11. 苦しみ

Novembre 1183

Une fuite effrénée au coeur de la forêt l'avait menée à cette clairière, agenouillée au bord de l'eau, gémissant de douleur avec l'impression que cette fois, pour de bon, elle allait y passer. Elle jeta sa trousse de secours au sol, dévissa la bouteille d'alcool avec les dents avant d'en verser abondamment sur sa plaie la plus ouverte en hurlant de douleur. Les mains tremblantes elle déroula le bandage en tissus autour de son corps pour couvrir la blessure, bien serré. 

Au lendemain d'une nuit pénible dont elle croyait à peine se réveiller en s'endormant, elle chercha sa monture de la veille, mais la bête avait déserté les lieux. Alors elle marcha vers le nord à lente allure, finissant par trouver un village de pêcheurs isolés. En déambulant dans les rues elle finit par trouver un auberge dans laquelle elle entra en fouillant ses poches, sortant quelques pièces pour les poser sur le comptoir. 

- C'est tout ce que j'ai... accordez moi une nuit et un repas, je trouverais de quoi vous payer davantage. 

- Ma pauvre enfant... Murmura une petite voix.

Makoto releva la tête pour découvrir derrière la table une petite grand mère, à l'air effrayé et scrutant ses bandages pleins de sang. 

- Mais que vous est-il donc arrivé ? Reprit elle.

- Quelque chose que je ne souhaite à personne madame. 

- Seigneur. Elle repoussa les pièces vers la brune. Gardez votre argent. Je gagne suffisamment pour me permettre de vous héberger quelques temps. Allez venez je vais vous préparer une chambre. 

La jeune fille sourit finement en suivant la vieillarde, il existait de bien bonnes âmes sur cette terre. Elle lui prépara une chambre, un repas chaud puis un bain bouillant avant d'appeler le médecin du village pour faire examiner ses blessures. La nuit revint bien vite et autour d'un thé, elle confia à sa protectrice son histoire. Elle fut une oreille bienveillante, bien plus positive qu'elle n'aurait pu l'imaginer. 

- Je vous trouve très brave mademoiselle.

- J'essaye... Je me sens tout de même mal de ne pas vous payer avec l'accueil chaleureux auquel j'ai eu droit. Je peux faire quelque chose pour vous en échange ? 

- Oh vous savez ma petite il y a bon nombre de choses que mon vieux corps à du mal à faire dorénavant. Prenez le temps de vous soigner et vous pourrez m'aider ici à l'auberge après si le coeur vous en dit. 

Le marché se conclut ainsi. En une semaine à peu près, elle était capable de bouger convenablement alors elle fit des tâches simples comme l'épluchure des légumes, le passage du balais, la lessive des draps de futon. Un mois passa, Décembre et sa neige prit place, la pêche devenait difficile alors elle accompagnait les hommes pour chasser en forêt. Ses talents lui permirent de devenir rapidement appréciée, même du meilleur chasseur du coin, se trouvant être un excellent combattant comme son âge avancé et sa mine renfermée ne le laissait pas du tout deviner. En échange de son aide à la chasse et à l'auberge, il lui proposa de l'entraîner, ce qu'elle accepta avec une joie non dissimulée. Au delà de la pratique, elle aimait se battre, et était douée. 

Le matin à l'auberge, l'après midi dans le salon du vieux qu'ils improvisaient en dojo. Sa posture, la tenue de son arme, l'inclinaison de son corps. Il ne laissait rien au hasard et, muni d'un bâton, il n'hésitait pas à la corriger à la moindre imperfection. 

- Ton style de combat manque de force. Mais tu es rapide. Si tu étais moins prévisible ça fonctionnerait bien mieux.

Elle retrouva plutôt vite son niveau et s'améliora même plus qu'elle ne l'eut crû. Mais une question demeurait en elle. 

- Pourquoi s'entraîner ? Je me vois mal retourner chez les samouraïs. Et la vie est bien ici, je pourrais rester. Confia t-elle à son maître un jour pluvieux.

- Tu as fait tout ça pour t'arrêter ici ? Ce genre de vie te conviendrait après tout ce que tu as donné ? 

- Je ne sais pas... c'est vrai que j'ai beaucoup sacrifié. Enfin moi... moi je n'ai pas perdu grand chose au final.

Elle songea à Hiroto, qui avait donné sa vie pour l'entraîner, à ses parents qui avaient perdu leur fille, même si elle savait être une valeur marchande. Elle pensa à ses coéquipiers qui avaient péri en bataille, à ceux dont elle s'était débarrassés dans la montagne. Au final les choses avaient bien tournées pour elle, qui n'avait fait que faire en sorte que les choses tournent en sa faveur. Une légère culpabilité la submergea mais la fit aussi réaliser une chose. Après tant de sacrifices et de sang versé, elle ne pouvait pas abandonner, ou ils seraient morts en vain. 

Janvier 1184

Ryuk avait reprit l'entraînement de ses soldats depuis la dernière bataille. La perte de Makoto l'avait affecté plus qu'il ne le prétendait. Que ce soit une femme au fond ça lui était égal, c'était un bon soldat fier et fidèle. La hiérarchie n'accepterait sans doute pas une telle situation, mais lui c'était ce mensonge qui le répugnait. Avoir menti sur toute la ligne, en le regardant dans les yeux, penser qu'il ne comprendrait pas sa situation. Quand bien même, comment avait-il fait pour ne rien remarquer ? 

Enfin la vie suivait son cours, il n'y avait rien à faire. De toute manière, au vu de la blessure de Makoto, il est fort probable que, seule, dans la forêt, elle ne soit déjà plus de ce monde. C'était même sûr, impossible qu'elle survive à ça. Il s'était fait à cette idée au bout d'un mois, ce n'était pas le premier deuil qu'il faisait, ni la première personne qu'il perdait. 

L'entraînement aujourd'hui se déroulait comme à l'accoutumée, en extérieur, quand un vacarme provenant de la porte stoppa tout. Les soldats gardant l'entrée et les archers s'agitaient mais rien ne se passait. Il était sur le point d'aller voir quand soudain un cheval sauta par dessus la foule et se stoppa au niveau du terrain en cabrant. Le cavalier sauvage n'était nulle autre que..

- Makoto... Murmura Ryuk, incrédule.

- Ryuk ! Elle dégaina son arme en descendant de sa monture et la pointa vers lui. Affronte moi. 

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