Épilogue

La salle était remplie et bruyante : tout le monde était ravi d'être là et le faisait bien ressentir de par leur attitude. Certains avaient déjà commencés à se servir d'en-cas et d'autres attendaient de trinquer avec les deux tourtereaux, à l'heureuse nouvelle. L'immense hall était départagé entre les tables à buffets, ou s'étaient placés de nombreux gloutons -du genre Chuuya, qui se faisait nourrir par Kunikida-, l'espace enfant, où Kyōka s'amusait avec les autres jeunes invités, et l'estrade, pour l'instant pratiquement vide.

Atsushi s'occupait d'accueillir tout le monde à l'entrée par une poignée de main énergique en compagnie d'Akutagawa, son désormais mari.

Dire qu'il s'était attendu qu'à leur cinquième anniversaire de couple Akutagawa lui passe la bague au doigt, s'aurait été mentir. Ce jour là commençait exactement comme tout les autres et le noiraud n'avait montré ultérieurement aucun signes d'une éventuelle demande en mariage, alors comment deviner ?

Le blanc avait juste prévu d'aller au restaurant et de faire un tour de la ville la nuit, comme à leur habitude lorsque cette date sortait du calendrier, mais il sembla que le brun n'eut pas été de cet avis, puisque le matin même il s'était agenouillé devant son amant, les yeux brillants de sincérité. Sa déclaration pareille à celle des films, Atsushi s'était cru dans une romance à l'eau de rose qui passerait -très sûrement- à la télévision. Elle avait été fait presque au levé du soleil, quand l'humidité du matin était encore présente dehors, et quand les sentiments venaient tout juste de s'éveiller avec les corps encore engourdis.

Peut-être qu'Akutagawa avait été tellement stressé qu'il avait fini par demander alors qu'ils n'étaient encore qu'en train de déjeuner. Peut-être.

Néanmoins, Atsushi avait été si heureux qu'il en avait pleuré, exactement comme dans les romances à l'eau de rose.

Ainsi, ils avaient décidés de faire une célébration pour continuer dans leur lancée de clichés. Ils avaient invités tout le monde, autant les connaissances qu'ils s'étaient faites en Amérique que la famille. Dans la salle, toute la lignée des Akutagawa était là tandis que celle d'Atsushi manquait encore de quelques membres. Alors que le blanc contait combien de personnes il manquait, un son lointain lui fit tourner la tête vers la rue d'en face.

Bien sûr, ce cris enfantin appartenaient à son grand frère : Ranpo. Pour une fois, il avait fait un effort sur la tenue et était arrivé dans un élégant costume noir à cravate blanche. Cependant, et bien sûr, plié de toutes parts. Atsushi n'en attendait pas moins du garçon, il ne savait sûrement pas ce que voulait dire le mot "repasser" malgré son intelligence hors-normes. Derrière lui courait Poe, l'accompagnant comme toujours. C'était d'ailleurs sûrement lui qui l'avait forcé à porter un tel accoutrement -en tout cas c'est le terme qu'avait employé Ranpo pour définir le smoking-. Il faisait signe aux deux mariés, un sourire discret aux lèvres.

__ Alors ? Il y aura des sucettes j'espère ! Commença le châtain d'un ton divagant dans les nuances de plaintes en cas d'une réponse négative.

__ Oui, oui, va avec Kyōka, elle t'en donnera. Rigola le blanc, amusé de son entrée pour le moins, flagrante.

Un air soulagé prit possession du visage de Ranpo, qui s'envola de suite quand Poe lui prit les épaules dans un élan de politesse un peu démesurée.

__ Enfin Ranpo, ça ne se dit pas. Il faut les féliciter. Lui chuchota-il, comme s'il lui passait les réponses d'un examen.

Ce dernier se contenta de ronchonner en levant les yeux au ciel avant de rejoindre sa sœur dans l'espace destiné aux enfants, qui furent d'ailleurs tous choqués de voir cet étrange bonhomme débarquer.

Poe ne put que sourire devant le caractère singulier de son ami, et se retourna vers les deux autres pour, lui, leur offrir ses plus sincères vœux. Il engagea par ailleurs une nouvelle discussion au plus grand plaisir des deux mariés, qui commençaient à se désintéresser quand même un peu des banalités du type :"bonjour", "oui", "merci", "félicitations".

__ Au fait, je viens d'apprendre qu'Akutagawa était cet artiste que j'admire. J'aime vraiment depuis longtemps ce que tu fais, c'est vraiment très expressif, toutes ces couleurs et ces formes... tes portraits dégagent aussi une très grande force ! Expliqua t'il alors tandis qu'Akutagawa se flattait.

Poe saisit les mains du noiraud avec passion, des étoiles dans les yeux, sûrement encore en train de rêver de par les toiles magiques du peintre. Cela faisait plaisir à entendre, la reconnaissance, et la recherche de signification aussi. Akutagawa était particulièrement touché.

__ Ce n'est que maintenant que tu l'apprends ? J'aurais pensé que Ranpo te le dise plus tôt... Intervint Atsushi, surprit.

__ Il semble qu'il ait oublié puisqu'il ne m'en a parlé qu'à partir de la moitié du trajet.

Finalement cela lui ressemblait tout même un peu. Pas que le châtain ait la tête dans la lune, mais parfois il lui arrivait d'omettre les choses qu'il juge comme "pas importantes". Ils rigolèrent un peu à propos de ça avant que Poe ne rejoigne Fitzgerald et son ami, décontracté par rapport au début de la conversation.

Atsushi regarda la liste des invités et constata que tout le monde était arrivé. Dans un sourire chaleureux, il entraîna son époux sur la scène et tapota le micro y étant installé par avance lors des préparatifs de la veille.

Il se racla la gorge pour signaler le début des festivités à toute la foule avant de commencer son discours, que tout le monde écouta par ailleurs très attentivement :

__ Alors... tout d'abord un grand merci à tous d'être là aujourd'hui, ça me touche beaucoup plus que vous ne l'imaginait... et ensuite un grand merci à mon très cher mari d'avoir donné naissance à cette histoire qu'est la notre. Sans lui, je pense que je serais resté là à me morfondre sur moi même comme je le fais si bien; mais au contraire j'ai changé et je me suis épanoui, un peu comme un camélia qui ouvre ses pétales au monde.

Sa voix s'évanouit dans le brouhaha constant des gens l'acclamant après sa prestation, tous très fiers de lui et du brun. Cette journée s'annonçait terriblement plaisante.

Atsushi les initia ensuite tous à se faire plaisir au banquet et aux autres activités proposées; tandis qu'eux iraient voir où en était la préparation du gâteau.

Le couple descendit de la balustrade, de suite salués par Gin; maintenant devenue une belle jeune femme au regard perçant. Elle était venue accompagnée de son petit-copain : un garçon aux airs de délinquant mais au cœur d'ange. Dans son costume taillé bien serré à sa taille, il était évidemment mal à l'aise, au final un peu comme Ranpo. Mais lui, ne s'en fichait pas entièrement... ce que le noiraud remarqua de suite, et ce qui l'attendrit.

__ Détends toi, ce n'est pas parce que tu es avec ma sœur que je vais te manger : tous les grands frères ne sont pas comme ça. Plaisanta alors Akutagawa, vraiment amusé par le comportement adorable du jeune homme, et aussi en ayant l'envie de le taquiner un peu.

Son vis à vis relâcha ses épaules dans un soupire de soulagement en lui rendant un rictus léger, quoique un peu gêné.

Sur ce, les deux autres tourtereaux partirent joyeusement, laissant les deux jeunes hommes seuls. Ils tournèrent les talons à leur tour et se rendirent vers la cuisine, bouillonnant en réalité d'impatience de voir leur gâteau de mariage. Lorsqu'ils arrivèrent à l'intérieur de la salle froide, ils furent choqués de la taille gigantesque et ne purent que sautiller de joie, remerciant dans un sourire -fait de toutes leurs dents- le pâtissier.

 Ils quittèrent la pièce rapidement et rejoignirent le hall où triomphait le bonheur et l'excitation du moment. Le photographe se faisait lui aussi un malin plaisir à capturer ces passages de vie rayonnants. Tout était si merveilleux, les joues d'Atsushi en rougirent, et surtout lorsqu'il pensa à toutes ces personnes ici présentes rien que pour eux et leur événement.

La journée passa ensuite très vite : entre les fausses disputes de Kyōka et Ranpo qui faisaient rire la galanterie, Chuuya qui tentait un bras de fer sans mains avec Poe, l'incroyable éloquence de Fitzgerald quand il commençait à dériver sur des débats politiques, et bien évidemment la dégustation de l'immense pâtisserie, a-cas le gâteau. Tout était splendide : génialissime, grandiose.

Tous les synonymes du mondes n'auraient pas été suffisants pour décrire la joie intense que le nouveau couple ressentait durant cette courte après-midi. Ils auraient souhaité prolonger la journée si cela avait été possible.

Mais chaque bonne chose avait une fin, et ce n'était pas si mal.

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Épilogue__Fin

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