Chapitre 106
La première journée d'observation n'avait rien donné de très concluant pour Jungkook et son acolyte. Les deux hommes avaient simplement passé la journée à observer le bâtiment, espérant que Dae-kun et son garde du corps ne sortent. Ce ne fut que tard dans la soirée qu'ils eurent enfin du mouvement.
Entouré par quatre hommes à la carrure plus qu'imposante, le premier ministre était monté à bord de la berline noire qui était sortie du parking souterrain. Murphy qui ne le quittait pas d'une semelle, s'était installé derrière le volant, puis, ils avaient enfin quitté les lieux. À bonne distance, Jungkook avait suivi le dernier modèle d'Hyundai à travers la ville avant qu'elle ne se stoppe une trentaine de minutes plus tard, devant une villa qui était entourée par d'immenses murs de pierres.
— Tu penses qu'il vit ici ? questionna Namjoon.
— Oui, j'en suis persuadé. Regarde bien cette baraque. Les murs font plus de deux mètres de haut, les portails sont en acier renforcé, et tu vois le digicode près du portillon ?
— Rien avoir avec ceux de nos appartements.
— Oui. Ce sont les boitiers dernier cri avec reconnaissance biométrique. Ce mec s'est bâti une vraie forteresse, soupira le commandant.
— De toute façon, tu ne comptais pas entrer là-dedans, pas vrai ? lui demanda le hacker.
Jungkook resta silencieux, fixant le véhicule de leur cible qui s'était immobilisé devant le garage. Est-ce qu'il comptait s'introduire par effraction chez le premier ministre ? La réponse était oui, cependant, ce plan venait de tomber à l'eau. Le tatoué était entraîné pour ce genre de mission, toutefois il n'avait pas l'équipement nécessaire pour pénétrer dans une telle forteresse. Entrer dans ce bâtiment reviendrait à se jeter dans la gueule du loup sans aucune chance d'en sortir.
— Oh merde, tu comptais vraiment le faire ?
— Oui, mais avec tout ça, c'est mort. Je passerai pas le portail sans me faire repérer.
À quelques pas d'eux, Dae-kun sortait de la berline, suivi par Murphy qui l'accompagna jusqu'au portillon. En voyant le premier ministre se pencher vers le boîtier en métal et le rayon qui en sortit, Jungkook comprit à quel genre de système de sécurité il avait à faire.
— Reconnaissance rétinienne, lança ce dernier.
— Pour entrer, il faudrait lui arracher un œil, soupira Namjoon en s'enfonçant dans son siège.
Le sourire qui prit vie sur les lèvres de son voisin le rendit perplexe, à tel point qu'il pivota le haut de son corps vers lui, le sourcil droit arqué.
— Ne me dis pas que tu t'imagines en train de lui arracher un œil ?
— Je t'avoue que l'idée m'a effectivement traversé l'esprit, ricana le policier avant de reprendre son sérieux. Bon, on peut pas rentrer chez lui, mais on peut le suivre.
— Qu'est-ce que tu veux dire ?
Encore une fois, le policier acquiesça d'un sourire sans pour autant répondre à la question. À la place, il se redressa et alla à l'arrière du van où se trouvait le sac d'équipement. Il fouilla à l'intérieur quelques secondes puis quand il y trouva ce qu'il cherchait, il revint à sa place.
— Un traceur ? fit-il en regardant le petit objet que son voisin lui tendait.
— Oui, on va le placer sur la voiture, ça nous permettra d'avoir une trace de leur déplacement.
— Ok, attends, je vais le synchroniser avec mon ordinateur.
Le hacker ouvrit son logiciel, puis pianota machinalement sur son clavier. Il ne lui fallut qu'une poignée de secondes pour programmer le petit gadget.
— C'est bon, il est opérationnel, annonça-t-il en tendant le traceur à son cadet.
— Ok, reste là, je reviens.
Namjoon acquiesça et regarda le policier quitter le fourgon. Sa casquette sur la tête, Jungkook se dirigea d'un pas léger et silencieux vers le véhicule du premier ministre. Observant les alentours afin de s'assurer d'être seul, le commandant fit en sorte de ne pas être visible par la caméra de surveillance. Il se mit à genoux sur le bitume humide, s'allongea sur le dos, glissant la partie supérieure de son corps sous l'avant de la voiture. Ces dispositifs de traçage étaient efficaces, à condition d'être protégés des éventuels chocs et des secousses. Il le plaça alors à l'intérieur de l'aile droite qu'il parvint à atteindre.
Satisfait, il se redressa, débarrassa ses vêtements de toute trace de saleté, et trottina ensuite jusqu'à leur van.
— Alors ? demanda Namjoon.
— Le traceur est en place. On se casse. Il vaut mieux qu'on ne soit plus là quand Murphy sortira, répondit le commandant en mettant le contact.
— On ne devrait pas le suivre pour savoir où il va aller ensuite ?
— On le saura grâce au traceur. Il est tard, on va avoir besoin de dormir, car à partir de demain, les choses sérieuses vont commencer, annonça Jungkook en faisant demi-tour pour ne pas passer devant les caméras.
— Tu as eu une idée ?
— Oui, et je crois que ça va te plaire.
Le sourire espiègle qui prit vie sur les lèvres du policier n'annonçait rien de bon pour son aîné. Ce dernier savait qu'en acceptant de l'accompagner, Namjoon prenait de gros risques, toutefois, même s'il n'était pas l'homme le plus courageux, il voulait aider Jimin, mais espérait tout de même rentrer en un seul morceau.
— Est-ce que ça implique que je vais me faire tirer dessus ?
— Hm, je sais pas, ricana Jungkook en s'engageant dans le grand axe. C'est pas toi qui voulais vivre de l'action comme dans les films ? Eh bien félicitation, tu vas devenir le James Bond coréen.
Le hacker se mit à rire aussi bien nerveusement que par la plaisanterie de son voisin. L'ambiance entre eux était étrangement calme, pour la première fois depuis longtemps, ils n'avaient pas envie de s'étriper.
⊱⋅ ──────────── ⋅⊰
Avant de partir pour Séoul, Jungkook avait pris soin de réserver deux chambres non loin du bureau de Yoon Dae-kun. Après leur petite filature, les deux hommes s'étaient rendus jusqu'à leur hôtel où ils s'étaient douchés et changés pour des vêtements plus confortables. Épuisé par le voyage et la journée, Namjoon avait proposé de se faire livrer, mais l'appétit du commandant n'était pas au rendez-vous. Le hacker avait donc dîné de son côté, profitant des avantages du room service, pendant que dans la chambre d'en face, Jungkook repassait les photos qu'ils avaient prises de leurs cibles.
À quatre cents kilomètres de là, dans l'appartement en bord de mer, Jimin dormait à poings fermés. Dans la chambre du commandant, la respiration de son occupant ainsi que celle de son animal emplissait l'espace. Ne voulant pas être seul dans ce lit bien trop vide, Jimin avait autorisé Zeus à dormir avec lui. Le berger allemand s'était installé sur la couette, sa tête reposant sur la hanche de son maître, le réconfortant par sa présence.
Alerté par ses sens, le canidé sentit le corps du jeune homme se crisper avant que celui-ci ne sursaute et se dresse brusquement, les yeux écarquillés et la main sur sa poitrine. Voyant la panique dans les yeux de son humain, Zeus se mit à couiner et s'approcha de lui.
— Ç-ça va, fit-il en caressant le haut de la tête de l'animal.
La voix de Jimin était bien trop branlante pour être convaincante. À cet instant, il était terrifié et l'obscurité qui l'entourait était semblable à une corde qui l'étranglait. Paniqué, il tâtonna la table de chevet et alluma la petite lampe. Quand ses yeux purent enfin analyser les lieux, il scanna les environs avant d'expirer un souffle tremblant. Il était chez lui, en sécurité. Il allait bien, il était en vie. Son père n'était pas là, il ne tentait pas de le tuer. Non. Tout allait bien.
Tentant de retrouver son calme, le médium prit le haut de son amant et l'amena à son nez, inspirant son odeur boisée. Jungkook n'était parti que depuis une journée et son absence était dure à supporter, encore plus dans ces moments-là. Ressentant le besoin de l'entendre, Jimin prit son téléphone, et sans aucune hésitation, ni même un regard vers l'heure tardive, il lança l'appel.
À Séoul, Jungkook était toujours assis au milieu de son lit, son ordinateur sur les genoux. Durant les heures qui s'étaient écoulées, il avait fait diverses recherches sur leur cible et son lieu de travail, donnant ainsi plus de possibilités au plan qu'il mettait en place dans son esprit. Concentré sur son écran, il sursauta légèrement en sentant son téléphone vibrer contre sa cuisse. Il était plus de deux heures du matin, qui pouvait bien tenter de le joindre à cette heure-ci ?
En voyant le nom de son amant s'afficher, le brun sentit son cœur tomber à ses chevilles et des sueurs froides le traverser. Sans aucune hésitation et avec une certaine angoisse, il accepta l'appel vidéo. Le visage de Jimin apparut sur l'écran de son smartphone et il comprit que quelque chose n'allait pas.
— Eh, tout va bien microbe ? demanda-t-il d'une voix douce.
Son amant répondit par un simple hochement de tête et lorsque ses yeux s'inondèrent de larmes, Jungkook sut que c'était un mensonge. La mâchoire serrée, Jimin amena le t-shirt de son petit ami contre son nez, accueillant les larmes silencieuses qui le quittèrent.
— Jimin, qu'est-ce qu'il y a ? questionna le commandant en repoussant son ordinateur afin de croiser ses jambes.
— Je... je voulais pas te déranger, commença le médium, la gorge nouée.
— Tu me déranges jamais beauté, j'étais réveillé. Raconte-moi ce qui te met dans cet état. Il s'est passé quelque chose ? Tu as encore fait un cauchemar ? supposa le plus vieux.
Jimin hocha de nouveau la tête avant de prendre une grande inspiration saccadée par les sanglots. Tentant de contrôler son rythme cardiaque et ses pleurs, il fit un rapide exercice de respiration qui lui permit de se calmer.
— Ce n'était pas réel. Tu es à la maison et tu es en sécurité. Est-ce que Tae est là ?
— Non, il est de garde ce soir. Je... je suis juste avec Zeus, annonça le médium.
— Ok, tu as bien tout fermé ?
Le plus jeune répondit par un hochement de tête tout en continuant d'inspirer le parfum rassurant qui émanait du vêtement de son bien-aimé. Il avait l'habitude de faire de mauvais rêves, c'était même son quotidien depuis des années, mais d'ordinaire, Jungkook était auprès de lui et sa simple présence suffisait à le rassurer. Ce soir en revanche, il était seul et cette solitude n'aidait en rien à calmer le chamboulement émotionnel qu'avait provoqué ce cauchemar.
— Tu dois trouver ça si immature de t'appeler juste pour ça, murmura Jimin en baissant les yeux sur la peluche rose qu'il avait contre lui.
— Arrête, je ne penserai jamais ça de toi. Je sais à quel point ce que tu as vécu a été traumatisant. Je suis désolé de ne pas être près de toi en ce moment.
— Je voudrais que tu sois là, hoqueta le médium, encore secoué par ses pleurs.
La poitrine du policier était si serrée que c'en était douloureux, et si cette mission n'était pas si importante pour la suite, il serait monté dans le fourgon et serait rentré chez lui. Auparavant, les deux amants n'avaient aucun mal à rester séparés, au contraire, cela leur faisait du bien de voir du monde, de sortir séparément, cependant les derniers événements avaient changé la donne. Jimin était mort. Durant presque cinq minutes, son cœur avait cessé de battre et ce souvenir hantait encore Jungkook. De son côté, le médium avait vu l'enfer, l'horreur humaine, il avait assisté à l'assassinat d'un être cher, et les séquelles que ces images avaient laissées étaient dévastatrices. Il avait besoin de son petit ami, de ses bras, de sa chaleur et de ses mots doux. Il nécessitait réellement tout cela pour ne plus avoir la sensation de se noyer dans un océan de peur et de chagrin.
— Ça va passer vite, beauté, je te le promets. Je serai bientôt à la maison, assura le plus vieux, un sourire tendre et rassurant sur les lèvres. Est-ce que tu veux me raconter ton cauchemar ?
Jimin l'observa quelques minutes puis hocha la tête. Avant de commencer ce douloureux récit, il s'allongea sur le flanc, posant son téléphone contre le côté du coussin de son amant. Son t-shirt contre son visage, il prit une grande inspiration et se jeta à l'eau.
— J'étais chez moi.
— À la maison ?
— Non, dans ma chambre, chez mes parents. Celle que j'occupais avant d'être enfermée à l'asile, précisa le médium. Je... me suis réveillé dans mon lit et j'allais quitter la pièce quand il... quand mon père est entré. Il était furieux, comme toujours, et il m'a frappé. Je...
Le jeune consultant de police s'interrompit, tentant de refouler les larmes qui brouillaient sa vision et obstruaient sa trachée.
— Prends ton temps, murmura Jungkook d'une voix reposante.
— Je n'arrivais pas à me défendre, reprit Jimin en chassant les larmes qu'il ne pouvait retenir. Il m'a attrapé par les cheveux et m'a tiré jusqu'à la baignoire. Je... je n'avais même pas de baignoire dans ma salle de bain, pensa-t-il d'une voix basse. Il m'a jeté dedans et il m'a maintenu sous l'eau. Je... je me noyais. J'ai de nouveau senti l'eau dans mes poumons comme si je revivais ce moment après la projection.
Le commandant fixait ses yeux sombres, rougis par les larmes, et ressentit une vague de haine l'envahir. Même si Jimin avait appris à se défendre et avait pris confiance en lui pour ne plus se laisser intimider par son père, ce dernier continuait de le terroriser. C'était même pire, car désormais, il savait que cet homme était présent le soir du drame. Il aurait pu sauver Yoongi, mais il avait décidé de ne rien faire, se rendant ainsi complice de ce meurtre de sang-froid.
— Ce n'était qu'un cauchemar. Jae-sok ne peux plus te faire de mal. Il est ici à Séoul, et toi, tu es en sécurité à la maison, tenta le brun, bien qu'en réalité, il ignorait où était le sénateur Park.
— Il était là-bas. Il aurait pu l'aider parce que je sais qu'il l'a reconnu, sanglota Jimin, avant de dissimuler son visage dans son oreiller. Je suis tellement en colère contre lui. Je...
— Je sais, mais essaie de ne pas penser à ça maintenant. Tout va finir par s'arranger, je te le promets. Je vais m'assurer qu'il passe le restant de ses jours en prison.
Le médium reporta son attention sur son amant et hocha la tête. Du revers de la main, il essuya ses larmes et prit une grande inspiration pour calmer ses sanglots. Il devait faire confiance à son petit ami, ce dernier tenait toujours ses promesses, il était donc persuadé qu'il ferait tout pour mettre ces hommes derrière les barreaux. Néanmoins, est-ce que cela serait suffisant pour apaiser sa colère ? Pourquoi ces deux meurtriers auraient le droit de vivre tranquillement en prison, alors que Yoongi était parti pour toujours ? Ce n'était pas juste.
— Allez microbe, il est tard, tu devrais tenter de te reposer.
— Est-ce que tu veux bien rester avec moi jusqu'à ce que je m'endorme ? demanda Jimin, les joues empourprées.
— Bien-sûr, lui sourit le commandant.
Le médium se surprit à lui rendre son sourire, puis il s'installa confortablement. Habitué à avoir le corps de son amant contre le sien, le plus jeune serra la peluche rose contre son torse, lui procurant ainsi une chaleur rassurante. Il avait l'air d'un enfant, il en avait conscience, mais dans des moments comme celui-là, il n'avait pas la force de se comporter en adulte. La peur, la colère et la tristesse étaient bien trop présentes pour qu'il y parvienne. Il faisait donc de son mieux pour apaiser toutes ces émotions négatives.
De l'autre côté de l'écran, Jungkook ne perdait pas son sourire. Il regrettait de ne pas être à Busan, pour l'embrasser et le prendre dans ses bras, cependant, il ferait de son mieux pour le rassurer à distance.
— Tu es bien installé ? demanda-t-il.
— Hm, acquiesça le blond avant de relever la tête. Zeus ?
Jungkook vit le matelas bouger, signe que son chien venait de sauter sur le lit. Une fraction de seconde plus tard, il vit la gueule noire de l'animal ainsi que sa truffe apparaître à l'écran. Zeus venait de s'allonger contre Jimin, sa tête posée tendrement juste sous son menton.
— Là, je suis bien, annonça le plus jeune en caressa le berger allemand.
— Bonne nuit microbe. Je t'aime.
— Je t'aime aussi grincheux.
Expirant un souffle tremblant, Jimin ferma les yeux, bercé par la respiration de l'animal et les mouvements de son compagnon qu'il entendait à travers le téléphone.
De son côté, le tatoué se mettait lui aussi au lit. Quand il fut bien installé, il reporta son regard sur l'appel vidéo et constata avec soulagement que son cadet s'était endormi bien plus rapidement que prévu.
— Bonne nuit champion, je te le confie, murmura Jungkook à l'attention de son animal.
Comme s'il avait compris les paroles de son maître, Zeus se rapprocha davantage de Jimin qui expira de bien-être, signe d'un véritable apaisement. À présent, le commandant n'espérait qu'une chose, qu'il passe une nuit calme, sans mauvais rêve.
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Taehyung avait commencé la journée par un appel avec sa bien-aimée. Cette dernière se plaisait en Suisse même si sa vie à Busan lui manquait. Jimin, lui, s'était réveillé bien plus tôt que prévu. Il avait profité du temps sec pour aller courir avec Zeus qui ne l'avait pas quitté de la nuit. Son colocataire était en congé pour la matinée, Lian s'était proposé de venir le chercher et il avait donc rejoint le commissariat ensemble.
À Séoul, Jungkook et Namjoon étaient déjà postés devant le grand immeuble où Yoon Dae-kun se rendait tous les jours. Avant que Murphy ne passe le chercher, ce dernier s'était rendu dans un pressing où il avait récupéré les affaires de son employeur. Visiblement, cet homme n'était pas seulement son tueur à gage et son garde du corps, il était en plus, sa bonne à tout faire.
Cela faisait de longues heures que les deux compagnons de voyage étaient installés à bord du fourgon, et l'ennui que le hacker ressentait était perceptible. En l'espace de dix minutes, ce dernier avait soupiré une vingtaine de fois, augmentant l'agacement du commandant qui observait les allées et venues de l'immeuble, espérant reconnaître quelqu'un.
— T'as des puces dans le froc ou quoi ? râla le tatoué.
— Désolé, je n'en peux plus d'être assis dans ce fourgon. Je n'ai pas signé pour ça.
— Tu as signé pour faire ce que je te dis, alors tiens-toi tranquille !
— Ça fait deux jours qu'on fixe ce bâtiment. Tu essaies de le détruire par la force de l'esprit ou quoi ?
— Tu m'as pris pour un X-men ?
— Je ne sais pas. Jimin voyage je ne sais où avec les morts. Après ça, plus rien ne m'étonne.
— C'était une projection de l'esprit et il ne le refera plus jamais, précisa Jungkook, une moue contrariée sur les lèvres en se remémorant ce moment douloureux.
— Hm hm, tu dis ça comme si c'était toi qui portait la culotte, pouffa le hacker.
Le commandant tourna subitement la tête, les sourcils haussés. Il s'apprêtait à répliquer, mais se ravisa. À quoi bon rentrer dans son jeu ?
— Tu veux de l'action ? Tu vas en avoir ce soir, ne t'en fais pas, lui sourit Jungkook.
— À quoi tu penses ?
— J'ai besoin de savoir ce qui se passe dans là-dedans, pour ça il faut qu'on aille dans ce bureau et qu'on ait accès à son ordinateur.
— D'accord, comment on s'y prend ?
— De quoi as-tu besoin pour cloner son ordinateur ?
— Euh, de son ordinateur. À distance, je peux simplement pirater le réseau, expliqua le hacker, les sourcils froncés de curiosité.
— Ok, donc, hier soir, pendant que monsieur ronflait ou se matait un porno, je faisais des recherches. Figure-toi que cet immeuble fait appel à une entreprise informatique reconnue pour la maintenance et les réparations de leur serveur. Est-ce que tu peux provoquer une panne informatique d'ici ?
— Euh, je crois oui. Il me suffit d'accès à leur réseau int-
— Ne te fatigue pas, je comprends rien à ce charabia de geek, le coupa Jungkook. Fais ce que tu sais faire de mieux. Ce soir, tu provoqueras une panne dans leur serveur qui éteindra les caméras de surveillance. Les gardiens vont forcément appeler les techniciens. On va intercepter l'appel et se faire passer pour eux.
— Ce n'est pas dangereux ?
— Non, c'est du gâteau. On entre, on accède au bureau, tu fais ton truc de super geek, je pose un ou deux micros et on ressort comme si de rien était, assura le policier.
— D'accord James Bond, et comment tu vas savoir quel est le bureau de Dae-kun ? Je ne sais pas si tu as remarqué, mais il y a au moins vingt étages, questionna Namjoon, septique.
— Ah ça, c'est ton travail. Moi, je donne les idées, j'assure tes arrières, je peux casser des gueules si besoin, mais pour la partie technique, tu te démerdes, répliqua Jungkook avec nonchalance.
— Donc tu es les muscles, et moi le cerveau ? ricana le hacker.
— On peut dire ça.
Les compagnons de voyage se mirent à rire, puis Namjoon se mit au travail. Il devait s'introduire dans leur système informatique, mais surtout, il devait trouver le moyen de pirater la ligne téléphonique et ainsi intercepter cet appel décisif. Une part de lui était excité comme un enfant, mais la plus raisonnable craignait que toute cette histoire ne tourne au drame.
⊱⋅ ──────────── ⋅⊰
Le voile noir de cette nuit recouvrait enfin la capitale, ramenant avec elle un torrent de pluie qui ne cessait de tomber depuis deux heures.
Durant la journée, le hacker avait tout mis en place pour exécuter leur plan. De son côté, Jungkook s'était rendu jusqu'à l'entreprise de service informatique. Jouant de ses charmes, il avait trompé l'hôtesse d'accueil et s'était infiltré dans les locaux des agents techniques, volant discrètement les vestes de deux des employés.
Même s'ils étaient impatients de passer à l'action, rien ne pouvait être fait tant que Yoon Dae-kun ne quittait pas le bâtiment. Ce fut donc avec une excitation notable que les deux partenaires en crime attendirent le départ de cet homme pour enfin quitter le véhicule.
Contrairement à Namjoon, le commandant de la police de Busan était connu de leur cible et de son garde du corps. Il couvrit alors la moitié de son visage d'un masque chirurgical noir ainsi qu'une casquette, gardant ainsi son identité secrète.
Côte à côte, les deux hommes marchèrent vers l'entrée du bâtiment. Si Jungkook respirait d'assurance, son voisin lui, ne pouvait pas empêcher ses mains de trembler légèrement.
— Respire, j'ai l'impression que tu vas faire un AVC, pesta le tatoué.
— Désolé, mais je n'ai pas l'habitude de faire ce genre de chose, marmonna Namjoon en tirant nerveusement sur sa veste pour la remettre en place.
— Eh bien retire le balai que t'as dans le cul parce que si tu bégayes, c'est sûr qu'on va se faire cramer, le réprimanda Jungkook d'une voix basse. Respire, ça va bien se passer. Tu dois juste leur dire qu'on vient pour la panne de serveur.
Le hacker acquiesça en silence et prit une grande inspiration. Quand ils arrivèrent devant l'entrée de l'immeuble, le commandant lui offrit une tape dans le dos en signe d'encouragement, puis ils pénétrèrent dans le petit sas. Conscient qu'il y aurait des détecteurs de métaux à l'entrée, Jungkook n'avait pas pris son arme, mais il n'avait pas besoin de cela pour se défendre. À partir de maintenant, tout reposait sur les épaules de Namjoon qui était le personnage principal de cette pièce de théâtre qui venait de commencer.
— Bonsoir messieurs, lança l'agent de sécurité en venant à leur rencontre avant qu'il ne passe le détecteur de métaux.
— Bonsoir, répondit le hacker d'une voix étonnamment calme.
— En quoi puis-je vous aider ?
— Nous venons pour la panne des serveurs, expliqua le plus vieux en montrant le logo de sa veste. Vous avez appelé il y a une trentaine de minutes.
— Oui ! lança un autre homme au loin qui ne tarda pas à apparaître dans leur champ de vision.
Derrière Namjoon, le commandant Jeon observait les lieux. Les mains dans la poche de son bomber noir, il nota mentalement chacune des sorties de secours, mais surtout, il mémorisait du mieux qu'il pouvait le plan de l'immeuble qui se trouvait derrière le bureau d'accueil. Les deux gardiens ne représentaient aucune menace. Tous deux âgés d'une cinquantaine d'années et non armés, Jungkook était confiant quant à son entraînement et sa maîtrise des sports de combat. En cas de problème, ces deux hommes ne seraient pas un obstacle pour leur fuite.
— D'habitude, c'est Jae-ho qui vient pour ce genre de panne, lança le deuxième homme.
— Oui, il... il était déjà sur une autre intervention à l'autre bout de la ville, mentit Namjoon en sentant ses mains devenir bien plus moites. Nous étions dans le secteur, c'est pour cela que nous sommes arrivés si vite.
Les deux hommes semblaient sceptiques quant aux explications fournies et durant un court instant, Jungkook pensa que leur plan venait de tomber à l'eau, jusqu'à ce que son complice ne reprenne la parole.
— Vous connaissez la devise de notre entreprise, votre satisfaction est notre priorité. Il était impensable pour mon supérieur que vous attendiez plus longtemps pour une intervention.
S'il n'avait pas un minimum de self contrôle, Jungkook aurait très certainement ri aux éclats en entendant le slogan improvisé que son coéquipier venait de dire. Toutefois, il se retint et fut surtout fier qu'il gère aussi bien la situation.
— Qui est votre ami ? demanda le premier garde.
— Ho, c'est un nouveau. C'est sa première fois sur le terrain, alors il... il est un peu nerveux.
— Bonsoir monsieur, fit l'agent de sécurité.
— Bonsoir, répondit le tatoué, tentant de prendre une voix branlante qui confirmerait sa soi-disant anxiété.
— Est-ce qu'on peut y aller ? demanda le hacker en triturant nerveusement la bandoulière de sa sacoche. Si j'en crois le rapport de la panne, nous avons pas mal de travail.
— Oui, bien-sûr, confirma le deuxième homme. Vous connaissez le chemin ?
Des sueurs froides traversèrent Namjoon lorsqu'il entendit cette question. Comment pouvait-il connaître les lieux ? Il n'avait jamais mis les pieds à Séoul, encore moins dans cet immeuble.
— En fait, c'est la première fois que j'interviens ici, expliqua-t-il, la boule au ventre.
— Ah oui, excusez-moi, ricana le gardien. Vous prenez l'ascenseur sur votre droite et c'est au vingtième étage, au fond du couloir à droite.
— Très bien, merci, répondit Namjoon en s'inclinant.
Jungkook fit de même puis, sans perdre plus de temps, ils partirent côte à côte en direction de la cage de métal dans laquelle ils entrèrent. Ce ne fut qu'après la fermeture des portes que le hacker s'autorisa à respirer. Penché en avant, les mains sur ses genoux, ce dernier tentait de calmer les battements de son cœur qui frôlait la tachycardie.
— Putain, j'ai cru que j'allais me faire dessus, lança-t-il en essuyant les gouttes de sueur sur ses tempes.
Près de lui, le commandant le regardait avec condescendance avant de rire aux éclats.
— Comment un grand gaillard comme toi peut être aussi froussard ? se moqua-t-il.
— T'es marrant toi ! Désolé, mais le truc le plus dangereux que j'ai dû faire dans ma vie, c'est traverser en dehors des passages piétons ! On n'est pas tous comme toi, monsieur j'ai peur de rien.
— Tu te mets tous les jours en danger en piratant des trucs !
— Oui, mais c'est différent, je suis derrière mon écran, répliqua Namjoon une moue contrariée sur les lèvres, accentuant davantage le rire de son complice.
— Désolé, mais tu devrais voir ta tête. T'es aussi blanc qu'un verre de lait.
Sentant la nervosité descendre subitement, le hacker se mit également à rire. Les deux hommes reprirent toutefois leur calme lorsque les portes s'ouvrirent, dévoilant le couloir interminable du vingtième étage.
— Qu'est-ce que le gardien a dit déjà ? demanda le plus vieux en quittant l'habitacle d'acier.
— Au fond du couloir à droite, répéta Jungkook en ouvrant la marche. Bon, tu vas devoir trouver le bureau de Dae-kun. Qu'est-ce qu'il te faut ?
— Je vais déjà me connecter au serveur et voir ce que je trouve.
Le tatoué acquiesça tout en longeant le couloir jusqu'à la pièce en question. De toutes les salles de serveur que le commandant avait vues, celle-là était sans doute la plus grande et la plus high-tech. À cet instant, il remercia le ciel que Namjoon ait accepté de l'accompagner, car seul, il n'aurait jamais pu faire face à cette situation. Non, Jungkook ne faisait pas dans la dentelle. Il était plutôt le genre de personne à faire exploser les serveurs à coup de grenades, plutôt que de provoquer une panne avec un ordinateur.
— Tu en as pour longtemps ? demanda-t-il en observant son coéquipier relier son ordinateur portable au système informatique du bâtiment.
— La patience est une vertu, répliqua le plus vieux en pianotant énergétiquement sur son clavier.
— Oui, mais tu vois, c'est pas vraiment mon fort la patience, déclara le commandant en tapant nerveusement l'ongle de son pouce contre la surface de métal. En général, quand ça dure trop longtemps, j'ai tendance à vouloir casser des trucs.
— Eh bah, je plains ton mec si tu aimes aller vite dans tout ce que tu fais.
Le commandant comprit sans mal les sous-entendus de son aîné et ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel. D'ordinaire, il était celui qui faisait des blagues salaces, mais visiblement, il avait trouvé pire que lui.
— Ne t'en fais pas pour mon mec, je suis sûr qu'il est parfaitement comblé. Je t'aurais bien proposé de te montrer, mais tu n'es pas vraiment mon genre.
— Je te rassure Casanova, tu n'es pas le mien non plus. Jimin en revanche...
— Attention Namjoon, je n'ai pas mon arme, mais je peux aussi bien t'étrangler à mains nues, le menaça Jungkook, la mâchoire serrée.
Le concerné pouffa, visiblement amusé par sa jalousie. Depuis qu'il le connaissait, énerver Jungkook était tout bonnement son passe-temps favori et à chaque fois, il y parvenait sans grand effort.
— Détends-toi, gloussa le hacker. Je plaisantais. Jimin est très beau et adorable, ça ne fait aucun doute, mais il ne m'intéresse pas, et même si c'était le cas, il n'a d'yeux que pour toi.
Le plus jeune décida de ne pas argumenter. Cette réponse lui convenait parfaitement et surtout, il ne voulait pas le déconcentrer davantage. Impatient qu'il était, le brun commença à faire les cents pas. Toutes les minutes, il regardait les aiguilles de sa montre qui défilaient lentement, presque de façon moqueuse, ce qui commençait à l'agacer. Autour de lui, le bruit des serveurs lui donner mal à la tête, mais en plus, tous ces boutons rouges réveillaient en lui l'envie d'appuyer sur chacun d'eux. Il s'apprêtait d'ailleurs à assouvir ce besoin lorsque la voix de Namjoon claqua dans l'air.
— Ne touche à rien, ordonna ce dernier sans même le voir. Pire qu'un gosse celui-là, soupira-t-il.
— T'as bientôt fini ? questionna de nouveau le policier en revenant près de lui.
— Oui, je crois que...
Le grand brun s'interrompit, bien trop concentré sur les lignes de codes qui défilaient sous ses yeux. Comment arrivait-il à comprendre un tel charabia ? Jungkook avait l'impression de voir défiler un langage alien ou pire, les cours d'algèbre au lycée.
— Ok, le bureau de Dae-kun se trouve deux étages en dessous de nous, mais je ne sais pas où exactement. Le signal de son ordinateur est relié à un-
— Nam, soupira le commandant. Je t'ai déjà dit de m'épargner tous ces détails, je t'assure, c'est du latin pour moi. Si tu dis que c'est au dix-huitième, je te crois. Allons-y.
Le concerné ne put retenir un sourire gêné en voyant à quel point son cadet lui faisait confiance. Depuis qu'il avait fait appel à ses services, à aucun moment le tatoué ne lui avait demandé des comptes ou remis en doute son savoir-faire.
— Allez, amène-toi. Plus vite, ce sera fait, plus vite, on sortira d'ici, appela Jungkook, le ramenant à la réalité.
Le hacker hocha la tête, débrancha son ordinateur, puis le suivit hors de la pièce. Ensemble, les deux bruns passèrent par l'escalier et arrivèrent enfin à l'étage voulu. Celui-ci comportait le même nombre de porte que le précédent et en réalisant cela, le commandant soupira longuement.
— Il y a les noms sur les portes, ça ne devrait pas être trop dur de trouver le bon, lança Namjoon.
Haussant les épaules, le policier avança d'un pas nonchalant, observant chaque plaque en bois qui se trouvait sur les battants. Ils parcoururent l'entièreté du couloir, puis le nom qu'il cherchait apparut sous leurs yeux, tel le saint Graal.
— Le voilà, lança le plus vieux.
— Allez, au travail, répliqua Jungkook en ouvrant la porte.
Déterminé, le commandant entra dans la pièce, et pendant que son complice s'attelait au clonage de son ordinateur, lui en profita pour fouiller chaque recoin du bureau. Il ouvrit chaque tiroir, chaque armoire et dossier qu'il trouva.
— Ennuyeux. À chier. Pathétique, soupira-t-il en jetant les pochettes de papier sur le sol. Putain, mais ce mec ne laisse rien traîner de compromettant.
— Il est vraiment prudent. Son ordinateur est bourré de mots de passe et son historique est systématiquement effacé, annonça Namjoon d'un ton las en continuant de pianoter sur son clavier.
— Alors là, le geek, tu te débrouilles comme tu veux, mais tu me craques tout ça. J'ai besoin d'avoir accès à cet ordinateur, répliqua Jungkook en rangeant tous les dossiers à leur place.
— Merci pour ta compassion.
— Mais de rien, ricana le policier. Si tu as besoin que je te remonte le moral, n'hésite pas.
Le hacker se mit à rire, mais ne répondit rien. À la place, il se concentra sur sa tâche. Jungkook, lui, continua d'examiner les lieux et en profita pour placer deux micros à des endroits stratégiques ainsi que deux caméras espion. Il plaça la première sur l'alarme incendie qui se trouvait dans un coin de la pièce et l'autre juste au-dessus de la porte. Ainsi, il était sûr d'avoir une vue d'ensemble et voir le visage de chaque personne qui entrerait dans ce bureau.
— T'en a pour longtemps ?
— Jungkook, si tu me poses encore cette question, je te balance ce pot à crayon à la gueule, pesta Namjoon sans le regarder. Si tu veux que les choses soient faites proprement, tu dois me laisser le temps.
— Ok, excuse-moi, répliqua le concerné en levant les mains en signe de reddition.
Cette fois, le commandant se tut et sortit son téléphone. Jimin lui avait envoyé un message de bonne nuit auquel il n'eut aucune réponse alors, ne voulant pas prendre le risque de le voir débarquer dès le lendemain, il rédigea quelques mots doux et lui envoya. Cet échange lui rappela l'état d'esprit de son bien-aimé la veille, et puisqu'il n'était pas là pour lui remonter le moral, il pensa à un élément qui lui redonnera le sourire. Malgré l'heure tardive, il commanda un petit cadeau pour son amant et demanda à ce que ce dernier lui soit livré dès le lendemain.
— Qu'est-ce qui te fait sourire comme un idiot ? lança Namjoon d'un ton taquin.
— Rien qui te regarde, répliqua ce dernier, les oreilles légèrement teintées d'embarras. Occupe-toi plutôt de ton travail, j'ai envie de me tirer d'ici.
— J'ai terminé, on peut se tirer.
— Parfait, mais avant, vérifie que les micros et les caméras fonctionnent.
Le hacker ouvrit son logiciel espion et comme il s'y attendait, les gadgets étaient parfaitement opérationnels. Satisfaits, ils quittèrent la pièce après s'être assurés que tout était en place, puis retournèrent au vingtième étage où Namjoon put rétablir les serveurs. Ne souhaitant pas qu'ils soient repérés par les caméras, ce dernier fit en sorte que ces dernières montres en boucle les mêmes images, leur assurant ainsi un anonymat des plus complets.
— On peut se tirer. Je rétablirai les caméras de surveillance une fois dehors, annonça-t-il.
Jungkook acquiesça et fut le premier à quitter la pièce. La visière de sa casquette devant son visage, il marcha rapidement jusqu'à l'ascenseur, suivi de son complice. Ce ne fut qu'avant de quitter la cage de métal qu'il enfila son masque, se cachant ainsi des gardes.
— Vous avez terminé ? demanda le gardien.
— Oui monsieur. Vous pouvez vérifier, vos caméras sont de nouveau en route et les serveurs ont été sécurisés, répondit Namjoon avec un professionnalisme qui impressionna son coéquipier.
— Et qu'est-ce qui a provoqué cette panne ?
— Parfois, les fortes pluies peuvent perturber les réseaux. Comme vous pouvez le voir, ce soir, nous ne sommes pas épargnés.
L'agent de sécurité se mit à rire aux éclats et Jungkook dût se retenir de lever les yeux au ciel. Quel genre de gardien laisse deux parfaits inconnus se balader dans un immeuble où des gens aussi importants viennent travailler ? Néanmoins, ils n'allaient pas se plaindre, si cet homme avait fait son travail, jamais ils n'auraient pu accomplir leur mission.
— Merci pour votre rapidité d'intervention.
— Comme je vous l'ai dit, votre satisfaction est notre priorité, lui sourit le hacker. Belle soirée à vous monsieur.
Sans attendre plus longtemps, les deux imposteurs quittèrent l'immeuble et rejoignirent leur van. Une fois installé, Namjoon laissa échapper un long soupir de soulagement et tous ses muscles semblèrent se détendre. Jungkook lui, marmonnait dans sa barbe, agacé par la pluie qui, en quelques mètres seulement, l'avait totalement trempé.
— Je crois que c'est le truc le plus cool que j'ai jamais fait ! lança le plus vieux.
— Eh bah, il t'en faut peu pour t'exciter toi, ricana Jungkook, habitué à ce genre de situation.
— Vous faites ça souvent dans la police ? questionna Namjoon en ouvrant son ordinateur pour remettre le système de vidéo surveillance en place.
— Moi, non.
— Laisse-moi deviner, t'es plus du genre à rentrer dans le tas ? pouffa le hacker sans quitter son ordinateur du regard.
— Exact. Suspends un gars dans le vide et il te dira tout ce que tu veux savoir. Ces trucs d'espionnage, c'est pas mon truc. Ce type ne serait pas aussi important, j'aurais simplement déboulé ici et je lui aurais très certainement explosé le nez contre son bureau, mais ça viendra.
La détermination dans la voix de Jungkook fit frissonner son aîné. Il avait bien compris pourquoi cette histoire lui tenait tant à cœur. S'il avait été à sa place et son défunt amant à celle de Jimin, il aurait très certainement fait de même. Cependant, la colère qui rongeait les hommes et qui les poussait à vouloir la justice pouvait être dangereuse et à cet instant, le commandant Jeon était dévoré par la rage et la soif de vengeance.
Tout ce qu'il restait à espérer, c'était qu'ils quitteraient Séoul sans avoir à cacher le cadavre du Premier Ministre.
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