Chapitre 24 : "Acte II : Le Purgatoire"
Il devait être environ sept heures du matin lorsque j'ouvris les yeux. Jeff respirait lentement, sereinement. Je soupirais en le voyant, repensant à notre "conversation" de la veille. Je ravalais quelques remontées amères et me redressais dans le lit en m'étirant.
- Salut, Princesse.
Je tournais la tête vers lui. Il souriait, à moitié endormi. Il se redressa à son tour et posa lourdement sa tête sur mon épaule. Je m'affaissais un peu sous la pression.
- T'as bien dormi ?
Quel taré, sérieusement. Je lui répondit d'un air détaché.
- Non, pas vraiment.
- Oh, pourquoi ?
Je roulais des yeux. A ton avis débile ? Je le senti se redresser, il me fixait d'un air inquiet. Je soupirais en haussant les épaules.
- J'ai fais de mauvais rêves, c'est tout.
Il fronça les sourcils. Je le regardais sans comprendre. Alzheimer le guette ou quoi ?
- Dis-moi Jeffrey...
- Mmh ?
- Tu m'aimes ?
Il parut indigné par ma question, suspendant chaque mouvement qu'il était en train de faire. Il s'assit en tailleur face à moi et saisit min visage entre ses doigts. Je frissonnais un peu.
- Evidemment que je t'aime, t'en as d'autres des questions bêtes comme ça ?
Une sorte de courant électrique désagréable parcouru mes veines durant quelques millisecondes. Je le fixais sans comprendre. il me souriait gentiment.
"Gentiment"... Je n'avais jamais pensé pouvoir utiliser cet adjectif afin de décrire Jeffrey...
Il a peut-être deux personnalités ? Ca ne m'étonnerai même pas en soit... Son regard, bien qu'inquiet restait clair. Autant profiter de ce moment.
- Jeffy, je peux te demander quelque chose ?
Je joue clairement avec le feu, et ça craint. Jeff ne me quittait pas des yeux et un léger sourire s'afficha sur ses joues fraichement cicatrisées.
- Oui, qu'est-ce que tu veux ?
Je pris une profonde inspiration.
- Je peux t'emprunter ton portable, s'il te plais ?
Il se tourna vers la table de chevet, en ouvrit le tiroir et saisit son téléphone, encore éteint. Il grogna en remarquant que la batterie était à plat.
- Merde... Bon, je te le passerai quand i-
Sa phrase resta en suspend. Il me regarda à nouveau, le regard assombri.
- Mais pourquoi tu veux mon portable, T/P ?
Je dégluti, quelque peu découragée.
- Je voudrais appeler une copine pour lui demander de me prendre les cours. Ca fait longtemps que je ne suis plus allé à la fac...
Un voile de tristesse vint se poser sur son visage.
- C'est vrai... Mais j'ai peur que si je te laisse y aller, tu trouves mieux que moi et que tu m'abandonnes...
J'étais de plus en plus perdue. Ce n'était pas la même personne. J'essayais de le rassurer.
- Mais tu pourrais venir avec moi, on est dans la même section. Et puis, je t'ai promis de rester avec toi, tu te souviens ?
Une étincelle malsaine illumina son regard. Il pencha la tête sur le côté.
- Evidemment que je me souviens, c'est moi qui te l'ai fait promettre hier.
Ah, voilà. On retrouve le psychopathe que je déteste tant ! Je dégluti difficilement en luttant pour ne pas baisser les yeux. La lueur inquiétant s'éteignit petit à petit. Je lâchais un soupire de soulagement. Il poursuivit avec une voix enjouée.
- Sinon, c'est une super bonne idée ! On ira en cours tous les deux à partir de la semaine prochaine.
Je me forçais à sourire.
- ouais... Et du coup, je peux appeler ma copine pour lui dire ?
- Non, ça lui fera la surprise.
Il souriait mais son regard était de nouveau sombre. Je gardais mon calme.
Tout va bien, enfin, je suppose...
Il secoua la tête puis ouvrit les bras. Je le regardais sans comprendre. Il lâcha un petit rire avant de m'attirer contre lui et de m'embrasser sur la joue.
- Sinon, dis-moi... Tes deux coups, tu les veux maintenant ou plus tard ?
Je sentis mes muscles se crisper d'un seul coup, des crampes tordant mes boyaux. Je relevais la tête et le regardais terrorisée.
- Jeff- Je-
- Tu croyais que j'avais oublié ?
Je tremblais comme une feuille. Jeff m'adressa un sourire.
- Allez, choisi, comme ça, on passe à autre chose mon cœur.
- T-Tout à l'heure...
Il paru déçu de ma réponse et recula afin de se lever. Il s'habilla puis sorti de la chambre. Je me mis à pleurer bruyamment , roulée en boule sur le lit. Les minutes passaient et mes yeux me brulaient. J'entendis des pas arriver dans ma direction. Mes jambes se recroquevillèrent contre moi. Mes cheveux me collaient à la figure. Une main se posa sur mon épaule puis l'agrippa afin de me retourner. Jeff s'assit sur le lit et dégagea mon visage de mes mèches trempées. Je me redressais inquiète.
- Je suis désolée T/P.
Je fronçais les sourcils, perplexe. Mon coeur battait fort.
- Pouq-ARGH!
Une douleur atroce au niveau de mon flanc droit me fit taire instantanément. Les larmes s'étaient remise à dégouliner le long de mes joues. Je fixais Jeffrey, tiraillée entre colère et désespoir. Une claque violente me fis tourner la tête et me donna l'impression que mon cou était sur le point de se rompre. Un couinement plaintif s'échappa d'entre mes lèvres moites. Jeff soupira et me prit les mains. Je tremblais et hoquetais, tentant de capter un filet d'air. Il colla son front au mien.
- J'aime pas faire ça, tu sais ?
La colère l'emporta sur la tristesse. Je le poussais et me levais, repoussant quelques mèches éparpillées ça-et-là.
- Arrête de dire de la merde, ok ?! Tu n'aimes pas ça, Tu adores ça ! T'es pas net, t'es même totalement barré pauvre connard ! Quand soit disant, on aime réellement quelqu'un, on ne le tabasse pas ! Je ne suis pas un chien, tu comprends ça, pauvre merde !
Je m'effondrais au sol, à bout de souffle.
- Je te hais... Tu m'as enlevée, tu m'as torturée. Tu me séquestres... Tu fais comme si tout allait bien, comme si on avait une relation banale alors que tu passes ton temps à me terroriser...
Je levais un regard sombre vers lui.
- J'espère qu'une seule chose.
Un court silence plana dans la chambre.
- J'espère que Liu va me retrouver et te flinguer comme la pauvre merde que tu es. Personne ne te regrettera, sale monstre.
Jeff écarquilla les yeux, perdu. Il regarda partout autour de lui comme un gamin apeuré. Je me levais pour sortir de la chambre.
- Non ! Ne pars pas, je t'en supplie !
Je le regardais par dessus mon épaule.
- Oh, et je devrais t'écouter peut-être ?
- Oui ! T/P, je n'ai que toi...
- Tu n'as que moi parce que tu me séquestres, sinon tu n'aurai personne, crois-moi !
Je tournais les talons et sorti de la chambre, laissant Jeff seul.
On échange les rôles, connard.
J'arrivais dans le salon qui donnait sur une cuisine ouverte. Des cannettes de bière et de soda trainaient un pu partout. Un couteau maculé de sang sec était jeté dans l'évier et avait pour seule compagnie un emballage vide plat préparé. Je soupirais. Je tentais de réfléchir correctement mais les odeurs nauséabondes de bouffe pourrie m'en empêchaient assez facilement. Je fini par m'assoir sur le canapé, en prenant soin de repousser les cannettes du bout des doigts.
Un nouveau soupire m'échappa. Je voulais partir, tout oublier et refaire ma vie. Comme avant. C'était trop demander ? Mon regard se perdait dans la contemplation assez écœurante de la pièce. Mon attention finit par se focaliser sur la fenêtre, de petite taille certes, qui donnait sur l'arrière cour. Je me levais d'un bond et me dirigeais vers ma "porte" de sortie. Je l'ouvris avec discrétion et me contorsionnais comme je pu pour parvenir à sortir. Je balançais ma jambe droite en avant et me retrouvais sur mes pieds dans la courette. Six poubelles étaient alignées contre le mur de la maison et odeur fétide s'en dégageait.
Hors de question que je regarde leur contenu.
Je secouais la tête en réprimant une grimace de profond dégout puis me concentrais sur ma mission première.
Sortir.
Les murs étaient trop hauts pour pouvoir être sautés et trop lisses pour être escaladés. Je tournais la tête pour chercher un marche-pied de fortune. Rien à par les poubelles... Je grognais mais me bouchais le nez et saisi la poignée d'un des conteneurs. Je le tirai contre un des trois murs et grimpais prudemment dessus. Je m'agrippais au haut du mur et me hissais avec difficulté au dessus afin de l'enjamber.
Mais un autre soucis se posa rapidement.
Si le mur était trop haut pour le grimper, il restait trop haut pour le descendre. Je laissais un juron m'échapper. Je me mis à califourchon pour tenter de me laisser tomber sans trop de dommage. Je gardais les mains accrochées en haut du mur et laissais mes jambes pendre dans le vide. mes muscles me faisaient déjà mal et je regrettais amèrement d'avoir arrêté le sport. Je fermais les yeux et me lâchais en poussant un petit cri sur-aïgu. La collision avec le sol fut douloureuse. Mes chevilles, premières victimes de cet atterrissage incontrôlé, se dérobèrent sous mon poids à la réception. Mes genoux cognèrent le col, m'arrachant un grognement. Je me relevais en trébuchant plusieurs fois, frottant mes paumes de mains rougies et éraflées. Je regardais autour de moi et constatais avec joie que j'étais enfin lire. Mes jambes retrouvèrent leur vitalité et je me mis à courir hors de la zone industrielle pour regagner la ville. Je rentrais hors d'haleine dans un commissariat. Toutes les personnes présentes me jaugèrent de la tête aux pieds. Le rouge me monta rapidement aux joues en réalisant que je ne portais qu'un simple tee-shirt long, qui n'était même pas à moi. La plupart des finirent par détourner le regard, par courtoisie ou gène, je n'en sais rien. Un officier s'approcha doucement de moi et me questionna.
- Tout va bien, mademoiselle ?
- Oh, oui ! Je viens de réussir à m'échapper de l'endroit ou un dangereux psychopathe, d'ailleurs pourquoi est-il toujours dans la nature hein ?! Bande d'incapables ! Bref, ce n'est pas la question. Donc, je viens de fuir un taré dingue de moi qui me retentait chez lui !
L'agent eut un mouvement de recul, surement inquiet de mon hystérie. Il finit par s'approcher de nouveau et fit signe à quelqu'un situé hors de mon champ de vision. Une femme, elle aussi officier à en juger son uniforme, arriva et me tendit une couverture de survie. Je fronçais les sourcils.
- Pourquoi vous me donnez ça ?
- Vous tremblez mademoiselle.
je baissais la tête de façon à apercevoir mes jambes nues qui semblaient vibrer. Mes doigts ne parvenaient pas à rester en place et je me rendis compte que mes dents claquaient bruyamment. L'adrénaline baissa d'un coup et ma tête se mit à tourner. La femme me soutint et m'accompagna à une chaise. Je ramenais mes jambes sous mon menton et baissais la tête, laissant quelques mèches de cheveux me tomber devant les yeux. Mon cerveau bouillonnait et il me parut impossible de prononcer le moindre mot.
- Mademoiselle ?
Je me sentis légèrement secouée.
- Vous êtes couverte de bleus qui semblent important, et votre jambe est infectée. Vous êtes en hypothermie et en état de choc. Nous avons appelé les urgences. Vous allez aller à l'hôpital. Vous comprenez ?
Je relevais la tête. Ma bouche était pâteuse.
- M-merci...
La femme me sourit puis se leva pou aller échanger avec son collègue. Je ne me souviens pas comment je suis arrivée à l'hôpital.
Les murs étaient clairs et la lumière se diffusait dans la pièce. J'ouvris lentement les yeux mais les refermais immédiatement, éblouie par les rayons du soleil. Je posais un bras sur mon visage. La porte de la chambre s'ouvrit et une infirmière entra en me saluant . Je me redressais comme je pu dans le lit et m'efforçais de sourire.
- Bien dormi, mademoiselle ? Vous avez un sommeil agité.
Elle compris mon incompréhension et se justifia doucement.
- Vous parlez en dormant.
Je pris quelques secondes pour m'observer. Je portais une de ces chemises bleues stérilisées et un cathéter était planté dans mon bras gauche. L'infirmière déposa un plateau devant moi.
- Vous devez manger pour recouvrer vos forces.
J'hochais docilement la tête.
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