, de l'interdit, pour des pilotes comme nous, c'est presque une drogue. Ne pas se poser de question, vivre l'instant présent, j'ai pensé que c'était ça, le meilleur entre nous et puis il y a eu le Grand Prix de France et tout a changé pour moi.
- Comment ça ?
Charles inspire lentement, comme pour se donner du courage.
- Le Grand Prix de France, c'était un moment horrible pour moi. J'ai remis en question tout ce que je savais, j'étais triste et abattu et elle, elle était là. Casilia était avec moi quand j'avais mal et je me suis rendu compte que j'avais envie qu'elle soit toujours avec moi, dans les bons, comme dans les mauvais moments. J'ai compris que je voulais plus que du bon temps, je voulais une vie entière avec elle.
- Alors c'était ça, entre vous, de l'amour ?
Le pilote esquisse un doux sourire, l'amour, il n'y a jamais autant pensé que ces derniers temps.
- Casilia, c'est le genre de femme que l'on ne croise qu'une seule fois dans sa vie. C'est comme le soleil qui nous réchauffe, l'air que l'on respire, l'eau que l'on boit, d'une rareté absolue et pourtant tellement évidente. Oui, ce qu'il y avait entre nous était de l'amour, le grand amour même. Je suis tombé amoureux de la plus belle femme de tous les temps et elle m'a fait l'immense honneur de m'aimer en retour.
Tout en parlant, le sourire ne quitte pas les lèvres de Charles qui ne tarit pas d'éloges sur Casilia. En face de lui, le sourire de la journaliste est doux, compatissant, il sait qu'elle fait de son mieux pour le comprendre.
- On ne peut qu'être admiratif de l'amour inconditionnel que vous lui portez, Charles. À n'en pas douter, Casilia Lorenz était une jeune femme très chanceuse d'avoir un homme tel que vous à ses côtés. Comment est-ce que vous la décririez à ceux qui ne la connaissent pas encore et qui la découvriront avec ce film ?
Le sourire aussi grand que le soleil, Charles ne réfléchit pas avant de répondre.
- Casilia, c'est un rêve un peu fou. Un concentré de rire et d'amour qui fait discrètement son chemin jusqu'au plus profond de votre cœur jusqu'à ce qu'un beau jour, vous vous réveillez avec la certitude folle que vous voulez passer le reste de votre vie à ses côtés, que vous avez besoin d'elle pour exister, que ne monde n'en vaut pas la peine si elle n'y est pas à vos côtés.
Tout en parlant, il sort de sa poche son téléphone qu'il déverrouille sous le regard curieux de la journaliste.
- Casilia, c'était le soleil. Le genre de personne aimante et désintéressée qui prend plus de plaisir à offrir qu'à recevoir, qui vous fait livrer des fleurs après chaque course, peu importe le résultat. Le genre de personne qui n'oublie jamais un anniversaire, qui organise des soirées pyjama, qui rêve d'avoir un chien qu'elle chérira, qui vous tient la main quand vous êtes triste et qui se réjouit pour vous quand vous êtes heureux.
Les yeux baissés sur son téléphone où défilent des photos d'elle et lui, le sourire de Charles ne diminue pas, au contraire, même lorsque ses yeux s'emplissent de larmes, il continue de sourire, car il sait qu'elle aimait le voir sourire.
- Casilia, c'est la fille qui pense que la vie est comme une boite de chocolat et que même si l'on ne sait jamais sur quoi on va tomber, ça ne coûte rien de la partager, il sourit.
Lola laisse échapper un petit rire touché et Charles relève les yeux vers elle pour constater qu'elle aussi a le regard humide de larmes. Rapidement, elle essuie ses yeux, presque gênée par ses émotions.
- Désolé, elle s'excuse. C'est juste que je suis touché de voir à quel point vous l'aimez et la manière dont elle a marqué la vie de tous ceux qui la connaissaient. Le monde regrettera longtemps la disparition de Miss Lorenz. Mais, et vous, Charles, qu'allez-vous faire maintenant ?
Pensif, le Monégasque se laisse glisser dans son fauteuil, son regard figé sur le vide.
- J'ai perdu beaucoup de gens que j'aimais dans la vie, commence-t-il. Chacun d'entre eux m'a permis de devenir plus fort, une meilleure version de moi-même aussi bien en tant qu'homme que pilote. Perdre Casilia m'a donné l'impression que l'on m'avait arraché le cœur, mais une ultime fois, elle a trouvé le moyen de m'aider à surmonter la douleur. Casilia m'a aidé à composer, avec elle, un monde sans elle.
La journaliste acquiesce vigoureusement et dans un coin de la pièce, Mia, l'attachée presse du pilote indique silencieusement qu'il est temps de conclure l'entretien. Lola pince les lèvres, consciente qu'il s'agit de sa dernière question avant de se lancer :
- Si vous pouviez vous adresser à toutes les personnes qui vont découvrir votre histoire à vous et Casilia à travers ce film, aimeriez-vous leur dire ?
Question difficile, Charles prend le temps de réfléchir quelques instants. Résumé sept mois de relation en une phrase est impossible, résumé Casilia en une phrase est impossible alors il se contente d'une chose qu'elle lui a dite une fois, intrigante et mystérieuse comme l'avait toujours été Casilia :
- Ce que j'ai aimé le plus au monde, je crois que c'était la vie avec Casilia. Elle m'a appris à toujours croire au soleil, même lorsqu'il ne brille pas.
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Eh oui ! Je suis toujours là !
Pour être honnête, j'ai décidé de définitivement laisser tomber l'idée de publier tous les vendredis à heures fixes. Les chapitres d'Afterlife me prennent plus de temps parce que je veux les peaufiner un maximum et je n'ai pas envie de m'imposer de contrainte. Il reste quatre chapitres et l'épilogue qui sortiront à leur rythme, une surprise à la fois.
Le secret de Charles et Casilia est enfin révélé au monde entier, il ne pouvait pas demeurer pour l'éternité et parler de son histoire à des inconnus permet, en quelque sorte, à Charles de faire encore un pas sur le chemin du deuil et de la rémission. Pensez-vous qu'il s'agit d'une bonne idée ou bien qu'il aurait dû garder leur histoire privée ?
Peut-être un peu moins d'émotion dans ce chapitre très axé sur la manière dont Charles a compris qu'il aimait Casilia et la façon dont il a vécu leur histoire. J'espère qu'il vous plaît quand même :')
J'ai cherché pendant longtemps un titre pour l'épisode de Drive To Survive basé sur Casilia avant de finalement laisser tomber parce que je ne trouvais rien d'assez bien à mon goût. Je serai curieuse de savoir si vous avez des idées de titre, dites-moi tout !
Dans le prochain chapitre, il est enfin temps de lever le voile sur l'un des derniers mystères qui entourent Casilia... Alors ? Qui a-t-il dans le box de stock ?
Réponse la prochaine fois !
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