SUR LA TEMPE
𝕾𝖚𝖗 𝖑𝖆 𝖙𝖊𝖒𝖕𝖊
( 𝔐𝔞𝔨𝔢 𝔪𝔢 𝔣𝔬𝔯𝔤𝔢𝔱 )
Taehyung n'aurait jamais dû s'aventurer sur le territoire des Min. Mais à présent qu'Hoseok n'était plus là pour le surveiller, il n'y avait plus rien qui pouvait l'en empêcher.
taegi
(past vhope)
mafia + gang ! au
heartbreak
angry sex
gun play !!!
langage cru
tae isn't totally a sweetheart
don't mess up with yoongi
hoseok isn't as toxic as described i promise
unhealthy competition / mention of possession and domination
what are these tags again
top ! yoongi
bottom ! taehyung
lisez jusqu'à la fin !
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Taehyung ne devrait pas être là.
N'importe où dans Séoul, sur le territoire des Kim même s'il le fallait, mais pas ici. Le vigile avait même haussé un sourcil curieux en le voyant dépasser la file d'attente, mais s'était bien vite repris, revêtant un masque impassible en lui ouvrant la porte du club. C'était peut-être plus par peur que par volonté de bien faire, mais au moins Taehyung avait toujours reçu un service de qualité, son visage comme un laisser passer dans les quatre coins de la capitale.
Hoseok serait furieux que de le savoir entrer dans Diamond Tears, serait furieux de savoir qu'il avait franchi la frontière pour rentrer sur le domaine des Min, serait furieux de savoir qu'il plongeait tout droit dans la gueule du loup.
Seulement voilà : Hoseok n'avait plus aucun droit sur lui.
A l'instant même où il avait claqué la porte de leur appartement, las de leurs énièmes disputes et marmonnant quelque chose de plus important à faire que d'adresser l'éléphant dans la pièce, il l'avait perdu. Cela faisait des mois que la relation entre eux n'allaient plus, et ce soir-là était la goutte qui avait fait déborder le vase. Alors, il avait pris ses clés, son portefeuille, et avait traversé à pied le boulevard qui délimitait la juridiction des Jung de celle des Min, le territoire des Serpents du territoire des Scorpions ; et avait mis fin en-même temps à la surveillance silencieuses des voitures noires qui l'avaient suivi depuis qu'il était sorti de l'immeuble en verre. Jamais les hommes d'Hoseok ne franchiraient délibérément la lisière historique pour rattraper Taehyung, aussi précieux était-il pour leur chef, ne voulant risquer de faire éclater une guerre sans merci dans laquelle personne ne s'en sentirait indemne.
Il savait que s'il se passait quelque chose, ce soir-là, Hoseok ne serait pas en mesure de venir l'aider — mais d'un autre coté, c'était exactement ce qu'il souhaitait. Le Serpent ne l'avait jamais cru capable de pouvoir se défendre seul, de toute façon.
Il ne devrait pas être là.
Taehyung avait presque pu sentir les yeux curieux et vigilants des hommes de Min sur les toits, se doutant qu'au moment où le jeune homme aura posé un pied dans le club, Yoongi serait déjà au courant de son arrivée. Ce n'était pas tous les jours qu'il payait une visite aux Scorpions, en particulier quand on connaissait la haine qui attisait les relations entre les deux géants de la capitale, les deux empereurs qui se battaient inlassablement pour encore plus de pouvoir.
Peut-être Yoongi demanderait-il de rentrer chez lui, peu enclin à servir d'asile au — fraîchement — ex petit-ami de son ennemi, mais le jeune homme savait que cela n'était pas prêt d'arriver. Car, après tout, il était aisé de s'attirer les foudres d'Hoseok en hébergeant son ancien amant, et Min, plus que quiconque, avait toujours aimer le caresser dans le sens inverse du poil.
Et, à présent que les basses secouaient son corps et que l'alcool pulsait dans ses veines, les yeux mi-clos et un sourire à la limite de l'euphorique sur ses lèvres gracieuses, plus rien n'avait d'importance. Hoseok, les Jung, la Famille, le sang sur ses mains. Les mots de leur dispute qui résonnaient encore dans ses oreilles quand il avait claqué la porte derrière lui n'étaient plus que des lointains souvenirs, et l'objet même de leur rupture n'avait plus grand intérêt. Ce qui comptait, c'était les mains de cet inconnu sur ses hanches, c'était la musique qui électrisait son corps, c'était les flashs qui coloraient sa vue. C'était ce sentiment de pouvoir respirer à nouveau, malgré l'atmosphère lourde d'alcool, de sueur et de désir, comme un oiseau qui peut enfin la cage en verre dans lequel il se sentait prisonnier.
Il était libre, et ce soir était sa résurrection.
Hoseok ne lui avait jamais fait de mal, jamais demandé de rester en dehors du business, jamais demandé de ne pas se mêler de ses affaires, jamais demandé de rester à l'appartement pour sa sécurité. Sous Jung, Taehyung pouvait faire ce qu'il voulait, claquer des doigts et dépenser des milliers sans cligner des yeux ; mais maintenant qu'il était réellement libre, que ces 5 ans s'achevaient en un verre cassé et une énième insulte, il savait, il comprenait, qu'il n'avait jamais réellement été maître de ses choix. La tension de ces derniers mois était presque insoutenable, Hoseok ne lui prêtant que maigre attention et gardant pour lui des secrets qu'il pensait que Taehyung ne connaissaient pas.
Arrête de penser à lui, ordonna-t-il à son esprit en rejetant la tête en arrière et en bougeant ses hanches au rythme des basses, les confettis voletant autour de lui. L'homme derrière lui semblait imposant, et les mains sur ses hanches étaient délicieuses — après des mois à s'endormir dans un lit froid, attendant que son amant daigne se pointer avant la levée du jour, le contact humain ressuscitait en lui quelques ondes de choc.
Il savait qu'il ne devrait pas être là, pas en plein milieu de la tanière du loup.
Et pourtant, quand il ouvrit les yeux et releva la tête, ses yeux percutèrent la vision du clan des Min, installé dans les carrés VIP de la boîte, plusieurs seaux à champagne et autres liqueurs entêtantes dispersées sur les petites tables en verre. Au milieu de ces silhouettes imposantes qui ne daignaient même pas camoufler le brillant de leurs armes fourrées dans leur ceinture, une femme était en train de préparer un rail de blanche — malgré la pénombre, il réussi à distinguer Hwasa, la cadette des Min —, un autre homme avait une fille aux mœurs légères sur les genoux, et deux gardes du corps gardaient le salon privé.
Et là, au milieu d'eux, comme un lion au milieu des lionnes, comme un roi au milieu de ses sujets, se trouvait Min Yoongi. Ses cheveux ébènes tombaient doucement sur son front, sa chemise en soie était ouverte sur son torse lacé d'encre, et les flashs reflétaient les diamants de sa montre et la dorure de ses fines chaînes. Il était en pleine discussion avec un autre homme que Taehyung ne reconnaissait pas, apportant un verre de scotch à ses lèvres — et non ces coupes en plastique rigide que tous les autres communs des mortels serraient dans leurs mains moites sur la piste.
Sûrement sentit-il le regard fiévreux de l'argenté sur lui, puisque quelques secondes plus tard, il détourna les yeux de son interlocuteur pour venir se planter directement dans ceux de Taehyung. Dans d'autres circonstances, s'il était toujours sous la coupe d'Hoseok, il aurait dû ne pas être associé aux Min, même pas croiser le regard de leur chef — qu'est-ce que cela dirait des Serpents, si le protégé de leur Roi était aperçu en train d'eye-fuck son ennemi juré ?
Qu'Hoseok crève aux enfers, se dit-il. Il ne portait plus sa marque sur lui, ne portait plus ces chaînes sous forme de beaux bijoux et de parfums luxueux. Tant pis si les rumeurs qui venaient à ses oreilles étaient celles portant sur le fait qu'il ne tenait pas bien son chien en laisse.
Une ombre passa entre eux, et le contact visuel fut rompu ; et le bel éphèbe rejeta de nouveau la tête en arrière alors qu'il commençait à sentir l'érection de l'homme contre lui. Mais alors que ledit inconnu commençait à prononcer des paroles salaces à son oreille en tentant de le diriger vers les toilettes pour une petite baise rapide, l'argenté s'éclipsa avec une excuse foireuse. Il avait besoin d'un verre.
L'appel d'un coup d'un soir était une proposition alléchante, mais il savait, au fond de lui, qu'il ne partirait qu'aux bras d'un seul homme cette nuit. Il n'était pas très difficile de savoir qui.
Quand le barman aperçu sa silhouette s'approcher du comptoir, il prit sa commande en premier, sourd aux protestations des autres clients qui attendaient leurs verres. Il ne pensait pas que son visage ferait office de carte de visite ici aussi, en plein cœur du territoire des Scorpions et dans le club préféré du premier des Min, mais au moins accepta-t-il volontiers le verre gratuit qu'on posa devant lui. Avec une certaine délectation, il laissa la vodka couler le long de sa gorge, les paupières papillonnantes. Si Hoseok avait bien distillé en lui quelque chose, c'était son goût pour l'alcool, descendant les coupes de champagnes aux réunions de famille pendant qu'il était présenté comme un trophée, pavanant devant les investisseurs comme la poupée sans cervelle qu'on lui demandait d'être. Descendant ses précieux scotch alors qu'il l'attendait dans le penthouse, la vue imprenable sur Séoul ne le distrayant plus comme avant.
L'alcool son amie, sa confidente, chaude couverture lors de ces soirées froides qu'il passait, seul, à attendre, à se morfondre.
"Alors comme ça, tu l'as quitté ? demanda une voix près de son oreille.
Malgré la surprise, Taehyung ne sursauta pas ; ce n'était qu'une question de temps avant que l'homme ne vienne le rejoindre. D'une lenteur calculée, il leva les yeux de son verre, sa langue mutine attrapant une dernière goutte de liqueur au coin de sa lèvre avant de plonger ses prunelles dans celles, non moins dangereuses, du nouveau venu.
Yoongi était juste là, tout près de lui, à la limite du menaçant si le jeune homme ne le connaissait pas aussi bien. Il observait les traits de son visage avec attention, la vallée de son nez au velours de ses lippes, avant de retourner vers la profondeur de ses orbes. Les flash colorés éclairaient le club de façon régulière, et pourtant la pénombre donnait à Min cet air qui lui allait tant : léthal, auguste, hautain.
"Les nouvelles vont vites, à ce que je vois, répondit Taehyung avec un haussement d'épaules.
Yoongi eut un petit rire, avant de relever la tête et de claquer dans ses doigts à l'attention du serveur derrière le bar. Il n'eut même pas besoin de formuler sa demande, que comme par enchantement, son verre apparaissait déjà devant lui. Cela avait certains avantages, que de tremper dans la mafia et que d'être le patron de cette boîte.
Mais Yoongi ne faisait pas que "tremper" dedans ; son âme même était teintée de cette violence dont seuls les hommes étaient capables, ce jeu de pouvoir incessant pour savoir qui avait le plus de contrôle sur la ville, cette partie d'échec géante qui se déroulait dans les rues de la capitale, aveugle aux yeux des pauvres mortels.
Taehyung lui même aurait préféré vivre dans l'ignorance et dans les ténèbres, insouciant du sang qui coulait sur les pavés ; car maintenant qu'il avait la vue avec un grand V, les visions qui se présentaient à lui n'étaient qu'horreur et désespoir, le parfum dangereux et perfide de la mort survolant les quartiers comme un marchand de sable démoniaque. L'innocence, qu'il se plaisait à dire qu'il avait, enfant, avait disparu à tout jamais le jour où ses parents étaient morts, le jour où il avait vu la réalité en face. Quel triste destin était-ce là, pour un enfant de 13 ans, que de devoir quitter le monde protégé de ces jeunes printemps, pour faire le grand saut dans celui, barbare et sauvage, de la domination et des liasses de billets tâchés de sang.
"Il sait que tu es ici ? demanda le noiraud en prenant une gorgée de son cocktail, les lettres M-I-N tatouées sur ses phalanges éclairées brièvement par les spots au-dessus d'eux.
Taehyung retint de justesse le son de moquerie qui manquait d'éclater dans sa gorge.
"Je n'ai pas de comptes à lui rendre.
"Oh, l'agneau innocent est plus féroce qu'on ne le pense, répondit Yoongi d'un air sarcastique, ses yeux coulant une nouvelle fois le long de son corps avec admiration.
La pique rebondit seulement sur le masque impassible soigneusement travaillé du jeune homme. Depuis le temps, les commentaires dégradants de la sorte ne le touchaient plus ; il en avait reçu de nombreux, quand il venait juste d'emménager avec Hoseok et quand ses hommes pensaient que leur patron ne les écoutaient pas. Des propositions obscènes, le traitant de putain, de croqueuse de diamants, lui demandant s'il ne voulait pas se faire sauter dans une ruelle sombre pour quelques billets. Taehyung était du genre à préparer sa vengeance, lentement, une pièce à la fois, se délectant de la rage qui bouillonnait en lui et de la pseudo suffisance qu'il pouvait lire dans les yeux de ses détraqueurs. Tant pis si cela lui prendrait des années ; un jour viendra, où il les écrasera tous.
Yoongi n'était pas si différent que tous les autres.
A une exception près qu'il contrôlait plus d'un quart de la ville.
"C'est mignon, répliqua lentement l'argenté en laissant un doigt courir le long du col de la chemise du noiraud. C'est mignon, qu'aucun de vous deux ne me pensiez assez grand pour m'occuper de moi-même. Un jour j'aurais vos couronnes et vos couilles entre mes mains, et vous n'auriez rien vu venir.
Le tatoué eut un autre de ses petits rires, une étincelle illisible dansant dans ses prunelles, laissant la pulpe des doigts du plus jeune gracier la peau sous le bout de tissu.
"Oh, je pense que tu es tout à fait capable de te débrouiller seul, sweetheart. Je pense aussi que tu es tout à fait capable d'obtenir ce que tu veux.
"Ah oui ? feigna-t-il l'ignorance en retour.
"C'est pour ça que tu l'as quitté ? Parce qu'il ne te satisfaisait plus ? Ou est-ce que c'est l'inverse, qu'il t'as mis à la porte parce qu'il en avait marre de ton comportement de petit prince ?
Taehyung reprit une gorgée de son verre, les yeux enflammés, et, un rictus impassible, répondit simplement :
"C'était censé m'atteindre ?
Nul besoin de baisser les yeux pour sentir la main mutine de Yoongi caresser, dans un souffle de soie, presque invisible, sa hanche à travers son pantalon en cuir.
"J'essaye simplement de comprendre ce qui t'amène ici, sweetheart, rétorqua-t-il avec un faux air peint sur son visage. Il n'aurait jamais accepté que tu viennes seul ici.
Taehyung ne lui donna en échange qu'un regard peu impressionné. Il n'était pas dupe, et mieux encore, Yoongi n'était pas dupe ; mais ce jeu des questions auquel ils étaient en train de s'adonner n'étaient qu'un prétexte pour savoir qui craquerait en premier, qui se pencherait vers l'autre d'abord pour capturer ses lèvres dans un baiser fiévreux et agressif.
Celui qui se montrerait faible en premier.
Alors, se penchant en avant, la lèvre si proche de l'oreille de son aîné qu'il aurait pu aisément suçoter son lobe et faire rouler ses bijoux contre sa langue, il murmura, le souffle chaud :
"Toi et moi savons très bien pourquoi je suis là ce soir, Min.
Quand il se redressa, il put voir avec délectation la façon dont le regard du noiraud s'était assombri comme un ciel de tempête, et sentir la façon dont sa main sur sa hanche s'était resserrée dans un geste possessif. Contenant tant bien que mal un frisson, Taehyung ne put s'imaginer que la même poigne sur ses poignets, l'immobilisant et faisant des vas-et-viens brutaux contre lui, ne pouvant que gémir et pleurer dans l'oreiller. Après tant de mois de solitude froide, il devait se montrer encore un peu patient et maître de ses émotions.
"Allons chez moi, répondit Yoongi avec un air de finalité, et se levant pour ne laisser place à aucune autre discussion.
Et son sourire était toujours aussi satisfait, quand il le conduisit hors du club, attrapant sans un regard la veste hors de prix qu'une serveuse lui tendait, la main dans le bas de son dos lourde et chaude et pleine de promesse.
Parce que c'était Yoongi qui avait craqué en premier.
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Taehyung avait haussé un sourcil peu impressionné en direction du Scorpion quand ils étaient arrivés aux abords de sa voiture. Noire, rutilante, la lumière des lampadaires coulant sur la carrosserie brillante — sommes toutes, tape à l'œil. La main du Min était toujours chaude dans son bas-dos, le guidant gentiment en direction de la portière que son chauffeur maintenait ouverte. La pique sur "tu sais ce qu'on dit des hommes avec des grosses voitures" dansant avec moquerie sur sa langue, le jeune homme eut un temps d'hésitation.
S'il montait dans la voiture, Hoseok perdrait définitivement toute trace de lui, et il serait livré à lui-même.
Mais n'était-ce pas là ce qu'il voulait prouver aux grandes familles ? Qu'il n'était pas simplement un joli minois qui faisait mine de ne pas comprendre les enjeux des dîners d'affaires ? Au diable Hoseok, qui ne l'avait jamais cru capable de tenir un flingue entre ses mains et de presser la détente si nécessaire. Il l'avait toujours surprotégé, et ce soir était l'occasion parfaite pour montrer qu'il n'avait pas besoin de lui. Qu'il n'avait jamais eu besoin de lui.
Il connaissait Yoongi. Il était peut-être plus dangereux, plus brutal et plus léthal que Jung, mais il savait que leur passé commun jouait en sa faveur. Intentionnellement, il ne lui ferait jamais mal ; et même si Taehyung venait à vider son coffre-fort et dérober sa montre préférée, il savait qu'il pouvait s'en tirer avec un sourire en coin et un battement de cils ravageur. Son ex avait toujours été jaloux de l'emprise qu'il pouvait avoir sur les hommes, de toute manière.
Il lança un dernier regard à la boîte, avant de s'engouffrer sur la banquette arrière avec un signe de tête en direction du chauffeur.
Les premières minutes de route se passèrent silencieusement. La ville défilait à une vitesse folle par la fenêtre teintée, et il avait aperçut la voiture des gardes du corps le suivant à une distance raisonnable. Une musique légère résonnait dans l'habitacle arrière, et Taehyung aurait presque cru que le noiraud l'ignorait... si ce n'était pour la main, chaude et imposante, qui reposait sur le haut de sa cuisse. Qu'il était difficile de rester impassible, que de prouver que ce toucher ne l'affectait pas, alors qu'il s'imaginait le contact de sa paume rêche et pourtant si douce sous cette couche de vêtements. Imaginait ses grandes mains écarter ses fesses pour laisser sa langue goûter son intimité, imaginait ses grandes mains sur ses boutons de chairs, imaginait ses grandes mains sur la base de son cou. L'adrénaline pulsait dans ses veines au rythme des rues qu'ils dépassaient, cette attente et cette trépignation qu'il avait du mal à contenir.
Il ne sentit pas immédiatement la pression plus prononcée sur sa cuisse, et réalisa bien vite qu'il était en train de frotter ses jambes entre elles pour un peu de friction, presque inconsciemment. Dieu du ciel, cela faisait tellement longtemps qu'Hoseok ne l'avait pas touché, ne l'avait pas aimé, que le simple contact physique et humain le rendait déjà presque toute chose. Et Taehyung dû ravaler la boule d'embarras qui bloquait sa gorge quand la voix rauque de Yoongi le rappela à l'ordre ;
"Restes tranquille, ordonna-t-il bassement, la lueur de la ville nocturne se reflétant dans ses orbes sombres.
"Ou bien quoi ? riposta arrogamment Taehyung en maintenant le contact visuel.
Oh, quel jeu dangereux jouait-il là.
Les prunelles de l'aîné glissèrent, une fois encore, le long de son corps, si près du sien, et il raffermit de nouveau sa prise autour de sa cuisse, avant de dire avec un petit rictus :
"Ou bien je vais devoir t'apprendre une leçon.
La flamme du désir léchait ses joues et le long de sa colonne vertébrale. A quand remontait la dernière fois où Hoseok lui avait sorti des propos aussi prometteurs et noirs, susurrant contre son oreille qu'une fois ce rendez-vous fini, il le prendrait contre tous les murs de son bureau s'il restait tranquille, encore un peu ?
Arrête de penser à Hoseok, lui fournit son inconscient avec un foncement de sourcil. Hoseok ne s'occupait plus de toi ; pourquoi penses-tu encore à lui ? Il t'as pris pour acquis, et voilà maintenant que tu n'es plus sien.
Le jeune homme tenta de reprendre sa respiration tant bien que mal, mais tout ce qui lui parvint, c'était l'odeur destructrice et ambrée de l'homme à côté de lui. L'homme qui souriait aux bébés, qui portait les courses des personnes âgées, et qui, une fois le dos tourné, détruisait des familles entières et pestait parce que son col était maculé de sang. Cet homme là, peu importe son sourire ravageur, était dangereux.
Ses propres parents, paix à leurs âmes, auraient été horrifiés que de savoir que Yoongi, qu'un Min, était le fruit de la tentation de leur fils. Quand tout son être était censé le détester pour ce qu'ils avaient fait à sa famille, quand il était gravé dans son ADN que les Kim et les Scorpions ne devaient boire dans la même coupe.
Père, Mère, pardonnez-moi ; mais comment détester quelqu'un qui nous attire à ce point ?
Face au manque de réponse de l'argenté, et la réflexion lisible sur ses traits, Yoongi haussa un sourcil en sa direction. Alors, déglutissant et se forçant à vivre dans le moment présent et non dans les fantômes de son passé, il se secoua presque physiquement pour laisser ses yeux admirer la façon dont les lettres tatouées sur ses phalanges ressortaient avec précision contre son pantalon en cuir.
"C'est pour ça que tu as pris un chauffeur, non ? répondit-il enfin à sa question en passant délibérément sa langue rosée sur la pulpe de sa lèvre.
Joueur, il laissa ses doigts glisser le long de son col, comme il l'avait fait dans l'atmosphère lourde du club, imaginant déjà dessiner de sa langue les motifs intrigants encrés sur son épiderme.
"Tu joues un jeu dangereux, sweetheart.
Taehyung huma d'un air approbateur, et d'un mouvement souple, mouva pour se retrouver à califourchon sur les cuisses musclées de son interlocuteur. Les grandes mains de Yoongi, celles dont il ne faisait que rêver depuis qu'il avait croisé son regard dans la boîte, volèrent pour s'attacher à ses hanches, stabilisant la silhouette légèrement alcoolisée de la magnifique créature au-dessus de lui. Ses mèches d'argent retombaient devant ses pupilles dilatées, avant qu'il ne se penche vers son oreille, comme il l'avait fait plus tôt, le souffle chaud contre la peau de son cou, pour murmurer :
"Je te l'ai déjà dit : toi et moi savons pourquoi je suis là.
Et, avant que l'un des deux ne put dire quoique ce soit, leurs lèvres s'écrasèrent avec force. Sans finesse, sans délicatesse, mais de toute façon ce n'était pas ce que cherchait Taehyung : il voulait être baisé, et fort. Pour compenser toutes ces nuits où il s'était endormi tout seul dans ce grand lit, et si Hoseok ne pouvait pas s'occuper de lui, alors sans doute que Yoongi saurait remplir ce rôle à la perfection, si on en croyait la façon dont il mordait ses lippes et qu'il caressait l'intérieur de sa bouche de sa langue.
C'était comme si le rempart vivant qu'était Hoseok était tombé entre eux deux ; à présent qu'il n'était plus là, qu'il n'était plus une menace, Yoongi pouvait faire ce qu'il voulait de la belle sirène sur ses genoux.
Les mains sur ses hanches agrippaient sa peau avec force, l'obligeant de rester immobile alors que tout ce que l'argenté voulait faire, c'était de gracier son bassin contre celui du noiraud. Il y avait quelque chose de terriblement attirant, de terriblement excitant, que de s'adonner à de telles activités alors que leur chauffeur s'efforçait de regarder la route, impassible. Jung n'avait jamais voulu accéder à ses fantasmes et de le faire en voiture, trop préoccupé par ce que ses hommes penseraient de lui, ou pire encore, son homophobe de père, alors que, paradoxalement, Taehyung se pavanait à son bras dès que l'occasion s'en présentait. Personne n'était dupe, et tous savaient à quels genres de plaisirs de la chair ils s'adonnaient derrière l'intimité de la porte de leur chambre.
Mais Min n'était pas prude comme Jung.
La rumeur courait qu'il avait déjà achevé bon nombre de langues de vipères qui avaient osé critiquer son appétit sexuelle ou ses préférences. Yoongi se fichait bien de ce que les autres pouvaient dire de lui, parce qu'au final, une fois le soleil couché et la nuit commençant à tapisser les arcades de la ville, c'était lui qui avait le pouvoir, lui qui pouvait exterminer une fratrie et détruire des avenirs d'un claquement de doigt. Il était le patron de ce côté-ci de la capitale, et il le savait parfaitement. Laissant une fille glisser ses lèvres le long de son membre sur les canapés du carré privé de son club, la décence et les bonnes mœurs lui important peu. Recevant des putains dans son bureau de verre alors qu'il venait tout juste de finir une négociation. Et, ce soir, peut-être même baisant l'ancien petit-copain de son ennemi juré sur la banquette arrière de son bolide, en direction de son appartement.
Et le noiraud sembla lire ses pensées, tandis que ses doigts s'enfoncèrent à travers le tissu de son fessier, sa langue fourbe et haletante dessinant des arabesques mystérieuses le long du cou de son nouvel amant d'un soir, puisqu'il murmura contre ses lèvres :
"C'est pour ça que tu as quitté Jung ? Parce qu'il ne savait pas te baiser comme il se doit ?
Taehyung retint un grognement contre les lippes de son vis-à-vis.
"Arrêtes de parler de lui, intima-t-il en effectuant un mouvement de bassin, malgré la restriction des grandes mains tatouées sur ses hanches.
Ses doigts s'enfoncèrent plus encore, et, dans un instant de délectation, il s'imagina déjà les marques bleutées et violacées qu'il retrouverait sur sa peau le lendemain matin — et gémit presque à cette simple pensée.
"Pourquoi pas ? demanda Yoongi avec une lueur peu recommandable luisant au fond de ses orbes charbon.
Bien sûr, pensa le jeune homme en rejetant la tête en arrière sous le jeu des caresses de son amant d'un soir. C'était un homme, c'était le baron sanguinaire d'une des grandes familles qui régnaient sur Séoul, et pire que tout, c'était l'un des plus féroces ennemis d'Hoseok. Sûrement que cela devait gonfler son égo, de faire gémir au-dessus de lui son ex petit-ami, sûrement que cela devait gonfler son égo que d'entendre Taehyung le supplier de le prendre et que le plaisir qu'il distillait en lui était meilleur que n'importe quelles parties de jambes en l'air avec Jung.
Le pouvoir l'excitait ; peu importe s'il était question de contrôle d'un territoire... ou d'un cœur.
"Tu veux que je crie son nom quand tu seras en moi, c'est ça ? questionna Taehyung avec malice, sachant pertinemment que cela ferait vriller Min — se délectant par avance de la réaction que ces quelques mots pourraient produire en lui.
Et, en effet, la possessivité ourla ses propos, quand plaquant de nouveau sa bouche contre la sienne avec force, il grommela, la voix plus rauque qu'à l'accoutumée :
"Tu joues avec le feu, sweetheart. Je te baiserai tellement fort que le seul nom que tu crieras, le seul nom que tu retiendras, ce sera le mien.
Taehyung dû, tant bien que mal, retenir le frisson de désir qui parcouru sa colonne vertébrale, appréciant à sa juste valeur la vision d'Eros dans son esprit — Yoongi le prenant violemment contre les murs de sa chambre, contre le lavabo de sa salle de bain, contre le plan de travail de sa cuisine, contre les grandes fenêtres qui donnaient une vue imprenable sur la capitale sous leurs pieds.
"Alors arrêtes de parler de lui, et prends-moi comme tu as promis de le faire.
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Les paroles qu'il lui avait grogné contre son oreille ne furent pas des paroles en l'air. Taehyung devait le savoir, avec le temps, que c'était un homme de parole, et qu'il mettait un point d'honneur à respecter ses promesses.
Car, à peine la porte du penthouse du Min franchie, qu'il fut plaqué contre le mur du hall d'entrée, ses cuisses enroulées autour des hanches du noiraud, et les lèvres déjà rougies des baisers agressifs qu'il avait commencé de déposer sur le velours de ses croissants de chair dans la voiture. La pression entre leurs entre-jambes était grande, sa respiration était courte, et son esprit était embrumé par la vague d'émotions qui le submergeait — la langue de Yoongi contre son cou, ses mains sous ses cuisses, ses râles rauques contre son oreille. Le fait que ce n'était que le début le déroutait un peu ; dieu, il n'imaginait pas ce que le noiraud lui réservait pour la suite de la soirée.
Il n'eut pas le temps d'observer le reste de l'appartement, de cette petite curiosité qui s'interrogeait sur ce que pouvait être le repère du grand Min ; mais cette exploration devait attendre pour plus tard, car, son esprit tournoyant dans sa tête, il sentit Yoongi raffermir sa prise autour de ses cuisses. L'instant d'après, le voilà qui traversait le grand appartement, sa bouche toujours aussi chaude et quémandeuse sur la sienne.
Et, avant que Taehyung ne puisse dire un mot — qu'aurait-il pu dire d'autre, si ce n'était qu'il en voulait encore plus —, le noiraud le jeta sur son matelas, le regard lourd et digne d'intérêt alors qu'il coulait, luxueux et trempé dans le miel, le long de son corps. Et, à son tour, haussé sur les coudes pour mieux pouvoir l'admirer, le jeune homme ne cacha pas son envie alors que ses prunelles, assombries par le désir, se promenaient sur le torse du mafieux.
"Tu es sûr que c'est ce que tu veux ? demanda-t-il lentement, défaisant un à un ses boutons de manchette.
"Oh, ne joues pas au gentleman maintenant, gronda en retour Taehyung, sa jambe venant caresser la sienne par dessus son pantalon de costume.
D'un geste vif, Yoongi saisit sa cheville, avant que le petit jeu du plus jeune ne les conduise jusqu'à sa braguette, un grognement bas dans la gorge lui intimant de bien se conduire. Tu joues avec le feu, lui avait-il dit dans la voiture, et Taehyung aurait pu être un pyromane dans une autre vie tant cette tentation était irrésistible. Il aurait démarré n'importe quel incendie, aurait provoqué n'importe quelle étincelle, si cela signifiait qu'il pourrait embrasser sa bouche, encore et encore.
"Je suppose que ça veut dire que tu l'es, répondit-il simplement en finissant de remonter ses manches de chemises sur ses avant-bras.
Ses tatouages étaient à présent visibles, le noir de l'encre jurant contre le blanc de sa tenue et le caramel de sa peau, scorpions de papier mouvant sur ses muscles pour ne devenir que puissance et pouvoir. Yoongi était l'empereur qui dirigeait d'une main de maître ce monde, Séoul comme une coupe dans sa main avec lequel il était aisé de jouer ; et Taehyung, pauvre rampant, ne pouvait que courber l'échine et tendre sa nuque, lui laissant comme bon lui semble ce droit de vie ou de mort sur lui. Peut-être finirait-il bien à genoux ce soir-là, cajolant son nouveau souverain, mais le noiraud semblait avoir une toute autre idée en tête.
"Déshabilles-toi et mets-toi à quatre pattes, tête contre les oreillers.
Son ordre avait claqué de sa voix grave dans l'air, alors qu'il se détournait de lui pour pouvoir se servir un verre de bourbon dans le mini-bar près de son dressing, sa veste abandonnée sur le dossier d'un fauteuil Louis XVI. Le jeune homme eut tout le mal du monde de ne pas tomber à genoux, là, tout de suite, et prendre tout ce que le Scorpion avait à lui donner ; mais il retint bien vite la faiblesse dans ses jambes, alors qu'il se redressa.
"Tu veux que je te fasses un strip-tease, aussi ?
Sa proposition était sur un ton léger, presque comique, mais si on en croyait la profondeur des orbes de son amant d'un soir, nul doute que cette suggestion était des plus alléchantes.
"Je t'en prie, sweetheart, montre-moi. Je veux admirer ce qui est à présent mien.
Il avait toujours détesté ce petit jeu de domination, l'emprise qu'Hoseok avait sur lui, cette main possessive à la base de sa nuque quand ils le présentaient à des hommes importants — mais ici, maintenant, Yoongi aurait pu demander qu'il se tatoue ses initiales sanguines sur son cœur, et Taehyung l'aurait fait avec grand plaisir.
Ressaisis-toi. Ce n'est pas pour cela que tu es ici. Rappelle-toi ce que tu t'étais promis.
Alors, suave et langoureux, sûr de ses charmes, il fit ce qu'il savait faire de mieux : être la belle poupée pour faire plaisir aux hommes qui le soumettaient. Ce fut sous le regard impénétrable de Min qu'il laissa glisser son haut en soie sur ses épaules ; ce fut sous le tapotement de son doigt contre le verre d'alcool ambré qu'il laissa son pantalon en cuir choir à ses pieds ; ce fut sous le hummement bas et appréciateur de l'homme à l'aura étouffante qu'il quitta son dernier sous-vêtement. Et enfin, gracieux et magnifique dans sa nudité élégante, il laissa ses mains caresser ses hanches, son ventre, sa nuque, imaginant avec délectation la sensation de ces doigts tatoués à la place ; avant de, enfin, se laisse tomber sur le matelas confortable et prendre la position qu'il lui avait été ordonnée, les bras autour d'un oreiller et sa tête plongée à moitié dedans, observant du coin de l'œil le noiraud posant son verre contre la table de chevet.
Dieu, ce que son sexe était déjà lourd, rien que par les yeux appréciateurs de Yoongi sur son corps.
L'argenté ferma les yeux un instant, et les rouvrit brusquement en sursautant quand il sentit des mains fraîches sur ses fesses.
"Ass up, murmura le Scorpion ; mais sa voix semblait faire écho dans son esprit, ricochant entre les parois de son cœur pour se perdre dans son entrejambe.
Taehyung creusa son dos, laissant les grandes mains puissantes, celles dont il avait rêvé toute la soirée, le positionner comme il le souhaitait.
"C'est bien, sweetheart. Jung t'as bien dressé, à ce que je vois.
"Espèce de—
Mais ses mots orgueilleux moururent dans sa gorge, alors que Yoongi colla son fessier à lui — et, par tous les saints, il pouvait déjà sentir d'ici la bosse proéminente dans son pantalon. Il y avait quelque chose de diablement excitant, que de savoir que Min était encore en tenue, ses manches relevées sur ses coudes, tandis que lui était à deux doigts d'être une créature gémissante, dénudé de la plus belle des manières et quasiment offert à lui. C'était quelque chose qu'il avait toujours détesté que Hoseok, la façon dont il n'avait pas le temps pour se déshabiller entièrement, le faisant sentir comme une vulgaire passe entre deux réunions, le baisant fort contre son bureau et le congédiant une fois qu'il avait joui. Mais là...
Il n'eut pas l'occasion d'aller plus loin dans ses pensées dangereuses, car déjà, il sentit le toucher frais et électrique des doigts contre son antre. Il n'avait pas entendu le bruit du capuchon du lubrifiant, et pourtant, Yoongi était déjà en train de laisser le touché de la pulpe de ses doigts gracier son intimité.
Il poussa un juron bas, laissant les premières vagues de désir monter jusqu'au rosé de ses joues — le souffle chaud du noiraud, si proche de lui, lui tirant quelques frissons délicieux le long de sa colonne vertébrale ; le doigté expert du jeune homme, alors qu'il glissait déjà un second doigt au côté du premier.
"A court de mots ? nargua son amant d'une nuit derrière lui.
"Connard, répliqua Taehyung — mais son insulte avait perdu de son mordant, se finissant dans un gémissement bas.
Quand Hoseok le préparait, ce n'était que pour cela : que pour l'accueillir par la suite, le doigtant avec rapidité et sans grande conviction, trouvant les grognements du bel éphèbe suffisamment convainquant pour passer à la prochaine étape. Mais Yoongi... Lui prenait son temps. Le laissait se tordre et soupirer sous ses caresses, ses yeux de glace le fixant avec intérêt, amusé de réduire l'ancien Serpent à la langue aiguisée à cette créature désirable.
"Je t'avais promis que tu crierais mon nom d'ici la fin de la soirée, ajouta-t-il avec, Taehyung pouvait l'imaginer d'ici, un sourire en coin.
L'argenté ravala un gémissement, trop orgueilleux pour flatter l'arrogance du noiraud, bien que séduisante et ô combien pêcheresse. Alors, sans même réfléchir aux conséquences, s'efforçant à garder la voix posée et à ne pas rejeter la tête en arrière, il toucha la corde sensible en laissant ces mots quitter ses lèvres entrouvertes :
"Pas sûr que ton père approuve une telle débauche.
Et le changement dans son attitude fut quasiment immédiat. C'était un trait commun parmi tous ces grands barons qui se partageaient la capitale comme une sucrerie, une faiblesse pourtant si prévisible qui les métamorphosaient complètement : cette haine du paternel quasi shakespearienne, presque freudienne, qui coulait dans les veines de ces têtes couronnées comme un poison. Ce refus d'être associé à son géniteur, de prouver que sa génération était celle qui allait distiller peur et révérence chez leurs ennemis. Que ce soit Jung, Park, ou Min ici présent, c'était toujours la même chose ; et Taehyung, au-delà de pouvoir écrire une thèse de sociologie sur ce narcissisme enfantillant et cette haine à la limite du clinique, se servait de cela pour appuyer là où cela faisait mal.
Avec un peu de chance, Yoongi n'allait pas le tuer sur place et passerait à la vitesse supérieure.
A la place, l'homme derrière lui se retira, et Taehyung dû réprimer un frisson quand la chaleur corporelle de son aîné se dissipa sur sa peau. Son cœur rata un battement, alors qu'il s'imaginait tous les scénarios plus sinistres que les autres sur le sort que pouvait bien lui réserver le Min ; un regret amer en bouche, alors qu'il se souvenait de l'imprévisibilité qui animait le noiraud. Peut-être que Taehyung était un trophée alléchant, un de ceux qu'il volait allègrement à Hoseok et avec qui il se pavanait, mais peut-être n'était-il que cela, au final : simplement une baise torride, avant de le laisser tomber pour s'intéresser à la prochaine pouliche. Si tel était le cas, alors un homme de sa trempe n'accepterait sûrement jamais un tel affront, une telle insulte.
Mais avant que le bel éphèbe ne puisse se redresser et dire quoi que ce soit, il sentit de nouveau les grandes mains rêches du Scorpion sur ses fesses, accompagné de cette voix rauque qui lui tira un énième frisson :
"Si c'est comme ça que tu veux jouer...
Et sa phrase resta en suspens, alors que, soudain, provoquant l'effet d'un mini électrochoc en lui, il sentit quelque chose d'inconnu contre lui.
"... Voyons voir si tu as toujours la langue bien pendue.
Et, sans prévenir, il pressa l'objet en lui, ne tirant qu'un gémissement long et surpris de son destinataire. Froid, métallique, inconfortable, et il ne fallu qu'un clic caractéristique pour que l'argenté comprenne, avec une horreur mélangée à une pointe d'excitation nouvelle, ce que cela était.
Car là, au cœur de la ville, dans le secret de la chambre d'un des hommes les plus sanglants, meurtriers et dangereux de la capitale qu'il venait de provoquer, Min Yoongi était en train de le baiser avec un putain de flingue.
Un violent frisson parcourut sa colonne vertébrale, alors qu'il ne put s'empêcher d'entrouvrir ses lippes dans un râle silencieux. C'était... c'était complètement fou, radicalement redoutable et absolument, terriblement, suprêmement, immensément dangereux. Car Yoongi avait ôté la sécurité, ce bruit sourd caractéristique qui avait électrifié ses veines dans un souffle de panique glacial, et rien ne pouvait l'empêcher de pouvoir le détruire de l'intérieur. Il en avait entendu, des histoires où le jeune loup avait assassiné des prostituées alors qu'elles avaient encore son sexe dans la bouche, pour des raisons aussi puériles qu'inexistantes, et à présent Taehyung faisait partie de cette même et longue liste, tremblant et gémissant alors que Yoongi faisait pistonner de façon langoureuse et diaboliquement pêcheresse cette arme en lui.
Avait-il le doigt posé contre la détente, cette précarité dangereuse, mettant sa vie en péril, ne tenant qu'à un fil ? Allait-on le retrouver, nu, baignant dans le sang et dans le foutre sur les draps en soie ? Quels seraient les gros titres sur sa mort, tout aussi mystérieuse qu'étrangement explicite ?
Taehyung poussa un juron bas, et, il s'imagina sans grand mal le rictus presque prédateur qui s'étirait sur les lippes de son amant — et potentiellement meurtrier — d'un soir. Il s'était souvent imaginé comment il allait finir sa vie, surtout dans un univers aussi noir que le sien, mais mourir dans un orgasme serait sûrement une belle mort.
Car, au lieu de ressentir cette peur panique qui avait figé son sang dans la glace, il avait été lui-même surpris de ne ressentir que cette vague d'adrénaline primitive et jouissive, hystérique, volcanique, magmatique, à l'image de l'aura écrasante de puissance que revêtait Yoongi derrière lui. Cette recherche de survie, cette quête d'orgasme — tout se mélangeait pour ne devenir qu'un brouillard épais de concupiscence brute. Et bien vite, au lieu de supplier à genoux le noiraud de l'épargner et de lui laisser la vie sauve, ses hanches commencèrent à se mouver contre l'arme, plongeant encore plus son visage dans l'oreiller et arquant son dos à la perfection.
A force d'avoir côtoyé ces princes nocturnes de la ville, Taehyung était devenu aussi fou qu'eux.
"Regarde-toi, murmura le Scorpion contre sa peau, le calibre faisant des va-et-viens en lui dans un bruit érotiquement vulgaire.
Les mains du jeune homme vinrent s'accrocher aux draps, le souffle court, tandis que la voix rauque et si délicieuse de l'aîné continua :
"Qui aurait dit que tu étais si facilement à ma merci ?
"Y-Yoongi, hoqueta-t-il, alors que le flingue trouva sans grand mal sa prostate, les coups précis et durs.
"Qu'est-ce qu'Hoseok dirait, s'il te voyait ainsi, hm ?
"Je t'ai — oh, bordel —, je t'ai d-déjà dit de ne pas parler de lui, s'efforça de grogner Taehyung, les yeux mi-clos et les hanches ne répondant plus de sa personne.
Un autre ricanement fut la seule réponse, et l'ancien Serpent ravala la vague de haine et d'humiliation qu'il ressentit ; il savait que Yoongi allait faire allusion à son ex petit-ami, savait dans quoi il s'engageait au moment même où l'homme était venu le saluer au bar : que Taehyung n'était que l'objet d'une querelle, l'objet qu'on voulait posséder pour pouvoir narguer l'autre, et ce soir-là n'était pas une exception, bien au contraire.
"Putain, Yoongi, hissa-t-il alors que l'arme s'enfonçait toujours aussi inlassablement en lui.
"Qu'est-ce qu'il y a, sweetheart ? lui demanda-t-il, à moitié amusé de voir le jeune homme aussi affecté par ce petit jeu.
"Est-ce que, réussit-il à dire entre deux gémissements bas, est-ce que tu comptes me baiser un jour ?
Et la réponse fut immédiate, de la même façon qu'elle l'avait été quand il avait fait allusion à son géniteur ; peut-être qu'encore une fois, la réponse serait tout aussi imprévisible et explosive. Il ne tarda pas à le savoir, puisque, lentement, Yoongi retira le flingue de son antre — le laissant, secrètement, pousser un soupir de soulagement et relâchant la pression forçant sur ses épaules —, avant de l'essuyer sans ménagement sur son dos. Le silence suivit, entrecoupé simplement par la respiration encore hachée de la belle poupée et par les froissements de tissus ; Taehyung s'efforçant à rester immobile, au risque d'attiser encore la véhémence imprévisible du baron.
"Je ne vais pas être tendre, murmura-t-il soudainement contre son oreille, recouvrant son corps du sien.
"Comme si cela t'avais empêché de m'enfoncer un—
Des mains puissantes vinrent le tourner sur le côté, rejeter sa jambe contre le lit, et en une fraction de seconde, Yoongi avait pris la place de son calibre.
"— flingue, bordel.
Le noiraud lui offrit un autre sourire en coin, carnivore et animal, avant que tout ne soit que sensations et soupirs saccadés. Brusque, violent, ne lui laissant aucun répit, implacable, impartial. La mâchoire serrée, le regard concentré, les mains fortes alors qu'il agrippait ses hanches avec force, les mèches ébènes retombant devant ses prunelles charbon de la plus belle des façons. Ses tatouages se mouvant sous ses coups de reins, électriques sous sa peau, dansant sur son épiderme dans une brume ténébreuse et diabolique, hypnotique, envoûtante, maléfique. Et Taehyung, lui, ne pouvait que prendre, prendre, et prendre encore, accepter ce que le mafieux lui donnait, griffant ses épaules avec frénésie, ses yeux roulant en arrière avec extase — chantant son prénom, comme il lui avait ordonné, dans un leitmotiv captivant, ses orbes pénétrantes la seule pensée imprimée au fer rouge dans son esprit.
C'était exactement ce qu'il avait en tête quand il s'imaginait une nuit avec lui : aussi féroce qu'il l'était quand il hantait les ruelles de la cité, sans pitié. Léthal en affaires et dans ses claquements de bassins.
Bientôt, comme une promesse silencieuse qui lui avait faite au moment-même où il avait grimpé dans la voiture noire et luxueuse, la jouissance frappa à sa porte sans crier gare ; rejetant sa tête en arrière dans un cri silencieux, le spam de ses muscles autour du sexe de son aîné, les frissons parcourant sa peau dans un éclair et un picotement d'acmé pure et volcanique, décorant son ventre de rubans blancs caractéristiques. Et l'homme au-dessus de lui ne manqua pas de le suivre dans sa chute de l'autre côté du précipice, fermant ses lèvres autour de son pouls sur son cou, ses hanches sursautant dans un gong final contre ses fesses, enfin tremblant et épuisé.
Et Yoongi tomba lourdement à ses côtés, sa respiration lourde et courte, laissant les vagues de l'orgasme se dissiper dans ses membres. Son cœur battait encore avec force dans sa poitrine, et il s'autorisa un moment à fermer les yeux, appréciant le fantôme de sensation du plus jeune autour de lui. Ce fut quand son corps s'était calmé, qu'il le sentit.
Le contact froid autour de ses poignets. L'emprise. Et un clic distinctif.
"Qu'est-ce que— sursauta-t-il brusquement, levant les yeux vers ses mains.
Et il ne découvrit, au travers du voile léger de l'horreur et de l'incompréhension, le scintillement familier de menottes, le retenant prisonnier à la tête de lit. Par reflexe, bien que cela fut inutile, il testa la fermeté des liens, et prit enfin conscience de la dureté de la réalité.
"Qui baise qui, à présent ?
Yoongi leva brusquement les yeux, pour ne rencontrer que le profil métamorphosé de Taehyung, au-dessus de lui. Un sourire arrogant, mesquin et satisfait de lui ornait son visage, alors que, un sourcil haussé jaugeant la réaction de son aîné, il essuyait distraitement l'arme contre les draps blancs du lit. Il avait laissé tombé le masque du Taehyung impuissant, gémissant et acceptant tout ce que le noiraud avait à lui donner, pour devenir un alter ego jusqu'ici encore inconnu ; comme le soleil et la lune, diamétralement opposés.
"Qu'est-ce que tu fous ? finit-il sa phrase, la voix basse et dangereuse, ses yeux lançant des éclairs.
Le rire qu'il laissa échapper, cru et sinistre, fut inattendu — rien à voir avec ses battements de cils et ses mains aventureuses quand il avait accepté un verre dans la pénombre de Diamond Tears. Rien à voir avec le Taehyung dont il avait entendu les rumeurs, qu'il avait vu à ces galas de charités qui n'étaient qu'une pâle façade pour se toiser du regard entre clans. Le Taehyung qu'il était devant lui était... un parfait inconnu.
Car à présent, alors que l'argenté se servait dans sa garde-robe pour enfiler avec hâte ses propres vêtements, il n'était que froideur, les yeux vides de toute émotion, et l'aura sépulcrale.
"J'ai fait une promesse, dans le club, tu t'en souviens ?
L'argenté se retourna vers lui après avoir retouché du bout des doigts sa coiffure dans le reflet du miroir, fantaisie narcissique presque décalée. Son rictus s'agrandit de nouveau quand il laissa ses yeux couler le long du corps du Scorpion, de toute évidence en mauvaise posture.
"Bien sûr que non, tu ne t'en souviens pas, dit-il en claquant sa langue contre son palais, comme s'il s'y attendait. Toi, Jung, Kim, Park, vous êtes tous les mêmes, de toute façon. Des vils barons qui ne pensent qu'à leur personne, trop arrogants pour voir les vraies menaces. Trop arrogants pour ne pas prendre quelqu'un comme moi au sérieux.
Le jeune homme s'accroupit au chevet du Min, laissant l'arme qu'il avait toujours à la main glisser dans une transe idyllique et néfaste sur les clavicules de sa proie, laissant un rictus tomber sur ses lèvres quand Yoongi tira contre les morsures d'acier avec un sursaut dans l'espoir de le faire cesser. Le même flingue qui pistonnait en lui tenait à présent son propriétaire originel à sa merci. Comme les cartes avaient changé de main, à présent.
"Mais tu sais quelle a été ta plus grosse erreur ?
"Je serais bien curieux de le savoir, répondit le menotté dans un grincement de dents.
Taehyung laissa le calibre noir et métallique monter jusqu'à son visage, pour s'arrêter sur ses lèvres, le brillant mortel dans ses prunelles.
"Ta plus grosse erreur, c'est de croire que vous, les Scorpions, pouviez tuer mes parents et que je ne ferais rien pour les venger, conclut-il d'une voix basse, l'aura ténébreuse et maléfique.
Il s'accorda un moment, le temps de voir la sombre réalisation prendre l'emprise sur les orbes charbons de celui qui venait à peine de lui donner un orgasme fulgurant.
"Bordel Taehyung, j'y suis pour rien dans cette histoire ! Tout ça, c'était à cause de mon père !
"Et alors ? hissa-t-il en retour, ses yeux lançant des éclairs. Qu'est-ce que j'en ai à foutre ? Mes parents étaient loyaux envers ta famille, et voilà comment on les remercie ? Tu as de la chance que je ne vous ai pas fait ramper à genoux à mes pieds bien plus tôt.
Il empocha la liasse de billets qu'il avait trouvé dans le tiroir, les glissant dans sa poche arrière, ainsi qu'une clé USB et 2 faux passeports vierges. Il savait pertinemment que Yoongi, dans sa fureur, n'aurait cure des quelques objets qu'il allait voler.
"Qu'est-ce que tu comptes faire, alors ? Me tuer alors que je suis à ta merci ?
"Oh non, mon cher Yoongi, répondit Taehyung avec un petit rire maigre. Ce serait bien trop simple, et pas assez satisfaisant.
Il y eut un silence, avant qu'il ne reprenne.
"Le point positif avec un visage comme le mien, c'est qu'on baisse suffisamment la garde avec moi. Toi et Jung, vous m'avez cru assez inoffensif pour ne pas filtrer vos conversations.
"Tu ne sais rien, cracha avec mécontentement Yoongi.
"Tu crois ça ? Le chargement pour Hong Kong, la disparition de Jeongguk, les pots de vins du ministre ? Tu penses que j'invente tout cela ?
Le jeune homme se pencha au-dessus de lui, pour ajouter :
"Alors pour répondre à ta question, Min, je ne vais pas te tuer. Je vais te baiser. Je vais détruire lentement vos royaumes, et je vais siroter un verre en les voyant s'effondrer dans un nuage de poussière. Vous allez tout perdre, tout, comme moi j'ai tout perdu, et il ne vous restera que vos yeux pour pleurer et vos bouches pour implorer mon pardon.
"Je vais te tuer, Taehyung.
Une promesse froide, fatale, gravée au fer rouge dans l'atmosphère étouffante de la pièce. Min était un homme qui tenait sa parole, il ne le savait que trop bien ; pourtant, au lieu se figer à l'entente de ces mots, il ne put que lui lancer un rictus et rejeter sa tête en arrière, laissant un rire presque maniaque échapper de ses lippes.
"On verra bien qui tiendra sa promesse en premier, alors.
Et, traversant la chambre en quelques grandes enjambées, la main sur la poignée de la porte, Taehyung se retourna une dernière fois avant de dire ce vœu qu'il avait avoué dans la pénombre du bar :
"Un jour, j'aurais vos couronnes et vos couilles entre mes mains, et vous n'auriez rien vu venir.
Et il ne put que quitter l'appartement, triomphant et euphorique, laissant Yoongi attaché à son lit alors que les menaces de ce-dernier accompagnaient sa fuite, lui promettant de le retrouver et de le tuer.
Car après tout, après avoir côtoyé aussi longtemps les princes nocturnes de la ville, il avait fini par devenir fou, lui aussi.
Qui baisera qui, au final ?
.
comment vous dire que cet os n'était ABSOLUMENT PAS PREVU PTDR
c'était un prompt que j'avais commencé à écrire y a quelques mois, et quand je suis retournée dans mes brouillons je me suis rendue compte que j'avais écrit déjà les bons 2 tiers, alors je me suis empressée d'écrire la fin !
j'espère en tout cas que cela vous a plu !! c'est vrai que j'avais jamais écrit d'os sur l'univers de la mafia parce que je trouve que c'est un domaine un peu vu et revu, mais j'espère néanmoins que vous appréciez cette petite pirouette de fin !! (et ce gun play kink ptdrrr, ça faisait longtemps aussi que j'avais pas écrit de smut aussi détaillé lol)
hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé !! est-ce que cet os convient à ceux qui m'avait demandé un taegi sont satisfaits ? (no worries, j'ai d'autres brouillons en stock avec ce ship !!!)
prenez soin de vous surtout ! j'essayerai de poster de nouveau soon, sachez néanmoins que je prépare quelques os pour des recueils collaboratifs, donc hâte de vous montrer tout ça !!
love love love !
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