𓆞; 𝐋𝐢𝐯𝐚𝐢̈ 𝐀𝐜𝐤𝐞𝐫𝐦𝐚𝐧,
⸻𝖑𝖎𝖛𝖆𝖎̈ 𝖆𝖈𝖐𝖊𝖗𝖒𝖆𝖓;
𝐒𝐄𝐀𝐒𝐎𝐍 𝐅𝐎𝐔𝐑, 𝑃𝐴𝑅𝑇 𝑂𝑁𝐸.
Cela faisait déjà quelques mois que nous faisons ami ami avec l'ennemi. Recrutant des espions, de nouvelles armes, préparant de quoi faire face à ce monde extérieur, plus si inconnu que ça. C'était devenu notre quotidien, nous nous y étions rapidement habitués.
Je faisais tout mon possible pour aider Hange, depuis la mort du commandant Erwin Smith. Elle qui lui avait succédé. Parce que je savais que c'était dur pour elle, de prendre la place d'un ami mais surtout de faire face à ce nouveau monde et à tous ces problèmes.
Nous avions tous du sang sur les mains, c'était trop tard pour faire marche arrière, alors nous travaillions d'arrache-pied pour que tous nos amis ayant perdus la vie n'aient pas subit ce triste sort en vain. Matin, midi et soir nous nous préparions à nous battre.
Je me préparais moi aussi, de mon côté, avec les jeunes recrues du bataillon d'exploration, Jean, Armin, Mikasa, Eren, Connie, Sacha, finalement plus si nouvelles que ça. Je les aidais du mieux que je pouvais et ça m'aidait à me relaxer de mon côté puisque ces gamins avaient une sacré force de vivre.
C'était quand même horrible de se dire que ces enfants allaient sûrement perdre la vie pour des crimes dont ils n'étaient pas responsables. Moi ça ne me dérangeait pas de mourir, j'avais la trentaine d'année, j'étais seule, sans famille ou amis. Mais je n'avais vraiment pas envie de voir ces chics gamins se battre et risquer de mourir.
Enfin.. Ce n'était pas à moi de décider et de toute façon c'était déjà bien trop tard. Ils savaient trop de choses et avaient vécus trop de choses. On ne pouvait plus faire marche arrière, pour quinconce..
Des bruits de pas se rapprochant de moi me firent ouvrir les yeux.
"Qu'est-ce que tu fiches ici dans ton coin ?" déclara une voix agacée.
Mes pupilles se baladaient rapidement sur la plage, et la mer jusqu'au ciel étoilé tandis que je sentais le caporal Livaï prendre place à mes côtés sur l'herbe. Il faisait bon ce soir, pas étonnant qu'il soit sortit prendre l'air.
"Hange te cherche partout." rajouta-t-il.
Je tournais ma tête vers lui mais Livaï, lui, se contentait de regarder droit devant lui, toujours l'air aussi ennuyé et exaspéré. Il ne m'avait pas l'air d'aller bien et j'hésitais honnêtement à lui demander ce qui le tracassait. Car il y avait tant de possibilités vu notre situation..
"Je ne me lasserais jamais de cette vue." murmurais-je finalement en me tournant vers la mer. "Je ne peux pas m'empêcher de venir contempler ce spectacle. Et dire que certain en ont été privés toute une vie..."
Le noiraud acquiesçait.
"C'est pour ça que tu disparais tous les soirs alors ?" insistait-il.
"Mhh." je répondis. "Tu peux dire à Hange que j'arrive bientôt pour l'aider sur le nouvel équipement. Je ne vais pas tarder."
"Je lui dirais."
J'attendais quelques minutes, frissonnant au contact glacé du vent et légèrement salé. Nous avions tant manqué de sel entre les murs, ça avait toujours été une ressource rare et pourtant indispensable pour nous tous. Et voilà qu'aujourd'hui nous faisons face à une mer de sel.. Quelle ironie.
"Tu comptes me tenir compagnie longtemps ?"
Je me tournais vers le caporal Ackerman et fus surprise en voyant qu'il s'était allongé dans l'herbe les bras croisés et déposés dans le dos de sa tête. Il contemplait silencieusement le nuage qui volait au dessus de nous. Ça ne lui ressemblait pas d'être aussi silencieux et calme.. Ça me laissait légèrement bouché bée.
"J'avais.. J'avais fait une promesse à Erwin." avoua le noiraud.
Le silence, brisé par sa voix, retomba. Désormais intriguée, j'haussais un sourcil et me tournais vers lui. Un pied déposé sur l'herbe, l'autre allongé, et mon bras déposé sur mon genous tandis que l'autre était à même le sol, je l'intimais de poursuivre son monologue.
"On était supposé tous vieillir ensemble comme de vieilles loques. Mais il a décidé de mourir avant d'entrer dans cette fichue cave. Quel idiot fini, bon sang."
Livaï et moi n'avions pas spécialement été proches depuis notre rencontre. Mais nous avions passé certaines soirées ensembles, à discuter, alors le fait qu'il s'ouvre à moi ne m'étonnait pas. Vu nos caractères compatibles et le fait que nous étions tout deux de vieux camarades soldats.
"Il a vraiment choisit le pire moment pour nous abandonner. Il va rendre Hange complètement dingue. Elle perd la boule."
"Encore plus que d'habitude ?" je demandais, surprise.
"Avant c'était dans le bon sens." rectifiait Livaï. "Maintenant elle est juste morte de stress. Elle est pas faite pour gérer une guerre aussi énorme. Erwin en revanche l'était."
Hange prenait énormément de plaisir à aider la grande perche, Yelena, à créer de nouvelle armes et des équipements. Mais cette partie 'jeu' n'était rien comparée à lorsque la pauvre Zoe devait parler durant des heures afin de nous trouver des alliers et à débattre sur le Grand Terrassement.
Livaï et moi étions certainement les seules personnes à le voir, mais Hange était fatiguée. Elle était née pour prendre du plaisir avec la science, pas à planifier la mort de millions de personnes.. C'était le travail de Erwin voire de Livaï, mais pas le sien.
"À t'entendre parler, on dirait que tu n'as pas fait ton deuil." murmurais-je.
Livaï souffla sèchement.
"Bien sûr que non." il me répondait. "Ni celui de Erwin, ni celui de tous les autres. Tant qu'on aura pas trouvé la paix, eux non plus ne l'auront pas."
Je rejetais ma tête en arrière.
Oui, il n'avait pas tort finalement... Nous étions tous hantés par nos défunts proches. Que ce soit nos amis, nos voisins, nos parents, des inconnus que nous avions croisés tous les jours de notre vie, avant leur mort. Nous portions tous leur mort sur la conscience, parce que nous ne pouvions pas faire autrement.
"Je ne regrette pas d'avoir choisi Armin." avouait finalement Livaï. "Erwin n'avait pas cette envie de vivre, je sais que j'ai fait le bon choix. J'en suis certain."
'Le bon choix' ? Dur à dire. Plus rien n'était bon ou mauvais dans ce monde. Ce n'était plus qu'une question de point de vue et de vengeance. Je ne savais pas vraiment si je devais alors partager son avis. Qui des deux auraient dû survivre ? On ne pouvait même pas répondre à cette question, honnêtement.. Car ils l'auraient mérité tout les deux.
"Quand la bataille débutera.." murmurais-je. "Reste en vie, je t'en prie."
Le noiraud me lançait un petit sourire.
"Évidement." me répondit-il simplement. "Et fais de même. Ce serait dommage de perdre un élément aussi prometteur que toi."
Je me pinçais les lèvres.
"Non, Livaï, je suis sérieuse." insistais-je en le dévisageant. "Ne meurs pas."
Il se redressait, comprenant mon inquiétude. Je n'avais pas envie de le perdre, rien que d'y penser, mon ventre se tordait dans tous les sens. J'avais tellement peur de perdre encore un de mes amis. Je ne voulais plus que ça se produise... Je voulais que ce tas de cadavres cesse de grandir.
"Y/N, je te promets que je ne mourais pas." déclarait fermement l'Ackerman.
"Merci.." lui répondis-je faiblement.
J'étais encore traumatisée. J'avais peur. J'étais terrifiée. J'en tremblais. Qu'est-ce que nous allions trouver derrière cette mer ? Est-ce que Livaï n'aurait pas mieux fait de choisir Erwin ? Et nos alliés actuels, étaient-ils vraiment avec nous ? Tant de questions se bousculaient dans ma tête..
Je restais finalement silencieuse, face à toute cette eau salée, sur laquelle le ciel étoilé ainsi que cette splendide lune avaient choisi de se refléter. J'humais l'odeur de la mer et écoutais paisiblement le son des vagues s'échouant sur les rochers ou le sable. Quel spectacle divin. Quel spectacle si simple. Et dire que nous y avions enfin droit.
"Bon."
Livaï se relevait.
"Je vais rejoindre Hange, tarde pas trop, gamine. Ils sont tous inquiets pour toi." déclara-t-il. "Tu devrais arrêter de la jouer solo, on dirait une dingue."
Sa petite pique me fit sourire. Je hochais simplement la tête puis l'écoutais partir, ses pas écrasant à répétition l'herbe autour de nous. Je fermais ensuite mes yeux et rejetais ma tête en arrière. Oui, quel spectacle divin.. Le roi Fritz nous avait donné la chance de vivre sur une si belle île...
Paradis qu'ils disaient..? Oui, c'était vrai. Cette île était un pur paradis. Désormais en tout cas. Surtout quand on goûtait à des plaisirs aussi simple mais dont nous avions pourtant été privés durant un siècle. Je profitais au maximum de ces moments là, j'en avais furieusement besoin. Juste de m'asseoir au bord de la mer.
C'était assez pour chasser la peur qui m'habitait. La peur de l'inconnu. La peur de revivre la mort d'un proche. La peur de devoir choisir entre deux vies innocentes. La peur de voir des enfants mourir sans comprendre pourquoi ils devaient se sacrifier. La mer effaçait tout ça, elle balayait mes craintes.
Et cela suffit à m'endormir.
Paisiblement, petit à petit, je me laissais glisser en arrière. Le vent caressait quelques petites mèches de mes cheveux, l'herbe me chatouillait la peau, la faible luminosité veillait sur moi et le bruit provoqué par la mer me berça durant de précieuses minutes. Je m'endormais, rassurée.
Ce ne fut que quelques instants après, alors que le sommeil me gagnait, que j'entendis une voix au loin.
"Tch. Je le savais."
Mon corps se fit porter par deux petites mains et ma tête se déposait sur la nuque du caporal. Je réajustais ma position en me collant un peu plus contre lui et soupirais d'aise. Le noiraud se mit en route, sans attendre.
"La prochaine fois tu te démerdes."
Si Morphée n'était pas venue me chercher avant, j'aurais sûrement ris et lui aurais répondu qu'il disait ça à chaque fois. Mais j'étais déjà bien trop loin dans le monde des rêves pour en avoir la force..
⸻𝖊𝖓𝖉 𝖔𝖋 𝖙𝖍𝖊 𝖔𝖓𝖊 𝖘𝖍𝖔𝖙;
@𝐂𝐨𝐥𝐮𝐦𝐛𝐨𝐃𝐮𝐦𝐛𝐨
⸻ᅳ𝖜𝖔𝖗𝖐 𝖇𝖞;
@_𝐒𝐇𝐎𝐄𝐒𝐔𝐊𝐄_
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