Chapitre 52
Comme il le redoutait, Jimin n'avait pas bien vécu le lendemain de soirée. Sa gueule de bois avait été pire que lors de son bizutage, mais cette fois, Jungkook était resté avec lui. Les deux colocataires avaient passé leur dimanche sur le canapé devant une série, à grignoter des snacks et à rire comme deux enfants.
Le lundi était passé rapidement. Le jeune consultant avait demandé au capitaine s'il pouvait s'absenter mardi après-midi et ce dernier avait accepté avant que son employé ne lui promette de rattraper ses heures. Le soir, Taehyung avait dîné avec ses deux amis et pour la première fois depuis l'annonce de la grossesse de sa fiancée, le lieutenant était resté dormir à l'appartement, profitant de sa soirée avec ses colocataires.
La matinée du mardi s'était déroulée dans le calme. Jimin avait eut son cours de self défense avec Jungkook puis il avait pris une douche et terminé de faire quelques tâches que ses collègues lui avaient confiées. À l'heure du déjeuner, il avait prévenu son supérieur de son absence pour le reste de la journée sans lui donner beaucoup plus de détails. Par précaution, le médium avait tout de même laissé une note à l'appartement, indiquant le nom de Kang Ha-eun qui était celle qui allait l'accompagner.
Une fois sur le lieu de rendez-vous, Jimin entra dans sa boulangerie et salua madame Li. Cette dernière prit sa commande et il s'installa sur la dernière table de libre. Profitant du calme pour faire quelques recherches sur l'homme qu'il allait rencontrer, le jeune consultant sortit son ordinateur portable et l'ouvrit avant de ressentir un frisson qu'il reconnaissait bien le traverser.
Yoongi n'était pas loin et avant même que le fantôme n'ouvre la bouche, le medium tourna la tête dans sa direction. Le mentholé s'était installé à côté de lui et affichait un grand sourire, visiblement heureux. Ne voulant pas passer pour un fou, Jimin prit son téléphone et le colla à son oreille avant de prendre la parole.
— Tu m'as l'air bien heureux.
Normal, on va enfin avancer sur notre enquête !
— Attends qu'on y soit avant de crier victoire, je ne voudrais pas que tu sois encore déçu, fit le blond, un sourire compatissant sur les lèvres.
De toute façon, ça ne pourra pas être pire que maintenant. On n'a rien alors que ça fait des semaines qu'on cherche. Je veux croire que ce soir, on aura enfin des réponses.
— Tu es sûr que tu ne te souviens de rien ? Tu n'as pas vu celui qui a tiré ? demanda Jimin d'une voix plus basse.
Je te l'ai déjà dit. Je me souviens seulement de marcher dans la rue pour rentrer et d'avoir entendu quelqu'un marcher derrière moi. Après, c'est le néant, répondit Yoongi d'un ton plus dur.
— Ok, pas la peine de s'énerver. Écoute, je ne vais pas pouvoir te parler là.
C'est bon, j'ai compris, je te laisse tranquille, mais je reste dans les parages hein.
— D'accord, gloussa Jimin.
Yoongi lui offrit un petit signe de la main et un sourire affectueux avant de disparaitre. Au même moment, madame Li vint lui ramener sa commande et il put enfin commencer à manger.
Ses écouteurs dans ses oreilles, le jeune consultant parcourait tous les articles de journaux qu'il avait trouvés sur internet et qui relataient du meurtre de son meilleur ami, ou de faits similaires. Sa tranquillité fut interrompue par du mouvement près de lui. Il leva la tête pour faire face à un jeune homme qui se tenait au bout de sa table. En voyant les lèvres de cet inconnu bouger, Jimin retira un écouteur pour entendre ce qu'il lui disait.
— Excusez-moi, vous disiez ? fit le médium.
— Je disais, est-ce que je peux m'asseoir ? Il n'y a plus de table de libre et l'idée de m'asseoir au comptoir aux côtés cet homme aux mains visiblement baladeuses me rebute un peu, expliqua le grand brun avec un sourire gêné.
Jimin posa son regard sur l'individu dont il parlait et comprit ce qu'il voulait dire. Installé devant le comptoir, un homme d'une cinquantaine d'années dévorait son déjeuner de la manière la plus repoussante possible. Lorsque l'une des employées passa près de lui, ce dernier glissa discrètement sa main derrière lui, lui touchant ainsi la cuisse.
— Bien-sûr, allez-y, accepta finalement Jimin.
— Merci. Je m'appelle Myong Woong, se présenta le brun.
— Jimin, répondit le médium en serrant la main qui se présentait devant lui.
Madame Li interrompit leur échange en venant déposer la commande de Woong avant de se tourner vers Jimin, un sourire chaleureux sur les lèvres.
— Est-ce qu'il te faut autre chose mon garçon ?
— Non merci madame Li.
— D'accord, fit la gérante avec un grand sourire avant de repartir.
Lorsque Jimin posa les yeux sur son vis-à-vis, ce dernier le sondait avec une telle intensité, qu'un frisson étrange le traversa. Gêné, le médium lui offrit un léger sourire avant de prendre une gorgée de sa boisson.
— Tu viens souvent ici ? demanda Woong pour rompre le silence.
— Non pas vraiment. Ce sont mes amis qui sont des habitués, répondit Jimin.
— Oh, je vois.
Un nouveau silence s'installa entre eux et même si le médium regardait l'écran de son ordinateur, il pouvait sentir le regard de l'homme assis en face de lui, sur sa personne. Son attention fut volée par son téléphone qui se mit à vibrer sur la table près de lui. Baissant la tête sur l'écran, Jimin ne put retenir un sourire en voyant la photo et le nom de Jungkook s'afficher. Face à lui, Woong avait, lui aussi, vu qui était à l'origine de ce coup de fil.
— Oui commandant Jeon, que puis-je faire pour vous ?
— Je te cherche partout, où es-tu ?
— Je te l'ai dit tout à l'heure, je prends mon après-midi.
— Oh, je pensais qu'on déjeunait ensemble avant que tu partes, souffla Jungkook, visiblement déçu.
— Désolé, gloussa Jimin.
— Hm hm. Tu reviens au poste après ta petite balade ?
— Non, je pense que je rentrerai directement à l'appartement.
— Ok, à plus tard alors. Fais attention à toi et appelle-moi si besoin.
— À vos ordres, monsieur.
Le rire de Jungkook se fit entendre avant qu'il ne mette fin à l'appel. En reposant son téléphone sur la table, il ne put s'empêcher de remarquer le sourire crispé de son vis-à-vis.
— Ton petit ami est militaire ? demanda Woong.
En voyant l'expression confuse et embarrassée du plus jeune, le grand brun afficha un sourire désolé avant de prendre la parole.
— Désolé, je suis trop curieux, déformation professionnelle, s'excusa le brun avec un petit rire.
— Que faite vous comme travail ?
— Je suis journaliste, déclara Woong en montrant le badge qui était suspendu à son cou.
Sur ce dernier, Jimin pouvait lire le nom d'un journal ainsi que la ville où il exerçait.
— Vous venez de Séoul ?
— Oui, je suis là pour rendre visite à un ami, expliqua le journaliste.
— Oh d'accord.
— Tu n'as pas répondu à ma question, lança le grand brun, sans gêne.
— Non, mon ami n'est pas militaire, il est policier.
— Intéressant. Toi aussi ? demanda Woong en prenant une bouchée de son sandwich.
— On peut dire ça.
Au même moment, son téléphone vibra une nouvelle fois, l'avertissant de l'arrivée d'un nouveau message. En déverrouillant l'appareil, il vit que ce dernier venait de Kang Ha-eun qui lui annonçait être arrivée.
— Je suis désolé, je vais devoir vous laisser. J'ai été ravi de faire votre connaissance, fit le médium en rangeant son ordinateur portable dans son sac bandoulière.
— Moi aussi, j'ai été ravi de te rencontrer Jimin, j'espère qu'on se reverra, répondit le journaliste, un sourire amusé sur les lèvres.
Jimin fit abstraction de ce rictus qui le fit frissonner et une fois debout, il s'inclina légèrement avant de prendre ses affaires et de partir régler sa commande. Il quitta ensuite les lieux sous le regard du journaliste qui avait perdu son sourire, affichant à la place, une mine plus dure.
— Oh oui, on va se revoir, Park Jimin.
Dans la voiture, le médium salua la jeune femme qui l'accompagnait et ils se mirent en route. Kang Doo-sik vivait reclus dans la montagne, il ignorait combien de temps allait durer le trajet, mais une chose était sûre, son anxiété venait de montrer le bout de son nez.
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Une cinquantaine de minutes plus tard, le véhicule de Ha-eun se stoppa à quelques mètres d'un chalet de montagne.
— Avant que vous n'entriez, j'aimerais vous dire quelque chose, commença la jeune femme en coupant le contact. Je vous demanderai de mettre votre téléphone en mode avion et de ne pas l'utiliser. Mon père a développé une sorte de phobie pour tout ce qui concerne les appareils électroniques.
— Oui, bien-sûr, je vais le faire tout de suite.
Sans attendre, Jimin sortit son téléphone, mais en regardant son écran, il sentit un frisson désagréable le traverser. Il n'avait pas beaucoup de réseau, mais assez pour appeler les secours si quelque chose lui arrivait, mais s'il se mettait en mode avion, il serait totalement coupé du monde. Il voulait aussi avoir une trace de cette rencontre, alors en mordant l'intérieur de sa joue, il ouvrit l'enregistreur avant de glisser l'appareil dans la poche de sa veste, le micro vers le haut.
— Très bien, allons-y.
Le médium hocha la tête et quitta la voiture. C'était dans les moments comme celui-là que Jimin avait besoin de son meilleur ami, mais comme toujours, ce dernier était introuvable.
Devant lui, Ha-eun s'arrêta devant la porte et toqua à cette dernière. Entouré par un silence pesant, le médium put entendre plusieurs verrous avant que le grand battant en bois brut ne s'ouvre légèrement sur un vieil homme à la chevelure grisonnante. Ce dernier ne laissait entrevoir que la moitié de son visage.
— Bonjour papa, fit Ha-eun avec douceur. Je te présente Jimin. Tu te souviens, tu as accepté de le rencontrer aujourd'hui.
Doo-sik observa son visiteur quelques secondes avant d'ouvrir la porte en grand.
— Je ne suis pas totalement fou au point de perdre la mémoire, répliqua ce denier avant de prendre rapidement sa fille dans ses bras.
Il fit ensuite signe à la jeune femme et au médium d'entrer. Le vieil homme scruta rapidement les horizons avant de rentrer et de verrouiller la porte derrière lui.
— Je ne vais pas rester papa, je vais vous laisser discuter tranquillement et attendre dehors, déclara la brune.
Jimin hocha la tête sans rien dire, observant les alentours. Cet endroit était chaleureux, mais il n'était pas difficile de comprendre que cet homme était un ermite. Il n'y avait aucune trace d'appareil électronique. Entre ses murs en pierre brute, le temps semblait s'être arrêté il y a plusieurs siècles.
Quand ils furent enfin seuls, monsieur Kang posa son regard sur Jimin et s'approcha de lui en désignant l'un des fauteuils en cuir.
— Je viens de faire du thé, est-ce que vous en voulez ? proposa-t-il.
— Oui, merci, répondit le médium.
L'ancien policier alla jusqu'à la cuisine ouverte et Jimin l'observa pendant qu'il versait la boisson chaude dans une tasse en argile. Il revient vers lui et posa le petit récipient sur la table basse qui n'était autre qu'une souche d'arbre vernis.
— Merci de me recevoir, monsieur Kang, fit le plus jeune.
— Dites-moi plutôt ce que vous voulez savoir, répondit Doo-sik d'un ton nonchalant.
— Le treize janvier deux mille quinze, un jeune homme du nom de Min Yoongi a été assassiné. Vous et l'inspecteur Hwang Im-lee étiez chargé de l'enquête, mais elle n'a jamais abouti.
Le visage de l'ancien policier se crispa et Jimin put voir qu'il était mal à l'aise à présent, presque apeuré.
— Je me souviens de cette affaire et si j'ai un conseil à vous donner, monsieur Park, vous devriez cesser de fouiller. Cela ne nous apportera que des ennuis.
Quelque chose dans les paroles du vieil homme fit tilter Jimin. Il n'avait jamais dit son nom de famille, comment le connaissait-il ?
— Je ne vous ai jamais dit que je m'appelai Park, comment le savez-vous ?
— Parce que je me souviens de chaque visage que j'ai croisé au long de ma carrière et même si vous avez changé de couleur de cheveux, vos yeux sont restés les mêmes depuis notre première rencontre. Ils sont toujours aussi vides et débordants de peine.
Ces mots lui firent d'effet d'une gifle, mais le médium garda la face. Alors cet homme était le policier qui l'avait interrogé le lendemain du meurtre de Yoongi.
— Pourquoi avez-vous classé l'enquête une semaine à peine après le meurtre ? Pourquoi le dossier qui se trouvait au poste était censuré ? demanda le jeune consultant.
— Parce que c'étaient les ordres que nous avons reçus.
— De la part de qui ?
Monsieur Kang posa nerveusement sa tasse sur la table et passa une main tremblante dans ses cheveux.
— Écoute Jimin, ton ami était au mauvais endroit, au mauvais moment. Je suis désolé de ce qui lui est arrivé, mais ne pose pas de question. Cette affaire nous dépasse toi et moi.
— Mon ami a été assassiné et personne n'a essayé de trouver celui qui a fait ça. Je ne m'arrêterai pas tant que je n'aurai pas de réponse. S'il vous plaît, monsieur Kang, dites-moi ce que vous savez.
L'ancien policier se leva et commença à faire les cent pas. La nervosité avait pris possession de son corps, mais aussi une peur évidente. À chaque fois qu'il passait devant la petite fenêtre qui se trouvait dans le coin salon, il ne pouvait pas s'empêcher de regarder à travers le rideau, comme s'il voulait s'assurer qu'il n'était pas observé.
— Qui est derrière tout ça ? demanda Jimin.
Doo-sik posa son regard sur le jeune homme qui était toujours assis à la même place. Il le toisa de longues secondes avant de soupirer et de revenir s'installer sur son fauteuil. Il avait gardé ce secret bien trop longtemps. Sa conscience était si lourde qu'elle l'empêchait encore de dormir. S'il pouvait la soulager, ne serait-ce qu'un peu, il le ferait, en espérant ne pas mettre la vie de ce garçon en danger.
— Quelques jours après le meurtre de ton ami, Im-lee et moi avions une piste concernant un éventuel suspect, mais nous avons reçu un coup de téléphone juste avant que l'on puisse l'interroger. Je ne pourrais pas te donner de nom, car je l'ignore moi-même. Cet homme nous a offert une énorme somme d'argent, mais en contrepartie, nous avons dû clore l'enquête.
Le médium était abasourdi par ce qu'il entendait. Ces hommes n'étaient pas incompétents, ils étaient corrompus.
— Vous... vous avez laissé un meurtrier en liberté contre une somme d'argent ? lança Jimin, ahuri.
— Tu ne comprends pas, nous n'avons pas eu le choix. Cette personne n'était pas seulement riche, elle était puissante. Nous devions protéger notre famille, se justifia Doo-sik.
En effet, Jimin ne comprenait pas. Il n'y arrivait pas, car ses hommes voulaient protéger leurs proches, mais lui, il avait perdu son meilleur ami. Quelqu'un avait pris sa vie et à cause de ces deux policiers corrompus, il ne serait probablement jamais puni.
— Où sont les indices ? Les rapports sur les interrogatoires ? demanda Jimin.
— Tout a été détruit.
— Quoi ?! s'exclama le plus jeune en se levant d'un bon. Vous plaisantez ?
— Je suis désolé Jimin. Écoute-moi s'il te plaît, tout ça nous dépasse tous les deux. Tu ne dois pas chercher à retrouver ceux qui sont derrière tout ça. Cela ne t'apportera que des malheurs et tu mettras ta vie et celle de ton entourage en danger.
Jimin s'apprêtait à répondre, quand son portable se mit à vibrer dans sa poche. En entendant cela, l'ancien policier se leva d'un bon, une expression paniquée sur le visage.
— Tu n'as pas éteint ton téléphone ! s'emporta ce dernier en s'approchant du plus jeune.
Le regard noir, il saisit les épaules du médium et força à se lever.
— Ton ami est mort, passe à autre chose ! vociféra ce dernier.
— Attendez-vous je-
— Non ! Cette conversation est terminée, je n'aurai jamais dû accepter de te voir. Tu n'as pas conscience de ce que tu viens de faire !
Sans lui laisser le temps de répondre, il poussa Jimin à travers le chalet jusqu'à la porte de sortie. Le jeune consultant était totalement déboussolé par le comportement de l'homme qui le tenait par le bras. Il n'avait plus rien de bienveillant ni même de gentil, il était en colère et terrifié.
Avant d'ouvrir celle-ci, il glissa la main dans sa poche et en sortit une petite clé qu'il glissa dans la poche arrière de son invité.
— Je suis désolé, murmura monsieur Kang. Maintenant va-t'en, je n'ai plus rien à te dire !
— S'il vous pl-
Le médium fut interrompu par la porte qui claqua violemment à quelques millimètres de son visage. Pourquoi avait-il réagi de cette manière lorsque son téléphone avait sonné ? Pourquoi semblait-il si effrayé.
Totalement étourdi par ce qui venait de se passer, Jimin partit en direction de la voiture où Ha-eun l'attendait. Cette dernière lui offrit un sourire bienveillant avant prendre la parole.
— Tout va bien ? demanda-t-elle.
— Oui je... Oui, tout va bien.
— On y va alors ?
—Vous n'allez pas voir votre père ?
— Je reviendrai le voir après t'avoir déposé.
— D'accord, merci beaucoup pour tout ce que vous avez fait.
— Il n'y a pas de quoi. Est-ce que vous avez obtenu les réponses à vos questions ? questionna la jeune femme en faisant marche arrière afin de reprendre la route.
Non, il n'avait obtenu aucune réponse, au contraire, il avait encore plus de question. Ce qu'il savait à présent, c'était que Jungkook avait raison et que Yoongi était forcément mêlé à quelque chose qui le dépassait. Malgré les avertissements de monsieur Kang, Jimin n'allait pas baisser les bras et il allait retrouver les coupables, même s'ils étaient riches et influents.
En sortant de l'asile où il avait été prisonnier durant sept longues années, le jeune consultant avait fait une promesse qu'il comptait tenir aussi bien pour lui, mais pour son meilleur ami qui méritait de trouver la paix. Il se fichait bien de mettre sa vie en danger, tant que cela lui permettait de trouver ceux qui l'avaient arraché à lui. Il était prêt à tout pour ça et si monsieur Kang ne l'avait pas vraiment aidé, il trouverait quelqu'un qui le ferait.
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Le trajet retour sembla bien plus long pour Jimin. Il n'avait pas beaucoup parlé, répondant seulement lorsque Ha-eun lui parlait. Lorsque la jeune femme le déposa devant la boulangerie, il la remercia encore une fois, lui souhaitant bon courage pour la suite avant d'entrer dans le bâtiment.
— Rebonjour madame Li.
— Oh mon garçon, qu'est-ce que je peux faire pour toi ? répondit la gérante.
— Je vais vous prendre un assortiment de vos viennoiseries ainsi que cinq cafés glacés, s'il vous plait.
Madame Li acquiesça avant de partir préparer sa commande. En patientant, Jimin sortit son téléphone et ouvrit la conversation groupée avec ses collègues.
🟢 Jimin 16:02 - Les gars, et mademoiselle Barnes, je reviens au poste et je ramène les cafés.
La réponse de Jungkook fut immédiatement et le médium ne put retenir un sourire.
🟢 Jungkook 16:02 - Je savais que le microbe finirait par nous être utile. Tu tombes à pique, je suis en manque de caféine.
🟢 Rose 16:03 - Merci !!!! T'ai-je déjà dit à quel point je t'aime Park Jimin ? 😍
🟢 Lian 16:03 - Merci Min, t'es adorable 🥰
🟢 Jimin 16:04 - De rien, c'est pour me faire pardonner d'avoir sauté dans la piscine complètement bourré 😳.
🟢 Jimin 16:04 - Jungkook, puisque tu es tant en manque, tu pourrais venir m'aider à les porter, je n'ai que deux mains et l'une d'elle est déjà occupée.
🟢 Jungkook 16:05 - Vu comment elles sont minuscules, ça ne m'étonne pas que tu aies besoin d'aide ! 😂😂
🟢 Jimin 16:05 - Je t'emmerde 😒. Tae, frappe-le pour moi s'il te plaît !
🟢 Jungkook 16:05 - Tae est occupé, dommage. J'arrive pour t'aider microbe.
Le médium n'arrivait pas à dissimuler son sourire lorsque madame Li revient vers lui avec sa commande.
— Combien je vous dois ?
— Les cafés sont pour moi, fit la gérante avant d'annoncer le tarif.
— Merci beaucoup, fit Jimin. Jungkook va venir m'aider pour porter tout ça, cela vous embête si j'attends ici ?
— Bien-sûr que non ! Mets-toi à l'aise.
Le jeune consultant la remercia d'un hochement de tête et prit place sur l'un des tabourets. Quelques minutes plus tard, le grand brun passa la porte de l'enseigne, un sourire amusé sur les lèvres. Il salua madame Li comme à son habitude, puis ils se mirent en route vers le commissariat.
— La prochaine fois que tu dis que j'ai des petites mains, je trouve un moyen de te tuer dans ton sommeil ! le menaça Jimin en venant frapper son biceps droit.
— Tu as des petites mains ! Je ne fais qu'annoncer les faits ! se défendit Jungkook en gloussant.
— Tu ne te plains pas quand elles sont autour de ta queue ! répliqua le médium avant de rougir en réalisant ce qu'il venait de dire.
— Qui êtes-vous et qu'avez-vous fait de Park Jimin ? se moqua le tatoué.
— Ferme-la ! Tu me fais dire des conneries !
— Hm, ce ne sont pas vraiment des conneries. J'aime avoir tes mains autour de ma queue, mais ce que j'aime encore plus ce sont tes lèvres !
En entendant cela, Jimin sentit son estomac se tordre de la plus délicieuse des façons. Certes, il avait bu durant l'anniversaire de Rose, mais il n'avait pas oublié ce qu'ils avaient fait dans sa salle de bain, tout comme il n'avait pas oublié les paroles de Jungkook. Il ignorait si ce dernier avait dit tout ça sous l'effet de l'alcool, mais il se souvenait encore de l'avoir entendu avouer sa jalousie et il devait confesser qu'il avait aimé cela.
— Alors, qu'est-ce que tu as fait durant ta petite escapade ? demanda Jungkook pour mettre fin à l'embarras de son cadet.
— Je suis allé me promener, mentit le blond.
Le commandant l'observa un instant en silence. Il savait que ce dernier mentait, mais il décida de ne pas poser de question. Après tout, il avait le droit d'avoir une vie privée, tant qu'il ne se mettait pas en danger.
Ce que le brun ignorait, c'était qu'en rendant visite à Kang Doo-sik, Jimin avait déclenché quelque chose et que dorénavant, une tempête s'approchait et elle comptait bien tout ravager sur son passage.
⊱⋅ ──────────── ⋅⊰
Le soleil s'était couché sur la ville depuis plusieurs minutes à présent. En rentrant du poste, les deux hommes s'étaient adonnés au plaisir charnel.
Alors qu'il venait de jouir pour la deuxième fois, Jimin était allongé sur son lit, reprenant doucement le contrôle de sa respiration pendant qu'il redescendait doucement du nuage de plaisir sur lequel Jungkook l'avait emmené.
— J'ai bien cru que j'allais mourir, gloussa le médium en s'allongeant sur le ventre pour observer son partenaire qui était installé contre la tête de lit.
— J'avoue que celui-là était puissant, ricana Jungkook.
— Comment tu fais ce truc avec ta langue ?
— Hm, des années de pratique, répondit le tatoué avec un sourire satisfait sur le visage.
Jimin ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel, ce qui fit davantage rire son partenaire. Un silence s'installa entre eux jusqu'à ce que le médium ne prenne de nouveau la parole, posant une question qui lui brulait les lèvres depuis longtemps maintenant.
— Dis, je peux te poser une question ?
— Bien-sûr.
— Est-ce que tu as déjà été à ma place ?
— Comment ça ? fit commandant, confus.
— Eh bien, est-ce que tu as déjà été en dessous ?
— Oh ça. Non, jamais, répondit Jungkook sans hésitation.
— Pourquoi ? demanda Jimin, toujours aussi curieux.
— Je n'en sais rien. Je ne me suis jamais posé la question. Avec tous mes partenaires, ça s'est fait naturellement.
— Tu n'es pas curieux ?
Pendant leur conversation, le plus jeune avait commencé à tracer des cercles invisibles contre la cuisse de son aîné qui ne l'avait pas quitté des yeux.
— Non. J'aime être celui qui donne. Et toi, tu es curieux ? questionna le tatoué, d'un air plus sérieux.
— Hm, je crois.
— Eh bien, il faudra te trouver quelqu'un d'autre pour essayer ça, répliqua Jungkook en descendant du lit.
Sans lui accorder un seul regard, le brun enfila son caleçon. Même si sa voix était restée neutre, le médium sentait que l'ambiance avait subitement changé et il avait peur d'en être la cause.
— Est-ce que j'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? demanda-t-il une fois assis, ses genoux ramenés contre sa poitrine pour cacher son intimité.
— Non.
— Alors pourquoi tu ne me regardes pas et pourquoi j'ai l'impression que t'es en colère ?
Tandis qu'il venait de vêtir son treillis, Jungkook s'immobilisa et laissa échapper un long soupir avant de prendre la parole d'une voix bien plus froide que nécessaire.
— Tu m'as posé une question, je t'ai répondu. Si tu veux baiser quelqu'un, il faudra que tu te trouves un autre plan cul. C'est une de mes limite fixe en ce qui concerne le sexe. C'est tout.
— J'ai... j'ai juste dit que j'étais curieux, pas que je voulais le faire.
— Je m'en fiche Jimin, tu fais bien ce que tu veux avec qui tu veux. Désolé, je vais y aller, j'avais oublié que j'avais promis à Tae de passer le voir.
Sans rien ajouter ni même attendre une réponse, Jungkook sortit de la chambre en refermant la porte derrière lui. Durant de longues minutes, Jimin resta déconcerté par ce qui venait de se passer. Tout allait bien, mais en une fraction de seconde l'atmosphère avait changé et il en ignorait la raison. En un battement de cil, Jungkook était redevenu distant et froid.
Lassé, le médium quitta son lit à son tour et partit en direction de la salle de bain pour prendre une douche.
Dehors, marchant dans la nuit, Jungkook tentait de calmer les image qui défilaient dans sa tête. Une cigarette entre les lèvres, il ne cessait de se maudire mentalement pour avoir été aussi abrupt.
Quand Jimin avait parlé de sa curiosité concernant le sexe, il n'avait pu s'empêcher de l'imaginer avec un autre homme et sans qu'il ne comprenne pourquoi, son cœur s'était comprimé si douloureusement dans sa poitrine. Il détestait cela, mais surtout, la peur avait pris le dessus. Ce qu'il redoutait le plus était en train d'arriver, son cadet allait se lasser et comme lui, il allait partir et trouver quelqu'un d'autre.
Il était le seul responsable de ce qu'il ressentait. Il s'était laissé aller, il avait laissé tomber ses barrières et maintenant, il s'était attaché à lui et allait de nouveau ressentir cette douleur qui l'avait brisé une première fois.
— Je n'aurais jamais dû te laisser entrer, murmura-t-il en écrasant le mégot de sa cigarette.
⊱⋅ ──────────── ⋅⊰
Après sa douche, Jimin s'était préparé un bol de nouilles qu'il avait mangé seul devant un film. Il avait envoyé un message à son colocataire, lui demandant s'il venait diner avec lui, mais il n'avait eu aucune réponse.
Une fois l'estomac plein, il prit son ordinateur portable pour rejoindre sa chambre où il terminerait son film, bien installé sur son lit. Quand il arriva dans la pièce et que son regard se posa sur son lit, un long soupir le quitta.
— Eh merde.
D'un pas lourd, il posa son ordinateur sur son fauteuil et commença à retirer ses draps tachés par sa propre semence.
C'est ça de s'envoyer en l'air et de gicler partout, lança subitement une voix depuis le coin de la pièce.
— Putain de merde Yoongi ! s'écria Jimin en pivota brusquement vers son meilleur ami.
Bah quoi ? répliqua le mentholé, amusé.
— Je t'ai déjà dit de prévenir quand tu arrives ! Et puis comme tu sais ce qui s'est passé ici ?
Ça pue le sexe dans cette chambre ! Et puis les taches de sperme sur tes draps en disent long.
— Ok, ça suffit, c'est trop gênant d'entendre ces mots sortir de ta bouche, fit Jimin, les joues rougies.
Je ne vois pas pourquoi. Tu crois que je suis mort puceau ou quoi ?
— Je n'en sais rien, on n'a jamais vraiment parlé de ça.
Eh bien non. Pour ta gouverne, j'avais une vie sexuelle épanouie. Putain d'ailleurs qu'est-ce que ça me manque le sexe !
— Je ne veux rien savoir ! s'exclama le médium en quittant la chambre avec ses draps sales.
Amusé de voir son meilleur ami si gêné, le mentholé se mit à rire.
— D'ailleurs, si on pouvait éviter de parler de tout ce qui touche de près ou de loin à ma vie sexuelle ou à la tienne, ça m'arrangerait, reprit Jimin en revenant dans sa chambre avec du linge de lit propre.
Ce que tu peux être prude, soupira Yoongi en roulant des yeux.
Sans tenir compte de la taquinerie de son meilleur ami, le médium fit son lit avant de s'y installer tandis que le fantôme prit place au pied de ce dernier.
Alors, tu as appris quelque chose chez l'ancien flic ?
— Non, lui et Im-lee ont reçu un pot-de-vin. Ils ont détruit les preuves et censuré le dossier. En revanche, j'ai appris que Kang Doo-sik était un paranoïaque qui a une peur bleue des téléphones portable et que celui qui a orchestré ton meurtre était un homme riche et puissant.
En entendant cela, le mentholé écarquilla les yeux. S'il n'était pas déjà mort, Jimin aurait pu croire que tout son sang avait quitté son corps et que son cœur avait subitement cessé de battre.
— Hé Yoongs ça va ? demanda-t-il.
Oui je... rien. Écoute, je peux te demander quelque chose ? Ça fait un moment que j'y pense, mais je n'osais pas t'en parler.
— Oui, bien-sûr, je t'écoute.
Le voilà, le point de non-retour. Yoongi savait qu'à partir du moment où il ferait cette demande à son meilleur ami, tout changerait. Il savait qu'à partir de là, Jimin allait découvrir le côté sombre de sa vie et il y avait de grandes chances pour qu'il veuille qu'il disparaisse. Il était conscient de tout ça, mais si cela pouvait l'aider à trouver la paix, il était prêt à le faire.
— Yoongi, dis-moi ce qui se passe dans ta tête, reprit Jimin d'une voix douce.
Je voudrais que tu ailles voir mes parents.
— Tes parents ? Mais je... je ne les connais pas. Ça fait si longtemps. Peut-être qu'ils ont déménagé.
Non, ils ne quitteraient jamais la maison familiale. Ma mère y tient beaucoup trop.
Jimin laissa son regard se perdre dans le vide. Bien-sûr, après la mort de son meilleur ami, le médium avait voulu voir ses parents pour leur présenter ses condoléances, mais il avait été enfermé avant d'y parvenir.
— Je vais le faire.
Merci Min. Je sais que ce ne sera pas facile, mais je te remercie sincèrement de le faire.
— Ne me remercie pas. Je voulais le faire après ta mort, mais je n'ai pas eu le temps, mon père m'a enfermé avant.
Je le sais, lui sourit Yoongi, le regard débordant de peine.
Un long silence s'installa entre les deux amis. Un silence qui laissait parler la peine des deux hommes. Ayant soudainement envie d'une boisson sucrée, le médium se leva de son lit. Il fit un pas en ayant l'intention de quitter la pièce lorsqu'il ressentit une violente douleur sous la plante de son pied.
— Aïe ! Putain de merde ! grommela ce dernier en levant son pied endolori.
Qu'est-ce qu'il y a ? T'as marché sur un sextoy, se moqua Yoongi.
— Pf t'es con, gloussa Jimin. Non, j'ai marché sur un truc pointu.
Curieux, le consultant se baissa et souleva son pantalon pour poser son regard sur l'objet qui lui avait causé cette douleur. Il s'agissait d'une clé suspendue à un petit anneau qui tenait lui-même une petite plaque en métal.
— C'est quoi ce-
Puis, il comprit. Son esprit rembobina le moment où il avait quitté le chalet. Il avait été si concentré par les agissements du vieil homme qu'il n'avait presque pas senti ses doigts lorsqu'il avait glissé quelque chose dans sa poche.
Qu'est-ce que c'est ? demanda Yoongi en venant s'accroupir à côté de lui.
— Je n'en sais foutrement rien, répondit Jimin en détaillant la clé.
Tu sais que grincheux déteint vraiment sur toi ? Tu n'as jamais autant juré que depuis que tu le côtoies.
— Tu parles comme ma mère, tu le sais ça ?
Oh pitié non ! Autant mourir que ressembler à tes parents, lança le fantôme de façon bien trop dramatique.
— Tu es déjà mort, je te signale, pouffa le médium sans quitter l'objet des yeux.
Touché, gloussa le mentholé avant de reprendre son sérieux. Alors c'est quoi cette clé. Elle ouvre quoi ?
— Pas la porte de l'appartement en tout cas. La mienne est dans mon sac et elle ne ressemble pas à ça.
Peut-être qu'elle est à grincheux ou à Taehyung.
— Non, pourquoi elle serait dans ma poche. Je crois savoir qui l'a mise là, mais ce que j'ignore, c'est à quoi elle sert.
Attends, regarde , fit Yoongi en pointant du doigt la petite plaque métallique qui était suspendue à l'anneau du porte-clé. Il y a un truc gravé dessus.
Jimin examina l'objet de plus près et put y lire un nombre.
— Treize, récita le blond.
Décidément, ce nombre me poursuit, grogna le mentholé.
Le médium leva les yeux au ciel avant de se lever et de partir en direction de la sortie.
Hé, tu vas où ? demanda Yoongi.
— Me chercher un lait à la fraise, répondit Jimin depuis le couloir.
Tss, je vais attendre ici. De toute façon, je ne vois pas ce que je peux faire d'autre, pesta le fantôme en se laissant retomber sur le lit.
En arrivant dans la salle à manger, Jimin remarqua que la baie-vitrée était ouverte. D'un pas lent, il avança vers celle-ci et lorsqu'il vit les cendres incandescentes d'une cigarette, il se sentit soulagé.
— Salut, fit-il d'une voix basse, presque prudent alors qu'il passa sa tête par l'encadrement de la porte.
Adossé contre le mur, une bière à la main et une cigarette dans l'autre, Jungkook observait le voile noir qui s'étendait à perte de vue devant lui. Quand il entendit la voix de son cadet, son cœur fit cette chose bizarre qu'il faisait à chaque fois et comme toujours, il tenta de faire disparaitre cette sensation. Lentement, un air indifférent sur le visage, il tourna la tête vers lui.
— Salut, répondit ce dernier d'un ton neutre.
— Tu as mangé ? demanda Jimin avec douceur.
— Oui.
La poitrine du médium fut transpercée par un millier d'aiguilles face à l'apathie présente dans la voix du plus vieux.
— D'accord, souffla-t-il, un sourire sans joie sur les lèvres. Je ne t'embête pas plus longtemps, bonne soirée.
Il s'apprêtait à disparaitre lorsque le regard du policier fut attiré par le petit bout de métal qui pendait de sa main.
— Où est-ce que tu as eu ça ? demanda-t-il.
— De quoi ?
— Ce que tu tiens dans ta main, désigna le tatoué.
— Oh ça. Je... je l'ai trouvé. Tu sais ce que c'est ? répondit Jimin en s'approchant de lui.
Lorsqu'il arriva à sa hauteur, il ouvrit sa main, dévoilant la clé qu'il avait trouvée sur le sol de sa chambre.
— Bien-sûr que je sais. Quand j'étais ado, il y avait un skatepark qui se trouvait à quelques mètres de la gare. J'y allais souvent avec mes amis et quand on voulait cacher des trucs à nos parents, on louait un casier. Ce que tu tiens dans ta main, c'est la clé d'un des casiers. Le numéro treize pour être exact, expliqua le tatoué en rendant l'objet à son cadet.
Jimin écoutait attentivement ce que Jungkook lui racontait. Comme à chaque fois qu'il parlait de lui ou qu'il racontait quelque chose, il ne pouvait pas s'empêcher d'être hypnotisé par sa voix. Il buvait ses paroles, tel un alcoolique devant une bouteille de rhum.
— Qu'est-ce que tu cachais dans ces casiers ? demanda-t-il, espérant ainsi, rétablir le lien qui s'était brisé plus tôt.
— Hm, la plupart du temps c'étaient des cigarettes et mes amis y cachaient de l'herbe.
— Tu fumais des joints ? s'exclama Jimin nullement surpris.
— Pas à cette époque-là, répondit Jungkook, amusé par l'expression de son cadet. Je crois que j'ai fumé mon premier joint à l'âge de dix-sept ans et je n'étais pas le seul. Taehyung aussi.
— Attends, on parle bien de Taehyung, notre Kim Taehyung ? Le gars hyper sérieux qui ne boit jamais et qui ne fait pas un pet de travers ?
— Oui, ricana le commandant. Il n'a pas toujours été aussi chiant, tu sais. C'était même tout l'inverse. Si tu savais tous les coups qu'il a pu faire jusqu'à son entrée à l'école de police. C'est là qu'il est devenu plus sérieux.
— Je veux savoir tout ça !
— Un jour, gloussa le commandant.
Les deux hommes se mirent à rire à l'unisson avant que le calme ne revienne entre eux. Jimin voulait vraiment faire disparaitre ce fossé entre eux. Il détestait cela, surtout lorsqu'il n'en connaissait pas la cause.
— À propos de tout à l'heure, commença-t-il en baissant les yeux sur ses pieds nus. Je... je suis désolé si j'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas. Quand j'ai dit que j'étais curieux, je ne voulais pas dire que j'avais envie de coucher avec quelqu'un d'autre. J'aime notre dynamique, je suis satisfait comme ça et je n'ai pas envie de changer.
Jungkook leva les yeux du sol et les posa sur le médium qui se tenait à quelques pas de lui. En voyant cette moue peinée sur son visage, il dut se faire violence pour ne pas le soulever et le plaquer contre la baie-vitrée. Son visage était si angélique qu'il donnerait à n'importe qui l'envie de le couvrir de baisers.
D'un geste lent, il reposa sa bière sur la table extérieure ainsi que sa cigarette dans le cendrier. Quand il pivota tout son corps vers le plus jeune, ce dernier leva enfin les yeux vers lui et il suffit au tatoué de croiser ses orbes noirs et ses lèvres pulpeuses pour perdre toute maitrise de soi.
Avant de regretter son geste, il fondit contre son lui, glissant ses mains derrière ses cuisses dénudées pour le soulever et le plaquer contre la vitre derrière lui. Surpris, un petit cri aigu quitta les lèvres de Jimin avant de laisser échapper un petit rire qui fut interrompu par la bouche de Jungkook qui prit en otage la sienne.
— Tu me rends fou, grogna le commandant entre deux baisers.
— Je sais, répondit le médium en roulant des hanches contre lui.
Les mains à plats sous ses fesses, le tatoué les malaxa, faisait gémir son cadet qui le supplia pour plus. Sans perdre plus de temps, Jungkook l'éloigna de la baie-vitrée et entra dans l'appartement pour prendre la direction de la chambre du plus jeune. Leurs bouches se dévoraient pendant qu'ils longeaient le grand couloir, mais lorsqu'ils passèrent la porte de la chambre du médium, une voix forte et débordant de dégout résonna dans les oreilles de son occupant.
PUTAIN DE MERDE ! SÉRIEUSEMENT !? beugla Yoongi les yeux cachés par sa main
En entendant la voix de son meilleur ami, le corps de Jimin se figea et il s'écarta subitement de son aîné, manquant de peu de tomber à la renverse.
— Hé ! Qu'est-ce qui t'arrive ? demanda Jungkook, confus et inquiet d'avoir fait quelque chose de mal.
Vous êtes en rut ou quoi ? Sérieux, vous vous êtes envoyé en l'air il y a à peine deux heures ! Je vais faire des cauchemars pour le restant de mes jours maintenant !
— Désolé, j'avais oublié que tu étais là, fit Jimin gêné après s'être libéré des bras de son colocataire.
Ça m'étonne pas que tu m'aies oublié, t'avais l'esprit occupé ! Putain, sa langue était au fond de ta gorge ! C'est dégoûtant !
— Roh ça va, tu n'as jamais vu deux personnes s'embrasser ou quoi ? lança le médium agacé, mais surtout embarrassé.
— Putain, mais à qui...
Le brun s'interrompit, craignant d'avoir compris.
— Oh non, ne me dis pas qu'il est là.
Hé si grincheux. Crois-moi, j'aurais préféré ne jamais voir ça. Je me casse, j'en ai vu assez pour tout un siècle ! Continuez vos petites affaires, bande de lapins en chaleur !
Après avoir craché son dégoût, Yoongi disparut dans un nuage de fumée. Jimin voulait mourir sur place tandis que Jungkook, lui, était totalement perdu. Dans ce genre de situation, il se sentait comme un sourd et aveugle, c'était la sensation la plus désagréable au monde.
— Il a dit quoi ? demanda le tatoué.
— Qu'on était des lapins en rut et il est parti, répondit le plus jeune sans pouvoir retenir un petit rire gêné.
— Il va vraiment falloir qu'on instaure un règlement pour les fantômes.
Jimin pouffa avant de se laisser tomber sur son lit. Toute l'excitation qu'il avait ressentie avait totalement disparue, laissant place à un malaise qu'il n'arrivait pas à faire disparaitre.
— Je n'arrive pas à croire qu'il ait vu ça, marmonna-t-il, son avant-bras posé recouvrant ses yeux.
— Hé, murmura Jungkook en venant le surplomber de tout son corps.
Délicatement, il attrapa son poignet et releva son bras pour dévoiler ses yeux. Il afficha un sourire rassurant avant de déposer un baiser fugace sur ses lèvres charnues. Encore une fois, tous ses efforts pour s'éloigner de cette tête blonde était en vain. Il était fichu.
— On n'a rien fait de mal. Voir deux personnes s'embrasser, ce n'est pas la fin du monde. Il aurait pu nous voir en pleine levrette, gloussa le brun.
— Arrête ! Je serais mort de honte ! s'exclama Jimin en posant ses mains à plat sur les joues de son aîné pour le forcer à reculer.
— Bon, je suppose que tu n'en as plus envie ? fit le tatoué, sans aucune animosité dans la voix.
— Désolé, chuchota le médium en mordant nerveusement sa lèvre inférieur, montrant ainsi son anxiété et appréhension.
— Tu n'as pas à t'excuser, assura immédiatement le commandant.
Avec un sourire bienveillant, il posa son pouce sur le menton de son vis-à-vis et fit une légère pression dessus, libérant ainsi le morceau de chair prisonnier de ses dents.
— Je vais aller prendre une douche et me coucher, je suis mort de toute façon.
— D'accord, murmura le blond en le regardant se redresser.
Lorsque le brun était sur le point de quitter la pièce, Jimin l'interpella.
— Jungkook ?
— Hm ?
— Demain après-midi, je voudrais partir un peu plus tôt.
— Pourquoi faire ? demanda le commandant.
— Yoongi m'a demandé d'aller rendre visite à ses parents. Après sa mort, je n'ai pas pu le faire et j'aimerais le faire maintenant.
Jungkook le toisa un long moment, pesant le pour et le contre dans sa tête avant de finalement donner sa réponse à haute voix.
— C'est d'accord. Tu voudras que je t'accompagne ? Je pourrais attendre dehors si tu veux.
— Tu ferais ça ?
— Oui.
Les yeux du plus jeune se couvrirent d'un voile de larmes qu'il parvint tout de même à maitriser. Savoir que Jungkook serait avec lui pendant ce moment difficile fut si libérateur. Il eut la sensation d'être débarrassé d'un poids énorme et surtout, son appréhension avait diminué.
— Merci, murmura-t-il, la gorge nouée.
— De rien microbe. Bonne nuit.
— Bonne nuit Jungkook.
⊱⋅ ──────────── ⋅⊰
Jimin s'était levé aux aurores ce mercredi matin. Il avait rapidement enfilé une tenue et avait quitté l'appartement pour se rendre jusqu'à la gare de Busan. Celle-ci était à plus de trente minutes en voiture de son appartement, il avait donc fait appel à un taxi.
Une fois sur place, il avait demandé au chauffeur de patienter et s'était précipité dans l'immense bâtiment de verre. N'ayant jamais mis les pieds à la gare, le médium demanda à l'un des employés où se trouvaient les casiers puis s'y rendit. Son estomac était noué par l'anxiété. Il était curieux à l'idée de ce qu'il allait y trouver, mais surtout, il se demandait pourquoi monsieur Kang ne lui avait rien dit à ce sujet. Pourquoi avoir discrètement glissé la clé dans sa poche ? Pourquoi faire tant de mystère ?
Quand il arriva devant le casier numéro treize, il l'ouvrit et fut surpris d'y trouver une grande enveloppe marron. Cette dernière était bien trop épaisse pour ne contenir qu'un seul document. Les sourcils froncés par la confusion, il sortit l'objet et l'ouvrit. Ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'il comprit ce qu'il tenait entre ses mains. Il s'agissait d'un dossier d'enquête. Au fond de l'enveloppe, son regard se posa sur une clé USB noir.
Même si sa curiosité le démangeait, la petite voix à l'intérieur de sa tête lui disait de ne pas ouvrir le document ici. S'il était dissimulé, c'était sûrement pour une bonne raison. En observant les alentours, Jimin glissa l'enveloppe dans son sac en bandoulière et retourna au taxi qui l'attendait dehors.
Installé sur la banquette arrière, le médium donna les indications au chauffeur qui se mit en route. Dévoré par la curiosité, il ouvrit l'enveloppe et en sortit le dossier. Lorsque ses yeux se posèrent sur les notes inscrites sur la première page, son cœur cessa de battre.
" Affaire du 13.01.15 // Victime : Min Yoongi "
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