Février 1183

Ces derniers temps il avait énormément neigé sur le camps, même circuler se faisait difficile malgré les soldats qui déblayaient les chemins. Ruyk Shimura prit alors ses dernières recrues avec lui pour partir en montagne à cheval, afin d'inspecter le flan de la montagne et s'assurer qu'aucune avalante n'arriverait jusqu'au campement. Il les avait avertit sur les danger importants de leur activité du jour alors tous se faisaient très prudents. Les meilleurs éléments du groupe étaient à l'arrière pour fermer la marche et Makoto se trouvait donc au milieu. 

Le début de leur randonnée se déroulait sans accrocs, ils avaient fait le tour de la montagne du coté du camp et devaient maintenant redescendre sur le flan opposé pour le pas bouger la neige davantage. Seulement, une fois sur le côté, Makoto remarqua en passant une plaque de neige qui ne tenait à pas grand chose... elle allait avertir le chef, mais se rappela que derrière elle se trouvaient les meilleurs et surtout Honoki. Alors elle fit monter légèrement, discrètement son cheval et cela suffit à faire bouger la plaque de neige qui s'affala sur l'arrière entier de la file, peu derrière Makoto. Les chevaux paniquèrent et laissèrent tomber leurs cavaliers pour beaucoup, dont la brune qui tomba dans la neige mais se releva pile à temps pour attraper la main de l'un de ses coéquipier et le tirer hors de l'avalanche. Mais pour les autres il n'y avait plus rien à faire, ils avaient dévalé la falaise avec la monstruosité blanche. 

Lors de cette sortie, Ryuk perdit 4 de ses meilleurs éléments, Makoto perdit 4 coéquipiers. Concurrence évincée, élément perturbateur éliminé. 

Le soir même, le général ne s'est pas rendu au repas. Alors la brune s'est portée volontaire pour lui apporter un plateau. Quand il lui ouvrit la porte elle découvert qu'il n'était absolument pas abattu par la perte de ses meilleurs éléments comme elle le pensait, il était simplement occupé avec une multitude de papiers répandus dans sa chambre. 

- Je vous apporte le repas monsieur Shimura. 

- Hm. Entres. 

Elle entra et lui posa le plateau et allait pour repartir quand il l'attrapa par l'épaule. 

- Restes un instant j'ai à te parler Makoto. 

Un frisson parcourus l'échine de la jeune fille mais elle obéit et vint s'agenouiller avec lui autour de la table basse de sa chambre. 

- Tu n'es pas sans savoir que j'ai perdu mes meilleurs forces aujourd'hui. Alors tu deviens ma meilleure recrue, ton niveau était équivalent de toute façon. Mais maintenant tu vas venir m'aider pour ce qui est stratégie et m'assister dans la formation des autres. Je veux qu'ils atteignent ton niveau, d'ici la fin du printemps. Compris ? 

- Oui chef. Faites appel à moi au moindre besoin.

- Bien. J'en profites pour t'apprendre que j'ai reçu une nouvelle ce matin. Le général Taira no Kiyomori est décédé en 1181. On vient tout juste de l'apprendre car ils avaient bien gardé l'information. Son fils Taira no Munemori a prit la relève mais il est loin d'égaler son père, très loin même, donc je soupçonne que la guerre reprenne bientôt. Sans tout leur dire, prépare les autres à cette éventualité je te prie, qu'ils se rendent compte des enjeux qui pèsent. 

- Entendu. 

Il lui fit signe de disposer et elle s'exécutât pour le laisser manger et regagner alors le dortoir, qui faisait étrangement vide avec 4 personnes en moins. Des samouraïs confirmés étaient entrain de ramasser leurs affaires pour les envoyer aux familles. Makoto éprouva une once de regret et de culpabilité, mais dans ce monde c'est tuer ou être tué, il fallait s'y faire. 

1er Juin 1183

- Tous en rang. 

Le camp entier s'était levé sur le pied de guerre, au sens propre du terme.  Une missive était arrivée le matin même pour réclamer l'assistance des samouraïs sur le prochain site de bataille. Les Minamoto étaient plus que déterminés à reprendre cette guerre où la famine l'avait laissée, quitte à enclencher le combat. On parlait des gorges du massif montagneux proche de Kurikara, on parlait de 40 000 soldats Taira. 

Le combat s'annonçait compliqué, mais les samouraïs une fois partis espéraient trouver sur les lieux une équivalence en nombre. Ce qui ne fut pas le cas. L'unité de Ryuk se plaça selon le plan mais avec beaucoup d'appréhension, car on estimait à 5 000 le nombre de personnes présente sur les lieux. Même avec l'avantage du terrain, de la surprise, l'écart était considérable. 

Le soir venu, on fonctionnait par tour de garde, Makoto surveillait alors son équipe, endormie, mais son regard bifurqua sur le général. Au bord du sommet, il regardait au loin en silence. Elle s'approcha. 

- Tout va bien ? 

- Non. Ils m'insupportent. Avoir de l'égo au point de se lancer dans une bataille perdue d'avance. Ils ont perdu la tête. 

- Il n'est pas trop tard pour se retirer. On ne dépend pas du reste du clan. 

- On ne se retire pas de là où on s'est engagé, Makoto, on ne revient pas en arrière. 

- Bien entendu... mais tout de même. Si les chiffres sont avérés, 40 000 à 5 000...Cela voudrait dire que chaque personne ici devrait affronter au moins 8 adversaires. 

- Et il y en a clairement ici qui ne vivront pas assez longtemps pour accomplir ça. 

- Tant pis, on fera le centuple à leur place. 

- Tu vises haut Makoto. 

- Il faut bien. Vous doutez de mes capacités ? 

- Pas des tiennes. Mais veille à ce que l'ambition ne te brûles pas les ailes. Il recula et partit se coucher avec les autres.

La brune le regarda faire et reporta son regard vers l'horizon. La lune était pleine et faisait scintiller les cascades éparpillées dans la montagne, le vent du jeune été caressait les feuillages et le silence nocturne sublimait le paysage. 

- La vue est belle d'ici. Murmura Makoto pour elle-même.