ʸᵘⁿᴶᵃᵉ - Lips Shut - ᴾᵃʳᵗⁱᵉ ⁶ ᴮᵃᵈ ᴰʳᵘᵍˢ
Voilà Princesse Fairycubies , il est là ! Je n'arrive pas à croire que j'ai autant écrit sur cette histoire, alors que je désespérais d'y arriver. Maintenant, j'espère réaliser le même genre de miracle avec "Undisclosed Desires" et "The house we never built".
Sinon, si j'arrive à ne pas trop rallonger le truc, normalement, le chapitre suivant sera le dernier de cette première partie. Pas la fin de l'histoire, hein.
➥ Warnings : Je ne veux rien spoiler à Ma Princesse, mais âmes sensibles, s'abstenir.
➥ Chanson (média tout en haut) "Bad Drugs" by king kavalier / Chris Lee
"Baby, you're bad for me, like drugs in my veins
You bring me up just to fall in deeper
Drifting into your voids
All time you're making noice
You took the air that I breathe
Feeling so good, til' you tear through my heart
Can't cover the scars anymore, baby
There's blood in the sky, and birds couldn't fly
And I'm losing my mind
You run through me like bad drugs, yeah
Tearing me to pieces, prying on my weakness
You're like bad drugs, yeah
You go to my head but fuck me up instead
Run through me like bad drugs"
Un long manteau noir, à même la peau épousant parfaitement son corps élancé et musclé, le haut de son torse visible, malgré la ceinture fermant le vêtement, il entra dans le club, les mains dans les poches de son pantalon clair, parfaitement ajusté.
Détendu, accueilli, comme partout en VIP, bien qu'il n'ait jamais mis les pieds dans l'établissement ou plus largement, dans cette ville, il s'installa dans le carré privé qu'on lui indiqua, l'homme qui lui avait donné rendez-vous, apparemment pas encore là. Commandant un bourbon, il confia d'avance un énorme pourboire à la serveuse, qui lui offrit un sourire à la fois ravi et méfiant, se demandant déjà ce qu'il voudrait en échange.
Sortant son étui à cigarettes, issu de la collection à venir d'un grand couturier, il joua un instant avec, avant de se saisir de son zippo. Généralement, il y avait toujours une foule de monde pour lui tendre un briquet, mais ce soir, il était venu seul, comme promis à son rendez-vous. Pas de garde du corps, d'hommes de main, de bras droits ou d'assassins cachés dans l'ombre.
Jung Sun Il, leader de Rafflesia, était un homme de parole.
Ce fut une autre serveuse qui lui apporta la bouteille et son verre, il lui laissa également un pourboire conséquent, comme à son habitude. Contrairement à sa collègue, elle ne laissa rien paraître, le remerciant avant de s'éloigner rapidement. Ce n'est qu'une fois au bar qu'elle eut une discussion agitée avec la première serveuse, mais il ne regardait pas dans leur direction, son attention attirée, pour la première fois, par la scène. Ce n'était pas le lent et sensuel blues qui l'avait fait réagir, mais une odeur délicieuse, bien que plutôt bien masquée.
Un oméga était sur scène.
Jung Sun Il savait que ce n'était pas un terme utilisé dans cette région du monde, mais il était sûr de ce qu'il avançait. Son corps savait toujours lorsqu'il était en présence de ce qu'on appelait chez lui, un oméga. Pourtant, le jeune homme sur scène aurait presque pu le faire douter. Loin des guerriers imposants de son pays, il ne ressemblait en rien aux omégas qu'il connaissait.
Une longue chevelure châtaine, de larges boucles, aux légers reflets roux. Une peau crémeuse, parsemée, au niveau du visage, de très légères taches de rousseur.
Malgré sa carrure frêle, il semblait avoir de la force ; ses abdominaux le maintenaient en place et ses cuisses étaient enveloppées autour de la barre, pendant qu'il tournoyait gracieusement en étendant les bras. Une expression sereine sur le visage, il papillonnait des yeux sans jamais les ouvrir entièrement, fascinant les clients.
Gris et rose.
Son regard si particulier, à la couleur inhabituelle, plongea une demie seconde dans le sien, lui asséchant la bouche et la gorge. C'était pourtant loin d'être le premier club de strip-tease qu'il fréquentait, lui-même possédant de nombreux établissements du genre et de maisons closes réputées.
- C'était notre précieuse Clochette, lança un homme derrière le bar, micro en main.
La clochette en question disparut sous les applaudissements, un autre danseur montant sur scène.
Jung Sun Il ne vit pas l'oméga sortir peu de temps après, pour rejoindre la sortie des artistes, son rendez-vous apparu entre-temps et Jin, en quittant l'établissement, ne vit pas Sung Hoon dans le carré VIP.
Ça faisait des jours que Brenda était enfermée.
Des jours qu'elle ne pouvait rien faire d'autre qu'entendre les cris de son mari et les pleurs déchirants de son fils. Elle n'avait pas dormi depuis une éternité et n'arrivait pas à comprendre comment les choses avaient pu autant dégénérer. Comment elle avait pu passer du bureau d'un officier de police en qui elle avait confiance, qu'elle avait invité à son mariage et dont la fille était dans la même classe que Ren, au coffre d'une voiture, puis à ce lieu isolé, qui pouvait être n'importe où.
Elle s'était réveillée dans une pièce étrange qui n'avait rien d'autre qu'une table et une chaise, puis, pour son plus grand malheur, son fils et son mari avait été amenés aussi, les pleurs de Ren, qu'elle n'avait fait qu'entendre, lui retournant l'estomac. Brenda avait cogné aux murs en comprenant que sa famille aussi était prisonnière. Elle avait hurlé, exigeant de les voir, mais personne n'avait daigné lui répondre.
Lorsqu'enfin quelqu'un entra, l'avocate fut surprise quelques secondes, faisant rire la grande blonde en costard rose, ouvert sur un soutien-gorge gris clair, dont les talons hauts résonnaient dans toute la pièce. Il y eut un cri perçant provenant d'une cellule qui ne pouvait être que très proche et Brenda sanglota.
Elle ne voulait surtout pas savoir ce qu'ils faisaient à Kyung Ho et Ren.
★
La blonde menotta Brenda, la guidant sans douceur à travers le couloir, jusqu'à une autre pièce plus grande, où se trouvait une petite table circulaire avec des chaises autour. L'ignorant lorsqu'elle demanda ce qui se passait et où était sa famille pour la énième fois, elle la poussa en avant et lui retira ses menottes. Quelques instants plus tard, la porte s'ouvrit sur Kyung Ho, portant Ren, malgré ses menottes, bousculé par deux grands gardes musclés.
- Mon chéri ! cria-t-elle.
Ren hurla un "maman" déchirant, se débattant en vain pour la rejoindre et elle comprit, bien que ne sachant pas comment, qu'il était attaché à son père, ses petites mains nouées entre elles autour du cou de ce dernier.
Un nouveau sanglot échappa à Brenda, tandis qu'un des deux hommes jetait presque son mari et son fils sur une chaise en face d'elle. Kyung Ho était aussi pâle qu'un cadavre, ses cheveux emmêlés partaient dans tous les sens et les seuls endroits où son visage n'était pas creusé, étaient les zones enflées à cause des mauvais traitements. Couvert d'ecchymoses, toutes à différents stades de guérison, certains d'un violet foncé, d'autres, comme ceux sous ses yeux, d'un jaune verdâtre, il était méconnaissable. Malgré tout, en la regardant, il sourit.
Son sourire était rempli d'amour et d'espoir.
Un déclic particulier fit tourner les têtes du couple vers la même direction. La blonde se tenait à égale distance entre eux, faisant tourner un revolver, un sourire sadique aux lèvres.
- Vous connaissez la roulette russe ?
★
Brenda et Kyung Ho avaient hurlé qu'ils refusaient, le médecin suppliant qu'on le tue simplement à la place, aucun des deux ne pouvant supporter l'horrible "jeu" de leur bourreau. Si l'avocate devait presser la gâchette, l'arme dans sa bouche, son époux lui, ne pouvait pas miser sa vie directement, mais celle de Ren.
C'est contre la tempe de leur fils, que ces malades voulaient qu'il tire.
Hors de question !
Pourtant, après un coup de crosse sur le crâne du médecin et la caresse d'une lame sur la joue de Ren, le couple devait se rendre à l'évidence, pour le moment, ils n'avaient pas le choix. Comme leur avait expliqué la blonde, en riant, s'ils ne respectaient pas les règles, leur fils serait torturé juste là, sous leurs yeux, sur cette table, de toutes les manières possibles, avant d'être vendu, si par miracle, il survivait et eux, serait éliminé après avoir profité du spectacle. Le couple ne doutait pas de la véracité de la promesse et les descriptions graphiques avaient donné des douloureux hauts le cœur à Kyung Ho qui n'avait rien à vomir et fait crier Brenda qui s'était bouché les oreilles, Ren pleurant de plus bel face à la détresse de ses parents.
- Toi d'abord, ordonna la fausse blonde, tendant l'arme au médecin. Et souviens-toi, ils n'hésiteront pas.
Le brun hocha la tête en prenant l'arme, regardant machinalement les deux gardes qu'elle lui pointait du doigt, cherchant déjà une solution pour, au moins, sauver sa femme et son fils.
Pour lui, il n'y avait pas d'espoir. Il n'y en avait plus eu à l'instant même ou Circus était entré dans son bureau.
Prenant une profonde inspiration, il fixa l'arme un moment, puis ouvrit la bouche, mais immédiatement, une lame fut contre la gorge de son fils, coupant superficiellement la peau, car ce dernier s'agita en criant.
- Seth, appela la blonde, une main tirant les cheveux du petit vers l'arrière, l'autre toujours serrée autour de son couteau. Le monsieur veut que tu joues avec son fils, apparemment.
Le plus grand des deux hommes avança, tirant sur sa ceinture et Brenda hurla.
- Non ! Cria Kyung Ho, paniqué. C'est bon, pardon !
D'un geste de la tête, la blonde indiqua la table et Seth y jeta sa ceinture, avant de retourner à sa place.
- Il n'y aura pas d'autres avertissements, prévint la bourrelle, d'une voix froide.
Le couple sanglotait, Ren criait, collé à son père, le médecin embrassait sa tempe, soufflant une litanie de pardon, tandis que Brenda appelait son fils pour qu'il la regarde. La main tremblante, Kyung Ho colla le revolver contre la tempe de son bébé, fermant les yeux en appuyant sur la gâchette.
Rien.
Brenda soupira bruyamment, pleurant en même temps. Il partagea un instant son soulagement, avant de réaliser qu'une balle avait encore plus de chance d'exploser le crâne de cette dernière, maintenant. Il tenait fermement le pistolet et la blonde lui arracha pour la tendre à la femme qu'il aimait. Brenda ferma les yeux en mettant l'arme dans sa bouche, tremblant de la tête aux pieds. Elle le réalisait pleinement maintenant, c'était de sa faute s'ils en étaient là. Si son mari avait été torturé et que son précieux bébé était terrifié, sûrement traumatisé à vie. Elle avait, comme toujours, suivi son besoin de justice à tout prix, ses rêves d'égalité et ce stupide, viscéral besoin de jouer les héroïnes et voilà où ça l'avait menée. Voilà où en était sa famille à cause de ses choix égoïstes.
Pourquoi avait-elle été aussi têtue ? Aussi dure avec Kyung Ho qui avait fait du mieux qu'il pouvait pour éviter, justement, de se retrouver dans un tel enfer ? Pourquoi avait-elle parlé à Thomas ? Pourquoi, même une fois Hyde mort, elle n'avait pas pu s'empêcher d'aller voir la police ?
Appuyant sur la gâchette, elle eut également droit à un simple clic, sans conséquence. Les gardes rirent sadiquement et elle retira l'arme de sa bouche. Commençant à la tendre vers son époux, elle se figea soudain, un meilleur plan lui venant à l'esprit. Kyung Ho comprit presque immédiatement, lisant tout dans son regard, lui ordonnant silencieusement d'arrêter, de ne rien faire qu'ils pourraient regretter. L'expression de Brenda s'adoucit et elle regarda son fils, qui avait le visage pressé dans le coup de son père, sanglotant silencieusement, épuisé. Un sourire tendre passa sur ses lèvres et elle remit le pistolet dans sa bouche, appuyant rapidement sur la gâchette.
- Non !
Kyung Ho cria, mais il était trop tard. Il y eut une détonation assourdissante, suivie d'un bruit sourd, tandis que le corps de Brenda retombait sur sa chaise, heurtant le sol. Du sang éclaboussa le mur, le plafond et une partie atteignit le visage du médecin.
Un fracas.
Le bol en morceaux et son contenu au sol, le liquide brûlant sur les mains, le torse et les cuisses de Yunho, son vieux tee-shirt blanc usé, lui collant maintenant à la peau.
Il n'eut aucune réaction, tête baissée vers le désastre, bras ballant, comparant son cœur à ses débris dans la soupe, semblant flotter au milieu d'un épais vomi. Yoongi cria son nom, le son plus proche du sanglot, mais il ne le rejoignit pas, laissant Jin s'en charger. Le porteur et Jung Kook l'observèrent nettoyer les mains rougies et poisseuses, puis sommairement le pantalon de jogging, avant de lui retirer son tee-shirt. Yunho était docile, ailleurs, semblant si fragile au tatoueur, qui avait envie de pleurer de le voir ainsi.
C'était comme ça depuis des jours, depuis que le boxeur était rentré de ce qui était censé être un romantique moment avec son partenaire.
Jung Kook savait ce que c'était qu'avoir le cœur brisé par la mort, la maladie, la trahison, la déception et la solitude, mais n'ayant jamais connu l'amour romantique, celui qui avait inspiré nombreuses de ses chansons favorites, il ne savait pas s'il pouvait comparer à ses expériences, pour essayer de comprendre un minimum. Pour saisir ce qui avait transformé le titan qu'était Yunho, à ses yeux, en géant de papier froissé.
Qu'est-ce qui avait bien pu se passer pour que le rendez-vous tourne au cauchemar ?
C'est ce que Yoongi et Jung Kook se demandaient tous les jours.
Le tatoueur réagit en premier, se tournant vers son ami, qui avait toujours les yeux fixés vers le couloir où avaient disparu les deux adultes. Mordillant sa lèvre en triturant les manches de son tee-shirt, il semblait partagé entre colère et tristesse, sa mine pâle inquiétant le roux. Jung Kook savait que Yoongi était très attaché à Yunho. Autant qu'à Jin. Il semblait avoir trouvé en eux, une figure parentale, qu'il n'avait sans doute jamais eu auparavant et les voir si contrariés, lui faisait forcément de mal.
Pour lui aussi, ce n'était pas facile, détestant se sentir comme un enfant inutile, incapable de prendre soin des gens qu'il aime.
- Installe-toi, je vais te chercher à boire, souffla-t-il doucement, en posant une main sur l'épaule du porteur.
Ce dernier tressaillit légèrement, relevant la tête vers lui, comme s'il se souvenait seulement de sa présence, ou du lieu où il se trouvait. Souriant, Jung Kook lui caressa le haut du crâne, avant de le guider vers le canapé caramel. Yoongi s'assit docilement, encore un peu ailleurs, laissant le tatoueur caler ses oreillers pour lui et s'assurer qu'il soit bien installé. Ordonnant à l'IA de la maison d'ajuster la luminosité et le son pour une ambiance apaisante, puis de lancer la bouilloire, le roux se dirigea vers la cuisine ouverte. Ignorant les restes de la crise de Yunho pour le moment, il fouilla dans les boîtes de thé, optant pour une infusion hibiscus, fruits rouges et baies noires. Relevant les yeux vers le salon, il fixa Yoongi quelques instants. Le jeune homme observait les sirènes et poissons volants qui s'extirpaient des vagues de nuages pour sauter au milieu des étoiles. Les yeux rivés au spectacle offert par Amy, l'IA gérant la demeure, il passait d'un mur à l'autre, relevant parfois la tête vers le plafond ou la baissant au sol.
Rassuré, un petit sourire étirant ses lèvres, Jung Kook remplit la théière en fonte, bleu-vert, à motifs dorés.
ღ
Son coffre embouti, son fils hurlant et les horribles photos des restes du cadavre de Thomas sur son téléphone, Kyung Ho avait repoussé le conducteur enragé qui le secouait en criant, claqué sa portière et démarré en trombe, sans destination précise en tête, plus paranoïaque que jamais.
Pendant combien de temps avait-il roulé avant que son téléphone ne sonne ?
Ça n'avait plus d'importance maintenant. N'est-ce pas ?
Lorsque ce flic, dont il peinait toujours à retenir le nom, l'avait appelé, déclarant que Brenda était au commissariat, inquiète et prête à faire sa déposition, une partie de lui s'était méfié, un sentiment profond de malaise tentant de lui servir de signal d'alarme. Mais qu'aurait-il pu faire d'autre ? Il devait s'assurer que sa femme aille bien. Foncer la chercher et tout faire pour qu'il puisse quitter la ville le plus vite possible après.
Quel plan ridicule.
Il avait imaginé qu'on l'attendait peut-être, mais il n'avait personne à qui confier Ren et vu la situation, l'idée de se séparer lui semblait insoutenable et dangereuse. Alors il l'avait pris dans ses bras, le cachant dans son manteau et s'était précipité dans le commissariat.
Si stupide.
Les premiers jours, dans la pièce bétonnée, tandis que son fils pleurait et qu'il entendait Brenda, non loin, crier, il avait beaucoup repensé à tout ça, à toutes ses erreurs. Aujourd'hui, dans sa cellule sombre, il ne pensait plus à rien. Ne ressentait plus rien.
Même l'odeur du cadavre en décomposition de Kiko, partageant son espace humide, ne lui parvenait plus. La première fois qu'il s'était réveillé après son enlèvement, dans un cercueil à peine entrouvert, le corps mutilé de la brune sur lui, il avait failli s'étouffer dans son vomi. À présent, il avait oublié son existence. Appuyé contre les pierres de sa cellule, enchaîné, il ressemblait à un cadavre. Rien dans sa posture, son expression ou son regard n'indiquait qu'il était vivant. On aurait même pu se demander s'il respirait encore.
Des jours sans bouger, manger, boire ou parler.
Il ne voulait pas réveiller Ren qui s'était enfin calmé hier.
Ren dans ses bras, qui après avoir appelé sa mère, encore et encore, l'avait enfin rejoint.
ღ
Jin avait installé Yunho dans la baignoire circulaire, que les trois robinets remplissaient rapidement, la mousse prenant de plus en plus de place. Les yeux fermés et le visage propre, le boxeur se laissait laver les cheveux, concentré sur la voix de son meilleur ami chantonnant pour lui, exactement comme lorsqu'ils étaient petits.
Il voulait tout oublier.
Ne plus penser, ne plus ressentir, dormir pendant des semaines et être passé à autre chose à son réveil. C'était impossible, évidemment. Puisque, un mois après, il en était encore à fondre en larmes, incapable de prendre soin de lui-même, laissant Jin le laver, l'habiller et le nourrir, comme s'il était un enfant. Mais juste pour cette nuit, il voulait faire comme si c'était aussi simple. Comme si ses sentiments pour Jaejoong allaient disparaître du jour au lendemain et que son cœur brisé n'était rien de plus qu'un mauvais rêve qu'il allait quitter aux premières lueurs du jour.
Sinon, comment était-il censé tenir ?
La nuit où Jaejoong lui avait demandé d'être son petit ami, d'être plus qu'un colocataire ou un faux sugar baby, il souriait. Yunho avait vu de la tendresse dans ce rare sourire doux. Il y avait vu, un soutien, un avenir. En y repensant aujourd'hui, il se sentait pathétique. Cette nuit, encore gravée comme un souvenir magique dans son esprit, Jaejoong n'était pas nerveux, évidemment. Il n'était jamais nerveux. Toujours sûr de lui et en contrôle. Mais Yunho lui, l'était pour deux, ayant attendu ce moment, tout en étant persuadé que jamais il ne quitterait ses rêves fous de gamin romantique, pour devenir réalité. Il aurait dû savoir que ce genre de choses n'arrivaient pas dans la vraie vie.
En tout cas, pas aux gens comme lui.
Il y avait une tache sombre sur le sol en marbre de son nouveau bureau qui refusait de disparaître.
Jaejoong la frottait lui-même, sans cesse, après avoir traité tous les gens engagés pour le faire, d'incapables. Mais même avec tous les meilleurs produits sous la main, elle restait là, salissant ce sol immaculé, lui donnant le sentiment de souiller cette réussite parfaite qu'il avait tant bataillé pour obtenir.
Avec le retour de Kazuya, il était à la tête de Circus et avait les moyens d'amener son propre clan, son W, au sommet, aux côtés des dirigeants de l'Ombre, comme promis à son père sur sa tombe. Mais cette tâche gâchait ce tableau parfait, attirant encore et encore son attention. Même lorsque, hors de lui, il jetait quelque chose dessus, pour la cacher, elle continuait de le rendre dingue. Aucun tapis ou meuble ne réussissait à arranger les choses. Il savait qu'elle était là. Toujours là. Et c'était suffisant pour l'obséder. Aux yeux de tous, c'était à peine un point sur un sol immaculé, mais à ses yeux, elle prenait toujours plus de place. Voilà pourquoi il était à genoux, torse-nu, sa veste de costume et sa chemise, sur son fauteuil, avec sa cravate, une brosse à dents dans la main, frottant rageusement cet obstacle imprévu, cette tâche qui obscurcissait son bonheur parfait.
- Pousse-toi !
Si ça n'avait pas été la voix de Kazuya, Jaejoong ne l'aurait sans doute pas entendu, pris dans son frénétique nettoyage. Relevant les yeux vers son mari, il tomba sur la mine sombre de ce dernier, son magnifique visage habillé d'une expression déterminée.
- Bouge !
Obéissant, le blond se releva, sa brosse à dents toujours serrée douloureusement entre ses doigts. Kazuya, avait les bras croisés dans le dos et alors qu'il les bougeait, quelque chose racla sur le sol. Jaejoong vit une énorme masse, dans la main droite du brun et rapidement, s'aidant de la gauche, il souleva l'objet, l'abattant, de toutes ses forces et sans hésiter. Des hommes armés firent irruption dans la pièce et Kazuya ne les laissa même pas prendre pleinement conscience de la situation.
- Détruisez-tout ! ordonna-t-il en lâchant la masse, pour saisir la main de son mari, qui se releva et le suivit, un peu hébété, torse-nu, jusqu'à leur ascenseur privé.
Lorsque les portes de la cabine se refermèrent, il réalisa que la tâche avait disparu, explosée au milieu de dizaines d'autres débris. Cette tâche, qui le rendait dingue depuis des semaines, n'était plus et au lieu de se sentir soulagé, d'enfin respirer correctement et savourer pleinement son bonheur, il eut un haut-le-cœur, haletant, un goût amer en bouche. Perdu face à lui-même, face au reflet dans les miroirs de l'ascenseur, qu'il ne reconnaissait pas.
Que lui arrivait-il ?
Le léger rire de Kazuya flotta dans la cabine, tandis qu'il se rapprochait de lui, posant une main sur sa joue.
- C'est si fascinant, souffla-t-il en le regardant, comme s'il faisait face à un enfant. Ils disent que je peux ressentir des émotions, alors qu'ils vous décrivent, toi et les tiens, comme en étant incapables...
Caressant sa joue, il sourit.
- Pourtant, regarde-toi, tu en exprimes tellement, depuis quelque temps.
Jaejoong cligna des yeux, encore plus perdu et troublé, recevant un nouveau choc. Kazuya bloqua son visage entre ses deux mains.
- Là, c'est dans ton regard, souffla-t-il. Autre chose que la soif, la rage, la jalousie, le sexe, l'ambition ou le pouvoir.
Hochant un peu la tête, le brun ajouta :
- Ce n'était pas là, avant.
★
Yunho se sentait particulièrement, mal.
Il avait raté le dîner la veille et aujourd'hui, le repas du midi et le petit-déjeuner, mais il n'avait pas faim. Heureusement, personne n'avait encore insisté pour qu'il mange et il était, une fois de plus, reconnaissant envers Jin, de le comprendre aussi bien. De toujours savoir ce dont il avait besoin ou pas. D'être si attentif à son bonheur et bien-être. De ne jamais le forcer à rien.
D'être si différent de Jaejoong.
Voilà, il pensait encore à lui. C'était pathétique.
Trois mois et rien n'avait vraiment changé.
Est-ce que c'était seulement possible ?
Il avait mal au crâne, une migraine atroce, qui ne le lâchait pas depuis la veille, mais ce n'était pas la douleur qui le gênait vraiment. Non, le problème, c'est qu'elle lui rappelait qu'il pouvait avoir mal, qu'il ressentait encore des choses. Qu'il était vivant, alors que, tout ce qu'il voulait aujourd'hui, c'était ne surtout pas exister.
ღ
Le froid réveilla Jaejoong.
Un sentiment de froid plutôt.
Quelque chose de morbide, glaçant jusqu'aux os. Quelque chose qu'il était censé provoquer, mais ne pas ressentir. L'odeur du lieu était familière, mais il n'arrivait pas à l'identifier clairement. Pieds nus sur le béton, où la cendre ressemblait à de la neige, il s'habituait à l'obscurité, à la nuit éternelle, remarquant qu'il n'y avait aucune couleur. Juste du noir, du blanc et du gris.
Il était déjà venu ici. Souvent, en fait. Surtout, la nuit, quand ses pensées devenaient trop dérangeantes.
- Qu'est-ce que tu fais encore ici ?
Un adolescent, à peine pubère, était assis sur le bord d'une faux géante, cassée, en équilibre sur son bord tranchant, le regardant avec intensité.
- Tu ne dois plus venir, tu le sais, pourtant, continua le gamin.
Jaejoong connaissait ce garçon qui flottait jusqu'à lui, soudain dans son espace personnel, sentant la chair brûlée, le sang et le vomi. C'était fort et putride.
Encore une fois, familier.
- J'ai un cadeau pour toi !
L'adolescent tendit les mains, comme un enfant excité de partager sa découverte.
- Ça fera passer tes migraines, aussi ! C'est magique !
C'était un bonnet d'enfant, avec un long pompon. Il était usé, la laine défaite à plusieurs endroits.
- Mets-le, l'encouragea l'adolescent en souriant. Ça va effacer toute la haine de ton âme et tu iras mieux.
Jaejoong ne voyait pas comment il pourrait mettre quelque chose d'aussi minuscule, ni en quoi ça soignerait ses migraines. Il avait envie de dire qu'il voulait garder sa haine, que c'était tout ce qu'il avait, l'une des rares choses qu'il pouvait ressentir pleinement et comprendre. Finalement, il s'exécuta, le bonnet se posant sur le haut de son crâne, prêt à tomber au sol, dès qu'il cessa de le tenir. Mais soudain, une douleur insoutenable vrilla son cerveau. La laine s'élargissait, glissant sur son crâne et son visage, jusqu'à son cou, se plaquant à sa chair et à ses cheveux. Il hurla, tombant dans la neige, se tordant de douleur, et le garçon laissa échapper un rire enjoué.
- Tuons-les tous ! Tuons-les tous et tout sera réglé !
Se réveillant en sursaut, il saisit la bouteille d'eau près de sa pile de dossiers, sur son bureau, où il s'était endormi. Recrachant immédiatement, le liquide coloré de son sang, il pressa le plastique, se mouillant au passage, avant de le jeter rageusement au sol.
Changmin, qu'il n'avait pas remarqué, apparut à sa gauche, lui tendant une nouvelle bouteille, qu'il but d'une traite. Le brun ne dit rien, ne posant, comme à son habitude, aucune question.
De toute façon, les cauchemars faisaient partie de leur quotidien. Éveillés ou non.
J
in ignora encore les messages terrifiants.
Sortant du lit précipitamment, un vertige le faisant retomber immédiatement sur le matelas. Épuisé, il soupira, son corps entier, douloureux, lui rappelant le stress intense qu'il tentait de contrôler depuis des mois. Effaçant les messages, il lutta contre son envie de vomir, se dirigeant vers la salle de bain. Ce n'était pas qu'il n'avait plus peur, bien au contraire. Mais il avait tellement de choses urgentes à gérer, que sa terreur passait au second plan.
Il n'avait plus le temps de paniquer pour lui-même.
Une fois douché, il sécha rapidement ses cheveux avec une serviette, notant leur longueur. Il ne les avait pas coupés depuis un long moment, exactement comme Yunho. Face au miroir, il camoufla ses cernes, avant de se maquiller, répétant mentalement sa routine pour se rassurer. Jin dansait dans un club, une fois par semaine, les revenus de ses cours et de son activité de chorégraphe, loin de suffire, entre la grossesse bien avancée de leur chaton, Yunho qui n'avait repris le travail que récemment, l'argent qu'il devait verser à Changmin pour son cli...
Secouant la tête, il chassa toute pensée négative, en commençant par l'avocat et son meilleur ami, qu'il rêvait de découper en morceaux.
- On ne doit plus jamais avoir à faire à eux.
★
Jung Kook croisa Jin dans l'entrée, lui rentrant, tandis que l'aîné sortait. Ils ne purent pas beaucoup discuter et le tatoueur observa un instant son ami s'éloigner, inquiet de le voir gérer tellement de choses seul.
Yunho avait recommencé à dormir, se nourrir, boxer et danser, s'occupant, le plus possible, l'esprit, avec énormément de lecture surtout, tout en refusant de côtoyer des gens, hormis le strict nécessaire pour son travail. C'était un peu comme si le reste du monde lui faisait peur à présent, ce qui inquiétait Jung Kook, qui voyait bien que Jin et Yoongi étaient également de plus en plus nerveux.
Le porteur sortait d'ailleurs de sa chambre, décoiffé, venant clairement de se réveiller. Lorsque l'effet de ses infusions s'estompait, il ne pouvait hélas plus dormir. Souriant tendrement face à sa petite tête ensommeillée, le tatoueur sentit les émotions négatives que les visites à son père, provoquaient toujours, s'estomper. Yoongi avait un gros ventre maintenant, qui déformait les tee-shirts et sweats, qu'il volait à Yunho ou à lui, refusant de porter autre chose, ce qu'ils trouvaient tous adorables.
- Arrête de te moquer de moi, simplet, marmonna le porteur en se frottant les yeux. Fais-moi un chocolat chaud, plutôt !
- Mais bien sûr, petite teigne, rit Jung Kook. C'est demandé si gentiment.
Yoongi bailla.
- Jin est déjà parti ?
Le roux hocha la tête.
- Il n'y a pas longtemps.
- Et Yun ?
- Il dort toujours.
Un petit silence suivit la réponse du tatoueur. Yunho dormait beaucoup, en ce moment. Ça rappelait à Jung Kook sa dépression, dont il n'était pas encore vraiment débarrassée.
Le pourrait-il seulement un jour ? Est-ce que c'était possible ?
Le petit grognement de Yoongi, s'installant péniblement dans le canapé, le ramena à son lait sur le feu.
- Je suis une vraie baleine ! marmonna le porteur.
À nouveau, Jung Kook nota la main protectrice sur le gros ventre ou l'absence de réelle colère et comme souvent ces derniers temps, il eut envie d'aborder l'accouchement. Ou plutôt, l'après. Yoongi ne lui en avait jamais parlé, comme tout ce qui touchait à Mizer, mais il voyait bien que quelque chose se préparait, vu les nombreuses messes basses publiques et échanges secrets entre lui et Jin, qui se multipliaient.
Quel était le plan ? Savait-il déjà à qui il voulait confier l'enfant ? Avait-il peur que son agresseur l'enlève ? Était-il malheureux, soulagé ou dans une zone complexe entre les deux, à l'idée de ne bientôt plus avoir, en lui, la preuve de ce qu'il avait subi ?
Jung Kook voulait demander tout ça et bien plus encore, à Yoongi, mais il n'en trouvait jamais le courage. La ligne entre son passé, son avenir, ses secrets et leur relation presque amicale, était claire depuis le début. Le porteur ne lui avait pas caché, qu'il n'avait pas les épaules pour les aider au-delà de l'hébergement et qu'ils ne lui en demanderaient, de toute façon, jamais plus. Jung Kook avait confirmé, partageant cette opinion, conscient qu'il n'était effectivement qu'un gamin trop gentil.
Si seulement il était plus fort, plus déterminé et ... Si seulement il était plus comme son frère.
Secouant la tête, il déposa le chocolat devant Yoongi.
Non, si seulement Changmin était du bon côté.
S'asseyant, il se retrouva avec les jambes de Yoongi sur ses genoux.
- Arrête de réfléchir, Simplet, tu n'es pas fait pour ça, lui lança le porteur. Masse-moi plutôt les pieds.
ღ
- Que penses-tu de ma surprise ?
Jaejoong regardait son mari, chevauchant le torse d'un Yunho inconscient, une lame à la main, incapable de savoir comment réagir.
Lorsqu'un peu plus tôt, son mari l'avait amené dans ce penthouse, pour "une soirée fun", il s'était attendu à ce que ça implique du sexe ou de la violence, voire les deux. Mais, l'idée de Yunho attaché à une table basse en marbre, allongé sur le dos, un bâillon dans la bouche, ne l'avait pas du tout traversé.
Kazuya rit.
- Je savais que ça te laisserait sans voix. Tu es bien installé ?
Assis dans un confortable canapé en cuir, à quelques centimètres de la table, Jaejoong ne pouvait rien rater. Il hocha inconsciemment la tête, les yeux fixés sur le visage de Yunho.
Des mois déjà depuis la dernière fois qu'ils s'étaient vus. Depuis ses larmes dans la limousine et son air perdu au milieu de la foule qui se pressait pour saluer l'héritier des Rain. Le boxeur ne l'avait pas contacté depuis et à le voir comme ça, il ne semblait pas vraiment aller mal. Enfin, minus son statut d'otage entre les mains de Kazuya, évidemment.
Était-il passé à autre chose ?
Soudain, comme s'il réalisait enfin, il tressaillit, remontant jusqu'au visage de son mari, qui l'observait déjà.
- Mais c'est le Kaahl de Rain !
Le brun rit, rejetant la tête en arrière.
- Ne t'inquiète pas pour ça, rétorqua-t-il une fois calmé. J'ai dépensé beaucoup pour ma surprise et ça ne fait que commencer, alors ne gâche pas tout Trésor, profite.
Jaejoong observa Yunho se réveiller, l'acier glacé contre sa gorge, son excitation teintée d'une sorte de malaise, qu'il diluait avec du bourbon, enchaînant les verres.
Il vit le boxeur se figer, se tendre, puis grimacer, les cordes et menottes frottant contre sa chair, faisant grincer ses os. Ses poignets ensanglantés formaient un contraste fascinant avec le reste de sa peau légèrement halée, qui accapara son attention de longues secondes. Puis ce fut le bord plat du couteau, glissant sur la gorge exposée qui le fit haleter, sa langue passant sur sa lippe, ramassant un restant d'alcool au passage. L'odeur du sang titillait ses narines, le poussant à boire davantage, tout en agissant sur son bas-ventre, que le cadeau de son mari ravissait vraiment.
Kazuya regarda son homme, puis pressa un baiser sur l'épaule de l'otage, sa main libre traînant nonchalamment sur son torse, ses doigts s'arrêtant parfois pour tâter les coupures qui ornaient son corps.
- Tu as beaucoup manqué à mon mari, susurra-t-il. Et toi, tu as pensé à lui ?
Le blond se pencha vers la table, vers les deux corps, son nouveau verre en main, frissonnant et excité. Kazuya embrassa Yunho, le caressant avec sa lame et ses doigts, sa langue taquinant l'entrée de ses lèvres fermement pressées entre elles. Sourcils froncés, le brun frappa sa poitrine, avec le plat de la lame.
★
Jaejoong avait retiré sa veste et sa cravate depuis longtemps et maintenant, il déboutonnait sa chemise, transpirant comme si c'était lui le plus actif des trois. Pourtant, il ne faisait que regarder. Regarder Kazuya caresser, couper ou briser les os de Yunho. Il ne faisait que boire, respirer lourdement et regarder, son sexe aussi dur que le poids gênant que l'entière bouteille de bourbon avait fini par alléger un peu.
La bouche de son mari était chaude, aussi douce que dangereuse et c'est les doigts crispés sur son genou pour s'empêcher de participer, qu'il le vit lécher et mordre la peau malmenée, sanglantes, bleue et violette, tout en glissant ses mains sous son jean, pour prendre en coupe la queue flasque de Yunho. Une fois nu, le sexe de l'otage réagit, cette simple réaction physique qui ne voulait rien dire le poussant à s'agiter, blessant davantage ses poignets. Kazuya, nu également rit, tenant son sexe, le glissant lentement en lui. Jaejoong ouvrit une seconde bouteille, ne s'embarrassant plus de verre, son mari chevauchant lentement le boxeur.
★
Kazuya avait joui et Yunho aussi, malgré lui.
Jaejoong les avait précédés, mais il était déjà, à nouveau dur, Yunho à genoux entre ses jambes, face à sa queue, tenu en laisse par son mari. Assis sur la table basse, cigarette aux lèvres, ce dernier les regardait.
Un coup de langue, de la base à la pointe, et comme pris de court, le blond se retint difficilement de gémir, ce qui fit sourire Kazuya. Lorsqu'il enroula ses lèvres autour de sa bite et l'y enfonça lentement, Jaejoong regarda Yunho, se demandant pourquoi il faisait ça. Parce qu'il n'avait pas le choix ? Parce qu'il était brisé ? Parce qu'il en avait malgré tout envie ? Il ne pouvait pas voir ses yeux, car Kazuya, le connaissant par cœur, les lui avait bandés. Il savait qu'il adorait pouvoir croiser le regard de ses partenaires lorsqu'ils le suçaient et ce sadique l'avait évidemment privé de ce plaisir, pour le moment.
Ce fut d'abord lent et paresseux, peu profond, arrachant des gémissements bas et lascifs à Jaejoong, dont la main posée sur les cheveux de Yunho, se resserrait progressivement, tandis que l'autre, caressait sa joue du pouce. Le boxeur accéléra alors, le prenant plus loin.
- Putain de merde, Yun.
Kazuya rit, se caressant paresseusement en détaillant les expressions de son mari. Yunho semblait plus enthousiaste et le blond jurait, grondait, sa voix toujours plus grave, ses doigts serrés dans les cheveux bruns, ses coups de hanches incontrôlables.
- Tu es proche Daddy, railla le leader de Circus, c'est assez pathétique.
Effectivement, Jaejoong était aux portes de la délivrance, sa respiration et ses expressions le trahissant. Yunho descendit profondément sur son sexe, l'avalant une fois de plus et ça suffit, son sperme glissant dans sa gorge. Déglutissant, son bandeau se détachant, il se lécha les lèvres, ses yeux croisant les siens. Le blond le regarda, avant de le saisir par la nuque, l'entraînant sur ses genoux pour l'embrasser durement et profondément.
Amusé, Kazuya les regarda un moment, continuant de fumer tranquillement, avant de tirer d'un coup sur la laisse, Yunho basculant vers l'arrière, par terre.
- Allons, allons, ne sois pas trop gourmand mon trésor, sourit le brun, fixant son mari. Maintenant, c'est l'heure du grand final.
Jaejoong comprit assez vite, le regard de son mari sur son arme, posée près de lui, sur le canapé, ne laissant aucun doute.
Voulait-il vraiment qu'il tue le Kaahl de Rain ?
Oui, évidemment, il venait de le dire, mais n'était-ce pas complètement fou ? Avaient-ils réellement déjà les moyens d'entrer en guerre contre un tel clan ?
Kazuya émit un petit son particulier, donnant l'impression qu'il réprimandait un enfant.
- Daddy, sois un bon garçon, déclara-t-il. Tu sais qu'on doit toujours se débarrasser des anciens jouets, pour faire de la place au nouveau.
Son arme en main, pesant lourdement entre ses doigts souillés du sang de Yunho, Jaejoong ne comprenait pas trop pourquoi il n'avait pas déjà appuyé sur la détente. Pour lui, tuer ne voulait rien dire. Ça n'avait aucune conséquence sur une morale dont il était dépourvu. Si Kazuya disait de tirer, alors c'est que ça n'aurait pas de conséquences sur l'avenir de W, il le savait. Il avait confiance en lui. Alors, pourquoi ne pas tirer ? Était-ce l'alcool qui polluait ses pensées et affectait son temps de réaction ?
Kazuya fit claquer sa langue contre son palais, tirant sur la laisse, forçant Yunho à se relever et à reculer vers lui, le blond suivant distraitement des yeux la scène, perturbé par son absence de réaction. Puis aussi brutalement et rapidement que la lame qui creva l'œil du boxeur, son cri terrible retentit. Jaejoong tressaillit, debout, ses doigts sur la gâchette, regardant le blessé courir dans la pièce en hurlant, trébuchant, sa main sur son œil pissant le sang. Ça avait quelque chose de presque comique et Kazuya riait d'ailleurs à gorge déployée, entièrement nu.
Le blond ne réagit pas, observant simplement le tout, sa migraine arrivant à pleine puissance, sans prévenir, lui donnant envie de vomir. Il regarda autour de lui, se demandant où était l'eau et les cris de Yunho lui parurent de plus en plus insupportables.
- Ouais, fais-le taire maintenant, lâcha son mari. Ça n'est plus drôle.
Jaejoong leva le bras, ses tempes pulsant, son œil et sa mâchoire le faisant horriblement souffrir. Il visa, suivant sa cible qui ne courait plus vraiment, mais refusait de rester en place.
- Tu es vraiment un incapable, Daddy ! Lança Kazuya, avant de courir vers Yunho, à pleine vitesse, les deux basculant par l'immense baie vitrée ouverte.
Jaejoong cria, mais aucun son ne franchit ses lèvres. Il ne savait même pas ce qu'il était censé avoir hurlé. Se précipitant, il se pencha pour voir juste en dessous, sur la terrasse, le corps de Yunho, le crâne explosé sur le carrelage et à côté, sur un énorme matelas, Kazuya, mort de rire, qui le regardait.
Il resta là, son arme en main, ses yeux fixés sur la mare de sang et la cervelle.
Même lorsque Kazuya se leva, quittant la terrasse, même lorsque Cassie l'informa que l'ascenseur privé arrivait à son étage et que son mari ouvrit la porte, son petit rire le devançant.
- Hum, Yunho bis, je crois que mon mari n'a pas très envie d'être poli cette nuit.
Sourcils froncés, Jaejoong se retourna, tombant sur un Kazuya souriant, tenant en laisse un Yunho bâillonné et menotté, en parfaite santé.
L'espace d'un instant, le temps sembla ralentir, comme si chaque seconde durait toute une vie.
Une éternité.
Le couple se regardait, Kazuya riant, décoiffé, entièrement nu, Jaejoong débraillé et son pantalon ouvert. Ils se connaissaient parfaitement, leur dynamique malsaine, à laquelle ils s'accrochaient pour avancer, comprise d'eux seuls.
Ils n'étaient encore que des gamins lorsqu'ils s'étaient mariés à Murasaki, dans l'historique temple Kizuna, sans demander l'autorisation ou même prévenir leurs familles respectives. Kazuya avait promis à Jaejoong le monde. De détruire ou bâtir n'importe quoi pour lui, avec lui. Et en échange, le blond avait juré de ne jamais laisser son époux s'ennuyer. C'était aussi simple que ça. Des vœux de gamins, qui tenaient, encore aujourd'hui, de bases à leur mariage.
Ça en était tellement simple, puéril, peut-être même, que tout en devenait compliqué.
Un rictus aux lèvres, l'aîné écrasa son poing contre la mâchoire du brun et le temps reprit son cours. Une douleur vrilla l'estomac de Jaejoong lorsque Kazuya riposta et avant qu'il ne réagisse, ce dernier se jeta sur lui. Ils finirent au sol, le blond roulant pour plaquer son mari au sol, le chevauchant, offrant quelques coups de poings à sa gueule d'ange. L'autre attendit le bon moment pour renverser son agresseur, poussant ses doigts contre sa bouche, jusqu'à ce que l'aîné recule pour échapper à sa vicieuse attaque. Ils se relevèrent promptement, agiles, en sang, souriants et le pied de Kazuya rencontra le ventre de Jaejoong qui finit à genoux, le souffle coupé. Le blond leva la tête malgré tout, le regardant avec le même air digne, arrogant, supérieur et le plus jeune apprécia l'image, l'ancra dans son esprit, avant de lui donner un coup de poing. Jaejoong réagit juste après, saisissant sa jambe pour le faire basculer au sol, le genou du brun tapant presque immédiatement après, ses côtes. La douleur était bonne, vive, enivrante. Elle emportait tout et ils pouvaient la ressentir pleinement, comme tout le monde. La douleur leur rappelait qu'ils étaient vivants et leur donnait l'impression illusoire qu'ils étaient comme les autres.
Qu'ils étaient capables d'émotions.
Kazuya rit quand Jaejoong le plaqua au sol, crachant son sang sur son visage, le giflant, puis frappant sa gorge. Il toussa, s'étouffant presque, puis sourit à nouveau, le regardant droit dans les yeux.
- Tu vas me baiser maintenant ?
"C'est de ma faute", ne pouvait-il s'empêcher de penser, bien qu'au fond de lui, il savait que ce Sung Hoon, si tel était vraiment son nom, avait raison. Purple Rain n'aurait reculé devant rien pour réussir.
Il n'empêche que c'était Jaejoong qui avait brisé Yunho et Jin qui lui avait facilité l'entrée dans la vie de son meilleur ami, en rencontrant Changmin.
Le souvenir de toute cette histoire avec Gackt le fit frissonner et ne faisant pas attention, il bouscula une danseuse. Ce fut lui que le choc fit basculer vers l'arrière, les fesses par terre. La grande blonde à la carrure solide, immense, même sans ses talons, se pencha tout de suite pour l'aider à se relever, le soulevant facilement d'une poigne de fer, en s'excusant.
- Non, c'est moi, je ne regardais pas où j'allais, souffla-t-il en grimaçant, son fin peignoir enfilé en sortant de scène, n'ayant pas vraiment protégé ses fesses du choc. Désolé.
Flawless, que les gens de l'équipe surnommaient Law, car ses mots avaient tendance à prévaloir sur tout, l'observa quelques instants, lui dégageant le visage, de nombreuses mèches collées aux restes de paillettes.
- Tout va bien ? s'enquit-elle. Tu es tout pâle.
Non loin de là, dans la salle, Kazuya savourait son vin.
- Je dois dire que je suis un peu vexé qu'il ne nous ait même pas remarqués, bouda-t-il. Je suppose que tu n'as pas dû laisser la forte impression que tu espérais.
Il avait ajouté ça en regardant Changmin, qui ne répondit pas, ses doigts se crispant simplement sur son verre de bourbon.
L'avocat n'appréciait pas Kazuya. Et ce n'était pas une haine, semblable à celle qu'il ressentait pour Jin, mais bien le dédain et l'indifférence mêlée à la touche de dégoût que lui inspiraient tous les gens peuplant ce monde, hormis son frère et son meilleur ami. Et, en y réfléchissant, c'était étrange. Normalement, les gens importants pour ses exceptions, devenaient par extension des exceptions à leur façon. Par exemple, comme les mères de Jaejoong, étaient importantes pour lui, alors, elles l'étaient devenues pour Changmin. Certes, c'était plus quelque chose de rationnel, né d'un calcul simple, de type, "Jaejoong a besoin que ses mères aillent bien, comme moi, j'ai besoin que Kook, soit en sécurité", qu'une émotion ou un sentiment d'attachement, mais c'était tout de même là. Logiquement, ça aurait donc dû être le cas avec Kazuya. Pourtant, l'esprit rationnel de l'avocat n'arrivait jamais au bout de son habituel raisonnement.
Jaejoong répétait que son mari était sa force, qu'il ne pouvait rien faire sans lui. Mais Changmin trouvait que c'est quand son époux était là que le leader de W était faible, dépendant, peu sûr de lui et indécis. Oui, Kazuya avait Circus, qui était un tremplin incroyable, mais avec toute l'énergie qu'ils avaient dépensée pour sortir l'autre malade de prison et se débarrasser de Hyde, ils auraient pu trouver un moyen de se débrouiller sans lui.
Enfin, Changmin ne pouvait pas comprendre le couple, vu que cette notion de liens entre deux personnes, n'avait aucun sens pour lui. Il avait déjà bien assez de mal à saisir son attachement pour son petit frère, alors quelque chose d'aussi inutile et extravagant que de la romance, était tout bonnement hors limite.
- Je reconnais qu'il est incroyablement doué en tout cas, ajouta Kazuya. J'ai envie de jouer avec lui !
L'avocat lui jeta un regard noir en déposant bruyamment son verre. Il rit en réponse.
- Ce n'est pas parce que tu ne l'aimes pas qu'on doit se priver avec Jae, gloussa-t-il en caressant la cuisse de son mari. Tu ne seras pas invité, c'est tout.
Il fronça un peu les sourcils.
- De toute façon, tu n'as jamais voulu jouer avec nous, ajouta-t-il, apparemment toujours contrarié par ces rejets.
Jaejoong lui resservit du vin.
- Gackt a foutu pas mal de bordel pour ce gosse en tout cas, soupira-t-il. J'ai du mal à comprendre pourquoi. Il est vraiment banal.
Une petite moue dédaigneuse aux lèvres, il semblait avoir déjà oublié ses précédents compliments.
- Enfin, il a toujours eu des goûts de merde, ce vieux croûton, souffla-t-il dramatiquement. Vous vous rendez compte qu'il m'a dit que je n'étais pas son genre, à l'époque ?
Il secoua la tête, sortant son étui à cigarettes.
- Tu parles, il avait trop peur de mon père, marmonna-t-il, son briquet à la main. Quel lâche.
★
Jin ne s'était même pas démaquillé, enfilant rapidement un jean et un sweat à capuche, chaque geste plus difficile que le premier.
Il était épuisé.
Songeant à la douche chaude qui l'attendait, il avait à peine quitté la rue du club que son téléphone sonna. Stressé, il le sortit avec inquiétude de sa poche, expirant de soulagement en voyant le nom affiché.
- Allô ?
Sourcils froncés, il s'arrêta sur le trottoir, peinant à saisir ce que son interlocuteur disait.
Namgoong Min semblait avoir bu, mais aussi pleuré et Jin se demandait s'il y avait du nouveau concernant la disparition de Brenda et sa famille.
Si c'était le cas, l'état de l'avocat ne présageait rien de bon.
Du côté du club, Kazuya enfilait son manteau en se plaignant.
- Je n'arrive pas à croire qu'il soit déjà parti ! s'exclama-t-il. Je voulais ma danse privée, c'est injuste ! Tu parles d'un professionnel...
Saisissant le bras de son mari, il s'appuya contre lui.
- Enfin, il nous reste ma nouvelle surprise avec Yunho !
Il souriait, excité et Changmin haussa un sourcil.
- Oh, c'est vrai que tu n'es pas au courant ! rit Kazuya. Viens avec nous, tu vas comprendre.
L'avocat ne comptait pas se mêler des folies du couple, mais quelque chose dans la façon dont Jaejoong le regarda, le poussa à accepter.
Kazuya couina en tapant des mains.
- Génial, on va tellement s'amuser !
Min n'était pas ivre, mais le qualifier de sobre aurait été un mensonge.
Il avait effectivement beaucoup pleuré, davantage apparemment quand Jin l'avait rejoint dans le bar où il noyait son chagrin, qui par chance, était proche du club où il travaillait.
Ça ne concernait pas Brenda et sa famille, bien que la disparition très inquiétante de l'avocate, était aussi pour beaucoup dans la fragilité émotionnelle de son collègue. Lui-même s'inquiétait énormément pour la justicière au tempérament de feu, surtout vu le sort qu'avait connu sa mère.
Jin ne croyait pas à la thèse de l'accident domestique, mais il ne pensait pas non plus que Gackt était derrière tout ça. Tout le monde murmurait son nom, mais pour lui, ça n'avait aucun sens. Le gourou de Malice Mizer était influent, mais pas stupide. Toute cette histoire attirait inutilement l'attention et il était forcément le premier suspecté, ce qui le mettait dans une position ennuyante. Jin n'avait aucune foi en la justice, il savait que Changmin gagnerait son procès, que Gackt serait blanchi et qu'il allait récupérer son harem de porteurs et ses enfants et le gourou le savait aussi, il n'avait donc aucune raison d'attaquer Brenda et sa famille. De plus, pourquoi s'arrêter à elle ? Ils étaient plusieurs sur ce dossier. Le procès n'avait pas été reporté, car l'une des avocates avait disparu. Que gagnait Gackt dans cette histoire en dehors de soupçons et d'attention en plus ? Rien.
Non, Jin n'y croyait définitivement pas.
Ça ne l'empêchait pas, hélas, d'imaginer le pire.
- Peut-être que c'est ce que je mérite, renifla Min, face à son verre. Je l'ai trop fait attendre pour le mariage et je...
- Ça n'est pas ta faute, l'interrompit le chorégraphe. Si elle en avait marre d'attendre ou de la situation avec tes parents, elle aurait dû t'en parler et au pire te quitter correctement.
Ça n'aurait certes pas évité le cœur brisé, mais tout de même, ça aurait été moins atroce que de le tromper pendant des mois pour se barrer avec son ex.
Il n'arrivait pas à croire qu'Anya ait osé faire ça.
Ce qui était stupide, vu qu'il ne la connaissait que de nom, n'avait vu qu'une seule photo d'elle, malade et ne la reconnaîtrait sûrement pas si elle entrait maintenant dans ce bar.
Il était juste, vraiment peiné pour Namgoong Min. Cet homme avait fait passer le bonheur de sa famille avant le sien et quand il avait enfin pu faire une chose pour lui, pu choisir d'être avec la femme qu'il aimait au lieu de celle choisie par ses parents, il se retrouvait trahi, le cœur brisé.
Serrant les poings, il songea à Yunho et sa souffrance et l'image de Jaejoong lui arracha un sifflement de colère.
Il haïssait tous ces gens qui pensaient pouvoir briser impunément les autres. Et plus encore, il détestait le fait que la plupart du temps, ils avaient raison.
C'étaient toujours les victimes qui souffraient, finissant détruites.
★
Jaejoong était sans voix, une sensation presque familière et pourtant perturbante et qu'il ne pouvait nommer ou définir, lui nouant la gorge et l'estomac.
À ses côtés, à l'entrée de l'immense entrepôt, aménagé avec les plus luxueux des meubles, Changmin ne disait rien non plus, observant simplement, comme lui, la scène irréelle qui s'étendait sous leurs yeux.
Il y avait des "Yunho", partout.
Des Yunho morts, pour être plus précis. Tous en mauvais état, mais donnant pourtant davantage l'impression d'être des poupées grandeur nature, hyperréalistes, que des cadavres. L'odeur, pourtant, ne laissait aucune place au doute.
- Alors ? lança Kazuya, tout excité. Génial, non ?
Il y avait deux Yunho sur un lit, l'un chevauchant l'autre, un poignard dans la main, la lame enfoncée dans l'œil de celui sous lui. Deux autres étaient installés sur le canapé, à genoux l'un en face de l'autre, s'embrassant tout en s'étranglant. Un autre était pendu, comme un chandelier au plafond, un autre au fond d'une baignoire pleine d'eau, colorée de sang. Celui nu, enchaîné à un poteau, était éventré, les tripes à l'air et celui sur le fauteuil, tenait son cœur dans la main. Il y en avait encore des dizaines, chacun figé dans un scénario particulier et Kazuya était très fier de lui.
- On pourrait jouer à trouver le vrai !
Changmin, l'air toujours aussi indifférent, se tourna vers lui.
- Hey, ne me regarde pas comme ça ! gronda le leader de Circus. C'est parce que Jae n'a toujours pas réussi à en tuer un seul, qu'il y en a autant.
Il eut une moue boudeuse.
- J'ai dû, tous les éliminer seul, en plus, se plaignit-il. Au bout d'un moment, si on ne pimente pas les choses, on s'ennuie.
L'avocat l'ignorait, avançant pour regarder l'un des corps.
- Donc, les Rain clonent leur héritier, souffla-t-il, songeur.
Kazuya soupira.
- Tu es d'un ennui, gémit-il. Toujours à ne penser qu'au boulot.
Examinant le cadavre de ses mains gantées, l'avocat ne faisait toujours pas attention à lui.
- Mais vu qu'ils t'en ont cédé autant, ça doit être un échec.
Kazuya soupira encore plus fort, se laissant tomber sur les genoux de l'un des morts ; celui qui tenait son cœur.
- Oui, ils n'ont vraiment aucun intérêt, rétorqua-t-il. Ceux-là en tout cas. Ils sont stupides, sans force, ne sont pas entraînés au combat et n'ont aucune compétence particulière.
Caressant les cheveux du cadavre sous lui, il gloussa.
- Mais ils sont fun, s'amusa-t-il. Un cadeau parfait pour mon Jae !
Namgoong Min tanguait, mais tenait debout, heureusement pour Jin, qui, vu son épuisement et leur différence de carrure, aurait vraiment eu du mal à le soutenir.
Le blouson de l'avocat sur son sweat, il se sentait un peu gêné, mais appréciait la chaleur, la fatigue le faisant littéralement frissonner. Ayant prévu de partager un taxi, Namgoong Min n'étant pas en état de conduire, ils attendaient devant le bar, dans un silence que le chorégraphe ne trouvait pas gênant. Moins que ce fichu vent, en tout cas.
- Oh, je crois que je suis trop vieux pour tout cet alcool.
Jin regarda l'avocat.
- Ça va ? s'enquit-il.
Jusque-là, il avait plutôt bien tenu le coup, malgré la quantité d'alcool ingurgité. Ingurgité d'ailleurs, avant son arrivée, car le chorégraphe n'était pas peu fier de l'avoir convaincu de passer au café ensuite.
- Ma tête...
Namgoong Min tangua un peu plus visiblement, pris apparemment d'un vertige. Jin le saisit par le bras, l'aidant difficilement à rejoindre le coin formé dans un creux du devant de l'établissement. Ils y arrivèrent presque sans encombre, mais trébuchèrent un peu à la fin, le plus jeune se retrouvant écrasé au mur par le corps de l'avocat.
Un vrai cliché.
Gémissant, il se retourna, se redressant malgré le poids toujours pressé contre lui et lorsqu'il croisa le regard sombre de l'aîné, il frissonna, son souffle se bloquant douloureusement. Les lumières clignotantes de l'enseigne illuminant ses prunelles, étaient sûrement à l'origine de ce quelque chose qui l'oppressait, mais il n'arrivait pas à réfléchir, figé. Il vit l'avocat se pencher, comme au ralenti et la violence de ses lèvres se pressant contre les siennes, le surprit, laissant à l'autre l'occasion de glisser sa langue dans sa bouche. Il ne réagit pas. Ne répondit nullement au baiser, mais ne le repoussa pas, non plus, malgré son cerveau qui lui répétait en boucle de le faire. Son corps refusait de lui obéir.
Ça avait été extrêmement rapide, mais il eut l'impression que c'était sans fin. Lorsque Namgoong Min se détacha enfin, aussi brusquement qu'il s'était penché sur lui, il crut qu'il allait vomir, mais encore une fois, tout semblait bloqué chez lui.
L'avocat, horrifié, avait trébuché vers l'arrière, s'excusant encore et encore.
- Oh, mon Dieu, je n'arrive pas à croire que... Ça va ? Jin ?
Il s'avança vers le chorégraphe puis s'arrêta, baissant les mains en reculant à nouveau. Le plus jeune le regardait sans réagir, pâle, hébété, clairement sous le choc.
ღ
Yunho sourit à Miss Faya, la remerciant pour son café et son délicieux brownie, avant de retourner à l'extérieur, s'occuper de la piscine.
Il savait parfaitement que c'était surtout pour se rincer l'œil que la quadragénaire l'avait engagé, mais il n'avait aucun problème avec ça. Au contraire. Après avoir été utilisé par son amant, après s'être senti physiquement et mentalement violé par celui à qui il avait fait confiance, il appréciait cette impression de contrôle, bien que superficiel, que lui procurait le fait de décider consciemment de "monnayer" ses charmes. Au moins, là, avec Miss Faya, les choses étaient claires, des deux côtés. Elle le payait bien plus que ce que son nettoyage de piscine et jardinage sommaire valaient et lui jouait le jeu, se baladant le jean ouvert, en débardeur moulant ou trop large au point de ne pas cacher grand-chose, finissant toujours par le retirer. Il se mouillait avec le jet d'eau, faisait quelques longueurs à la fin du boulot pour se rafraîchir avant de partir et acceptait avec le sourire ses citronnades, cafés et pâtisseries.
Yunho en était à la phase de colère, de cette espèce de deuil qu'il tentait de réussir. En colère contre lui-même, contre Jaejoong, son mari qu'il ne connaissait pas, ses amis et sa famille qu'il n'avait jamais rencontrés et évidemment, ses propres détestables géniteurs. En colère d'être né, d'être vivant, de ne pas être plus fort, d'avoir laissé Jin tout gérer pendant des mois. En colère contre ses pensées et ses moments de faiblesse, contre ce qu'il ressentait et refusait de pleinement accepter.
Il était plein de hargne, de rage et de douleur, mais il le savait, il allait mieux.
À sa façon, il irait mieux.
- Frappe-moi, dit-il. C'est écrit sur ton visage que tu en meurs d'envie.
Jaejoong était là et Yunho ne voulait pas savoir pourquoi, ou comment. Ça ne l'étonnait pas. Plus rien ne l'étonnait, maintenant, de toute façon. Et puis, ça tombait bien. L'objet de sa haine, de sa colère, était juste là et il ressentait l'envie d'être physiquement blessé par lui. Qu'il lui inflige une douleur physique qui pourrait surpasser le mal qu'il lui avait fait en piétinant son cœur et son amour-propre. Il avait besoin que Jaejoong montre son vrai visage, celui qu'il avait refusé de voir pendant leurs moments ensemble.
- Aller, tu n'as plus besoin de faire semblant !
Le blond se dit que celui-ci, était le vrai Yunho. Pas un clone avec lequel jouer, sans jamais réellement s'amuser. Le vrai Yunho, le seul, était là, face à lui et il se demanda s'il réalisait que lui aussi le haïssait. Qu'il était là, car il lui en voulait également. Car il avait envie de lui faire payer, bien qu'il ne sache pas quoi. Le boxeur lui pourrissait la vie depuis qu'il en était sorti, gâchant son bonheur parfait que la sortie de prison de Kazuya et le pouvoir de diriger Circus lui procuraient. Il était comme cette tâche qui l'avait obsédé et qui même une fois le sol détruit et remplacé, le hantait encore. Jaejoong ne comprenait pas, mais il ressentait, apparemment et il détestait ça.
Tout était de la faute de Yunho.
Et le fait d'être là, face à son regard acéré et son rictus, face à son corps trempé de sueur, plus maigre que dans ses souvenirs, attisait sa haine. Il était dur, tendu dans son pantalon de costume bleu marine, sur mesure, et fou de rage.
Effaçant la distance qui le séparait du boxeur, il s'arrêta juste à sa hauteur, le regardant droit dans les yeux, plongeant dans son regard provocant, avant de cogner sa mâchoire.
Yunho l'encourage en réponse.
- Vas-y, montre-moi ton vrai visage, enfoiré !
Jaejoong sentit le cartilage du nez céder sous ses jointures, la chair se déchirer à l'intérieur. Cette fois, le brun chancela légèrement et il en profita, le poussant contre la porte du cagibi, l'avant-bras sur sa gorge, le sentant peiner pour respirer et déglutir. C'était bon, il se pressa plus près. Et là, il le sentit ; Yunho était dur aussi. Écarquillant les yeux, comme trahi par son corps qui refusait de suivre son cœur et son cerveau, le boxeur était confus. Jaejoong desserra assez son emprise pour lui permettre de se dérober, mais il resta tendu et perdu contre le cagibi de luxe, déglutissant toujours aussi péniblement.
- Lâche-moi, ordonna-t-il enfin. Je me sens assez sale comme ça, alors lâche-moi !
Du sang coulait du coin de sa bouche et de son nez.
Jaejoong ne comprenait pas. Si Yunho voulait se défaire de son emprise, il pouvait facilement, mais il ne bougeait pas. Il ne se libérait pas.
- Non, rétorqua-t-il, alors.
Écrasant à nouveau la gorge hâlée, il donna un coup de rein, expirant un souffle chaud à l'oreille de sa proie. Paniquant, celle-ci cherchait de l'air, ses poumons lui faisant mal. Le blond le frappa de sa main libre, continuant de serrer de l'autre, de presser son bassin au sien, ses prunelles noires plongées dans le vert des siennes. Yunho avait la bouche ouverte, lui facilitant les choses. Il l'embrassa, sentant le sang dilué par la salive, ses blessures à la langue et à la joue, la chaleur intense qu'il dégageait, le café qu'il avait bu il n'y a pas longtemps et une amertume intense qui faisait écho à la sienne.
Le plus jeune se débattit enfin, une main serrant le bras pressé sur sa gorge, l'autre l'épaule de Jaejoong. Le blond agrippa sa hanche en réponse, l'attirant plus près, ses dents sur sa langue le faisant gémir. Il sentit ses ongles contre son estomac, puis son ventre, griffant le fin tissu de sa chemise pâle, puis celui de son pantalon de costume. Le bruit désespéré de Yunho lorsqu'il repoussa sa main, fit bouillonner son corps. Il poussa plus fort contre ce dernier, frottant de haut en bas, entrant soudain, directement en contact avec son érection, sa queue contre la sienne.
Leurs lèvres se séparèrent alors que le corps du boxeur se tendait. Il se dégagea rapidement, le souffle court, incapable de parler. Sa tête heurta la solide porte du cagibi.
- Fais chier.
Ses yeux se fermèrent, sa voix se brisa.
Il avait joui, Jaejoong l'avait senti, c'est ce qu'il mettait dans un tel état. Le blond ne savait pas s'il était satisfait de le voir ainsi. Il retira son bras et recula, lorsque Yunho cogna vers l'arrière, ses poings s'enfonçant facilement dans l'épais bois coûteux. Se laissant doucement glisser au sol, il finit sur les fesses, les genoux remontés, respirant profondément, la marque autour de son cou impossible à louper. Il la sentait, mais voulait l'ignorer de toutes ses forces, tout en ne pouvant s'empêcher de se dire que c'était ça, le vrai visage de Jaejoong.
"Tu le savais. Au fond de toi, tu le savais."
Passant une main sur son visage, il grimaça en sentant qu'il étalait son sang.
- Enchanté, siffla-t-il, ses côtes lui faisant mal.
Fixant ses poings blessés, l'aîné se demandait pourquoi Yunho n'avait pas cogné aussi. Pourquoi ne s'étaient-ils pas réellement battus ?
Était-ce pour ça qu'il ressentait ce sentiment d'inachevé, de frustration ? Pour ça que la tâche sur son ancien sol, dansait dans son esprit, presque devant lui, se multipliant au milieu des marques de coups, tel un tatouage recouvrant le corps du boxeur ?
Il ne savait pas ce qu'il était venu chercher, mais il savait qu'il ne l'avait pas eu.
- Va-t-en, lâcha le brun, la gorge toujours enrouée. C'est bien assez pour des présentations.
C'est ce qu'il fit, emportant son sang sur sa chemise, ses poings et ses lèvres, avec lui.
Ça, au moins, c'était satisfaisant.
Jaejoong savait qu'il rêvait, mais il avait la sensation étrange que dans ce songe, il se réveillait à peine.
Autour de lui, la lumière était orangée, les tons fluorescents, artificiels, tranchant avec l'environnement. Il n'aimait pas cet endroit. C'était un lieu inconnu qui provoquait en lui des sensations désagréables, tout aussi inhabituelles.
Les pieds dans un sable épais et irritant, lui arrivant aux chevilles, il observa autour de lui, ne voyant que des arbres, sur des kilomètres. Il était entouré de cèdres immenses, échoué sur un petit cercle de sable foncé, minuscule zone au ciel pleinement dégagé. Bien que torse-nu, il avait chaud, une moiteur étouffante flottant dans l'air lourd, aux forts relents de sève.
Quelque chose n'allait pas.
Un vent brûlant s'éleva, amenant avec lui un chuchotement tenace qui glissa à ses oreilles, s'y accrochant en boucle. Jaejoong ne comprenait pas ce que la voix basse et faible lui disait, mais il avait le sentiment qu'elle l'appelait, le guidait. Il s'avança alors vers un côté de la forêt, la distance qui le séparait de la première ligne de cèdres semblant s'effacer d'un coup. Il s'arrêta, surpris de se retrouver devant ces arbres majestueux, alors qu'il y en était si loin, il y a encore un pas. Clignant des yeux, il regarda derrière lui, mais la voix le pressa, le chuchotement se transformant quelques secondes en sifflement aigu.
Il pénétra alors dans la forêt.
Immédiatement, son pouls s'accéléra, son sentiment de malaise, décuplé. Les branches qu'il poussait pour se frayer un chemin se refermaient derrière lui, mais il savait que ce n'était pas ça, qui l'oppressait. Plus il avançait plus la voix se faisait forte, bien qu'encore incompréhensible et plus il étouffait, le sable ayant facilement atteint ses genoux maintenant. La lumière s'était estompée et lui, qui n'avait normalement aucun problème pour voir dans le noir, peinait à progresser, trébuchant, et s'accrochant aux branches. Les arbres étaient toujours plus grands, imposants et denses, lui donnant le sentiment qu'ils cachaient quelque chose que la voix voulait absolument qu'il découvre.
Quelque chose qu'il n'avait pas envie de voir.
Peu à peu, le sable se fit moins profond, jusqu'à disparaître complètement, lorsqu'il se retrouva dans une clairière ocre boueuse. Il n'y avait ni lune, ni étoile ou nuage, la lumière donnant l'impression qu'un lampadaire géant, éclairait la forêt. Tout semblait faux, en dehors de son sentiment désagréable de manquer d'air. Sursautant soudain, sans comprendre pourquoi, il se retourna vivement, deux rangées d'arbres s'étant brusquement élargies, créant un couloir ensoleillé, menant à un cèdre titanesque. La gorge nouée, il voulut reculer, crut reculer, mais avança pourtant, de plus en plus nauséeux. Un corps pendait à l'une des branches les plus basses et il ne pouvait plus le quitter des yeux, chaque pas l'oppressant comme s'il s'enfonçait dans sa poitrine.
Il frissonnait maintenant, la chair de poule accompagnant la voix qui, bien que chuchotant toujours, lui donnait l'impression de hurler, comme si elle voulait exploser ses tympans, sa migraine se faisant doucement un chemin jusqu'à lui, profitant de la fatigue et du stress. Le cadavre avait une corde au cou et offrait une lugubre image en s'agitant dans le vent frais, tranchant avec l'arbre lumineux tout droit sorti d'une version Disney de contes de fées. Il ne voyait pas son visage, la tête penchée en avant ne le permettant pas, mais il n'en eut pas besoin pour le reconnaître. Il connaissait ce corps, cette marque sur le torse nu et ce vieux jean taché au genou gauche.
- Yunho, souffla-t-il.
Kazuya observait son mari endormi, détaillant son visage voilé par l'inconfort. À genoux, enveloppé dans le drap, le satin caressant sa peau nue, il profitait que la pièce soit baignée par la lumière de la lune et celles de la ville, le tout pénétrant facilement dans la chambre du penthouse, par les immenses fenêtres. Il ne bougeait pas, silencieux, attentif.
Jaejoong tendit la main, prenant celle glacée du cadavre, son pouce pressant maladroitement son poignet, ne trouvant, évidemment aucun pouls. Contrairement à toutes leurs dernières rencontres, Yunho était paisible. Les yeux fermés, pâle et couvert de pétales bleus, venant de je ne sais où, il semblait dormir tranquillement.
- Pourquoi...
Il se tut, ne sachant pas quelle était la suite de sa question.
Pourquoi étaient-ils tous les deux-là ? Pourquoi Yunho était là ? Pourquoi était-il mort ?
Jaejoong était incapable de savoir ce qu'il voulait demander.
Puis, c'était stupide de chercher des réponses à un rêve.
Se réveillant dans un léger sursaut, il sentit immédiatement un corps se presser sur lui, ne l'aidant nullement à reprendre son souffle. Il reconnut Kazuya, qui lui souriait, chevauchant son torse.
- Je n'arrive pas à croire que tu m'aies retenu ! s'exclama Yoongi, clairement contrarié.
Il n'était pas encore à l'intérieur, mais Jin, qui avait laissé la porte ouverte, l'entendait clairement de la cuisine.
Pourquoi Jung Kook et lui se disputaient ?
Normalement, ils se taquinaient gentiment, mais cette fois-ci, vu le ton de leur chaton, il était clair que c'était sérieux.
Que s'était-il passé entre le moment où il avait monté les courses, confiant au tatoueur la tâche d'aider Yoongi, qui avec son énorme ventre et sa cheville fraîchement tordue, peinait à avancer seul et leur arrivée bruyante ?
Jin ne s'était pas inquiété de les voir prendre un peu plus de temps que nécessaire, songeant que, comme toujours, ces derniers temps, Yoongi avait dû avoir une envie soudaine, soit d'aller aux toilettes immédiatement et donc, d'utiliser ceux de l'immeuble, soit d'un quelconque aliment, traînant au fond des sacs de courses portés par Jung Kook et qu'il l'avait forcé à le chercher sur place pour assouvir son envie sur le champ.
Cette fin de grossesse rendait l'adorable chaton très capricieux et étrangement, le tatoueur adorait ça.
Puis, Jin savait que cette sortie chez le médecin stressait énormément Yoongi. Et lui, par la même occasion. Terrifié, l'adolescent ne voulait pas quitter la maison et il était dans le même état. L'accouchement était prévu pour les jours à venir et ils avaient préféré attendre qu'il soit passé pour fuir, ne pouvant pas, de toute façon, réellement faire autrement, mais chaque seconde était angoissante.
Ils savaient que Gackt voudrait récupérer tous ses enfants et ses porteurs. Une fois que la justice lui aurait donné raison, alors ils n'auraient plus personne pour les protéger de Malice Mizer. Personne sauf eux-mêmes.
Puis maintenant, il y avait l'ombre menaçante des Rain, en plus.
Faire venir le médecin n'était absolument pas envisageable, l'idée de donner leur adresse à quelqu'un encore plus angoissante que le fait de sortir quelques heures. Même lorsqu'ils avaient rempli les papiers de Yoongi, ils avaient menti, Moonbyul et Yong Sun ayant accepté qu'ils utilisent la leur.
Penser au couple, rappela au chorégraphe qu'il n'avait pas vu ses amies depuis longtemps et il culpabilisa, se promettant d'appeler ou de passer les voir très vite. Mais ça lui fit surtout penser à Min. Trois semaines environ, depuis que l'avocat l'avait embrassé, et Jin ne savait toujours pas quoi faire. Il était ivre et avait le cœur brisé, mais ça n'était pas une excuse et il ne pouvait pas faire comme si de rien n'était. Impossible. Le brun n'était pas monté avec lui dans le taxi, s'excusant avant de lui souhaiter bonne nuit et s'excusant à nouveau par message le lendemain, promettant de ne plus le contacter, de le laisser le joindre, si lui désirait lui parler, que ce soit pour refuser ses excuses, l'insulter ou demander d'autres explications.
- Et si je n'ai plus de nouvelles, je l'aurai bien mérité.
L'avocat avait fait de son mieux pour s'expliquer, semblant réellement horrifié et désolé. Très mal à l'aise, ses excuses avaient semblé sincères. Jin n'oubliait pas non plus, ce qu'il avait fait pour Yoongi et son comportement jusque-là. Mais des bonnes actions n'étaient pas une excuse pour un comportement déplacé. Un service ne pouvait pas faire office de pass, permettant de se conduire n'importe comment. Il avait été terrifié cette nuit-là et rien qu'y repenser suffisait à hérisser tous les poils de son corps, la sensation de danger qui l'avait saisie lors du baiser, lui revenant à chaque fois, très clairement.
- Mais je n'allais pas te laisser tuer quelqu'un !
Les mots de Jung Kook ramenèrent immédiatement le chorégraphe à la réalité.
- Qu'est-ce qui se passe ? S'enquit-il, anxieux. Tuer qui ?
Les adolescents étaient dans le salon, la mine contrariée de Yoongi contrastant avec celle perdue du tatoueur.
- Il y avait un type qui nous surveillait en bas ! Cria le porteur. Il nous a attaqués et Monsieur non-violence, non content de ne pas vouloir lui faire mal, l'a carrément laissé filer !
Il pointait Jung Kook du doigt, hors de lui, mais surtout, c'était évident, terrifié.
- Je n'allais pas tuer quelqu'un ! Se défendit le brun.
- Je ne te l'ai jamais demandé, rétorqua Yoongi. J'allais m'en occuper, putain ! Tout ce que tu avais à faire, c'était de ne pas lui sauver la vie !
Il grimaça, se touchant le ventre et Jin se précipita vers lui.
- Doucement, souffla-t-il. Respire.
- Il l'a laissé partir, gémit le porteur. Ils savent où on est, ils savent que je ne peux même pas faire deux pas seul, il...
Jung Kook observait en silence le chorégraphe tenter de calmer Yoongi, de repousser sa crise d'angoisse tout en luttant contre la sienne. Il le voyait bien, Jin aussi était terrifié. Ses mains, serrant celles de l'adolescent, tremblaient et sa voix faible, presque éteinte, transpirait la peur et le désarroi.
L'homme qui pour lui n'était qu'un voyou attiré par leurs bijoux et portefeuilles, les avaient mis dans un tel état ?
Jusque-là, il n'avait pas réalisé la peur dans laquelle vivait le trio qu'il avait accueilli. Il avait vu, mais pas compris, pensant naïvement que maintenant qu'ils étaient réunis sous son toit, ils se sentaient chez eux et en sécurité.
Stupide.
- Vous n'allez pas rester, souffla-t-il, faiblement.
Ce n'était pas une question. Il comprenait enfin. Sortait de sa petite bulle, de son joli rêve éveillé.
Il allait à nouveau, se retrouver seul.
À nouveau être abandonné.
Jaejoong poussa Yunho durement contre le sol de la réserve, l'air quittant ses poumons dans un grognement de douleur. Il saignait par de nombreuses blessures mineures, les petites gouttelettes rejoignant les autres saletés au sol.
Le blond se pencha tout près, de façon à voir les micros bleus qui fleurissaient sur les joues et le nez, inhabituellement pâles du boxeur et la lueur assassine dans ses yeux verts.
Son regard ne quittait jamais le sien.
- Je ne pense pas qu'un putain de rat de laboratoire puisse me juger, cracha Jaejoong, cherchant si c'était bien le bon bouton sur lequel appuyer.
S'il avait trouvé la bonne faille.
Yunho tressaillit imperceptiblement, mais il le sentit quand même, souriant cruellement.
Combien de fois s'étaient-ils retrouvés ainsi ces derniers temps ? À se battre et s'allumer, promettant de tuer l'autre, sans jamais encore aller jusqu'au bout.
Que feraient-ils une fois l'autre mort, eux qui s'accrochaient si ardemment à leurs combats ? Qui une fois partis, ne songeaient qu'à la prochaine rencontre ?
Le brun avait perdu le compte du nombre de fois où il était mort dans ses cauchemars. Tout comme Jaejoong ne se souvenait plus de combien de faux Yunho il avait tué, sous les rires amusés de Kazuya.
Est-ce qu'éliminer le vrai serait plus satisfaisant ? Serait-il enfin débarrassé de ces choses en trop, qui flottaient en lui depuis que la vérité avait explosé au grand jour ?
Chacun voulait que l'autre ressente sa haine et sa rancœur, ce quelque chose de malsain qu'ils ne ressentaient pour personne d'autre. Yunho voulait enterrer son amour et Jaejoong consumer sa passion, jusqu'à ce qu'il ne reste enfin, plus rien.
Grognant, le leader de W pressa plus fort contre la gorge du brun, geste devenu naturel, comme une sorte de rituel à leurs rencontres. Il pouvait sentir la chaleur du corps de Yunho contre le sien et laissa son poids le maintenir en place. Ne relâchant que légèrement sa prise, il s'empara de ses lèvres brutalement, avant qu'il ne puisse reprendre son souffle. Haletant, le boxeur frotta ses hanches contre la cuisse du blond, dont la bouche s'étira dans un sourire. Les doigts de ce dernier serrèrent le tissu synthétique qui cachait la poitrine de Yunho, ses ongles raclant la chair, tandis qu'il déchirait le haut du hideux uniforme. S'asseyant complètement, il saisit l'une des hanches du brun, commençant à bouger. Ses poussées étaient violentes, autant que ses attaques, exactement comme lorsqu'il l'avait frappé et marqué de sa lame.
Yunho saisit l'épaule gauche de Jaejoong, se soulevant tandis qu'il enroulait une jambe autour de sa hanche, le bout des doigts pressant contre l'omoplate blessée. Le blond laissa échapper un grognement plus animal qu'humain, puis il mordit violemment la lèvre du boxeur en représailles, le faisant gémir. Jaejoong orienta différemment les hanches de Yunho et il sut qu'il avait trouvé ce qu'il cherchait quand l'autre poussa un cri de surprise. Il ondula plus fort, encore et encore, sentant la prise du brun s'affaiblir et son propre orgasme se rapprocher. Serrant les dents, il se contrôla de toutes ses forces, ne voulant pas être le premier à succomber.
ღ
Les souvenirs hantaient Jin. La plupart du temps, en pleine nuit, lorsqu'il était le plus vulnérable, qu'il ne courait pas partout, pour ne pas se laisser le temps de penser.
Des bras puissants enroulés autour de lui, l'empêchant de respirer correctement. Son corps prisonnier d'un autre, bouillant, plus grand et plus fort.
Des souvenirs douloureux, qu'il n'avait jamais partagés avec qui que ce soit, en dehors de Brenda, lorsqu'il s'était cru assez fort pour porter plainte.
Des mains le flattant, le palpant, comme s'il n'est qu'un morceau de viande.
Lorsqu'il était seul, dans l'obscurité, comme cette nuit, sa mémoire le trahissait, son esprit lui renvoyant sans pitié, des images qu'il voulait absolument oublier.
Sa peau nue, frissonnante, la chair de poule formée sous les souffles chauds de différentes haleines.
Son cœur battait trop fort, trop vite, il avait le sentiment qu'il cognait aux murs, au sol et au plafond de sa chambre. Des sons de plus en plus distincts lui parvenaient, qui n'avaient pourtant rien à voir avec la présence de Yoongi et Jung Kook dans l'appartement, ou les bruits de la ville.
Ses cris, ses pleurs et gémissement. Ses couinements d'animal blessé, ses suppliques désespérées, tandis que des ongles marquent sa peau délicate.
Un cri se prit dans sa gorge, s'y bloquant douloureusement, la terreur mordant ses entrailles, s'enroulant autour son corps, empoisonnant son esprit. Son estomac se soulevait, des vagues de nausées le secouant, tandis que ses muscles douloureusement contractés lui faisaient mal.
Des mains larges, avides, cruelles, s'appropriant son corps blessé, faible et mince.
Il serrait le drap, le visage en sueur, la bile remontant jusqu'à sa gorge, son estomac brûlant sous le venin de la terreur. Oppressé, il tentait de respirer, de se souvenir comment faire, mais malgré ses efforts, il avait le sentiment d'étouffer. Le souffle saccadé, il inspirait et expirait, tentant en vain de lutter contre les souvenirs. Jin se battait toujours, mais échouait à chaque fois.
Cloué au sol, tandis qu'ils se frottent à lui, les uns après les autres. Qu'ils rient de ses cris, se nourrissent de ses larmes, pendant qu'ils le déchirent, impitoyables.
Même maintenant, il les sentait encore, se débattant contre leur présence, seul dans son grand lit. Il haletait, tremblait et sanglotait, chaque souvenir plus horrible que le précédent.
Jin enfila un sweat en plus, frissonnant autant que sous sa douche bouillante. Malgré sa couche de vêtements, il se sentait glacé jusqu'aux os.
Respirant profondément, il quitta sa chambre, rejoignant lentement la cuisine ouverte. Yoongi, derrière le comptoir, son bidon énorme quasiment plus visible que le reste de son corps, lui sourit.
- Le thé est prêt.
Il avait dû les entendre avec Yunho, lorsqu'ils s'étaient disputés dans l'après-midi et devait s'inquiéter pour lui.
- Ne t'en fais pas, le rassura-t-il. Ce n'était rien de grave.
C'était vrai. Ils s'étaient pris la tête, car il avait essayé de mettre en garde son meilleur ami concernant ses "rencontres" avec Jaejoong, mais sur les nerfs, le brun n'avait pas été réceptif, prenant plutôt mal son opinion. Jin comprenait, mais il se sentait coupable de ne pas pouvoir exprimer pleinement ce qu'il ressentait. De ne pas pouvoir expliquer à Yunho, qu'il avait peur de le voir vivre la même chose que lui. La simple pensée de son frère de cœur, entre les mains de bourreaux tels que les siens, le rendait malade.
Il était clair que Jaejoong n'avait rien à envier à Gackt en matière de cruauté et dernièrement, son meilleur ami ne semblait pas en état de se défendre.
- Comment va ta cheville ?
Yoongi, qu'il venait d'aider à s'installer sur le canapé, eut une petite moue boudeuse.
- Pourquoi tout le monde me traite comme un bébé, gémit-il. Je vais bien.
Le chorégraphe sourit.
- Toi par contre, tu as une sale tête, ajouta l'adolescent.
- Les cauchemars ont souvent cet effet sur le teint.
- Tu sais parfaitement que ce n'est pas ce que je veux dire.
Jin soupira. Évidemment qu'il savait. Mais Yoongi était déjà bien assez inquiet comme ça, il n'allait pas en plus ajouter ses propres angoisses sur ses frêles épaules. De toute façon, ils craignaient tous les deux les mêmes choses.
- J'ai très peur aussi, souffla doucement le porteur.
Surpris par l'aveu, le chorégraphe le regarda avec attention, glissant ses doigts dans les siens.
- Mais je suis vraiment heureux de ne plus être seul.
Jin sentit son cœur se serrer, comprenant ce qu'il ressentait. Il se souvenait parfaitement de ce que sa vie était avant que Yunho entre dans la sienne et la façon dont même les pires événements, lui avaient paru moins terrifiants, une fois ce dernier à ses côtés, pour les affronter avec lui.
- Tu ne seras, plus jamais seul, lui promit-il en serrant sa main. Quoiqu'il arrive, Yun et moi, on sera toujours là.
Yoongi n'eut pas le temps de répondre, Jung Kook le devançant.
- Et moi ?
Le tatoueur, qu'ils n'avaient pas entendu rentrer, les fit sursauter.
- Kook ! s'exclama le chorégraphe en tournant la tête.
- Moi, je ne peux pas être là pour vous ? continua le jeune homme, contournant le canapé pour leur faire face.
De l'arrière de sa voiture, garé devant la vitrine de l'épicerie de nuit, Kazuya avait une vue parfaite sur Yunho, qui était au comptoir, perdu dans un roman.
Il observait avec attention les cheveux noirs, plutôt longs, attachés en queue-de-cheval, les lunettes rondes qui tombaient un peu sur le nez blessé et les dents blanches qui mordillaient parfois une lippe déjà bien enflée.
"Jae, n'y est pas allé de main morte", songea-t-il, amusé.
Baissant les yeux, il sourit au petit blond à genoux entre ses jambes qui s'afférait sur sa queue, l'air concentré, avalant autant qu'il pouvait, sa main enroulée autour de la base pour le branler en même temps. Malgré son jeune âge, il était étonnamment doué.
Reportant son attention sur la supérette, il vit Yunho sourire à une cliente et ses doigts se serrèrent dans la chevelure blonde, tirant sur les mèches avec force. Le boxeur quitta le comptoir, se baladant dans un rayon de nouilles instantanées, la vue de son cul moulé dans son jean, lorsqu'il se baissa, faisant grogner Kazuya, qui sentit ses couilles se serrer, son orgasme le prenant par surprise. Il jouit sur le visage hébété du petit blond, souillant quelques mèches claires, ses lèvres et un bout de la chemise réglementaire de la supérette, que Yunho portait clairement mieux que lui. Il adorait l'expression naïve, innocente qui peignait les traits du jeune homme, toujours à genoux et souillé par son sperme. Tendant un doigt pour effleurer sa joue qui n'avait pas encore perdu les rondeurs de l'enfance, il sourit.
- Maintenant, parle-moi de ton nouveau collègue.
ღ
Jung Kook était à genoux près du canapé, sa tête contre le gros ventre de Yoongi, Jin lui caressant les cheveux. Conscients que revenant d'une visite à ses parents, le brun était encore plus émotif qu'en temps normal, ils se sentaient coupables d'avoir ajouté à sa détresse.
Le tatoueur savait que ses amis n'avaient pas tort, qu'il ne pouvait pas leur être utile en cas de danger, mais naïvement, il avait cru qu'une fois chez lui, loin du centre, le porteur serait en sécurité. Qu'il n'aurait plus à se soucier du procès Mizer et de son sombre passé. Gêné de s'être montré, selon lui, immature, d'avoir craqué, il s'était tout de même laissé consoler par Jin et Yoongi, qui lui avaient encore, patiemment, expliqué que c'était pour son bien s'ils lui en disaient le moins possible et que fuir, ne les réjouissait pas, mais qu'ils n'avaient pas le choix. Jung Kook ne voyait pas vraiment le danger, tout s'étant parfaitement bien passé selon lui, depuis leur emménagement, mais il ne pouvait fermer les yeux sur la crainte évidente de ses amis. Peu importe qu'ils le soient ou non, s'ils ne se sentaient pas en sécurité, alors il était normal qu'ils cherchent à l'être.
Comment tourner la page, sinon ?
Mais se montrer plus mature, ne rendait pas les choses moins douloureuses pour Jung Kook. Qu'allait-il faire une fois qu'ils seraient partis ? Il n'arrivait pas à imaginer la suite. A se dire qu'il allait reprendre son douloureux, froid et morose quotidien, entouré du silence de l'indifférence, troublé uniquement par l'écho des souvenirs et les murmures de ses démons. Comment avait-il survécu à ça, si longtemps ? Pourquoi ? Pour rencontrer Yoongi, Jin et Yun, aimait-il penser. Mais maintenant que ces derniers quittaient sa vie, pourquoi devrait-il à nouveau supporter cet enfer ?
"Parce qu'on va se revoir un jour", avait promis le chorégraphe en l'enlaçant. "Parce que tu es quelqu'un de formidable et que tu vas rencontrer des gens géniaux et illuminer leur vie, comme tu as illuminé la nôtre."
Le tatoueur avait eu envie de répondre que c'était eux qui avaient illuminé son existence. Qui lui avaient donné l'impression d'avoir retrouvé une famille et un équilibre, qu'il pensait perdu à jamais.
"Laissez-moi venir avec vous", avait-il crié mentalement, se retenant difficilement de le hurler à voix haute. Ce n'était pas le danger qui lui faisait peur, et il avait fait la paix avec l'idée de laisser ses parents un certain temps et de disparaître de la vie de Changmin. Ce qui le retenait, c'était sa lucidité. Il savait qu'il ne serait qu'un poids pour ses amis, incapable de faire du mal à une mouche et écœuré par la violence. Yoongi lui avait clairement dit, à leur rencontre, qu'il était un bien trop gentil garçon pour le sauver et à défaut d'être utile, Jung Kook devait faire en sorte de ne pas leur compliquer les choses. Alors, il se taisait, profitant de leur chaleur pendant qu'elle était encore là, palpable et rassurante.
Une petite surprise, le sortit de ses sombres pensées. Relevant la tête, les yeux écarquillés, il mit quelques secondes à réaliser, poussant un petit cri.
- Le bébé ! s'exclama-t-il. Il a donn...
Il se tut abruptement, se souvenant de la situation.
Mordillant sa lèvre, mal à l'aise, s'en voulant, il regarda Yoongi sans savoir comment arranger les choses, un petit silence s'installant.
Finalement, le porteur soupira.
- Donne-moi ta main, ordonna-t-il presque.
Toujours aussi gêné, le tatoueur, obéit, tressaillant lorsque son ami la posa sur son ventre rond.
- Kook, je te présente, Taeyong.
Sa voix était soudain plus douce, tendre même.
- Bébé, je t'ai déjà parlé de lui, tu te souviens, c'est tonton Koo.
Le brun sentit sa gorge se serrer et ses yeux se mouiller, une émotion nouvelle l'envahissant.
- C'est mon fils, déclara fermement Yoongi en le regardant.
Il était fier et pas la moindre hésitation ne troublait ses iris vairons.
Jung Kook, perdu, ouvrit la bouche, mais ne sachant que dire, la referma aussitôt.
- Ce n'est pas l'enfant de Gackt et je ne compte pas laisser cet enfoiré lui faire du mal.
00:01 ●━━━━━━─────── 1:00
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Je suis tellement tellement stressée, mon Dieu. Est-ce que c'est si nul que ca ?
AH, JE DÉTESTE ! *pleure*
J'ai besoin de fuir et de manger de la glace.
J'espère que ça donne toujours envie d'aller au bout... 😭
Princesse, tu me hais ? *sourire crispé*
Prenez soin de vous, si vous passez par là.
♥️
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