☽ Chapitre 5 ( Partie 1. )

 — Ça ne sert à rien, Calyptia.

J'ignorai la revenante que j'avais vu dans le dortoir plus tôt dans la journée, continuant de mettre en bordel la remise. Je cherchais désespérément une lampe-torche, après ce qui était arrivé dans les toilettes – ça c'était d'ailleurs arrêté aussi vite que c'était arrivé –, j'avais décidé de foutre le camp de là. Tant pis pour les autres, ça pouvait paraître horrible de penser de cette manière, mais mon âme était déjà vouée à la damnation, alors tant pis. Et si je crevais ici, je ne pourrais pas essayer de racheter mes péchés – bien que je doutais qu'on puisse racheter une faute de cette ampleur. Je mis finalement la main sur ce que je cherchais si ardemment depuis près d'un quart d'heure. M'assurant qu'elle fonctionnait, je fis ensuite demi-tour pour sortir de la pièce, traversant le fantôme de la bonne sœur. Je l'entendis soupirer dans mon dos. Elle pouvait soupirer autant qu'elle le voulait, ça ne me ferait pas changer d'avis.

— Je te le répète, tu ne peux pas t'enfuir.

— J'essaie quand-même, rabrouai-je froidement. Et arrête de me suivre, casse-toi !

Je n'avais pas envie d'avoir une morte dans mes connaissances. Parce que c'était effrayant et que ensuite ça n'avait absolument aucun sens. Je me dirigeais d'un pas assuré vers la sortie de l'abbaye, poussant les portes qui composaient l'entrée pour sortir, j'allumais la lampe-torche pour éclairer devant moi. Tout ce que je voyais c'était le brouillard, impossible devoir à plus de trois mètres devant soit. Une véritable paysage de film d'horreur... remarque, c'était cohérent avec tout ce qui se passait en ces lieux. Rassemblant mon courage, je me mis alors à avancer, le sol humide sous mes pieds – oui, j'avais abandonné mes chaussures – me fit frémir, mais je m'arrêtais pas. Avançant à travers les bois à l'aveugle, je cherchais le chemin qui menait vers la seule et unique route qui passait par ici, celle par laquelle nous étions arrivée avec le prête qui m'avait conduite dans cet enfer. Je levai ma source de lumière vers une statue de l'archange Raphaël. J'espérais qu'il puisse veiller sur moi jusqu'à ce que je retrouve mon chemin. Je me remis à avancer, éclairant le sol pour distinguer le sentier du reste.

Je continuais de piétiner sans rien trouver. Il ne m'avait pas sembler que ce soit si loin quand nous étions venu, certes, l'abbaye était éloignée de la route, mais pas au point de marcher autant. Je me stoppai soudainement et relevait ma lampe-torche et je restais bouche-bée en observant, une nouvelle fois, la statue de Raphaël. J'avais complètement tourné en rond, cette constatation me laissait un goût amer dans la bouche. Rageusement, je me remis à avancer, mais dans l'autre direction cette fois, espérant que la direction soit la bonne. Mais comme la première fois, je marchais longtemps sans rien trouver. Je fis de nouveau halte quand la représentation de pierre se présenta à nouveau à moi. À ce moment-là, je compris rapidement que quelque chose n'allait pas. Je m'éloignai lentement de la statue avant de me mettre à courir dans le sens opposer, jusqu'à ce que je revienne encore à Raphaël.

— Non, non, non, non, répétai-je en fixant la statue, c'est pas possible...

Je fis un pas en arrière et mon dos heurta quelque chose de solide. Je me figeai alors que le faisceau lumineux s'agitait à cause de mes tremblements. La froideur que je sentais se répandre sur ma peau se chargea de m'indiquer qui se trouvait derrière moi.

— Tu es méchante, minauda le monstre dans mon dos, tu ne m'aurais même pas dis au revoir, Cal'.

— Ô Père miséricordieux, écoute la prière de la bienheureuse Vierge Marie, priai-je de manière presque inaudible. Ton Fils Jésus, en mourant sur la croix, a écrasé la tête de l'antique serpent et a confié tous les hommes à Marie...

— La ferme !

Il me poussa si fort que mon corps alla se heurter contre la statue devant moi, m'arrachant des couinements de douleur. Je lui jetai un regard et ma gorge devint sèche quand je vis la lueur assassine dans ses yeux, la peur se mêla à mon sang alors qu'il s'avançait vers moi. Il vint tout près, ses yeux devenu plus rouges qu'orangés me fixaient sans faiblir. Ma conscience me criait de lui demander pardon à genoux pour qu'il m'épargne, mais ma fierté me fit garder le silence et soutenir son regard.

— Je ne veux pas entendre de prières, cracha-t-il avec dégoût, tu n'as toujours pas compris ? Dieu n'a aucun pouvoir ici et encore moins de l'amour pour vous, surtout pour toi. Tu m'appartiens et tu penses pouvoir t'enfuir ainsi ?

Il m'avait saisie par les joues et comprimait douloureusement ma mâchoire, me faisant plisser les yeux de douleur. Ma prise sur la lampe-torche se fit plus ferme comme si ça allait atténuer ma souffrance.

— En fait, Dieu n'a même jamais eu d'amour pour ta famille, compléta mon bourreau en me relâchant d'un geste brusque. Pour lui votre famille pourrira en enfer même si vous menez la vie la plus sainte.

— Qu'est-ce que tu en sais... ?!

— J'en sais plus que ce que tu crois, tu n'es pas la première Van Vein que je rencontre.

Cela me fit tiquer. Comment ça, pas la première ? J'avais sérieusement du mal à saisir comment cela puisse être possible. Je ne connaissais pas vraiment l'histoire de ma famille, ma mère ne m'en avait jamais réellement parler, seulement que ça avait toujours été compliqué pour nous. Quant à mes grand-parents, eux non plus ne parlaient pas beaucoup, de plus qu'ils sont morts tout les deux en même temps. Je ne me souvenais plus très bien des circonstances, j'étais plutôt jeune quand c'était arrivé. Mais de là à se dire que nous ayons déjà eu des différent avec cette abomination par le passé, ça n'avait absolument rien de rassurant et je n'étais pas très chaude à lui poser des questions là dessus.

— Rentre, m'ordonna-t-il.

Je n'en avais pas envie, pas du tout même. De plus que mon corps peinait à réagir à cause de la terreur que sa présence m'imposait. Une vive brûlure se répandit soudainement dans le côté gauche de mon visage alors qu'il m'avait semblé qu'on avait tiré un coup de fusil dans la nuit. Mon visage se tordit en une grimace de douleur alors que je portai ma main à ma joue meurtrie. Le goût du sang se répandait dans ma bouche alors que mes dents vibraient encore de douleur. Il m'avait giflé avec une tel force que même mon nez se mit à saigner. Je sentais le liquide chaud couler jusqu'à mon menton. Mes yeux étaient remplis de larmes, mais je me refusais à pleurer pour une simple gifle, aussi douloureuse pouvait-elle être.

— Tout de suite, insista-t-il.

Cette fois, mon corps accepta de se mettre en mouvement. Je pris donc le chemin pour retourner à l'abbaye, sachant pertinemment que je ne reviendrais pas à Raphaël ce coup-ci. À plusieurs reprises, je regardai par dessus mon épaule, il marchait derrière moi, ses yeux luisants dans la brume. C'était une vision terrifiante, mais ce qui m'effrayait encore plus que ce regard surnaturel, c'était le fait qu'il ne fasse absolument aucun bruit quand il marchait. Je ne savais pas si c'était toujours comme ça, mais si c'était le cas, ça voulait dire qu'il pouvait surgir n'importe où et n'importe quand sans qu'on puisse l'anticiper. La forme de l'abbaye fut bientôt visible dans la brume, cet endroit devenait une prison morbide et certainement... deviendrait-elle un cercueil un jour. Je passais la porte que j'avais laisser ouverte en sortant. Quand nous fûmes bien à l'intérieur, je pivotai légèrement pour pouvoir le regarder, il me fit simplement signe d'avancer d'un petit mouvement de tête sec. Je me remis donc à marcher, sachant très bien où je devais aller : la salle de prières.

Quand je fus à l'intérieur, je me mis à fixer la grande croix au fond de la pièce, récitant mentalement des prières pour espérer que quelqu'un me vienne en aide malgré ce qu'il m'avait dit un peu plus tôt. Après tout, si il y avait des démons, il devait bien y avoir un Dieu et des anges, pas vrai ? Le symbole religieux fut masquer par le torse du vampire, je relevai le regard vers son visage, le rictus qui étirait ses lèvres me donna la chair de poule. J'avais une sainte horreur qu'il me regarde ainsi, c'était un regard de prédateur qui avait parfaitement connaissance de sa supériorité. Je vis ses yeux à la couleur anormales glisser vers la gauche, plus précisément entre les rangées de bancs. Je l'imitai et je tombais droit sur un cadavre. Mes mains se portèrent à ma bouche pour retenir un cri. C'était Amanda qui était allongée sur le sol en pierre. Je me précipitai pour la prendre dans mes bras et je vis deux trous à la base de son cou et en y faisant plus attention, je m'aperçus, avec soulagement, qu'elle respirait encore, même si c'était particulièrement faible.

— Pourquoi... ?! aboyai-je, les yeux larmoyants.

— Je me suis dis qu'il fallait te punir pour avoir voulu t'enfuir sans ma permission. Mais je ne lui ai pas ouvert la gorge, donc elle peut encore vivre, mais ça, ça ne dépend que de toi à présent.

La suite allait forcément m'être défavorable, il ne pouvait en être autrement. Il ne ressentait pas la pitié, pour lui nous étions des jouets qu'il pouvait casser et jeter quand bon lui semblait, alors pourquoi m'offrir une chance d'avoir quelque chose à gagner dans cette histoire ? Rien ne l'y obligeait, il était le maître du jeu et moi une perdante peu importe la stratégie que je pouvais imaginer.

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