SOLITAIRE EST MON COEUR DESORMAIS
𝕾𝖔𝖑𝖎𝖙𝖆𝖎𝖗𝖊 𝖊𝖘𝖙 𝖒𝖔𝖓 𝖈𝖔𝖊𝖚𝖗 𝖉𝖊́𝖘𝖔𝖗𝖒𝖆𝖎𝖘
( 𝔍'𝔞𝔦 𝔭𝔢𝔯𝔡𝔲 𝔩𝔞 𝔱𝔢̂𝔱𝔢, 𝔬𝔲̀ 𝔢𝔰𝔱 𝔩𝔢 𝔠𝔥𝔢𝔪𝔦𝔫 𝔡𝔢 𝔪𝔞 𝔪𝔞𝔦𝔰𝔬𝔫 ? )
"Seuls les morts ont vu la fin de la guerre" — Platon
yoonmin
war ! au
letter / love declaration
i'm sad myself
bande son de l'écriture : "corps", de yseult, si vous voulez vous mettre dans le mood ;)
L̵e̵t̵t̵r̵e̵ ̵à̵ ̵m̵o̵n̵ ̵p̵è̵r̵e̵
Mon amour...
Ma main tremble en écrivant cela. J'ai recommencé cette lettre, encore et encore et encore, dans l'espoir de trouver les bons mots, les mots justes, mais je n'ai que peu de papier, peu d'encre, et peu de lumière. Alors j'écris, parce que ton sourire est tout ce qui me rattache à la vie à présent, et je suis heureux de t'avoir dans mes pensées alors que c'est bientôt la fin.
Le général nous a demandé de nous rendre sur la côte, et nous savons, tous, que cela va être un bain de sang. Je ne vais pas survivre. C'est étrange, d'être aussi lucide alors que la Faucheuse viendra bientôt à notre rencontre. Alors, aujourd'hui est ma dernière nuit sur Terre. Bientôt mort, et pourtant si vivant. Je pensais que j'allais pleurer, m'enfuir, me rouler en boule, mais... rien. Tout ce à quoi je pense, c'est toi.
Tu m'as parfois détesté, mais moi, je t'ai toujours aimé — alors, s'il-te-plaît, ne brûle pas cette lettre avant de l'avoir terminée.
Tu dois te dire que je suis un égoïste. Un lâche, pour ne pas t'avoir avoué tout cela avant, quand j'avais le temps — et le temps, je ne l'ai plus. L'aube va bientôt peindre le firmament de ces couleurs que tu aimes tant, et il me faudra prendre les armes. J'espère au moins que tu me pardonneras facilement, pour toute cette vie gâchée que nous aurions pu passer ensemble.
L'idée de ne plus te revoir est une larme qui fleurit comme ces pétales que tu cueillais toujours au coin de mes yeux. Tous ces mots que j'aurais voulu te dire, tous ces mots que j'aurais dû te dire, s'écoulent misérablement, et j'essaye de les rattraper lamentablement. Pour faire les choses bien. Pour te prouver que même dans mes derniers instants, je t'aime, et je t'aimerai toujours.
Nous l'avions dit tant de fois, mais aujourd'hui, plus que jamais, je le sais — foutue guerre. Foutue guerre qui nous sépare, qui m'éloigne de toi, et j'ai envie de crier, quitte à indiquer notre position et nous faire tous tuer, parce que je voudrais tellement courir, voler, peu importe, pour pouvoir te rejoindre. Pour te prendre dans mes bras une dernière fois. Pour t'embrasser encore une fois, rien qu'une fois, une dernière fois.
Tu es mon tout. Tu l'as toujours été. Tu as toujours su voir derrière cette carapace, ce visage laid et dénudé que seul moi voyait dans le miroir, mais que tu aimais de tout ton cœur. Hoseok m'a demandé tout à l'heure à quoi ressemblaient les anges une fois que l'on mourrait, mais je suis certain qu'ils ont ton visage, ta grâce, ton sourire... mais en fin de compte — non. Tu es la plus belle créature qui m'a été donnée de voir, et les chérubins qui nous attendent demain matin ne sont que pâle copie de ton aura.
L'idée de l'au-delà me terrifie et me calme à la fois.
Me calme, car quoi de mieux que ce mois de février pour mes derniers moments ? — ma vie, longue de haine et de colère, se résume à cela, finalement. A ces flocons qui tombent sur nous et cette boue qui tâche nos chaussures. Je n'étais que le mal, mais pour toi, j'étais le bien.
Et me terrifie, parce que le sablier coule tellement vite que j'ai l'impression d'étouffer. Si quelqu'un remontait le temps pour moi ; pourrais-je être plus honnête ? Prononcer ces mots que tu savais, mais que je ne t'avais jamais murmurés ? Car tu es tout, mon début, ma fin ; ma naissance, mon destin ; la lune de ces soirs d'été et ces matins sans lendemains. Et — merde, ça y est, je pleure enfin.
Je veux que tu saches. Si désespérément, que tu saches que je ne t'ai pas abandonné, que je t'ai toujours porté en moi, que j'écrirais ces lignes avec mes tripes et le sang épais de mes veines si cela pouvait te convaincre. Car avec cette lettre, je te donne mon cœur. Prends-le. Venge-le, découpe-le, piétine-le, brûle-le ; il ne m'est de plus aucune utilité, car l'homme que j'étais, demain, ne sera plus. Je ne t'ai jamais offert les roses que je t'ai promis, les bijoux, la soie et le champagne, mais au moins je peux déposer mon âme à tes pieds — car je suis tout à toi, et encore plus maintenant dans la mort prochaine.
On parlait d'éternité. Tu te souviens ? Quand on regardait les étoiles, que tu posais ta tête sur mon torse et que je te jurais silencieusement que je défierais les dieux pour t'avoir toujours à mes côtés. Et bien... maintenant les dieux s'appellent poudre à canon, fusil d'assaut et le sang sur les mains, et l'éternité n'était, qu'au final, un conte pour enfant.
On parlait d'éternité, quand on courrait dans ces champs de blés en se tenant la main avec cette respiration si courte qu'on avait l'impression de crever, les sourires plaqués sur nos lèvres si fort qu'on en avait mal aux joues. Quand on volait des cigarettes à nos pères, enfant, et qu'on toussait en les recrachant, derrière le mur en briques au fond du jardin. Quand tu me faisais valser au son du vieux gramophone, et c'était un disque qu'on avait entendu un milliard de fois, mais c'était notre chanson, alors on s'en foutait un peu. Tu t'en souviens, de tout cela ? De tous ces moments où je tombais chaque fois un peu plus amoureux de toi ? Je pense que tu le savais, parce que tu me regardais avec ces yeux qui me transperçaient de part en part. J'aurais voulu les voir quand je t'aurais avoué ces présents mots.
En fait, j'ai menti, quand je disais que l'éternité n'existait pas — car tes rires, eux, avaient un goût du Paradis et le parfum de l'Infini. Au final, quand cette balle me touchera dans les côtes, je n'aurais pas l'impression de partir pour une nouvelle aventure, non ; je rentrerai simplement à la maison. Auprès de toi.
J'ai encore tant de choses à te dire — la beauté de tes lèvres, la musique de tes étreintes, comment tu as su me rendre vivant et me faire vibrer comme si je n'avais jamais appris à respirer avant toi — mais le temps n'est pas mon allié, aujourd'hui. Merci pour cette parenthèse immortelle que tu m'as offerte, pour cet amour indestructible que tu m'as donné qui me faisais perdre la tête. Merci pour m'avoir aimé, plus que moi je ne l'avais fait.
Je pourrais te demander de prendre le premier couteau et de te le planter dans la gorge pour me rejoindre, et que nous soyons bien, tous les deux, pour toujours à présent. Mais j'ai été suffisamment égoïste dans ma vie, alors vis-là, cette vie. Vis-la pour moi. Vis-la pour ce que nous aurions pu devenir, et vis-la en pensant à moi quand même, de temps en temps.
Je crierai Jimin en m'abattant.
A toi, pour toujours,
M.Y.
Monsieur Park,
Je suis au regret de vous informer de la mort du soldat Min Yoongi, tué lors d'un bombardement sur la côte Est. Il a combattu bravement, et, soyez en assuré, recevra la médaille du Mérite. Il tenait cette photographie lorsqu'on a rapatrié les corps, ainsi qu'une lettre dans son veston qui vous était destiné.
Je vous présente, au nom de l'Armée, toutes nos condoléances.
Caporal Kim Taehyung.
— P.S : à titre plus informel, j'ai eu la chance d'être proche de Yoongi. Il parlait sans cesse de vous, et vous aimait beaucoup. Je n'ai pu m'empêcher de lire cette lettre, et ses mots ne font que confirmer ses sentiments. Qu'il repose en paix.
.
écrire une lettre triste un dimanche soir pluvieux en moins d'une heure, parce qu'on a lu trop de catulle et écouté trop d'yseult ? bet.
no worries, je pleure tout autant que vous ! c'était un concept que je voulais faire depuis longtemps, j'espère qu'il vous plaît malgré qu'il soit court.
ily, take care of yourself,
champagne
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