𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟗





















𔘓

C  H  A  P  I  T  R  E    1 9

𔘓


















































































           Quelques coups sont frappés à la porte de mon appartement. Accroupie devant Hermès, mes deux rescapés posés sur la table basse devant une feuille de laitue, je fais quelques gestes en direction du chien.

           On frappe à nouveau.

— (T/P) ! Je sais que vous êtes là ! Je vous ai entendu parler à Hermès ! Ouvrez !

— Bon sang, quelle plaie, je grommelle en reconnaissant la voix de James Harold.

           Je ne lui ai pas adressée la parole depuis cette matinée où j’ai appris le décès de Richard Dumas. Seulement, là, je ne peux décemment continuer de l’ignorer. Feindre ne pas entendre le téléphone lorsqu’il appelait était une chose. Là, il se trouve juste derrière la porte de chez moi.

           Dans un soupir, je me lève et me traine jusqu’à cette dernière que j’ouvre dans un soupir. Je n’ai pas le temps de dire quoi que ce soit qu’il débite :

— Je sais que je vous ai vexée et j’en suis réellement désolé. Pas une seconde, je ne voulais vous rabaisser. J’ai juste connu Dumas depuis très longtemps et sais, par expérience, qu’il n’approche que des femmes issues de la noblesse, comme lui. Selon ses propres dires, il n’aimait pas se mélanger et, lorsqu’il le faisait, ce n’était pas par amour mais par intérêt. Ici, j’ai logiquement pensé que l’intérêt était de s’en prendre à une de mes proches collaboratrices. Voilà tout.

           Les bras croisés, j’écoute sans un mot sa logorrhée. Le visage ferme, je le dévisage tandis que, appuyé contre l’encadrement de la porte, il reprend son souffle.

           Il semble avoir couru jusqu’ici. Je remarque deux sacs en lin blanc glissés autour de son crochet.

           Face à mon mutisme, il se redresse.

— (T/P)…

           Je demeure silencieuse, le fusillant du regard. Ma mâchoire est contractée et mon pied, ferme.

— …Pourquoi vous êtes déguisée en carotte ?

           Le costume orange encadre mon visage, grattant légèrement ma peau, là où il s’arrête.

— J’apprends à Hermès que les carottes sont ses amies.

— Hermès a peur des carottes ?

— Oui, et c’est la nourriture préféré des rats. Surtout quand elles sont en tagliatelles.

— Vos rats mangent des carottes en tagliatelles ?

— Oui.

           Il soupire d’un ton las.

— Visiblement, personne n’est sain d’esprit dans cette maison.

— Hé ! je tonne. Vous êtes chez moi et censé vous excuser ! De quel droit vous m’insultez !?

— Alors, je me suis déjà excusé et en plus, comment voulez-vous que je fasse autrement !?

           Je soupire en secouant la tête, marmonnant quelque chose sur son manque de sincérité. Il m’observe, exaspéré, avant de lever son crochet au bout duquel pendent les sacs.

— Vous tenez notre amitié en otage et j’ai la rançon, lâche-t-il en brandissant. Nourriture chinoise et glaces, d’ailleurs on devrait se dépêcher de la mettre au congélo. Ah et, dans l’autre sac…

           Je tente d’ignorer mon cœur s’étant accélérer en entendant l’évocation d’une amitié entre nous. Mes lèvres se haussent en un sourire que je ne parviens à réprimer.

— Je vois que vous aimez réellement la nourriture chinoise, commente-t-il en voyant mon rictus.

           Ne voulant admettre la réelle origine de ce dernier, j’acquiesce. Il enfouit sa main libre dans l’autre sac et en sort quelques masques en tissu.

— J’ai des cosmétiques dernier cri. Ma sœur m’a dit que c’était le meilleur moyen de se réconcilier avec quelqu’un que de lui apporter la dernière gamme de cette marque.

— Laissez-moi deviner, votre sœur est la propriétaire de la marque ? je demande en haussant un sourcil.

— Oui, pourquoi ?

           Je ne réponds pas. Nous nous observons quelques instants. Puis, ses yeux s’abaissent à son sac avant de remonter sur moi. Il recommence son manège quelque fois avant de demander :

— Vous ne croyez quand même pas…

— Si.

— A son propre frère ?

— Les affaires sont les affaires.

           Il contemple un instant l’arnaque qu’il vient de subir, ayant sans doute lâché un sacré paquet de billets dans cet achat en espérant qu’il l’aiderait à resouder nos liens.

           Ses yeux s’écarquillent.

— Oh, la salo…

— Hop ! Hop ! Hop ! Pas de ça ici, mon cher ! je m’exclame en saisissant les sacs, m’éloignant.

           Mes rats se redressent, continuant d’engloutir leur laitue tandis que je dépose les sacs à côté d’eux. Ils se précipitent pour les renifler et je sors les glaces que je vais ranger dans mon nouveau congélateur.

           James Harold, me suivant, contemple la salle l’entourant.

— Dites-donc, ça a drôlement changé, ici… C’est en travaillant dans ce magasin de yaourt que vous vous êtes achetés tout ça ?

           Je me retourne, liant mes mains dans le dos avec embarras. Il se déplace dans la salle, inspectant avec soin mes nouveaux meubles, mon mixeur, ma centrifugeuse, mon canapé, le circuit ouvert pour mes rats et, surtout, la moquette moelleuse mise par-dessus le parquet pour le confort des pas du chien.

           Ses sourcils se froncent tandis qu’il marmonne à voix basse le prix que chaque appareil pourrait coûter. Finalement, se redressant, il me lance un regard suspicieux.

— Une partie de moi se dit que vous trempez dans quelque chose d’illégal. L’autre se demande qui serait assez bête pour faire appel à vous quand les choses illégales nécessitent discrétion.

— Quoi ! Tout est tout à fait légal, ici ! Particulièrement immoral, mais légal ! je tonne en croisant les bras.

           Sa façon de pencher la tête sur le côté, laissant Hermès lécher son crochet avec sympathie et le câlinant sans me quitter des yeux, me laisse comprendre qu’il ne me lâchera pas avec cette histoire.

           Soudain, se tournant vers l’animal, son regard intercepte quelques objets, posés sur le canapé. Ses yeux s’écarquillent lorsqu’il se penche, les ramassant.

— Ce sont des…

— Lâchez ça ! je m’exclame en me jetant sur lui.

           Mais il m’évite d’un simple pas de côté, glissant la pile de cartons entre son pouce et son index, en éventail, pour en lire les différentes pages. J’avance, tentant de lui sauter dessus.

           D’un geste humiliant par sa simplicité, il entoure mon torse de son bras puissant et me soulève de terre, me calant sous son aisselle. Je hurle, battant l’air des bras et jambes, tentant de le forcer à me lâcher.

           Mais, rien n’y fait.

           Grognant, je capitule, m’avouant vaincue. Mes membres retombent ainsi que ma tête que je tourne vers lui. Son sourcil se hausse et il me regarde avec effarement.

— Vous m’expliquer pourquoi il y a six faire-part de mariage à votre nom et celui de six hommes différents ?

           Croisant les bras, je fais la moue, vexée. Il me jauge quelques instants d’un air sombre et je comprends qu’une tête pareille ne suffira pas à gagner son empathie.

           Soupirant, je lève les bras avant de les laisser tomber en signe de capitulation.

— D’accord ! D’accord ! J’abandonne ! je grogne, encore calée sous son bras.

           Je ne peux nier que la facilité déconcertante avec laquelle il m’a soulevée du sol m’a désemparée. Maintenant, me voilà, coincée à la manière d’un journal roulé, tandis qu’il lit.

           Attendant mes explications, il ne semble pas réaliser la position dans laquelle nous sommes.

— Vous attendez quoi pour me reposer ? Qu’il fasse nuit ? je gronde.

           Là, ses yeux s’écarquillent. A ma grande surprise, j’aperçois une teinte rosée gagner ses joues avant qu’il ne tourne soudain la tête, se cachant derrière ses longs cheveux noirs.

           Son bras s’écarte, me lâchant brutalement. Je hurle, n’ayant à peine le temps de voir le sol se rapprocher. Mes yeux se ferment et mon corps percute la moquette. Crispée, je mets quelques instants avant de grogner :

— Aïe, connard.

           Entre mes paupières à-demi closes, je le vois s’éloigner. Ecarquillant les yeux, j’attrape son mollet avec rage.

— DE QUEL DROIT VOUS PARTEZ SANS M’AIDER A ME RELEVER ?

           Ne répondant qu’un soupir, il fait un pas. Mon corps ne semble pas être un poids pour lui car il me traine sans grand mal. Sortant mes dents, je m’apprête à le mordre quand…

— Faites-ça et je vous balance par la fenêtre.

           Levant les yeux, je croise son regard ambré qu’il a baissé sur moi. Au-dessus de sa cicatrice, ses yeux me percent à jour. Quelques instants, il me dévisage.

           Une dense chaleur éclate en moi tant l’air devient brûlant et irrespirable. La tension est presque palpable, entre nous.

— Vous n’oseriez pas ? je lâche.

— Tentez, pour voir.

           Une lueur de défi s’allume dans son regard. Je comprends qu’il va le faire. Mais je pense que cela se tente tout de même.

           Ouvrant la bouche plus grande encore, je fonds sur son mollet. Aussitôt, je me sens tirer en arrière par le tee-shirt. Une force phénoménale me soulève presque de terre, me reposant sur mes deux pieds.

— Vous n’êtes décidément pas croyable, marmonne-t-il avant de se détourner de moi. Maintenant, expliquez-moi.

           Il entreprend de sortir les différents contenus des sacs et je comprends que notre soirée va commencer de cette façon. M’asseyant sur le canapé, je prends théâtralement place :

— Alors, prêt à entendre le cerveau d’une intelligence remarquable en action ? je demande en faisant de grands gestes.

           Il pouffe de rire. Un son plus aigüe que ce à quoi je me serais attendue. Un instant, mes yeux s’écarquillent et je peine à déglutir.

— Vous êtres décidément un sacré numéro, lâche-t-il en poussant mon plat devant moi, s’installant contre le dossier du canapé avec le sien.

           Mes rats dansent entre nous, nous séparant. Mais je ne peux m’empêcher de sentir mon cœur battre à toute vitesse.

           Il est… Tout près.

— Allons, ne vous faites pas prier, lance-t-il en avalant une bouchée. Racontez-moi encore vos exploits.

















































𔘓

un peu plus mims,
ce chapitre

j'espère que ce
chapitre vous aura
plu !!

𔘓

















































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