Des Passés Révéler

Le vent hurlait sur le pont, emportant avec lui le froid mordant de la nuit. Sirius avançait, le souffle court, son cœur battant à tout rompre. Remus était là, juste devant lui, silhouette immobile face à l’horizon obscur.

— Remus !

Le brun se figea, mais ne se retourna pas. Sirius s’approcha, refusant cette fois de le laisser fuir.

— Je sais que tu veux encore partir, que tu veux t’enfermer dans ton silence. Mais pas cette fois, Remus. Pas avec moi.

Enfin, Remus se tourna lentement, son visage éclairé par la lueur froide des lampadaires. Ses yeux, chargés d’une lassitude insondable, rencontrèrent ceux de Sirius.

— Qu’est-ce que tu veux ? demanda-t-il d’une voix rauque.

— Je veux comprendre, rétorqua Sirius, sans détour. Tout ce que tu caches. Tout ce que tu refuses de dire.

Un rire amer s’échappa des lèvres de Remus.

— Tu ne comprends pas, Sirius. Tu ne veux pas vraiment savoir. Parce que si tu savais, tu fuirais toi aussi.

Sirius sentit une colère sourde monter en lui.

— Tu crois que je vais fuir ? Tu crois que je suis comme les autres, incapable de voir au-delà des apparences ?

Remus détourna les yeux, fixant un point lointain dans l’obscurité.

— Ce n’est pas toi qui fuiras, Sirius. C’est moi. Parce que je ne sais pas comment faire autrement.

Sirius attrapa doucement son bras, l’obligeant à lui faire face.

— Alors arrête. Arrête de fuir et parle-moi. Je veux tout savoir, Remus. Qui tu es vraiment, ce que tu as vécu. Je veux tout.

Remus inspira profondément, les mains tremblantes. Ses épaules, tendues, semblaient porter un poids qu’il n’avait jamais partagé.

— Tu veux tout savoir ? Très bien, alors écoute, lâcha-t-il, sa voix tremblante mais chargée d’une intensité brute.

Il fit un pas en arrière, brisant la distance entre eux.

— Toute ma vie, on m’a dit que je devais être parfait. Que ma valeur ne dépendait que de mon apparence. J’avais 12 ans quand ma mère m’a poussé dans ce monde. Pas parce que je le voulais, mais parce qu’elle en avait besoin. Elle disait que c’était notre seule chance.

Sirius resta silencieux, absorbant chaque mot.

— À 14 ans, je posais devant des objectifs, des inconnus qui me regardaient comme une chose. Pas une personne, juste une image. Un gamin trop jeune pour comprendre ce qui lui arrivait.

La voix de Remus se brisa légèrement, mais il continua.

— Ma mère… elle voulait que je réussisse. Que je sois admiré, envié. Mais c’était son rêve, pas le mien. Je faisais tout pour elle. Et tu sais quoi ? Quand mon père est mort, elle m’a dit que j’étais tout ce qui lui restait. Que je devais porter ça pour nous deux.

Sirius sentit son cœur se serrer.

— Et puis il y a eu l’accident, murmura Remus, sa voix réduite à un souffle. La voiture, la douleur, le bruit du métal… et elle. Ma mère était à côté de moi. Elle est morte sur le coup.

Il marqua une pause, ses yeux brillants de larmes contenues.

— Je conduisais, Sirius. C’est moi qui étais au volant.

Sirius ouvrit la bouche, mais aucun son n’en sortit.

— J’ai survécu. Avec cette foutue canne et ces cicatrices pour me rappeler tous les jours ce que j’ai perdu. Mais elle… elle n’a pas eu cette chance.

Remus éclata d’un rire amer, un rire chargé de douleur.

— Ironique, pas vrai ? Toute ma vie, elle m’a poussé à être parfait, et à la fin, c’est moi qui l’ai détruite.

Sirius, submergé par l’émotion, fit un pas vers lui.

— Remus…

Mais Remus leva une main, l’arrêtant.

— Laisse-moi finir.

Il inspira profondément, essayant de retrouver son calme.

— Après ça, j’ai tout quitté. Le mannequinat, les projecteurs, les faux sourires. Lily m’a sauvé, d’une certaine manière. Elle m’a aidé à reconstruire quelque chose, une vie simple, loin de tout ça. Mais je n’ai jamais pu fuir ce que je suis.

Remus releva les yeux, les plongeant dans ceux de Sirius.

— Voilà, Sirius. Voilà qui je suis. Un homme brisé, hanté par un passé qu’il ne peut pas réparer.

Un silence pesant s’installa. Puis Sirius fit un pas de plus, comblant la distance entre eux.

— Tu crois que ça me fait fuir ? demanda-t-il doucement.

Remus baissa les yeux, incapable de répondre.

— Remus, tout ce que tu viens de dire… ça ne change rien. Tu n’es pas parfait, et tu n’as pas besoin de l’être. Pas avec moi.
Remus releva la tête, ses yeux pleins de doute.

— Pourquoi ? Pourquoi est-ce que tu t’accroches à moi, Sirius ? Je suis brisé.

Un sourire triste passa sur les lèvres de Sirius. Il inspira profondément avant de répondre, ses mains tremblantes légèrement.

— Parce que je sais ce que c’est.

Remus fronça les sourcils, confus.

— Je sais ce que c’est d’être brisé, continua Sirius. Moi aussi, je l’ai été. Je le suis encore.

Sirius détourna les yeux un instant, comme pour rassembler son courage. Puis il fixa à nouveau Remus, son regard plus intense que jamais.

— Tu sais, je ne t’ai jamais vraiment parlé de ma famille.

Remus hocha légèrement la tête, incertain de ce que Sirius s’apprêtait à dire.

— J’ai grandi dans une maison où l’amour n’existait pas. Seulement des attentes. Être un Black voulait dire être parfait. Parfaitement obéissant, parfaitement conforme à leurs idées, parfaitement… tout. Et si tu n’étais pas parfait, tu étais puni.

Sirius marqua une pause, sa voix devenant plus rauque.

— Ils me battaient. Pas juste moi. Mon petit frère aussi. Regulus.

Remus ouvrit de grands yeux, surpris.

— Ton frère ?

Sirius hocha la tête, un sourire amer sur les lèvres.

— Regulus… Quand je l’ai emmené avec moi, quand j’ai fui cette maison, il était si petit. Il avait sept ans. Moi, j’en avais douze. Je lui ai tout appris. Comment s’habiller seul, comment lire une carte. J’étais son frère et, je l'aimais tellement bordel..

La voix de Sirius se brisa légèrement, mais il continua.

— Je pensais que le pire était derrière nous. Que loin de nos parents, il serait en sécurité. Mais…

Il s’arrêta, son regard se perdant dans le vide.

— Mais la pression, les attentes… elles étaient toujours là. Pas celles de mes parents, mais celles qu’il s’était imposées à lui-même. Regulus était un prodige du violon. À quinze ans, il jouait dans des salles remplies. Des concours, des trophées… Tout le monde le regardait avec admiration.

Sirius secoua la tête, ses poings se serrant.

— Mais ce n’était jamais assez pour lui. Il voulait être parfait. Il croyait que s’il échouait, il me décevrait, que je le verrais comme eux le voyaient.

Remus déglutit difficilement, comprenant peu à peu où Sirius voulait en venir.

— Un soir, il avait seize ans, il a fait une overdose. Des cachets pour tenir, pour dormir, pour calmer la pression… Je ne l’ai pas vu venir.

Sirius s’interrompit, sa respiration tremblante.

— Il est mort  Remus. Je l’ai perdu parce que je n’ai pas su lui montrer qu’il n’avait pas à être parfait pour moi.

Les larmes roulaient maintenant sur les joues de Sirius, mais il n’essuya pas.

— Alors non, je ne te laisserai pas te briser tout seul. Pas toi. Je refuse de perdre encore quelqu’un que j’aime.

Remus resta sans voix, le souffle court. Le poids des mots de Sirius s’insinuait en lui, perçant sa carapace.

— Sirius…

Mais il n’eut pas besoin de dire plus. Sirius combla la distance entre eux et posa une main douce contre sa joue.

— Tu n’as pas à être parfait, Remus. Pas avec moi. Tu peux être brisé. Je le suis aussi. Tu veux te reconstruire. Moi aussi. Je t'aime remus et...

Remus d'une voix tremblante l'arrêta

—  et moi aussi sirius

Remus ferma les yeux, laissant ses dernières défenses tomber il s'approcha de sirius, qui mis sa main sur sa hanche et leur lèvres se rencontrerent dans l'espoir fiévreux de guérir ensemble.

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