Chapitre 45
EROS
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UN JOUR AUPARAVANT :
Je la fais tournoyer autour de moi et plus rien ne compte. Ses cheveux bruns se soulèvent dans son dos et son sourire... Son sourire me transperce le cœur en deux. Pas de douleur, loin de là. Je crois que je ne me remettrai jamais de cette fille.
Cette fille n'est pas n'importe qui. Elle s'appelle Arynn, est princesse de son royaume et dès que je la vois, je perds presque mes mots.
Cette fille, elle hante mes pensées depuis le moment où mes yeux se sont posés sur elle.
Je m'appelle Arynn, je suis la sœur d'Ander, vous savez...
Arynn. C'est un prénom si doux, et qui sied tellement son visage.
Nous devrions rentrer.
Je vais rester un peu.
Sous ce temps ?
Je lui ai demandé qui n'aimait pas la pluie. La vérité, c'est qu'elle m'a coupé le souffle. Je voulais la regarder partir, ses longues boucles flottant dans son dos, incroyablement belle dans sa robe.
Je suis plutôt doué avec les mots. Et quand j'ai voulu lui écrire ses lettres, j'ai mis des heures à essayer de trouver la bonne formulation. J'ai tenté, à maintes reprises, d'écrire quelque chose de beau.
Et puis, je me suis rendue compte que je devais simplement écrire ce que je voulais, moi. Ce qui me venait en tête. La poésie viendrait plus tard. Je voulais juste coucher sur papier tout ce que j'aimerais lui dire dans les occasions de chacune des lettres.
Mes pensées reviennent sur terre. Arynn tourne une nouvelle fois avant de rire. Bordel. Dès que je l'entends rire, j'ai des envies de... Je ne sais même pas en fait. Je veux tout avec elle, je veux tout d'elle, quitte à y laisser mon cœur derrière.
Elle lève la tête alors et ses lèvres rejoignent les miennes. Les siennes sont douces. Tout est doux chez elle. C'est niais à dire, mais c'est la vérité. Ses mains prennent mon visage et les miennes se posent sur sa taille.
Je l'attire contre moi, approfondissant notre baiser, un désir nouveau s'insufflant dans mes veines. Je mordille sa lèvre sans m'en rendre compte et l'entends lâcher un petit soupir.
Elle me rend fou.
Je ne sais pas si je l'ai déjà dit. Je pense à beaucoup de choses en sa présence. En ce moment, à comment son corps épouse à la perfection le mien, ou bien comment mes mains pourraient s'aventurer sur son...
Elle recule et me sourit. Ses yeux brillent tellement fort. Je suis persuadé que les étoiles la jalousent.
— Tu es tellement belle.
Mon murmure s'est échappé de mes lèvres. Je vois l'émotion traverser son visage.
— Ce sont des jolis mots que tu me dis, sourit-elle de nouveau.
— Je les pense sincèrement.
Elle me prend par la main. La sienne est si petite dans la mienne. J'ai l'impression que je fais attention au moindre détail en sa présence. C'est... nouveau.
— Nous devrions aller nous coucher, je soupire. Demain, une toute nouvelle épreuve t'attend.
Je tente d'y mettre un ton joyeux mais la vérité, c'est que je suis fatigué de ce tournoi. Je sais déjà qui je veux. Et je sais aussi que jamais Kereya ne me laissera l'avoir. Quoiqu'il en soit, je me battrai toujours contre elle. Elle ne l'emportera pas maintenant.
Devant la porte de sa chambre, j'embrasse une dernière fois Arynn. Je la vois hésiter, comme si elle voulait m'inviter à entrer. Je suis faible. Si faible que je n'aurais presque pas la force de lui dire non.
Mais Arynn se retient. Toute en retenue, elle me sourit de nouveau. J'aime bien ce côté-là chez elle. Lisse en surface. Et en profondeur, elle est du genre à paniquer pour un rien.
J'ai remarqué ça chez elle. J'ai remarqué un tas de choses, en fait.
La façon qu'elle a de débiter cent mots par seconde quand elle fait une gaffe. La façon dont ses yeux se mettent à briller quand elle parle avec moi. La manière qu'elle a de se tenir parfaitement droite, ses cheveux toujours bouclés à la perfection, ses yeux noisette sertis de... comment s'appelle cette chose déjà ? Qu'elle met sur ses cils ?
Quoiqu'il en soit, elle demeure toujours un trésor à mes yeux. Elle est précieuse et unique en son genre. Je n'ai pas besoin de réfléchir plus longtemps. Je sais ce que je ressens pour elle.
Mais arriverais-je à le lui dire un jour ?
— Bonne nuit, Eros.
Elle referme doucement la porte derrière elle et moi, je poursuis ma route, le cœur ralentissant enfin. C'est autre chose que j'ai remarqué, mais chez moi cette fois-ci. La tendance qu'a mon cœur à battre si vite en sa présence.
Je n'ai pas le temps de m'attarder sur ces pensées qu'une main se referme vivement autour de mon poignet. Je suis tiré dans une pièce, Kereya me menaçant d'une lame à la gorge.
— Ce petit jeu va cesser, siffle-t-elle.
Un sourire moqueur s'étire sur mes lèvres.
— Tu me menaces, maintenant, maman ?
Elle fait pression sur ma gorge, quand une autre silhouette se dessine dans son dos. Therys. Il me sourit, un air carnassier au visage. Le mien s'efface.
Kereya peut me menacer avec un couteau à beurre, je n'en ai rien à faire. Hors de question que je reste en présence de ces deux serpents.
Je la repousse d'une main et vais pour m'en aller quand sa voix résonne dans mon dos :
— Sors de cette pièce et tu ne reverras jamais Arynn.
Ma main se fige sur la poignée. Je pivote lentement et l'affronte du regard.
— Je te demande pardon ?
— Tu m'as très bien entendue. Je n'hésiterais pas à la tuer. M'a-t-on arrêtée la dernière fois ?
Elle est à deux doigts de rire. Mon cœur se serre vivement.
La dernière fois.
— Ce n'est pas parce que c'est une princesse qu'elle est intouchable. S'il le faut, je me salirai les mains. Therys aussi pourrait le faire. Quitte à s'amuser avec elle un peu avant... Tu crois qu'elle t'appellerait ? Qu'elle crierait ton nom pour que tu ailles la sauver ? Ou bien peut-être qu'elle n'hésiterait pas à ouvrir les cuisses pour Therys, qui sait ?
Mes poings se serrent et se desserrent. Je m'empêche de répondre. Ou bien de lui flanquer mon poing dans la figure.
Therys n'a pas l'air de désapprouver cette idée, ce qui me montre bien le niveau de connaritude qu'il possède en lui.
— Tu irais volontairement blesser Arynn ? j'adresse à Therys. Tu la forcerais à faire des choses qu'elle ne veut pas ?
— Je suis déjà fiancé à elle, il n'y a rien qu'elle n'ait le droit de me refuser. Mais pour répondre à ta question, non, je ne ferai pas ça. Je ferai mieux. Je te la volerai, je la ferai tomber dans mes bras. Je ne la forcerai même pas à quoique ce soit. Elle me suppliera de la toucher, de la baiser.
D'un pas calme, je traverse la pièce. Therys n'est pas prêt quand je le saisis par la gorge. Ce gringalet fait ma taille divisée par deux, alors quand je le pousse contre le mur, je crois que les peu de neurones qui lui restaient viennent de s'écraser au sol.
— Je crois que j'ai mal entendu. Tu peux répéter ?
Et je serre sa gorge, la colère bouillonnant en moi. Il ne peut pas répondre, alors je continue d'argumenter :
— Elle ne t'appartiendra jamais. Faudrait-il encore qu'elle veuille de toi. Parle encore une fois d'elle de la sorte, et c'est le sol que tu rencontreras la prochaine fois.
Je le relâche sans l'ombre d'un regret.
— Tu as fini ? s'agace Kereya dans mon dos.
Je pivote vers elle et rétorque :
— Qu'est-ce que tu veux ?
— Tu vas cesser de courtiser cette pauvre cruche. Et tu laisseras Willa gagner. Tu pourras menacer Therys autant que tu veux, je ne plaisante pas. La dernière fois, tes petites histoires se sont très mal terminées. Je n'hésiterai pas à faire de nouveau la même chose. Quitte à trancher la gorge d'une princesse, cette fois-ci.
Un frisson remonte le long de mon échine. Je la sais capable de ça. Comme je sais Therys capable de violenter Arynn.
Furieux, je m'avance vers la porte et l'ouvre brusquement.
— Ravi de voir que tu m'obéiras ! Au moindre faux pas...
Je claque la porte pour ne pas l'entendre une seconde de plus. Je la déteste. De tout mon être.
• • •
L'épreuve va bientôt commencer. Ignorer Arynn ce matin a été... compliqué. Je voulais tout lui avouer. Je voulais même juste lui parler, autrement que pour la repousser. Mais les paroles de Kereya résonnaient en boucle dans ma tête.
Et ces images aussi... Ces images d'avant qui me hantent l'esprit.
Je ne veux pas que l'histoire se répète. J'ai peur pour Arynn. Je suis terrifié à l'idée qu'on lui fasse du mal. Elle ne mérite pas ça.
Willa me raconte des choses que je ne comprends même pas. Je lui souris, alors que Sorya me touche le bras. Kereya ne me quitte pas des yeux. Elle me tient à l'œil. Et elle sourit quand elle me voit accompagné de ces deux-là. Ses favorites, comme elle aime si bien le rappeler.
Je me fige quand une grande masse s'approche. Rewind. Il me prend vivement par le bras et me tire à l'écart des deux filles.
— T'es un abruti fini à la pisse, tu le sais ça ?
Je le repousse alors qu'il continue de s'exclamer comme un taureau enragé :
— Tu la fais pleurer. Non, mais qu'est-ce qui cloche chez toi ? Un jour tu l'aimes, un autre jour tu l'ignores...
Je ne l'écoute plus. Mes yeux la cherchent. Quand je la vois devant son pupitre en train de chasser ses larmes, je dois me faure violence pour ne pas aller la rejoindre, et la serrer dans mes bras.
Mais je me retiens. Kereya me fixe attentivement. J'attrape le poignet de Rewind et lâche :
— Tu ne comprends pas. Je ne peux pas retourner vers elle, pas maintenant.
Il me pousse et tourne les talons sans même me répondre. Je le regarde partir, sans l'ombre d'un regret.
Je dois trouver un moyen de me libérer de Kereya. Cette situation ne peut plus durer.
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