𝐘𝐨𝐮 𝐚𝐫𝐞 𝐦𝐲 𝐬𝐩𝐞𝐜𝐢𝐚𝐥.
⸻ Nage avec moi, je crois que j'aperçois la plage ⸻
The Neighbourhood, The Beach.
L'été avait toujours été la saison préférée de Hamako, quant au mois d'août, il avait toujours été son mois favori de l'année. Quand il s'achevait, la mélancolie s'insurgeait en elle et un doux sentiment de nostalgie venait la guetter avec cruauté. La fin d'un cycle, le début d'un autre. Ça se matérialisait tout particulièrement à travers la nature, les arbres perdaient leurs feuilles. Les fleurs fanaient, le vent soufflait et la pluie s'abattait.
Vint alors, l'automne. Puis, l'hiver. Le temps des fêtes, la neige régnant en maître.
Hamako pensait souvent qu'elle n'avait jamais vu la mer en hiver. Elle connaissait le sable doré, et chaud. Le bleu de l'océan. Le bruit des vagues, et la création de l'écume. En cette saison glacial, les grains d'or se troquaient certainement contre une immense fourrure blanche. L'eau, elle, se gelait par le froid des environs.
— Yuji !
Elle l'attrapa par le poignet, signant sa victoire. Son camarade fit la moue, et elle sourit. Le parc était particulièrement vide. Il n'y avait que des personnes âgées se promenant, et un enfant jouant avec son chien.
— Je t'ai eu, ria-t-elle.
Il se laissa tomber dans l'herbe sèche, le soleil se coucha mettant fin au dernier jour du mois de septembre.
— Je t'ai dominé tout le long du jeu, justifia Yuji.
Hamako devait reconnaître qu'il faisait énormément de progrès, son énergie occulte augmentait de façon drastique. Elle l'avait rencontré, il y a seulement quelques mois, et il était encore novice. Ce qui le différenciait des autres restait sa capacité physique surhumaine, sans oublier sa rapidité et ses réflexes hors normes. Elle le taquinait souvent en le surnommant « Spider-Man ».
— Hamako, je ne t'ai jamais demandé.
— Oui, Yuji ?
L'adolescente s'allongea auprès de son ami, ils admirèrent la fin de cette magnifique journée ensemble. Il tourna doucement sa tête. Elle se perdait dans les yeux noisette de Yuji, au soleil, ses prunelles étaient bien plus claires, ses iris dérivaient sur une nuance de vert. C'était discret, mais tellement beau.
— Dis-moi, c'est quoi ton sort inné ?
Hamako hésita ; ce qu'il remarqua. Toutes les révélations qu'elle faisait à Yuji revenaient obligatoirement aux oreilles du maître des fléaux. Cela valait-il le coup ? Ryomen Sukuna était un être abominable.
— Dis-moi, s'il te plaît Hama.
Itadori Yuji valait le coup, et il était son parfait opposé, l'absence totale du chaos. Le contraire à l'état pur de Sukuna. Ils n'avaient rien à voir, pas un seul point commun ne les reliant. Les actions d'Itadori cachaient toujours les meilleures intentions possibles et une envie de bien faire. Sukuna en était l'exact antipode.
— Tu veux vraiment savoir ?
— Oui.
— Laisse-moi te toucher.
Par conséquent, Yuji ne dit rien quand elle posa la main sur sa joue. Il ne dit rien non plus quand la jeune femme se pencha vers son visage, il resta parfaitement calme alors que sa bouche s'écroula sur ses lèvres, elle lui donna un baiser divinement délicat. Et pendant ce temps, l'univers autour d'eux se transforma. Très vite, ils n'entendirent plus les voitures, ni les rires des passants, ou les aboiements du chien.
Cet environnement s'évapora au profit du cri de la mouette, du chant des sirènes, et du sable s'insinuant dans leurs chaussures. Le visage de Yuji passa de la confusion à l'admiration. La plage. Ils étaient à la plage.
— Est-ce réel ?
— Est-ce une question sérieuse ? répliqua Hamako.
— Non, je voulais savoir, car...
Il passa les mains autour de sa taille, la souleva du sol, la portant comme une princesse et couru en direction de l'eau.
— NON YUJI, J'AI MES VÊTEMENTS !
— Je m'en fiche !
Il s'enfonça dans l'eau de la mer, il eut du mal à avancer à cause du courant et de leur uniforme d'exorciste ample. Seulement, le garçon persévéra et balança son amie sans pitié dès que ce fut assez profond. Ses longs cheveux blancs furent trempés, en remontant à la surface, elle faillit s'étouffer par la tasse qu'elle venait d'avaler.
— Ça va ? s'approcha Yuji, inquiet.
Hamako en profita pour le faire couler à son tour, sa naïveté jouerait contre lui, un jour. L'exorciste agita la tête, mort de rire. Ils s'éclaboussèrent en se rapprochant respectivement, nagèrent face à l'autre, Yuji l'admira de ses prunelles émerveillées. Elle rougit, détourna le regard.
— On peut officiellement dire que tu as les yeux de l'océan, dit Itadori.
— Yu...
— Hama, contra-t-il.
Timidement, elle déposa un nouveau baiser sur ses lèvres. Ce n'était qu'un simple bisou qui dura un millième de seconde. C'était rapide, furtif. Il le sentit à peine, se toucha la bouche pour vérifier que ce n'était pas une partie de son imagination tandis qu'Hamako rejoignit le rivage à la nage.
— Tu viens, Yuji ? On va faire des châteaux de sable, proposa-t-elle.
Et Yuji s'appliqua pour construire le plus beau château de sable. Il était grand, majestueux à la hauteur de Hamako. Celui de la jeune fille faisait pâle figure en comparaison, mais qu'importe. Ce château, il lui était dédié.
— Tu sais, tout château a le droit à sa reine.
— Ça veut dire quoi, que je suis ta reine ?
— Oh, oui !
Il ne manqua pas de la pousser, elle retomba dessus, détruit son œuvre d'art. Le château périt, s'écroula en même temps que sa reine, trahit de surcroit par son adorable roi, venant de sacrifier son plus beau trésor.
— Deux fois, aujourd'hui ! Deux fois, reprocha-t-elle.
— C'était trop tentant.
Yuji l'aida à se lever, ramassa un coquillage en forme de croissant avec quelques piques. Il était blanc avec quelques taches marron, absolument magnifique. En guise de pardon, le jeune homme offrit ce présent, gardant un précieux souvenir de ce moment partagé dans cet endroit paradisiaque.
— On devrait rester ici pour toujours, tu ne crois pas ? suggéra Hamako.
— Ce serait bien trop utopique, tu ne trouves pas ? renvoya Yuji.
— Le monde n'est pas aussi beau qu'ici, avoua-t-elle.
Les doigts de Yuji s'entremêlèrent avec les siens, il lui sourit.
— Je ne suis pas d'accord avec toi, mais un jour, on ira à la mer ensemble, proposa Yuji.
— J'aimerais ça, accepta chaleureusement Hamako.
Ils inscrivirent leur prénom sur le sable, mais la mer l'emporta, avertissant que le temps s'envola en même temps que les désirs les plus purs. Il rappela que les plus belles merveilles furent éphémères. Leurs places n'appartenaient pas ici. Ce n'était qu'une belle utopie, un souhait bien stupide. Le décor resplendissant de la plage s'effaça, l'illusion prit fin. Le soleil se coucha. La dure réalité les rattrapa, et les rêves s'évanouirent aussitôt pour laisser place au parc public de Tokyo.
— Je pense que tu m'es très spécial, admit Yuji
+++
— Je ne veux pas que tu viennes, se confia Yuji.
— Mais je vais venir, ce n'est pas négociable, Yu.
Ils étaient dans le dortoir du garçon, assis sur son lit, face à face. Elle laissa tomber son front contre le sien. Yuji emprisonna ses mains et les embrassa. Durant toute la journée, il avait essayé de la dissuader. Il avait peur pour elle, et cherchait à la protéger. Ses raisons étaient nobles, et pourtant...
— Il n'est pas question que tu ailles te mettre en danger, pendant que je serais ici à t'attendre.
— Hamako...
— Tout ira bien, assura-t-elle.
Un soupir s'échappa de la jeune femme, elle ébouriffa les cheveux rosés de son copain.
— Toi et ta coupe de hérisson, blagua-t-elle.
— Si tu dis ça de la mienne, celle de Megumi, c'est quoi ?
— Megumi est né avec un pétard dans les cheveux, ce n'est pas pareil.
Fushiguro passa la tête dans l'encadrement de la porte, ayant entendu les moqueries à son égard. Il fit une moue très mécontente, Yuji et Hamako se retinrent de rire en le voyant. Ses cheveux furent particulièrement en désordre, ce qui n'arrangea pas leur échange.
— J'ai entendu, vous savez ?
Le regard d'assassin de Megumi colla parfaitement, en ce jour d'Halloween. Hamako ne tint plus, éclata de rire, entraînant Yuji dans sa chute. Ce fut contagieux de la voir hilare, il explosa aussi dans un fou rire. Rien ne laissait à prédire que des événements tragiques arriveraient dans quelques heures.
— Je maintiens quand même que tu ne devrais pas venir, insista-t-il.
— Yuji !
Elle avait entendu ça pendant des heures, et un ras-le-bol s'imposa. N'ayant plus la patience de gérer ses supplices, elle s'apprêta à quitter le dortoir du garçon pour rejoindre le sien, mais Yuji la retint.
— Si Nobara peut venir, je ne vois pas pourquoi je ne devrais pas y aller aussi. Elle est classe trois, je suis classe deux avec Megumi !
— Oui, c'est vrai, mais...
À court d'argument, il baissa la tête, impuissant face à ses choix. Il était au pied du mur, et ne pouvait absolument rien faire pour la convaincre de rester ici. Hamako ressentit sa peur, et elle partagea ses craintes. Seulement, son tempérament l'empêcha de rester à l'écart, pas quand elle avait la possibilité de faire quelque chose.
— Tu sais, tu devrais virer ton poster de Jennifer Lopez, suggéra-t-elle pour détendre l'atmosphère.
— C'est Jennifer Lawrence, rectifia-t-il.
— C'est le même.
Yuji s'esclaffa, esquissa même un petit sourire.
— Toujours jalouse d'un poster ?
— Pas du tout, ce n'est qu'un vulgaire bout de papier.
— Cause toujours.
Megumi toqua à la porte, cette fois, accompagné par Takuma. Le moment tant redouté par Yuji arriva, et il n'avait rien, absolument rien qu'il puisse faire pour l'éviter. Hamako était toujours motivée, fin prête pour le combat de ce soir. Peu importe ce que ça impliquait, peu importe ce qui arrivera.
— C'est l'heure, annonça Megumi, stoïque.
— J'arrive dans deux petites minutes.
Son ami hocha la tête, accordant des « au revoir » digne de ce nom à ses deux amis. Hamako caressa la joue d'Itadori, tendrement.
— On se voit plus tard, d'accord ? promit-elle afin de le rassurer.
— J'y compte bien.
L'adolescent replaça une mèche de sa chevelure derrière son oreille, regardant sa tresse en épi reliant ses longs cheveux blancs. Son regard fut à la fois rempli d'amour et d'appréhension.
— Et si jamais tu as peur, cache-toi. Tu es petite, tu passes partout, conseilla Yuji.
— C'est très irrespectueux ça, Yuji.
— Je suis très respectueux, nia l'exorciste.
Ils se rapprochèrent naturellement, sans réellement se rendre compte combien ils furent près l'un de l'autre. Le bleu de ses yeux hypnotisa ses iris brumeuses, leurs nez se touchèrent. Yuji put entendre à nouveau la douce mélodie de la mer, et la berceuse des coquillages. Leurs lèvres s'effleurèrent, il eut la sensation des grains de sable entre ses doigts, et...
— Hey, les tourtereaux, je ne veux pas vous presser, mais on n'a pas le temps pour ça, coupa Takuma.
— J'arrive.
Elle descendit du lit, Yuji ressentit déjà le manque de la plage, et des sentiments qui le transportèrent jusqu'à là-bas. Megumi passa devant la porte, et Yuji tenta une dernière approche.
— Hey, Megumi.
— Quoi ?
— Tu peux...
Un silence perçant prit place dans leur brève conversation. Megumi lorgna quelqu'un du coin de l'œil. Probablement Hamako.
— T'en fais pas, dit Megumi.
— Mais...
— Ne t'en fais pas, je te dis. Elle s'en sortira.
+++
— Megumi ! cria Hamako, alarmée.
Ils ne s'étaient pas quittés de la soirée, même après la blessure de Takuma. Elle aurait pu rester avec Yuji quand ils ont combattu ce vieux à la moustache ensemble, mais son équipe était avec Megumi. Elle était donc restée avec son ami. Seulement, ils avaient rejoint le groupe de Monsieur Nanami, et Megumi s'était fait emporter par ce type ridiculement fort, mais dépourvu de toute énergie occulte.
— Megumi ! cria-t-elle, de plus en plus inquiète.
Elle espérait que cet homme ne lui avait pas fait de mal. Vu sa force, Megumi n'aurait pas fait le poids face à lui. Le plus drôle dans l'histoire restait la ressemblance frappante entre les deux hommes.
— Megumi, putain, s'énerva-t-elle de plus en plus.
Les rues de Shibuya étaient détruites, en ruine, pratiquement désertes. Et dire qu'il y a quelques heures à peine, la ville resplendissait à travers les festivités, respirant la vie, la joie et l'excitation. Tout ça pour mourir au cœur d'un grand précipice. Hamako continua sa fouille quand le sol trembla sous ses pieds.
Il eut un grand « boum », suivit d'une explosion à quelques mètres. Les flammes reflétèrent dans le bleu de ses yeux, alors qu'elle entendit la souffrance des vies humaines se déracinant au plus profond de son âme, comme des arbres s'écroulant sous le poids d'un terrible orage, arrachant jusqu'à leur racine.
La jeune femme, de plus en plus angoissée, chercha plus en profondeur la dépouille de son ami. Elle ne savait pas ce qui pourrait être pire, retrouver son corps, ou plutôt, son cadavre. Ne jamais le retrouver, et ne jamais connaître son destin, le point final de son funeste destin. En tout cas, Hamako souhaita de tout cœur qu'il soit vivant, elle s'en voudrait terriblement s'il n'était plus.
Et son vœu s'exauça, quand elle le vit dans un coin de rue, évanoui, mal en point, contre les volets d'un magasin, déformé par son poids. Ce qui signifia qu'il s'était fait éjecter dessus, et que le choc a été rude. Elle se rua sur Megumi, le soulagement l'envahit dès qu'elle prit son pouls. Il respirait encore.
Cependant, ils n'étaient pas seuls ici. En relevant la tête, l'adolescente tomba nez à nez avec une version plus adulte de son copain. Ses cheveux de porc épique furent relevés, et ses tatouages s'étirèrent quand il esquissa un sourire des plus sardoniques.
Itadori Yuji n'était plus, il avait cédé son corps à Sukuna Ryomen. Le roi des fléaux avança dans sa direction, tandis qu'elle recula, laissant le corps inconscient de Megumi à ses dépens. Elle ne vit pas les dégâts et les débris des bâtiments, chuta dans sa tentative d'évasion. Des morceaux de verres transpercèrent la paume de sa main, ça piqua.
— N-non, Yuji... appela-t-elle, la voix chevrotante.
— Yuji n'est pas là, il n'y a que moi, dit-il de sa voix aussi charismatique qu'effrayante.
Sukuna sortit les mains de ses poches, Hamako avala sa salive.
— Quand je pense à toutes les pensées mielleuses que j'ai dû supporter à ton égard, ça me donne envie de vomir.
— Yuji, reprends le contrôle de ton corps !
À ce rythme, la jeune femme savait sur quoi cette rencontre allait déboucher, si Yuji ne revenait pas très vite à lui. Elle était condamnée, elle allait mourir par les mains de la personne qu'elle aimait.
— Oh, pitié, tu m'agaces.
De sa prestance indéniable, il leva l'index en l'air pour lui infliger une souffrance terrible à son bras. Elle sentit une plaie très profonde s'ouvrir alors qu'il ne l'avait pas touché. Hamako se releva, elle ne compta pas réellement se battre face à Sukuna. L'étudiante n'était pas idiote, elle avait conscience d'être bien trop faible face à lui.
— Je vais te faire sortir moi-même, Yuji.
— Viens le chercher, dans ce cas.
Si elle devait mourir, ici et maintenant, autant tenter le tout pour le tout. Autant essayer de réveiller son amour bien enfoui. Autant mourir dignement. Il fallait qu'elle le touche. Impérativement. Ainsi, elle aura peut-être une chance de l'atteindre.
Hamako concentra toute son énergie dans un rayon noir, mais ça ne fit que l'effleurer. Elle était extrêmement désavantagée, car elle ne voulait pas blesser le corps de Yuji. Sukuna, lui, chercha à la tuer. Il n'eut aucun mal à mettre ses menaces à exécution.
De peu, elle évita un nouveau maléfice ; il attaqua à nouveau, ne lui laissant aucun répit. Sa jambe fut touchée, ce fit si douloureux qu'elle poussa un cri perçant, et s'effondra à même le sol, elle n'arriva plus à tenir debout. Très sadique, Sukuna la balança d'un simple coup de pied dans le dos, et la jeune femme atterrit quelques mètres plus loin.
Il ne s'embêtait pas à la tuer d'un seul coup, alors qu'il en était capable. Non, il s'attarda bien à la faire mourir lentement, dans la douleur de chacun de ses coups. Sukuna la releva en étranglant sa gorge, ses ongles pointus s'enfoncèrent profondément dans sa chair, du sang coula le long de son bras. Il rapprocha son visage du sien, toujours avec le sourire du diable.
— Des derniers mots ? Est-ce que tu peux encore parler, au moins ? se moqua-t-il.
Elle arriva à peine à respirer, mais par fierté, Hamako tint tête, et réunit le restant de ses forces pour répliquer avec difficulté :
— Pas... à... t-toi.
L'adolescente captura les lèvres du garçon dans un dernier baiser, et enfin, le sinistre sourire de Sukuna laissa place à l'expression traumatisée de Yuji. Elle fut rassurée de le voir avant de mourir. Au moins, elle allait quitter ce monde dans les bras du garçon qu'elle aimait.
— Hamako, prononça-t-elle dans un souffle affolé.
Ils tombèrent à la renverse, Yuji prit le soin de bien l'installer, veilla à ce que sa tête ne se claque pas contre le sol sale, dur, et froid. Même dans les derniers moments de sa vie, il assura son confort.
— Juste... J-Juste tiens bon, je vais appeler Shoko ! Tout ira bien, tu iras bien.
Mais c'était trop tard, Hamako le savait. Elle se sentait déjà partir. Yuji extirpa le téléphone de sa poche, composa le numéro d'une seule main.
— Yu ?
Son attention se reporta encore une fois sur elle, Hamako sourit, heureuse. Elle posa ensuite la main sur sa joue, prête à utiliser son énergie occulte. Yuji comprit ce qu'elle essaya de faire, et tenta de l'empêcher.
— Garde tes forces...
— Je veux... juste voir la plage une dernière f-fois... avec toi.
Les larmes de Yuji coulèrent sur son visage, alors qu'ils furent de nouveau dans leur endroit. Le chant des oiseaux, l'océan, les palmiers... À l'exception que la chaleur de sable était remplacée par le froid de la neige. Des flocons tombèrent sur eux, Yuji releva la tête, et elle vit de nouveau l'émerveillement sur son visage. Ce spectacle était ravissant. C'était beau, très beau. La mer et la neige s'étendaient à perte de vue.
— J'ai... J'ai froid, déclara Hamako.
Yuji la serra plus fort dans ses bras, embrassa son front, fit de son mieux pour la réchauffer avec son souffle respirant la vie, mais celui de la jeune femme, se mourut peu à peu. Sa vue faiblit, son cœur commença à ralentir considérablement.
— M-Merci, Yuji.
Le ciel devint grisâtre alors que ses yeux se fermèrent, la beauté de cet univers se dissout pour ramener l'adolescent au chaos de cette ville délabrée. Itadori Yuji fut seul, s'effondra sur le corps de sa bien-aimée défunte. Il était sûr que désormais, il ne pourra plus jamais aimer autant l'été, maintenant que l'hiver l'avait emporté.
Octobre s'achevait dans quelques heures, et le profond sentiment d'amertume s'envenimait quand il songeait au mois d'août, car il s'était volatilisé. Hors de portée. Quant à décembre, il approchait à grands pas. Hamako évoqua un souvenir d'été, mais elle se rapprocha plus de l'hiver dorénavant.
Les saisons n'épargnaient rien, ni le temps, ni la nature. Si l'été représentait la vie, l'hiver équivalait à la mort. Itadori Yuji était l'automne, car une partie de lui se fanait en même temps qu'elle. Et tout ce qu'il lui restait, c'était un coquillage, le raccrochant à ce brin de magie en attendant l'arrivée du printemps.
⸻ La douleur n'est qu'une conséquence de l'amour ⸻
Ariana Grande, My Everything.
✎ Note de l'auteur, origine de ce one-shot et inspiration :
Hey, tout le monde !
Merci d'avoir lu ce petit one-shot, l'écriture de ce dernier a été très fluide (plus que je ne l'aurai imaginé). Ça fait un petit moment que l'idée traîne dans ma tête, depuis le visionnage de la saison deux, enfaite. Quand j'ai vu le fameux épisode avec Yuko Osawa, je me souviens, j'avais dit à ma copine (Emma, si tu passes par là, coucou) :
"Hey, imagine, elle croise Yuji, sauf que ce n'est pas "Yuji" mais Sukuna, et comme Sukuna, c'est un bâtard, il va la tuer."
Bon, ma pote m'a vite fait comprendre que Yuko a été introduite un peu pour rien. Après ça, il y a eu le drame de Shibuya, et pour moi, ça coulait de source que l'exécution de cette idée devait se passer durant cet arc.
Je voulais aussi qu'on prenne le temps de s'attacher un peu à l'oc, ou qu'on voie pourquoi Yuji l'aime autant, du moins. Sinon, ça n'aurait aucun impact, aucun intérêt. J'ai eu une illumination en écoutant Snow On The Beach de Taylor Swift. Je me suis donc amusé avec le sort inné d'Hamako (même si je ne suis pas sûr qu'il est en adéquation avec l'univers de Jujutsu Kaisen, il fonctionne parfaitement pour mon one-shot).
Il y a énormément de métaphores avec les saisons, sachez-le, ce n'est pas juste là pour faire joli. Le personnage d'Hamako, par exemple. Son prénom veut littéralement dire en Japonais "L'enfant de la plage" ce qui fait automatiquement penser à l'été, mais sa description physique donne l'impression qu'elle est la personnification de l'hiver. C'est totalement voulu de ma part. C'est pour ça qu'à la fin, ils se retrouvent sur la plage avec de la neige. La plage est symbolique à l'été, et la neige est symbolique à l'hiver.
Pourquoi ? Qu'est-ce que l'été et l'hiver représentent, qu'est-ce que ça veut dire ?
Je vais aller à l'essentiel, au plus simple.
L'été est la métaphore de la vie.
L'hiver représente donc la mort.
J'essaie de faire comprendre ça, notamment avec l'environnement, car en hiver, la nature est "morte" en quelque sorte. Les arbres sont nus, les fleurs sont fanées. Donc, Hamako est un mélange de ces saisons, car elle était pleine de vie, mais dans cette courte histoire, elle est vouée à mourir.
Maintenant place à Yuji, car à la fin, il est comparé à l'automne. Bon, déjà, l'arc se passe en automne. Littéralement, il prend place le jour d'Halloween. Aussi, l'automne arrive après l'été, mais avant l'hiver. C'est une sorte d'entre deux. Encore une fois, on peut faire un parallèle avec la nature, car en automne, les feuilles perdent leurs couleurs, puis finissent par tomber. Les fleurs commencent à pourrir, etc. Et avec ma phrase :
"Itadori Yuji était l'automne, car une partie de lui se fanait en même temps qu'elle."
Je veux dire qu'une partie de Yuji est morte en même temps qu'Hamako. Il n'est pas mort, mais il n'a pas l'impression d'être vivant non plus sans elle. Donc, l'automne, c'est quoi ?
L'automne, c'est le deuil, la dépression. C'est ce qu'on ressent à la mort d'un proche.
Et si vous êtes malin, vous vous dites :
"D'accord, mais y'a quatre saisons. Où est le printemps ? C'est quoi son rôle ?"
Le printemps, j'avoue, c'est la saison qui prend le moins de place dans cette histoire, mais je pense aussi que c'est voulu. Déjà, si je voulais développer la comparaison avec le printemps, j'aurais dû faire une fanfiction plus longue, je pense. Et... C'est pas mon but.
Ça a quand même une place significative, minime, mais significative. On peut déjà dire que le printemps, c'est assez loin de l'automne et ça arrive après l'hiver (important, car Hamako est l'hiver !). Surtout que le printemps, c'est la saison de la renaissance en quelque sorte. On dit souvent qu'au printemps, les bourgeons éclorent. Et je ne sais pas si vous voyez où je veux en venir, mais Yuji n'est clairement pas dans cet état d'esprit. Le printemps est loin pour lui...
Le printemps, ça correspond à quoi ?
Pour moi, le printemps... C'est la guérison. Le renouveau. Pour suivre ma logique jusqu'ici, le printemps, c'est une personne que Yuji pourra potentiellement rencontrer dans le futur. Une personne qui prouvera sa guérison au deuil et à la dépression, à sa volonté d'aimer à nouveau.
Je crois que j'ai fini avec mes explications, je sais que c'est assez inutile, mais j'avais envie de partager tout ce que j'avais en tête pour ce "simple" one-shot, car j'en suis très fière. Peut-être que pour beaucoup, ce n'est pas si exceptionnel. Ce n'est pas mignon, ou beau, et peut-être même que ça n'aura pas de sens. Tant pis, j'aurais fait au mieux, mais j'aime ce one-shot.
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