Chapitre 1 - Un café et une clope

Dᴇ́ʙᴜᴛ ᴅᴜ ᴘʀɪɴᴛᴇᴍᴘs


Ça m'avait pris quand une envie de voler. Rejoindre les nuages, flottant au-dessus de ma ville. Survolé Daegu, touché le soleil jusqu'à m'en brûler les ailes. Mais je n'étais pas un ange.

Pas comme elle.

Aucune idée de son nom au bien de son âge, mais d'ici je peux croire qu'elle n'est pas humaine. La pâleur de sa peau contraste avec l'écharpe framboise qui enroule son cou. A-t-elle froid ?

Elle était belle, mais aussi froide que le marbre. Pas de sourire sur son visage, pas de lueur brillante autour d'elle. Mais je distingue au-dessus de sa tête le halo lumineux qui clignote. Un ange déchu peut-être. Je continue à la regarder faire, ses lèvres se mouvant dans une lenteur extrême, ses cils papillonnent quand a eux a une vitesse folle. J'entends presque le bruit de doigts sur le clavier face à elle. A l'autre bout du trottoir je la guette, j'analyse chacun de ses gestes. Peut-être aurais- je la preuve qu'elle n'est pas humaine.

-Tu sais que ça fait un peu flipper la manière donc tu la regardes ?

-Ça fait combien de temps que tu la guette déjà ?

-Je vous emmerde tous les deux, je réponds à mes deux meilleurs amis.

Je reprends une taffe de ma cigarette toujours en admirant celle qui me tient compagnie à chacune de mes pauses clopes. Enfin, elle ne le sait pas, mais à chaque pause que je fais je la regarde de l'autre côté du trottoir. Ça a commencé il y a un mois et demi. J'étais tranquillement en train de faire ma pause, une cigarette derrière l'oreille, je jouais à un jeu merdique sur mon portable quand tout d'un coup elle est passée à côté de moi. Laissant sur son passage une ligne imaginaire parfumée. Travaillant au milieu des fleurs, j'ai l'odorat terriblement développé, pourtant il était impossible pour moi de trouver une fleur aussi délicieuse que l'odeur sucrée de cette inconnue. Je l'ai suivi du regard, laissant de côté ma partie de téléphone. Puis elle a disparu dans le café au coin de la rue. Ce petit jeu s'est répété le lendemain et le surlendemain.

-Pourquoi tu ne vas pas lui parler ? demande Vernon en écrasant sa clope contre le mur de brique de la boutique de monsieur Hwang.

Je râle en lui faisant les gros yeux. Je déteste qu'on parle d'elle mais aussi qu'il écrase son cylindre de tabac contre le magasin où je travaille.

-C'est vrai, continue notre ami Soon-young, adossé au mur. Lui aussi a les yeux braqués sur la beauté qui sert au comptoir.

- Pourquoi n'ai-je pas pensé à ça avant, je déclare ironiquement. - Merci mon cher Chwe pour ce conseil si pertinent ! Je prend tout de suite note!

Je sais pertinemment que Vernon déteste qu'on l'appelle par son vrai prénom. Je le vois craquer sa nuque. J'ai réussi à l'énerver, donc il va me foutre la paix.

Je change de conversation en ne voulant pas me mettre mes deux meilleurs amis à dos.

- Il arrive bientôt? Putain, Wonwoo a vraiment du mal à etre à l'heure !

Ça m'exaspère et je jette mon mégot sur le trottoir sans prendre la peine de l'écraser.

-Je pense que tu vas vouloir être à sa place, chantonne Vernon, un sourire espiègle au visage.

Je le regarde sans comprendre, puis mon cadet pointe vers le café au bout de la rue. Je peux alors apercevoir mon ange, à la chevelure d'ébène, face à mon ami d'enfance. Leurs chevelures sont aussi noir que le néant. Wonwoo lui sourit amicalement, puis je le vois regarder par la fenêtre. Son regard rencontra le mien, et il arqua les sourcils. Ce petit con me nargue sans vergogne. Il attend patiemment au comptoir pendant que les petites mains de celle qui m'obsède s' efforcent de faire sa demande. J'entends Hoshi et Vernon rigoler dans mon dos. Alors qu'on l'attend depuis plus de quinze minutes, cet enfoiré s'amuse à flirter avec son regard brûlant qui contraste avec sa démarche froide avec la fille qui s'amuse à courir dans mes rêves.

Il sort du café, puis quelques secondes après le voilà qui marche calmement vers nous comme si rien ne s'était passé.

-Tu devrait t'ettouffer avec ton putain de café, je l'insulte à peine arrive-til a notre hauteur.

- Mon cher Seung-cheol a choisi la violence ce matin ? il me répond avec dérision.

- Il a choisi la violence depuis 1995, répond Hoshi en se marrant.

- Je comprends pas mec, la voix de Wonwoo a changé, elle est devenue calme et douce, sans trace de plaisanterie. - Tu travailles à quinze mètres d'elle pourquoi tu n'as jamais eu le courage d'y aller. Je veux dire au moins une fois...

Comme ils l'ont si bien dit. J'avais choisi la violence pas le courage. Je préférais la regarder de loin à chaque pause clope. Je ne vous raconte même pas que ma consommation de clopes avait augmenté au cours de ce dernier mois. Mais Wonwoo avait raison. J'aurais pu y aller une fois, mais non. A chaque fois que je voulais un café à emporter j'allais à l'autre bout de la rue, à la concurrence choisir un café amer, servi par deux connes sans éducation. Je détestais le café là- bas. Mais j'étais sûr de pouvoir parler. L'idée d'aller juste là, sur le trottoir d'en face, commander un café a la merveille que j'observe m'a déjà traversé l'esprit mais j'avais une peur bleu de bloqué face à elle. D'être incapable l'alligné deux mots face son regard , donc je preferait boire un café cher et dégueulasse chez son concurrent direct.

-Comment elle s'appelle ? Je demande à Wonwoo.

-Aucune idée. Tu crois que j'ai mater sa poitrine pour voir son prénom?

-Tu n'as même pas vu comment elle s'appelle ? je lui demande désespérément.

-Non, il prend une gorgée de son café en rigolant. Ce petit bâtard sait très bien comment elle s'appelle. Il veut juste me voir galérer. - Bon y vas nous ?

Il se retourne vers Hoshi et Vernon qui s'amusent à me voir pitoyable face à cette inconnue.

-Vous partez déjà ?

- Mingyu veut voir avec nous pour l'organisation de sa teuf, réponds Hoshi triste que je puisse pas participer avec eux. - Tu viendras, n'est-ce pas ?

- Ça dépend si je travaille le lendemain, je réponds un peu triste.


Mes trois amis et moi avons des vies différentes et des responsabilités différentes. Vernon et Hoshi avait réussi a intégré l'université et Wonwoo avait trouvé un poste dans l'entreprise de son oncle, quant à moi j'avais dû quitter l'école assez tôt pour pouvoir aider ma grand-mère qui avait une petite retraite. Donc beaucoup de fois je n'étais pas invité aux événement sociaux de mes ''amis'' car pour certains je n'étais pas au top, pas assez bien pour pouvoir me relationner avec eux.


-Viens...on sera là, continue Vernon. - En plus, Mingyu t'adore. Tu veux que je te rappelle que le mec a collé un pépin à son propre cousin à cause de toi.

-Pas de ma faute si son cousin est un petit con arrogant...

-Réfléchi, d'accord ? me demande Wonwoo.


Ils me saluent tous et repartent en rigolant.

Je sors de la poche de mon jean délavé mon paquet de clope prêt à m'en griller une dernière avant de reprendre mon service. Je tombe à la renverse quand je vois qu'aucun cylindres ne se trouve dans mon paquet.

-Putain!

En avais-je besoin ? Non. Mais je voulais regarder pendant quelques minutes la serveuse aux cheveux noirs, et à l'écharpe framboise servir ses clients, tout en rêvassant. Un jour aurais-je le courage d'aller lui parler ? Ou même de l'inviter à sortir ? La réponse est non. Car j'en suis pas digne. Je rouspète quand j'entends de l'autre côté de la porte le téléphone du magasin qui sonne. Je me dépêche alors d'aller répondre apeuré que ce soit mon patron qui m'appelle pour me surveiller.


-Boutique de fleurs ''Les Quatres Saisons'', je suis Seungcheol comment puis-je vous aidez?

-Na-Ri. Elle s'appelle Na-Ri.


Mes yeux se posent sur un lys qui éclot fleurit doucement dans son pot.



-Na-Ri...

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