𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 ¹² : « Nuit de confessions. »

- Minable !

Un coup dans les côtes.

- Stupide !

Un autre sur le ventre avec le pied.

- Chose inutile !

Une violente claque.

- Tu aurais dû mourir avec lui dans cet accident !

Un hurlement de petite fille.

Des lumières éblouissantes.

Un dérapage.

L'odeur du sang.

Et de la mort.

La ceinture de sécurité autour de sa taille.

Sa tête à l'envers.

Le bruit des talons sur le sol froid et humide de la route.

Son ricanement glacial.

- Papa...

Les larmes de douleur et de peur d'une enfant de six ans.

- Tu aurais dû périr et disparaître de ce monde !

Son dos heurte le mur brusquement.

Un cri lui échappe.

- J'ai tué ce salopard, mais tu m'as échappé et je vais me faire un plaisir d'en finir une bonne foi pour toutes !

Stop ! Stop ! À l'aide ! Maman ! J'ai mal ! Ça brûle !

Katherine !

Anastasia hurla le prénom de sa génitrice en même temps qu'elle quitta son cauchemar. De la sueur perlait sur ses membres à découverts et son t-shirt lui collait à la peau. Sa respiration était saccadée et elle peinait à reprendre ses esprits. Son corps entier tremblait de ce mauvais rêve et des souvenirs douloureux des coups et claques qu'il avait enduré. La jeune fille passa sa main dans ses cheveux, essayant vaguement de les remettre en place et essuya l'eau qui lui mouillait le front. En remontant ses genoux jusqu'à elle, la brunette posa ses coudes dessus pour prendre appui, puis dissimula son visage dans ses paumes, retenant difficilement ses larmes. Quand une douce caresse toucha son dos, elle sursauta à nouveau et s'empressa de dégager ce contact de sa colonne vertébrale. Ne pas la toucher, c'était la règle à respecter qu'elle avait imposé à Martinus. Pas le torse ni derrière. Le garçon ne le savait pas, mais c'était à ces endroits là que les blessures étaient présentes et Flor refusait qu'on ne pose ne serait-ce qu'un doigt dessus. C'était déjà difficile pour elle de les observer, alors les caresser était encore pire.

- C'est quoi la règle, Tinus ? souffla-t-elle encore apeurée de son violent cauchemar.

- Ne pas te toucher, répondit le blondinet, en se redressant à ses côtés. Du moins, pas le torse ni le dos.

- Alors pourquoi tu viens de le faire, hum ?

- Tu as fait un cauchemar, je voulais juste te réconforter, se justifia-t-il inquiet. D'ailleurs, pourquoi tu détestes qu'on te touche ?

Avec un petit rire qui sonna étrangement faux aux oreilles du chanteur, la portugaise déclara :

- Je déteste les contacts physique avec les autres, point. S'il te plaît, ne pose pas de questions, tu n'obtiendras rien de ma part, Tinus.

- Je veux juste comprendre et apprendre à te connaître, dit-il, en glissant une mèche de ses longs cheveux bruns derrière son oreille.

- Tu perds ton temps, mini-Gunnarsen, râla l'adolescente, en frappant sur sa main pour qu'il cesse d'avoir ce genre de geste envers elle. Je suis un mystère même pour moi, alors n'essaie pas de comprendre. Tu ne peux pas le faire, sans avoir vécu au moins une des choses de mon passé.

- Ça tombe bien, j'aime les énigmes difficiles à résoudre, sourit sensuellement le norvégien.

- Remballe-moi ce putain de sourire, blondinet. Je ne suis pas d'humeur pour jouer.

Anastasia récupéra son téléphone sur la table de chevet à sa droite et l'alluma. Aussitôt, l'écran illuminé lui brûla les yeux et elle fut forcée de baisser encore plus la luminosité de l'appareil. Quand sa vision s'habitua, elle observa l'heure.

« 23:30

Ven. 15 Nov. »

Un soupire s'échappa d'entre ses lèvres. Il était encore tard dans la nuit, mais le sommeil semblait avoir quitté son esprit. Dormir n'était décidément plus sa priorité et une activité nocturne s'imposait. Habituellement, l'étudiante quittait son domicile et faisait le tour de sa propriété, profitant de la fraîcheur de la soirée. Mais ici, chez les Gunnarsen, elle ne pouvait pas faire ce qu'elle voulait. La brune n'avait plus de salle de sport pour se défouler sur son puching ball. À moin qu'elle se serve de son colocataire. Cette idée lui parut merveilleuse. Voilà une bonne manière de le faire taire et l'arrêter dans son élan de curiosité, pensa-t-elle.

- Ton cauchemar, qu'est-ce que c'était ? continua Martinus.

- Un mélange de souvenirs. Rien d'anormal.

- Tu veux en parler, Ana ? Tu sais que je suis là pour toi, même si on ne se connait pas depuis longtemps.

- C'est gentil, blondinet, mais je n'en parle avec personne, sourit-elle timidement, en triturant le bord du drap. À part à ma psychologue.

- J'ignorais que tu avais une psychologue.

- Ce n'est pas la première chose que je dis quand je fais connaissance avec quelqu'un, pouffa Flora, ce qui l'effet de faire ricaner le jeune homme.

Un léger silence s'installa dans la chambre, brisé par le bruit de leur respiration respectives. Les rayons de la lune filtraient à traverser les stores mi-ouverts mi-fermés, apportant un peu de lumière réchauffante à l'endroit. On pouvait apercevoir vaguement quelques étoiles briller dans le ciel noir. C'était une atmosphère calme et relaxante qui donnait bien envie de se recoucher pour tomber dans les bras de Morphée. Seulement, le corps de Ioans n'était pas du même avis et refusait de se détendre.

- Ana ? appela le blond. Hier, durant le dîner, tu as dis que Loren était ta cousine...

- Tinus, on en a parlé hier soir juste avant de dormir, le coupa-t-elle. Je ne vois ce que je peux ajouter d'autres. Je t'ai dis que j'ai été voir mon oncle et que Loren était sa fille, point final.

- Je sais, mais... Est-ce que tu es proche d'elle ?

- Pourquoi tu as peur que j'aille lui raconter que tu me fais des bisous dans le cou et que tu n'obéis pas aux règles que l'on t'impose ? ricana malicieusement la jeune femme, devant le visage anxieux de son ami. Rassure-toi, on est pas proches à ce point.

- Tu ne t'es pas plainte quand je l'ai fait.

Anastasia roula des yeux à ce souvenir, mais ne put empêcher ses joues de rougir.

- Tigresa, je t'ai déjà dit de ne pas rouler des yeux devant moi, dit-il sérieusement, une lueur menaçante dans le regard.

- Sinon quoi, hein ? Tu vas me coucher sur tes genoux pour me donner la fessée, hum ? Laisse-moi rire, toi en Christian Grey ? La bonne blague.

- Ma main me démange, maintenant que tu en parles.

- Eh bien, elle va te démanger beaucoup de fois, parce que je ne comptes pas prendre en compte ton avis sur la question, mini-Gunnarsen, répliqua la brunette, en tapotant son cousin pour s'y recoucher.

Quelques minutes plus tard, le souffle du cadet des jumeaux frôla le cou de la demi-roumaine et un baiser y fut déposé. Brusquement et rougissante, cette dernière se redressa pour frapper son maudit colocataire avec force. Martinus l'attrapa par les poignets et sans en comprendre comment, elle se retrouva assise à califourchon sur son bassin. Essoufflée par cette lutte, la jeune fille l'observa longuement, lui demandant silencieusement de relâcher ses mains des siennes.

- Joli, sourit-il sensuellement.

- Peut-être, mais en attendant ce n'est pas moi qui est un problème à régler, pouffa-t-elle avec un signe du menton vers le bas-ventre du blondinet.

Ce dernier rougit légèrement et déposa ses mains sur les hanches d'Anastasia. La situation aurait dû être gênante pour les deux adolescents, mais ils semblaient s'en amuser. Surtout, la jeune femme qui prenait un malin plaisir à se moquer de son état actuel.

- Oh, arrête ! Je suis sûr que tu es dans le même état que moi, râla-t-il.

- Hum, peut-être, mais moi, ça ne risque pas de se voir, ricana la brunette avec malice. Bon ! Évite juste de frotter cette minuscule chose à mon corps, durant ton sommeil, ok ? Je ne tiens pas à attraper une MST et je suis encore jeune pour ça.

- Minuscule chose ?! s'exclama-t-il. Oh, bébé ! Tu serais surprise par sa taille.

- Tu crois ?

- J'en suis persuadé.

Bataillant pour quitter les bras de Martinus, Flor parvint à retrouver l'envie de dormir. C'était nouveau ! Elle qui suite à un cauchemar ne se rendormait plus commençait à avoir les paupières lourdes. Décidément, la présence du blondinet changeait tout, mais pour rien au monde elle ne lui avouerait cela. Son égo était déjà bien trop gros pour le gonfler encore plus.

- Bonne nuit, mini-Gunnarsen, souffla la portugaise.

Le cadet entoura le bassin de son amie de son bras et se colla à son dos. Il huma discrètement le parfum de rose qui émanait des cheveux de la fille de Jace et Katherine et lui chuchota à l'oreille :

- Tu sais... J'aime beaucoup ta compagnie, tu es une personne agréable, Ana. Je ne sais pas ce que tu me fais, mais j'aime ça.

- C'est ce qu'on appelle devenir accro.

Tinus roula des yeux, sous le rire adorable de sa colocataire. Cette dernière se retourna légèrement pour l'observer, un faux air menaçant sur son visage angélique.

- Viens-tu de rouler de yeux devant moi ?

- Techniquement, tu étais dos à moi quand je l'ai fait, répliqua le norvégien.

- Hahaha, mais quel humour !

- Mais plus sérieusement, je sais que toi aussi, même si tu ne le dis pas, tu m'adore.

- Si ça se trouve, je fais semblant ? dit-elle avec un sourire.

- Je ne crois pas, non, souffla le jumeau de Marcus, en approchant son nez du sien pour les frotter ensemble, ce qui arracha un rire joyeux à Flora.

- Allez ! Dors, maintenant ! ordonna la belle étrangère.

- À vos ordres, Mademoiselle Ioans.

Somnolant énormément, les deux jeunes sursautèrent lorsque le téléphone de la portugaise se mit à sonner bruyamment. La sonnerie fit gronder le blondinet qui resserra sa prise autour d'Ana, collant son « problème » à ses fesses. L'adolescente bougea pour prendre son téléphone en main, jurant et pestant contre elle-même d'avoir oublié de mettre le portable sous silencieux. Elle décrocha, en voyant le nom de son garde du corps s'afficher sur l'écran illuminé et demanda à son interlocuteur de patienter une minute, avant de couper le micro.

- Martinus, si tu recolles cette minuscule chose à mes fesses, je risque de t'étrangler durant ton sommeil, siffla-t-elle. Alors soit tu te démerdes pour faire redescendre ce truc, soit tu vas ressouder ce problème aux toilettes. Mais par pitié, reste loin tant que tu es dans cet état.

- La pression redescend, ne t'en fais pas, gronda Tinus, preste endormi contre ses cheveux.

- Justement, je m'inquiète !

Puis elle remit le micro et approcha l'appareil de son oreille.

« - Taylor. Pour quelle maudite raison vous m'appelez à minuit ?

- Je suis navré, Mademoiselle Ioans, s'excusa l'homme à l'autre bout du fil. Mais il y a eu un problème entre temps.

- Un problème ? répéta-t-elle, en se redressant malgré les bras de son ami autour de ses hanches. Lesquel ? »

Celui de Martinus ? ricana Anastasia, intérieurement.

« - Une explosion a eu lieu à R.IHouse, Mademoiselle, annonça le garde du corps. Votre mère est à l'hôpital.

- Quoi ?! Une explosion ? Mais comment ?

- Tout indique que c'est criminel.

- Criminel ? souffla Flor. Ce bâtiment est plus sécurisée que la Maison Blanche, alors comme un intrus aurait pu y pénétrer ?

- Nous l'ignorons, Mademoiselle.

- Vous avez vu les caméras de surveillance de l'entrée et du bureau de ma mère ? demanda-t-elle, inquiète pour l'entreprise que son père a mit des années à bâtir.

- Ryan est sur le coup, Mademoiselle, répondit Taylor.

- D'accord. J'y crois pas ! Dans quel hôpital est Katherine ? »

Même si elle en avait très peu à faire de sa génitrice, elle voulait surtout évaluer les dégâts pour tenter de trouver le potentiel ennemi de l'ancienne mannequin.

« - D'ailleurs, qu'est-ce qu'elle fait en Norvège ? Aux dernières nouvelles, elle était en Chine et ne rentrait pas dans la semaine.

- Son assistante a déclaré que Madame Olsen avait plusieurs entretiens ici et que son vol de retour a été avancé, dit-il.

- Ok. Vous êtes dans le coin, Taylor ?

- Non, Mademoiselle. Mais José, oui.

- Bien alors demander à José de préparer la voiture, je vous rejoins à l'hôpital, ordonna-t-elle.

- Oui, Mademoiselle. »

Anastasia raccrocha et se hâta de s'habiller, en jurant sauvagement. Voilà que Katherine revenait et causait d'autres problèmes ! Cette femme apportait le Chaos avec elle, sinon comment expliquer que chaque fois, quelque chose de grave se produisait. En plus, il a fallu que R.IHouse soit le lieu du massacre. Si encore il s'agissait de l'Entertainment, c'était une chose. Mais là, le cœur de tout ce business était touché. En espérant qu'aucune donnée importante n'ait été volée des dossiers confidentiels, Flora lança un regard au norvégien qui, depuis son saut brusque du lit, ne cessait de l'appeler et de lui demander ce qu'il se tramait.

- Ma génitrice est à l'hôpital et l'entreprise de mon père a subi une exposition, résuma-t-elle. Je dois aller retrouver Katherine.

- Je vais réveiller mes parents.

- Non ! Ce n'est pas nécessaire de les déranger pour cela, soupira la jeune fille.

- Je ne vais pas te laisser partir seule et blessée, Ana !

- Alors va dire à ta mère que tu viens avec moi. José doit déjà m'attendre en bas.

- J'y vais ! Oh et Ana ! appela-t-il, dans l'encadrement de la porte. Je suis certain qu'elle va s'en sortir.

Katherine s'en sort toujours vivante, pensa la portugaise. Elle est toujours là pour me pourrir la vie, aucun risque qu'elle meurt dans la minute.

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𝐉'𝐞𝐬𝐩è𝐫𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐜𝐞 𝐜𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐚𝐮𝐫𝐚 𝐩𝐥𝐮.
𝐍'𝐡é𝐬𝐢𝐭𝐞𝐳 𝐩𝐚𝐬 à 𝐦𝐞 𝐝𝐢𝐫𝐞 𝐬𝐢 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐭𝐫𝐨𝐮𝐯𝐞𝐳 𝐝𝐞𝐬 𝐟𝐚𝐮𝐭𝐞𝐬 𝐝'𝐨𝐫𝐭𝐡𝐨𝐠𝐫𝐚𝐩𝐡𝐞.

Claudia M.T.C

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