Chapitre 103
Si à une époque, Jungkook était parvenu à faire la part des choses entre sa vie privée et son travail, aujourd'hui ce n'était pas le cas. La journée touchait bientôt à son terme et durant celle-ci, le brun n'avait pas adressé une seule fois la parole à Jimin. S'il avait des directives à donner, il le faisait à l'ensemble de son équipe, prenant soin de ne jamais s'adresser directement à son amant, ou ex, il ne savait pas.
De son côté, le médium n'avait pas non plus cherché à établir le contact. Après sa discussion avec Taehyung, il s'était enfermé dans le bureau de Chul avec qui il avait travaillé. Le jeune détective était de bonne compagnie, et même si le jeune consultant était resté très silencieux, les court échanges qu'ils avaient eus, furent reposants pour lui.
Jimin avait longuement réfléchi aux paroles de Julian concernant la projection, et aussi à tout ce qui lui serait utile pour y parvenir. Dans un premier temps, il avait pensé à aller chercher un vêtement que Yoongi portait le soir de sa mort, puis il avait réalisé qu'il ne pouvait pas faire ça. Ces habits étaient tous des pièces à conviction. Si un jour l'enquête était rouverte, ces objets seraient utiles, il décida alors que la veste de son meilleur ami ferait amplement l'affaire.
Quand l'heure de débaucher arriva enfin, Jimin quitta le bureau sans un regard en arrière et sans même saluer ses collègues. Sur le chemin de la sortie, il prit son téléphone et composa le numéro de celui qui l'aiderait dans sa mission.
— Allô.
— Bonsoir Julian. Vous êtes disponible ce soir pour... vous savez quoi ?
— Tu es sûr de toi ?
— Oui. Plus vite, ce sera fait, plus vite, je passerai à autre chose.
— Ok, à quelle heure veux-tu que je vienne te rejoindre ?
— Vingt heures ?
— Très bien.
— Je vous envoie l'adresse par message.
Julian acquiesça à nouveau puis Jimin mit fin à l'appel tout en avançant vers l'arrêt de bus. Ce que le blond ignorait, c'était que son coup de fil n'était pas resté confidentiel. Quelques pas derrière lui, Taehyung avait entendu toute la conversation et il ne fut pas le seul, Jungkook était là. Le commandant s'était crispé à l'entente du prénom de cet homme qu'il méprisait, sortir de la bouche de celui qu'il aimait. Cependant, il ne fit rien. Il continua simplement d'avancer jusqu'à sa voiture dans laquelle son frère monta également.
Muet comme une tombe, le brun fit vrombir le moteur et mit le cap sur le domicile de son aîné qui le regardait sans rien dire. Pourtant, il pouvait sentir que ce dernier mourrait d'envie de déballer tout ce qu'il avait sur le cœur.
— Vas-y, crache le morceau, lança Jungkook en baissant le volume de la musique.
— Toi aussi, tu as entendu comme moi ?
— Oui et alors ?
— Et alors ? Jimin va le faire ce soir. Qu'est-ce qu'on fait ? demanda Taehyung, les yeux rivés sur le profil de son frère.
— On ne fait rien, répondit le tatoué avec nonchalance. Tu l'as entendu, il ne changera pas d'avis et il ne veut pas qu'on se mette en travers de son chemin.
— Donc on ne va rien faire ?
— Non, fit simplement Jungkook, concentré sur la route.
— Arrête de jouer les gros durs avec moi. Je sais que tu crèves d'envie d'aller le voir et d'être avec lui. Tu ne lui as pas adressé la parole de la journée, mais tu n'as pas cessé de le regarder.
— Oui et alors ? Après tout ce que je lui ai dit, après l'avoir supplié, il n'a pas changé d'avis.
— C'est vrai, mais après la discussion que j'ai eue avec lui, je me suis rendu à l'évidence. Kook, il a besoin de nous, de toi. Il... il m'a dit qu'il avait peur.
Cette information comprima violemment le cœur du commandant. S'il y avait bien une chose qu'il détestait, c'était le savoir ainsi, mais n'était-il pas le seul responsable de la situation ? Que pouvait-il faire de plus ? Devait-il rentrer chez lui et assister à cette mascarade qui allait très certainement lui prendre l'homme qu'il aimait ? Non, il ne s'en sentait pas capable.
— Il a pris sa décision. Fin de la conversation.
Ne voulant plus rien entendre, Jungkook monta le volume de la musique, coupant ainsi la parole à Taehyung qui abdiqua sans rouspéter. Son frère n'était pas prêt, il ne devait pas insister au risque de vraiment le braquer. Une heure, c'était le temps qu'il lui restait
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19:55
Résidence Jeon
Le silence dans l'appartement en bord de mer était oppressant, à tel point que Jimin sentait ses oreilles bourdonner. Assis sur le parquet du salon, adossé contre le fauteuil, le médium fixait le ciel par la baie vitrée. Autour de lui était éparpillé tout ce que contenait la boîte à chaussure que Yoongi lui avait laissée, mais aussi une enveloppe blanche sur laquelle était inscrit le prénom de l'homme qu'il aimait et qui était absent ce soir. Il y avait couché des mots qui sortaient du cœur, mais aussi l'amour qu'il ressentait pour lui. Les yeux vitreux, il se revoyait une heure plus tôt, assis à la table de la salle à manger, un stylo en main.
" Cher Jungkook,
Si tu lis cette lettre, c'est que tu avais raison, je ne m'en suis pas sorti.
Par où commencer ? Te demander pardon ne servirait à rien, cela ne pourra pas me faire revenir, ni même soulager ta colère, pourtant, je veux que tu saches que je suis désolé. Pardonne-moi d'être comme je suis. Je suis désolé d'avoir été têtu, de ne pas t'avoir écouté alors que, comme toujours, tu avais raison. Pardonne-moi d'être entré dans ta vie et de ne pas avoir pu tenir la promesse qu'on s'était faite. J'aurais tant voulu t'épouser, même si c'était devant une pâle imitation de Elvis.
Tu sais, parfois, je rêve de nous, vivant dans une petite maison avec un jardin. Je nous vois le matin dans la cuisine avec une bonne odeur de café, mais surtout, je me surprends à entendre une petite voix t'appeler papa. J'aurais tellement voulu vivre ça. Est-ce qu'on l'aurait vraiment fait ? On aurait réellement fondé notre famille et on aurait vécu ensemble pour le restant de nos jours ? Je ne connaîtrai jamais la réponse, mais promets-moi que tu feras tout ça avec le véritable amour de ta vie.
En débarquant dans vos vies, j'ai détruit plus de choses que je n'en ai réparées, alors promets-moi de m'oublier et d'être heureux. Je veux que tu trouves celui ou celle qui saura t'apporter tout ce dont tu as besoin et je veux que tu connaisses un jour le bonheur d'avoir ta propre famille. Tu le mérites, plus que n'importe qui d'autre sur cette terre.
Je sais qu'en lisant ceci, tu dois te haïr, me haïr, mais ne le fais pas. Tu n'aurais rien pu faire pour empêcher tout ça de se produire, je suis une vraie tête de mule, tu le sais. Je suis parti, mais je l'ai fait en étant heureux parce que tu m'as aimé. Durant tous ces moments passés à tes côtés, j'ai su ce que c'était d'être réellement comblé de bonheur et pour cela, je t'en serais éternellement reconnaissant. Tu m'as rendu heureux Jungkook et c'est tout ce que tu dois retenir de tout ça.
On était heureux et on s'aimait, mais à présent, tu vas devoir faire le deuil de tout ça et aller de l'avant.
Je t'aime grincheux.
Jimin "
Des larmes avaient été versées pendant la rédaction de cette lettre, les sphères d'encre et de papier gondolé en étaient la preuve. À présent, Jimin était prêt. S'il mourait ce soir, il ne lui resterait rien à accomplir.
Tout en laissant son esprit divaguer dans des souvenirs bien précis, le blond s'attela à ranger ses affaires dans la vieille boite à chaussure, qu'il déposa ensuite sur la table basse du salon.
Ses pensées furent écourtées par la sonnette qui retentit entre les murs de l'appartement. Jimin savait qui l'attendait derrière la porte, et même si cette personne était là à sa demande, son estomac se tordit douloureusement. Une part de lui espérait que Jungkook viendrait le rejoindre, il en ressentait tellement le besoin, cependant, les minutes s'écoulaient, et le brun n'avait plus donné signe de vie.
D'un pas lent, débordant d'appréhension, le jeune médium marcha jusqu'à l'entrée, suivi de Zeus qui ne le quittait pas. Avant d'ouvrir, il jeta un coup d'œil dans le judas, puis abaissa la poignée.
— Salut, lui sourit Julian.
— Bonsoir, merci d'être venu. Entrez, l'invita Jimin.
— Tu peux me tutoyer, tu sais, incita le grand brun.
Le second propriétaire des lieux acquiesça simplement, et se décala afin qu'il puisse pénétrer dans l'appartement. À quelques pas d'eux, Zeus les attendait, les pattes ancrées dans le sol, son regard perçant verrouillé sur le visiteur inconnu.
— Tu n'as pas peur des chiens ? demanda le médium en marchant vers Zeus qui resta immobile.
— Non, tant qu'ils ne mordent pas, ricana son invité.
Jimin ne releva pas cette plaisanterie et partit en direction du salon. Sur ses talons, Julian le suivit et ce ne fut qu'à cet instant que le berger allemand s'autorisa à bouger. Toujours sur ses gardes, il resta à bonne distance de cet homme qu'il n'avait jamais vu, puis lorsque celui-ci se stoppa, il le renifla, mémorisant son odeur.
— Zeus, va au panier, ordonna tendrement le blond.
Toutefois, l'animal n'obéit pas. À la place, il vint se poster près de lui, le buste bombé et la tête haute. Comprenant sa méfiance, Jimin décida de ne pas insister et le laissa faire ce pourquoi il avait été entraîné.
— Tu es toujours décidé à aller au bout de ton idée ?
— Oui, pourquoi je ne le serais pas ?
— Je pensais que Jungkook parviendrait à t'en dissuader.
— Il a essayé, soupira le plus jeune en détournant le regard.
— D'ailleurs, où est-il ? Je pensais qu'il viendrait m'accueillir avec son arme de service.
— Pas ici. Il... il est parti après notre visite chez toi, et depuis nous sommes en froid, expliqua Jimin.
Ce dernier ne comprenait pas réellement pourquoi il se confiait à cet inconnu, cependant, il se sentait si seul depuis que son amant était parti. Il n'y avait pas que lui qui était distant. Taehyung aussi lui en voulait et il pouvait comprendre cela. Jungkook était son frère, il était évident que son ami serait de son côté, c'était pour cette raison qu'il ne lui en voulait pas. Malgré sa compréhension, leur absence à tous les deux creusait un trou béant dans sa poitrine que personne ne pouvait combler.
Jimin avait peur, oui, il était même terrifié, et leur présence à elles seules auraient suffi à apaiser ce sentiment, mais il devra affronter tout ça, comme il l'avait été jusqu'à les rencontrer, seul.
— Alors qu'est-ce qu'on fait ?
— Tu as ce que je t'ai demandé ?
— Non, les vêtements de Yoongi sont sous scellés, ce sont des preuves à conviction, je n'ai pas pu les prendre. J'ai sa veste qu'il aimait énormément et son bracelet. Est-ce que ça ira quand même ?
— Je ne sais pas, avoua son invité. Rien n'est jamais sûr avec la projection de l'esprit. Tu vas devoir travailler deux fois plus dur et surtout bien te concentrer sur ce que tu veux réellement.
— Je le ferai, assura le plus jeune.
Le regard de Julian se perdit derrière Jimin et se posa sur l'enveloppe posée sur la table basse du salon. À cette distance, il lui était impossible de voir à qui elles étaient adressées, néanmoins il en avait une petite idée. Si son vis-à-vis semblait sûr de lui, cette lettre prouvait le contraire.
— Très bien, il va nous falloir une bassine d'eau, annonça-t-il en reportant son attention sur son hôte.
— De l'eau ? Pourquoi faire ?
— Eh bien, l'eau est un portail puissant vers le monde de l'inconscient et des esprits.
— D'accord, si tu le dis, c'est toi l'expert, répliqua Jimin tout de même sceptique. Je... je vais voir ce que je peux trouver.
— Parfait, souris Julian. Mets de l'eau dans le fond, froide de préférence.
— Froide ? On est en hiver, se plaignit le plus jeune.
Inconsciemment, le jeune médium tentait de repousser le moment fatidique et il savait pourquoi. Toutefois, il ne pourrait pas le faire éternellement alors, il prit une grande inspiration pour se donner du courage et hocha la tête.
— Ok, de l'eau froide. Je vais voir ce que je peux trouver, attends-moi ici.
— Je ne bouge pas, assura son invité.
— Zeus, ordonna Jimin en levant son poing fermé à hauteur de son visage
Habitué à la communication silencieuse, le berger allemand qui s'était finalement allongé, se redressa sur ses pattes et planta ses yeux azur dans ceux de Julian.
— Pourquoi il me regarde comme ça ? demanda-t-il, inquiet.
— Pour rien, reste tranquille et tout ira bien, ricana le blond en partant vers la cuisine.
Jimin trouva dans le garde-manger une grande bassine carrée et en quelques secondes seulement, le fond de celle-ci fut rempli d'eau froide. Il retourna ensuite près de son convive et posa le récipient en plastique sur le sol avant de disparaître dans le couloir. Sur son lit, se trouvait la veste de Yoongi qu'il enfila. Il troqua ensuite son jogging contre un short de boxe, puis son regard se posa sur son miroir, plus précisément sur la photo-cabine qu'il avait prise avec son meilleur ami, quelque temps avant son décès.
Le médium tenait énormément à ces clichés. Ils lui rappelaient un moment de rire qu'il avait partagé avec Yoongi alors, sans hésiter, il prit le morceau de papier plastifié et retourna dans la cuisine. Julian l'attendait, assis sur le canapé, ses yeux noirs rivés sur le berger allemand qui semblait le défier du regard. Entre le salon et l'espace salle à manger, le grand brun avait installé une chaise près de la bassine, faisant comprendre à son hôte que l'expérience se déroulerait ici.
— C'est bon, j'ai tout ce qu'il me faut, annonça-t-il, touchant tendrement la photo qu'il tenait dans sa main.
Il espérait sincèrement que ces deux objets et l'attachement qu'il avait pour eux suffiraient à le mener à la vérité. Julian lui donna quelques instructions et conseils afin que tout se passe pour le mieux, puis, il l'invita à prendre place sur la chaise prévue à cet effet.
— Ok, souffla Jimin en frissonnant lorsque ses pieds nus entrèrent en contact. Putain c'est froid, grommela-t-il, faisant rire son aîné.
— Je n'ai jamais dit que ce serait une partie de plaisir, gloussa le brun pour détendre l'atmosphère. Pense à ton ami, à la dernière fois que vous vous êtes parlé, à un moment fort qui te ramène directement à lui et laisse ton esprit le rejoindre.
— C'est parti, souffla le médium en prenant une grande inspiration.
Avant de fermer les yeux, le blond tourna la tête vers le sas d'entrée qu'il pouvait apercevoir et se figea quelques secondes. Jungkook ne viendra pas, murmura la petite voix dans sa tête. Elle avait raison, son amant, ou peut-être qu'il devait dire, son ex-petit ami, ne viendra pas.
Le dernier brin d'espoir qui avait tenu bon jusque-là se fana et s'évapora, broyant douloureusement sa poitrine.
— J'aurais aimé que tu sois là, chuchota Jimin, un sourire attristé sur les lèvres.
Sentant sa gorge se nouer de déception et de tristesse, le médium prit une grande inspiration et s'installa confortablement tout en fermant les yeux.
— Maintenant, respire lentement. Détends chaque muscle de ton corps et oublie tout ce qui t'entoure.
Jimin s'exécuta. Il repensa à Yoongi, à leur dernière soirée sur la plage. Il se souvient de leurs rires, de leur discussion, de leur toucher. Il se remémora toutes les fois où son meilleur ami avait été là pour lui, qu'il l'avait réconforté et cajolé. Toutes ces images défilaient sous ses yeux clos, tel un film souvenir que son cerveau avait pris soin de stocker au fil des années.
Après de longues minutes, il sentit son corps devenir plus lourd et son esprit se détacher peu à peu, quand il fut soudainement frappé par un souvenir bien plus douloureux. Il se retrouva ce matin fatidique où il avait appris la mort de ce garçon qu'il aimait tant. Cela semblait si réel, à tel point qu'il eut l'impression d'être de nouveau projeté dans cette chambre d'adolescent où il avait tant de fois été battu et enfermé. L'effroi que cela lui provoqua fut si intense que ses yeux s'ouvrirent subitement, faisant trembler son corps. Ses mouvements si brusques firent trembler la bassine qui éclaboussa le parquet autour d'elle, surprenant Zeus qui se redressa en couinant.
— Eh eh, du calme, fit Julian d'une voix douce en posant sa paume sur la cuisse du plus jeune.
— Où... où je suis ? bafouilla Jimin en regardant autour de lui.
— Tu es chez toi Jimin. Respire, tu es en sécurité, tenta l'autre médium.
Ces paroles, le blond les avait entendues tant de fois et quand elles étaient prononcées par l'homme qu'il aimait, ces dernières avaient l'effet calmant escompté. Néanmoins, à cet instant, ce n'était pas le cas. La voix qu'il entendait n'était pas la sienne, ce parfum qui flottait dans l'air n'était pas le sien.
— J-Jungkook, où... où est-il ? demanda-t-il, l'esprit encore embrouillé par cette projection involontaire.
— Je suis désolé, il n'est pas là, répondit son aîné, un sourire compatissant sur les lèvres.
En un éclair, la réalité le frappa de plein fouet. Évidemment, Jungkook n'était pas là. Il l'avait prévenu qu'il ne participerait pas à cela et même si c'était douloureux, le blond ne pouvait pas lui en vouloir.
— Jimin, l'appela doucement Julian en tentant de capter son regard. Où étais-tu ?
— D-dans ma chambre, chez mes parents. Je... Je venais d'apprendre que Yoongi était mort. Ça... ça semblait si vrai, raconta le blond.
— Tu as réussi, le félicita son vis-à-vis. Tu as réussi à projeter ton esprit, mais quelque chose l'a fait dévier vers ce souvenir. Il faut que tu tentes de te concentrer uniquement sur ton ami. Ne laisse rien d'autre te parasiter. Tu ne dois pas laisser tes propres souvenirs interférer avec les siens, sinon tu te perdras.
— C'est plus facile à dire qu'à faire, soupira Jimin en se levant, sans tenir compte de l'eau qui maculait à présent le parquet. Je... je ne vais pas y arriver.
C'était la peur qui parlait. Ce qu'il venait de vivre semblait si vrai qu'il en avait la nausée. Revivre le moment où sa vie avait totalement basculé fut bien plus violent qu'il ne le pensait et désormais, il était horrifié à l'idée de le vivre, encore et encore.
— On peut arrêter là si tu le souhaites. Je ne te force à rien, assura Julian avec bienveillance avant de reprendre d'une voix bien plus profonde et assurée. Cependant, si tu décides de poursuivre, je connais une autre méthode. Elle est plus brusque et dangereuse, mais elle te permettrait d'être totalement protégé de ces souvenirs qui te parasitent.
Posté devant la baie vitrée, fixant l'océan et l'ongle de son pouce entre ses dents, Jimin se tourna lentement vers son aîné, intrigué.
— Qu'est-ce que tu proposes ?
— L'immersion totale.
— Comment ça ? questionna le plus jeune, les sourcils froncés.
— Il faut que tu meures.
— P-pardon ? bafouilla Jimin.
En prononçant ce mot, le blond recula d'un pas, mettant ainsi une distance raisonnable entre lui et cet homme en qui il commençait à regretter d'avoir placé sa confiance. Captant l'inquiétude de son jeune maître, Zeus se leva et vint se placer devant lui, grognant faiblement, ses babines retroussées et les crocs apparents.
— Non, ce n'est pas ce que tu crois. Je ... je me suis mal exprimé, tenta Julian, effrayé par l'agressivité subite du chien noir. L'immersion totale consiste à te plonger entièrement dans l'eau jusqu'à ce que tu sois inconscient. L'eau va créer une sorte de bouclier entre toi et le monde des esprits. Elle laissera l'espace à ton esprit pour voyager, mais empêchera tout ce qui peut être nocif pour ton voyage de venir te perturber. Tu... tu ne meurs pas vraiment, disons que tu seras entre les deux mondes. Pour toi, ça dura peut-être longtemps, mais en réalité, ça ne prendra qu'une poignée de minutes. C'est... comment expliquer. C'est comme si le temps ralentissait. Quand tu auras trouvé ce que tu cherches, ton corps reprendra conscience, mais surtout, une fois là-bas, tu devras rester très calme. La panique et le moindre choc peuvent provoquer un arrêt cardiaque, expliqua-t-il.
Jimin le sonda de longues minutes qui semblèrent une éternité pour l'autre homme qui ne cessait de fixer les crocs acérés de Zeus. Le jeune médium était perdu entre la soif de vérité et la peur d'échouer. Serait-il assez fort pour revenir ? Puis, il pensa, qu'avait-il à perdre ?
— Je vais le faire.
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Quinze minutes plus tôt
20:15
Résidence Kim
La voix du présentateur du journal télévisé comblait le silence qui s'était installé dans la maison depuis que Jungkook s'était retrouvé seul avec Lilith. Les deux amis se trouvaient dans la cuisine, préparant le repas. Invité depuis deux jours maintenant chez son frère, le commandant avait décidé de se rendre utile et avait donc prêté main forte à la jeune femme.
Même s'il voulait bien faire, l'esprit du brun était totalement ailleurs, le rendant maladroit au possible.
— Non Kook ! C'est le sucre, ce que tu tiens dans ta main, l'avertit Lilith en voyant que son aîné s'était trompé.
— Désolé, soupira ce dernier en posant le récipient en verre sur le plan de travail.
— Eh, si tu me disais plutôt ce qui se passe dans ta tête ? T'es complètement ailleurs
— Rien je...
Jungkook se tut, baissant les yeux sur ses doigts qui triturait nerveusement le couvercle en métal. Ce qu'il y avait dans sa tête ? Jimin. Il n'avait que ça à l'esprit depuis sa conversation avec son frère. Son amant allait-il passer à l'acte ? Avait-il déjà commencé ? Que faisait-il ici ? Pourquoi n'était-il pas avec lui ? Allait-il réellement laisser son égo gagner la bataille ?
— Tu penses à Jimin pas vrai ? lui demanda Lilith, même si elle connaissait déjà la réponse. Si ce qu'il s'apprête à faire est aussi dangereux que tu le penses, alors qu'est-ce que tu fais encore là ?
— Tu... tu es au courant ?
— Pour les fantômes ? lui sourit la jeune femme, récoltant une réponse silencieuse. Oui, j'ai entendu votre conversation hier soir, et Tae m'a tout expliqué. J'aurais préféré l'apprendre de la bouche du concerné, mais tant pis.
— Ne sois pas en colère contre lui. Il voulait te le dire, mais il ne savait pas comment.
— Je ne suis pas en colère, assura la brune. J'avoue que j'étais vexée, hier, mais je comprends pourquoi il l'a fait.
Jungkook hocha lentement la tête, le regard fuyant. Une guerre interne faisait rage en lui, fissurant toujours un peu plus les barrières que sa raison avait irriguées autour de son cœur.
— Kook, appela tendrement Lilith, attirant son attention. Tu meurs d'envie d'être à ses côtés, pourquoi es-tu encore ici ?
— Parce qu'il est égoïste, il se fiche de ce que je ressens, de ma peur de le perdre. Il ne m'a pas écouté, même après que je l'ai supplié.
— Donc tout ça, c'est une question d'égo ? supposa la psychiatre avant de prendre une grande inspiration. Jungkook, l'égoïsme n'a pas de place dans une relation, mais l'égo non plus.
Ces paroles, aussi simples furent-elles, lui firent l'effet d'une gifle. Lilith avait raison, il ne pouvait pas laisser l'égo et la peur qui le dévoraient remporter la bataille. Jimin avait besoin de lui, il s'était confié sur le désarroi qu'il éprouvait à l'idée d'affronter cette situation seul et en tant que petit ami, son devoir était de le soutenir, même dans les pires moments.
— Tu as raison, lança le brun d'une voix plus assurée. Je suis désolé, je crois que je ne serai pas là pour le dîner.
— Ce n'est pas grave, lui sourit son amie. Va retrouver ton homme et fais en sorte qu'il nous revienne.
Le commandant hocha simplement la tête et partit en trombe vers le hall d'entrée où il vit Taehyung, qui sortait de la salle de bain. Confus par la précipitation de son frère qui se chaussait, ce dernier accéléra le pas jusqu'à lui.
— Où tu vas ? demanda-t-il.
— Là où je devrais être depuis le début. Je rentre à la maison. Jimin a besoin de moi.
Un large sourire prit vie sur les lèvres du lieutenant qui pressa l'épaule de son cadet, lui communiquant ainsi la fierté qu'il éprouvait.
— Je viens avec toi, déclara le châtain.
— Tu n'es pas obligé.
— Si. C'est mon petit frère, sourit Taehyung en enfilant ses baskets. Bébé, dîne sans nous. Je reviens dès que je peux.
— Soyez prudent ! répondit la jeune femme depuis la cuisine.
Sans attendre, les deux frères quittèrent la maison pour rejoindre l'Audi qui était garée non loin. Sur le chemin, Jungkook sentit son téléphone sonner dans la poche de son treillis. Il ralentit le pas afin de prendre l'appel et plaça l'appareil contre son oreille.
— Jeon.
— Jungkook, c'est moi, répondit son interlocuteur.
— Namjoon ?
— Oui. Écoute, je... je crois qu'on a un problème.
Le corps du policier se figea sur place quand il perçut l'inquiétude dans la voix du hacker. Qu'est-ce qui pouvait le mettre dans cet état ?
— Tu as trouvé quelque chose ?
— Oui. Je sais qui a tué Yoongi.
La suite de la conversation résonna dans les tympans du commandant. Quand il entendit le nom de l'homme responsable du malheur de son amant, des sueurs froides le traversèrent tandis qu'il sentit son cœur tomber à ses chevilles.
— Tu es sûr de toi ?
— À deux mille pourcents. C'est lui, j'en suis persuadé. J'ai pu pirater la mémoire de leur serveur de vidéo surveillance, annonça Namjoon d'une voix grave. Jungkook, j'ai tout ce qu'il faut pour l'inculper, mais ça nous dépasse tous les deux.
— Écoute-moi Nam, somma le tatoué. Tu vas mettre toutes ces informations sur une clé cryptée et tu vas venir me l'amener chez moi. Ne parle à personne, ne fait pas de détour. Tu montes dans ta voiture et tu ne t'arrêtes qu'en arrivant chez moi compris ?
— Oui.
— Merci vieux.
Sans rien ajouter, Jungkook mit fin à l'appel et courut jusqu'à sa voiture. Il s'installa derrière le volant et mit le contact avant de démarrer en trombe, faisant grincer les pneus de la berline sur le bitume humide. La panique qui déformait ses traits attira l'attention de son frère.
— Kook, qui c'était au téléphone ? demanda-t-il.
— Namjoon, répondit le brun avant de planter son regard dans celui de son meilleur ami. Tae, on est dans une merde noire.
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20:25
Résidence Jeon
La porte de l'appartement s'ouvrit dans un fracas qui fit trembler les murs. Sans prendre le temps de se déchausser et ignorant Zeus qui avait couru jusqu'à lui, Jungkook se précipita dans l'appartement, suivi de son frère qui avait perdu son sourire et dont le teint était plus pâle que celui d'un cadavre.
— Jimin ? cria le brun en traversant le salon. Jimin ? Où es-tu ?!
Sa voix tremblante transmettait toute la peur et l'angoisse qu'il ressentait, et le manque de réponse à son appel ne faisait qu'accroître tout cela. Alors qu'il se dirigeait vers le couloir, du mouvement dans la salle de bain attira son attention. À l'affût, il sortit son arme de service qu'il avait prise dans sa voiture et marcha jusqu'à la porte entre-ouverte. Son pouls tambourinant dans ses tympans, il poussa le battant et l'image qui s'offrit à lui le figea sur place, stoppant soudainement les battements de son cœur.
— Non, non, non !
L'effroi dans sa voix fit sursauter Taehyung qui était encore dans le couloir. Lorsqu'il vit son frère entrer à toute vitesse dans la pièce, il le suivit. Le châtain vit alors son meilleur ami se jeter près de la baignoire dans laquelle le corps de Jimin était immergé.
— Ne fais pas ça ! Ne le touche surtout pas ! lança une voix provenant d'un coin de la pièce.
Totalement concentré sur leur cadet, aucun des deux policiers n'avait remarqué la présence de Julian jusqu'à ce que celui-ci ne prenne la parole. Quand il le vit enfin, le visage de Jungkook passa de la terreur à une rage meurtrière. D'un bond, il se redressa et se jeta sur l'autre médium. Ses mains puissantes, mais tremblantes, saisirent le col de son pull, puis il le plaqua contre le mur. Sa colère était telle que le brun en oublia la présence du miroir, le brisant sous la force du coup.
— QU'EST-CE QUE TU LUI AS FAIT ?! vociféra Jungkook en resserrant sa prise autour de sa gorge.
— R-rien. Je... je ne lui ai rien f-fait, articula difficilement Julian, la trachée broyée par la paume droite du commandant.
En voyant le visage défiguré par la colère de son frère et la peau de l'autre homme virer au rouge, Taehyung décida de l'arrêter avant que le médium ne se transforme en cadavre.
— Jungkook, lâche-le, tu vas le tuer.
Le brun était enragé, mais il ne l'était pas contre Julian, il l'était contre lui-même. Voyant que son prisonnier tentait de parler, il le libéra enfin sans pour autant lui laisser de l'espace.
— Il... il n'est pas mort, mais si vous le sortez de l'eau, ça le tuera.
— Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda Taehyung bien plus calme que son cadet, quoique tout aussi inquiet.
— La projection a commencé. Nous avons essayé de le faire d'une autre façon, mais il n'a pas réussi, expliqua-t-il en massant sa gorge marquée des doigts de son assaillant.
— Alors, tu l'as noyé ! l'accusa Jungkook, les poings serrés.
— Il n'est pas mort ! réitéra Julian d'un ton plus dur, son regard ancré à celui du capitaine. Si tu avais été là, tu le saurais.
À peine ses mots eurent quitté sa bouche, le médium le regretta et pour cause, cela fut suffisant pour que Jungkook ne laisse parler sa colère. Avant même qu'il n'ait le temps de l'arrêter, le poing du commandant vint s'écraser contre sa joue avec un telle force, qu'il sentit sa mâchoire craquer sous ses phalanges.
— Ferme ta gueule ! argua le policier.
— Eh eh ! Ça suffit ! s'interposa Taehyung en saisissant le col de son frère avant de se tourner vers l'autre homme. Toi, sors d'ici ! ordonna-t-il en lui faisant signe de s'en aller.
Quand ils furent enfin seuls, le lieutenant planta ses yeux dans le regard brillant de son frère. Il y vit toute la culpabilité et la terreur qui le consumaient lentement.
— Écoute-moi, tu vas rester ici et veiller sur lui. Je sais que tu en meurs d'envie, mais ne le sors pas de l'eau. Si j'en crois ce que j'ai lu, Julian a raison, ça le tuera.
— Eh s'il... Tae, j'aurais dû...
— Non non non, tu vas prendre une grande inspiration et te calmer ! Ce n'est pas le moment pour ça, tu dois te ressaisir et vite. Maintenant qu'on a le fin mot de cette histoire, on va devoir faire les choses correctement et j'ai besoin que tu sois à deux cents pourcents avec moi. Jimin est fort. Il va revenir. Ok ?
La voix de Taehyung était implacable, débordante d'assurance. Il n'était plus seulement lieutenant de police, à cet instant, il était un grand frère qui devait gérer une situation qui le dépassait totalement. Si Jungkook flanchait, il devait être assez fort pour eux deux et il le serait. C'était son rôle.
— Je vais aller poser quelques questions à Julian, annonça-t-il d'une voix plus douce. Tu m'appelles si tu vois qu'il y a un souci.
— O-ok, acquiesça Jungkook, le regard rivé sur le corps de son amant.
Satisfait, le châtain quitta la pièce pour rejoindre le salon où l'autre homme les attendait. Il le retrouva assis sur le canapé, ses prunelles perdues dans le vide.
— Très bien, raconte-moi tout depuis le début et je te conseille de ne rien oublier parce que si c'est lui qui te pose la question, tu finiras à l'hôpital.
Tout en massant sa mâchoire endolorie, Julian hocha la tête et se lança dans une grande tirade.
Dans la salle bain, Jungkook s'était agenouillé sur le sol près de la baignoire. Avec prudence, afin de ne pas agiter l'eau qui recouvrait le corps de son amant, il saisit sa main inerte et la caressa avec son pouce. Julian avait raison, il aurait dû être là. À présent, il ignorait où était l'esprit de son amant, ni même s'il reviendrait.
— Je t'en supplie bébé, reviens-moi, murmura-t-il, tandis qu'une larme orpheline ruisselait sur son visage avant d'aller rejoindre l'eau du bassin.
Ce que le commandant ignorait, c'était que ses paroles furent entendues, faisant écho dans un monde où toutes les lois de l'univers et de la raison n'existaient plus, un monde où seuls les esprits avaient le contrôle, celui où Park Jimin s'était perdu.
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Une forte odeur de camphre arriva aux narines de Jimin qui retrouva subitement la vue. Allongé sur le ventre, il sentit un courant d'air frais effleurer sa peau, provoquant ainsi un frisson sur son épiderme brûlant.
Confus quant à l'endroit où il se trouvait, son esprit ordonna à son corps de bouger, mais rien n'arriva. Il resta statique, fixant ce mur blanc immaculé. À cet instant, il ne ressentait rien à part un vide immense qui creusait sa poitrine. Pourquoi se sentit-il ainsi ? Où était-il ?
— C'est bon, on a terminé, tu peux aller te laver, lança une voix rauque qui lui était étrangère.
Tel un robot branché sur pilote automatique, le corps du médium bougea enfin et quand il se retourna pour s'asseoir sur le matelas, plusieurs détails le frappèrent. Le premier fut sa nudité et ses hanches qui présentaient encore des traces de doigts bien trop grands pour être les siens. Ensuite, ces jambes n'étaient pas à lui et quand il réalisa à qui elles appartenaient, il voulut écarquiller les yeux, mais encore une fois, rien ne se passa. Ce n'était pas son corps, mais il savait à qui il était.
Yoongi.
C'était le sien et il en eut la certitude lorsqu'il vit ses mains apparaître dans son champ de vision avant qu'elles ne plongent dans ses cheveux.
Sans le moindre contrôle sur la situation, Jimin se vit quitter le grand lit dont les draps étaient froissés, puis son regard se posa enfin sur le corps d'un autre homme. Ce dernier était de dos, lui aussi totalement nu. Il fixait le panorama que lui offrait l'immense mur de verre, une coupe de champagne à la main. De sa place, il lui était impossible de voir son reflet et s'il avait été dans son corps, il aurait très certainement ressenti une immense frustration.
— Tu trouveras tout ce qu'il te faut dans la salle de bain. Dépêche-toi, j'ai autre chose à faire.
Jimin, ou plutôt Yoongi, acquiesça sans prononcer le moindre mot puis entra dans la salle de bain. D'un geste lent, il referma la porte et se tourna vers le miroir accroché juste au-dessus de l'évier. Ce ne fut qu'à cet instant que le médium vit enfin le visage de son meilleur ami. Ce dernier était recouvert par un masque chirurgical qu'il enleva avant de prendre une grande inspiration.
En croissant son propre reflet, la première émotion qui le traversa fut un immense dégoût pour lui-même, à tel point qu'il fut obligé de détourner le regard. Sans perdre plus de temps, le mentholé entra dans la douche italienne et se lava, frottant sa peau opaline avec une telle force que c'en était douloureux. Il faisait cela après chaque rapport avec ses clients, voulant se débarrasser de ces touchers qu'il n'avait pas désirés.
Après chaque rapport, le dégoût de soi était plus fort que la fois précédente et bien souvent, il laissait les larmes le quitter lorsqu'il était sous la douche à l'abri des regards.
Une fois qu'il fut débarrassé de toute trace de cet homme répugnant et du moindre fluide sur son corps, Jimin sentit l'enveloppe charnelle qu'il occupait quitter la cabine. Il saisit ensuite la serviette et se sécha avant de s'habiller.
Simple spectateur, Jimin laissait ses membres agir d'eux-mêmes jusqu'à ce qu'il ne se fige brusquement. En tendant l'oreille, le médium put entendre plusieurs voix provenant de la chambre. Il eut la certitude qu'il y avait trois hommes, et surtout, l'une d'elle lui semblait bien trop familière, faisant naître en lui une sensation étrange et désagréable. Curieux, sa main droite abaissa lentement la poignée et entre-ouvrit la porte, juste assez pour que la discussion devienne plus nette.
— Que fais-tu là ? demanda son client d'un ton dur, presque menaçant.
— Tu m'as dit de venir te voir lorsque tu seras en ville, alors me voici, répondit le deuxième homme.
C'était celle-là, cette voix tonitruante et profonde provoqua un frisson désagréable dans tout son corps. Il connaissait cet homme, il en avait la certitude, alors pourquoi son cerveau refusait de mettre un visage et un nom sur celle-ci.
— Ce n'est pas le moment. Je ne suis pas seul.
Subitement, Jimin sentit son corps se crisper puis il tourna le robinet de la douche, laissant l'eau couler dans la cabine. Quand il entendit les deux hommes reprendre le cours de leur conversation, il comprit ce geste, et s'il avait pu, il aurait très certainement souri face à l'ingénierie de son meilleur ami. Faire croire qu'il était encore sous la douche afin qu'on ne le suspecte pas d'écouter leur discussion, il fallait y penser.
— D'après ce que je vois, ton invité ne peut pas nous entendre. Alors, que me veux-tu ?
— Il est temps que je prenne le contrôle de cette situation. Les élections approchent à grands pas, et Heo Joon-ho commence à devenir gênant. J'ai entendu dire qu'il avait des informations sensibles à ton sujet.
— Comment ça ? demanda l'inconnu.
— Eh bien, d'après ce que je sais, il a la preuve de tes détournements de fonds et d'autres éléments qui pourraient bien te mener à ta perte, divulgua son client, un point d'insolence dans la voix.
— Que comptes-tu faire ?
— Le tuer. Enfin, pas moi. Je ne me salirai pas les mains, ricana-t-il. C'est toi qui vas t'en charger. Débrouille-toi comme tu veux, engage un tueur, mais qu'il soit efficace et ne laisse aucune trace.
— Quand ? demanda l'autre homme.
— Il sera à Busan dans deux jours, accompagné du président Moon. Débarrasse-toi de lui et ainsi, je pourrais prendre sa place et nous n'aurons plus rien à craindre.
Que venait-il entendre ? Avait-il halluciné ? Son client et son invité prévoyaient de tuer le premier ministre et il avait tout entendu. Pris de panique, ses jambes laiteuses flanchèrent, lui faisant perdre l'équilibre. Le corps que le médium occupait entra violemment en contact avec la porte qui se referma brusquement, provoquant un bruit sourd dans la chambre.
Le cœur tambourinant dans cette poitrine qui n'était pas la sienne, Jimin sentit une peur effroyable le posséder. Les mains tremblantes, il enfila précipitamment son gilet, ainsi que son masque et sa casquette. Il ne pensait qu'à une chose, quitter cet endroit en quatrième vitesse et se rendre au poste de police le plus proche. Non. Il ne pouvait pas faire ça. Qu'allait-il leur dire ? Qu'il avait entendu que deux hommes, dont il ne savait rien, prévoyaient d'assassiner le premier ministre ? Qui croirait un prostitué ? Personne. Lui-même n'était pas sûr de ce qu'il avait entendu. Peut-être avait-il halluciné ? Oui, c'était cela, il avait halluciné.
Tandis que le cerveau de son meilleur ami se persuadait que rien de tout cela n'était vrai, Jimin lui, savait que si. Voilà pourquoi Yoongi avait été tué. À présent, il devait découvrir qui étaient ces deux hommes, mais pour cela, il devait quitter cette pièce.
Il fallut quelques minutes à ce corps pour reprendre contenance et agir. Il s'apprêtait enfin à sortir de la salle de bain, quand la porte s'ouvrit brusquement sur un homme que Jimin reconnut immédiatement. Sa grande taille, ces épaules larges, ces yeux sombres comme le néant et ce crâne dégarni, c'était lui, Bradley Murphy.
— Sors de là, ordonna-t-il.
Le visage dissimulé par la visière de sa casquette, Jimin sentit sa tête se baisser et bientôt, il ne vit que le parquet brillant de la chambre. L'ambiance autour de lui était angoissante et pesante, bien trop pour être normale.
Même en sachant qu'un autre homme se trouvait dans la pièce, les yeux du mentholé restèrent figés sur le sol, pourtant son ouïe était à l'affût du moindre mouvement. Il pouvait sentir son regard oppressant sur sa personne et cela ne faisait qu'accroître son angoisse qui était déjà à son paroxysme.
— Ton argent est déjà dans ton sac, annonça son client.
Sa voix soudaine le fit sursauter, mais il ne leva pas la tête.
— Merci monsieur, répondit-il en s'inclinant poliment.
L'esprit de Jimin lui hurlait de lever les yeux afin qu'il puisse enfin voir le visage de cet homme qu'il craignait tant, mais en vain. Ce fut en gardant cette position de soumission que le corps de Yoongi marcha jusqu'au hall de la chambre.
En arrivant dans le hall de la chambre, Murphy ouvrit la porte, l'invitant ainsi à quitter les lieux. La dernière étincelle d'espoir de connaître enfin la vérité était sur le point de quitter l'esprit médium lorsqu'il sentit sa tête se lever faiblement, rencontrant le miroir qui était à sa droite.
Le soir de sa mort, Yoongi avait vu le visage de son tueur, mais pas que. Il avait également reconnu celui de l'homme qui aurait pu lui sauver la vie, mais qui n'avait rien fait. À présent, Jimin aussi savait. Il ne lui avait fallu qu'une fraction de secondes et toute son attention pour avoir enfin la réponse qu'il cherchait depuis huit ans.
S'il avait été dans son propre corps, le jeune médium se serait probablement écroulé, il aurait très certainement vomi tant ses entrailles étaient broyées, il aurait hurlé de douleur et de peine, pourtant il ne put rien faire de cela. À la place, il sentit ses jambes sur lesquelles il n'avait aucun contrôle le porter enfin hors de cette pièce dont l'air était devenu rare.
Quand, il entendit la porte se refermer derrière lui, le corps de Yoongi se mit à courir vers la cage d'escalier qu'il descendit à toute vitesse pour rejoindre le rez-de-chaussé. Terreur, panique, confusion, voilà les émotions qui traversèrent son meilleur ami lorsqu'il se retrouva dehors.
— Je... je dois me tirer d'ici.
Sans attendre plus longtemps, il s'éloigna de l'hôtel et s'engagea dans une ruelle. Quand Jimin reconnut l'endroit, il crut défaillir. C'était ici. C'était dans cette rue où tout s'était terminé. Il voulait crier à Yoongi de fuir aussi vite que possible sans se retourner. Il désirait plus que tout prendre le contrôle de ces jambes qui avançaient bien trop lentement à son goût, mais rien n'arriva. À la place, il sentit sa main droite saisir le téléphone qu'il avait gardé dans la poche de son jean. Sans précipitation, le médium vit son pouce ouvrir une conversation, et rédiger une simple phrase, mais qui fut dévastatrice pour lui.
💬 À Min' – 23:08
Désolé Min, j'ai fini plus tard que prévu. On se voit demain ? Je t'aime petite tête ❤️
Alors qu'il s'apprêtait à envoyer ce message, du mouvement se fit entendre derrière lui, toutefois, avant qu'il n'ait le temps de se retourner, un bruit sec et fort déchira l'air. En une fraction ce fut la fin, le trou noir.
La seconde qui suivit, Jimin fut traversé par une douleur semblable à celle d'un coup de poignard en plein estomac. Celle-ci, il la connaissait bien, il l'avait vécu.
Quand il ouvrit de nouveau les yeux, il n'était plus dans l'enveloppe charnelle de Yoongi, il était lui, dans son propre corps. La première chose qu'il fit, fut d'observer autour de lui et il vit au loin, un homme qu'il reconnut sans mal, s'éloigner après avoir commis son crime. La rage qu'il ressentait le poussait à le poursuivre, mais il ne fit rien. À la place, son attention fut captée par une scène qui lui fendit le cœur et lui donna envie de hurler. À ses pieds, à la place même où il s'était tenu quelques secondes plus tôt, face contre terre, gisait le cadavre de son meilleur ami.
— Yoon, murmura-t-il, la gorge nouée tout en se laissant tomber à genoux. Yoon s'il... s'il te plaît r-réveille toi.
Pendant qu'il implorait, ses mains tentèrent de le toucher, mais celles-ci le traversèrent et il comprit. Il était encore prisonnier de la projection, ce qui voulait dire que rien de tout ça n'était réel. Dans ce cas, pourquoi cette douleur dans sa poitrine était-elle si virulente ?
— Yoon, appela-t-il à nouveau.
— Je t'avais dit de rester en dehors de ça, lança une voix grave qu'il reconnut immédiatement.
Les yeux brouillés par les larmes qui ne coulaient pas, Jimin tourna la tête pour croiser les orbes sombres de Yoongi. Ce dernier se tenait à quelques pas de lui, les mains dans les poches de sa veste. Son visage ne dégageait que tristesse et compassion.
— P-pourquoi tu ne me l'as pas dit ? demanda le médium en se relevant.
— Parce que je savais que ça te briserait.
Il avait raison. Voir de ses propres yeux ce qui lui était arrivé, avait brisé quelque chose en lui, pire, il se sentait coupable. Une culpabilité imposée par un tiers qui avait assisté à tout cela sans rien faire.
— Je suis désolé, murmura-t-il.
— Ne le sois pas. Tu n'as rien fait de mal. Mon seul regret est de ne pas avoir pu envoyer ce message.
La tristesse qui prenait Jimin à la gorge l'empêchait de respirer, mais est-ce que c'était réellement cela ? Était-ce l'émotion ? Ou bien...
— Yoon, je... je n'arrive p-plus à r-respirer.
Ce n'était pas l'émotion. Non, Jimin n'arrivait plus du tout à respirer. Pire, il avait l'impression que ses poumons se remplissaient d'eau. Cette sensation devint bien réelle lorsqu'il ouvrit la bouche et qu'une quantité impressionnante d'eau sortit de sa bouche et de son nez.
Ce fut à cet instant qu'il comprit, il était réellement en train de se noyer. Julian l'avait prévenu, mais il n'avait pas écouté.
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20:31
Jungkook continuait de veiller sur le corps de son amant lorsqu'il sentit que quelque chose n'allait pas. Inconscient et toujours dans l'eau, Jimin sursauta, puis en une fraction de secondes, son corps fut pris de violentes convulsions qui n'annonçaient rien de bon.
Affolé, le commandant ne tint plus compte des consignes de Julian et extirpa son corps de l'eau.
— TAEHYUNG ! cria-t-il, la voix débordante de désespoir. Non, déconne pas. Allez Jimin, je t'en supplie, implora le brun en l'allongeant sur le carrelage.
— Qu'est-ce qui se passe ? demanda Taehyung en débarquant dans la pièce, suivi de Julian.
— Je n'en sais rien. Tout allait bien et subitement, il a commencé à convulser, expliqua Jungkook, horrifié.
— Il... il a dû subir un choc pendant la projection, annonça le médium qui se tenait debout sur le pas de la porte.
— Un choc ? Comment ça ?
— Je ne sais pas, il a dû voir quelque chose qui l'a perturbé ou effrayé.
Les deux frères se regardèrent et sans dirent un mot, ils se comprirent. Si Jimin avait appris la vérité, cela était suffisant pour le mettre en état de choc. Ne tenant plus, Jungkook prit son pouls et quand il ne sentit rien, son cœur tomba au sol.
— Tae, je n'ai pas de pouls, hoqueta le tatoué en proie à la terreur. Il... Il ne respire plus.
— Je commence le massage cardiaque. Toi, appelle une ambulance ! ordonna le châtain en s'adressant à Julian.
Le concerné hocha la tête et quitta la pièce, son téléphone en main. Sur le sol de la salle de bain, Taehyung et son frère s'attelèrent au massage cardiaque, priant pour que cela suffise à ramener leur cadet. Pendant que son aîné pressait le sternum de Jimin, le commandant comptait chaque compression afin de savoir exactement quand lui insuffler de l'air. Ils réitérèrent le massage durant ce qui semblait une éternité, mais le médium ne réagissait pas.
Jungkook sentait son cœur se dématérialiser à chaque seconde et malgré lui, les larmes ruisselaient sur son visage.
— Allez, je t'en supplie, reviens, implora-t-il en caressant ses cheveux.
Ayant déjà vécu cette situation, Taehyung savait qu'après un certain temps, cela ne servait à rien de continuer à malmener le corps du noyer. Ce fut alors l'âme hurlant de tristesse qu'il cessa le massage cardiaque. En voyant cela, Jungkook leva subitement la tête vers lui, confus.
— Q-qu'est-ce que tu fais ?
— C'est fini Kook, déclara-t-il d'une voix basse, les yeux rougis par les larmes.
— Non ! cria le plus jeune, la voix brisée par la peine. Pousse-toi !
Sans la moindre tendresse, Jungkook bouscula son frère et prit sa place. Il positionna ses mains sur son thorax, et reprit le massage. Ce n'était pas fini. Il refusait de le perdre, pas comme ça, pas après qu'ils se soient si violemment disputés, pas maintenant alors que Jimin pensait qu'il l'avait abandonné. Non, il refusait cette option, car s'il le perdait, il ne lui restait plus rien.
— Kook, tenta Taehyung sans parvenir à contenir ses sanglots. Kook arrête. Tu ne peux plus rien faire pour lui, fit-il en saisissant ses poignets.
— Non ! Non, c'est pas possible ! Il va se réveiller ! Tae, je peux pas le perdre ! hurla le tatoué aveuglé par la souffrance.
Lorsque son frère tenta de le séparer de son corps, Jungkook se débâtit et rampa jusqu'à lui. Avec délicatesse, il souleva son buste et le ramena contre son torse.
— Bébé, je t'en prie, écoute-moi. Je sais que tu es fatigué, que tu es blessé et que tu penses être seul, mais je suis là. Je suis juste là alors, je t'en supplie reviens-moi, murmura-t-il, son visage enfoui dans ses cheveux humide tandis que son corps se balançait faiblement en avant. Je t'ai promis que je t'épouserai et je le ferai. On partira d'ici. On ira voir le monde ensemble et on l'aura ce bébé. Je te le promets, mais il faut que tu reviennes. Je t'en supplie, sans toi j'y arriverai pas.
Adossé au mur, les larmes ruisselant sur ses joues, Taehyung assistait à la scène la plus déchirante qu'il n'avait jamais vue. Il savait que Jungkook ne se remettrait pas de cette perte, il venait de le voir se briser en morceaux et plus rien ne pourrait le réparer.
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De l'autre côté du voile, perdu dans les souvenirs de son meilleur ami, Jimin s'était écroulé à genoux. Après que l'eau ait cessé d'obstruer ses voies respiratoires, le médium commença à ressentir une douleur foudroyante dans la poitrine. Il avait la sensation que son cœur était broyé dans un étau et sa respiration devenait de plus en plus anormal. Oui, qu'est-ce que chose n'allait pas avec son cœur et la panique qu'il entendit ensuite dans la voix de Jungkook ne fit que confirmer cela.
"Bébé, je t'en prie, écoute-moi. Je sais que tu es fatigué, que tu es blessé et que tu penses être seul, mais je suis là. Je suis juste là alors, je t'en supplie, reviens-moi. Je t'ai promis que je t'épouserai et je le ferai. On partira d'ici. On ira voir le monde ensemble et on l'aura ce bébé. Je te le promets, mais il faut que tu reviennes. Je t'en supplie sans toi j'y arriverai pas."
— Tu dois t'en aller, ordonna Yoongi en se précipitant vers lui.
À présent face à lui, le mentholé se baissa et soutint son meilleur ami afin qu'il se remette sur pied. Il n'y avait qu'ici, dans l'inconscient, que les deux amis d'enfances pouvaient se toucher et se sentir. La part égoïste de Yoongi voulait le garder à ses côtés, mais rien de tout cela n'était réel. Ce n'était qu'un fragment de souvenir qui s'évaporera avec son esprit.
— Je... je veux pas t-te...
— Arrête de discuter. Tu es en train de mourir Jimin. De l'autre côté, ton cœur a déjà lâché. Si tu ne t'en vas pas maintenant, tu ne le reverras plus jamais, argumenta Yoongi en prenant son visage en coupe.
— J-je... et toi ?
— Je suis déjà mort Min, lui rappela le fantôme. Tout ça, ce n'est pas réel. C'est trop tard pour moi, mais pas pour toi. Tu dois rentrer chez toi et je t'en supplie, si tu m'aimes vraiment, arrête de te mettre en danger.
Leur proximité permettait à Jimin de sentir ce parfum si familier qu'il n'avait pas respiré depuis des années et il le sentit encore plus lorsque Yoongi le prit dans ses bras. La dernière fois que c'était arrivé, le médium était dans le coma. De nouveau, tout cela semblait si vrai, pourtant, il était conscient que ce n'était qu'un mirage.
— Je t'aime Yoongi, murmura le blond, son visage enfoui dans son cou.
— Je t'aime aussi petite tête. Je suis désolé pour tout ce que tu as dû endurer par ma faute, mais il est temps que ça cesse. Je te libère de la promesse que tu m'as faite et je te demande de m'en faire une nouvelle.
— L-laquelle ?
— Promets-moi de vivre. Je veux que tu épouses ce grincheux et je veux que tu fondes ta famille. Je veux que tu parles de moi à tes enfants pour qu'ils sachent que j'aurai été le meilleur des oncles.
— Yoon je-
— Promets-le-moi, imposa le mentholé en resserrant sa prise autour de son meilleur ami.
S'il avait pu, Jimin aurait très probablement fondu en larme, mais sans qu'il comprenne pourquoi, il ne pouvait pas.
— Je te le promets, murmura-t-il, ses mains accrochées désespérément à la veste de son ami.
Sans perdre plus de temps, Yoongi se recula et regarda son vis-à-vis une dernière fois. Il lui offrit un sourire rassurant et sans avertissement, il le poussa en arrière. Comme la dernière fois, le médium sentit son corps tomber dans le vide, et de nouveau, il bougea ses mains, tentant de s'agripper à quelque chose pour rester à ses côtés, mais en vain. En une fraction de seconde, tout devint sombre puis, plus rien. Plus de voix, plus de bruit, plus de souffrance, juste le silence et la paix.
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Un silence de mort s'était abattu sur l'appartement en bord de mer. Julian qui avait entendu les cris de désespoirs de Jungkook, n'osait pas quitter le salon. Le visage fermé et le cœur tambourinant dans sa poitrine, il faisait les cents pas alors qu'il attendait les secours qui ne venaient pas.
Dans la salle de bain, seuls les sanglots de Taehyung et les supplications de son frère se faisaient entendre. Malgré ses contestations, Jungkook avait repris le massage cardiaque, refusant de perdre l'amour de sa vie. Chaque fibre de son corps lui criait de ne pas abandonner, qu'il reviendrait, car il le lui avait promis. Leur amour ne pouvait pas se finir ainsi. Jimin n'avait pas le droit de partir en le laissant seul. C'était impossible, pas comme ça, pas après tout ce qu'ils avaient vécu.
— Kook, ça suffit, arrête, conjura Taehyung, ravagé par les larmes.
Ignorant l'intervention de son frère, le tatoué était sur le point de faire du bouche-à-bouche à son amant quand il sentit son thorax se gonfler d'air. Surpris, il se redressa juste à temps pour voir les yeux de Jimin s'ouvrir subitement avant qu'un hurlement d'effroi et douleur ne déchire ses cordes vocales.
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