𝘊𝘩𝘢𝘱𝘪𝘵𝘳𝘦 𝟖 ~ 𝑬𝒍𝒊𝒐𝒕𝒕 𝒆𝒕 𝒔𝒂 𝒗𝒊𝒐𝒍𝒆𝒏𝒄𝒆
Mais alors qu'Emilia, Luka, Eliott et Aymerick marchaient dans les rues de la banlieue de Paris depuis quelques heures à la recherche d'une solution, ces derniers s'arrêtèrent devant un fast-food.
— Eh bah putain, il était beau le Mac-Do des années quatre-vingt, lâcha Eliott qui était en train d'admirer l'intérieur depuis l'autre côté de la vitre.
— Vous avez faim ? demanda Aymerick tout en posant ses mains sur ses hanches.
— Un peu, répondit Luka.
— Ouais moi aussi je commence à avoir la dalle, ajouta Eliott.
Suite à cela, tous les regards se posèrent sur la jeune fille du groupe.
— On a pas d'argent ! s'exclama-t-elle.
— J'ai jamais dit qu'on allait aller commander, déclara l'aîné du groupe. Je vous demandais juste si vous aviez faim.
Soudain, Emilia repensa à sa trouvaille de la veille.
— Attendez deux secondes, je reviens ! déclara-t-elle avant de se diriger vers une petite ruelle.
Malgré les appels insistants de ses frères et de Luka, la jeune fille s'engagea dans une petite ruelle avant de se mettre à l'abri des regards. Une fois qu'elle s'assura que personne n'était là, cette dernière souleva son t-shirt avant de découvrir dans sa brassière tout l'argent qu'elle y avait caché la veille. Il y en avait au moins pour sept-cent francs ! Par conséquent, l'adolescente remercia le hasard de lui avoir fait transporté cet argent avant d'accourir vers Luka et ses frères tout en tenant les liasses de billets dans les mains.
— On est riches ! s'exclama Emilia avec une voix légèrement essoufflée.
— Du calme louloute, dit Aymerick avant de s'emparer délicatement de l'argent. Déjà, où est-ce que t'as trouvé ça ?
Louloute. Voilà bien des années qu'il ne l'avait pas appelé comme ça... Ce surnom était celui que les frères et les parents de la jeune fille lui donnaient lorsqu'elle était plus jeune. Elle était le petit joujou de la famille, celui avec lequel ses frères s'amusaient lorsqu'ils avaient du temps à perdre. Avec ses grands yeux, ses joues rosées et son joli petit nez, tout le monde avait envie de lui donner des petit surnoms à croquer. Même Eliott qui pourtant paraissait à l'époque déjà assez renfermé.
— En fait hier je suis montée dans le grenier puis j'ai fouillé le carton de notre grand-mère, et c'est là que j'ai découvert plein de billets de francs dans une enveloppe ! Alors je les ai pris et je les ai cachés sous mon t-shirt pour les montrer à Luka, sauf que du coup je ne les ai pas ressorti depuis hier... raconta Emilia.
— D'accord, sauf qu'on est pas riches : le fait est qu'avant la monnaie avait une valeur différente, ce qui fait qu'à l'époque, six francs ne vaudront aujourd'hui plus qu'un euro, expliqua Aymerick. Mais c'est déjà bien pour tenir quelques jours ici, le temps de repartir.
— Le temps de repartir ? Mais on est bloqués ici ! s'exclama Eliott. Je sais même pas comment on va faire, et puis tous les gens dans notre époque vont croire qu'on est morts !
— C'est pas plus mal comme ça... marmonna la jeune fille.
— On est pas coincés ici, on va trouver une solution pour repartir dans notre monde. En attendant, il faut qu'on arrive à survivre ici. Et pour commencer, on va tous aller manger pour éviter de mourir de faim, ce serait peut-être pas mal. Même toi Emilia, déclara l'aîné avec grand calme et sérieux.
— T'es dans le déni mon vieux, pesta Eliott avant d'entrer à l'intérieur du fast-food.
Une fois tous rentrés, les jeunes passèrent chacun une commande pour peu cher avant de s'installer à une table qui venait de se libérer. Il y avait énormément de monde à l'intérieur du fast-food, ce qui ne changeait pas du monde actuel. En revanche, toute l'esthétique du lieu différait de ce qu'ils avaient connu de ce fast-food jusque là. Tout était rétro, du panneau d'affichage électronique très pixelisé jusqu'aux couleurs présentes sur les habits des employés et les murs. Par ailleurs, ce style contrasté s'accordait parfaitement avec les habits et les coiffures très atypiques des clients. Parfois même, ces derniers se mettaient à reluquer le groupe d'Emilia.
— Bon, il faut qu'on trouve un plan pour les prochains jours à venir, déclara Aymerick tout en appuyant ses coudes sur la table.
— Je pense qu'on devrait d'abord retourner au logement qu'on nous a donné avant que les proprios ne découvrent les clés, répondit Luka.
— T'as raison. On y retournera après le déjeuner, fit l'aîné.
Les jeunes passèrent quelques minutes à réfléchir à la suite. Tous étaient confus et paniqués, tout ça les dépassait. De son côté, Emilia ne savait comment réagir. Elle aurait bien voulu se construire une nouvelle vie dans cette époque, mais le problème était qu'elle était maintenant coincée avec ses frères. Et ça, elle ne le supporterait pas. Son lien de fraternité avec eux faisait qu'elle continuait malgré tout à les aimer, mais les événements passés les derniers jours faisaient qu'elle ne pouvait plus les supporter. Tout ce dont elle avait envie, c'était partir loin d'eux, loin de sa vie, et se refaire une vie. Et peut-être, qui sait, avec son nouvel ami. Il était évident que cela ne le désenchanterait pas aussi. C'est pourquoi elle commençait déjà à regretter d'être rentrée lors de son premier voyage spatio-temporel...
— Ma commande est déjà prête, je vais aller la chercher, lâcha Eliott tout en se levant brusquement.
Mais alors qu'il se dirigeait vers la borne, ce dernier fut soudainement percuté par un homme tenant un plateau sur lequel une boisson se déversa complètement sur lui.
— Putain mais tu peux pas faire un peu attention, non !? Connard ! cracha-t-il à la figure du trentenaire barbu.
— Dis, tu vas te calmer toi ! s'exclama le coupable tout en posant son plateau sur une table à côté.
L'homme possédait une carrure assez imposante, était à peine plus petit qu'Eliott, et avait un style de motard. Tout autour des deux mâles en pleine confrontation, les gens s'étaient retournés et regardaient maintenant la scène avec attention. Les employés fast-food s'étaient eux-mêmes aussi arrêtés afin de voir la suite des évènements, sauf que personne n'osait réagir. Il fallait admettre que pas grand monde n'avait envie de se confronter au gros barbu. De son côté, Eliott regardait l'homme avec à la fois une puissante rage dans les yeux et à la fois un petit sourire provocateur.
— Tu veux te battre, c'est ça le maroufle ? aboya le gros musclé tout en commençant à dangereusement s'approcher du jeune homme.
Aymerick se leva brusquement de sa place avant de venir se placer devant Eliott afin de faire face à l'inconnu. Il dit alors :
— Écoutez, je suis désolé pour le mal-entendu que vous avez eu avec mon frère, mais il n'y a pas de quoi s'énerver. Si vous voulez, je vous repaie un soda, et puis on oublie tout ça.
L'homme regarda tour à tour les deux frères avec perplexité, avant de répondre :
— T'as d'la chance d'avoir un frère comme ça, gamin !
Ce dernier reprit alors son plateau avant de jeter dans une poubelle les restes qui s'y trouvaient. Après ça, il le jeta sur une table au hasard, puis lâcha un dernier regard mauvais à Eliott avant de s'en aller. Suite à cela, Aymerick s'excusa auprès de tout le monde pour la scène qui venait de se produire et les gens reprirent leurs activités sans broncher. Il posa ensuite son bras sur les épaules de son petit frère avant de l'emmener dehors dans le but d'avoir une petite discussion avec lui. De leurs côtés, Emilia et son ami n'avaient pas perdu une miette du spectacle auquel ils venaient d'assister. Les adolescents étaient assis du même côté à quelques centimètres l'un de l'autre, et leur proximité leur donnait envie de se rapprocher encore plus. Sauf qu'aucun d'entre eux n'osait se rapprocher de l'autre. Tous les deux étaient aussi timides et gênés l'un que l'autre. Pourtant, ils avaient déjà eu par le passé quelques moments de contact physique, mais eux semblaient plus spontanés et naturels. Comme si les choses étaient exactement comme elles devaient l'être.
— Dis, il est toujours aussi violent ton frère ? lança Luka à sa camarade avec une pointe de sarcasme dans sa voix.
— Oh, souvent, oui... répondit-elle avec un ton léger.
La jeune fille avait l'impression de se perdre dans les yeux de son ami. Son regard était aussi profond qu'un puits sans fin, et lorsqu'il lui parlait ou qu'il l'écoutait, ce dernier avait toujours tendance à pencher la tête sur le côté avec un petit sourire collé à ses lèvres...
— C'est vraiment tout l'opposé de ton autre frère, ajouta le jeune homme tout en regardant Aymerick et Eliott en pleine discussion de l'autre côté de la vitre.
Emilia pouffa avant d'expliquer :
— Ouais, ça a toujours été comme ça. Eliott a toujours été du genre à s'énerver, se battre pour tout et pour rien et à tout le temps aller s'éclater en soirée. Alors qu'au contraire Aymerick c'est plutôt le mec calme, il est tout gentil et même parfois un petit peu naïf... Mais c'est quelqu'un qui cherche toujours des solutions à tout et qui essaye d'être positif. C'est pour ça qu'il fait des études en psychologie. Alors qu'Eliott, lui, va redoubler sa terminale.
— Je vois, je vois... En tout cas j'irai pas me bagarrer avec lui, déclara-t-il avec un sourire qui laissait entrevoir sa fossette.
— Moi non plus, crois-moi, dit la jeune fille tout en haussant les sourcils.
Soudainement les frères d'Emilia revinrent de leur petite discussion. Eliott alla rapidement nettoyer ses vêtements aux toilettes avant d'aller récupérer avec son frères les commandes et de les apporter à leur table. Ainsi, un lourd silence s'installa entre les jeunes qui commençaient à peine à manger leur déjeuner. En jetant rapidement un coup d'œil à Eliott, la jeune fille remarqua que ce dernier avait l'air relativement calme, et qu'il avait plus l'air distant qu'énervé. Ce changement de comportement montrait une fois de plus les compétences que possédait son frère aîné en terme d'éloquence.
*
— C'est bon, elles sont là ! s'exclama Aymerick depuis l'intérieur de l'appartement.
À son tour, Eliott passa la porte du vieux logement avant de rejoindre son frère. De son côté, Emilia s'apprêta à faire de même, mais Luka attrapa brusquement son bras avant de lui demander avec un air gêné :
— Dis, je peux te parler deux minutes sans tes frères ?
— Euh bah, oui bien sûr, balbutia la jeune fille.
Cette dernière s'avança timidement vers l'entrée de l'appartement avant de s'arrêter dans l'encadrement de celle-ci.
— On revient avec Luka, il faut qu'on parle. On en a pas pour longtemps, prévint-elle.
— Vous revenez vite d'accord ? fit soudainement Eliott avec un ton menaçant.
— Ouais, répondit sèchement l'adolescente.
Une fois la porte fermée, Emilia roula les yeux au ciel avant de rejoindre son ami. Ce dernier l'invita alors à l'accompagner dehors dans le but de faire un petit tour. Elle accepta. Une fois dehors, les adolescents sentirent davantage la pesante chaleur de l'été. Il faisait lourd, et la lumière était presque aveuglante. De plus, la sueur commençait à se faire de plus en plus intense sur la peau des jeunes. Il était clair qu'ils avaient besoin d'une bonne douche, et au plus vite. Mais malgré cela, ils se mirent tout de même à se balader dans la petite rue qui se trouvait en bas de l'appartement où ils couchaient.
— En fait, à propos de ce que j'ai dit hier...
— T'avais besoin de te libérer Luka, le coupa la jeune fille tout en continuant de marcher à côté de lui. Ça se sent, ça se voit... Et tu sais moi je suis pas là pour te juger ou quoi, si t'as besoin je suis là pour t'écouter.
Le jeune homme fit un petit sourire de gêne tout en regardant ailleurs.
— J'ai juste pas l'habitude d'être l'écouté.
— Et, fit Emilia tout en s'arrêtant et en attrapant les deux mains de son camarade. Tu sais, tu peux te lâcher. Avec moi, tu as le droit. Je sais ce que c'est que d'être seul et de ne pouvoir parler à personne. Alors n'hésite pas, on se connaît peut-être depuis peu, mais... Je suis là pour toi, vraiment.
Les yeux de Luka brillaient, et son regard était encore plus intense que toutes les fois où il avait regardé son amie. Pour la première fois de sa vie, le jeune homme se sentait réellement compris et écouté. À cet instant, son cœur s'emballa et il eut comme une sensation de chaleur dans l'estomac. Soudain, tout lui semblait possible, et il n'avait plus qu'une idée en tête ; la conquérir.
*
Le soleil s'éteignait, et la température se rafraîchissait dehors. Emilia, ses frères et Luka s'étaient retrouvés dans le bar où travailler Pierre, l'ami d'Audrey. Aymerick s'était arrangé avec lui au téléphone pour qu'il aide les jeunes à trouver un petit boulot dans les environs, et ce fut donc là que le blondinet leur donna rendez-vous au bar où il travaillait. En attendant qu'il vienne, les jeunes s'étaient installés sur des banquettes autour d'une table. Mais alors que ces derniers étaient en train de parler du portail et du voyage spatio-temporel qu'ils avaient effectué, Pierre ne tarda pas à les rejoindre.
— Les amis, j'ai une mauvaise nouvelle pour vous, lança ce dernier tout en jetant un torchon sur son épaule. J'ai appelé tous mes contacts et les amis de mon père, mais plus personne n'embauche. Malheureusement je ne peux donc pas plus vous aider.
Emilia se laissa tomber sur la table, Luka se passa la main sur le visage, Eliott laissa échapper une injure et Aymerick soupira bruyamment avant de se prendre la tête entre les mains. Soudain, le blondinet posa une main sur l'épaule du jeune homme avant de poursuivre :
— Qu'est-ce que vous êtes tendus ! Dites, ça vous dirait pas de venir avec moi ce soir ? Dès que j'ai fini je vais rejoindre Audrey et les autres, on va aller en boite pour enchaîner avec la soirée d'hier. Cette semaine, on fait la fête presque tous les soirs.
— Je sais pas, on doit y réfléchir... répondit l'aîné du groupe.
— Oh, allez quoi Aymerick ! C'est pas tous les jours qu'on a l'occasion de vivre ça... déclara Eliott en donnant un coup de coude à son frère.
— Franchement il a raison, ajouta Luka.
— Faut avouer que chez nous on a peu d'opportunités de ce genre, enchérit Emilia.
Le jeune homme souffla du nez.
— Bon d'accord, mais on se met à la recherche de boulot dès demain !
Dès que, quelques minutes plus tard, Pierre eut fini son service, ce dernier se prépara quelques secondes avant de mener le groupe de jeunes jusqu'à une petite discothèque en pleine banlieue de Paris. C'était ainsi que les jeunes s'apprêtaient à vivre une nuit de folie qui marquerait le début de leur immersion dans le monde des années quatre-vingt.
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